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RDC – Martin Fayulu : « Félix Tshisekedi va devoir partir »

novembre 1, 2022

Risque de glissement du calendrier électoral, potentielles alliances, hypothétique dialogue… De passage à Paris, l’opposant, qui retentera sa chance lors des prochaines élections, s’est confié à Jeune Afrique. Rencontre avec un homme revanchard.

Martin Fayulu, président du parti Engagement pour la citoyenneté et le développement, à Paris, le 28 octobre 2022. © Vincent Fournier pour JA

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) a beau ne pas avoir encore publié son calendrier, Martin Fayulu sait déjà à quoi s’en tenir. « Le 23 janvier 2024, à minuit, Félix Tshisekedi devra prendre ses cliques et ses claques et partir”, lance-t-il, déterminé, dans le salon d’un hôtel parisien. Après avoir passé quatre ans à revendiquer la victoire à la dernière élection présidentielle, Fayulu renfile ses habits de candidat.

Investi par son parti, l’Engagement pour la citoyenneté et le développement (ECiDé) en juillet dernier, l’ancien porte-étendard de la plateforme d’opposition Lamuka est à Paris pour quelques jours. Une visite familiale puisque l’un de ses fils réside en région parisienne, mais surtout politique. Il vient notamment poursuivre la tournée médiatico-diplomatique de ces derniers mois aux États-Unis, au Canada et en Belgique. « J’ai vu des élus américains, je suis allé au Département d’État à Washington, au ministère des Affaires étrangères au Canada. J’ai également rencontré des députés canadiens », énumère-t-il, convaincu que ses « interlocuteurs regrettent aujourd’hui d’avoir pris acte de l’élection de Félix Tshisekedi ». « On le sent dans leur attitude, même s’ils ne le disent pas clairement avec des mots. »

« Les élections en décembre 2023, c’est un must »

Pas question pour autant, en cette fin d’octobre, de s’étendre sur le respect de la « vérité des urnes », qui a été son cheval de bataille ces dernières années. Non pas que la revendication ait disparu – il ne manque d’ailleurs jamais l’occasion de rappeler que les résultats compilés par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) le donnaient vainqueur. Mais l’actualité impose d’autres priorités.

Il y a d’un côté le conflit en cours entre la RDC et le Rwanda autour de la résurgence du M23 et les accusations répétées de Tshisekedi à l’encontre de son homologue Paul Kagame. « Aujourd’hui, il est tellement flagrant que la RDC est agressée par le Rwanda que Félix Tshisekedi n’a d’autre choix que de rejoindre notre position », tacle d’entrée Fayulu, qui affirme tenir le discours actuel du chef de l’État depuis « plus de dix ans ».

De l’autre, il y a la préparation de cette élection aux allures de revanche, prévue pour décembre 2023 mais sur laquelle plane le spectre d’un glissement du calendrier. « Les élections en décembre 2023 sont une obligation, un must », rétorque immédiatement cet ancien cadre de la compagnie pétrolière américaine ExxonMobil.

LE MANDAT, C’EST CINQ ANS. PAS CINQ ANS PLUS UNE SECONDE

Qu’importe le discours rassurant du gouvernement, dont le porte-parole, Patrick Muyaya, a encore réaffirmé que « l’organisation des élections [était] une question de conviction et pas une obligation ». Martin Fayulu n’y croit pas. « À un moment donné, on vous dira que l’on n’a pas pu, malgré toute notre bonne volonté, les tenir à temps, à cause de l’état de siège ou de la guerre avec Kagame… Ce sont des stratégies pour gagner du temps, estime-t-il. La Constitution fixe le mandat à cinq ans. Pas cinq ans plus une seconde, cinq ans. »

La Ceni s’est engagée à publier son calendrier en novembre et promet, malgré des alertes régulières sur des difficultés de financement, de mener les activités d’enrôlement dans un délai raccourci. Mais à un peu plus d’un an de la date butoir, la perspective d’un glissement est prise très au sérieux, tant au sein de la classe politique que par les chancelleries. Certains parient sur un report de six mois, d’autres de huit. Les plus pessimistes évoquent un délai qui pourrait dépasser un an. Et l’opposition est à l’affût du moindre faux pas.

