Des membres des forces de sécurité près de l’église où a éclaté un incendie qui a fait au moins 41 morts. Photo : Reuters/Mohamed Abd El Ghany
Un incendie déclaré dimanche au beau milieu d’une messe dans une église d’un quartier populaire du Caire a fait 41 morts, endeuillant la plus importante communauté chrétienne du Moyen-Orient avec 10 à 15 des 103 millions d’Égyptiens.
Le climatiseur d’une salle de classe au deuxième étage du bâtiment où se trouve l’église est tombé en panne et a dégagé une grande quantité de fumée, qui a été la cause principale des blessures et des décès
, explique le ministère de l’Intérieur.
Un mur de l’église Abou Sifine où un incendie meurtrier s’est déclaré dimanche, tuant au moins 41 personnes. Photo : Reuters/Mohamed Abd El Ghany
L’église Abou Sifine – nommée d’après le saint Mercure de Césarée, révéré par les coptes – est en effet coincée dans une ruelle étroite du quartier populaire d’Imbaba.
L’un des camions de pompiers qui s’y activaient dimanche encombrait d’ailleurs quasiment toute la largeur de la rue de ce secteur densément peuplé de la rive gauche du Nil.
L’église est au rez-de-chaussée d’un immeuble, séparé d’à peine quelques mètres par un vis-à-vis, surmonté d’une croix et abritant également un centre de services sociaux, a constaté un photographe de l’AFP sur place.
Pour Reda Ahmed, habitant du quartier et voisin de l’église, les voisins se sont organisés pour aller chercher les enfants
.
Mais, a-t-il encore raconté à l’AFP, ceux qui revenaient ne pouvaient plus y retourner, car l’incendie était trop important
. Le feu a été plus tard maîtrisé, selon les autorités.
Un peu plus loin, le père Farid Fahmy, religieux officiant à l’église voisine de Mar Yemina, affirme que le feu est parti en raison d’un générateur qui s’est mis en route après une coupure d’électricité et a subi une surcharge
.
Le parquet a annoncé avoir ouvert une enquête et envoyé sur place une équipe, tandis que le ministère de la Santé a indiqué avoir dépêché plusieurs dizaines d’ambulances.
Très rapidement, le président Abdel Fattah al-Sissi a annoncé avoir mobilisé l’ensemble des services de l’État pour que toutes les mesures soient prises
.
M. Sissi a également annoncé avoir présenté ses condoléances par téléphone
au pape copte Tawadros II, à la tête de la communauté chrétienne d’Égypte depuis 2012.
Depuis lors, l’église copte orthodoxe s’est affichée davantage sur la scène politique, sous la direction de Tawadros II, partisan proclamé de M. Sissi, premier président d’Égypte à assister chaque année à la messe de Noël copte alors que ses prédécesseurs dépêchaient des représentants.
Des membres des services de sécurité près de l’église où s’est déclaré l’incendie. Photo : Reuters/Mohamed Abd El Ghany
Dans la mégalopole tentaculaire du Caire, où des millions d’Égyptiens vivent dans des quartiers informels, les incendies accidentels ne sont pas rares. Plus généralement, les différentes provinces d’Égypte, dotée d’infrastructures vétustes et mal entretenues, connaissent régulièrement des incendies meurtriers.
Lundi déjà, une église avait pris feu à Heliopolis, quartier cossu de l’est du Caire, sans faire de mort ou de blessé.
En mars 2021, au moins 20 personnes avaient péri dans l’incendie d’une usine textile dans la banlieue est du Caire. En 2020, deux incendies dans des hôpitaux avaient coûté la vie à 14 patients atteints de la COVID-19.
Bien que nombreux, les coptes s’estiment tenus à l’écart de nombreux postes dans la fonction publique et déplorent une législation très contraignante pour la construction des églises et beaucoup plus libérale pour les mosquées.
Le sujet est sensible et le militant copte des droits de la personne Patrick Zaki a récemment passé 22 mois en détention pour diffusion de fausses informations
à cause d’un article dénonçant des violations des droits des chrétiens en Égypte.
Les coptes ont subi les représailles d’islamistes, notamment après le renversement par M. Sissi en 2013 du président islamiste Mohamed Morsi, avec des églises, des écoles et des maisons incendiées.
M. Sissi a récemment nommé pour la première fois de l’histoire un juge copte à la tête de la Cour constitutionnelle.
Par Radio-Canada avec Agence France-Presse