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Canada-Ottawa/Convoi des camionneurs : « Il faisait trop froid, et c’était trop »

octobre 28, 2022

L’ex-chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, craque en plein interrogatoire devant la commission Rouleau.

Peter Sloly séchant ses larmes à la barre des témoins.

Sous le coup de l’émotion, l’ex-chef Peter Sloly a déclaré que les officiers du SPO « ont fait de leur mieux » pendant l’occupation du centre-ville d’Ottawa, l’hiver dernier, ajoutant qu’il était reconnaissant pour leur travail. Photo: Radio-Canada/Sean Kilpatrick

Même si le Service de police d’Ottawa (SPO) avait pris en considération tous les indices laissant entendre que la manifestation des camionneurs avait le potentiel de dégénérer et de se transformer en occupation prolongée, il aurait été incapable de l’empêcher par manque de ressources, estime son ancien chef, Peter Sloly.

Pour verrouiller la ville, fermer les bretelles d’autoroutes et bloquer les ponts interprovinciaux, le SPO aurait eu besoin d’au moins 2000 agents supplémentaires, a précisé M. Sloly vendredi matin devant la Commission d’enquête sur l’état d’urgence.

Il faisait trop froid, et c’était trop, a-t-il déclaré, ému, après avoir interrompu son témoignage pendant quelques secondes, le temps de reprendre ses esprits.

Dans le contexte, ses policiers ont fait de leur mieux, a insisté M. Sloly, déplorant du même souffle que l’opinion publique se soit rapidement retournée contre le SPO dans les jours ayant suivi le début de l’occupation du centre-ville d’Ottawa.

L’ex-chef de police, qui avait vite déclaré qu’il n’y aurait probablement pas de solution policière à la crise, a cependant convenu avoir contribué à l’impression que son service avait capitulé. Ça a pu donner l’impression qu’on avait baissé les bras, je ne remets pas cela en doute, a-t-il reconnu.

Avec le recul, M. Sloly – qui a quitté ses fonctions le 15 février, soit au lendemain de l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence – juge que les autorités fédérales auraient dû s’impliquer davantage dans la planification de la manifestation.

Les rapports sur la gestion de la menace à laquelle nous faisions face venaient de la Police provinciale de l’Ontario, a-t-il expliqué. À ce jour, j’ai encore une question : « Pourquoi n’ai-je pas reçu de telles informations, de la qualité de celles que je recevais de la PPO, mais de nos partenaires fédéraux, et ce, sur une base régulière? »

Dès le départ, il s’agissait, dit-il, d’un événement d’envergure nationale, puisque les camions arrivaient tout autant de l’Ouest canadien que du sud de l’Ontario, du Québec et des Maritimes.

Des agents entourés de manifestants bien emmaillotés.

Les policiers d’Ottawa, a souligné M. Sloly vendredi, ont travaillé dans des conditions particulièrement difficiles, l’hiver dernier, pendant l’occupation du centre-ville d’Ottawa. Photo : Radio-Canada/Ivanoh Demers

Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février 2022 pour mettre fin à un rassemblement réunissant des camionneurs et d’autres manifestants opposés aux mesures sanitaires liées à la COVID-19, qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa du samedi 29 janvier au dimanche 20 février.

Cette loi – adoptée en 1988 pour succéder à la Loi sur les mesures de guerre – prévoit notamment qu’une enquête publique doit a fortiori se pencher sur les circonstances ayant mené les autorités à prendre une telle décision.

L’ex-chef Sloly, qui a été remplacé de façon intérimaire par Steven (Steve) Bell, devrait témoigner toute la journée et revenir à la barre lundi pour les contre-interrogatoires.

Sa comparution a été jusqu’ici l’occasion de souligner une fois de plus la confusion qui régnait à l’époque dans la structure de commandement du SPO et sur le manque de coordination entre l’équipe de liaison avec les manifestants et celle du maintien de l’ordre public.

Elle intervient après deux semaines d’audiences presque entièrement consacrées aux points de vue policiers sur la crise. Des organisateurs du convoi seront entendus après lui.

Le fil des événements de plus en plus clair

Les témoignages recueillis par la Commission jusqu’à maintenant ont notamment permis de comprendre que le service de police municipal n’a pas tenu compte des alertes lancées par les hôteliers et le service du renseignement de la PPO laissant entendre que le convoi pourrait rester à Ottawa plus longtemps que prévu.

Le SPO a effectivement erré dans sa lecture des événements, a reconnu la semaine dernière sa cheffe adjointe par intérim, Patricia (Trish) Ferguson, et les policiers ont été pris de court lorsque les camionneurs ont cessé de collaborer avec eux, a raconté lundi Steven Bell.

Résultat : la police locale a rapidement perdu la confiance du gouvernement Trudeau. Pour sortir de la crise, le fédéral a songé à rencontrer les organisateurs du convoi, mais cette rencontre n’a jamais eu lieu. La Loi sur les mesures d’urgence a finalement été invoquée le 14 février.

Des témoins, comme le chef surintendant à la retraite Carson Pardy, de la PPO, ont toutefois déclaré à la Commission qu’ils auraient pu s’en passer. Le convoi, qui a été démantelé à partir du 18 février, l’aurait été de toute façon, a renchéri un autre officier de la police provinciale, jeudi.

Encore quatre semaines d’audiences

Outre des policiers, la Commission présidée par le juge Paul Rouleau a entendu depuis le début des audiences, le 13 octobre, des résidents, des commerçants et des élus locaux, comme l’ex-maire Jim Watson.

Les travaux de la Commission se sont jusqu’ici déroulés uniquement en anglais, ce qui a mené dès le 14 octobre à un échange tendu entre l’ancien conseiller municipal Mathieu Fleury et l’un des avocats du convoi, Me Brendan M. Miller.