« Beaucoup de gens sont responsables de la situation dans laquelle nous nous trouvons », affirme Fayulu. Déterminé à défendre son bilan d’opposant – lui préfère dire qu’il fait de la « résistance » –, il énumère ses différentes initiatives : « Le 8 février 2019, j’avais déjà fait une proposition concrète à l’Union africaine. Le 10 mai 2019, j’ai fait une autre proposition de sortie de crise en plaidant pour la mise en place d’un haut conseil de réformes institutionnelles. J’ai réitéré cette proposition le 4 novembre 2019. À chaque fois, personne ne m’a suivi. » « Martin Fayulu ne reconnaît pas les institutions, mais il faudrait qu’on écoute et que l’on soutienne chaque nouvelle proposition qu’il formule », assène l’un de ses anciens alliés qui a rallié la majorité.

« L’Église a cassé le bloc patriotique »

Mais Martin Fayulu ne cherche-t-il pas aussi à se positionner en fer de lance d’une opposition pour l’instant éparpillée ? Candidat surprise de Lamuka en 2018, il a longtemps ressassé la « trahison » de janvier 2019. Celle de la Ceni et de la Cour constitutionnelle, qu’il accuse de l’avoir privé de « sa » victoire. Celle des diplomates qui ont pris acte d’un scrutin controversé ayant toutefois abouti à la première transition pacifique en RDC. Pendant près de quatre ans, il s’est donc attaché à rester au centre du jeu pour capitaliser sur ce statut « d’opposant numéro un ». Mais cela n’a pas été évident. Antipas Mbusa Nyamwisi et Freddy Matungulu ont quitté Lamuka dès 2019. Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba ont ensuite rejoint l’Union sacrée, fin 2020, après la rupture de l’alliance entre Tshisekedi et Joseph Kabila.

Fayulu, lui, a longtemps résumé ces bouleversements politiques à de simples « stratagèmes [de Félix Tshisekedi] pour se maintenir au pouvoir », préférant se démener sur le terrain des réformes électorales et de la Ceni. Fin octobre 2021, il s’est même investi au sein d’un « bloc patriotique » avec des représentants du Front commun pour le Congo (FCC, la coalition de Joseph Kabila). Une marche sera organisée le 13 novembre suivant. Mais la mobilisation finira par s’essouffler.

« Félix Tshisekedi a pris peur. Il a envoyé les présidents des deux chambres du Parlement, le Premier ministre et François Beya [alors conseiller en sécurité] chez le cardinal Ambongo avant de recevoir les évêques de la Cenco », se souvient l’opposant. « Je ne sais pas ce qu’il leur a dit mais Mgr Utembi [le président de la Cenco] est sorti de là en déclarant qu’il fallait aller de l’avant”, regrette Fayulu, qui accuse l’Église catholique d’avoir « cassé le bloc patriotique ».

Vive contestation

Si la mobilisation face à Denis Kadima a faibli au sein de l’opposition, la composition des bureaux respectifs de la Ceni et de la Cour constitutionnelle, accusés de servir les intérêts du pouvoir, fait toujours l’objet d’une vive contestation, sans que cela ne débouche pour l’instant sur un quelconque dialogue. La perspective d’un glissement pourrait-elle pousser dans cette direction ? En cas d’empêchement du président, la Constitution prévoit que le président du Sénat – en l’occurrence Modeste Bahati Lukwebo – prenne en charge la gestion de la transition et l’organisation, dans les 90 jours, des élections.

« Nous, nous pensons que le président du Sénat ne doit pas gérer cette transition, car il appartient au camp du pouvoir. L’Union sacrée, le FCC, Lamuka et la société civile doivent se mettre à la même table pour s’entendre sur une personnalité de la société civile », explique Fayulu. Une perspective évidemment bien éloignée des positions du gouvernement, qui affirme ne pas envisager de report. « Nous ne faisons pas dans la politique-fiction. Les élections seront tenues dans les délais. Martin Fayulu peut donc dialoguer avec lui-même », balaie un ancien allié de l’opposition qui lui reproche de « s’isoler ».

S’il semble s’étonner lorsqu’on lui énumère la liste des candidats déjà investis ou sur le point de se déclarer, Martin Fayulu se dit en tout cas sûr de sa force. « Nous étions 21 en 2018 et 33 en 2006, rappelle-t-il. Dans le lot, il n’y avait quasiment que des candidats [qui ont enregistré] entre 0 % et 1 %. Aujourd’hui, nous sommes trois ou quatre à pouvoir peser. » Il évoque aussi des « manœuvres du pouvoir pour soutenir et pousser des candidats », sans toutefois préciser les noms de ceux qu’il vise. “N’est pas candidat qui veut. En 2011, vous pensez sérieusement que Vital Kamerhe pensait pouvoir être élu alors qu’Étienne Tshisekedi crevait le plafond ? »

