Londres – « Trump à la poubelle! », « Combattez l’ignorance, pas les immigrés! » : plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi à Londres, Berlin et Paris contre le décret anti-immigration du président américain Donald Trump.
Dans la capitale britannique, quelque 10.000 manifestants, selon le Guardian, se sont rassemblés en fin de matinée devant l’ambassade des Etats-Unis à l’appel de plusieurs organisations antiracistes, pacifistes ou opposées aux mesures d’austérité, dont « Stand Up to Racism », « Stop the War Coalition » et « The People’s Assembly Against Austerity ».
Ils ont ensuite pris le chemin de Trafalgar Square, brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Non au racisme ! », « Non à Trump ! », « Trump à la poubelle ! » ou « Il ment ! », a constaté un journaliste de l’AFP.
« Tous ceux qui sont contre le racisme et qui soutiennent les droits de l’homme doivent se dresser » contre le décret du président américain, était-il écrit sur la page Facebook de l’événement.
Les organisateurs dénonçaient également la « collusion » entre la Première ministre conservatrice Theresa May et le milliardaire, qu’elle a invité à effectuer une visite d’Etat au Royaume-Uni dans le courant de l’année.
« Si Theresa May persiste à vouloir inviter Trump, nous finirons par paralyser cette capitale « , a prévenu Chris Nineham, vice-président de l’organisation « Stop the War Coalition ».
Lundi, une manifestation similaire avait rassemblé plusieurs dizaines de milliers de personnes sur Whitehall, la grande avenue du centre de Londres où se trouvent des ministères et la résidence de la Première ministre.
Les plus d’1,8 million de signataires d’une pétition en ligne réclament en outre que la visite d’Etat de M. Trump soit ramenée au rang de simple visite, afin d’éviter à la reine « l’embarras » d’une rencontre protocolaire avec le magnat de l’immobilier américain.
Ce texte donnera lieu le 20 février à un débat au Parlement, qui fera d’une pierre deux coups en discutant en même temps d’une autre pétition, en faveur celle-ci du maintien de la visite d’Etat et que près de 300.000 personnes ont signée.
A Berlin, environ 1.200 personnes, selon la police, se sont réunies dans l’après-midi devant la Porte de Brandebourg pour protester contre le décret anti-immigration.
Arborant des affiches sur lesquelles on pouvait notamment lire « Combattez l’ignorance, pas les immigrés ! », les manifestants se sont rendus jusque devant l’ambassade des Etats-Unis située à proximité.
Certains brandissaient le dernier numéro du magazine Der Spiegel, avec en Une Donald Trump dessiné en train de porter la tête de la statue de la Liberté égorgée.
« J’espère qu’ils vont changer quelque chose, mais je suis vraiment déçue. Cela reste une discrimination et je ne sais pas si j’ai vraiment envie d’y aller même s’ils modifient » le décret, a expliqué à l’AFP Mahsa Zamani, une étudiante en médecine iranienne de 26 ans, en Allemagne depuis six ans et qui devait partir faire un stage dans un hôpital en Floride.
A Paris, un millier de personnes, dont de nombreux étrangers installés dans la capitale française, ont elles aussi manifesté contre le décret anti-immigration du président américain.
Après trois jours de cavale, le principal suspect de l’attentat au camion qui a fait 12 morts et une cinquantaine de blessés, lundi, dans un marché de Noël à Berlin a été abattu vendredi matin près de Milan par la police italienne lors d’un contrôle d’identité, a annoncé vendredi le ministre italien de l’Intérieur.
« L’homme tué est sans l’ombre d’un doute Anis Amri », a déclaré Marco Minniti pendant une conférence de presse à Rome, en référence au Tunisien de 24 ans qui faisait l’objet d’une chasse à l’homme dans toute l’Europe depuis mercredi.
Une source de la police antiterroriste de Milan citée par l’agence italienne ANSA affirme qu’Amri a été identifié non seulement à partir de son apparence physique, mais aussi avec ses empreintes digitales.
La mort d’Amri a aussi été confirmée par le groupe armé État islamique (EI), qui a revendiqué l’attentat de Berlin. Dans une vidéo postée par son agence de propagande, Amri peut être entendu prêtant allégeance au chef du groupe, Abou Bakr Al-Bagdadi. Il parle aussi d’une vengeance des partisans du groupe contre les « croisés » qui bombardent les musulmans.
