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Grande-Bretagne: Boris Johnson ne se lancera pas dans la course au 10 Downing Street

octobre 23, 2022
Boris Johnson.

L’ex-premier ministre Boris Johnson est rentré d’urgence de vacances dans les Caraïbes pour jauger ses appuis en vue d’une nouvelle course à la chefferie du Parti conservateur britannique. Photo : Reuters/Henry Nicholls

L’ex-premier ministre britannique Boris Johnson s’est retiré dimanche soir de la course au 10 Downing Street dans un coup de théâtre spectaculaire à quelques heures de la clôture des mises en candidature.

Alors que ces mises en candidature doivent se clore lundi à 14 h, heure locale, M. Johnson a affirmé dans un communiqué qu’il avait obtenu les 100 parrainages nécessaires pour se présenter.

Toutefois, a-t-il déclaré, ces derniers jours, je suis arrivé à la triste conclusion que ce ne serait tout simplement pas la bonne chose à faire. On ne peut pas gouverner efficacement si on n’a pas un parti uni au Parlement, a-t-il ajouté.

Il s’est dit convaincu qu’il aurait eu, s’il avait été candidat, une bonne chance […] de retourner à Downing Street et s’est estimé bien placé pour mener son camp lors des prochaines législatives, prévues dans deux ans.

Ce retrait pourrait ouvrir la voie à la nomination de l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak dès lundi : il est pour l’instant le seul candidat à disposer des 100 soutiens nécessaires. L’autre candidate, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, en est loin.

Lors d’une fin de semaine d’intenses tractations, M. Sunak, 42 ans, s’est lancé dimanche dans la course pour succéder à Liz Truss, qui a démissionné après seulement 44 jours au pouvoir.

Je veux redresser notre économie, unir notre parti et agir pour notre pays, a-t-il déclaré en annonçant sa candidature sur Twitter, promettant intégrité, professionnalisme et responsabilité.

Le camp de Boris Johnson avait affirmé tout le week-end que l’ex-premier ministre de 58 ans, revenu samedi de vacances dans les Caraïbes, avait lui aussi atteint les 100 soutiens, contredisant au moins trois décomptes officieux qui lui donnaient dimanche soir entre 57 et 76 soutiens déclarés.

J’ai parlé à Boris Johnson et il va certainement se présenter, avait affirmé un de ses proches, le ministre Jacob Rees-Mogg.

Rishi Sunak.

Vendredi soir, Rishi Sunak était le premier à avoir atteint les 100 parrainages de députés conservateurs nécessaires pour poursuivre la course. Photo : Reuters/Henry Nicholls

La deuxième candidate déclarée, la ministre des Relations avec le Parlement Penny Mordaunt, avait selon son entourage été approchée par Boris Johnson, qui lui aurait demandé de se désister en sa faveur. Mme Mordaunt a déclaré sur la BBC qu’elle était candidate pour gagner.

Le soutien à Rishi Sunak augmente d’heure en heure, avait aussi déclaré Dominic Raab, ancien vice-premier ministre de Boris Johnson.

Parmi ses récents soutiens les plus remarqués, on note celui de l’ancienne ministre de l’Intérieur Suella Braverman, influente dans l’aile droite du parti et depuis des années fidèle à Boris Johnson.

Boris, trop englué dans les scandales?

Même s’ils ne le soutiennent pas, de nombreux députés conservateurs ont pris le soin de professer leur affection pour Boris Johnson, contraint à démissionner début juillet après un trop-plein de scandales et de mensonges. Cet éternel optimiste et ancien héros du Brexit reste populaire auprès de la base du parti.

Cependant, pour beaucoup, y compris dans son camp, il est trop controversé pour revenir à Downing Street, d’autant qu’il fait toujours l’objet d’une enquête parlementaire, qui doit démarrer prochainement, pour établir s’il a menti au Parlement au sujet du partygate, ces fêtes illégales à Downing Street durant le confinement anti-COVID.

Ce serait un désastre garanti, a déclaré dimanche Steve Baker, ministre pour l’Irlande du Nord, prédisant qu’un gouvernement Johnson imploserait en quelques mois.

Liz Truss parle lors d'une conférence de presse.

La première ministre britannique Liz Truss a annoncé sa démission le 20 octobre 2022 devant le 10 Downing Street, à Londres. Photo: Getty Images/Rob Pinney

Rishi Sunak, gardien de l’orthodoxie budgétaire et bourreau de travail, leur apparaît comme un meilleur choix au moment où le pays traverse une profonde crise économique et sociale, encore aggravée par les errements calamiteux de Liz Truss, qui ont déstabilisé les marchés et fait chuter la livre.

M. Sunak avait régulièrement mis en garde cet été contre le plan économique de Liz Truss. Il n’avait pas convaincu les militants du parti, qui avaient le dernier mot et l’avaient élue.

La campagne pour la remplacer ne durera au mieux que quelques jours.

Si Penny Mordaunt ne se retire pas et atteint les 100 parrainages, les députés conservateurs voteront lundi après-midi, de manière indicative, pour indiquer à la base du parti qui est leur préféré.

Les membres pourront ensuite voter en ligne jusqu’au 28 octobre. Le vote indicatif des députés n’existait pas cet été, quand les quelque 140 000 votants du parti avaient élu Liz Truss, alors que les députés lui préféraient Rishi Sunak.

Le prochain premier ministre conservateur sera le troisième en deux mois et le cinquième depuis 2016.

Par Radio-Canada avec Agence France-Presse

Royaume-Uni: un retour de Boris Johnson ? Vraiment ?

octobre 21, 2022
Royaume-Uni: un retour de Boris Johnson ? Vraiment ?
Royaume-Uni: un retour de Boris Johnson ? Vraiment ?© AFP/Daniel LEAL

Certains l’adorent, d’autres sont prêts à démissionner s’il revient à Downing Street. Dans un nouveau coup de théâtre, Boris Johnson cherche vendredi à obtenir les parrainages nécessaires pour tenter de redevenir Premier ministre britannique.