« Encore une question d’ego »

Reste que la multiplication des candidatures dans une élection à un seul tour ne joue pas en faveur de l’opposition. En 2018, celle-ci avait réussi à s’asseoir à une même table à Genève. Difficile pour l’instant d’envisager un renouvellement de l’expérience. « Personnellement, je suis d’accord avec l’idée d’organiser un Genève bis. Lors du congrès qui m’a désigné candidat, nous avons pris trente résolutions, dont une qui autorise que l’on s’associe à quelqu’un qui regarde dans la même direction que soi », admet Fayulu. « Au final, comme à Genève, cela sera une question d’ego, estime un opposant congolais présent à l’époque. Qui acceptera à nouveau de se ranger derrière l’autre ? »

Les pistes d’alliances ne sont pas nombreuses. Ces derniers mois, Martin Fayulu a rencontré à deux reprises l’ancien Premier ministre de Joseph Kabila, Matata Ponyo Mapon, candidat sous l’étiquette de son nouveau parti, Leadership et Gouvernance pour le développement. Fayulu reconnaît qu’un rapprochement est possible. « Il m’a parlé de son appartenance à l’opposition. S’il voit dans Lamuka quelque chose qui peut lui correspondre, nous avons des structures au sein de la coalition pour trancher sur cette question », ajoute-t-il.

Quid de Denis Mukwege, Nobel de la Paix 2018 dont certains soutiens poussent en coulisses pour une candidature en 2023 ? « Évidemment qu’il entre dans la liste des candidats potentiels. Il fait des choses énormes pour ce pays », reconnaît Fayulu, qui entretient de bonnes relations avec le célèbre médecin mais n’envisage pas, pour le moment, de se ranger derrière quelqu’un d’autre. « Je ne peux pas décider à la place du peuple qui m’a désigné candidat, conclut-il. N’est-ce pas Félix Tshisekedi qui disait, en novembre 2018 à Genève, que le changement [s’appelait] Fayulu ? »

Avec Jeune Afrique par Romain Gras

RDC: La Conférence épiscopale contre toute tentative de glissement du calendrier électoral

décembre 6, 2015

rdc

 L’Église toujours fidèle à elle-même

Dans une allocution radiotélévisée prononcée le week-end dernier, le chef de l’Etat congolais, Joseph Kabila, a fait part à ses compatriotes, de son intention d’ouvrir un dialogue politique national et inclusif autour de la question électorale afin d’aplanir les divergences profondes qui sont en train de ronger la cohésion nationale.

En cas de difficulté majeure à l’interne, pouvant compromettre ces pourparlers, il a annoncé que ce dialogue pourrait faire l’objet d’une co-facilitation internationale. Mais d’ores et déjà, une partie de l’opposition, réunie au sein  des Forces acquises au changement (FAC), a annoncé qu’elle refusait de participer à un tel dialogue dont le but inavoué, selon elle, est d’aboutir à un glissement du calendrier électoral, qui ouvrirait la voie à un maintien au pouvoir de Joseph Kabila au-delà de son deuxième et dernier mandat constitutionnel en 2016.

Sous d’autres cieux, l’Eglise catholique s’est aussi illustrée par les mêmes prises de position tranchées et courageuses

De son côté, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), qui ne fait pas mystère de son opposition au prolongement du mandat du président Kabila, n’est pas passée par quatre chemins pour appeler ce dernier au strict respect de la Constitution et à «la tenue d’élections libres et transparentes dans les délais constitutionnels ».

Dans le communiqué qu’elle a produit à cet effet, la Cenco appelle même le peuple congolais à la vigilance dans l’esprit de l’article 64 de la Constitution qui prévoit que « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou tout groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ». Si ce n’est pas un appel à la désobéissance civile du reste prévue par la Constitution, cela y ressemble fort. Toutefois, le moins que l’on puisse dire, c’est que par cette sortie tonitruante et pleine de fermeté, l’Eglise catholique reste fidèle à elle-même en s’impliquant de façon ouverte dans le débat politique. Cela n’est pas étonnant, quand on sait que sous d’autres cieux, cette Eglise s’est aussi illustrée par ces mêmes prises de position tranchées et courageuses lorsque la situation l’exigeait.

