Posts Tagged ‘Boutcha’

Ukraine-Boutcha : 10 soldats russes mis en examen pour crimes de guerre

avril 28, 2022

Pour la première fois depuis le début du conflit, une action judiciaire a été initiée, en Ukraine, contre des militaires russes activement recherchés.

L’Ukraine inaugure le volet juridique de sa riposte à l’invasion russe. Dix soldats russes ont été mis en examen jeudi pour des crimes de guerre présumés commis à Boutcha, qui vont être recherchés, a annoncé le procureur général d’Ukraine sur son compte Telegram. « Dix soldats de la 64e brigade de fusiliers motorisés russe, appartenant à la XXXVe armée russe, ont été mis en examen, en lien avec le traitement cruel de civils et d’autres violations de la loi et des coutumes de la guerre », a indiqué le procureur.

Selon l’enquête, les militaires russes ont, pendant leur occupation de Boutcha en mars, « pris en otage des civils qui ne participaient pas aux hostilités et n’étaient pas armés. Les occupants ne leur ont donné ni à manger ni à boire », a détaillé le procureur. « Les suspects les ont faits se mettre à genoux, leur ont bandé les yeux avec du tissu et du papier autocollant, leur ont lié les mains avec des attaches plastiques, et ont menacé de les tuer en tirant délibérément dans leur direction », a-t-il poursuivi.

« Pour obtenir des informations sur la localisation des soldats ukrainiens, et dans un cas sans justification, les militaires russes ont infligé des blessures aux civils. Ils ont reçu des coups de poings, des coups de crosse aux jambes, aux orteils et au torse. Les occupants ont aussi pillé la population locale, s’emparant de leurs affaires personnelles et leur équipement ménager », a-t-il énuméré. Le procureur a ajouté que les dix hommes feraient l’objet de recherches, afin de les arrêter et de les amener devant la justice.

Cette mise en examen est la première depuis que 20 corps de personnes portant des vêtements civils ont été découverts par l’AFP, gisant dans une rue de Boutcha le 2 avril, suscitant une condamnation et un émoi à travers le monde. Les Ukrainiens ont accusé les Russes de crimes de guerre, mais Moscou a démenti toute responsabilité et parlé de corps « mis en scène » par Kiev.

Le droit d’attaquer la Russie ?

En plus d’une offensive judiciaire, l’Ukraine pourrait-elle également… littéralement attaquer la Russie ? L’Ukraine a « le droit » de frapper des cibles militaires russes, a affirmé, jeudi, un conseiller de la présidence ukrainienne, laissant entendre que Kiev pourrait procéder à des frappes sur le territoire russe. « La Russie attaque l’Ukraine et tue les civils. L’Ukraine se défendra par tous les moyens, y compris avec des frappes sur des entrepôts et des bases des assassins russes. Le monde reconnaît ce droit », a écrit sur son compte Twitter Mykhaïlo Podoliak.

La Russie a accusé à plusieurs reprises ces dernières semaines les forces ukrainiennes d’avoir effectué des frappes sur le sol russe, notamment sur deux villages dans la région frontalière de Belgorod et un village de la région de Briansk à la mi-avril, sans que Kiev confirme. Début avril, le gouverneur de la région de Belgorod avait affirmé que des hélicoptères ukrainiens avaient tiré sur un dépôt de carburant.

Le 25 avril, un grand dépôt de carburant a également pris feu à Briansk, ville située à 150 kilomètres de la frontière avec l’Ukraine et servant de base logistique à l’offensive militaire de Moscou dans ce pays, selon les autorités russes qui n’ont pas précisé les raisons de l’incendie.

Par Le Point avec AFP

Guerre en Ukraine : pour Poutine les massacres de Boutcha sont une « provocation grossière »

avril 6, 2022

De leurs côtés, devant l’intensification des manœuvres militaires russes dans l’est du pays, les autorités ukrainiennes appellent à évacuer la zone. 

Le president russe Vladimir Poutine.
Le président russe Vladimir Poutine.© Jérémy Billault

Des obus et des roquettes s’abattaient mercredi à intervalles réguliers sur la ville industrielle de Severodonetsk, dans l’est de l’Ukraine, ont constaté à la mi-journée des journalistes de l’Agence France-Presse.

Un bâtiment était en feu et de très rares civils étaient visibles dans les rues. Les habitants se risquaient à sortir quand les bombardements s’interrompaient quelques minutes, avant de courir se mettre à couvert quand les frappes reprenaient, ont vu des journalistes de l’Agence France-Presse. Severodonetsk, plus de 100 000 habitants avant la guerre, est la ville le plus à l’est tenue par l’armée ukrainienne, tout près de la ligne de front avec les territoires séparatistes prorusses. L’armée russe a dit ces derniers jours concentrer ses efforts sur l’est du pays, dont la région de Lougansk, où se trouve Severodonetsk. Un convoi humanitaire de l’ONU, composé de huit camions, a pu atteindre Severodonetsk mardi, apportant des rations alimentaires, de la farine et des couvertures pour quelque 17 000 personnes, ainsi que 4 générateurs électriques pour les hôpitaux de la ville.