En vacances aux Caraïbes, il n’est pas encore candidat, pas plus que Rishi Sunak, l’ancien ministre des Finances avec lequel il est à couteaux tirés. Mais les deux hommes semblent les mieux placés dans cette élection accélérée, interne au parti conservateur, qui doit accoucher d’un nouveau Premier ministre en une semaine maximum, après la démission de Liz Truss, dirigeante éphémère pendant 44 jours.

Alors que le pays aspire à la stabilité après plusieurs mois d’un très mauvais feuilleton politique mettant en scène dissensions, trahisons et incompétence, Boris Johnson, 58 ans, l’ancien héros charismatique du Brexit qui avait démissionné il y a trois mois et demi, désavoué après une série de scandales, préparerait son retour.

« Boris Johnson dit aux conservateurs: je peux sauver le parti de l’anéantissement politique », a titré sur toute sa Une le quotidien conservateur The Daily Telegraph. « Boris contre Rishi, le combat pour l’âme des Tories », titre le Daily Mail, très pro-Johnson.

Un décompte officieux réalisé par le site Guido à la mi-journée comptait 58 députés pour Rishi Sunak, 54 pour Boris Johnson et 20 pour Penny Mordaunt, ministre des relations avec le Parlement. Il faut 100 parrainages d’ici lundi 14h00 pour pouvoir être candidat, sur 357 députés conservateurs.

Week-end sanglant

Les tractations en coulisses vont bon train. Boris Johnson s’apprêterait à rentrer à Londres et le week-end promet d’être sanglant. Car « Boris », les Britanniques généralement n’utilisent que son prénom tant il leur est familier, divise profondément.

Pour ses partisans, il est le seul à être légitime, ayant offert une majorité historique aux conservateurs lors des législatives de 2019. Formidable orateur, il a aussi gardé son aura auprès de milliers de membres du parti, qui pourraient avoir à se prononcer la semaine prochaine.

« Boris ou la faillite » a déclaré vendredi le secrétaire d’État à l’énergie Jacob Rees-Mogg. Le ministre de la Défense Ben Wallace, très populaire au sein de la base, a aussi dit « pencher » vers Boris, dans ce drame aux accents de plus en plus shakespeariens.

Mais de nombreux députés conservateurs ont en mémoire les fêtes arrosées à Downing Street durant les confinements anti-Covid, ses mensonges à répétition et son manque de discipline qui avaient sapé la confiance, conduisant à des dizaines de démissions au sein du gouvernement et à la sienne le 7 juillet.

« Il fait actuellement l’objet d’une enquête d’une commission parlementaire (…), il est presque 100 % certain que la commission des privilèges conviendra qu’il a trompé le Parlement », a rappelé le député conservateur Richard Graham sur Times Radio.

Ce retour renverrait son parti « directement dans le pétrin dans lequel nous étions lorsqu’il était au pouvoir », a commenté un autre élu.

« Gagner le soutien des députés est très loin d’être acquis, mais s’il y arrive, il sera presque très certainement Premier ministre », selon The Times.

La base du parti est restée largement fidèle à Boris Johnson. Selon un sondage YouGov, 42 % des membres du parti pensent qu’il peut être « un très bon » remplaçant de Liz Truss, et 21 % un « assez bon » remplaçant. Rishi Sunak, qui avait perdu contre Liz Truss cet été, parfois considéré comme le traître ayant conduit au départ de Boris Johnson, est à 29 % et 31 %, Penny Mordaunt est à 20 % et 34 %.

Dans un contexte de crise économique et sociale, l’opposition travailliste, largement en tête dans les sondages, demande des élections législatives anticipées. Le parti centriste des libéraux-démocrates (« lib-dems ») veut bloquer la candidature de Boris Johnson, soulignant qu’il avait été reconnu coupable d’avoir enfreint la loi durant le « partygate ».

« Boris Johnson est le Berlusconi anglais », a dénoncé Daisy Cooper, chef adjointe des « lib-dems ».

« Hasta la vista » avait conclu Boris Johnson en juillet, lors de sa dernière séance de questions au Parlement. « Mission largement accomplie, pour le moment », avait-il ajouté.

Il rêve probablement de marcher dans les traces de son héros Winston Churchill, revenu au pouvoir en 1939. Mais Churchill avait attendu 10 ans, pas six semaines.

Par Le Point avec AFP

Elizabeth II recevra le nouveau Premier ministre dans sa résidence écossaise, une première

août 31, 2022
Elizabeth II recevra le nouveau Premier ministre dans sa residence ecossaise, une premiere
Elizabeth II recevra le nouveau Premier ministre dans sa résidence écossaise, une première© AFP/ANDY BUCHANAN

C’est une première pour Elizabeth II : la reine de 96 ans restera dans sa résidence écossaise de Balmoral, où elle se trouve actuellement, pour y recevoir le nouveau Premier ministre britannique au lieu de rentrer à Londres, bousculant la transition.

Vu ses difficultés croissantes à se déplacer, la presse s’interrogeait sur un retour de la monarque pour officialiser au palais de Buckingham, comme le veut la tradition, l’entrée dans ses fonctions du 15e chef de gouvernement en 70 ans de règne.

La cheffe de la diplomatie Liz Truss est considérée comme la grande favorite face à l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak pour remporter l’élection interne au Parti conservateur et remplacer Boris Johnson au 10, Downing Street.

Le palais a confirmé mercredi que le ballet très codifié qui entoure le changement de Premier ministre serait modifié. Après la fin du vote vendredi et la proclamation du résultat lundi, Boris Johnson se rendra mardi à Balmoral, où la reine passe habituellement la fin de l’été, pour officiellement présenter sa démission.

Il sera suivi de son remplaçant, a précisé un porte-parole.

