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Côte d’Ivoire: Bombardement de Bouaké : perpétuité pour les trois accusés

avril 15, 2021
Vue du camp Descartes à Bouaké après le bombardement du 6 novembre 2004.

La cour d’assises de Paris a condamné les trois accusés, ivoiriens et biélorusse, à la prison à perpétuité pour avoir bombardé la ville ivoirienne et tué neuf soldats français en 2004.

La cour d’assises de Paris a rendu sont verdict dans le procès du bombardement de Bouaké qui avait coûté la vie à neuf militaires français et un civil américain, le 6 novembre 2004. Yury Sushkin, un mercenaire biélorusse, ainsi que Patrice Ouei et Ange Gnanduillet, deux officiers de l’armée de l’air ivoirienne, ont été condamnés à la prison à perpétuité par les juges qui ont rendu leur verdict ce jeudi au terme de trois semaines de procès. Absents lors de celui-ci, les trois hommes étaient notamment poursuivis pour « assassinats », le bombardement ayant « été effectué en temps de paix, sur des militaires pris par surprise », a précisé le président de la Cour d’appel, Thierry Fusina.

Les juges ont ainsi suivi les réquisitions de l’avocat général, qui avait réclamé la peine maximale à l’encontre des trois hommes. « Cette peine » de perpétuité, « je l’aurais requise dans les mêmes conditions si ces personnes étaient ici, si elles s’étaient défendues, parce que ce qui justifie cette peine, c’est la violence inouïe des faits », a déclaré Jean-Christophe Müller.

« Préméditation »

Un soldat français après l’attaque sur la base de Bouaké, en 2004.

Ni la justice ivoirienne ni la justice du Bélarus n’ont répondu aux mandats d’arrêt émis par la justice française à l’encontre des trois accusés. La première a indiqué que les deux officiers ivoiriens, promus au sein de l’armée l’année suivant le bombardement, ne pouvaient être poursuivis pour ces faits en raison d’une loi d’amnistie adoptée en 2007. Selon les autorités ivoiriennes, Ange Gnanduillet est décédé en 2015.

Le 6 novembre 2004, deux chasseurs déployés par l’aviation du président ivoirien Laurent Gbagbo pour attaquer les rebelles installés dans la moitié nord du pays avaient bombardé par surprise un camp de la force de paix française, chargée de faire tampon entre les deux forces en présence. Neuf soldats français et un civil américain avaient ainsi été tués, et une quarantaine de personnes blessées.

DÉCOLLER AVEC DEUX AVIONS DE GUERRE ARMÉS DE ROQUETTES ME SEMBLE L’EXPRESSION CHIMIQUEMENT PURE DE LA PRÉMÉDITATION

L’attaque était « caractérisée par une volonté préalable d’aller bombarder le camp français », avait argué Jean-Christophe Müller. « Des éléments montrent à l’évidence que la frappe était volontaire et dirigée contre [ledit] camp », et « décoller avec deux avions de guerre armés de roquettes me semble l’expression chimiquement pure de la préméditation », avait encore ajouté l’avocat général.

En représailles, Paris avait détruit le jour même l’ensemble de l’aviation militaire ivoirienne, ruinant son offensive en cours, et déclenchant une crise diplomatico-militaire inédite entre la France et la Côte d’Ivoire.https://www.dailymotion.com/embed/video/x5vqxle

Le lendemain du bombardement, le 7 novembre 2004, quinze mercenaires biélorusses avaient été arrêtés à Abidjan, et huit autres à Lomé. Mais tous avaient par la suite été relâchés dans des conditions qui n’ont jusqu’à présent pas pu être éclaircies par la justice. Cet incompréhensible refus de Paris, dix jours après le bombardement, de récupérer huit suspects bélarusses, dont Yury Sushkin, a occupé une bonne partie des débats du procès.

Michèle Alliot-Marie, ministre française de la Défense à l’époque des faits, avait notamment affirmé qu’aucun mandat d’arrêt n’avait été délivré à leur encontre et qu’il n’y avait donc pas de base légale pour maintenir leur détention.

Zones d’ombre

Bouaké bombing trial continue – Paris

De lourds soupçons ont pesé sur les décisions prises alors par les autorités françaises de l’époque. Au cours de l’enquête, la juge d’instruction chargée du dossier avait notamment pointé le rôle de Michèle Alliot-Marie (Défense), Dominique de Villepin (Intérieur) et Michel Barnier (Affaires étrangères). Dès 2016, elle avait saisi la Cour de justice de la République (CJR), en vain, le procureur général s’étant abstenu de soutenir sa requête.

En janvier 2009, le juge François Moulins, qui était alors chargé de l’instruction, a pu à son tour saisir la CJR, lui demandant de se prononcer sur l’opportunité d’ouvrir une enquête pour « recel de malfaiteurs », « entrave à la manifestation de la vérité » et « non-dénonciation de crime » à l’encontre des trois ministres. Demande rejetée en mai de la même année, par la commission des requêtes de la CJR, dont les décisions ne sont pas susceptibles de recours.

