Le taux de chômage au Royaume-Uni a atteint son plus bas niveau depuis 1974, à 3,8% au premier trimestre, signe de la solidité du marché de l’emploi malgré le Brexit, sans occulter le poids des inégalités dans le pays. Ce chiffre publié aujourd’hui par l’Office des statistiques nationales (ONS) dépasse les anticipations. La baisse du chômage, à son niveau le plus faible depuis la période d’octobre à décembre 1974, témoigne encore une fois de la solidité du marché du travail qui continue de créer des emplois malgré les incertitudes du Brexit.
Le taux d’emploi s’est maintenu à 76,1% pendant cette période, toujours à un sommet depuis le début de la compilation de ces statistiques en 1971. L’ONS explique cette performance par le fait que davantage de femmes travaillent entre 60 et 65 ans en raison d’une réforme des pensions des retraite. Celle-ci incite à travailler plus tard car elle recule la période d’indemnisation pleine.
Plusieurs économistes expliquent en outre les bons chiffres du chômage ces derniers mois par la décision d’entreprises d’embaucher plutôt que de lancer des projets d’investissements compte tenu du flou entourant les conditions de sortie de l’UE. Initialement prévu fin mars, le Brexit a été repoussé à fin octobre compte tenu du blocage politique dans le pays qui empêche la Première ministre Theresa May de faire adopter l’accord négocié avec Bruxelles.
Les bons chiffres de l’emploi ne masquent en outre pas un niveau préoccupant d’inégalités économiques et sociales au Royaume-Uni, comme le rappelle une étude du respecté organisme indépendant Institute for fiscal studies (IFS). Après dix ans d’austérité, les inégalités de revenus au Royaume-Uni sont les plus élevées parmi les pays riches à l’exception des Etats-Unis et se sont rarement faites autant sentir sur la société, si bien qu’elles représentent une menace pour la démocratie et la cohésion du pays, prévient l’étude.
De son côté, la puissante organisation syndicale TUC s’alarme dans une enquête également publiée aujourd’hui de salaires toujours inférieurs à ce qu’ils étaient avant la crise financière pour les travailleurs, notamment dans le secteur public, loin du florissant monde de la finance. «Il n’est pas juste que les salaires bondissent dans la City au moment où la plupart des travailleurs sont dans une situation pire qu’il y a dix ans», s’inquiète Frances O’Grady, sa secrétaire générale.
Par Le Figaro.fr avec AFP