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France/Seine-Saint-Denis : altercation entre le maire du Bourget et la police qui porte plainte

avril 5, 2021

Sur Facebook, le syndicat de police Alliance 93 a dénoncé «un comportement inadmissible pour des élus de la République».

«Un comportement de voyou» : c’est en ces termes que deux syndicats de police sont montés au créneau vendredi 2 avril, dénonçant sur les réseaux sociaux l’attitude de plusieurs élus du Bourget (93) contre des agents de police lors d’une intervention vendredi 2 avril sur une résidence de la commune.

Aux alentours de 13h30, des agents de police du commissariat de La Courneuve interviennent à la demande du bailleur de la résidence du Gai Logis, au Bourget, pour procéder à l’enlèvement de véhicules ventouses sur le parking extérieur. « C’était une opération prévue, a rappellé David Goudenhooft, du syndicat Unité SGP Police 93 à nos confrères du Parisien. L’ambiance était un peu tendue avec les jeunes qui étaient là. Et elle a dégénéré lorsque nos collègues ont enlevé le troisième véhicule qui appartenait à un jeune de la cité. »

C’est à ce moment-là que Karima Miloudi, maire adjointe du Bourget, serait intervenue pour empêcher l’enlèvement du véhicule. « Elle est descendue d’un immeuble en disant aux policiers qu’ils n’avaient pas à prendre cette voiture, qu’elle était maire adjointe… Comme si sa fonction allait changer quelque chose, a rapporté au Parisien Stéphane Finance d’Alliance 93. La situation s’est très vite tendue, les policiers se sont fait insulter. »

«C’est moi qui donne les ordres ici !»

Des renforts policiers auraient par la suite été appelés tandis que Jean Baptiste Borsali, le maire DVD du Bourget, se rendait sur place. « La police a voulu procéder à l’arrestation d’un individu, mais le maire s’y est opposé. Il a saisi un collègue par le col, a invectivé un autre front contre front en disant «c’est moi qui donne les ordres ici !» Il y a eu un attroupement, tout le monde s’en est mêlé, les collègues ont dû utiliser du gaz lacrymogène », a poursuivi Stéphane Finance.

Selon une information du parquet de Créteil communiquée au Parisien, cinq individus ont été interpellés pour outrages sur personnes dépositaires de l’autorité publique, rébellion et violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique. Et le secrétaire régionale d’Alliance 93 de préciser qu’« au moins deux collègues ont déposé une plainte contre l’édile pour violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique».

Sur Facebook, Alliance PN 93 a dénoncé «un comportement inadmissible pour des élus de la République. C’est un comportement de voyou». Dans le même temps, le maire du Bourget a réagi sur Facebook dans un communiqué, indiquant avoir saisi l’Inspection générale de la police nationale, la police des polices, «compte tenu des circonstances». L’édile a aussi assuré ne pas avoir touché un policier. « Je regrette d’ailleurs qu’en tant que premier magistrat de la ville la police ne m’ait pas prévenu directement pour me dire qu’il se passait quelque chose. Quand je suis arrivé, les voitures avaient déjà été enlevées, la situation était figée. J’ai voulu constater une interpellation, mais les forces de l’ordre m’ont dit que je n’avais rien à faire ici, alors que c’est justement mon rôle de venir constater ce qui se passe… », a-t-il indiqué au quotidien régional, espérant que l’enquête de l’IGPN « fera toute la lumière » sur cet incident.

«Les élus doivent agir dans le respect de la loi et ne pas entraver la Police qui agit dans le cadre de procédures. Ni tenter de bloquer un policier qui mène à bien sa mission ou le mettre en cause verbalement. Une enquête est nécessaire pour y voir clair», a pointé sur Twitter Vincent Capo-Canellas, sénateur (UDI) du Bourget et conseiller municipal d’opposition.