LE MINISTÈRE DE LA DÉFENSE EST UN MINISTÈRE D’EXÉCUTION DE DÉCISIONS PRISES PAR D’AUTRES

Près de 90 témoins, quasiment tous Français, se sont succédé à la barre, des rescapés du bombardement aux anciens ministres français en fonction au moment des faits. Appelé à témoigner lors du procès, Dominique de Villepin a assuré n’avoir été « ni présent, ni associé » aux décisions dans ce dossier, pointant la « compétence claire » du ministère de la Défense. L’ex-ministre des Armées a elle aussi botté en touche, assurant notamment que « le ministère de la Défense est un ministère d’exécution de décisions prises par d’autres ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Côte d’Ivoire: À Bouaké, Alassane Ouattara lance une campagne pas comme les autres

octobre 17, 2020
À Bouaké lors du lancement de la campagne d'Alassane Ouattara, le 16 octobre 2020.

Le président ivoirien a lancé vendredi sa campagne en vue de la présidentielle du 31 octobre dans la deuxième ville du pays, devant plusieurs milliers de personnes.

Chemise blanche siglée à son nom, Alassane Ouattara salue la foule du toit ouvrant de sa voiture. Son cortège fonce à travers Bouaké, suivi par des centaines de jeunes à moto, zigzaguant dangereusement dans les rues de la deuxième ville de Côte d’Ivoire.

Quelques minutes plus tôt, le chef de l’État ivoirien a dû écourter son meeting de lancement de campagne devant l’impossibilité du service d’ordre de contenir une foule imposante et fatiguée d’attendre depuis plusieurs heures. Pleine à craquer, la place « ADO » était prête à exploser bouleversant le protocole.

À Bouaké lors du lancement de la campagne d'Alassane Ouattara, le 16 octobre 2020.

À la tribune, pendant cinq petites minutes, Alassane Ouattara a tenu un discours offensif, haranguant la population, souvent très jeune, venue l’écouter.

« Rien qu’à Bouaké, vous êtes plus nombreux ici que tous les gens de l’opposition qui se sont réunis à Abidjan. La majorité est là. C’est le RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix, parti au pouvoir). ADO est le seul candidat qui vaut la peine d’être voté. C’est pour ça que les autres ne veulent pas aller aux élections. Ils ont peur de perdre. S’ils sont garçons, qu’ils viennent aux élections et les Ivoiriens vont nous départager. Ils n’ont qu’à venir parler au peuple. Nous allons les battre. ADO gagnera au premier tour. Un coup KO ! »

« Boycott actif »

Le folklore électoral et l’hystérie désordonnée de la jeunesse de l’ancienne capitale de la rébellion étaient pourtant trompeurs. Ce vendredi 16 octobre, la Côte d’Ivoire ressemblait à tout sauf à une Nation en campagne. La veille, l’ancien président Henri Konan Bédié et Pascal Affi N’Guessan, deux des quatre candidats retenus pour la présidentielle du 31 octobre, ont appelé leurs militants à « empêcher la tenue de toute opération liée au scrutin et de mettre en application le mot d’ordre du boycott actif ». « Nous entrons dans la deuxième phase de la désobéissance civile », a précisé Affi N’Guessan

Un mot d’ordre suivi ce vendredi dans quelques localités où la distribution des cartes électorales fut perturbée. Daoukro, la ville natale d’Henri Konan Bédié, fut elle paralysée. À Bongouanou (Centre), la tension restait vive ce samedi. Dans la matinée, des individus ont mis le feu à la résidence d’Affi N’Guessan. La veille, des affrontements avaient éclaté entre partisans de l’opposition et du pouvoir, faisant des blessés légers et dégâts matériels. « Les deux camps se regardent en chien de faïence », confie une autorité locale.

Kouadio Konan Bertin (KKB) se tient désormais seul face à Ouattara. Le dissident du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) lançait lui aussi sa campagne ce 16 octobre à Divo. Il compte tenir de nombreux meetings. Mais ses moyens sont néanmoins dérisoires face à la machine du candidat du RHDP, dont le visage s’affiche en grand dans les rues d’Abidjan ou de Yamoussoukro.

Alors que le boycott de Bédié et Affi, qui contestent le droit à Ouattara de briguer un troisième mandat, se précise, ADO a préféré modifier son programme de campagne. Il ne participera qu’à un seul autre meeting – à Abobo le 29 octobre – laissant le Premier ministre, Hamed Bakayoko, et le secrétaire général de la présidence, Patrick Achi, occuper le terrain.

À Bouaké lors du lancement de la campagne d'Alassane Ouattara, le 16 octobre 2020.

À Bouaké, s’exprimant devant un parterre de chefs traditionnels, le chef de l’État a laissé peu d’espoirs à l’opposition, se montrant ferme sur la tenue du scrutin. « Nous avons eu un dialogue, en 2020 pour mettre en place le code électoral. Mais allons aux élections ! Nous avons créé des institutions sur lesquelles nous nous sommes mis d’accord. Et à quelques semaines des élections, j’entends des gens dire, il faut un dialogue. Un dialogue pour faire quoi ?  Nous avons des institutions, ces institutions ont décidé que nous serons quatre candidats », a-t-il déclaré.

La possibilité d’un rapprochement semble s’éloigner

Toutefois, presque au même moment, son gouvernement transmettait à Bédié et Affi une invitation officielle à une séance de travail « relative à l’organisation de l’élection du 31 octobre », présentée comme une réponse à la volonté de dialogue affichée par l’opposition. Une proposition immédiatement refusée.