En RDC  comme ailleurs, elle a toujours montré sa capacité à s’assumer jusqu’au bout, après avoir pris le parti du peuple au détriment de la dictature. Elle a toujours su être en parfaite harmonie avec elle-même, ses principes et sa philosophie, en tant qu’autorité morale soucieuse de l’édification d’une société d’équité et de justice. Cette constance et cette cohérence en font l’un des partenaires privilégiés des peuples africains en lutte pour plus de démocratie et de liberté, et jamais elle n’a failli à cette mission. Cela est heureux, parce que dans cette forêt de dictatures sur le continent, il faut bien une telle autorité morale capable de recadrer les choses pour ne pas laisser les peuples à la merci de despotes indécrottables et malicieux seulement guidés par la boulimie du pouvoir et qui n’hésitent pas à user de toutes sortes d’artifices et de subterfuges pour parvenir à leurs fins.

Dans le cas de la République démocratique du Congo, la volonté du président Joseph Kabila de se maintenir coûte que coûte au pouvoir est de plus en plus manifeste. Même si l’intéressé n’a pas encore totalement tombé le masque, son attitude laisse peu de place au doute quant à sa volonté de rester à la tête de l’Etat congolais au-delà de ses deux mandats constitutionnels.

Dans ces conditions, comment ne pas penser, avec ses contempteurs, que toute cette agitation n’est en réalité qu’une mise en scène dont le seul but est d’arriver à contourner les dispositions constitutionnelles qui l’empêchent de briguer un troisième mandat ? Sinon, à quelque 13 mois de la fin de son mandat, quelle est l’opportunité d’organiser un tel dialogue qui ne s’impose pas ? Tout cela ne participe à vrai dire que d’une stratégie de confiscation du pouvoir par ses tenants actuels.

En tout cas, sur la question, l’on peut dire que l’opposition congolaise réunie au sein des FAC, est sur la même longueur d’onde que l’Eglise catholique.  Et elle devrait continuer la résistance en évitant de se livrer pieds et poings liés dans un pseudo- dialogue, à Kabila visiblement gêné aux entournures, apparemment cerné de toutes parts et en quête de sursis.

Il faut craindre que l’opposition se laisse avoir

En tout cas, à l’opposé de son homologue brazzavillois qui a pratiquement bénéficié de l’onction de Paris pour opérer sa forfaiture, Joseph Kabila ne semble pas pouvoir jouer librement à son jeu de cache-cache avec son peuple. Il lui semble aussi difficile de compter sur le soutien des démocraties occidentales pour réaliser son funeste projet.

En tout cas, pas le soutien de l’ancienne puissance colonisatrice, la Belgique, encore moins celui des Etats-Unis, dont la présence est fortement marquée dans ce pays depuis longtemps et qui a toujours affiché son hostilité  à tout brigandage constitutionnel.

Malgré tout, il faut craindre que l’opposition se laisse avoir, notamment la partie qui semble favorable à ce dialogue. Et c’est Kabila qui s’en frotterait les mains, à l’image de ses pairs Nkurunziza au Burundi et Sassou Nguesso au Congo.

Tout le malheur de bien des pays du continent, c’est d’avoir à leur tête d’anciens soldats  parvenus au pouvoir par la force des armes, qui s’érigent toujours en  redoutables prédateurs de la démocratie, décidés à ramer à contre-courant de l’histoire et qui se dressent comme des brise-vents de l’alternance qui souffle sur le continent. Il appartient dès lors aux peuples africains de prendre leurs responsabilités pour se libérer du joug de ces oppresseurs qui poussent le cynisme jusqu’à prétendre agir au nom du peuple et selon les désirs du peuple.

Le Pays.bf

RDC: l’Eglise catholique espère arriver à un « consensus » sur le calendrier électoral

juin 1, 2015

RDC: l'Eglise catholique espère arriver à un 'consensus' sur le calendrier électoral
RDC: l’Eglise catholique espère arriver à un « consensus » sur le calendrier électoral © AFP

L?Église catholique en République démocratique du Congo (RDC) a souhaité lundi que le dialogue national que prépare le président Joseph Kabila débouche sur un « consensus » autour du calendrier électoral, que l’opposition juge trop serré pour être tenu.

« Pour les évêques, il est impérieux, pour le moment, d’avoir un consensus sur le calendrier électoral (. . . ) promulgué par la Céni », la Commission électorale nationale indépendante, a déclaré l’abbé Léonard Santedi, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).

Le prélat s’exprimait au sortir d’un entretien que des évêques ont eu avec M. Kabila, au premier jour d’une série de consultations qu’il mène pour définir les contours d’un dialogue national pouvant permettre l’organisation d’élections apaisées.