D’ici le 25 novembre, 68 témoins auront comparu. Justin Trudeau figure dans le lot, de même que sept ministres, dont Marco Mendicino (Sécurité publique), qui a réitéré en Chambre vendredi que le recours aux mesures d’urgence avait été une décision de dernier recours pour régler une situation sans précédent.

M. Mendicino debout en Chambre.

L’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence était « nécessaire », a une nouvelle fois plaidé Marco Mendicino, vendredi, aux Communes. Photo : La Presse Canadienne/Adrian Wyld

Des représentants du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) seront également appelés à comparaître, tout comme la commissaire de la GRC Brenda Lucki, qui croyait le 14 février que les autorités n’avaient pas encore épuisé tous les moyens à leur disposition pour déloger les manifestants.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et l’ex-solliciteure générale de la province Sylvia Jones ont reçu une citation à comparaître, mais ils s’y opposent pour toutes sortes de raisons, faisant notamment valoir qu’il s’agit, selon eux, d’une affaire exclusivement fédérale.

M. Ford et Mme Jones ont aussi rejeté cette semaine une assignation à comparaître devant les élus fédéraux du comité d’examen parlementaire sur l’état d’urgence, créé dans la foulée de l’invocation des mesures d’urgence fédérales. C’est ce que montre une lettre de l’avocat général du Bureau du conseil des ministres de l’Ontario, Don Fawcett, adressée le 27 octobre au comité en question pour décliner l’invitation à témoigner.

Avec Radio-Canada

Canada: La Ville d’Ottawa annonce un accord pour que des camionneurs quittent les quartiers

février 13, 2022

La Ville d’Ottawa annonce un accord partiel avec les manifestants afin que les camions quittent les zones résidentielles du centre-ville au cours des 24 prochaines heures. Photo : La Presse Canadienne/Justin Tang

La Ville d’Ottawa a indiqué dimanche être parvenue à s’entendre avec une leader du mouvement de protestation contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 afin de retirer les camions lourds des manifestants des zones résidentielles et d’une partie du centre-ville d’ici les 24 prochaines heures.

Des centaines de camions occupent le centre-ville de la capitale depuis 17 jours.

Pour moi, la priorité, c’est de protéger les résidents qui habitent dans les quartiers résidentiels de la ville d’Ottawa […]. Entre 10 000 et 15 000 personnes habitent dans le centre-ville et dans la basse-ville d’Ottawa. À titre de maire d’Ottawa, c’est important pour moi de continuer à aider les résidents dans ces secteurs, a commenté le maire à propos de cet accord lors d’une entrevue accordée à Radio-Canada dimanche en fin de journée.

« Nous avons un problème très sérieux et un grand défi, et c’est nécessaire que les camions quittent les secteurs résidentiels tout de suite pour restaurer un peu la paix dans la communauté d’Ottawa. »— Une citation de  Jim Watson, maire d’Ottawa

Le maire Watson a déclaré que les négociations sont entamées depuis trois ou quatre jours avec des représentants de manifestants. Le dialogue se poursuit grâce à un intermédiaire, a-t-il dit.

Début de dialogue

Dans une lettre adressée à Tamara Lich, une des leaders du mouvement, le maire d’Ottawa a exigé le départ des camions qui se trouvent dans les quartiers résidentiels.

Je veux voir des preuves claires que le convoi de camions quittera les zones résidentielles avant midi le lundi 14 février. Je vous demande de collaborer avec les autorités pour protéger les communautés adjacentes à la sortie du convoi, a écrit le maire Watson dans une missive datée du 12 février.

Mme Lich a répondu avec ouverture, indiquant au maire Watson que des efforts seront déployés afin de répondre à sa demande. Les camionneurs restent toutefois à convaincre.Tamara Lich devant un micro.

Tamara Lich, une des leaders du mouvement de protestation contre les mesures sanitaires à Ottawa. Photo : Radio-Canada/Frédéric Pepin

Le « Convoi de la liberté » est d’accord avec votre demande de réduire la pression sur les résidents et sur les entreprises de la ville d’Ottawa. Nous avons élaboré un plan pour consolider nos efforts de protestation autour de la colline du Parlement. Nous travaillerons fort au cours des 24 prochaines heures pour obtenir l’adhésion des camionneurs. Nous espérons commencer à déplacer nos camions lundi, s’est-elle engagée.

Dans sa lettre, le maire Watson fait valoir que les résidents sont épuisés et à bout de nerfs et que les petites entreprises touchées par les manifestations sont sur le point de devoir fermer de façon définitive.

Le maire d’Ottawa a précisément demandé que les camions quittent les quartiers résidentiels au sud de la rue Wellington ainsi que dans toutes les zones résidentielles, y compris le Marché By et le stade de baseball d’Ottawa, sur l’avenue Coventry, où un campement de manifestants s’est organisé.Des bidons de carburant sont alignés devant un camion en face du parlement d'Ottawa.

Des centaines de camions sont stationnés à Ottawa depuis plus de deux semaine. Photo : Radio-Canada/Alexis Tremblay

Du même souffle, le maire Watson a demandé aux leaders et aux organisateurs de cesser d’inciter davantage de gens à se mobiliser au centre-ville d’Ottawa afin de faciliter le déplacement des quelque 400 camions dans la capitale fédérale.

L’opération pourrait prendre entre 24 à 72 heures, a dit estimer le maire dans ses échanges avec Tamara Lich, qui se décrit comme la présidente du Convoi de la liberté.

Certains véhicules ne quitteront pas la ville mais pourraient donc être déplacés vers la promenade Sir-John-A.-Macdonald, où de nombreux camions sont déjà garés depuis le premier jour des manifestations, le 28 janvier.

M. Watson espère voir les camions bouger à compter de lundi. Les services policiers pourraient prendre part à l’opération.

Le maire s’est également engagé à rencontrer en personne Mme Lich en temps opportun si ces engagements sont respectés.

Des camionneurs à convaincre

Certains manifestants restent toutefois à convaincre. Par exemple, Tyler Armstrong, venu à Ottawa à bord de son camion, n’a pas l’intention de bouger.Une personne accorde une entrevue à bord d'un camion.

