Posts Tagged ‘Bicentenaire’

La France commémore les 200 ans de la mort de Napoléon, figure toujours contestée

mai 5, 2021
La France commemore les 200 ans de la mort de Napoleon, figure toujours contestee
La France commémore les 200 ans de la mort de Napoléon, figure toujours contestée© AFP/Archives/THOMAS COEX

Emmanuel Macron commémore mercredi le bicentenaire de la mort de Napoléon, un anniversaire qui ravive les controverses autour de cette figure complexe et incontournable de l’Histoire de France.

Le 5 mai 1821, l’Empereur meurt à l’âge de 51 ans loin des siens et de son pays à Sainte-Hélène, île perdue de l’Atlantique sud où les Britanniques l’ont envoyé en exil après sa dernière défaite, à Waterloo.

200 ans plus tard, Emmanuel Macron déposera en fin d’après-midi une gerbe au pied de son tombeau, sous la majestueuse coupole des Invalides, en présence de l’un de ses descendants, Jean-Christophe Napoléon Bonaparte.

Juste avant, le chef de l’Etat prononcera un discours à l’Institut de France pour « regarder en face » Napoléon, à savoir les pages « les plus lumineuses » comme « les plus sombres » de son héritage, a précisé le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.

L’exercice est délicat. Car cette « figure majeure de l’Histoire » est « contestée depuis toujours », rappelle l’Institut. Et elle continue à enflammer les débats entre ses défenseurs, qui célèbrent le stratège militaire et l’initiateur de « l’Etat moderne », et ses critiques, qui l’accusent d’avoir provoqué des centaines de milliers de morts lors de ses campagnes militaires et d’avoir rétabli l’esclavage.

Face à un héritage aussi controversé, les chefs de l’Etat se sont gardés de prendre position sur Napoléon depuis que Georges Pompidou a célébré en 1969 le bicentenaire de sa naissance à Ajaccio, sa ville natale. « Il n’est pas de nom plus glorieux que celui de Napoléon. Parti de rien, démuni de tout, il a tout obtenu », avait résumé le président gaulliste.

En osant marquer cet anniversaire, Emmanuel Macron « ne se dérobe pas », affirme l’Elysée. En soulignant sa volonté de « regarder l’héritage » en étant « ni dans l’hagiographie, ni dans le déni, ni dans la repentance », que ce soit sur Napoléon ou sur l’action de la France en Algérie et au Rwanda, les deux dossiers mémoriels délicats dont il s’est saisi.

Polémique sur l’esclavage

« Commémorer signifie se souvenir ensemble, mais pas honorer », précise l’historien Frédéric Régent. « Grâce à cette commémoration, la plupart des Français vont apprendre que Napoléon a rétabli l’esclavage » en 1802, huit ans après son abolition, a ajouté ce spécialiste de l’histoire coloniale sur Franceinfo.

Dans son discours, Emmanuel Macron « dira que l’esclavage était une abomination, y compris dans le contexte de l’époque », selon l’Elysée. Le chef de l’Etat s’exprimera de nouveau sur le sujet le 10 mai pour le 20e anniversaire de la loi Taubira reconnaissant « la traite négrière et l’esclavage ».

Cette condamnation est particulièrement attendue en Guadeloupe, Martinique et à la Réunion, où de nombreux habitants sont descendants d’esclaves. « Nul victime ne peut célébrer son bourreau, à moins d’être aliéné et fou à lier », affirment le Comité International des Peuples Noirs, le FKNG, et le Mouvement International pour les Réparations (MIR) qui dénoncent, dans un communiqué, des hommages à un « raciste liberticide ».

Dans les autres points négatifs de l’héritage napoléonien, le chef de l’Etat pourrait pointer l’énorme bilan humain de ses campagnes militaires, comme celle de Russie, et le coup d’Etat du « 18 Brumaire » qui marqua, le 9 novembre 1799, la fin de la Révolution française.

Parallèlement, le chef de l’Etat devrait saluer en Napoléon l’organisateur de l’Etat moderne avec la création du Code civil, des lycées, de la Cour des Comptes, du Conseil d’Etat ou des préfets…

Napoléon, « c’est d’abord une formidable transformation de notre pays, de nos institutions », ainsi que « le retour de la paix religieuse, l’accès au mérite… », a souligné mercredi le président LR du Sénat Gérard Larcher.

Sur le plan politique, le débat sur l’opportunité de commémorer Napoléon est resté feutré, marqué par quelques critiques d’élus de gauche, qui regrettent l’absence de célébration des 150 ans de la Commune par le président, tandis qu’à droite certains auraient souhaité donner plus d’ampleur à l’anniversaire.

Quelques élus mais aussi des nostalgiques de l’empire se sont retrouvés dans la matinée devant les Invalides et au pied de la colonne Vendôme, dans le centre de Paris, pour saluer celui qui « a tant fait pour le pays » et « tant donné au monde » selon Marine Le Pen.