Le premier ministre italien Paolo Gentiloni a appelé la chancelière allemande Anglea Merkel pour l’informer de la mort d’Amri.
En conférence de presse à Berlin, le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, a reconnu être « très soulagé » par la mort d’Amri. Il a cependant indiqué que « la menace terroriste reste élevée en Allemagne », et que l’enquête allemande se poursuivait pour établir s’il avait des complices.
Pour nous maintenant, il est d’une grande importance de déterminer si dans la préparation et l’exécution [de l’attentat] et la fuite du suspect, il y a eu un réseau de soutien, un réseau d’aide, des complices ou des personnes qui l’ont aidé.
La police allemande a annoncé vendredi que ses forces spéciales ont arrêté deux Kosovars suspectés de vouloir commettre une attaque contre un centre commercial d’Obershausenln, en Rhénanie du Nord-Westphalie. Les deux hommes ont été interpellés à Duisbourg. Un porte-parole de la police assure qu’il n’y a aucun lien entre cette affaire et celle impliquant Anis Amri.
Fusillade après un contrôle d’identité
Selon le ministre Minniti, Amri a été intercepté vers 3 h, heure locale par deux jeunes policiers italiens qui voulaient contrôler son identité.
Il se trouvait alors devant la gare de train de Sesto San Giovanni, en banlieue de Milan, dans le nord de l’Italie. Les policiers auraient trouvé cette présence suspecte, dans la mesure où la station est fermée à cette heure tardive.
Lorsque les agents lui ont demandé ses papiers d’identité, Amri aurait sorti une arme à feu et tiré en direction d’un policer, qui a été légèrement blessé à l’épaule. Son collègue l’a alors abattu.
« Ces deux jeunes hommes extraordinaires, et extrêmement jeunes, ont rendu un service incroyable à la communauté », a commenté le ministre Minniti. Selon lui, un des deux policiers était à l’essai.
Les autorités italiennes tentent de déterminer avec plus d’exactitude comment Amri a pu se rendre à la station Sesto San Giovanni, qui n’est desservie que par de rares autobus à cette heure de la nuit.
Le ministre Minniti, qui est demeuré avare de détails, a précisé que l’enquête était en cours et qu’il pourrait y avoir des « développements ultérieurs ».
Des policiers rassemblent des indices sur la scène où a eu lieu l’échange de tirs entre le suspect de l’attentat de Berlin et les policiers italiens. Photo : La Presse canadienne/AP/Daniele Bennati
Amri arrivait de France
Le chef de la police de Milan, Antonio de Iesu, affirme qu’Amri arrivait de France.
Selon une source judiciaire de Reuters, un billet de train trouvé sur lui montre qu’il était arrivé à Turin à bord d’un train à grande vitesse, et qu’il aurait ensuite pris un train régional pour se rendre en banlieue de Milan.
Cette même source affirme que la police italienne avait des informations selon lesquelles Amri pourrait se trouver dans la région de Milan et que des patrouilles additionnelles avaient été déployées en conséquence.
Les polices européennes avaient lancé une chasse à l’homme pour retrouver Anis Amri après que ses empreintes digitales et une pièce d’identité eurent été retrouvées dans le camion utilisé pour l’attentat.
Selon le groupe public de radiodiffusion allemand RBB, Amri avait été repéré sur une caméra par la police allemande dans le cadre de la surveillance régulière d’une mosquée du quartier Moabit de Berlin mardi matin.
Si elle constitue un soulagement pour les autorités allemandes, la mort d’Amri ne permettra pas d’occulter les nombreuses questions que soulèvent les nombreuses informations concernant son parcours en Europe.
Un parcours qui soulève de nombreuses questions
Amri est arrivé en Italie en 2011, après avoir fui sa Tunisie natale à l’âge de 19 ans. Selon AFP, il avait été condamné par contumace à quatre ans de prison pour vol et cambriolage, mais a profité du chaos entourant la révolution tunisienne alors en cours pour prendre le large. À bord d’une embarcation, il rejoint l’île italienne de Lampedusa, comme des centaines de milliers d’autres migrants.