La possibilité d’un rapprochement semble de plus en plus s’éloigner. Ces derniers jours, l’entourage d’Henri Konan Bédié semblait pourtant croire que ses initiatives diplomatiques porteraient leurs fruits. Les 12 et 13 octobre, le sphinx de Daoukro avait plaidé sa cause auprès du du roi des Ashantis, Otumfuo Nana Osei Tutu II, et du chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo. Son intervention n’a cependant pas permis de compromis entre Bédié et ADO. Le premier appelle à un report de l’élection, tandis que le second, inflexible, y reste opposé.

Le 15 octobre, les proches de Bédié étaient toutefois persuadés que le président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) débarquerait dans les prochains jours à Abidjan. « J’ai lu que des chefs d’État doivent venir ici. Je les ai tous les jours au téléphone. Ils ont du travail chez eux. Personne ne vient ici pour négocier quoi que ce soit », leur a répondu Alassane Ouattara.

Avec Jeune Afrique par Vincent Duhem – Envoyé spécial à Bouaké

Côte d’Ivoire : affrontements intercommunautaires meurtriers près de Bouaké

mai 17, 2019

Des policiers ivoiriens, le 22 octobre 2015 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Photo d’illustration. © Schalk van Zuydam/AP/SIPA

 

Trois personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées dans des affrontement intercommunautaires à Béoumi, près de Bouaké. Une simple altercation entre deux hommes a provoqué l’escalade de violences, ravivant des tensions déjà observées lors des dernières élections. Un couvre-feu a été instauré de 18 h à 6 h du matin.

La nuit de jeudi a vendredi a été calme à Béoumi, après deux jours d’affrontements intercommunautaires durant lesquels trois personnes ont été tuées et une quarantaine d’autres blessées, parmi lesquels des policiers touchés par des balles de fusil artisanal. Un couvre-feu avait été instauré de 18 h à 6 h du matin et des renforts venus de Bouaké, Yamoussoukro et Abidjan ont été déployés. Toute la nuit, policiers et gendarmes, appuyés par des soldats dépêchés depuis la ville voisine de Bouaké, ont sillonné les quartiers et certains villages de la commune, en vue de mettre aux arrêts d’éventuels fauteurs de troubles et de faire la chasse aux éventuels pilleurs.

Tensions économiques et politiques

Selon Jean-Marc Kouassi, le maire de Béoumi, tout est parti d’une violente altercation entre un conducteur de « moto-taxi » et un chauffeur de véhicule de transport en commun, issus de communautés différentes : baoulé et malinké. Les deux hommes se sont battus, et le premier protagoniste a été admis en urgence à l’hôpital de la ville, et la rumeur de sa mort a rapidement couru en ville.

Il n’en a pas fallu plus pour raviver des tensions latentes et entraîner la ville dans une spirale de violences. Pendant deux jours, des jeunes des deux communautés se sont violemment affrontés, s’en prenant par ailleurs aux forces de l’ordre qui tentaient de s’interposer.

« Depuis les dernières élections, la tension règne, on ne peut pas se le cacher. Lors des élections, il y a eu des affrontements », relève Jean-Marc Kouassi, maire indépendant rallié au Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI d’Henri Konan Bédié). Lors des municipales d’octobre 2018, des violences avaient éclaté entre des membres des communautés baoulé – réputée acquise au PDCI -, et malinké – réputée proche Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, d’Alassane Ouattara).

Au-delà de ces tensions politiques, les crispations entre les deux communautés reposent également sur des questions économiques, des épisodes de violences surgissant autour de problématiques économiques et foncières.

En octobre 2018, des affrontements entre communautés baoulé et malinké avaient ainsi éclaté à Marabadiassa, une ville voisine de Béoumi. Au cœur de la querelle, un conflit de délimitation foncière entre deux villages – l’un baoulé, l’autre malinké -, de cette petite sous-préfecture située entre le centre baoulé et le nord malinké. La crise avait alors été réglée par les autorités administratives.

Autre point de crispation, le transport. « Il y a une sorte de répartition des rôles dans le secteur du transport entre Baoulés et Malinkés, confie un officier en poste à Béoumi depuis plusieurs années. Jusque-là, le transport à Béoumi était contrôlé par des Malinké. Depuis quelque temps, des jeunes autochtones baoulé s’adonnent à cette activité et cela est source de tension. Le feu couvait ».

Des violences récurrentes

Les tensions intercommunautaires sont récurrentes en Côte d’Ivoire. Aucune région n’est épargnée. En sept ans, vingt-sept attaques de locaux de préfectures et de sous-préfectures ont été comptabilisées de source officielle dans des épisodes d’émeutes. Les derniers affrontements de ce type ont éclaté à Zikisso, dans le centre-ouest du pays. Ils ont opposé des membres des communautés locales dida et malinké.

En février, une étude menée par une équipe de sociologues et des criminologues, commandée par le Conseil national de sécurité (CNS), dépendant de la présidence ivoirienne, avait conclu à une profonde crise de confiance entre l’administration et les administrés. « Les populations qui n’ont plus confiance dans les autorités veulent elles-mêmes régler leurs comptes, ce qui peut conduire à des actes de violences », explique le sociologue Ange Dago.

