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50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi

avril 28, 2022
50 ans apres, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi
50 ans après, les massacres de 1972 continuent de meurtrir le Burundi© AFP/Yasuyoshi CHIBA

Elle a aujourd’hui 60 ans. Mais Laetitia Ngendakumana pleure encore comme la fillette de 10 ans qu’elle était en 1972, lorsque son père a disparu dans les massacres ethniques qui ont embrasé le Burundi, récemment qualifiés de génocide par une commission gouvernementale.

Comme pour beaucoup d’autres entre le 29 avril et la fin juin 1972, il y a 50 ans, le monde de cette famille hutu s’est écroulé avec l’arrestation par le pouvoir tutsi du patriarche, haut cadre dans une banque de Bujumbura, la plus grande ville du pays.

« On n’a jamais su où on avait emmené papa. Ce que je sais c’est (qu’ensuite) on nous a pillé tout ce qu’on avait », raconte en se triturant les mains Laetitia, dans la maison entourée de bananiers où elle vit désormais près de Gitega, la capitale politique.

Ni son mariage avec un enseignant de cette région, ni la naissance de leurs 14 enfants – 12 ont survécu -, ni la fin des massacres et la stabilisation relative dans ce pays troublé des Grands Lacs n’ont effacé sa douleur.

Longtemps, 1972, surnommée dans les foyers l' »ikiza » (le fléau en langue nationale kirundi), est restée un tabou dans la sphère publique.

Quand en 2019, la Commission Vérité et Réconciliation (CVR) mise en place par les autorités a annoncé rouvrir des fosses communes pour compter et tenter d’identifier les victimes, Laetitia en a immédiatement contacté les responsables.

Identifier des restes humains vieux de cinq décennies relève du miracle, mais l’agricultrice s’accrochait à un espoir: des prothèses dentaires.

« Mon père avait eu un accident (de voiture) et perdu ses dents. Il portait des prothèses en or. Je leur avais demandé qu’ils m’informent s’ils les découvraient », poursuit-elle.

« Ils m’ont appelée ».

Cruelle ironie, les restes de son père se trouvaient à quelques kilomètres de chez elle, sur une autre colline boisée des environs de Gitega.

« L’Etat a tué »

Les événements de 1972 démarrent le 29 avril par des massacres perpétrés par des extrémistes hutu contre les Tutsi, notamment dans le sud du pays.

La répression se mue rapidement en massacres systématiques de l’élite hutu – cadres, enseignants mais aussi collégiens – faisant 100.000 à 300.000 morts selon les estimations.

Les Hutu représentent 85 % de la population, contre 14 % pour les Tutsi.

Les tueries ont touché tout le Burundi, mais Gitega en fut l’épicentre: s’y trouvait un camp militaire, où les victimes arrêtées à travers le pays transitaient, avant d’être tuées.

Dans cette région, la CVR a creusé neuf fosses communes, exhumant les restes d’environ 7.000 victimes. Des piles de crânes, d’os et des sacs de vêtements en lambeaux aujourd’hui entreposés dans la petite pièce sombre d’un bâtiment public en l’attente d’un mémorial.

Pour identifier les fosses de 1972 dans un pays meurtri par de nombreux massacres entre Hutu et Tutsi puis par une guerre civile (1993-2006) la CVR s’est appuyée sur les souvenirs, ou les découvertes macabres, des habitants.

« Quand nous disons 7.000 victimes c’est uniquement par rapport aux fosses qu’on a déjà trouvées, confirmées, exhumées », souligne le président de la CVR Pierre-Claver Ndayicariye, pour qui de nombreuses fosses restent inconnues.

Après trois ans d’enquêtes, la CVR a publié en décembre dernier un rapport d’étape qualifiant ces massacres de génocide et de crimes contre l’humanité.

« En 1972, l’Etat a tué ses populations », martèle Pierre-Claver Ndayicariye.

« Il s’agit d’un génocide parce que l’Etat a planifié, a organisé, a mis à exécution ce génocide », poursuit-il sur un ton solennel, insistant sur la responsabilité du président tutsi d’alors, Michel Micombero.

« Agenda politique »

Mais la qualification de génocide ne fait pas l’unanimité au Burundi, où le sujet est très sensible et où certains dénoncent une instrumentalisation par le régime, désormais hutu, de la CVR, composée presque exclusivement de cadres du parti au pouvoir.

Durant ses enquêtes, la CVR a été accusée de partialité pour avoir concentré ses recherches sur les sites où des Hutu étaient enterrés, et ignoré ceux où se trouvaient des victimes tutsi.

« Il y a quand même un problème d’agenda politique dans cette histoire », estime l’historien Evariste Ngayimpenda, déplorant la volonté de « légitimation ethnique » des régimes burundais successifs.

« Du temps où les Tutsi étaient au pouvoir (…) l’évitement du péril hutu était une thématique constante et aujourd’hui, c’est l’inverse, c’est l’évitement du péril tutsi, qui est aussi une thématique constante ».