Arrivé en Italie, il bascule de nouveau dans la délinquance. Arrêté pour avoir incendié une école, il écope de quatre ans de prison, qu’il purgera dans deux établissements. Loin d’être un détenu modèle, il ne bénéficiera d’aucune remise de peine. Selon la presse italienne, c’est sans doute dans un de ces pénitenciers qu’il s’est radicalisé, un phénomène bien connu en Europe.
La Tunisie refusant de le reprendre après sa libération, l’Italie lui ordonne de quitter son territoire. Il rejoint donc l’Allemagne en juillet 2015 où il dépose une demande d’asile, qui lui sera refusée en juin. Selon sa mère, il aurait transité par la Suisse.
Policiers et procureurs allemands le remarquent rapidement parce qu’il gravite autour de réseaux djihadistes. Il sera même classé « individu dangereux » par les autorités de la Rhénanie du Nord-Westphalie.
Il est notamment en contact avec un Irakien de 32 ans, Ahmad Abdulaziz Abdullah A., alias « Abou Walaa », prédicateur lié au groupe État islamique à la mosquée de Hildesheim, considérée comme un bastion des salafistes. Ce prédicateur a été arrêt en novembre avec quatre complices pour avoir monté un réseau de recrutement au profit de l’EI, selon le parquet antiterroriste allemand.
Amri a aussi fait l’objet d’une surveillance de mars à septembre dans le cadre d’une enquête portant sur la « préparation d’un acte criminel grave représentant un danger pour l’État ». Il était concrètement soupçonné de préparer un braquage pour « acheter des armes automatiques et probablement ensuite, à l’aide de complice qu’il voulait trouver, de commettre un attentat ».
Les autorités savaient en outre qu’il utilisait au moins une demi-douzaine d’identités et qu’il circulait librement avec elles en Allemagne.
Cette filature a cependant été classée en septembre, parce qu’elle « n’a pu confirmer les soupçons initiaux ». Le parquet de Berlin croyait avoir affaire un petit délinquant bagarreur faisant du trafic de stupéfiants dans le parc Görlitzer de Berlin.
Les autorités de la Rhénanie du Nord-Westphalie le signalent une fois de plus au centre antiterroriste fédéral, mais en vain : Amri disparaît jusqu’au soir fatidique du 19 décembre.
Amri devait par ailleurs être déporté cet été après que sa demande d’asile eut été refusée. Le processus a finalement avorté, parce qu’il n’avait pas de papiers d’identité, et que la Tunisie contestait qu’il soit un de ses ressortissants.
Les papiers tunisiens confirmant qu’il en était bel et bien un sont arrivés en Allemagne mercredi, deux jours après l’attentat de Berlin.
Radio-Canada avec Reuters, Agence France-Presse et Associated Press
Des indices récoltés dans la cabine du poids lourd attestent de la présence d’Anis Amri, toujours en fuite.
Le 19 décembre 2016, un camion a foncé dans la foule du marché de Noël de la capitale allemande, faisant plusieurs morts et des dizaines de blessés.
«Des empreintes digitales ont été retrouvées dans la cabine», a déclaré le ministre allemand de l’Intérieur, Thomas de Maizière, affirmant que des indices prouvaient que le principal suspect, Anis Amri, était «selon toute probabilité vraiment l’auteur» de cet attentat qui a fait 12 morts lundi soir sur un marché de Noël.
De son côté, la chancelière Angela Merkels’est dite «très fière» du calme manifesté par les Allemands après cet attentat, le premier d’une telle ampleur en Allemagne revendiqué par le groupe Etat islamique (EI). «Je suis convaincue que nous surmonterons l’épreuve dans laquelle nous nous trouvons», a souligné la dirigeante après une visite dans des bureaux de la police judiciaire à Berlin pour faire le point sur l’enquête.
Les enquêteurs ont lancé un mandat d’arrêt européen à l’encontre d’Anis Amri, bien connu de la police, alors qu’un document d’identité le concernant a été retrouvé dans la cabine de ce camion immatriculé en Pologne et probablement volé. «Nous pouvons aujourd’hui annoncer qu’il y a des indices supplémentaires selon lesquels ce suspect est selon toute probabilité vraiment l’auteur» du drame qui a également fait des dizaines de blessés, a dit M. de Maizière.