A Fontainebleau, plusieurs reliques liées à Napoléon devaient être mises à l’encan mercredi par la maison de ventes Osenat, dont un mouchoir, une bande en batiste tachée du sang utilisée pour son autopsie ou un fin collier formé de fils d’or et de ses cheveux.

Par Le Point avec AFP

Bicentenaire controversé de Karl Marx en Allemagne

mai 5, 2018

La statue de Karl Marx dévoilée à Trèves, sa ville natale dans l’ouest de l’Allemagne, pour le bicentenaire de sa naissance le 5 mai 2018 / © dpa/AFP / Harald Tittel

L’Allemagne a célébré samedi le bicentenaire de la naissance de Karl Marx en inaugurant une statue du philosophe de la « dictature du prolétariat » offerte par la Chine, au grand dam de manifestants qui ont conspué l’héritage politique de l’inspirateur du communisme.

Recouverte d’un grand tissu rouge, l’œuvre en bronze, haute de 5,5 mètres, a été dévoilée en milieu de journée dans la ville natale de Karl Marx, Trèves, près de la France et du Luxembourg, devant près de 1.500 personnes, selon la police.

Elle représente un Karl Marx en redingote, le visage mangé par sa célèbre barbe fournie, en train d’esquisser un pas en avant.

Des descendants du philosophe allemand, dont la sociologue française Frédérique Longuet-Marx, avaient fait le déplacement. Mais aussi des officiels chinois et la nouvelle présidente du parti social-démocrate allemand, dont l’ADN politique resta lié au marxisme jusqu’en 1959, Andrea Nahles.

« Le SPD n’est depuis longtemps bien sûr plus un parti à la vision marxiste, mais Marx et ses conceptions font encore partie » de sa matrice politique, a-t-elle déclaré.

« Et je pense que nous serions bien avisés de relire certaines de ses analyses dans le contexte du temps présent », a-t-elle ajouté.

Une exposition permanente a été aussi inaugurée dans la matinée dans la maison natale de l’époque baroque, rénovée par la ville, de l’auteur du « Capital ». Karl Marx y avait vu le jour le 5 mai 1818.

La ville de Trèves va organiser au cours des prochains mois 600 événements – expositions, concerts, pièces de théâtre, conférences – pour retracer la vie et l’oeuvre du célèbre penseur.

Clou des célébrations, la statue a été offerte par la Chine, pays toujours officiellement communiste et qui continue de revendiquer le marxisme comme socle idéologique.

Un geste inacceptable de la part d’une « dictature autoritaire » pour plusieurs associations ou partis anticommunistes. Ils se sont mobilisés à Trèves pour protester contre l’hommage rendu à celui qu’ils considèrent comme le père des tyrannies communistes.

– « Culte » –

Plusieurs dizaines de personnes de l’Union des groupes de victimes du communisme ont ainsi défilé derrière une banderole montrant Marx trônant sur des crânes humains.

Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), très fort électoralement dans l’ex-RDA communiste, a marché en silence pour dénoncer le « culte de Marx ». Il a appelé à « déboulonner » le penseur au nom des « victimes du communisme ».

Signe des divisions que l’héritage de l’auteur du « Capital » continue de susciter trente ans après l’implosion du bloc communiste : à l’autre bout de l’échiquier politique, le parti communiste allemand et la gauche radicale ont eux manifesté pour Marx et appelé « les prolétaires de tous les pays à s’unir ».

Clin d’oeil au fameux slogan lancé par Marx et Engels dans leur « Manifeste du Parti communiste ».

Plus de 130 ans après sa mort à Londres, en 1883, Marx reste l’un des intellectuels les plus commentés au monde: critique visionnaire des dangers du capitalisme pour les uns, inspirateur des dictatures soviétique, chinoise ou cambodgienne pour les autres.

– Renouveau –

Discréditée après l’effondrement de la dictature soviétique, son oeuvre forgée au temps de la première révolution industrielle a connu depuis un certain renouveau.

Les critiques des dérives du système capitaliste continuent d’y piocher suite à la crise financière de 2007-2008 ou à l’accroissement de l’écart entre riches et pauvres. Et elle inspire des mouvements politiques en Occident.

Pour la gauche radicale allemande, très bien implantée aussi dans l’ex-RDA, les critiques contre l’héritage de Marx n’ont pas lieu d’être.

« Si chacun était responsable de ce qui a été fait en son nom, alors Jésus Christ ne devrait plus être accroché dans aucune église », a jugé samedi l’une de ses dirigeantes, Sahra Wagenknecht.

Même le président de la Commission européenne, le conservateur Jean-Claude Juncker, y est allé de son hommage : « Marx n’est pas responsable de toutes les atrocités dont ses héritiers supposés doivent répondre », a-t-il dit à Trèves.

Romandie.com avec (©AFP / 05 mai 2018 18h47)