Selon le recteur de l’université du Lac Tanganyika, à Bujumbura, le travail de la CVR a également « pêché par déficit méthodologique » – il questionne notamment la datation des fosses – et par l’absence de recours à l’expertise internationale, notamment de l’ONU.

Près de Gitega, Laetitia et son mari, Emmanuel Berakumenyo, espèrent que ce 50e anniversaire, pour lequel l’Etat n’a pas annoncé de commémorations officielles, soit l’occasion de cicatriser un passé douloureux.

« Ce sont des conflits qui pourront peut-être se terminer petit à petit, mais il faut que l’administration prête main forte », estime l’ancien enseignant, rescapé des massacres.

Par Le Point avec AFP

Burundi: malgré les multiples rapports sur des violations des droits de l’homme, Bujumbura nie en bloc

septembre 28, 2017

 

Le président burundais Pierre Nkurunziza au défilé militaire à l’occasion de la fête de l’Indépendance du Burundi, le 1er juillet 2015, à Bujumbura. © Berthier Mugiraneza/AP/SIPA

Entre juillet et septembre, trois rapports internationaux ont été rendus, condamnant la politique répressive du gouvernement. Ce dernier crie au complot occidental.

Voilà un peu plus de deux ans que le Burundi sombre dans la terreur et une violence quotidienne qui, selon les dernières estimations, aurait causé entre 500 et 2 000 morts, alors que 420 000 Burundais ont quitté le pays, depuis avril 2015, pour se réfugier dans les différents pays voisins. Le tout devant une communauté internationale incapable jusqu’à présent de rétablir le dialogue, au point mort, entre les autorités burundaises et ses opposants.

La parution, entre juillet et septembre, de trois rapports internationaux condamnant la politique répressive du gouvernement et les agissements des Imbonerakure, le mouvement des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, vient de replacer le pays sous les feux de l’actualité, tout en tirant la sonnette d’alarme sur le respect des droits de l’homme au Burundi.

La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) a justement été la première à publier son rapport, début juillet, « le Burundi au bord du gouffre : retour sur deux années de terreur ». Rien de bien nouveau dans le contenu, mais un résumé de la dégradation générale du pays depuis le début du troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Cette étude a été suivie, en août, par celle de l’International Refugee Right Initiative (IRRI), qui a mené l’enquête auprès des réfugiés burundais en Ouganda, pour faire le point sur les raisons de leur départ précipité et sur leurs conditions de vie dans leur pays d’accueil. Enfin, et certainement le plus attendu, le rapport de la Commission d’enquête de l’ONU, dont les conclusions ont été rendu début septembre, incrimine les autorités burundaises.

Après près de deux ans d’enquête, dans les pays limitrophes (Tanzanie, Rwanda) – les autorités burundaises ayant refusé l’accès du pays aux membres de la commission, ces derniers ont recueillis plus de 500 témoignages, permettant d’établir l’implication des services de sécurité burundais et des milices Imbonerakure dans un grand nombre d’exécutions sommaires, d’actes de torture et de viols.

De probables crimes contre l’humanité

Le rapport reste prudent mais évoque la probabilité de crimes contre l’humanité. « Notre travail avait pour but de qualifier les faits qui relèvent des droits de l’homme pour que la communauté internationale dispose des informations qui permettront de faire pression sur les autorités burundaises », explique Reine Alapini Gansou, membre de la commission. L’avocate béninoise espère que ces derniers travaux sortiront les pays africains et l’Union africaine (UA) de leur torpeur et de leur résignation face à la politique d’usure appliquée par Bujumbura.

Certaines atteintes relevées dans le rapport relevant des compétences de la Cour pénale internationale (CPI), les rédacteurs du rapport, qui a été présenté lors de la dernière session du conseil onusien des droits de l’homme, s’attendent maintenant à voir le Conseil de sécurité saisir les juges de La Haye. Le temps presse car les autorités burundaises ont déjà annoncé leur volonté de quitter officiellement la CPI le 27 octobre.

Un complot occidental ?

De son côté, le gouvernement burundais cherche surtout à décrédibiliser le travail des experts onusiens et vient de mettre en place une commission de 12 parlementaires pour examiner le rapport. En route pour New York, Willy Nyamitwe, le conseiller à la présidence et tout nouvel ambassadeur plénipotentiaire, s’est arrêté à Paris, le 16 septembre, pour donner une conférence de presse devant les Burundais de la diaspora. Un exercice de haute voltige durant lequel, pendant trois heures, se sont succédé les attaques en règle contre des médias menteurs et manipulateurs et un plaidoyer en faveur d’un pouvoir burundais dont l’unique préoccupation est d’assurer le bien-être de son peuple.

Selon lui, les réfugiés burundais souhaiteraient rentrer chez eux, mais en sont empêchés par le HCR, pendant que certaines des centaines de disparitions recensées à travers le pays, seraient « volontaires », selon Christine-Nina Niyonsavye, l’ambassadeur du Burundi en France depuis juillet. Devant une assistance essentiellement composée d’ « orphelins de 1972 », Willy Nyamitwe a eu beau jeu de réclamer l’apaisement pour préparer les échéances de 2020, plaçant son pays « en résistance » face à la volonté de nuire de la communauté internationale.