Pour tenter de résorber les crises communautaires, un secrétariat d’État chargé du service civique a été créé par le président Alassane Ouattara en juillet 2018. Le détail de la stratégie nationale du service civique et sa mise en oeuvre, annoncée par le secrétaire d’État Siaka Ouattara, est toujours attendue.

Jeuneafrique.com avec André Silver Konan – à Kinshasa

Côte d’Ivoire: un camp militaire vandalisé à Bouaké

janvier 10, 2018

Bouaké (Côte d’Ivoire) – Le camp d’une unité d’élite de la police et de la gendarmerie à Bouaké (nord), épicentre des mutineries de soldats ivoiriens en 2017, a été attaqué et vandalisé par des soldats ivoiriens, a constaté mercredi un journaliste de l’AFP.

Des coups de feu avaient été entendus mardi en début de soirée et pendant une partie de la nuit aux abords du Centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO). Des hommes armés provenant d’autres unités ont alors investi le camp, détruit des bureaux et incendié quatre véhicules.

 Les hommes du CCDO, qui avaient évacué le camp dans la nuit, ont repris le contrôle du camp dans la matinée de mercredi, a constaté le journaliste de l’AFP.

Le porte-parole du gouvernement Bruno Koné a donné un bilan d’un « personne blessée », précisant que la « situation était calme ».

Il a confirmé que des « renforts » avaient été envoyés, notamment des « hélicoptères, des blindes légers et quelques centaines de personnel », soulignant qu’une réunion du Conseil national de sécurité aura lieu jeudi et abordera le sujet. Le porte-parole a aussi promis des « sanctions » pour les responsables.

Depuis une semaine, des tirs éclatent pratiquement tous les jours à Bouaké où un soldat a été tué dans la nuit de jeudi à vendredi lors d’un échange de coups de feu entre militaires.

Il s’agissait de « différends personnels » entre membres de corps différents, selon une source militaire. Ce différend a dégénéré en bataille entre des unités qui s’affrontent sporadiquement depuis le 4 janvier.

Une partie des militaires présents à Bouaké demandent désormais le départ du CCDO, et notamment de son chef, selon une autre source militaire.

Jeudi, avant les incidents, le général Sekou Touré, chef d’état-major des armées ivoiriennes, avait présenté « ses excuses à la nation » pour les mutineries qui avaient ébranlé le pays en 2017 et promis qu’en 2018 l’armée remplirait « son devoir ».

D’anciens rebelles intégrés dans l’armée s’étaient mutinés en janvier et en mai 2017, obtenant finalement le paiement de 12 millions de francs CFA (18.000 euros) à 8.400 militaires.

Dans son allocution télévisée du Nouvel An, le président Alassane Ouattara avait affirmé sa volonté de transformer l’armée en une force « véritablement républicaine ».

Romandie.com avec(©AFP / 10 janvier 2018 14h25)                                            

Côte d’.Ivoire: un soldat tué dans des échanges de tirs entre forces de défense et de sécurité à Bouaké (officiel)

janvier 5, 2018

Bouaké (Côte d’Ivoire) – Un soldat a été tué et un autre blessé au cours d’échanges de tirs entre des forces de défense et de sécurité, dans la nuit de jeudi à vendredi à Bouaké (nord), épicentre des mutineries de soldats ivoiriens en 2017, a annoncé le ministère de la Défense.

« Dans la nuit du 4 au 5 janvier 2018, une altercation est survenue entre un équipage du centre de coordination des décisions opérationnelles (CCDO) et des soldats du Bataillon d’artillerie sol-sol dans la ville de Bouaké, quartier Dar es salam », indique le communiqué, lu vendredi à la télévision nationale.

« Au cours de la dispute qui a suivi, des coups de feu ont été tirés par les protagonistes provoquant le décès par balle du sergent Dembélé Yacouba et faisant un blessé », poursuit le texte.

Selon le communiqué, « une enquête sera diligentée pour cerner tous les contours de ces événements qui mettent à mal la nécessaire fraternité d’armes devant exister entre tous les corps des forces de défense et de sécurité ».

Plus tôt dans la journée, une source proche de l’état-major des armées avait déclaré à l’AFP: « ça semble être une brève querelle entre policiers et CCDO. Il nous revient de façon récurrente qu’un élément du CCDO a essuyé un tir. »

« Nous, militaires, n’envisageons aucun soulèvement. Il n’y a pas de raison de le faire. Les populations vaquent tranquillement à leurs occupations. Il n’y a absolument rien de grave. Nous demandons à notre tutelle de mettre tous les corps en uniforme sur le même pied d’égalité pour éviter des frustrations », a expliqué un soldat du 3e bataillon militaire.

Selon plusieurs habitants, « des coups de feu ont effectivement été entendus au centre ville ». Mais vendredi matin, le calme régnait à Bouaké.

Jeudi, le général Sekou Touré, chef d’état-major des armées ivoiriennes, avait présenté « ses excuses à la Nation » pour les mutineries qui ont ébranlé le pays en 2017 et promis qu’en 2018 l’armée remplira « son devoir ».