Tyler Armstrong, un manifestant contre les mesures sanitaires, n’a pas l’intention de déplacer son camion avant d’avoir été entendu. Photo : Radio-Canada

Les gens savent que nous resterons ici. Ils savent que nous n’allons pas partir. Je ne partirai pas tant que nous n’aurons pas ce que nous voulons, a-t-il lancé.

D’autres manifestants, comme Michel Houde, se disent prêts à mettre de l’eau dans leur vin.

Quand je suis parti de chez moi, ce n’était pas ça, mon but, de paralyser la ville. Je pense que c’est une bonne idée que tout le monde soit concentré [sur la colline du Parlement]. Si tout le monde avait été concentré [devant le parlement] dès le départ, des injonctions pour le bruit, il n’y en aurait probablement pas eu, a déclaré M. Houle.

« L’idée, ce n’était pas d’écœurer les citoyens. C’était de venir devant le parlement pour que [Justin] Trudeau voie que nous sommes là et qu’on veut que ça change. »— Une citation de  Michel Houde, manifestant

Par ailleurs, plusieurs contre-manifestants se sont réunis dimanche matin et se sont installés à des intersections du centre-ville afin de bloquer un convoi de manifestants. Dimanche après-midi, des camions du convoi, escortés par des policiers, quittaient les lieux en petit nombre.

Par Radio-Canada avec les informations de Fred Pépin et d’Héloïse Rodriguez-Qizilbash

Canada: Les contre-manifestants plus nombreux cette fin de semaine à Ottawa

février 13, 2022

« Notre ville a été complètement abandonnée », déclare un contre-manifestant

Des manifestants marchent avec des pancartes.

Une coalition de syndicats locaux, d’organisations communautaires et de résidents a organisé un rassemblement, le 12 février 2022, en solidarité avec les travailleurs de première ligne et les résidents d’Ottawa touchés par la manifestation des camionneurs depuis le 28 janvier 2022. Photo: Radio-Canada/Julie Ireton

Alors que la manifestation en cours contre les mesures de santé publique liées à la COVID-19 en est à sa troisième fin de semaine, la réaction des résidents d’Ottawa semble s’accroître.

Environ 500 personnes se sont rassemblées, samedi, au parc Lansdowne, à moins de cinq kilomètres de la colline du Parlement, pour manifester contre les centaines de camions et autres véhicules qui sont installés au centre-ville depuis le 28 janvier.

La fin de semaine dernière déjà, un rassemblement similaire, bien plus petit, a eu lieu à l’hôtel de ville d’Ottawa.

Nous devions faire quelque chose pour montrer que nous ne sommes pas contents de la situation actuelle et de la façon dont notre ville a été complètement abandonnée par la police, l’administration municipale et la province. C’est choquant, lance un des contre-manifestants, Greg Morrow.

Résident de longue date d’Ottawa, M. Morrow rappelle que les résidents sont habitués aux manifestations, mais pas comme celle-ci.

Nous sommes habitués à ce que la police agisse, et c’est ça, pour moi, l’élément le plus choquant, ajoute-t-il, expliquant que les réponses des forces de police dans d’autres villes – où les manifestants n’ont pas réussi à s’installer pour de longs séjours – génèrent encore plus de frustration.

C’est très difficile de voir à quel point il aurait été simple d’empêcher tout cela de se produire. Donc, à l’avenir, j’espère qu’il y aura une sérieuse conversation sur le maintien de l’ordre et la façon d’éviter que de telles choses se reproduisent, dit-il.Une personne avec un masque porte une pancarte dans une manifestation sur laquelle on peut lire "Community care is freedom".

Ruva Gwekwerere était l’une des centaines de résidents d’Ottawa ayant pris part à une contre-manifestation contre le mouvement en cours au centre-ville, le 12 février 2022. Photo: Radio-Canada/Natalia Goodwin

Une autre contre-manifestante, Ruva Gwekwerere, raconte qu’elle voulait vraiment faire quelque chose.

Il est évident que notre communauté ne se sent plus en sécurité, a déclaré Mme Gwekerere. Je suis présente, ici, avec beaucoup de groupes différents, de tous les âges, qui disent : ‘Assez, c’est assez’.

Grève de la faim

Deux rassemblements ont en fait uni leurs forces, samedi, l’un organisé par des résidents, l’autre par des syndicats mécontents de la gestion par le gouvernement des mesures de soutien à la pandémie. Ils ont défilé dans le Glebe, sur la rue Bank.

Le contre-manifestant Nazim Khan est arrivé au Canada depuis le Pakistan, il y a 23 ans, en tant que réfugié politique. Il a décidé de ne plus manger tant que les manifestants n’auront pas quitté la ville. Un groupe de manifestants lui a récemment lancé de retourner dans [son] foutu pays, sur la rue Elgin, raconte-t-il.

Je préfère mourir que de voir cette anarchie s’installer dans la capitale de ce grand pays, dit M. Khan, ajoutant ne pas avoir mangé depuis vendredi soir.

Le Canada m’a donné une nouvelle vie, le Canada m’a accueilli et aujourd’hui, ces gens-là déshonorent ce même Canada, qui est devenu mon chez-moi.

Avec Radio-Canada

Canada: La manifestation des camionneurs, une mauvaise publicité pour certaines entreprises

février 9, 2022

Plusieurs entreprises tentent de se dissocier de la manifestation des camionneurs à Ottawa, qui entame sa 13e journée, après qu’un site Internet eut été mis en place pour « identifier » les compagnies participantes et leur « faire honte ».

Des camions stationnés l'un à côté de l'autre lors d'une manifestation près du parlement du Canada.

La manifestation des camionneurs contre les restrictions sanitaires liées à la COVID-19 en est maintenant à sa 13e journée. Photo : Radio-Canada/Alexander Behne

Daniel Miousse raconte avoir été choqué de voir la photo d’un de ses véhicules commerciaux publiée en ligne parmi les manifestants du convoi de camionneurs installé au centre-ville d’Ottawa.