Selon lui le putsch de mai 2015 a été subventionné « par l’UE », alors que la Belgique et la France protégeraient les opposants au régime, avec l’objectif de mettre la main sur le nickel burundais. « Nous n’accepterons jamais d’être les instruments de l’Occident », prévient Willy Nyamitwe, qui se dit même prêt à aller devant la CPI pour défendre les intérêts de son pays. S’il reconnaît que le Burundi est bien en crise, « il n’est pas en feu » assure le conseiller du président.

Il est surtout encore loin d’être en paix, malgré ses affirmations.

Jeuneafrique.com par

Burundi: des milliers de jeunes Imbonerakure défilent dans Bujumbura

juillet 23, 2017
Des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir au Burundi, les « Imbonerakure », affrontent des opposants au président Pierre Nkurunziza, le 25 mai 2015 à Bujumbura. © CARL DE SOUZA / AFP

La ligue des jeunes du parti au pouvoir au Burundi, que l’ONU qualifie de milice, s’est livrée samedi à une « démonstration de force » lors de sa première grande manifestation dans la capitale Bujumbura.

Des milliers de jeunes « Imbonerakure » (« Ceux qui voient de loin » en kirundi) ont sillonné les rues de Bujumbura en marchant ou en courant au rythme de chansons à la gloire du président Pierre Nkurunziza que déversaient des hauts-parleurs montés sur des camionnettes.

Des habitants de Bujumbura interrogés par l’AFP ont évalué leur nombre entre 5.000 et 10.000.

Ces rassemblements sont fréquents en province, mais il s’agit de la première manifestation de cette ampleur à Bujumbura, une capitale considérée comme acquise à l’opposition.

La ligue de jeunesse s’est félicitée sur son compte Twitter de cette initiative des « Imbonerakure de la mairie de Bujumbura, qui avaient (depuis) longtemps soif de démontrer leur force ».

Le cortège, sous bonne escorte policière, a fini sa manifestation dans le quartier populaire de Nyakabiga dans le centre-est de Bujumbura, une zone totalement acquise à l’opposition et un des haut lieux des manifestations contre le président Nkurunziza, au plus fort de la contestation de son 3e mandat en 2015.

« Quelle démonstration de force ? Le parti CNDD-FDD règne désormais par la terreur et la plupart des gens sont obligés. Cela vient confirmer encore une fois que l’espace politique est verrouillé au Burundi car aucun autre parti, surtout d’opposition, ne peut manifester ainsi à part eux », a réagi auprès de l’AFP Léonce Ngendakumana, vice-président du parti d’opposition Frodebu et l’un des rares leaders d’opposition burundais qui ne vit pas en exil.

Plusieurs ambassades, notamment celles de Belgique et des USA, avaient envoyé dès vendredi soir des messages d’avertissement à leurs ressortissants, leur demandant d’éviter les secteurs où les Imbonerakure allaient manifester.

Ces derniers sont accusés par les ONG locales, internationales et l’ONU d’être responsables aux côtés de la police, des services secrets et de l’armée, des graves violations des droits de l’homme commises depuis avril 2015, dont de nombreux cas de viols. La FIDH a dénoncé dans son nouveau rapport la « militarisation » de ce groupe.

Le Burundi traverse une grave crise politique émaillée de violences depuis la candidature en avril 2015 du président Nkurunziza à un troisième mandat controversé et sa réélection en juillet de la même année.

Ces violences ont déjà fait de 500 morts à 2.000 victimes, selon les sources (ONU et ONG), des centaines de cas de disparition forcée et de torture et ont poussé à l’exil plus de 400.000 Burundais

Jeuneafrique.com avec AFP

Des milliers de Burundais manifestent contre les pourparlers d’Arusha

février 19, 2017

Des milliers de burundais manifestent à l’appel d’organisations proches du pouvoir, contre les pourparlers qui ont débuté à Arusha (nord de la Tanzanie), le 18 février 2017 à Bujumbura. © AFP

Des milliers de personnes ont manifesté samedi à l’appel d’organisations proches du pouvoir à Bujumbura, contre les pourparlers qui ont débuté jeudi à Arusha (nord de la Tanzanie) pour tenter de sortir le Burundi de deux ans de crise politique, selon des journalistes locaux.

Des manifestations similaires ont été également organisées dans plusieurs localités du pays.

Une nouvelle session de pourparlers se tient de jeudi à dimanche à Arusha, mais la tentative du médiateur, l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa, de faire asseoir à la même table pouvoir burundais et opposants qui contestent la validité du 3e mandat controversé du président burundais Pierre Nkurunziza, semble à nouveau vouée à l’échec.

« Nous avons organisé cette +marche pour la paix+ pour demander (…) au gouvernement du Burundi de ne pas cautionner les résultats du dialogue interburundais d’Arusha auquel participent les ennemis de la démocratie », a lancé un des organisateurs, Gilbert Bécaud Njangwa, aux manifestants massés dans le centre-ville de Bujumbura.