Cette décision a été présentée comme une manière de faciliter l’organisation de la passation de pouvoir pour l’agenda du Premier ministre, en évitant des modifications de dernière minute. Elle va cependant quelque peu compliquer la transition : le trajet de quelques centaines de mètres pour rallier Downing Street au palais de Buckingham sera remplacé par un voyage de 800 kilomètres, retardant potentiellement les discours d’adieu et de prise de fonctions et le processus laborieux de formation du nouveau gouvernement.

Climat social explosif

« Je ne parle pas de mes conversations avec la reine, aucun Premier ministre ne le fait jamais », a déclaré Boris Johnson, interrogé sur ce changement de protocole. « Mais ce que je peux vous dire, c’est que nous ferons certainement en sorte que la passation de pouvoir soit arrangée d’une manière qui lui convienne parfaitement, quoi qu’elle veuille ».

L’audience de Balmoral constituera le premier contact officiel entre la reine, la cheffe de l’Etat, et le Premier ministre qui prendra ses fonctions après une série de scandales qui ont poussé Boris Johnson vers la sortie. Et ce dans un contexte explosif pour le Royaume-Uni, confronté à une grave crise liée à l’augmentation du coût de la vie qui provoque des grèves inédites depuis les années 1980.

Liz Truss, dont la victoire est quasi assurée au vu des sondages réalisés parmi les quelque 200.000 adhérents appelés à voter, a promis des baisses d’impôts massives et s’est montrée réticente quant à des aides directes. Mais l’aggravation de la crise ces dernières semaines, avec une inflation à plus de 10 % et même attendue à 22 % dans le scénario du pire de la banque Goldman Sachs, crée une pression considérable pour une intervention rapide après un été de quasi-vacuité du pouvoir.

Outre ce premier rendez-vous, Elizabeth II a une audience hebdomadaire avec le chef du « gouvernement de Sa Majesté », qui a eu lieu essentiellement au téléphone depuis le début de la pandémie de Covid-19 en 2020. A compter de cette date, elle s’est retirée essentiellement au château de Windsor, en périphérie ouest de Londres, où est mort son époux Philip en avril 2021 peu avant ses 100 ans.

Depuis une nuit à l’hôpital il y a près d’un an pour des examens jamais précisés, la reine se montre de plus en plus rarement en raison de problèmes pour se déplacer. Elle délègue une part croissante de ses fonctions à son fils Charles, qui avait notamment prononcé en mai à sa place pour la première fois le discours du trône au Parlement, l’une de ses prérogatives protocolaires essentielles.

Début juin, les Britanniques avaient célébré pendant quatre jours les 70 ans de règne d’Elizabeth II, qui est le monarque le plus âgé du monde en exercice. Pendant ce jubilé de platine, elle n’est apparue qu’à deux brèves reprises au balcon du palais de Buckingham devant des dizaines de milliers de personnes.

Fin juin, elle a effectué plusieurs apparitions publiques en Ecosse, souriante et munie d’une canne au cours d’un défilé des forces armées à Edimbourg.

Par Le Point avec AFP

L’Ukraine veut se battre « jusqu’au bout », Boris Johnson à Kiev

août 24, 2022
L'Ukraine veut se battre "jusqu'au bout", Boris Johnson a Kiev
L’Ukraine veut se battre « jusqu’au bout », Boris Johnson à Kiev© AFP/Dimitar DILKOFF

Six mois après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le président Volodymyr Zelensky a assuré mercredi que son pays se battrait « jusqu’au bout », fermement soutenu en cela par les Occidentaux, avec une nouvelle aide militaire des Etats-Unis et, plus symboliquement, la visite-surprise à Kiev pour le Jour de l’Indépendance du Premier ministre britannique Boris Johnson.

« Aujourd’hui, marque un jalon triste et tragique », a de son côté déclaré le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres en évoquant cette date anniversaire du déclenchement le 24 février des combats qui ont fait des dizaines de milliers de morts et de blessés.

Après avoir déploré les conséquences de cette « guerre absurde bien au-delà de l’Ukraine », il a notamment réitéré sa « profonde inquiétude » concernant les activités militaires sur le site de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia, qui a subi des frappes dont les deux belligérants s’accusent mutuellement.

« Toute nouvelle escalade de la situation pourrait conduire à l’autodestruction », a-t-il averti, tandis que les directeurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi et de l’Agence atomique russe Rosatom Alexeï Likhatchev se sont rencontrés à Istanbul pour discuter d’une inspection de ces installations.

Autre illustration de la grande inquiétude de la communauté internationale à ce sujet, le pape François a exhorté le même jour à prendre des « mesures concrètes » pour « mettre fin à la guerre et écarter le risque d’un désastre » à Zaporijjia.

La Russie doit stopper sans conditions son « chantage nucléaire et simplement se retirer de la centrale » qu’elle occupe depuis début mars, a quant à lui martelé Volodymyr Zelensky dans un message vidéo diffusé au Conseil de sécurité des Nations unies.

« Nous allons nous battre pour (notre terre) jusqu’au bout », avait auparavant proclamé le chef de l’État ukrainien, précisant qu’il s’agissait de « l’Ukraine toute entière (…) sans aucune concession ni compromis », englobant le bassin du Donbass (est), en partie aux mains des séparatistes soutenus par Moscou depuis 2014, et la Crimée, annexée par la Russie la même année.

Joe Biden a pour sa part confirmé l’octroi d’une aide militaire de près de trois milliards de dollars à Kiev, la plus importante des Américains depuis le début du conflit. Et ce, a expliqué le président américain, pour permettre aux Ukrainiens d' »acquérir des systèmes de défense aérienne, des systèmes d’artillerie et des munitions (…) ainsi que des radars ».

Sirènes et couvre-feu

Après un semestre de guerre, cet anniversaire de l’indépendance acquise en 1991 vis-à-vis de l’URSS ne devait pas donner lieu à des festivités.