Indices supplémentaires
Outre les empreintes digitales découvertes, «il y a aussi des indices supplémentaires» qui appuient l’hypothèse que Anis Amri a précipité le camion dans les petits chalets de bois de ce marché de Noël très fréquenté. Ce marché, situé à proximité d’une célèbre église au clocher dévasté par les bombes de la Seconde guerre mondiale, a rouvert ses portes jeudi matin, moins de trois jours après cet attentat.
Les Berlinois ont montré beaucoup de retenue après ce drame, chacun vaquant à ses occupations à quelques jours de Noël. Certains sont venus se recueillir près des lieux du drame, ou allumer des bougies, mais la ville a conservé son activité normale.
Berlin – Le parquet anti-terroriste allemand a identifié mercredi le suspect de l’attentat au camion-bélier de Berlin comme étant Anis Amri, un ressortissant tunisien de 24 ans, et publié un avis de recherche assorti d’une récompense.
Anis Amri mesure 1m78 et pèse environ 75 kilos. Si vous voyez la personne recherchée, informez la police. Mais ne vous mettez pas vous-même en danger, cette personne pourrait être dangereuse et armée, prévient le parquet dans son communiqué.
Une récompense pouvant aller jusqu’à 100.000 euros est disponible, poursuit-il.
Selon les autorités allemandes, l’homme faisait l’objet d’une enquête judiciaire pour soupçon de préparation d’attentat avant l’attaque au camion-bélier de Berlin.
Il s’agit d’un demandeur d’asile arrivé en juillet 2015 en Allemagne et dont la requête a été rejetée en juin. L’Allemagne n’est toutefois pas parvenue à le renvoyer dans son pays, la Tunisie contestant pendant plusieurs mois qu’il soit l’un de ses ressortissants.
Selon les autorités allemandes, ce n’est que ce mercredi, par coïncidence, que Tunis a reconnu sa nationalité tunisienne et fourni un document de voyage permettant son expulsion.
Il est présenté par Berlin comme proche de la mouvance salafiste-islamiste. Selon le quotidien Bild, il a essayé de recruter des complices pour commettre un attentat il y a plusieurs mois.
Attentat à Berlin: la police tunisienne interroge la famille du suspect
La brigade antiterroriste tunisienne interrogeait mercredi la famille du suspect présumé de l’attentat au camion-bélier perpétré sur un marché de Noël à Berlin, a indiqué un responsable de la sécurité à l’AFP.
Le parquet antiterroriste allemand a identifié dans le même temps le suspect de l’attentat comme étant Anis Amri, un Tunisien de 24 ans, et publié un avis de recherche assorti d’une récompense.
Une unité de la brigade antiterroriste interroge la famille du suspect, a indiqué le responsable de la sécurité, précisant qu’il s’agissait des parents.
Le suspect, dont la famille réside à Oueslatia, dans le centre du pays, a quatre sœurs et un frère, selon cette même source qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat.
Il a émigré illégalement vers l’Italie, où il est resté trois ans, avant de se rendre en Allemagne, selon le responsable.
Contactés par l’AFP, les ministères tunisiens de l’Intérieur et des Affaires étrangères n’ont pas souhaité faire de commentaires sur cette affaire.
Quand j’ai vu la photo de mon frère dans les médias, je n’en ai pas cru mes yeux. Je suis sous le choc et je ne peux croire que c’est lui qui a commis ce crime, a réagi à l’AFP Abdelkader Amri, frère du suspect.
Mais s’il s’avère qu’il est coupable, il mérite alors toutes les condamnations. Nous rejetons le terrorisme et les terroristes et nous n’avons aucune relation avec les terroristes, a-t-il encore ajouté.
On a jamais eu l’impression qu’il avait quelque chose d’anormal. Il nous contactait via Facebook et il était toujours souriant et joyeux!, a affirmé de son côté sa sœur Najoua à l’AFP.
L’Allemagne n’est toutefois pas parvenue à le renvoyer dans son pays, la Tunisie contestant pendant plusieurs mois qu’il soit l’un de ses ressortissants.
D’après Berlin, ce n’est que ce mercredi, par coïncidence, que Tunis a reconnu sa nationalité tunisienne et fourni un document de voyage permettant son expulsion.
L’attentat, perpétré lundi soir et revendiqué par le groupe Etat islamique, a fait 12 morts et des dizaines de blessés.