Figure de la société civile proche du pouvoir, il a accusé l’opposition d’avoir « préparé et organisé l’insurrection qui a commencé en 2015 et la tentative de coup d’Etat du 13 mai 2015 », en référence aux manifestations contre le 3e mandat de M. Nkurunziza, dont la répression dans le sang avait débouché sur une tentative de putsch.

Plus de 6.000 personnes, en majorité des conducteurs de vélos-taxis et motos-taxis, ont défilé au rythme de chansons à la gloire du président Nkurunziza.

Ces conducteurs de vélos et motos-taxis devaient faire acter leur présence dans de petits cahiers, sous peine d’être interdit de travailler dans la capitale, comme l’a constaté un photographe.

« Cette manifestation, qui est sans doute orchestrée par le pouvoir, est un signal de plus pour dire à la communauté internationale qu’il n’y a rien à espérer du dialogue qui se tient à Arusha », a regretté un diplomate en poste au Buurndi.

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis l’annonce de la candidature en avril 2015 de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat que ses opposants jugent inconstitutionnel, puis son élection en juillet suivant.

Les violences ont fait plus de 500 morts et poussé près de 400.000 personnes à fuir le pays.

Jeuneafrique.com avec AFP

Burundi : la vie chère devient encore plus chère

janvier 12, 2017

Bujumbura, Burundi, mai 2010. Discours du Président Pierre Nkurunziza, quelques semaines avant les élections. Le Président sortant se présentait alors pour un second mandat. © Martina Bacigalupo / Agence VU/Commande JA

Apres le vote du budget 2017, les prix des produits de première nécessité viennent d’être revus à la hausse. Une situation intenable pour le simple consommateur.

Les opérateurs économiques serrent la vis des prix des biens de consommation courante.

La Sosumo (Société sucrière de Moso), une entreprise publique, a décidé de faire passer un kilo du sucre de 1 900 Francs burundais (1,08 euros) à 2 200 francs burundais. La Brarudi, la brasserie nationale, revoit à la hausse le tarif de ses limonades, de 600 à 700 francs. Il faut désormais 2 100 Francs, plutôt que 2 000, pour avoir un litre d’essence.

Les compagnies de téléphonie mobile et la Regideso (entreprise paraétatique de l’eau et de l’électricité) ne sont pas restées à la traîne et ont toutes fait grimper leurs tarifs.

Un autre coup dur pour le citoyen lambda, surtout dans la capitale Bujumbura, qui était encore sous le choc d’une série de mesures prises lors du dernier trimestre de 2016 par le gouvernement pour venir en aide du trésor public, auquel l’Union européenne avait coupé ses aides en mars 2016.

Le « mauvais choix »

Tout, ou presque, vient du nouveau budget de 2017. Le texte prévoit de nouvelles taxes sur l’ensemble des produits de première nécessité. «  Un mauvais choix » selon Faustin Ndikumana, président de la Parcem (Parole et action pour le réveil des consciences et l’évolution des mentalités), une ONG locale spécialisée dans le traitement des questions économiques.

« Le budget 2017 est un budget de crise et de survie », résume-t-il, proposant comme alternative d’imposer davantage les grosses fortunes. L’activiste fait allusion aux villas qui poussent comme des champignons dans certains quartiers de la capitale qui, d’après lui, ne sont pas taxées. Un paradoxe qu’une voix avisée tente d’expliquer sous anonymat : « la plupart de ces fortunes appartiennent à ces mêmes autorités [qui votent la loi sur le budget]. Elles font tout pour les protéger ».

Une situation économique qui se complique davantage depuis que l’Union Européenne, principal bailleur international de fonds, a décidé de suspendre son aide budgétaire au gouvernement du Burundi après la crise qui a éclaté en avril 2015. La pomme de discorde : le choix controversé de Pierre Nkurunziza de se représenter pour un troisième mandat, pour lequel il a été investi en août dans la foulée de sa réélection contestée.

Le FMI classait le Burundi comme pays le plus pauvre au monde en 2015 avec un PIB par habitant de 312,5 dollars, avant que la Banque mondiale n’annonce la chute dudit revenu jusqu’à 260 dollars pour l’an 2016.

Jeuneafrique.com par Armel Gilbert Bukeyeneza

Burundi : assassinat d’Emmanuel Niyonkuru, ministre de l’Environnement

janvier 1, 2017

Des forces de sécurité burundaises, le 25 avril 2016 à Bujumbura. © Oneshore Nibigira/AFP

Emmanuel Niyonkuru, ministre burundais de l’Environnement, a été tué par balles par un agresseur inconnu, tôt dimanche matin dans la capitale Bujumbura, a annoncé la police locale.

Ce meurtre est le premier visant un ministre en place depuis que le Burundi a plongé dans une grave crise politique avec la tentative du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat en 2015, et ce après des mois de calme relatif.