Volodymyr Zelensky et son épouse ont rendu hommage aux soldats ukrainiens tués en observant une minute de silence et en déposant des bouquets jaune et bleu – aux couleurs du drapeau national – devant un mémorial du centre de la capitale, avant d’assister à un rassemblement dans la cathédrale Sainte Sophie, auquel les chefs des principales confessions religieuses ont participé.

Les autorités de Kiev, où des sirènes d’alerte ont retenti dans la matinée, y ont interdit tout rassemblement public de lundi à jeudi et, dans le nord-est, le gouverneur de la région de Kharkiv a ordonné un couvre-feu de mardi soir à jeudi matin.

Dans les premières heures de ce 24 août, des explosions ont retenti dans plusieurs villes, comme Kharkiv, Zaporijjia et Dnipro (centre), selon les autorités locales.

« C’est triste à dire mais les gens ont commencé à s’habituer, ils essaient de continuer à vivre de la même façon », a raconté Mykola, un soldat de 33 ans rencontré à Mykolaïv, une cité méridionale sur laquelle les missiles pleuvent quotidiennement.

Depuis le retrait des forces russes des environs de Kiev fin mars, l’essentiel des combats s’est concentré dans l’est, où les Russes ont lentement gagné du terrain avant que le front ne se fige, et dans le sud, où les troupes ukrainiennes disent mener une contre-offensive, également très lente.

« Résistance exceptionnelle »

Allié de Moscou, le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui a ouvert le territoire de son pays aux troupes russes pour qu’elles lancent l’assaut sur l’Ukraine en février, a néanmoins félicité le peuple ukrainien pour sa fête nationale, lui souhaitant « un ciel pacifique ».

Un conseiller de la présidence ukrainienne, Mikhaïlo Podoliak, a qualifié cette démarche de « cynique » et de « bouffonnerie », évoquant « la participation active aux crimes contre l’Ukraine » de M. Loukachenko.

De leur côté, les Européens avaient réaffirmé leur soutien à Kiev mardi pendant le sommet de la « plateforme de Crimée », pré-existante à l’offensive russe et réunissant les principaux alliés de l’Ukraine.

Le président français Emmanuel Macron a adressé mercredi un nouveau message de soutien aux Ukrainiens, disant qu’ils pouvaient « être fiers » de leurs 31 années d’indépendance et de leur « résistance exceptionnelle » face à l’armée russe depuis six mois.

« Nous nous mobilisons aujourd’hui et nous nous mobiliserons demain pour aider à la résistance militaire de l’Ukraine et des Ukrainiens, et aussi pour aider demain à reconstruire », a-t-il assuré.

Par Le Point avec AFP

Royaume-Uni : les interminables vacances de Boris Johnson

août 15, 2022

Pour la deuxième fois en deux semaines, le Premier ministre démissionnaire est en congé, alors que les Britanniques subissent plusieurs crises.

Boris Johnson a ete apercu en Grece avec son epouse.
Boris Johnson a été aperçu en Grèce avec son épouse.© MATEUSZ WLODARCZYK / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Au moment où le Royaume-Uni subit plusieurs crises, en particulier une inflation record, le Premier ministre sortant Boris Johnson a entamé une semaine de vacances, son deuxième repos en 15 jours, a confirmé, lundi, son bureau. « Le Premier ministre est en vacances cette semaine », a indiqué un porte-parole de Downing Street, en soulignant que les chefs de gouvernement, même absents, restent « informés de tous les dossiers urgents et prennent des décisions, particulièrement en matière de sécurité nationale ».

Ce porte-parole n’a pas précisé où Boris Johnson se trouvait, mais, selon le quotidien The Times, il s’est rendu avec son épouse Carrie en Grèce, où il a été photographié dans un supermarché d’une banlieue d’Athènes. Cette escapade à l’étranger intervient une semaine après que Boris Johnson, qui a démissionné début juillet après des mois de scandale, a passé quelques jours en Slovénie pour une « lune de miel » avec sa femme, de 24 ans sa cadette et épousée il y a un an, la troisième union pour le dirigeant politique.

Ce dernier a promis de rester aux affaires jusqu’à la désignation d’un nouveau chef du Parti conservateur. Seuls deux candidats restent en lice, la cheffe de la diplomatie Liz Truss et l’ancien ministre des Finances Rishi Sunak. Le résultat de l’élection interne à la formation politique est attendu le 5 septembre.

Le Royaume-Uni confronté à l’inflation et à la sécheresse

Les nouvelles vacances de Boris Johnson interviennent alors que des voix se sont élevées dans la classe politique britannique pour lui reprocher d’être aux abonnés absents au moment où ses compatriotes souffrent d’une très forte augmentation du coût de la vie, avec en particulier une explosion des prix de l’électricité. Downing Street avait affirmé la semaine dernière qu’il reviendrait « au futur Premier ministre » d’agir face à cette crise, et non à Boris Johnson, censé expédier les affaires courantes.

Le pays fait également face à une sécheresse historique qui frappe de plein fouet le secteur agricole et a rendu nécessaire la mise en place de restrictions d’arrosage dans plusieurs régions. Selon The Times, Boris Johnson a l’intention de se lancer dans « une série de visites et de discours » après son retour le week-end prochain, afin d’inciter son successeur à continuer à défendre ses priorités, notamment le soutien du Royaume-Uni à l’Ukraine face à l’invasion russe.

Avec Le Point avec AFP

Royaume-Uni : la liste des candidats à la succession de Johnson se précise

juillet 13, 2022

Après un premier vote au Parlement britannique, mercredi 13 juillet, six prétendants au poste de Premier ministre restent encore dans la course.