Intensification des combats à l’est

« L’est de l’Ukraine continue de subir l’intensification des combats, avec des milliers de personnes privées de gaz et d’eau, et des habitations touchées à plusieurs reprises par des frappes à Severodonetsk », avait déploré le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (Ocha). Une personne a été tuée mardi et cinq ont été blessées dans un bombardement sur la ville voisine de Roubijné, et sept autres « extraites des décombres », a déclaré le gouverneur de la région de Lougansk, Serguiï Gaïdaï, sur les réseaux sociaux.

La position russe estimant que les morts de civils dans la ville ukrainienne de Boutcha relèveraient d’une mise en scène n’est « pas tenable » au vu des images satellites qui ont été diffusées, a estimé mercredi le gouvernement allemand. « Les explications données du côté russe selon lesquelles il s’agissait de mises en scène ou que la Russie n’était pas responsable des assassinats ne sont pas tenables à nos yeux » après « l’évaluation des images satellites » diffusées dans la presse, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, lors d’une conférence de presse à Berlin.

Appel à l’évacuation

Kiev a appelé mercredi les habitants de l’est de l’Ukraine à évacuer la région « maintenant », sur fond de crainte d’une offensive majeure de l’armée russe sur le Donbass, désormais cible prioritaire du Kremlin. Les autorités régionales « appellent la population à quitter ces territoires et font tout pour que les évacuations se déroulent de façon organisée », a déclaré la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk, citée par le ministère de l’Intégration sur Telegram, ajoutant qu’il fallait le faire « maintenant » sous peine de « risquer la mort ».

Le président russe Vladimir Poutine a qualifié mercredi de « provocation grossière et cynique » des autorités ukrainiennes la découverte de cadavres de civils dans la ville de Boutcha, près de Kiev, après le retrait des forces de Moscou. Lors d’un entretien avec le Premier ministre hongrois Viktor Orban, Vladimir Poutine a évoqué notamment « la provocation grossière et cynique de la part du régime de Kiev dans la ville de Boutcha », selon un communiqué du Kremlin. Il s’agit de la première réaction du président russe sur cette affaire qui suscite une indignation internationale.

Avant Vladimir Poutine, d’autres responsables russes avaient nié toute exaction des forces de Moscou à Boutcha, le Kremlin qualifiant de « falsification » les images de corps jonchant les rues de cette ville publiées depuis le week-end dernier par les médias. Mercredi, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a accusé les responsables et médias occidentaux de « rendre un verdict “coupable” contre notre pays […] sans avoir même essayé de vérifier quoi que ce soit ».

Par Le Point avec AFP

Ukraine: Évoquant un possible génocide, l’UE discute de nouvelles sanctions contre Moscou

avril 4, 2022

Volodymyr Zelensky a visité Boutcha, où les services d’urgence continuait de rassembler les cadavres de civils tués pendant l’occupation russe, le 4 avril 2022. Photo: AFP via Getty Images/Ronaldo Schemidt

Les Européens, révoltés par les images de cadavres de civils retrouvés dans les environs de Kiev, discutent lundi d’un alourdissement des sanctions contre Moscou, accusé de « génocide » en Ukraine, mais qui nie en bloc et dénonce une provocation.

Lundi, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est rendu à Boutcha, en banlieue nord-ouest de Kiev, où les services d’urgence ukrainiens continuaient d’arpenter les rues et les domiciles pour rassembler les corps de civils tués pendant l’occupation russe.

« Ce sont des crimes de guerre et ce sera reconnu par le monde comme un génocide. »— Une citation de  Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine

Selon M. Zelensky, il est devenu plus difficile pour l’Ukraine de négocier avec la Russie à mesure qu’elle prend connaissance des atrocités commises par son armée, au fur et à mesure qu’elle se retire de la région de Kiev. Plus la Fédération de Russie fait traîner en longueur le processus de rencontres, pire ce sera pour eux, pour cette situation et pour cette guerre.

Occupée dès le 27 février par l’armée russe, Boutcha a été inaccessible pendant plus d’un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n’ont pu complètement y pénétrer qu’il y a quelques jours. Samedi, les funestes découvertes ont commencé à faire surface.

Des cadavres dans une rue.