Au moins 500 personnes ont été tuées et 300.000 ont choisi l’exil depuis le début de la crise politique au Burundi en avril 2015.

Emmanuel Niyonkuru, 54 ans, ministre de l’Eau, de l’Environnement et de la planification, a été « tué par un homme armé d’une arme à feu, alors qu’il se rendait à son domicile à Rohero, vers 00h45 », selon un tweet du porte-parole de la police, Pierre Nkurikiye, qui a précisé qu’une femme a été arrêtée après cet « assassinat ».

Sur Twitter, le président Pierre Nkurunziza a présenté ses condoléances « à la famille de la victime et à tous les Burundais », affirmant que « ce crime ne restera pas impuni ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Affaire Jean Bigirimana au Burundi : le corps d’un homme retrouvé près de Bugarama

août 8, 2016

Le journaliste burundais Jean Bigirimana venait de faire une formation au Rwanda quand il a subitement disparu, le 22 juillet, à Bugarama. © Iwacu

Un corps a été retrouvé dans une rivière près de Bugarama où Jean Bigirimana a été enlevé le 22 juillet dernier. Une découverte réalisée par une équipe de reporters d’Iwacu, journal pour lequel le journaliste travaillait.

La macabre découverte a eu lieu dimanche 7 août. Selon une enquête menée par le journal Iwacu pour lequel Jean Bigirimana travaillait, le corps d’un homme a été retrouvé dans la rivière Mubarazi, au fond d’une vallée située près de Bugarama, la ville où le journaliste a été enlevé dans un véhicule du Service national des renseignements, le 22 juillet, d’après des témoins.

« Le corps est retenu par des pierres tout près d’une chute appelée Bihongo. On ne peut l’apercevoir que du côté de Nyabisiga, en zone Bugarama », précise un l’article de Iwacu, qui retrace dans les moindres détails l’enquête des reporters du journal. Ceux-ci ont eu un weekend périlleux. Vendredi, ils rentrent bredouille après avoir passé une journée à Bugarama, escaladant colline après colline à la recherche de leur confrère disparu. Samedi, visiblement alertés par les investigations des journalistes, la police, le Service national des renseignements, et même la Commission nationale indépendante des droits de l’homme se joignent à eux. La journée s’achève sans aucun résultat.

« La vérité finira par être connue »

Dimanche, les journalistes décident finalement de revenir seuls sur les lieux. C’est là qu’ils réussissent à avoir des éléments qui pourraient aider à comprendre la disparition de Jean Bigirimana. Que vont faire les autorités de cette enquête ? « Rien », répond Pierre Nkurikiye, porte-parole de la police. Pour lui, « Iwacu ne veut pas coopérer. Nous avons demandé aux journalistes de ne pas publier leurs résultats et de les donner à la police mais ils ne l’ont jamais fait. Leurs publications ne font qu’embrouiller le travail de notre enquêteur ».

Des propos qu’Antoine Kaburahe, directeur du groupe de presse Iwacu, qualifie de choquants. « Nous ne comprenons pas l’attitude de la police. Depuis deux semaines, elle ne fait rien mais n’arrête pas de fustiger les moindres initiatives du journal. C’est comme si nos investigations gênaient. De toute manière, la vérité finira par être connue ».

Jeunafrique.com par Armel Gilbert Bukeyeneza à Bujumbura

Burundi : le pouvoir accapare la parole publique

août 4, 2016

Les hauteurs de Bujumbura, le 23 janvier 2016.

Les hauteurs de Bujumbura, le 23 janvier 2016. Crédits : Phil Moore pour Le Monde
« Est-ce un message que nous adresse le gouvernement ? » Antoine Kaburahe, directeur d’Iwacu, le dernier média burundais indépendant, s’interroge. Jean Bigirimana, journaliste pour Iwacu, a disparu vendredi 22 juillet dans l’après-midi. Ni le groupe de presse, ni les associations, n’a de nouvelle depuis. Quelques jours plus tard, le 30 juillet, Boaz Ntaconayigize, journaliste de la radio Bonesha exilé à Kampala, est poignardé dans les rues de la capitale ougandaise. Si les raisons de ces deux actes restent inconnues, beaucoup y voient un nouveau signe de la censure qu’impose le gouvernement à ceux qui défendent la parole publique au Burundi.

« J’ai été le dernier patron de presse à partir, le gouvernement a dû croire à mon départ que c’en était fini d’Iwacu », dit Antoine Kaburahe, aujourd’hui exilé en Belgique. Un par un, les patrons de presse burundais ont fui le pays, à la suite de la destruction des radios indépendantes durant la tentative avortée de coup d’état, les 13 et 14 mai 2015.

« Mais Iwacu a continué, on n’a pas arrêté, et c’est peut-être pour ça que Jean Bigirimana a disparu », poursuit-il. Le soir de sa disparition, sa rédaction est avertie par un appel anonyme, alors que des témoins attestent avoir vu des agents des services de renseignement burundais (SNR) le faire monter à bord d’une camionnette.