Anis Amri fait l’objet depuis mercredi minuit d’un avis de recherche à l’échelle européenne après que son document d’identité et son portefeuille ont été retrouvés dans la cabine du camion-bélier, selon les autorités allemandes.
La police recherche un Tunisien après la découverte de papiers d’identité dans le camion qui a foncé dans la foule lundi sur un marché de Noël à Berlin, selon Der Spiegel. Agé de 21 ou 23 ans, l’homme serait connu sous trois identités différentes.
Der Spiegel, qui ne site pas ses sources, précise sur son site en ligne que le titre de séjour découvert est au nom d’Anis A., né à Tataouine en 1992. Il aurait été remis à un migrant dont la demande d’asile a été rejetée sans pour autant qu’il puisse être expulsé.
Selon des informations du quotidien Bild et de la Allgemeine Zeitung de Mayence, l’homme est connu sous trois identités et trois âges différents. Il est connu des services de police pour des coups et blessures, mais il a disparu avant d’être jugé. Il est en outre considéré comme dangereux car lié à « un grand réseau islamiste », selon Bild.
Tunisie fournisseuse de djihadistes
La Tunisie est l’un des plus gros fournisseurs de combattants étrangers aux mouvements djihadistes. Quelque 5500 Tunisiens sont partis ainsi combattre en Syrie, en Irak ou en Libye.
C’était aussi un ressortissant tunisien qui avait précipité un camion dans la foule à Nice le 14 juillet dernier, faisant 86 morts. Là aussi l’attentat avait été revendiqué par le groupe EI.
Deux suspects ont déjà été arrêtés dans cette affaire avant d’être relâchés: l’un, un Pakistanais a été arrêté lundi soir peu après le drame avant d’être relâché mardi. L’autre, interpellé aux premières heures de mercredi, a été remis en liberté dans la matinée, rapporte la presse allemande.
Identifications en cours
Survenu lundi soir dans un lieu très touristique de Berlin et revendiqué mardi soir par le groupe Etat islamique (EI), l’attentat a fait, selon le dernier bilan, douze morts et 48 blessés.
Six morts sont allemands, selon la police. Les identifications des autres victimes se poursuivent. Sur les 48 blessés, 14 étaient mardi soir entre la vie et la mort, selon le ministère de l’Intérieur.
Plus de 500 indices
La police a indiqué examiner plus de 500 indices, parmi lesquels des traces ADN retrouvées dans le camion, des images de vidéo-surveillance et des témoignages divers. En outre, « tous les hommes disponibles sont dehors » pour retrouver l’auteur de l’attentat, a confié un enquêteur au quotidien Bild.
Le chauffeur routier polonais en titre du camion, retrouvé mort dans la cabine et à qui l’assaillant a apparemment volé le véhicule, a probablement cherché à éviter un carnage encore pire en tentant en vain de s’emparer du volant du semi-remorque, selon des médias allemands.
L’autopsie a en tout cas montré que ce Polonais de 37 ans, abattu par balles dans la cabine, était encore vivant au moment où son véhicule a été projeté sur le marché, selon Bild, citant des sources proches de l’enquête. Le corps de cet homme de 120 kg portait des traces de lutte et des coups de couteau.
Le groupe Etat islamique a revendiqué mardi soir l’attentat au camion-bélier qui a fait douze morts la veille à Berlin. Les autorités allemandes, elles, n’ont évoqué aucune piste pour retrouver l’auteur des faits après la libération du seul suspect.
« Un soldat de l’EI a commis l’opération de Berlin en réponse aux appels à cibler les ressortissants des pays de la coalition internationale » anti-EI, a rapporté l’agence Amaq, l’organe de propagande du groupe djihadiste.
« Dangerereux criminel dans la nature »
« Les résultats de l’enquête n’ont à l’heure actuelle pas mis au jour d’éléments confirmant des soupçons » à l’encontre du demandeur d’asile pakistanais arrêté lundi soir, a expliqué le parquet fédéral dans un communiqué. « Les expertises de la police scientifique et technique n’ont pas pu établir jusqu’à présent la présence du suspect dans la cabine du poids lourd », a-t-il ajouté.
Plus tôt, policiers et procureurs avaient déjà dû admettre que l’individu, arrivé en Allemagne le 31 décembre 2015, n’était sans doute pas l’auteur des faits. « Nous avons probablement un dangereux criminel dans la nature », avait déclaré dans l’après-midi le chef de la police berlinoise, Klaus Kandt.
