Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué vendredi une embuscade tendue au Burkina Faso qui a tué au moins 51 soldats la semaine dernière.
Dans un communiqué publié par son organe de propagande Amaq, le groupe déclare que ses combattants « ont infligé des pertes massives dans les rangs des forces du Burkina Faso dans une embuscade tendue vendredi dernier ».
Cette embuscade dans la région du Sahel frontalière du Mali et du Niger, dont le bilan provisoire a été annoncé lundi par l’armée, pourrait s’avérer la plus meurtrière jamais commise contre les forces de sécurité depuis celle de novembre 2021 à Inata (nord) : 57 gendarmes avaient alors été tués après avoir vainement lancé des appels à l’aide.
Les jihadistes ont indiqué avoir « repéré un convoi de forces burkinabées essayant d’avancer vers les zones qu’ils contrôlent dans la province d’Oudalan près de la frontière agitée avec le Mali ». Les combattants de l’EI ont « incendié un véhicule blindé et saisi un véhicule et 27 motos, ainsi que des dizaines de fusils automatiques et un certain nombre de grenades propulsées ».
Mercredi, une douzaine de volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée du Burkina Faso, ont été tués lors d’une nouvelle attaque de jihadistes présumés dans le nord du pays. Les raids meurtriers attribués à des groupes jihadistes ont fait au Burkina plus de 200 morts, civils et militaires, depuis début janvier.
Le pays, théâtre de deux coups d’État militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières. Les violences ont fait depuis sept ans plus de 10 000 morts -civils et militaires- selon des ONG, et quelque deux millions de déplacés.
REPORTAGE. La pandémie, la guerre en Ukraine et l’inflation menacent le pouvoir d’achat des Burkinabés. Pour l’État, il s’agit d’être sur tous les fronts.
Alors que les opérations de la force française Sabre ont pris fin dimanche, et que sur un autre plan, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a décidé le maintien des sanctions contre le pays dirigé par des putschistes, c’est peu dire que le Burkina Faso se retrouve dans une situation délicate qui impacte fortement le développement économique du pays. Depuis plusieurs années déjà, le pays des Hommes intègres est fortement engagé dans la guerre contre un terrorisme redoutable qui nécessite des moyens importants, mais il doit aussi faire face à des chocs exogènes, comme la pandémie de Covid-19 ou la guerre en Ukraine. Le Burkina Faso est également touché par les crises climatiques caractérisées par des cycles d’inondations ou de fortes sècheresses. Autant de facteurs qui mettent à mal les projections sur le long terme et affectent le quotidien des populations. Surtout avec une inflation à deux chiffres ces derniers mois, estimée à 14,6 % en moyenne en 2022. Comment les Burkinabés s’y prennent-ils pour faire face aux différents chocs, alors qu’ils sont les premiers à faire les frais de la récurrence de l’instabilité politique ? De quels moyens dispose le gouvernement pour franchir le cap sans trop de dégâts ?
Un quotidien fait d’adaptation
Adama T. est enseignant. La journée de ce fonctionnaire commence par une prise en charge des siens : le petit déjeuner, la popote du jour et l’argent de poche pour ses trois enfants. Pour tout cela, il doit débourser au moins 2 000 francs CFA (3,05 euros). L’enseignant, qui se rend au travail à moto, fait vite le calcul : « Mon domicile est à environ 15 km de l’école. Par jour, je consacre un peu plus de 500 francs CFA en moyenne pour le carburant », évalue-t-il. Pour économiser sur l’essence, Adama préfère ne pas retourner à la maison quand c’est la pause de la mi-journée. Une option qui implique tout de même des frais, essentiellement pour sa restauration : pas moins de 500 francs CFA.