Les services de renseignement soupçonnés

« En tout cas ce qui est sûr, c’est qu’il est encore en vie », veut rassurer Antoine Kaburahe, dont le journal enquête et a lancé un appel à témoins. Mais une autre source se veut moins sûre : « Jean Bigirimana a été torturé, son état est grave, peut-être qu’il est mort ». La police et le SNR, pointés du doigt par Reporters Sans Frontières, démentent encore aujourd’hui détenir le journaliste.

« Iwacu est encore une fois victime d’avoir une opinion différente de celle du gouvernement, se désole Innocent Muhozi, président de l’Observatoire de la Presse Burundaise (OPB) et directeur de la radio-télévision Renaissance, en exil depuis juillet 2015. Les journalistes sont témoins de la réalité de ce qu’il se passe, et le gouvernement ne veut pas que l’on sache ».

Lire aussi : Burundi : des agents du Service national de renseignement multiplient les actes de torture

Cette censure est une gageure du régime burundais, qui, étape par étape depuis la réélection controversée de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat, a enterré le paysage médiatique du pays. « D’abord, ils ont fait taire les médias locaux, les 13 et 14 mai, analyse un journaliste sous le sceau de l’anonymat. Et puis ça a été les médias internationaux, RFI et France 24 notamment, avant que tous ceux qui ne sont pas d’accord soient pris pour cible. »

Comme toutes les radios indépendantes, la Radio Publique Africaine (RPA) a été prise pour cible les 13 et 14 mai 2015.

Comme toutes les radios indépendantes, la Radio Publique Africaine (RPA) a été prise pour cible les 13 et 14 mai 2015. Crédits : JENNIFER HUXTA / AFP

Fin juin 2016, Le Monde Afrique s’était entretenu avec Jean Bigirimana, à l’époque premier témoin de ce rétrécissement de l’espace public.

« Le 13 mai 2015, le jour du coup d’Etat manqué, les putschistes ont commencé par détruire et par incendier les radios de la mouvance gouvernementale, dont la radio REMA où je travaillais », racontait le journaliste aujourd’hui disparu.

Quelques jours plus tard, les forces loyalistes à Pierre Nkurunziza prenaient le dessus sur les putschistes et Jean Birigimana se retrouve dépourvue de travail. « Les journalistes sont partis en débandade, nous avons été mis en chômage forcé et nous n’avons pas eu de salaire, dit alors Jean Bigirimana. Puis, lorsque les loyalistes ont repris le pouvoir, ça a été au tour des radios de l’opposition d’être incendiées. »

Toutes les radios indépendantes ont été fermées. En février 2016, deux d’entre elles, REMA FM et Isanganiro, ont été autorisées à rouvrir. Pour Jean Bigirimana, le Burundi d’avant-crise « était un pays qui avait un certain pluralisme médiatique ». Le journaliste avait partagé en juin sa vision du journalisme, libre et pluraliste, un mois avant d’en subir les conséquences dramatiques. « Le projet de web radio lancé par Iwacu, qui regroupe des journalistes de tendance diverses, de REMA, de Bonesha, de Isanganiro, est une initiative très positive, qui me permettra de développer mes compétences journalistiques dans un journal qui promeut la diversité. »

Lire aussi : Burundi : qu’est devenu le journaliste Jean Bigirimana ?

Alors que l’espace médiatique se réduit, la diffusion des idées du régime, elle, s’est fortement intensifiée ces derniers mois. « Il y a une vraie campagne de désinformation menée par le régime, continue le journaliste sous le sceau de l’anonymat. La tournée au Canada du directeur de la communication de la présidence, Willy Nyamitwe, et du conseiller du président Luc Michel en est un bon exemple. »

Ce dernier, figure de l’extrême droite belge, que les proches du régime présentent comme un « géostratège » mais dont les compétences restent floues, s’est affiché à plusieurs occasions ces derniers mois en compagnie du président Pierre Nkurunziza. À Montréal, Willy Nyamitwe et lui défendent depuis quelques jours les « vrais enjeux de la crise au Burundi », dans un événement présenté comme une « conférence-débat » organisée « en collaboration avec l’ambassade du Burundi au Canada ».

Le régime de Pierre Nkurunziza veut verrouiller l’information qui sort du Burundi. « À cause du manque de pluralisme dans les médias, les gens se sont rapidement tournés vers les réseaux sociaux, explique Patrick Nduwimana, directeur de Bonesha FM, une radio indépendante burundaise. Et du coup, ils essaient d’occuper ces réseaux sociaux, avec des mensonges, de la désinformation. » Si sa radio continue d’émettre, une fois par jour et le temps d‘un journal d’une trentaine de minutes, lui et beaucoup de journalistes de la radio ont du prendre le chemin de l’exil, au Kenya, au Rwanda, et en Ouganda, principalement.