Ce drame, qualifié d' »acte terroriste » par la chancelière Angela Merkel, a fait douze morts et une cinquantaine de blessés. Faute de revendication, le parquet anti-terroriste s’est gardé d’évoquer un attentat djihadiste mais a souligné que la cible et le mode opératoire laissent penser qu’il s’agit d’une attaque islamiste.
Les faits rappellent en effet par ses circonstances celle au camion-bélier du 14 juillet à Nice (86 morts).
« Une Allemagne ouverte »
Avant que les doutes ne soient émis par la police, Mme Merkel avait jugé « particulièrement difficile d’imaginer » la possible implication d’un demandeur d’asile, alors que les critiques sur sa politique migratoire redoublent.
La chancelière est allée dans l’après-midi avec certains de ses ministres sur les lieux du drame pour participer à une minute de silence, avant de se rendre sur le site recouvert de débris. Elle a promis que le pays trouverait « la force de la vie que nous voulons vivre en Allemagne, libre, ensemble et ouverte ».
Le camion a foncé sur la foule qui se pressait sur le marché de Noël installé au pied de l’église du souvenir, monument phare de l’ouest de la capitale allemande au clocher éventré par les bombardements de la Seconde guerre mondiale.
Gare de Cologne évacuée
Dans ce contexte de tension, la gare de Cologne a été évacuée mardi soir vers 18h00 après un coup de téléphone faisant état de la présence d’une bombe, a indiqué un porte-parole de la police de la ville à l’AFP. L’alerte a toutefois été levée une heure plus tard.
Berlin – Humanité, où es-tu?: près de 3.000 manifestants se sont réunis samedi à Berlin pour dénoncer la guerre en Syrie et le martyr des habitants pris au piège à Alep, selon la police, tandis qu’en France, divers rassemblements ont également eu lieu.
Les enfants d’Alep nous appellent!, Alep est en sang et le monde est spectateur!: de nombreux participants à Berlin ont également fustigé l’apathie des opinions publiques face au carnage dans la cité millénaire syrienne, ancienne capitale économique du pays.
Un premier rassemblement, comptant environ 900 personnes et co-organisé par l’association Adopt a revolution, selon la police, s’est tenu au centre de la capitale allemande devant le Reichstag, qui abrite le Bundestag, la chambre des députés.
Au même moment, sur une autre place très fréquentée de Berlin, une autre manifestation a réuni 1.800 personnes, selon la police berlinoise.
En France, des centaines de personnes se sont rassemblées dans plusieurs villes en soutien aux civils syriens, notamment à Lille (nord) et Strasbourg (est).
A Berlin, dans un froid glacial, agitant des drapeaux syriens, les manifestants ont allumé des bougies devant le Reichstag, a constaté l’AFP.
Ce qui se passe là-bas, c’est ce qu’il y a de pire dans le monde, a expliqué Mahmoud Almizeh, un jeune réfugié syrien de 19 ans, originaire de Raqa, fief des jihadistes de l’Etat islamique (EI), arrivé en Allemagne il y a un an.
Le monde se tait, a-t-il également dénoncé. Que font (les dirigeants européens)? Rien malheureusement, selon ce jeune homme, l’un des nombreux réfugiés syriens à participer à ce rassemblement.
On se sent si impuissant face à la tragédie des Syriens, en particulier des civils qui attendent d’être évacués d’Alep, a renchéri Anna Bone, une Berlinoise venue exprimer sa solidarité.
Cette grande impuissance (…), ce chagrin (face aux morts), c’est ce qui m’a portée ici aujourd’hui, a-t-elle ajouté.
On se sent particulièrement concernées par la Syrie, la guerre. C’est fou que les puissances mondiales ne puissent pas intervenir, ont également dit à l’AFP Hilal, 25 ans, et Gulsan, 26 ans, deux jeunes femmes d’origine turque dans la manifestation à Paris.
A Lille et Strasbourg, quelque 600 personnes se sont rassemblées, notamment à la suite d’appels lancés sur internet, tandis qu’à Marseille, deux cortèges se sont regroupés devant la mairie.
Pendant le rassemblement à Lille, des messages de soutien aux habitants d’Alep ont été inscrits sur un grand tableau blanc, non loin de faux poupons ensanglantés symbolisant les exactions du régime syrien.