Propriétaire d’une entreprise de clôtures industrielles près de Montréal, M. Miousse assure qu’il n’avait aucune idée qu’un de ses véhicules ou de ses employés se trouvait dans la capitale nationale.

Un de nos employés a pris notre camion depuis, je pense, mercredi dernier, explique M. Miousse, qui se trouve actuellement en Floride. Ça m’a vraiment contrarié. J’ai donc envoyé quatre personnes, dimanche matin, pour récupérer notre camion.

Quant à son employé, il indique qu’il compte le congédier.

Je veux d’abord le rencontrer et le questionner. Pourquoi n’a-t-il pas demandé l’autorisation à quelqu’un dans l’entreprise? s’interroge M. Miousse.Des camions stationnés le long d'un trottoir.

Des images de la manifestation des camionneurs à Ottawa, le 8 février 2022 Photo: Radio-Canada/Simon Lasalle

La manifestation, qui visait au départ à demander la fin de l’obligation vaccinale contre la COVID-19 et du port du masque, en est désormais à sa 13e journée, forçant la fermeture de rues, de commerces et des musées du centre-ville d’Ottawa, tout en suscitant crainte et colère chez des résidents et des propriétaires d’entreprises.

Le 6 février, le site Internet convoytraitors.ca, lancé par un informaticien d’Ottawa, a commencé à afficher les noms des entreprises dont les camions se trouvaient dans la zone de manifestation, ainsi que des photos dans le but d’identifier celles qui sont impliquées et de leur faire honte.

Près de 200 entreprises étaient répertoriées comme soutenant ou ayant des camions dans le convoi, en date de mardi.

En identifiant et en étiquetant [ces entreprises], nous voulons nous assurer que toutes les futures recherches sur Internet révéleront la véritable nature de ces entreprises, indique le site.

Une carte sur le site Internet montre que ces entreprises de camionnage sont situées à travers le Canada, alors que d’autres ont leur siège social aux États-Unis. Les responsables du site racontent que le propriétaire d’une entreprise, qui soutient la manifestation, a envoyé un courriel au webmestre qualifiant le site de honteux.

Des entreprises prennent leurs distances

L’entreprise de camionnage néo-écossaise Seaboard Transport indique à CBC ne pas soutenir le convoi, même si l’un de ses camions a été photographié au milieu de la manifestation.

Le convoi et les manifestations qui y sont liées ne représentent pas les convictions ni les valeurs de Seaboard Transport, déclare le vice-président de la société, Ryan Conrod, à CBC dans un courriel.

Bon nombre des camions qui ont fait le déplacement jusqu’à d’Ottawa sont exploités par leur propre propriétaire, ce qui signifie qu’ils peuvent arborer le logo d’une entreprise de transport sans que le chauffeur ne soit un employé direct de l’entreprise. C’est le cas de Seaboard Transport, selon M. Conrod.

Nous avons contacté le propriétaire du camion pour lui demander de retirer [le véhicule] du convoi, indique-t-il.Des camions stationnés au milieu de la rue avec des affiches et des drapeaux lors d'une manifestation.

Pour certaines entreprises de camionnage, la manifestation fait une mauvaise publicité. Photo : Radio-Canada/Michael Charles Cole

Le même message a été partagé par Kimberly Biback de Sharp Transportation Systems à Cambridge, en Ontario.

Le camion qui a été vu à Ottawa porte le logo de Sharp, mais n’appartient pas à Sharp. C’est un camion indépendant, explique Mme Biback.

Le président-directeur général de Sharp a indiqué sur les réseaux sociaux que presque tous les chauffeurs de l’entreprise sont vaccinés et qu’aucun d’entre eux ne participe à la manifestation d’Ottawa.

Depuis le début, nous avons indiqué que nous respectons les droits constitutionnels de réunion pacifique, mais que nous ne soutenons pas les actions et les comportements qui enfreignent les droits d’autrui, a-t-il posté sur LinkedIn.

Lorsque nous avons entendu parler des actes répréhensibles qui ont eu lieu à Ottawa, nous avons immédiatement exprimé notre mépris à leur égard, a-t-il ajouté.Des manifestants et des camionneurs au milieu d'une rue.

Les camionneurs sont arrivés à Ottawa le 28 janvier dernier. Photo : Radio-Canada/Michael Charles Cole

Mardi, un résident d’Ottawa a envoyé une vidéo à la coopérative laitière Agropur se plaignant que des camions portant ce logo klaxonnent, agitent des drapeaux et participent à la manifestation. Le résident a averti la coopérative que cela ne la faisait pas bien paraître.

L’entreprise explique à CBC que les chauffeurs en question sont des sous-traitants, et non des employés, et que les camions n’appartiennent pas à Agropur.

Nous nous dissocions complètement de cet événement, a déclaré Mylène Dupéré, vice-présidente aux communications corporatives chez Agropur.

Les mains liées

Un autre directeur d’entreprise de camions de transport qui a parlé à CBC sous couvert de l’anonymat raconte que sa famille reçoit des menaces aussi bien de ceux qui sont en faveur de la manifestation que de ceux qui s’y opposent, depuis que des photos de ses véhicules ont été publiées sur le site des traîtres du convoi.

Il indique qu’il ne voulait pas que des camions arborant le logo de son entreprise soient impliqués dans la manifestation, mais qu’il n’a rien pu faire.

Les camions qui sont à Ottawa, ce sont des propriétaires-exploitants. Nous avons les mains liées. Ils ont le droit de conduire ces véhicules, mais ils ont notre logo sur leurs portières, dit-il.

L’un des camions avec le logo de son entreprise arborait le drapeau d’une organisation d’extrême droite, selon convoytraitors.ca.