Le corps de civils jonchent une rue de Boutcha, en banlieue de Kiev, le 2 avril 2022, après le retrait des forces russes. Photo : Reuters/Zohra Bensemra

Le nombre total de morts reste encore incertain. Selon la procureure générale d’Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes, qui s’en sont retirées pour se redéployer vers l’est et le sud.

L’AFP a vu samedi les cadavres d’au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha, tuées d’une balle dans la nuque, aux dires du maire, Anatoli Fedorouk, à l’Agence France-PresseAFP.

M. Fedorouk avait par ailleurs affirmé samedi que 280 personnes avaient quant à elle dû être enterrées dans des fosses communes, car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières communaux, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

Anatoli Fedorouk, maire de Boutcha, explique que des civils ont aussi dû être enterrés en masse dans des fosses en raison des tirs russes près des cimetières. Photo : AFP via Getty Images/Sergei Supinsky

Exclure la Russie du Conseil des droits de l’homme

Se disant horrifiée, la Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Michelle Bachelet, a déclaré lundi que la découverte de cadavres de civils à Boutcha, en Ukraine, faisait naître des soupçons de crimes de guerre.

Toutes les mesures doivent être prises pour préserver les preuves, a-t-elle ajouté. Il est essentiel que tous les efforts soient entrepris pour garantir des enquêtes indépendantes et efficaces sur ce qui s’est passé à Boutcha afin de garantir la vérité, la justice et la responsabilité, ainsi que des réparations et des recours pour les victimes et leurs familles.

Les États-Unis ont annoncé lundi qu’ils allaient tenter d’obtenir la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations uniesONU. Nous ne pouvons pas laisser un État membre qui est en train de saper tous les principes qui nous tiennent à coeur participer au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, a tweeté l’ambassadrice Linda Thomas-Greenfield.

On ne peut pas laisser la Russie utiliser son siège au Conseil comme outil de propagande lui permettant de suggérer qu’elle a une préoccupation légitime au sujet des droits de la personne, a-t-elle ajouté.

De son côté, la Russie nie les accusations de l’Ukraine et de ses alliés et affirme que les multiples photographies et vidéos de Boutcha ne sont qu’une provocation et une mise en scène ukrainienne, orchestrée par les États-Unis.

Le premier ministre polonais Mateusz Morawiecki a pour sa part appelé lundi à créer une commission d’enquête internationale sur le génocide commis selon lui par l’armée russe à Boutcha. Ces massacres sanglants commis par des Russes, des soldats russes, méritent d’être appelés par leur nom. C’est un génocide, et il doit être jugé, a déclaré à la presse Mateusz Morawiecki. C’est pourquoi nous proposons de mettre en place une commission internationale pour enquêter sur ce crime de génocide.

Le pétrole russe divise l’Europe

La Commission européenne prépare un nouvel ensemble de sanctions contre la Russie en raison de son offensive militaire en Ukraine et n’exclut pas de proposer aux pays membres de l’Union européenneUE un embargo sur le pétrole russe, a déclaré lundi Valdis Dombrovskis, vice-président de l’exécutif européen.

Très clairement, en tant qu’Union européenne, nous devons en faire davantage pour mettre fin à cette guerre et à ces atrocités, a dit Valdis Dombrovskis à son arrivée à une réunion des ministres des Finances de l’Union européenneUE à Luxembourg.

La Commission prépare déjà le prochain paquet de sanctions et j’espère que les États membres seront en mesure de prendre des décisions sur de prochaines mesures ambitieuses en ce qui concerne les sanctions. Nous devons accentuer la pression sur la Russie et nous devons accentuer notre soutien à l’Ukraine, a-t-il ajouté.

À la question de savoir si un embargo sur le pétrole russe pourrait figurer dans ce nouveau train de sanctions, Valdis Dombrovskis a répondu : En ce qui concerne la Commission, rien n’est exclu.

L’Union européenneUE importe environ 40 % de son pétrole et de son gaz de Russie. Elle prévoit déjà réduire du deux tiers sa dépendance à l’énergie russe d’ici la fin de l’année, et s’en défaire complètement d’ici 2030.

L’Allemagne, l’un des pays d’Europe les plus dépendants de l’énergie russe, continue toutefois d’exclure de frapper le secteur gazier russe.

Nous devons envisager de dures sanctions, mais à court terme, les livraisons de gaz russe ne sont pas substituables et les interrompre nous nuirait plus qu’à la Russie, a déclaré le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, avant la réunion avec ses homologues lundi.

Le président français Emmanuel Macron a quant à lui évoqué lundi des sanctions individuelles et des mesures sur le charbon et le pétrole, mais il n’a pas mentionné les achats de gaz.

Par Radio-Canada avec les informations de Agence France-Presse et Reuters