L’Allemagne a jusqu’au début 2016 ouvert ses portes aux réfugiés syriens. Elle en a accueilli quelque 600.000 depuis le déclenchement de la guerre en 2011.
La chancelière Angela Merkel a qualifié à plusieurs reprises de honte l’incapacité de la communauté internationale à venir en aide à Alep, et a dénoncé aussi l’indifférence des Allemands, plus prompts à descendre dans les rues contre le libre-échange.
Berlin – Un demandeur d’asile de 29 ans qui s’apprêtait à attaquer au couteau un autre réfugié dans un foyer d’accueil à Berlin a été abattu par des policiers dans la nuit de mardi à mercredi, ont annoncé la police et le Parquet.
La police avait initialement été appelée vers 18H30 GMT dans cet établissement du centre de la capitale allemande afin d’interpeller un demandeur d’asile de 27 ans soupçonné d’avoir abusé mardi soir dans un parc voisin d’une enfant réfugiée de six ans vivant dans le même foyer, selon un communiqué de la police.
Au moment où le suspect, qui était menotté, était assis dans le véhicule des policiers, un autre réfugié est sorti du foyer un couteau à la main et s’est précipité sur lui, selon ce communiqué.
Selon plusieurs témoins, l’homme, peut-être le père de l’enfant, a crié : tu ne vas pas survivre à ça !, a écrit l’agence de presse allemande DPA.
Il a ignoré les multiples sommations lui enjoignant de s’arrêter, en conséquence de quoi plusieurs policiers ont fait feu sur lui, ont expliqué dans un communiqué le Parquet et la police.
Grièvement blessé, l’homme a été conduit à l’hôpital où il est mort de ses blessures, selon la même source.
Comme à chaque fois où l’usage d’une arme à feu a été constaté, la police a ouvert enquête criminelle, poursuit le communiqué, qui précise que les faits de violences sexuelles font également l’objet d’une enquête.
Les nationalités des deux candidats à l’asile n’ont pas été précisées.
Alors que des médias allemands s’interrogeaient mercredi sur la réaction des policiers, le patron du syndicat berlinois des policiers, Bodo Pfalzgraf, a pris la défense des agents, insistant sur le fait qu’ils devaient empêcher les gens de se faire justice eux-mêmes et qu’ils avaient dû réagir à une situation potentiellement dangereuse pour eux.
Les policiers ne veulent pas tuer mais quand les pouvoirs publics ne leurs donnent pas d’autres moyens, ils y sont contraints, a-t-il dit, reconnaissant que la situation aurait pu être réglée de façon beaucoup moins dramatique si les policiers avaient été munis de pistolets à impulsion électrique de type Taser, comme cela devrait être prochainement le cas à Berlin.
Environ un million de demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne l’an dernier, fuyant notamment la guerre en Syrie.
Un engin explosif a tué le conducteur d’une voiture mardi matin dans le centre de Berlin, sans faire d’autres victimes, dans des circonstances inexpliquées. Les autorités privilégient la thèse d’un homicide.
La charge explosive se trouvait « sur ou dans la voiture », un break Volkswagen, a précisé le porte-parole de la police. La police de Berlin a twitté une photo du véhicule qui n’est pas déchiqueté mais n’a plus de vitres et semble enfoncé à l’avant et sur le toit « à la suite d’un tonneau ».
« L’identité de la victime reste à déterminer », a dit Michael Merkle, porte-parole de la police, à la chaîne de télévision N24, de même que la nature de l’explosif. « Nous partons du principe qu’il s’agit d’un homicide », a indiqué au quotidien Tagesspiegel un représentant du parquet de la capitale, Martin Steltner. L’enquête a été confiée à la brigade criminelle.
L’incident est survenu vers 08h00, en plein trafic matinal, sur une rue très empruntée du quartier bourgeois de Charlottenbourg, dans l’ouest de la ville, à proximité de l’opéra Deutsche Oper. Les enquêteurs ont bloqué la route et prié dans un premier temps les riverains de rester chez eux et de fermer leurs fenêtres, le temps de s’assurer de l’absence d’autres charges explosives dans la voiture.
Vers 11h30, la police a annoncé sur Twitter que les démineurs avaient fini leurs vérifications. « La voiture ne présente plus aucun danger ».