Bien sûr que ça me dérange. Il ne devrait pas y avoir de racisme. Il n’y a pas de place pour ça. Il n’y a aucune place pour le racisme, quel qu’il soit, poursuit le directeur de l’entreprise.

Par Raduo-Canada avec les informations de Julie Ireton, CBC

Canada/États-Unis: Le pont Ambassador bloqué en partie par des manifestants entre Windsor et Détroit

février 8, 2022
Une camionnette transportant une affiche en opposition à la vaccination obligatoire bloque la route.

La manifestation bloquant l’accès au pont Ambassador se poursuit pour une 2e journée. Photo : CBC/Christopher Ensing

Des manifestants continuent ce mardi à bloquer l’accès au pont Ambassador entre Windsor et Détroit, le lien transfrontalier le plus achalandé de l’Amérique du Nord.

Selon la police, une centaine de protestataires sont toujours sur place. L’accès aux États-Unis demeure partiellement ouvert, contrairement à l’entrée vers le Canada.

Circulation limitée vers les États-Unis et bloquée vers le Canada

Ce matin aux environs de 9 h, l’entrée du pont par la rue Wyandotte était ouverte. Sur place, la police indiquait que cette entrée resterait accessible.

Lundi soir, la Police provinciale de l’Ontario (PPO) du comté d’Essex a publié un communiqué en expliquant qu’à 20 h, le pont n’était pas accessible dans les deux directions.

Mardi après-midi, la circulation sur la rue Huron Church, le point d’accès principal au pont, a repris en direction des États-Unis de façon contrôlée, selon la police de Windsor.

Encombrement à Sarnia après la déviation du trafic

La Police provinciale de l’OntarioPPO demande aux automobilistes d’éviter la zone et conseille à ceux qui doivent se rendre aux États-Unis d’utiliser le tunnel qui relie Windsor à Détroit. Les camionneurs sont quant à eux invités à se rendre au pont Bluewater à Sarnia, à environ 155 km au nord-est de Windsor.

En conséquence, cette région a observé mardi un trafic élevé, d’après la Police provinciale de l’OntarioPPO locale.

À 13 h, le temps d’attente à ce point de passage était de près de 2 h, selon l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).

L’Agence des services frontaliers du CanadaASFC a classé le pont Ambassador comme temporairement fermé quelques minutes avant minuit lundi, dans une mise à jour de son site Web consacré aux temps d’attente à la frontière.

Cependant, tôt mardi matin, la police de Windsor a déclaré dans un tweet qu’une voie de circulation à destination des États-Unis était ouverte et accessible par l’entrée de la rue Wyandotte Ouest.Quelques manifestants et une voiture de police.

Des manifestants et la police aux abords du pont Ambassador, mardi matin à Windsor Photo: Radio-Canada/Elvis Nouemsi Njiké

Aucune voie n’était ouverte en revanche pour permettre aux véhicules de sortir du pont Ambassador en direction du Canada.

À l’heure actuelle, on ne sait pas encore pourquoi l’Agence des services frontaliers du CanadaASFC indique que le pont est temporairement fermé, alors qu’une des voies fonctionne au ralenti.

Réactions politiques

Le député libéral de Windsor-Tecumseh, Irek Kusmierczyk, qui condamne la manifestation, assure être en pourparlers avec le premier ministre Justin Trudeau, le ministre de la Sécurité publique et le ministre des Transports. Bloquer le pont Ambassador, c’est comme se tenir debout sur la trachée de notre communauté. Voilà à quel point c’est grave. On parle d’un impact sur les emplois [et] sur les moyens de subsistance, dit-il.

La gestion de la manifestation relève des autorités locales et provinciales, étant donné que celle-ci se situe hors de la frontière, s’accordent à dire le député et le ministre des Transports fédéral, Omar Alghabra. Ottawa se dit néanmoins prêt à fournir du soutien.

Selon le maire de Windsor, Drew Dilkens, environ 300 millions de dollars de marchandises entrent dans la ville chaque jour, dont environ 10 000 camions de transport utilisant le pont Ambassador.Photo du maire de Windsor Drew Dilkens

Le maire de Windsor, Drew Dilkens. (Archives) Photo: Radio-Canada/Derek Spalding

C’est une chose de protester, de s’installer et d’être une nuisance dans les rues d’Ottawa, et une autre chose de descendre et de fermer le passage frontalier international où circule une grande majorité des échanges, alors nous faisons de notre mieux, a-t-il déclaré à CBC. La police de Windsor fait de son mieux pour travailler avec les manifestants, mais vous avez des gens qui prennent des décisions irrationnelles et vous essayez de trouver et de mettre en place une solution rationnelle, mais vous ne travaillez pas avec des acteurs rationnels dans tous les cas.

Doug Ford a déclaré mardi matin sur Twitter que le pont Ambassador est une artère commerciale vitale entre le Canada et les États-Unis. De nombreux travailleurs essentiels, y compris les travailleurs de la santé de première ligne, en dépendent pour se rendre au travail. La police est sur place pour assurer la circulation en toute sécurité.

Le député néo-démocrate de Windsor-Ouest, Brian Masse, a dénoncé le manque de leadership du premier ministre Justin Trudeau.

La fermeture du pont Ambassador aura de graves répercussions sur les travailleurs essentiels, y compris les travailleurs de la santé, qui travaillent de l’autre côté de la frontière, a-t-il souligné dans une déclaration. Les solutions ne sont pas simples, mais un leadership national est nécessaire.

Matt Moroun, le propriétaire du pont, a publié un communiqué mardi matin. Le commerce international doit reprendre. […] La famille Moroun comprend les conducteurs de camions et les personnes bloquées par cette manifestation. Nous encourageons les autorités à réagir aussi vite que possible, dans le respect mutuel, indique le communiqué.

RDI Matin

Une manifestation bloque la circulation au pont Ambassador à la frontière

Des manifestants décidés à rester

La manifestation contre la vaccination obligatoire des camionneurs et les restrictions sanitaires a commencé lundi après-midi.