Le 12 février, la Céni avait publié le calendrier d’un cycle de scrutins qui s’achèvera en novembre 2016 par la présidentielle et les législatives. Pour l’opposition, ce calendrier est trop serré, « irréaliste » et menace de prolonger illégalement le mandat du chef de l?État.

« Tout dialogue doit se faire dans le respect (. . . ) de la Constitution et surtout des délais constitutionnels en ce qui concerne l’organisation des scrutins », et il faut créer un « climat de confiance » nécessaire pour « réussir le processus électoral », a insisté l’abbé Santedi.

Le climat s’est fortement crispé ces derniers mois dans le pays, l’opposition, ainsi qu’une partie de la majorité et de la société civile, s’opposant au maintien au pouvoir du président Kabila, à qui la constitution interdit de briguer un troisième mandat.

En janvier, entre 27 et 42 personnes, selon les sources, ont été tuées lors de manifestations dénonçant un projet de loi électorale qui conditionnait la présidentielle à un recensement, ce qui aurait pu permettre à M. Kabila de rester au pouvoir au-delà du terme de son mandat.

Le 15 mars, des militants congolais, trois activistes du Sénégal et un du Burkina Faso avaient été arrêtés après une conférence sur la bonne gouvernance et la démocratie. Les accusant de préparer des « actes de violences », Kinshasa a expulsé les étrangers mais maintient en détention deux Congolais.

Le président Kabila a également reçu lundi les représentants de l’Armée du salut et des religions protestante, kimbanguiste et musulmane.

Dans la semaine, il doit rencontrer d’autres religieux, des partis politique, la société civile et des diplomates.

Jeuneafrique.com

RDC : l’opposition exige un nouveau calendrier électoral

mars 3, 2015

Le président Kabila est soupçonné de vouloir aller au-delà du terme de son dernier mandat.
Le président Kabila est soupçonné de vouloir aller au-delà du terme de son dernier mandat. © AFP

Des élus de l’opposition congolaise ont déposé mardi à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) de la République démocratique du Congo une proposition de calendrier pour les scrutins à venir. Ils estiment qu’en l’état actuel des choses, le chef de l’État Joseph Kabila pourrait rester au pouvoir au-delà du terme de son second mandat, fin 2016.

L’opposition congolaise, qui soupçonne le président Joseph Kabila de vouloir se maintenir au pouvoir au-delà de 2016, a déposé mardi à la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) sa proposition de calendrier pour les scrutins à venir, estimant que celui qui a été établi est impossible à tenir. Le vice-président de l’organisme de contrôle des élections a reçu la délégation d’au moins 25 personnes et aurait promis de soumettre à la plénière ce document.

Le 12 février dernier, la Ceni avait en effet publié un calendrier électoral global très attendu, indiquant que la présidentielle et les législatives se dérouleront le 27 novembre 2016. Sur ce point l’opposition n’a rien trouvé à redire. En revanche, la commission électorale prévoit également la tenue, courant 2015 et 2016, d’élections locales jugées complexes car jamais organisées auparavant. L’opposition estime qu’elles pourraient retarder le calendrier global de la Ceni, risquant ainsi de prolonger illégalement le mandat du président Joseph Kabila qui prend fin en 2016.

« Pour une programmation rationnelle »

Dans une déclaration commune, l’opposition, la société civile et la « diaspora » plaident ainsi « pour une programmation rationnelle ». Ils exigent que les élections présidentielle et législatives obéissent aux contraintes de la Constitution en ce qui concerne les délais et qu’elle soient tenues en 2016. Les élections locales (chefferies et secteurs), municipales et urbaines, quant à elles, doivent être reportées, selon eux.

Le texte des opposants ajoute également que les élections des députés provinciaux, gouverneurs, vice-gouverneurs et sénateurs sont prioritaires parce qu’elles ont été suspendues au cours du cycle électoral 2011-2016 et doivent être organisées en 2015.

Interrogé par l’AFP, Jean-Marie Ingele Ifoto, chef de la délégation de l’opposition, estime que « la Ceni doit contribuer à la bonne marche de son institution, qu’elle soit à l’écoute de l’opposition et de la société civile, qui ont qualifié son calendrier d’incohérent et irréaliste, et qui ne peut pas nous amener à des élections apaisées ». Il a par ailleurs assuré qu’une copie du calendrier serait remise mercredi matin à la Mission de l’ONU en RDC (Monusco), qui sera un partenaire dans l’organisation des élections.