La succession de Boris Johnson a Downing Street bat son plein au Royaume-Uni.
La succession de Boris Johnson à Downing Street bat son plein au Royaume-Uni. © STEFAN ROUSSEAU / POOL / AFP

La succession de Boris Johnson à Downing Street bat son plein au Royaume-Uni. Le nombre de candidats en lice s’est réduit à six, mercredi 13 juillet. Au terme d’un premier tour de scrutin, réservé aux députés conservateurs, l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak est arrivé en tête avec 88 votes, devant Penny Mordaunt avec 67 votes.

Quasi inconnue du grand public au Royaume-Uni la semaine dernière, la secrétaire d’État au Commerce extérieur fait une ascension fulgurante. Avec un slogan « PM4PM », jouant sur ses initiales et celles du titre de Premier ministre, Penny Mordaunt, 49 ans, a lancé mercredi sa campagne en se définissant comme la « meilleure chance de gagner » pour les conservateurs aux prochaines élections, car elle serait « la candidate que les travaillistes craignent le plus ». La fibre patriotique de cette réserviste de la Royal Navy, qui pose fièrement devant l’Union Jack sur sa photo de campagne, semble parler à la base du parti, à qui il reviendra de départager les deux finalistes lors d’un vote par correspondance dont le résultat est attendu le 5 septembre.

Favorite dans les sondages

Un sondage YouGov réalisé les 12 et 13 juillet auprès de plus de 800 adhérents du parti la donne largement favorite : elle obtient 27 %, loin devant la secrétaire d’État à l’Égalité Kemi Badenoch (15 %) et l’ex-ministre des Finances Rishi Sunak, ex-aequo avec la cheffe de la diplomatie Liz Truss, avec 13 %. En finale, elle l’emporterait haut la main quel que soit son adversaire. En revanche, seuls 11 % des Britanniques (16 % chez les conservateurs) sont capables de la nommer en voyant son visage, selon une autre étude (Savanta ComRes).

Ancienne ministre de la Défense – première femme à ce poste –, elle joue la carte du sérieux et du renouveau. L’un de ses mots d’ordre est qu’il est temps de parler plus du navire que du capitaine.

« Sérieux défis »

Elle a aussi pour elle le fait d’avoir fait campagne pour le Brexit dès 2016, positionnement important pour toute une frange du parti qui conserve une certaine fidélité à Boris Johnson et entend faire barrage à Rishi Sunak. « Faible taux d’imposition, État réduit, responsabilité personnelle. Nous devons revenir à cela, car nous avons de sérieux défis à relever », a-t-elle lancé dans un premier discours de campagne mercredi matin, où elle s’est montrée confiante et tout à son aise.

Un récent sondage du site Conservative Home, auprès d’un panel de plus de 800 membres du parti, la donne également en tête. Considérée par la communauté LGBTQ + comme l’un de ses rares alliés chez les conservateurs, Penny Mordaunt a été accusée par le site spécialisé PinkNews d’avoir « capitulé » face à « l’aile anti-trans » du parti, après avoir déclaré après sa candidature que les femmes trans ne sont pas des femmes biologiques.

Née le 4 mars 1973 à Torquay, dans le sud-ouest de l’Angleterre, Penny Mordaunt est la fille d’un parachutiste et d’une enseignante. Elle a deux frères, dont un jumeau, et a perdu sa mère, emportée d’un cancer du sein, quand elle avait 15 ans. Pour payer sa scolarité, elle multiplie les petits boulots, travaille à l’usine, devient l’assistante d’un magicien pour aider sa famille avant d’étudier la philosophie à l’université de Reading.

Saut périlleux arrière

Elle fait ensuite carrière dans les relations publiques, et a conseillé William Hague quand il dirigeait le parti conservateur (1997-2001) alors dans l’opposition sous Tony Blair. Elle a aussi travaillé aux États-Unis pour la campagne présidentielle de George W. Bush. « J’ai appris qu’avec de la détermination, on peut à peu près tout faire », disait-elle dans une interview en 2021 dans le magazine The House.

Longtemps bénévole, Penny Mordaunt a notamment œuvré dans des hôpitaux et des orphelinats en Roumanie. Après un premier échec en 2005, elle est élue députée depuis 2010, avec une majorité de plus en plus importante à chaque scrutin. Elle décroche son premier poste gouvernemental en 2014 puis enchaîne plusieurs ministères (Forces armées, Personnes handicapées, Développement international, Femmes et égalité).

Hors politique, elle s’est illustrée en participant à la télévision à un concours de plongeon caritatif en 2014, dont elle a été éliminée après avoir échoué sur un saut périlleux arrière depuis le plongeoir de 7,5 mètres. La même année, elle attire l’attention publique lors d’un discours sur le bien-être des volailles, truffé de termes à double sens, défi qui lui avait été lancé lors de son entraînement en tant que réserviste.

Avec Le Point

Grande-Bretagne: Après sa démission, Boris Johnson reporte sa fête de mariage

juillet 8, 2022

Au lendemain de l’annonce de son départ du Parti conservateur, l’actuel Premier ministre britannique a décidé de bousculer son agenda.

Boris Johnson a decide de reporter sa fete de mariage, vue d'un mauvais oeil par l'executif et les Britanniques. (Photo d'illustration)
Boris Johnson a décidé de reporter sa fête de mariage, vue d’un mauvais œil par l’exécutif et les Britanniques. (Photo d’illustration)© JACK HILL / POOL / AFP

L’heure n’est plus à la fête chez les Johnson. Boris Johnson et sa femme, Carrie, n’ont plus l’intention d’organiser une grande fête de mariage à la fin du mois dans la résidence de campagne mise à la disposition des Premiers ministres britanniques, ont indiqué vendredi 8 juillet des sources à Downing Street.

L’annonce qu’une fête était prévue à Chequers, superbe manoir du XVIe siècle avec piscine intérieure, au nord-ouest de Londres, avait suscité de nombreuses critiques après la démission de Boris Johnson jeudi. Il a été poussé vers la sortie par une crise de confiance majeure, marquée par quelque 60 démissions en 48 heures dans son gouvernement. Boris Johnson a cependant précisé qu’il resterait à Downing Street jusqu’à l’arrivée de son successeur, une procédure qui durera plusieurs semaines.