Boaz Ntaconayigize poignardé à Kampala

C’est précisément à Kampala, samedi 30 juillet dans la soirée, que le journaliste de Bonesha FM, Boaz Ntaconayigize a été agressé. Blessé à coups de couteau et de matraques, il est laissé pour mort dans un caniveau, mais s’en sortira. « Il y avait quatre hommes, dont deux Burundais, Boaz les a reconnu, raconte son rédacteur en chef. Une semaine avant, il avait mis en garde la police et dénoncé la présence à Kampala de personnes qu’il suspectait d’être des agents du régime ».

Cette présence hors des frontières d’agents du régime est monnaie courante dans les pays frontaliers du Burundi. En juin 2016, l’ONG Human Rights Watch a dénoncé des viols collectifs de Burundais dans les camps de réfugiés, en Tanzanie, par des Imbonerakure, la ligue des jeunes du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Des agressions d’opposants au régime et de journalistes ont aussi été relayées en Ouganda et au Kenya. Le but ? « traquer et faire du mal aux journalistes en exil », estime le directeur d’une des rares radios indépendantes du Burundui, Patrick Nduwimana.

Lire aussi : Burundi : l’ancienne ministre Hafsa Mossi assassinée à Bujumbura

Contactés par Le Monde Afrique, ni le porte-parole de la police burundaise, Pierre Nkurikiye, ni le conseiller à la présidence du Burundi, Willy Niyamitwe, ni le directeur du Conseil National de la Communication (CNC) du Burundi, Ramadhan Karenge, n’ont répondu à nos sollicitations. Le 25 juillet, sur les réseaux sociaux, Pierre Nkurikiye expliquait que Jean Birigirimana n’était pas détenu par les forces de sécurité. Et d’ajouter : « Sa famille invitée à collaborer pour l’enquête ».

Lemonde.fr par Amaury Hauchard

Au Burundi, l’élite politique joue sur la peur d’un conflit ethnique pour garder le pouvoir

mai 16, 2016

Des forces armées répriment une manifestation, le 13 mai 2015, à Bujumbura contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza

Des forces armées répriment une manifestation, le 13 mai 2015, à Bujumbura contre un troisième mandat du président burundais Pierre Nkurunziza Crédits : JENNIFER HUXTA/AFP
26 avril 2015. Les habitants de Bujumbura envahissent les artères de leur ville pour dire « non » au troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Le mouvement de contestation s’amplifie de jour en jour. Quelques mois plus tard, les gaz lacrymogènes de la police cèdent la place aux balles réelles. Les Nations unies parlent déjà de plus de 500 vies fauchées en un an. Tant d’événements, de rebondissements, de tragédies ont émaillé cette année, que certains n’hésitent plus à parler de « pourrissement ».

Le décor planté, faut-il alors parler d’un génocide en préparation au Burundi ? D’une ethnie montée contre une autre, comme on l’entend dans les discours politiques, comme on le lit sur les réseaux sociaux, parfois même dans la presse locale et internationale ?

Pour moi, l’hypothèse d’un simple contentieux entre Hutu et Tutsi pouvant déboucher sur un génocide est à prendre avec des pincettes. La raison est simple : le Burundi n’a jamais connu de conflit foncièrement ethnique. Des centaines de milliers de Burundais ont été sacrifiées sur l’autel des ambitions inavouées de son élite politique. Ce ne sont pas les acteurs en scène, en train de se déchirer aujourd’hui, qui me contrediront. Eux qui se sont mis d’accord à Arusha, à la fin des années 1990, lors des négociations qui ont mis fin à la guerre civile en 2000, que le Burundi a toujours eu affaire à des conflits politiques mais à caractère ethnique. Aux sceptiques de regarder la configuration des protagonistes actuels : des Hutu qui pourchassent d’autres Hutu, des Tutsi et des Hutu qui se serrent les coudes pour faire barrage à un régime qui ne veut pas couper la poire en deux. La composition métissée du Parlement burundais et celle du CNARED, mouvement qui réunit la plupart des opposants politiques, en disent long.

Une ethnicisation à l’horizon

C’est monnaie courante. Une crise éclate au Burundi. « Ça y est ! Les Hutu et les Tutsi veulent encore une fois se rentrer dedans. » C’est souvent la lecture faite par les acteurs internationaux, parfois moins avisés. Au-delà des langues qui jouent sur la lourdeur des mots pour des enjeux qu’elles seules savent, certains sont pris au piège par la position géo-historique de ce petit pays au cœur de l’Afrique. Mais le Burundi n’est pas le Rwanda.

Ces deux pays ont presque la même langue, la même culture, ont eu le même colon… et sont composés des mêmes ethnies : les Hutu, les Tutsi et les Twa. Des éléments qui peuvent suffire pour se méprendre sur l’histoire politique du Burundi, le spectre du génocide de 1994 au Rwanda ajoutant son ombre. S’il faut oser le dire : le Rwanda fait face à un conflit ethnique, le Burundi non.