Un membre important de la majorité soutient le report des élections locales

La proposition de réaménagement du calendrier électoral est également soutenue par certains membres de la majorité. Lutundula Apala, ancien vice-président de l’Assemblée nationale, préconise lui aussi le report des élections locales. Il réclame en effet dans un long communiqué que l’on rende le calendrier électoral « plus réaliste, plus rationnel, plus opérationnel et plus efficace ». Invoquant les raisons budgétaires, sécuritaires et politiques qui pourraient empêcher le bon déroulement des élections, le député tire la conclusion « qu’il est indispensable de les reporter car il n’y a ni péril dans la demeure ni appel en urgence du peuple congolais à ce sujet ».

Dans une déclaration publiée mardi, le Réseau national des ONG des droits de l’Homme de la RDC (Renadhoc) demande de leur coté aux partenaires bilatéraux et multilatéraux de la RDC de s’engager fortement dans le « monitoring » et l’encadrement de la situation préélectorale afin d’éviter tout dérapage qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur le processus de démocratisation, sur les droits de l’homme mais aussi sur la paix et la sécurité, non seulement en République démocratique du Congo mais aussi au niveau de la région des Grands Lacs.

Du 19 au 22 janvier, principalement à Kinshasa, des manifestations violentes avaient fait entre 27 et 42 morts. Les émeutiers dénonçaient un projet de loi électorale qui aurait pu permettre au chef de l’État de rester au pouvoir au-delà du terme de son second mandat, fin 2016.

Jeuneafrique.com avec AFP

RDC : les Nations unies prêtes à soutenir des élections « libres »

février 14, 2015

Martin Kobler (g) et des officiers à Beni, le 23 octobre 2014.
Martin Kobler (g) et des officiers à Beni, le 23 octobre 2014. © AFP

Les Nations unies ont dit vendredi leur « engagement » à soutenir financièrement des élections « libres » en République démocratique du Congo au lendemain de la publication d’un calendrier électoral fixant à novembre 2016 la date de la prochaine présidentielle.

« Je réitère l’engagement des Nations unies à soutenir la RDC pour la tenue d’élections libres, démocratiques et transparentes », déclare Martin Kobler, chef de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) dans un communiqué. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a publié jeudi un « calendrier électoral global » très attendu dans un contexte d’intense crispation politique, qui fixe la date de la prochaine présidentielle au 27 novembre 2016.

Ce scrutin, s’il a lieu, pourrait marquer la première transition démocratique du pouvoir depuis que la RDC a pris son indépendance de la Belgique en 1960. M. Kobler « encourage l’ensemble des acteurs nationaux et internationaux impliqués dans le processus électoral à tout mettre en oeuvre pour [permettre] l’exécution dudit calendrier ».

Plusieurs « contraintes »

La Céni a averti que la tenue de la présidentielle et des scrutins prévus avant elle dépendait de plusieurs « contraintes » liées notamment au décaissement des quelque 1,1 milliard de dollars dont elle estime avoir besoin pour organiser pas moins de sept élections (dont trois au scrutin indirect) en moins de deux ans. Après les violences meurtrières provoquées en janvier par l’examen de la nouvelle loi électorale – finalement adoptée le 25 janvier – la mise en oeuvre effective du calendrier de la Céni sera au coeur des enjeux politiques des mois à venir.

La RDC traverse une crise politique depuis la réélection du président Joseph Kabila, au pouvoir depuis 2001, à l’issue d’un scrutin marqué par des irrégularités massives. Aucune élection n’a eu lieu depuis lors. L’opposition soupçonne M. Kabila, âgé de 43 ans et à qui la Constitution interdit de se représenter en 2016, de chercher à retarder la présidentielle pour rester à son poste au-delà du terme de son mandat, et accuse la Céni d’être inféodée au pouvoir.

Calendrier « irréaliste »

Pour Samy Badibanga, chef du groupe parlementaire UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social, premier parti de l’opposition à l’Assemblée nationale), le calendrier de la Céni est tout simplement « irréaliste » compte tenue du temps imparti pour organiser les élection prévues et des moyens financiers du pays. Pour 2015, le budget de l’Etat s’établit à environ 9 milliards de dollars.

Le rapporteur de la Céni, Jean-Pierre Kalamba, a assuré au contraire jeudi que le « calendrier était [faisable], pourvu que les fonds soient libérés » à temps, et a appelé la communauté des donateurs étrangers à jouer « aussi sa part ».

Jeuneafrique.com avec AFP