Avec un revenu mensuel d’environ 260 000 francs CFA (396,41 euros), le fonctionnaire consacre une grande partie de cette somme à ses besoins personnels et à ceux de sa famille. Par mois, près d’un cinquième du revenu d’Adama, soit environ 50 000 francs CFA, est destiné à l’alimentation. À cela, il faut ajouter la facture d’électricité (8 000 à 10 000 francs le mois), celle de l’eau (5 000 à 6 000 francs), le loyer (65 000 francs CFA), les provisions en céréales et d’autres denrées vitales. Mais aussi des « imprévus », comme lorsqu’il s’agit de soigner un membre de la famille. « Au final, on n’arrive pas à s’en sortir. Pour éponger les dépenses obligatoires, on fait parfois dans la débrouillardise », reconnaît l’enseignant. Et c’est sans compter avec des dépenses fixes, comme la scolarité des enfants : « Pour mes trois enfants, j’ai dépensé un peu plus de 350 000 francs CFA cette année pour leur scolarité », assure Adama T. Pas de place donc pour des loisirs, comme « aller au ciné ou s’offrir une bouteille de bière ».
Ousmane Bancé, cordonnier et cireur de chaussures, s’en sort encore moins qu’Adama. La journée de ce père de six enfants commence, là aussi, par de quoi faire bouillir la marmite le soir venu, entendez l’argent de la popote. Un devoir pour lui dans une société burkinabée à dominance patriarcale. « Chaque matin, je dois débourser entre 500 et 1 000 francs CFA pour la cuisine », confie l’époux de deux femmes. Même si un vélo qu’il a comme moyen de transport l’exempte de la dépense quotidienne en carburant, Ousmane arrive à peine à joindre les deux bouts, avec des recettes journalières comprises entre 2 000 et 2 500 francs CFA. « Chaque jour, je dois prier qu’il ne survienne pas d’imprévus, un problème de santé par exemple. Sinon, je suis complètement désorganisé », confie le cordonnier. À revenu égal, les angoisses sont presque les mêmes. Ce n’est pas Issa Kéré, vendeur ambulant à Ouagadougou, qui dira le contraire. Pousser un chariot jonché de divers articles (cigarette, bonbons, savon en poudre…), sillonner les artères de la ville et slalomer entre les allées du grand marché de la capitale à la recherche de clients constitue le travail de ce jeune homme qui tutoie la trentaine, contre des recettes d’environ 2 000 francs CFA par jour.
Insécurité, Covid-19, guerre russe en Ukraine : un cocktail explosif
À quelques montants près, les dépenses prioritaires des Burkinabés au quotidien sont quasiment les mêmes d’un consommateur à un autre : l’alimentation, le déplacement, les soins, les frais de communication… Et avec des revenus élevés ou pas, ils sont nombreux à partager le ressentiment d’un coût de la vie de plus en plus élevé par rapport au pouvoir d’achat. « De jour en jour, tout augmente », constate Fanta Bélem Fofana, employée du secteur privé. C’est aussi le constat de Mahamadi Compaoré, commerçant. Ce vendeur de chaussures se réjouit de pouvoir faire des recettes de 5 000 à 6 000 francs CFA la journée. « Suffisant, dit-il, pour honorer les dépenses élémentaires », mais bien loin de lui permettre de faire des investissements et de réaliser des projets comme il en fourmille. « J’ambitionne, moi aussi, de me construire un logement assez commode, ce dont je ne dispose pas pour le moment. Bien au-delà, je rêve de pouvoir m’offrir un jour une voiture », projette le commerçant, avant de pousser un « hélas ! » de… désespoir. « Sur le marché, presque tout est devenu inaccessible. À commencer par les denrées alimentaires », déplore Mahamadi Compaoré. Son voisin d’étal, Ablassé Tamalgo, argumente dans le même sens : « J’ai l’impression que les années antérieures, j’avais un revenu qui correspond juste à mes dépenses élémentaires. Maintenant, le même montant ne suffit plus. Une partie de mes recettes journalières finissent par exemple dans l’achat de l’essence, dont le prix a connu une augmentation récente », raconte-t-il. En effet, le prix à la pompe du super 91 a été revu à la hausse, début février, par le gouvernement de transition. Ainsi, le litre d’essence, acheté jusqu’alors à 750 francs CFA, coûte désormais 850 francs CFA.
