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France: Au procès Bygmalion, le « coordinateur » de la campagne Sarkozy qui n’a rien vu

juin 7, 2021
Au proces Bygmalion, le "coordinateur" de la campagne Sarkozy qui n'a rien vu
Au procès Bygmalion, le « coordinateur » de la campagne Sarkozy qui n’a rien vu© AFP/Archives/MARTIN BUREAU

Directeur de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert a assuré au procès Bygmalion qu’il avait constamment veillé à ce que les dépenses restent dans les clous, et n’avait jamais « rien su » du système de fausses factures.

A la barre comme la plupart des autres prévenus – anciens cadres de Bygmalion et de l’UMP – passés avant lui depuis l’ouverture du procès, M. Lambert s’évertue surtout à minimiser sa fiche de poste.

Directeur de campagne, c’était surtout un « rôle de coordination », répète l’ancien préfet, qui était chef de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Elysée avant le début de la campagne.

– Vous ne vous occupiez pas de la planification des meetings ?, demande la présidente.

– Pas vraiment, répond M. Lambert, « pas spécialiste de l’événementiel ».

« Je suis surtout l’interface entre l’Elysée et l’équipe de campagne, résumera-t-il, en assurant: « Celui qui dirige la campagne, c’est le président ».

Contrairement à ses 13 coprévenus qui comparaissent pour le système de fausses factures mis en place pour masquer l’explosion du plafond de dépenses autorisées, Nicolas Sarkozy – absent à l’audience – n’est jugé que pour « financement illégal de campagne ».

Son interrogatoire est prévu la semaine prochaine.

Selon l’accusation, l’ex-président a laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires et a « incontestablement » bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer d’au moins 42,8 millions d’euros au total, soit près du double du plafond légal à l’époque (22,5 millions).

La présidente Caroline Viguier fait projeter la première note d’alerte, envoyée début mars par les experts-comptables.

« C’est une injonction pour le futur, le bateau n’est pas en train de couler », insiste M. Lambert, qui porte un costume bleu marine et une attelle au mollet.

Mais il réagit « tout de suite ». A l’un, il donne l’ordre de renégocier le prix des meetings, aux autres de réduire la voilure… « je ne laisse pas filer les choses », assure-t-il, « j’ai donné le sens de ce qu’il convenait de faire ».

Sur le pupitre devant lui, Guillaume Lambert a posé un classeur de tableaux surlignés, dont il sort régulièrement des chiffres pour se défendre.

La présidente est un peu dubitative. Personne dans le dossier n’a le souvenir de sa détermination à maîtriser les dépenses. Et puis, juste après cette première note, arrivent les premiers gros meeting et la demande d’accélérer le rythme de la campagne.

« Fort de café »

« On a l’impression que vous dites qu’il faut faire attention de manière générale, sans aucune autre directive (…) et le message est vite oublié », avance-t-elle.

« Il y a eu un message très clair, très ferme. On ne peut pas faire n’importe quoi, c’est ça le message », assure au contraire M. Lambert.

Le tribunal insiste, ne comprend pas qu’il n’y ait pas eu de « suivi particulier » dans sa volonté d’économies.

Il finit par s’emporter. « Le problème, c’est pas Lambert, le problème, c’est qu’ils ne tiennent pas compte de ce que je dis ! », crie-t-il presque. « C’est un peu fort de café de me tenir responsable de ça », ajoute-t-il avant de s’excuser de s’être énervé.

« Votre position c’est que vous avez donné des consignes et qu’elles n’ont pas été respectées », synthétise la présidente.

Le procureur Nicolas Baïetto est moins diplomate: « Si vous essayiez aussi fort, comment êtes-vous arrivé à un résultat aussi mauvais ? »

M. Baïetto rappelle que sur la quarantaine de meetings, seuls trois au final seront des « petits meetings » de moins de 1.000 personnes. Et il ironise sur le fait Guillaume Lambert n’ait pas été étonné de l’improbable réussite d’une renégociation qui aurait fait fondre les prix de meetings au point de les diviser par deux. « C’est un peu excessif, non ? ».

Guillaume Lambert ne se démonte jamais. « J’ai piloté la campagne, j’ai présenté des activités au candidat. Le tableau de bord qu’on me présentait me disait que c’était possible », dit-il.

« Je n’avais aucune possibilité de savoir qu’il était tronqué, erroné, parce que des gens avaient décidé de mettre en place un système de fausses factures ». Lui n’en avait « aucune idée, aucun soupçon ».

Par Le Point avec AFP

France: Sarkozy entendu par des juges sur les comptes de sa campagne 2012

février 16, 2016

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L’ex-président français Nicolas Sarkozy est arrivé mardi chez des juges d’instruction pour être entendu sur de fausses factures et les comptes de sa campagne présidentielle de 2012. Cette affaire « Bygmalion » pourrait conduire à son inculpation.