D’anciens rebelles intégrés dans l’armée se sont mutinés en janvier puis en mai 2017, obtenant finalement le paiement de 12 millions de francs CFA (18.000 euros) pour chacun des 8.400 d’entre eux. Cette crise a terni l’image de stabilité retrouvée du pays après la crise politico-militaire de 2010-2011 et fragilisé le président Alassane Ouattara et l’équipe gouvernementale.

Dans son allocution télévisée de Nouvel An, le président Ouattara avait affirmé sa volonté de transformer l’armée en une force « véritablement républicaine ».

Fin décembre, un millier de militaires ont quitté l’armée dans le cadre d’une réforme.

De source militaire, l’armée ivoirienne comptait avant ce départ, 23.000 hommes du rang (dont 13.000 issus de la rébellion qui a tenu le nord du pays de 2002 à 2011), et 15.000 sous-officiers.

Les autorités avaient promu massivement des militaires du rang, en intégrant d’anciens rebelles. Les experts estiment qu’une armée doit avoir 20/30% de sous-officiers et 65/70% de militaires du rang.

Romandie.com avec(©AFP / 05 janvier 2018 20h49)                                            

Côte d’Ivoire/mutinerie: mission de l’ONU pour aider à l’enquête sur une cache d’armes

juin 7, 2017

Abidjan – Une mission d’experts de l’ONU devait arriver mercredi en Côte d’Ivoire pour « aider » la justice dans l’enquête sur une cache d’armes découverte dans la résidence du chef du protocole du président de l’Assemblée nationale, a indiqué le porte-parole du gouvernement.

« Une mission d’experts de l’ONU va aider (…) Elle devait arriver aujourd’hui (mercredi) », a affirmé le ministre de la Communication Bruno Koné lors d’une conférence de presse à l’issue du conseil des ministres.

« Le dossier est chez le procureur, c’est la justice qui gère », a-t-il ajouté, refusant de commenter l’affaire.

L’enquête contre Souleymane Kamagaté, dit « Soul to Soul », chef du protocole de Guillaume Soro, a été ouverte après la découverte le 15 mai, pendant les mutineries qui ont secoué le pays, d’une cache d’armes dans un logement donné pour être sa propriété à Bouaké (deuxième ville du pays, nord).

« Il a répondu qu’il n’était ni l’acquéreur ni le propriétaire de ces armes », avait alors expliqué Moussa Touré, directeur de la Communication à l’Assemblée nationale.

Les médias présents à Bouaké ont rapporté avoir vu des caisses d’armes retrouvées sur les lieux.

Des mutins avaient exhibé devant des journalistes de l’AFP de nombreuses armes provenant de cette cache. Les armes neuves –notamment des kalachnikov, des munitions et des lance-roquettes– étaient emballées dans des sacs en plastique transparents. Un des mutins avait confié à l’AFP que les armes provenaient de la propriété de « Soul to Soul » et que cette cache était connue de « plein de gens ».

L’exhibition de ces armes par les mutins a convaincu, selon plusieurs sources, les autorités de ne pas tenter de réduire militairement les mutins.

Certains médias ont accusé Guillaume Soro de vouloir déstabiliser avec ces armes le président Alassane Ouattara afin de renforcer sa position en vue de la présidentielle de 2020, dont il est un des favoris même s’il refuse pour le moment de se dire candidat.

Ancien chef de la rébellion de 2002-2011, dont Bouaké était le fief, Guillaume Soro a confié à Jeune Afrique de cette semaine : « J’ai assumé (la tête) de la rébellion des Forces nouvelles. Ce n’est donc pas pour une cache d’armes que je me serais défilé. Acceptez que je ne m’étende pas au nom du devoir de réserve ».

« La personne mise en cause (Souleymane Kamagaté) est l’un de mes plus proches collaborateurs et je lui ai demandé de faciliter autant que possible le travail des enquêteurs », a-t-il assuré.

De source proche du dossier, l’enquête devra surtout déterminer si ces armes proviennent des stocks achetés pour la rébellion et la défense du président Ouattara lors de la crise ou si elles ont été acquises plus récemment. Dans ce dernier cas, ce serait un casus belli entre le président Ouattara et M. Soro.

« Depuis 2002, à chaque fois que le pays traverse des difficultés, les gens prétendent que ma relation avec le président Ouattara (élu en 2010) en pâtit. Pourtant elle demeure bonne (…) Je suis habitué aux procès en sorcellerie. L’essentiel pour moi est d’entretenir la confiance qui existe entre le chef de l’Etat et moi-même », a assuré M. Soro à Jeune Afrique.

Les mutineries de la mi-mai, qui ont paralysé les activités de différentes villes pendant plusieurs jours, ont fait au total quatre morts et neuf blessés, selon le bilan du gouvernement. Un accord a permis de mettre fin au mouvement.

Romandie.com avec(©AFP / 07 juin 2017 18h42)

Côte d’Ivoire: 4 ex-rebelles meurent pendant une manifestation

mai 23, 2017

 

Des policiers ivoiriens à l’entrée de Bouaké, le 23 mai 2017, après des heurts avec des ex-rebelles / © AFP / STR

Quatre ex-rebelles « démobilisés » ont été tués et au moins une quinzaine blessés mardi lors de la dispersion de leur attroupement par les forces de sécurité à Bouaké, deuxième ville de Côte d’Ivoire et épicentre des mutineries de soldats en janvier et mai.