Certains l’avaient accusé de vouloir assurer l’intérim uniquement pour sauver sa fête de mariage, dont les invitations avaient déjà été lancées. « Il s’accroche pour une dernière fête », titrait vendredi le tabloïd de gauche The Daily Mirror, avec en médaillon une photo du couple lors de son mariage en mai 2021. Selon les mêmes sources à Downing Street, les Johnson cherchent un nouveau lieu.

Le troisième mariage de « BoJo »

Boris Johnson, 58 ans, et Carrie Symonds, 34 ans, s’étaient mariés religieusement l’an dernier à la cathédrale catholique de Westminster en petit comité. À l’époque, les restrictions anti-Covid limitaient les rassemblements à 30 personnes.

« On aimerait tous avoir un mariage grandiose aux frais du contribuable à Chequers, mais il ne pourra pas le faire parce que les Britanniques trouveront ça odieux », avait réagi jeudi sur la radio LBC le maire travailliste de Londres, Sadiq Khan. Le couple a deux enfants, Wilfred, 2 ans, et Romy, 7 mois. Boris Johnson, dont c’était le troisième mariage, a cinq autres enfants.

Par Le Point avec AFP

Royaume-Uni : Boris Johnson démissionne de la tête du Parti conservateur

juillet 7, 2022

Fin de « party » chez les torys. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé, jeudi 7 juillet, sa démission du Parti conservateur mais indiqué qu’il resterait au pouvoir jusqu’à ce que soit désigné son successeur. Trois ans après son accession à Downing Street, Boris Johnson, 58 ans, s’est trouvé poussé vers la sortie par une avalanche de démissions au sein de son gouvernement après une succession de scandales. Au total, une soixantaine de départs ont été annoncés au sein du gouvernement depuis mardi, dont cinq ministres, un exode d’une rapidité sans précédent dans l’histoire politique britannique.

Lors de sa brève allocution, « BoJo » s’est montré « fier des réalisations de ce gouvernement », pour lesquelles il s’est « battu ». « C’est clairement la volonté du Parti conservateur qu’il y ait un nouveau leader et donc un nouveau Premier ministre », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse devant Downing Street, se disant « triste de démissionner du meilleur poste du monde ». Il a ajouté que le calendrier pour l’élection d’un nouveau leader conservateur serait précisé la semaine prochaine.

The Prime Minister @BorisJohnson makes a statement. https://t.co/EfgXuyazjw— UK Prime Minister (@10DowningStreet) July 7, 2022

« Mes amis, en politique, personne n’est indispensable. J’ai foi en ce système politique, qui élira un nouveau dirigeant. À ce nouveau dirigeant, homme ou femme, sachez que je vous soutiendrai autant que possible », a-t-il indiqué devant un parterre de journalistes.

La cheffe de la diplomatie britannique Liz Truss a appelé « au calme et à l’unité » après la démission de Boris Johnson de chef du Parti conservateur. « Le Premier ministre a pris la bonne décision. (…) Nous avons besoin de calme et d’unité maintenant et de continuer à gouverner jusqu’à ce qu’un nouveau chef du parti soit désigné », a-t-elle déclaré dans un tweet envoyé depuis Bali, en Indonésie, où elle doit assister à une réunion ministérielle du G20 vendredi.

À la suite de cette annonce, la présidence ukrainienne a remercié le Premier ministre britannique pour son soutien. « Merci à Boris Johnson pour avoir compris la menace du monstre russe, avoir toujours été à l’avant-garde du soutien à l’Ukraine » et avoir « pris ses responsabilités dans les moments les plus difficiles », a écrit sur Twitter le conseiller de la présidence Mykhaïlo Podoliak. « Nous tous avons accueilli cette nouvelle avec tristesse. Pas seulement moi, mais aussi toute la société ukrainienne qui sympathise beaucoup avec vous », a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a joint Boris Johnson par téléphone.

« Bye Boris »

Toute la journée mercredi, les démissions s’étaient succédé. La séance hebdomadaire de questions à la Chambre avait été particulièrement houleuse pour Boris Johnson, avec de nouveaux appels à la démission dans son propre camp, des rires témoignant de sa perte d’autorité, et un « bye Boris » à la fin de la séance.

Mercredi soir, plusieurs ministres s’étaient rendus à Downing Street pour essayer, en vain, de convaincre Boris Johnson qu’ayant perdu la confiance du Parti conservateur, il devait démissionner, dans son intérêt et celui du pays. Le Premier ministre de 58 ans, qui affirme qu’il a un « mandat colossal » à accomplir, a riposté en limogeant par téléphone mercredi soir le ministre qui avait été le premier à venir lui conseiller de démissionner plus tôt dans la journée, Michael Gove, chargé du rééquilibrage territorial. Selon la BBC, Downing Street aurait qualifié Michael Gove de « serpent » indigne de la confiance de Boris Johnson.

Le mécontentement couvait depuis des mois, nourri notamment par le scandale des fêtes illégales à Downing Street pendant le confinement anti-Covid, alors que les Britanniques devaient respecter des règles très strictes. Boris Johnson, connu pour ne pas être à un mensonge près, avait varié dans ses explications, provoquant frustration puis colère des élus conservateurs, dans un pays confronté à une inflation record de 9 % et à des mouvements sociaux. Sa cote de popularité avait plongé, et près de 70 % des Britanniques souhaitent désormais son départ, selon deux sondages cette semaine.

La démission mardi soir du ministre des Finances Rishi Sunak et du ministre de la Santé Sajid Javid avait sonné l’hallali pour le Premier ministre, après un nouveau scandale sexuel impliquant le « whip » adjoint, chargé de la discipline des députés conservateurs, que M. Johnson avait nommé en février, « oubliant » des accusations passées de même type. Boris Johnson avait échappé le mois dernier à un vote de défiance, 40 % des députés conservateurs refusant cependant de lui accorder leur confiance.