Pour nombre de consommateurs, il ne faut pas chercher loin les raisons de ce renchérissement de la vie. « L’activité tourne au ralenti, principalement à cause de l’instabilité sécuritaire [qui a causé la mort de plusieurs milliers de personnes et le déplacement de près de deux millions d’autres en sept ans]. Les productions sont impossibles dans les zones à risque et cela affecte la disponibilité de certains produits. En plus de cela, il faut compter avec le fait que l’augmentation répétée du prix de l’essence impacte directement le coût de la vie », croit savoir Marc Yigui, vendeur de ceintures rencontré au grand marché de Ouagadougou. Il n’y a pas que la crise sanitaire due au Covid- 19, et bien d’autres chocs, exogènes ou non, ont affecté le pouvoir d’achat.
Une économie qui résiste malgré tout
Dressant la situation économique et financière du Burkina en 2022 et les perspectives sur la période 2023-2025, le ministre burkinabé des Finances, Aboubacar Nacanabo, fin janvier dernier, l’a d’ailleurs relevé en ces propos : « L’activité économique et la gestion des finances publiques en 2022 ont été marquées par la crise russo-ukrainienne, les tensions géostratégiques et la résurgence de nouvelles variantes du Covid-19. » Il ajoutait qu’au plan national, « on note la persistance des attaques terroristes, le déplacement interne massif des populations et ses conséquences humanitaires et l’avènement de transitions politiques ». Selon des données du ministère des Finances, l’économie a enregistré une décélération du rythme de sa croissance pour s’établir à 2,7 % en 2022 contre 6,9 % en 2021, tandis que pour l’ensemble de l’année 2022, l’inflation est ressortie en moyenne annuelle à 14,6 % contre 3,9 % en 2021.
Face à cette situation économique du pays, les Burkinabés font montre de résilience. Une économie et un pays qui plient, mais ne rompent pas. Le gouverneur de la BCEAO, la Banque centrale sous-régionale ouest-africaine, Jean-Claude Kassi Brou, a récemment apporté son soutien aux autorités du pays face à la donne économique. « La croissance économique en 2022 est ressortie positive et devrait continuer à s’améliorer en 2023 avec notamment l’amélioration de la campagne agricole », a-t-il observé, tout en notant que « l’inflation reste un défi pour l’économie burkinabée comme c’est le cas dans tous les autres pays de l’espace Uemoa », a-t-il dit, lors d’une visite récente au président de la transition burkinabée, le capitaine Ibrahim Traoré. L’espoir est donc permis et beaucoup, comme Ablassé Tamalgo, sont optimistes. Ce commerçant, comme nombre de ses compatriotes, espère que les obstacles à la relance de l’économie, dont la crise sécuritaire, pourront être levés le plus tôt que possible.
Le Point par le correspondant à Ouagadougou, Bernard Kaboré
L’ONG Médecins sans frontières a annoncé ce 17 février interrompre l’ensemble de ses activités au Burkina Faso, après que deux de ses employés ont été tués le 8 février lors d’une attaque de jihadistes présumés dans le nord-ouest du pays
« À la suite de l’attaque au cours de laquelle deux employés MSF ont été tués le 8 février dernier dans la région de la Boucle du Mouhoun, nous suspendons l’ensemble de nos activités dans le pays [Burkina Faso] », a annoncé l’ONG Médecins sans frontières dans un communiqué, ce vendredi 17 février. « Dans toutes les localités où MSF appuie et fournit de l’aide médicale et humanitaire, seules les urgences vitales seront assurées pour une durée indéterminée », précise le texte.
Mercredi 8 février, MSF avait annoncé la mort de deux de ses employés burkinabè tués le jour même par des « hommes armés », jihadistes présumés, qui avaient « pris pour cible » un « véhicule de Médecins sans frontières, clairement identifié ». Le véhicule, qui transportait une équipe médicale de quatre personnes, se trouvait sur la route entre Dédougou et Tougan, dans le nord-ouest du pays.
Analyser les risques
« Cette mesure, nécessaire au temps du deuil, est essentielle pour analyser les risques auxquels sont actuellement exposées nos équipes », explique l’ONG. « Il s’agit aussi de réaffirmer la nature inacceptable de cette attaque contre des collègues circulant dans un véhicule MSF clairement identifié dans le cadre de leur mission médicale », ajoute-t-elle. Le 8 février, la présidente de MSF, Isabelle Defourny, avait dénoncé « une attaque délibérée et intentionnelle ».
Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de ses frontières. Jeudi, cinq personnes dont deux soldats ont été tués lors d’une attaque dans la province de la Tapoa (est). Les violences ont fait plus de 12 000 morts – civils et militaires – selon l’ONG Acled, qui recense les victimes de conflits dans le monde. Quelque deux millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays.
Ouagadougou a annoncé que les restes du leader révolutionnaire seront « réinhumés » au Mémorial édifié en son souvenir, lequel se trouve… à l’endroit même où il fut assassiné. Une localisation qui ne fait pas l’unanimité, notamment au sein de la famille du fondateur du Burkina Faso..
Même si le condamné Blaise Compaoré n’a pas vu sa sentence exécutée, la conclusion du procès de l’assassinat de Thomas Sankara semblait promettre à la dépouille du premier président du Burkina Faso une dernière demeure apaisée. Mais où, et dans quelle terre ? En 2015, la justice burkinabè ordonnait l’exhumation des restes du héros national enterré à la sauvette, en 1987, au cimetière de Dagnoën. Placés sous scellés, les ossements sont censés rejoindre bientôt leur sépulture définitive.
Statut de mausolée
Le 3 février dernier, un communiqué de l’actuel porte-parole du gouvernement portait « à la connaissance du peuple burkinabè et de l’opinion interafricaine et internationale que la réinhumation des restes mortels du président Thomas Sankara et de ses douze compagnons assassinés le 15 octobre 1987 » se déroulerait « à Ouagadougou sur le site du Mémorial Thomas Sankara (ex-Conseil de l’Entente) ». Dédié aux victimes de la tragédie de 1987, précisément dans la zone des assassinats, l’espace déjà doté d’une statue monumentale entend revendiquer le statut de mausolée.
Bien que saluée par le comité international du Mémorial, la localisation annoncée du « ré-enterrement » provoque un appel au boycott, même si les autorités précisent que leur décision est « le résultat de concertations (…) élargies aux familles des victimes ».
Par un communiqué daté du 5 février, des « membres de la famille de feu Thomas Sankara » prennent à témoin « l’opinion publique nationale et internationale » pour dénoncer un lieu d’inhumation « imposé sans autre forme de discussion consensuelle ». Ce groupe informe qu’il ne participera pas à l’organisation des cérémonies, et ne sera pas présent à l’inhumation.
Quelle stratégie pour « IB » ?
Les accointances entre la junte et le comité du Mémorial ne sont plus à démontrer, le capitaine Ibrahim Traoré ayant reçu, sur le lieu de dévotion, un trophée Thomas Sankara, à peine deux semaines après sa prise du pouvoir, lors de la commémoration des 35 ans de la mort de mythique prédécesseur.
Par Damien Glez
Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè
À Moscou, presque un siècle après sa mort, le corps embaumé du révolutionnaire Lénine n’est toujours pas enterré…
Quinze civils enlevés retrouvés morts lundi dans l’ouest et une dizaine de membres des forces de sécurité tuées le même jour dans le nord: les violences de jihadistes présumés s’intensifient au Burkina Faso, qui entend les combattre principalement seul.
Les actions meurtrières des groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique ont débuté en 2015, mais n’ont cessé de se multiplier ces derniers mois et sont en partie à l’origine de deux coups d’Etat au Burkina en 2022.
Lundi, c’est dans le sud-ouest du pays, près de la Côte d’Ivoire, que quinze personnes ont été retrouvées mortes après avoir été enlevées la veille par des jihadistes présumés.
Dimanche soir, deux minibus avaient été interceptés dans le village de Linguekoro par des hommes armés, selon le gouverneur de la région, le colonel Jean-Charles Somé.
Les passagers, huit hommes et seize femmes, « ont été débarqués » des véhicules, a-t-il dit dans un communiqué. Parmi eux, « huit femmes et un homme ont été libérés et enjoints de regagner à pied Mangodara », à 30 kilomètres de Linguekoro.
Les deux minibus « ont par la suite été incendiés et les autres passagers enlevés », selon le gouverneur. Les corps des victimes retrouvées lundi présentent « des impacts de balles », selon lui.