Trois corps ensanglantés ont été amenés au Centre hospitalier universitaire de Bouaké, peu après l’assaut des forces de police vers 7h00 (locales et GMT), a constaté un journaliste de l’AFP. Une quatrième personne gravement blessée est décédée vers midi à l’hôpital, a appris l’AFP de source hospitalière sous couvert de l’anonymat.

Une quinzaine d’autres personnes, dont trois grièvement blessées, ont été hospitalisées.

« C’est grave ce qui est arrivé », a affirmé à l’AFP Amadou Ouattara, porte-parole adjoint des « démobilisés ». « Je ne sais que dire. Je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse tirer sur des personnes aux mains nues qui manifestaient ».

Le gouvernement accuse les démobilisés d’être à l’origine des morts. « Les forces de sécurité ont déployé les moyens conventionnels, (…) certains des manifestants armés ont dégoupillé une grenade offensive qui a explosé en leur sein. Le bilan à cette heure est de trois personnes décédées suite à l’éclat des fragments de grenade, 14 blessés dont 4 cas graves », selon le texte du communiqué signé du ministre de l’Intérieur Hamed Bakayoko et diffusé avant l’annonce du quatrième décès.

« Du côté des forces de l’ordre, trois éléments de la Gendarmerie et deux éléments de police ont été blessés par des projectiles », précise le texte.

« Le Gouvernement appelle au calme et invite nos concitoyens à poser leurs préoccupations aux autorités dans le calme et dans le respect des lois », conclut le communiqué.

Les « démobilisés » sont d’anciens rebelles qui n’ont pas été intégrés à l’armée, contrairement aux soldats qui s’étaient mutinés il y a une dizaine de jours. Environ 6.000 « démobilisés » (sur 60.000 démobilisés environ) réclament chacun 18 millions de francs CFA de primes » (27.000 euros) alors que les 8400 mutins ont obtenu chacun 12 millions (18.000 euros) après avoir mené deux mouvements en janvier et mai.

Lors de la mutinerie mi-mai, un démobilisé a été tué à Bouaké par des soldats mutinés, qui craignaient que les revendications des démobilisés ne mettent en péril le paiement de leurs propres primes.

Le défunt devait être enterré lundi et les démobilisés avaient appelé à une journée d’action. Ils ont bloqué dans la journée de lundi l’entrée sud de Bouaké et l’entrée nord de Korhogo (nord). Une cinquantaine d’entre eux ont aussi vainement tenté de bloquer l’entrée nord d’Abidjan.

– Débandade –

A Bouaké, ancienne « capitale » de la rébellion ayant soutenu le président Alassane Ouattara pendant la crise électorale de 2010-2011, les forces de l’ordre sont intervenues pour déloger les démobilisés de l’entrée sud située sur le principal axe du pays, reliant Abidjan au Nord et au Burkina Faso.

Cette route stratégique avait été bloquée lors des mutineries de la semaine dernière. Plus de 500 camions avaient été immobilisés pendant la crise de quatre jours, les mutins contrôlant alors les entrées sud et nord de Bouaké. Un important contingent de forces de l’ordre étaient positionné à l’entrée sud de Bouaké mardi.

« Ca s’est passé vers 7h. Les policiers ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes », raconte Diakité Aboudou, délégué des démobilisés de Ouangolodogou (nord), présent à Bouaké.

« Nous sommes restés et on a entendu des bruits de grenades (sans précision sur le type). Ca a été la débandade. Après, on a entendu des tirs de pistolets automatiques et de kalachnikov », a-t-il ajouté.

A Korhogo, les démobilisés qui occupaient l’entrée nord ont quitté les lieux dans la matinée sans incident, a constaté un correspondant de l’AFP.

« Ils ont sans doute appris les événements de Bouaké », a confié un policier.

« Nous sommes prêts pour le sacrifice suprême pour avoir nos primes de guerre », a assuré Issouf Ouattara, porte-parole des démobilisés à Korhogo.

Un accord conclu entre le gouvernement et les mutins avait permis de mettre fin au mouvement lancé le 12 mai à Bouaké.

Les mutins ont obtenu satisfaction à la pointe du fusil alors que les fonctionnaires font régulièrement grève depuis des mois, réclamant augmentations et paiement d’arriérés de primes estimés à plus de 200 milliards de FCFA (300 millions d’euros).

La Côte d’Ivoire connaît une croissance soutenue mais la forte baisse des cours du cacao, produit d’exportation vital à son économie, a obligé le gouvernement à revoir son budget à la baisse.

Romandie.com avec(©AFP / 23 mai 2017 16h31)                       

Côte d’Ivoire: des « démobilisés » bloquent des accès à Bouaké et Korhogo

mai 22, 2017

Bouaké (Côte d’Ivoire) – Des ex-rebelles ivoiriens démobilisés, réclamant des primes similaires à celles des mutins qui ont ébranlé le pays la semaine dernière, ont bloqué lundi des accès à Bouaké, deuxième ville du pays, et Korhogo, ont constaté des journalistes de l’AFP.