L’ancien chef de l’Etat (2007-2012), de droite, peut cependant ressortir de l’audition sous le simple statut intermédiaire de « témoin assisté ». L’enquête Bygmalion, du nom de la société qui organisait ses meetings de campagne, porte sur un système de fausses factures pour cacher une explosion du plafond légal des dépenses pour la présidentielle, fixé à 22,5 millions d’euros.

Ces fausses factures auraient eu pour objet d’imputer au parti de droite UMP (rebaptisé récemment Les Républicains) quelque 18,5 millions d’euros de dépenses qui auraient dû rentrer dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy.

Plusieurs cadres de la société Bygmalion, son comptable, ainsi que certains ex-responsables de l’UMP, ont reconnu l’existence de cette fraude, mais aucun protagoniste n’a mis en cause Nicolas Sarkozy pour l’avoir décidée ou en avoir eu connaissance.

Amnésie et relativisation
L’enquête montre cependant que l’ex-président a demandé et obtenu plus de meetings, vers la mi-mars 2012. Or, son directeur de campagne, Guillaume Lambert, a déclaré aux policiers qu’il l’avait informé d’une note de l’expert-comptable pointant un risque de dépassement du plafond et interdisant toute dépense supplémentaire.

Entendu par les enquêteurs en septembre 2015, Nicolas Sarkozy a assuré ne pas s’en souvenir et a relativisé le coût que pouvaient engendrer les événements ajoutés. « L’argument d’une campagne qui dérape est une farce », a-t-il affirmé. Il a renvoyé la responsabilité des fausses factures sur l’entreprise Bygmalion et l’UMP dirigée alors par Jean-François Copé.

Ce dernier a été placé sous le statut de témoin assisté, échappant à une mise en examen (inculpation). Mais depuis, l’enquête s’est élargie à des dépenses qui n’ont rien à voir avec la société de communication fondée par des proches de M. Copé.

Treize inculpations
Les juges s’interrogent notamment sur une ligne « présidentielle » dans le budget 2012 du parti, indiquant 13,5 millions d’euros de dépenses engagées, alors que trois millions d’euros seulement ont été communiqués dans le compte de campagne. Trains, salles de meetings, tracts, sondages: les enquêteurs ont remonté la trace de nouvelles factures oubliées, qui apparaissent dans les comptes de l’UMP mais pas dans le compte de campagne.

Les juges ont jusqu’à présent inculpé treize anciens responsables de l’UMP, de la campagne présidentielle ou de Bygmalion. L’enquête est ouverte pour faux, abus de confiance, escroquerie et financement illégal de campagne électorale.

Romandie.com

Affaire Bygmalion: trois anciens cadres de l’UMP mis en examen

octobre 4, 2014

Les trois anciens cadres de l’UMP interpellés jeudi dans l’enquête sur l’affaire Bygmalion ont été mis en examen samedi à Paris, a confirmé une source judiciaire. Un système de fausses factures aurait été mis en place lors de la campagne présidentielle de 2012 de l’ancien chef de l’Etat Nicolas Sarkozy.

Eric Cesari, surnommé « l’oeil de Sarko » à l’UMP, l’ex-directrice des affaires financières du parti, Fabienne Liadzé, et son ex-directeur de la communication, Pierre Chassat, sont mis en examen pour les chefs d’accusation de faux et usage de faux et d’abus de confiance, selon cette source. Ils ont également été placés sous contrôle judiciaire avec interdiction d’entrer en contact avec d’autres protagonistes du dossier.

Me Benoît Goulesque-Monaux, avocat de Pierre Chassat, a quitté le pôle financier du tribunal de grande instance de Paris sans faire de commentaire. Auparavant, Me Solange Doumic, conseil de Fabienne Liadzé, a assuré que sa cliente n’avait « commis aucune infraction » et « a répondu volontiers à toutes les questions » des enquêteurs.

Trois cadres de la société
Mercredi, trois anciens cadres de la société Bygmalion ont déjà été mis en examen dans ce dossier. Bastien Millot et Guy Alvès, les deux fondateurs de cette société de communication, sont poursuivis pour « complicité de faux et complicité d’usage de faux », tandis que Franck Attal, l’ex-patron de la filiale événementielle de Bygmalion, Event & Cie, est mis en examen pour « faux et usage de faux ».

Le parquet de Paris a ouvert en juillet une information judiciaire sur ce système présumé de fausses factures destiné à couvrir les dépassements des frais de campagne de l’ancien chef de l’Etat.

Romandie.com