La protestation a perdu de son ampleur depuis, mais certains manifestants affirment qu’ils resteront sur les lieux tant que les gouvernements n’auront pas acquiescé à leurs demandes.

On est frustrés. Rien ne bouge à Ottawa et Doug Ford ne change pas sa position. Nous allons rester ici jusqu’à l’abandon de la vaccination obligatoire, lance le camionneur Jake Dyck, qui ne peut pas aller aux États-Unis parce qu’il n’est pas vacciné. J’ai une famille, une maison, je m’en sors difficilement, explique-t-il. Je ne travaille plus depuis trois semaines […] j’espère pouvoir retourner au travail.

Aucune arrestation n’a été effectuée jusqu’à maintenant.

Près de 2,5 millions de camions empruntent le pont Ambassador chaque année. Plus de 25 % des marchandises exportées entre les États-Unis et le Canada y transitent.

Nombre de manifestations contre la vaccination obligatoire et les mesures de santé publique ont eu lieu au cours des derniers jours au pays, y compris à Toronto et à Ottawa. Des camionneurs occupent une partie du centre-ville d’Ottawa depuis plus d’une semaine.

Avec Radio-Canada

Canada: Déplacer les camions du centre-ville est « presque impossible », disent des experts

février 7, 2022
Des camions bloquent la rue.

Manifestation des camionneurs à Ottawa Photo : Radio-Canada/Michael Charles Cole

Déplacer la centaine de camions garés illégalement au centre-ville d’Ottawa est « presque mission impossible » sans la coopération des camionneurs, selon différents experts en remorquage.

La police d’Ottawa évalue que 500 véhicules lourds paralysent présentement les environs de la colline du Parlement, désignée comme étant la zone rouge par les autorités.

Le maire Jim Watson a répété à plusieurs reprises, au cours de la fin de semaine, qu’il souhaitait leur départ.

Le remorquage de véhicules lourds est toutefois un processus beaucoup plus compliqué que le remorquage d’une simple voiture, a déclaré Randy Whan, le propriétaire d’une compagnie de remorquage de Kingston qui s’est entretenu avec Canadian Broadcasting CorporationCBC. 

Ce n’est ni facile ni simple, a-t-il expliqué. Cela peut prendre jusqu’à 30 minutes et, de plus, c’est presque impossible sans la coopération du conducteur du camion.Des camions stationnés derrière des blocs de béton, avec des slogans anti-Trudeau et des drapeaux du Canada et du Québec.

Des images de la manifestation des camionneurs à Ottawa le 6 février 2022 Photo : Radio-Canada

Les camions comportent de nombreuses pièces d’équipement — telles que des chaînes pesant plus de 15 kilos — destinées à empêcher le remorquage sans le consentement du conducteur. 

Si le camionneur a enclenché les freins à air et verrouillé les roues de son véhicule, le remorquage devient encore plus difficile. Dans ces conditions, le camion ne bouge plus.

« C’est le camionneur qui décide en fin de compte si vous pouvez emporter son camion ou non. »— Une citation de  Randy Whan, propriétaire d’une compagnie de remorquage

Si on le lui demandait, M. Whan dit qu’il hésiterait à déplacer un camion sans la coopération du conducteur parce cela placerait ses employés dans une position vulnérable, car ces derniers doivent passer sous le camion pour faire leur travail.

Honnêtement, je ne vois pas comment on pourrait procéder, a-t-il déclaré. Chaque compagnie qui envoie une [dépanneuse] là-bas met son chauffeur en danger d’être blessé.Des manifestants sur un camion brandissent des drapeaux devant le parlement d'Ottawa.

Des images de la manifestation des camionneurs à Ottawa, le 6 février 2022 Photo : Radio-Canada/Brigitte Bureau

Une tâche difficile, mais possible 

David Allen, le propriétaire d’une compagnie de remorquage à London, a lui aussi soutenu que remorquer le camion d’un conducteur récalcitrant est une tâche très difficile, mais elle n’est pas impossible.

Même si les freins à air sont enclenchés, a-t-il dit, certaines dépanneuses ont la capacité de les desserrer ou de les mettre en cage, en transférant de l’air de leur système vers les camions.

Nous avons toutes les capacités sur nos dépanneuses pour le faire, mais le problème est que je ne vois pas qui voudrait le faire, a-t-il nuancé.Début du widget . Passer le widget?

Aperçu de la rue Wellington à Ottawa ce matin en route vers le travail. #polcan pic.twitter.com/DAlU2rD47w— Louis Blouin (@ICILouisBlouin) February 7, 2022

En effet, Canadian Broadcasting CorporationCBC rapporte que de nombreuses entreprises qui fournissent des services de remorquage pour véhicules lourds ne veulent pas risquer leurs relations avec les camionneurs.

Différentes sources ont déclaré au réseau anglais que plusieurs entreprises engagées par la Ville ont refusé de déplacer les camions stationnés illégalement.

Jusqu’ici, la Ville soutient que 28 véhicules associés à la manifestation ont été remorqués, parce qu’ils entravent la circulation et bloquent des allées. La Ville a toutefois refusé de dire s’il s’agissait de camions commerciaux. 

Radio-Canada avec les informations de Michelle Allan

Comment le « convoi de la liberté » des camionneurs canadiens tente de s’exporter en France

février 7, 2022

Des opposants au passe vaccinal prévoient d’immobiliser la capitale le week-end du 13 février, sur le modèle des camionneurs canadiens. Sur Facebook, plus de 250 000 internautes ont déjà rejoint l’initiative, non sans évoquer les « gilets jaunes ».