A Bouaké (centre), ancienne capitale rebelle, les démobilisés ont chassé la police et la gendarmerie du corridor sud d’entrée de la ville et empêchent la circulation sur cet axe, le principal du pays, reliant au sud à la capitale économique du pays Abidjan, et nord, au Burkina Faso voisin.

« On ne quittera pas d’ici! Une de ces trois personnes doit nous appeler (téléphoner, ndlr) pour nous faire partir: le président (ivoirien Alassane) Ouattara, le ministre de la Défense (Alain-Richard Donwahi) ou le chef d’état-major (Touré Sekou) », a affirmé à l’AFP Diomande Megbe, porte-parole du mouvement. Ils bloquaient toujours la circulation à 20h locales et GMT.

Dans la ville de Korhogo (nord), une cinquantaine de démobilisés ont pris le contrôle de l’entrée nord de la ville. « Comme les militaires mutins, nous réclamons nos primes de guerre (rébellion) au président Ouattara », a indiqué Issouf Ouattara, un des démobilisés.

Des démobilisés ont affirmé à l’AFP vouloir renforcer leur présence pendant la nuit pour éviter d’être délogés par des forces de sécurité.

A Abidjan, une cinquantaine de démobilisés ont tenté de bloquer l’entrée nord de la ville mais ont été refoulés par des policiers, selon des médias ivoiriens.

Les démobilisés, dont le nombre est estimé à environ 6.000 à travers le pays, sont d’anciens rebelles qui n’ont pas été intégrés à l’armée, contrairement aux mutins. Lors de la mutinerie mi-mai, un démobilisé avait été tué à Bouaké par les soldats révoltés qui estimaient que les revendications des démobilisés mettaient en péril le paiement de leurs primes.

Le démobilisé, qui a succombé à ses blessures le 14 mai, devait être enterré ce lundi et ses camarades ont prévu des actions dans le pays.

La ministre de la Solidarité, Mariatou Koné, venue assister à la levée du corps à la morgue, a prononcé un discours promettant notamment qu’un fonds sera mis en place pour des « projets » (aide à la création d’entreprises) de démobilisés.

Ses propos ont provoqué la colère des démobilisés: « On ne veut pas des projets, on veut l’argent », a crié l’un d’entre eux, a constaté un journaliste de l’AFP.

La ministre a alors regagné sa voiture, où elle a dû attendre une dizaine de minutes avant que les démobilisés acceptent de la laisser partir.

Les démobilisés réclament « 18 millions de F CFA de primes » (27.000 euros) alors que les mutins ont obtenu 12 millions (18.000 euros) après leurs deux mouvements de janvier et mai.

« Comment paie-t-on 17 millions – 12 millions cette année et 5 millions en 2014 selon lui – aux mutins et à nous, on nous parle de projets ! », a lancé M. Megbe.

Romandie.com avec(©AFP / 22 mai 2017 22h13)                                            

Côte d’Ivoire: les mutins tiennent Bouaké, les habitants souffrent

mai 15, 2017

Un soldat mutin, le 15 mai 2017 à Bouaké en Côte d’Ivoire / © AFP / ISSOUF SANOGO

Une roquette dépasse de l’arrière d’un 4×4: à l’avant côté passager un mutin, lunettes de soleil argentées et bonnet sur la tête, assis sur la portière tire en l’air avec sa Kalachnikov.

A l’arrière, un autre mutin brandit une arme de poing tandis que le véhicule roule à faible allure dans les rues de Bouaké: deuxième ville de Côte d’Ivoire, ancienne capitale de la rébellion de 2002 à 2011, Bouaké est totalement sous le contrôle des mutins qui secouent le pays depuis vendredi.

Les tirs en l’air sont incessants. D’autres soldats, armes en bandoulière sillonnent la ville en moto ou dans des voitures particulières, dont certaines sont volées.

Les entrées de la ville, « les corridors » sont aux mains des mutins depuis vendredi

La circulation se fait au compte-gouttes. Les mutins ne supportent pas longtemps la présence de journalistes. « Faut partir maintenant! », ordonne poliment mais fermement un d’entre eux. Selon des témoins, les mutins exercent un droit de péage: 10.000 Francs CFA(15 euros) pour les camions ou bus, 5000 F CFA ou moins pour les véhicules.

Il est difficile d’évaluer leur nombre mais les mutins semblent être plusieurs centaines.

« Pas un coup d’Etat »

Ce sont d’anciens rebelles qui ont occupé le nord de la Côte d’Ivoire à partir de 2002 lorsque le pays a été coupé en deux après un coup d’Etat manqué. En 2010-2011, ils avaient soutenu l’actuel président Alassane Ouattara pendant la crise post-électorale quand l’ancien président Laurent Gbagbo avait refusé de reconnaître sa défaite. En récompense, 8.500 d’entre eux avaient été intégrés dans l’armée.

Aujourd’hui, ils réclament des primes promises par ce même président Ouattara. En janvier, lors d’un premier mouvement qui avait ébranlé le pays, ils avaient obtenu une promesse de 12 millions de F CFA (18.000 euros) dont 5 millions avaient été payés en janvier, les 7 millions restants devant être versés ce mois de mai.