Et sur le plan national ? C’est la grande question : comment une manifestation qui rassemblait les Hutu et les Tutsi à Bujumbura a vite porté l’étiquette d’une insurrection orchestrée par une minorité ethnique qui ne rêve que d’une chose : revenir aux affaires ? Deux explications majeures. Sans nul doute, il n’y avait aucune réponse convaincante qui pouvait éteindre la fureur d’une jeunesse frustrée, éduquée mais sans perspectives d’avenir, sans emplois parfois, si ce n’est se recroqueviller dans les échappatoires ethniques.

Enfin, la mémoire. Des hommes politiques, acteurs et victimes des crises antérieures à caractères ethniques, n’ont pas hésité à crier à qui veut l’entendre que ce qui se passe au Burundi est juste la réédition de 1972, 1988 ou 1993.

Un message qui passe très mal aux oreilles des jeunes. A ces dates-là, la plupart n’étaient pas encore nés.

Lemonde.fr par Armel Gilbert Bukeyeneza  

Burundi: un général tutsi tué dans une attaque à Bujumbura

avril 25, 2016

 Le général burundais Athanase Kararuza tué lundi 25 avril à Bujumbura.

Le général burundais Athanase Kararuza tué lundi 25 avril à Bujumbura. Crédits : AFP

Nairobi – Un général tutsi, conseiller du 1er vice-président burundais en matière de sécurité, a été tué, ainsi que son épouse, dans une attaque menée lundi matin à Bujumbura par des hommes non identifiés, a-t-on appris de sources sécuritaires.

Le général Athanase Kararuza était en train de déposer sa fille devant le lycée du Saint-Esprit dans le quartier de Gihosha lundi vers 07H15 (05H15 GMT) lorsqu’il a été attaqué et tué par un groupe fortement armé, a rapporté à l’AFP un haut responsable burundais, sous couvert d’anonymat.

Ils l’ont attaqué à la roquette et à la grenade, sa garde a essayé de répliquer mais malheureusement, le général Kararuza et son épouse ont été tués sur le champ, a-t-il dit.

Leur fille a été transportée à l’hôpital. Grièvement blessée, elle y a été opérée et, selon une source familiale à l’AFP, ses jours ne seraient plus en danger. Dans la matinée, une source sécuritaire burundaise avait indiqué à l’AFP que la jeune fille avait succombé à ses blessures à l’hôpital.

Plusieurs responsables de l’appareil sécuritaire du Burundi et le chef de la communication de la présidence burundaise, Willy Nyamitwe, ont confirmé l’attentat et la mort du général.

Le général Kararuza, issu de l’ancienne armée dominée par la minorité tutsi, les ex-FAB (Forces armées du Burundi), a été notamment commandant adjoint de la composante militaire de la mission de paix de l’ONU en République centrafricaine entre fin 2013 et fin 2015.

Il avait été récemment nommé conseiller du 1er vice-président burundais, Gaston Sindimwo, issu de la minorité tutsi. La constitution du Burundi prévoit que le 1er vice-président soit issu d’une ethnie et d’un parti différents de ceux du chef de l’Etat.

Ceux qui ont tué mon collègue le général Kararuza et (perpétré) d’autres attaques similaires sont dans la logique de diviser l’armée et la police, a dénoncé dans un tweet Willy Nyamitwe.

Le Burundi est plongé dans une grave crise depuis que le président Pierre Nkurunziza a annoncé sa candidature en avril 2015 à un troisième mandat, qu’il a obtenu un juillet au terme d’une élection controversée. Les violences ont déjà fait plus de 500 morts et poussé plus de 270.000 personnes à quitter le pays.

Aux termes de l’accord d’Arusha qui a mis fin à la guerre civile (1993-2006) entre plusieurs rébellions hutu et l’armée alors majoritairement tutsi, la police et l’armée sont paritaires au Burundi, un pays où les Hutu représentent 85% de la population et les Tutsi 14%.

Selon des sources concordantes, la crise actuelle divise profondément la police et l’armée et menace la cohésion née de l’accord de paix d’Arusha en leur sein.

L’attentat contre le général Kararuza s’inscrit dans un contexte de recrudescence des assassinats ciblés au Burundi depuis le mois de mars.

Dimanche soir, un autre officier tutsi de la police, qui travaillait pour le Service national de renseignement (SNR, services secrets qui dépendent directement du président Nkurunziza) a été grièvement blessé tandis que son épouse et un domestique ont été tués.

Le colonel Donatien Ndabigeze a été attaqué à la grenade et à l’arme automatique par un groupe fortement armé dans le quartier de Gatunguru (nord-est de la capitale) hier vers 21H00. Il a eu une jambe coupée, a expliqué à l’AFP un cadre des services de sécurité du Burundi, sous couvert d’anonymat.

Et plus tôt dans la journée de dimanche, le ministre en charge des Droits de l’Homme, Martin Nivyabandi et son épouse avaient été légèrement blessés dans une attaque à la grenade alors qu’ils sortaient d’une messe à Bujumbura, a annoncé à l’AFP le maire de la ville.

Les responsables de ces attaques, décrits à chaque fois comme de véritables commandos militaires, ont pu prendre la fuite, selon des sources policières.

Romandie.com avec(©AFP / 25 avril 2016 18h47)