Avec Le Figaro

Hollande reçoit discrètement les dictateurs

septembre 20, 2012
Le président de l'Azerbaïdjan Ilham Aliev a été reçu mardi à l'Élysée.
Alors que la gauche a reproché à Nicolas Sarkozy les visites de Kadhafi ou d’el-Assad, François Hollande, rattrapé par la realpolitik, a reçu depuis mai plusieurs dirigeants de régimes peu démocratiques.
François Hollande a-t-il renié sa promesse d’un changement de politique à l’égard des régimes dictatoriaux? «Présider la République, c’est ne pas inviter les dictateurs en grand appareil à Paris», assénait le candidat à la présidentielle dans son discours du Bourget, en janvier 2012. Avec, en creux, le rappel des visites de Mouammar Kadhafi et de Bachar el-Assad au temps de Nicolas Sarkozy. Quelques mois plus tard, du président gabonais Ali Bongo au fils du roi d’Arabie saoudite, la liste des chefs d’États peu démocratiques reçus à l’Élysée est déjà conséquente.

Dernier en date, invité mardi au palais pour un entretien d’une demi-heure: le président azerbaïdjanais Ilham Aliev. Pas tout à fait un démocrate, puisque la dynastie des Aliev, au pouvoir dans ce pays depuis vingt ans, est accusée par les ONG de défense des droits de l’homme de réprimer l’opposition et la liberté d’expression. Quant à Ilham Aliev lui-même, il a ravivé début septembre les tensions avec l’Arménie, en graciant un officier condamné pour le meurtre d’un militaire arménien. «On ne peut pas accepter qu’Aliev, un dictateur, puisse être en France, et en plus être reçu à l’Élysée», s’est insurgé mardi Hratch Varjabedian, directeur du Bureau français de la cause arménienne, tandis que 600 manifestants accueillaient le chef d’État au cri d’«Aliev fasciste, hors de France!»

«C’est quand la France est silencieuse qu’elle recule»

Conscient du caractère sensible de cette visite, l’Élysée a interdit ce jour-là aux photographes de presse d’accéder à la cour du palais. Et a pris soin, après la rencontre, de publier un communiqué affirmant que «le président de la République a appelé l’Azerbaïdjan à prendre les mesures nécessaires pour rétablir un climat de confiance avec l’Arménie». Une discrétion qui avait été poussée encore plus loin deux mois plus tôt, le 23 juillet, lors de la visite du roi de Bahreïn. Cette rencontre n’avait même pas été inscrite à l’agenda présidentiel. Et pour cause: le roi Hamad Ben Issa al-Khalifa est accusé d’avoir maté dans le sang, grâce au soutien de l’Arabie saoudite, un début de révolte en 2011. Soixante morts, selon Amnesty International, qui a dénoncé «le caractère quasi secret» de la rencontre de juillet.

«C’est quand la France est frileuse ou silencieuse qu’elle recule», affirmait pourtant le président dans son discours aux ambassadeurs, le 27 août, ajoutant qu’il fallait encourager «l’aspiration démocratique» des peuples, notamment «des printemps arabes». Alors, la realpolitik l’a-t-elle déjà emporté face à ces principes?

«C’est l’éternel débat entre la nécessaire politique des droits de l’homme et les tout aussi nécessaires contacts avec tous les dirigeants de la planète», analyse Didier Billion, directeur des études à l‘Iris. Pour ce spécialiste des relations internationales, le fait que le président de la République rencontre des dictateurs ne pose pas de problème en soi. À deux conditions: «D’abord, il faut veiller à ne pas décrédibiliser la parole présidentielle en faisant des déclarations tonitruantes sur les droits de l’homme aussitôt contredites par les faits. Ensuite, la manière a son importance: on peut effectivement organiser ces rencontres plus discrètement, sans le décorum qui avait entouré par exemple la venue de Kadhafi». De ce point de vue, l’engagement formulé de manière ambiguë par François Hollande au Bourget paraît respecté: les dictateurs ne sont plus reçus «en grand appareil».

Lefigaro.fr par Thomas Vampouille