Toutefois, une cérémonie au palais présidentiel, diffusée à la télévision jeudi après montage, a mis le feu aux poudres. Des délégués y annonçaient qu’ils renonçaient aux primes restantes. Censée faire rentrer tout le monde dans le rang, l’opération de communication a relancé la mutinerie et même les anciens +Com Zones+ (chefs de guerre pendant la rébellion) n’arrivent pas à calmer leurs troupes.

Au 3e bataillon d’infanterie de Bouaké, énorme camp militaire en partie désaffecté, des mutins sont assis sous des arbres ou discutent sur des murets.

« Ce n’est pas un coup d’Etat. Nous voulons nos primes. Le président (Alassane Ouattara) a signé un papier pour dire qu’il était d’accord. Quand il paiera, on rentrera chez nous. On ira jusqu’au bout. Nous sommes les 8.500 qui avons porté Ouattara au pouvoir, on ne veut pas le faire partir mais il doit tenir sa parole », affirme un porte-parole, sous couvert de l’anonymat.

Derrière lui, un homme encagoulé, en treillis, brandit son lance-roquette: « Ils ont dit qu’ils (l’armée loyaliste) venaient nous chercher. On attend. S’ils ne viennent pas, nous, on va aller les chercher. On connait ça, on a déjà fait », dit-il.

« On a faim »

Un autre, cartouchière autour des épaules, tempère: « Si on voulait faire un coup, on serait déjà descendu sur Abidjan ».

Certains d’entre eux soulignent qu’ils sont en contact avec leurs « frères » mutins dans les autres villes du pays. « On est partout! ».

En ville, les habitants commencent à s’exaspérer. Une manifestation d’une centaine de personnes a été dispersée manu militari dimanche. Des habitants se plaignent de vols ou des coups de feu qui « traumatisent », raconte Aya Kouamé, à l’hôpital.

« On n’en veut pas aux populations. Il n’y a pas de vol, pas de pillage », assure un mutin, enveloppé d’un drap rose.

Si quelques hommes, dont certains avinés profitent de la situation, les magasins n’ont pas été attaqués. Des maisons de dirigeants ou établissements publics ont néanmoins été ciblés.

Au marché, les mutins circulent dans l’indifférence. Les commerçants tirent la langue mais certains soutiennent les mutins.

« I n’y a plus de clients. Ca fait quatre jours que je ne vends plus rien. Pour manger, on se débrouille. On a faim », affirme Mamadou Kamaté qui vend des sacs. Il avoue avoir caché sa marchandise par peur des pillages.

« Il (Ouattara) doit les payer. Ils (mutins) ont mérité. Donne leur l’argent, ils vont libérer la ville »,clame Drissa Kouyaté.

Fatim Doumbia, commerçante, exprime la lassitude générale: « On ne veut pas palabre dans Bouaké. On est fatigués ».

Romandie.com avec(©AFP / 15 mai 2017 16h59)  

Mutinerie en Côte d’Ivoire: tirs nourris à Abidjan et Bouaké

mai 15, 2017

Des soldats ivoiriens en patrouille à Abidjan, le 12 mai 2017 / © AFP/Archives / ISSOUF SANOGO

Des tirs nourris étaient entendus lundi au petit matin à Abidjan, selon des habitants, et Bouaké, épicentre de la mutinerie de soldats ivoiriens qui a été relancée vendredi, a constaté un journalistes de l’AFP.

Les mutins ont pris l’habitude de tirer en l’air pour montrer leur mécontentement à propos de primes non payées.

Dans la capitale économique Abidjan, de nombreux tirs étaient audibles en provenance des deux camps militaires d’Akouedo (est), formant la plus grande caserne du pays, selon une habitante qui réside entre les deux enceintes.

Les voies d’accès à Akouedo, et notamment une des principales artères de la zone, étaient fermées, empêchant les habitants de l’est de la ville de se rendre au centre d’Abidjan, selon un collaborateur de l’AFP.

Des tirs étaient aussi audibles en provenance du camp Gallieni, au Plateau (centre ville), qui avait été un des points chauds de la journée de vendredi.

A Bouaké, des tirs étaient aussi fréquents, les mutins n’hésitant pas à multiplier des séquences avec des armes de gros calibres, effrayant une partie de la population et générant depuis dimanche soir d’incessantes rumeurs sur l’attaque de la ville par les forces loyalistes.

Les mutins réclament les reliquats des primes promises par le gouvernement après les mutineries de janvier qui ont ébranlé le pays.

A l’époque, ils avaient réclamé 12 millions de francs CFA de primes (18.000 euros) pour chacun d’eux (des sommes importantes pour le pays), et obtenu le versement dès janvier de 5 millions (7.500 euros). On leur avait promis les 7 millions restants par tranche à partir de ce mois de mai.

Jeudi, un représentant de soldats avait annoncé renoncer aux revendications financières, lors d’une cérémonie en présence du président Ouattara et d’autres soldats, qui se voulait un point final à la protestation des forces de sécurité.

Loin d’apaiser la situation, cette cérémonie a en fait déclenché un nouveau mouvement d’humeur, dans ce pays d’Afrique de l’Ouest durement touché par l’effondrement des cours du cacao, vital pour son économie et dont il est le premier producteur mondial.

Romandie.com avec(©AFP / 15 mai 2017 09h59)