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté mardi matin à Mangodara pour protester contre « l’insécurité » et « l’impunité » après la découverte des quinze corps, selon des habitants joints par l’AFP.
A la mi-janvier, une soixantaine de femmes avaient été enlevées par des jihadistes présumés à Arbinda, dans le nord, avant d’être retrouvées quelques jours après.
Des gendarmes et Volontaires pour la défense de la patrie (VDP, supplétifs de l’armée) stationnés dans la localité de Falagountou dans la région du Sahel (nord), ont par ailleurs subi lundi après-midi « une attaque terroriste », selon l’armée. « Le bilan provisoire enregistré fait état de douze combattants tombés, dont deux VDP », selon l’état-major qui parle également d’un civil tué.
« Au moins cinq gendarmes ont été blessés et une dizaine d’autres », disparus, sont « toujours recherchés », précise l’armée en affirmant que, « côté ennemi, une quinzaine de corps de terroristes ont été retrouvés lors des opérations de ratissage qui sont toujours en cours ».
« Souveraineté »
Ces enlèvements et attaques attribuées aux jihadistes interviennent dix jours après la décision du gouvernement burkinabè d’exiger le départ des 400 soldats français de la force Sabre basée à Ouagadougou.
La décision du Burkina est motivée par « la volonté des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabè, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire », selon le porte-parole du gouvernement, Jean-Emmanuel Ouédraogo.
« Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France« , ajoutait-il.
La France, ex-puissance coloniale au Burkina, y est désormais régulièrement contestée.
Plusieurs milliers de personnes ont manifesté samedi en soutien au pouvoir à Ouagadougou, où le départ des troupes françaises est accueilli comme un retour à la « souveraineté ».
Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d’un putsch, le deuxième en huit mois, le capitaine Ibrahim Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats en matière de lutte contre le jihadisme.
Les nouvelles autorités ont ces dernières semaines engagé un rapprochement avec la Russie où le Premier ministre, Appolinaire Kyélem de Tembéla, s’est discrètement rendu en décembre. La Russie est « un choix de raison », selon lui.
Ces derniers développements rappellent le précédent du Mali voisin: l’été dernier, la junte au pouvoir à Bamako avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence. Le Mali s’est dans le même temps rapproché de la Russie. De multiples sources rapportent que la junte a fait venir à partir de la fin 2021 le groupe paramilitaire russe Wagner, aux agissements décriés dans différents pays.
Le Burkina Faso, en particulier sa partie nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes jihadistes qui ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés.
Les autorités de transition burkinabè avaient demandé le remplacement de Luc Hallade, tandis que le départ des forces spéciales françaises du pays a été acté.
Le retour de Luc Hallade coïncide avec une demande des autorités de transition burkinabè de remplacer l’ambassadeur de France. Fin décembre, une lettre avait été envoyée par le ministère burkinabè des Affaires étrangères à Paris pour réclamer son départ, lui reprochant notamment d’avoir fait état publiquement de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
Le tournant est intervenu il y a quelques jours quand le gouvernement burkinabè a décidé de dénoncer l’accord de 2018 relatif au statut des forces françaises présentes dans ce pays. Cette dénonciation a été « formellement » reçue le 24 janvier par le ministère français des Affaires étrangères. « Conformément aux termes de l’accord, la dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite », a précisé le Quai d’Orsay, tout en ajoutant que la France respectera « les termes de cet accord en donnant suite à cette demande. »
L’option du redéploiement
Le Burkina Faso héberge actuellement un contingent de près de 400 militaires des forces spéciales françaises, au sein du dispositif Sabre. Ces militaires auront quitté le pays « d’ici fin février » et le retrait de tous les matériels devrait être achevé « fin avril », selon une source proche du dossier. L’option privilégiée serait alors de redéployer ces militaires d’élite au Niger voisin, qui accueille déjà près de 2 000 personnels français.
Ouagadougou souhaite le départ des forces militaires françaises sans pour autant rompre diplomatiquement avec Paris. Mais la France reste dans l’expectative des décisions des autorités burkinabè, qui ont par ailleurs amorcé un rapprochement avec la Russie.