Par Le oint avec AFP

Grande-Bretagne: Contre vents et marées, Boris Johnson entend s’accrocher au pouvoir

juillet 6, 2022

Après le départ fracassant de deux ténors du Cabinet, plus de 25 autres membres du gouvernement ont remis leur démission mercredi.

Boris Johnson, debout à la Chambre des communes.

Le premier ministre britannique Boris Johnson répond à ses détracteurs pendant la période des questions à la Chambre des communes. Photo : La Presse Canadienne/AP/Chambre des Communes

De nouveau en lutte pour sa survie politique, après la démission de plusieurs ministres ébranlés par le plus récent scandale à secouer son gouvernement, le premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré sans détour mercredi qu’il entend rester au pouvoir.

Le travail d’un premier ministre dans des circonstances difficiles, quand un mandat colossal lui a été confié, est de continuer, et c’est ce que je vais faire, a-t-il lancé lors d’une période de questions à la Chambre des communes.

Soulignant la fragilité de l’économie britannique et la guerre en Ukraine, le chef du gouvernement conservateur a également plaidé que c’est exactement le moment dans lequel on attend d’un gouvernement qu’il continue son travail, qu’il n’abandonne pas […] et qu’il se concentre sur ce qui compte pour les citoyens de ce pays.

Dans un témoignage ultérieur devant un comité parlementaire, M. Johnson a laissé tomber qu’il ne croyait pas que les électeurs britanniques étaient en faveur d’élections anticipées.

Devant le Parlement, le chef de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a fustigé un spectacle pathétique et s’est attaqué à son équipe, qu’il a assimilée à une liste de catégorie Z de chiens obéissants. Le leader du Parti nationaliste écossais (SNP), Ian Blackford, a exigé la tenue d’élections anticipées.

Un homme installe un chevalet sur lequel on peut lire des cotes devant le parlement britannique.

Un homme installe un chevalet sur lequel on peut lire des cotes pour le maintien au pouvoir de Boris Johnson au cours des prochaines années, et pour les chances de différents conservateurs de lui succéder. Photo: La Presse Canadienne/PA/AP/Stefan Rousseau

Deux députés conservateurs ont ouvertement demandé à Boris Johnson de démissionner lors de la séance, mais la charge la plus sentie est venue de Sajid Javid, dont la démission mardi à titre de ministre de la Santé, présentée en même temps que celle du ministre des Finances, Rishi Sunak, a mis le feu aux poudres.

M. Javid s’est plaint d’avoir été berné lorsque l’entourage du premier ministre lui a dit qu’il n’y avait pas eu de fêtes à la résidence officielle de M. Johnson alors que le public devait s’astreindre à respecter des mesures anti-COVID, ce qui s’est révélé inexact.

L’ex-ministre de la Santé a expliqué avoir voulu donner une dernière chance au premier ministre, avant d’apprendre qu’il avait à nouveau été trompé lorsque M. Johnson a affirmé ne pas avoir été informé d’allégations d’inconduite sexuelle visant Chris Pincher, nommé whip adjoint du gouvernement conservateur en février.

M. Johnson a finalement admis qu’il avait été informé d’anciennes accusations contre lui dès 2019, soit bien avant de le nommer. Il a affirmé qu’il les avait oubliées et s’est excusé pour cette erreurLe controversé whip adjoint a démissionné la semaine dernière après avoir été accusé d’attouchements sur deux hommes.

Assez, c’est assez!, a-t-il lancé, lors d’une tirade où il fait valoir l’importance de l’intégrité. Le problème commence au sommet, et ça ne changera pas, a déclaré M. Javid, en invitant ses collègues conservateurs à réfléchir à la situation. Soyons clairs, ne rien faire est une décision, leur a-t-il lancé.

« Je crains que le bouton de réinitialisation ne puisse fonctionner qu’à un nombre limité d’occasions. Il y a une limite au nombre de fois qu’on peut redémarrer la machine sans réaliser qu’il se passe quelque chose de fondamentalement inacceptable. »— Une citation de  Sajid Javid, ex-ministre de la Santé

Sajid Javid, souriant, devant des maisons.

Sajid Javid, à sa sortie de sa maison de Londres, mercredi, avant la période de questions aux Communes. Photo : Reuters/Maja Smiejkowska

Marcher sur la fine ligne entre la loyauté et l’intégrité est devenu impossible au cours des derniers mois. Et je ne vais jamais risquer de perdre mon intégrité, a encore dit M. Javid pour justifier sa décision de claquer la porte du gouvernement.

Plus de 25 autres ministres et membres du personnel gouvernemental ont démissionné mercredi en mettant en cause la politique de leur chef, dont Stuart Andrews (Logement), Will Quince (Enfance et Familles), Robin Walker (Écoles), John Glen (Services financiers), Victoria Atkins (Accueil des réfugiés afghans) et Jo Churchill (Agro-Innovation et Adaptation).

M. Andrews a accusé le controversé premier ministre de défendre l’indéfendable, M. Glen a évoqué son total manque de confiance envers le premier ministre, et Mme Atkins a fait valoir l’importance des valeurs d’intégrité, de décence, de respect et de professionnalisme.

Certaines de ces démissions ont été annoncées avant que M. Johnson ne se défende au Parlement, mais plusieurs autres sont survenues après, amplifiant la crise. Cinq secrétaires d’État ont notamment annoncé leur départ dans une lettre conjointe en fin d’après-midi. Nous devons demander que, pour le bien du parti et du pays, vous vous retiriez, ont-ils écrit dans leur lettre à M. Johnson.

Trois manifestants près du Parlement, dont deux tiennent des pancartes.