L’Allemagne a célébré samedi l’anniversaire de sa Réunification dans un contexte d’afflux sans précédent de réfugiés. Leur accueil et leur intégration posent un défi au pays au moins à la taille de celui auquel il faisait face il y a 25 ans.
Le 3 octobre 1990 les deux Allemagne sont redevenues une et cette date évoque toujours pour beaucoup « les larmes de joie (…), l’impression que tout est possible, une grande chance », a déclaré le président de la République Joachim Gauck à Francfort-sur-le-Main. La capitale financière abrite cette année la cérémonie officielle de commémoration.
« Utilisons ce souvenir comme un pont », a-t-il plaidé, estimant que « le réservoir d’expériences » du lent et parfois douloureux cheminement vers un pays unifié pouvait « rendre (les Allemands) plus forts dans la situation actuelle ».
« En 1990 aussi on pouvait légitimement se demander: ‘sommes-nous à la hauteur du défi?’ Il n’y avait pas non plus d’exemple historique pour servir d’orientation », a-t-il rappelé, « mais des millions de personnes ont tout même pris ce défi à bras le corps ».
Différences tenaces
La majorité des Allemands considèrent que la Réunification a été un succès, même si certaines différences Est/Ouest sont tenaces. L’ex-RDA est en butte à un chômage plus élevé qu’à l’Ouest, s’est graduellement dépeuplée et n’abrite aucune des grandes entreprises allemandes – tout comme aucun de ses clubs de football ne joue en Bundesliga. C’est aussi là que les actes de violence contre les demandeurs d’asile qui ont émaillé ces derniers mois ont été les plus nombreux.
M. Gauck a grandi en RDA communiste. Il a été un acteur de la « révolution pacifique » qui a conduit à la chute du Mur de Berlin en 1989 et moins d’un an plus tard à la Réunification.
Mme Merkel, également originaire de l’Est, a elle aussi appelé ses concitoyens à retrouver l’élan de la Réunification pour faire face à l’arrivée de jusqu’à un million de migrants cette année. « Nous ne devons pas baisser les bras mais au contraire oeuvrer à ce que cela soit possible. C’est ce que nous pouvons apprendre de notre histoire en Allemagne », a-t-elle dit cette semaine.
Comme la Réunification, l’arrivée des réfugiés marquera « un tournant » pour la société allemande, a jugé récemment la chancelière. Mais elle a promis à ses concitoyens que le pays allait « y arriver ». Sa confiance est ancrée dans la position bien assise de l’Allemagne comme première puissance économique et, de plus en plus, politique en Europe.
« Tous ensemble »
En 1990, les partenaires et voisins de l’Allemagne ont rendu possible la Réunification, a rappelé Mme Merkel samedi à Francfort. Et aujourd’hui encore, face à la crise des réfugiés, « nous l’Allemagne ne pourrons pas régler cela seuls mais seulement tous ensemble en Europe (…) et avec le reste du monde », selon elle. Dans son message vidéo hebdomadaire, elle a parlé d' »épreuve existentielle » pour l’Union européenne.
En Allemagne même, aux côtés d’extraordinaires manifestations de solidarité et d’entraide à l’intention des nouveaux arrivants, les doutes surgissent sur la capacité du pays à les intégrer. « Presque chacun d’entre nous sent bien que la joie se teinte d’une inquiétude » devant l’ampleur de la tâche, a reconnu samedi le président de la République.
Manifestations
A Francfort, quelques manifestations sont venues troubler les festivités. Environ 70 personnes ont interrompu samedi une cérémonie sous une tente installée par le Bundesrat, la chambre haute du parlement allemand. Vite dispersés, les manifestants réclamaient un droit d’asile plus généreux et « la fin du nationalisme dans les têtes ».
La veille déjà, quelque 1000 personnes s’étaient rassemblées pour critiquer les exportations d’armes de l’Allemagne et un droit d’asile selon elles trop restrictif. Ces actions sont restées pacifiques.
Les festivités avaient commencé dès vendredi à Francfort, avec 350’000 visiteurs sur cette seule journée, selon la police, et se poursuivront dimanche. A Berlin, des milliers de personnes ont participé samedi devant la Porte de Brandebourg à plusieurs concerts et spectacles.