Le Premier ministre burkinabè avait fait une discrète mais remarquée visite à Moscou en décembre avant de déclarer, il y a deux semaines, qu’un partenariat avec la Russie était « un choix de raison ».
Après avoir reçu des mains du gouvernement burkinabè la « dénonciation de l’accord de 2018 », concernant le statut et la présence des forces armées françaises au Burkina Faso, le ministère des Affaires étrangères a annoncé mercredi 25 janvier qu’il allait retirer ses troupes d’ici « un mois ». « Conformément aux termes de l’accord, la dénonciation prend effet un mois après la réception de la notification écrite », a déclaré à l’AFP le ministère français des Affaires étrangères en assurant que la France « respecter(ait) les termes de cet accord en donnant suite à cette demande ».
Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 membres des forces spéciales françaises, la force Sabre. Ces derniers auront quitté le pays « d’ici fin février » et le retrait de tous les matériels devrait être achevé « fin avril », a affirmé à l’AFP une source proche du dossier.
Le gouvernement burkinabè a confirmé lundi avoir demandé le départ des militaires françaises basés dans le pays dans un délai d’un mois, mais Paris avait répondu attendre des clarifications de la part du président de transition Ibrahim Traoré.
« Ce que nous dénonçons, c’est l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso. Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France », a déclaré lundi midi le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, dans une interview sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB).
Ouédraogo confirme le départ des troupes françaises
La France, ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina depuis plusieurs mois. En décembre, les autorités burkinabè avaient demandé à Paris le remplacement de l’ambassadeur du France, Luc Hallade, dans leur collimateur pour notamment avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
Lundi, Jean-Emmanuel Ouédraogo a indiqué que le gouvernement avait « reçu toutes les assurances sur le fait que les autorités françaises vont accéder à cette requête dès cette semaine ». Mais selon une source diplomatique, son sort n’est pas encore scellé et il se trouve toujours à Ouagadougou.
Le précédent malien est dans toutes les têtes. Après neuf ans de présence, les militaires français ont quitté le pays l’été dernier, poussés dehors par une junte hostile qui a fait appel à la sulfureuse société paramilitaire russe Wagner.
En coulisses, la junte burkinabè assure à la France qu’elle ne compte pas s’adjoindre les services de Wagner, dont une équipe de liaison est venue prospecter au Burkina, riche en ressources minières, selon plusieurs sources françaises.
Le porte-parole du gouvernement du Burkina Faso a confirmé lundi que Ouagadougou avait demandé le départ des troupes françaises basées dans le pays dans un délai d’un mois, mais Paris a répondu attendre des clarifications de la part du président de transition Ibrahim Traoré.
« Ce que nous dénonçons c’est l’accord qui permet aux forces françaises d’être présentes au Burkina Faso. Il ne s’agit pas de la fin des relations diplomatiques entre le Burkina Faso et la France« , a déclaré lundi midi le porte-parole du gouvernement burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, dans une interview sur la Radio-Télévision du Burkina (RTB).
« Les forces françaises sont basées à Ouagadougou sur la demande du Burkina Faso et de ses autorités. Cette dénonciation est dans l’ordre normal des choses, elle est prévue dans les termes de l’accord militaire », a-t-il poursuivi, indiquant que la procédure laissait « un mois à l’autre partie pour accéder à cette requête ».
Le Burkina héberge actuellement un contingent de près de 400 forces spéciales françaises, la force Sabre.
Dans un courrier du ministère burkinabè des Affaires étrangères adressé à Paris et daté de mercredi, dont l’AFP a eu copie, Ouagadougou « dénonce et met fin dans son entièreté à l’accord » du 17 décembre 2018 « relatif au statut des forces armées françaises intervenant » dans la lutte antijihadiste dans le pays sahélien.
« Nous avons bien reçu la note verbale (du ministère burkinabè) transmise à notre ambassade », a indiqué lundi à l’AFP la porte-parole du Quai d’Orsay, Anne-Claire Legendre, dans une déclaration écrite.