Quelques manifestants ont réclamé la démission du premier ministre Johnson, mercredi, à proximité du parlement britannique. Photo: Reuters/Henry Nicholls

Boris Johnson a rapidement remplacé MM. Sunak et Javid en nommant son ministre de l’Éducation Nadhim Zahawi aux Finances et Steve Barclay, jusque-là chargé de la coordination gouvernementale, à la Santé. Des ministres loyaux lui ont en outre réaffirmé leur soutien, comme Nadine Dorries, responsable de la Culture.

Déjà considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie, M. Johnson a survécu il y a quelques semaines à un vote de défiance de son propre camp.

Les règles internes du parti spécifient qu’un autre vote du genre ne peut avoir lieu avant un an, mais des opposants au premier ministre font pression pour qu’elles soient modifiées. Les responsables du Comité 1922, compétent pour trancher la question, doit se réunir dans l’après-midi.

Outre la situation de M. Pincher, plusieurs autres affaires à caractère sexuel ont éclaté au Parlement britannique ces dernières semaines : un député soupçonné de viol a été arrêté puis libéré sous caution mi-mai, un autre a démissionné en avril pour avoir regardé de la pornographie au Parlement sur son téléphone portable et un ancien député a été condamné en mai à 18 mois de prison pour l’agression sexuelle d’un adolescent de 15 ans.

Le départ de ces deux derniers députés a provoqué des élections législatives partielles et de lourdes défaites pour les conservateurs. Le parti avait en outre encaissé de très mauvais résultats aux élections locales de mai, qui ont soulevé des doutes sur la capacité de M. Johnson à diriger ses troupes.

Selon un sondage Savanta ComRes publié mercredi, 72 % des Britanniques estiment que le premier ministre devrait démissionner.

Radio-Canada par François Messier avec les informations de The Guardian, Reuters et AFP

Le gouvernement de Boris Johnson secoué par un nouveau scandale sexuel

juillet 1, 2022
Le premier ministre britannique, Boris Johnson.

Les scandales à caractère sexuel s’accumulent au sein du parti de Boris Johnson. Photo : Reuters/Henry Nicholls

Boris Johnson fait face vendredi à un nouveau scandale sexuel au sein de son parti. L’un des membres de son gouvernement a démissionné après s’être fait accuser d’attouchements sexuels sur deux hommes.

C’est un retour difficile pour le premier ministre conservateur, à peine rentré d’une semaine passée à l’étranger pour assister à trois sommets internationaux.

Après les conflits sociaux qui se multiplient en raison de la flambée des prix et après la controverse du partygate, il doit gérer une nouvelle affaire au sein de son gouvernement.

Dans une lettre de démission datée de jeudi, le whip en chef adjoint, Chris Pincher, chargé de la discipline parlementaire des députés conservateurs, reconnaît avoir beaucoup trop bu et présente des excuses pour s’être couvert de honte, [lui] et d’autres personnes.

Selon plusieurs médias britanniques, l’élu de 52 ans a procédé à des attouchements mercredi soir, sur deux hommes, dont un député, devant des témoins dans un club privé londonien, le Carlton Club, rapporte le Sky News. Ces gestes ont entraîné des plaintes auprès du parti.

Les histoires à caractère sexuel au sein du gouvernement au pouvoir s’accumulent :

  • un député a démissionné en avril pour avoir regardé de la pornographie à la Chambre sur son téléphone portable;
  • un député soupçonné de viol, non nommé, a été arrêté puis libéré sous caution à la mi-mai;
  • et un ancien député a été condamné, en mai, à 18 mois de prison pour l’agression sexuelle d’un adolescent de 15 ans.

Le départ récent de deux députés avait provoqué des législatives partielles et de lourdes défaites pour les conservateurs, suivies du départ du président du parti, Oliver Dowden.

S’il a démissionné de sa fonction, M. Pincher reste toutefois député.

Le premier ministre a accepté la démission et pense que c’était la chose à faire […]. Il trouve évidemment ce genre de comportement inacceptable et encourage ceux qui souhaitent se plaindre à le faire, a indiqué son porte-parole.

Mais, face aux appels qui réclament l’exclusion du député du parti et à la tenue d’une enquête interne, la pression s’accroît sur M. Johnson pour qu’il adopte des mesures plus fermes.

Il est hors de question que les conservateurs ignorent une agression sexuelle éventuelle, a tweeté Angela Rayner, la numéro deux du Parti travailliste, principale formation d’opposition.

Boris Johnson doit maintenant [nous] dire comment Chris Pincher peut rester député conservateur, a-t-elle ajouté, déplorant une totale dégradation des normes de la vie publique sous le premier ministre.

Loin d’être un cas isolé

Ce dernier a été considérablement affaibli par le scandale des fêtes organisées à Downing Street malgré les restrictions sanitaires durant la pandémie. L’affaire lui a valu un vote de confiance dans son propre camp, auquel il a survécu de peu, il y a moins d’un mois.

Sur la chaîne Sky News, le ministre chargé du Pays de Galles, Simon Hart, a estimé qu’il pourrait être contre-productif de précipiter une enquête, mais a indiqué que le whip en chef, Chris Heaton-Harris, aurait des conversations dans la journée de vendredi pour déterminer la ligne de conduite appropriée.

« Ce n’est pas la première fois, je crains que cela ne soit possiblement pas la dernière. Cela arrive sur le lieu de travail de temps à temps »— Une citation de  Simon Hart, ministre responsable du Pays de Galles

Nommé en février, M. Pincher avait déjà démissionné comme whip junior en 2017, accusé d’avoir fait des avances sexuelles à un athlète olympique et à un potentiel candidat conservateur aux élections.

Il avait été blanchi après une enquête interne. Réintégré par l’ancienne première ministre Theresa May, il avait rejoint le ministère des Affaires étrangères comme secrétaire d’État lors de l’arrivée au pouvoir de M. Johnson en juillet 2019.

La police londonienne a indiqué n’avoir reçu aucun signalement d’agression au Carlton Club.

Avec Agence France-Presse