Le mouvement canadien Freedom Convoy, mobilisation de camionneurs hostiles à l’obligation vaccinale, a pris d’assaut Ottawa. Et, désormais, s’internationalise.
Le mouvement canadien Freedom Convoy, mobilisation de camionneurs hostiles à l’obligation vaccinale, a pris d’assaut Ottawa. Et, désormais, s’internationalise. JUSTIN TANG / AP

Le maire d’Ottawa a déclaré, dimanche 6 février, l’état d’urgence dans sa ville, paralysée par l’action de camionneurs hostiles aux mesures sanitaires contre le Covid-19. La capitale fédérale canadienne est paralysée depuis plusieurs jours par le Freedom Convoy (« convoi de la liberté »), une manifestation de camionneurs hostiles à la nouvelle loi sur l’obligation vaccinale. Environ cinq cents poids lourds partis de tout le pays s’étaient rejoints le 29 janvier à Ottawa, bloquant les grands axes et klaxonnant à longueur de journée. Certains arboraient des drapeaux confédérés et nazis.

Le mouvement a fait tache d’huile, avec des manifestations de soutien les 5 et 6 février à Toronto, à Vancouver ou à Québec. Et des velléités d’exporter le mouvement en Europe et au-delà ont émergé ces derniers jours dans les réseaux hostiles à la politique sanitaire. Des initiatives comparables ont été observées à Leeuwarden aux Pays-Bas, à Schwerin en Allemagne, ou encore à Canberra en Australie, tandis qu’un convoi prévoit de déferler sur Bruxelles le 14 février. En passant par une étape stratégique : Paris.

  • Un convoi qui s’organise pour converger vers Paris

Dès que le Freedom Convoy a fait parler de lui, les opposants à la politique sanitaire du gouvernement français ont salué l’initiative des routiers canadiens, quitte à relayer de fausses informations en exagérant l’importance ou l’impact politique. Ils affirmaient par exemple que le convoi avait contraint à la fuite le premier ministre, Justin Trudeau, alors que celui-ci, atteint du Covid-19, s’était isolé.

Sur les réseaux sociaux français circulent de nombreux appels à instaurer un blocage routier de Paris du vendredi 11 au dimanche 13 février. Un site Internet a été créé pour recenser les routes que pourraient emprunter ces convois pour converger vers la capitale, en partant de Morlaix (Finistère) ou de Nice (Alpes-Maritimes). Pour les plus motivés, l’objectif est d’aller jusqu’à Bruxelles le 14 février, pour y rejoindre les convois venus d’autres pays.

Plusieurs groupes de discussion Facebook et Telegram ont été créés ces deux dernières semaines pour coordonner l’initiative, au niveau national ou local. Le principal, « Le convoi de la liberté », compte plus de 250 000 inscrits, tandis que sur Telegram, plusieurs délégations par pays ont été créées, comme le groupe « Convoy France » avec 23 000 sympathisants ou encore « Tous à Paris ». La chaîne La Meute, hommage au collectif Mamans louves, qui lutte contre la vaccination des enfants, compte entre 100 et 500 suiveurs sur chacune de ses 90 antennes départementales.

Ces groupes mêlent des profils hétérogènes. On y trouve de nombreux « gilets jaunes », des routiers, des restaurateurs, des « insoumis », des militants du Rassemblement national, ainsi que des Anonymous – mouvement international de gauche radicale né lors de la crise des subprimes. Mais aussi des naturopathes, des « coachs en confiance », ou des spécialistes en « vibration » opposés aux vaccins anti-Covid-19 et promoteurs de traitements alternatifs contre l’épidémie (hydroxychloroquine, ivermectine…)

Malgré une apparente volonté de modération, on peut lire dans ces groupes Telegram des propos violents (certains parlent de « sortir les guns ») ou illégaux, avec des offres de faux passes sanitaires.

  • Une initiative « apolitique » qui attire l’extrême droite

Parmi ces milliers d’anonymes, une figure a émergé : celle de Rémi Monde, coorganisateur et porte-parole du mouvement. Selon sa page Facebook, il se présente comme adepte de groupes de routiers, du professeur Didier Raoult et du documentaire à tendance conspirationniste Hold-up. Estimant que « le peuple de France en a assez », le 30 janvier, il appelle dans une vidéo à une convergence des automobilistes vers Paris, au nom des libertés.

« Il faut que nous nous levions, nous, peuple de France, de tous horizons, parce qu’ils [les gouvernants] vont trop loin et que, si nous ne disons pas stop, ils ne s’arrêteront jamais. »Vérification : Les contre-vérités du documentaire « Hold-up »

De nombreux groupes en lien avec la mouvance conspirationniste QAnon, comme « Les DéQodeurs », « QactusPublic », « Qode17info », « Nouvel Ordre mondial » ou encore « Patriotesfrancophones » ont relayé l’initiative.

Elle a aussi reçu le soutien de figures politiques comme Jean-Frédéric Poisson, président de « Via, la voie du peuple » et proche d’Eric Zemmour, du conférencier pro-Raoult Idriss Aberkane ou encore du président des Patriotes, Florian Philippot, qui surfe depuis un an sur la vague des mouvements antirestrictions : « Les résistants français sont à fond avec eux. Il se passe quelque chose d’immense !, » s’est enthousiasmé ce dernier. Cette tentative de récupération n’a pas été du goût de Rémi Monde, qui présente le convoi de la liberté comme « apolitique, appartenant aux citoyens, tout simplement ».

Dans ses messages, M. Monde demande la levée de toutes les restrictions sanitaires, mais ses revendications sont plus vastes : la suspension de toutes les directives européennes, la détaxation partielle de l’essence, l’augmentation des salaires nets, la démission des députés, des sénateurs, des ministres et du président de la République, et l’instauration du référendum d’initiative populaire. Des thématiques qui rappellent celles des gilets jaunes à l’automne 2018.

  • Entre le Canada et la France, des situations très différentes pour les routiers

Le « convoi de la liberté » français peut-il prendre la même ampleur que son homologue canadien ? Ce n’est pas si évident, car les situations sont différentes dans les deux pays.