« Comme l’a dit le président de la République (Emmanuel Macron) hier, nous attendons que le président de la transition burkinabè (Ibrahim Traoré) clarifie la portée de cette note », a-t-elle ajouté.
Paris souhaite que la demande de départ soit confirmée par le président Traoré lui-même avant d’en prendre acte. Des sources concordantes françaises font état de désaccords au sein du gouvernement burkinabè sur le maintien ou non des troupes françaises.
« Au stade actuel nous ne voyons pas comment faire plus clair que cela », avait déclaré auparavant lundi M. Ouédraogo.
Selon lui cette demande de départ des forces françaises « n’est pas liée à un événement en particulier ».
« C’est lié à la volonté, aujourd’hui des autorités de la transition et de l’ensemble des Burkinabè, d’être les acteurs premiers de la reconquête de notre territoire », a-t-il ajouté, précisant attendre des pays amis « du soutien surtout sur le plan matériel » pour aider les forces de sécurité.
Départ de l’ambassadeur
La France, ex-puissance coloniale, est contestée au Burkina depuis plusieurs mois.
En décembre, les autorités burkinabè avaient demandé à Paris le remplacement de l’ambassadeur du France, Luc Hallade, dans leur collimateur pour notamment avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire dans le pays.
Lundi, M. Ouédraogo a indiqué que le gouvernement avait « reçu toutes les assurances sur le fait que les autorités françaises vont accéder à cette requête dès cette semaine ».
Mais selon une source diplomatique, son sort n’est pas encore scellé et il se trouve toujours à Ouagadougou.
Les derniers échanges bilatéraux officiels ont eu lieu le 10 janvier entre le capitaine Traoré et la secrétaire d’Etat Chrysoula Zacharopoulou qui avait assuré que la France n’imposerait rien mais qu’elle était « disponible pour inventer un avenir ensemble ».
Depuis son arrivée au pouvoir en septembre à la faveur d’un putsch, le capitaine Traoré et son gouvernement ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats notamment en matière de lutte contre le jihadisme.
Les nouvelles autorités ont ces dernières semaines engagé un rapprochement avec la Russie.
Le Premier ministre burkinabè a fait une discrète visite à Moscou en décembre et avait déclaré il y a deux semaines qu’un partenariat avec la Russie était « un choix de raison ».
Ces derniers développements rappellent le précédent du Mali voisin: l’été dernier, la junte au pouvoir à Bamako avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence.
De multiples sources rapportent que les autorités maliennes ont commencé à faire venir dès fin 2021 le groupe paramilitaire russe Wagner, dont les agissements sont décriés dans différents pays, ce que la junte dément.
Au Burkina, les autorités assurent en coulisses à Paris ne pas vouloir s’adjoindre les services de Wagner, dont une équipe de liaison est venue prospecter dans ce pays riche en ressources minières, selon plusieurs sources françaises.
Le Burkina Faso, en particulier dans sa moitié nord, est confronté depuis 2015 aux attaques de groupes liés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique (EI). Elles ont fait des milliers de morts et au moins deux millions de déplacés.
Le gouvernement burkinabè a demandé cette semaine le départ des troupes françaises de son sol dans un délai d’un mois, ont indiqué samedi soir l’Agence d’information burkinabè (AIB) et une source proche du gouvernement.
« Le gouvernement burkinabè a dénoncé, mercredi dernier, l’accord qui régit depuis 2018 la présence des forces armées françaises sur son territoire« , a indiqué l’Agence d’information burkinabè (AIB). « Cette dénonciation, faite le 18 janvier 2023, donne, selon les termes de l’accord du 17 décembre 2018, un mois aux Forces armées françaises pour quitter le territoire burkinabè », poursuit l’agence nationale.
Selon une source proche du gouvernement, les autorités ont demandé « le départ des soldats français dans un bref délai ». « Ce n’est pas la rupture des relations avec la France. La notification concerne uniquement les accords de coopération militaire », a-t-elle précisé. La France, ex-puissance coloniale est contestée au Burkina Faso depuis plusieurs mois. Plusieurs manifestations, la dernière vendredi, ont récemment eu lieu à Ouagadougou pour exiger le retrait du contingent français, de près de 400 forces spéciales.
Diversifier les partenariats
La semaine dernière, Paris avait dépêché la secrétaire d’État Chrysoula Zacharopoulou pour y rencontrer le président de transition. « La France n’impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble », a-t-elle martelé, assurant ne vouloir « influencer aucun choix, ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina ».
LA RUSSIE EST UN CHOIX DE RAISON DANS CETTE DYNAMIQUE
Les autorités du Burkina, arrivées au pouvoir par un coup d’État en septembre, le deuxième en huit mois, ont manifesté leur volonté de diversifier leurs partenariats, notamment en matière de lutte contre le jihadisme, qui mine le pays depuis 2015. Parmi les nouveaux partenaires envisagés, la question d’un éventuel rapprochement avec la Russie est régulièrement évoquée.
« La Russie est un choix de raison dans cette dynamique », et « nous pensons que notre partenariat doit se renforcer », a souligné samedi le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla, à l’issue d’une entrevue avec l’ambassadeur de Russie, Alexey Saltykov. Début décembre, il avait fait une visite discrète à Moscou.
L’été dernier, la junte au pouvoir au Mali voisin avait intimé aux forces françaises de quitter le pays après neuf ans de présence. De multiples sources rapportent que la junte malienne a commencé à faire venir dès la fin de l’année 2021 le groupe paramilitaire russe Wagner, aux agissements décriés dans différents pays, ce que la junte dément.
Enlevées dans le nord du pays il y a une semaine, ces femmes ont été libérées vendredi par l’armée, ainsi que leurs quatre bébés. Mais une série d’attaques jihadistes a fait en parallèle une trentaine de morts.
Vendredi soir, la Radio-Télévision du Burkina (RTB) a montré des images des femmes, libérées et ramenées à Ouagadougou, évoquant une « opération » des forces armées, sans davantage de détails.
Des recherches, terrestres et aériennes, avaient été lancées pour les retrouver. Selon des responsables sécuritaires, les victimes ont été localisées dans la zone de Tougouri, dans la région voisine du Centre-nord, 200 km plus au sud, avant d’être héliportées vers la capitale burkinabè dans la soirée où elles ont été accueillies par des hauts-gradés. « Leur débriefing permettra d’en savoir plus sur leurs ravisseurs, leur détention et leur convoi », indique une de ces sources.
Blocus jihadiste
Une partie du pays, notamment la région du Sahel où se trouve Arbinda est depuis plusieurs mois sous blocus des groupes jihadistes et les localités sont difficilement ravitaillées en vivres ce qui pousse les habitants à sortir de leurs villages pour trouver de la nourriture.
Jeudi, le Burkina Faso a été endeuillé par une série d’attaques dans plusieurs régions du nord et du nord-ouest du pays faisant une trentaine de morts, dont une quinzaine de Volontaires de la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée, selon plusieurs sources sécuritaires, jointes vendredi.
Une première attaque a visé un poste avancé des VDP à Rakoegtenga, une ville située dans la province de Bam (nord), tuant six d’entre eux ainsi qu’une femme, a indiqué un responsable local des VDP. Plus à l’ouest, dans la province de Nayala, une « embuscade » a eu lieu « contre un convoi escorté par des militaires et des VDP sur l’axe Siena-Saran », a ajouté cette même source.
Une dizaine de terroristes neutralisés
« Une dizaine d’autres VDP et un civil sont tombés dans cette deuxième attaque », a précisé ce responsable et une dizaine de personnes ont été blessées, certains gravement. Dans la province du Sanmatenga (centre-nord) une équipe mixte composée de militaires et de VDP a été « prise à partie » à Zincko, indique une autre source sécuritaire.
« Une dizaine de terroristes ont été neutralisés. Malheureusement, quatre civils ont également péri », précise cette source. Enfin, dans la soirée, plus au sud, des hommes armés ont fait incursion dans la ville de Sanaba, dans la province des Banwa, tuant huit civils.
Cette commune est située à quelques kilomètres de Solenzo, dont l’armée avait annoncé la reconquête fin décembre face aux groupes jihadistes. C’est dans cette dernière ville que le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, avait livré son message de fin d’année.