Tout d’abord, les restrictions sanitaires qui s’appliquent aux transports routiers ne sont pas les mêmes qu’en Amérique du Nord. Depuis le 15 janvier, les camionneurs canadiens sont, en effet, soumis à l’obligation vaccinale. Du côté français, les règles sont différentes. Ils ont le droit de voyager entre les pays et ils peuvent se restaurer dans les relais routiers sans passe vaccinal« On nous inclut dans un mouvement qui ne nous concerne donc pas. Ils se servent de l’imaginaire de la puissance d’un convoi pour bloquer je-ne-sais-qui ou je-ne-sais-quoi » , explique Christophe Denizot, secrétaire général de la Fédération Sud-Solidaires des transports routiers, qui se désolidarise de ce mouvement.

Autre différence majeure, relevée par M. Denizot :

« Contrairement au Canada, nous ne sommes pas propriétaires de notre camion, si on participe à ce convoi, on peut se voir retirer notre permis et être viré pour entrave à la liberté de circulation. »

Les organisateurs du convoi français en ont déjà pris acte. Rémi Monde a donc choisi, à l’inverse des manifestations canadiennes, d’ouvrir à tous la possibilité de rejoindre le cortège : « en camion, en voiture, en vélo ou à cheval, il faut réunir le plus de monde possible » et « inonder les réseaux sociaux », annonce-t-il. C’était le cas également aux Pays-Bas avec le convoi parti de La Haye, le 30 janvier. La majorité du mouvement était composée de voitures, de tracteurs ou de motos, accompagnés seulement par quelques camions.

Avec Le Monde par William Audureau et Léa Prati

Canada: GoFundMe n’émettra finalement que le remboursement des 10 M$ recueillis par le Convoi

février 6, 2022

MONTRÉAL — La plateforme de sociofinancements GoFundMe affirme qu’elle a changé ses plans pour les millions de dollars amassés en soutien aux manifestants qui occupent le centre-ville d’Ottawa depuis plus d’une semaine.

© Fournis par La Presse Canadienne

La société a retiré la collecte de fonds de son site vendredi soir, affirmant que des preuves policières suggéraient qu’elle s’était transformée en une «occupation, avec des rapports de police faisant état de violences et d’autres activités illégales», et s’était engagée soit à rembourser l’argent collecté, soit à le redistribuer à des organisations caritatives choisies par les organisateurs de la manifestation.

Mais GoFundMe a depuis publié un article de blogue indiquant que la société a changé d’avis en réponse aux «commentaires des donateurs» et qu’elle ne remettra plus que des remboursements.

GoFundMe indique que ceux qui ont fait un don à la campagne du Convoi de la liberté n’auront pas besoin de soumettre de demandes de remboursement et peuvent s’attendre à voir leur argent restitué dans les sept à dix jours ouvrables.

GoFundMe avait précédemment déclaré avoir supprimé la collecte de fonds, car elle violait les conditions d’utilisation du site, qui interdisent la promotion de la violence et du harcèlement.

Un premier million de dollars sur les plus de 10 millions de dollars collectés a été remis aux organisateurs plus tôt cette semaine.

L’une des organisatrices de la manifestation, Tamara Lich, a réagi dans une vidéo vendredi pour annoncer un nouveau site officiel de dons, le GiveSendGo, basé aux États-Unis. 

La Presse Canadienne

Canada: La manifestation des camionneurs à Ottawa est chaotique, décrit la police

février 5, 2022

Plus de 5000 manifestants se sont présentés au centre-ville d’Ottawa, samedi, selon les estimations de la police. Photo HOTO : The Canadian Press/Adrian Wyld

La police d’Ottawa évalue qu’au moins 5000 manifestants se sont présentés au centre-ville d’Ottawa, samedi. Plus de 1000 véhicules se sont stationnés illégalement dans les rues et environ 300 contre-manifestants ont tenté de se faire entendre.

C’est le bilan qu’a dressé le chef de police, Peter Sloly, aux membres de la Commission des services de police d’Ottawa, lors d’une réunion urgente tenue en après-midi.

Ottawa est en état de siège, a dit le chef de police.

Tous les agents du Service de police d’OttawaSPO ont été déployés pour contenir la manifestation, a déclaré le chef de police. Aucun policier n’est en congé, tout le monde travaille. La plupart sont affectés au centre-ville.

Nous avons ajouté 150 policiers seulement pour gérer les comportements qui ne sont pas corrects au centre-ville, a-t-il expliqué, en ajoutant aussi que 250 policiers de plus de la Gendarmerie royale du Canada allait être dépêché. Il y a entre 20 et 25 agents dans chaque quartier, en tout temps, 24 heures par jour. Ils vont demeurés là jusqu’à lundi. On avisera par la suite.

Lors de son intervention, le chef de police a paru quelques fois dépassé par les événements.Peter Sloly dans une mêlée de presse.

Le chef du Service de police d’Ottawa (SPO), Peter Sloly. Photo : Radio-Canada/Lorian Bélanger

« C’est vraiment un temps difficile. »— Une citation de  Peter Sloly, chef de la police d’Ottawa

On fait tout ce qu’on peut avec les pouvoirs en notre possession pour assurer la sécurité des résidents d’Ottawa, a-t-il poursuivi. On veut faire mieux. On fait des ajustements chaque jour, chaque heure […] mais on ne peut pas fermer toute la ville, sinon ce serait encore pire.

Au centre-ville, le déroulement de la manifestation est quelque peu chaotique, mais l’atmosphère demeure relativement calme comparée à ce qui a été observé la fin de semaine dernière. Les camionneurs et leurs sympathisants sont nombreux à se présenter devant la colline du Parlement, le principal lieu de rassemblement.

Peter Sloly soutient que le périmètre de sécurité a été élargi, des contraventions ont été données, des barricades ont été érigées et que de nombreuses enquêtes ont été ouvertes.

De son côté, le Service de police de la Ville de Gatineau (SPVG) dit avoir remis plus de 105 constats d’infraction à des automobilistes pour une variété d’infractions au Code de la sécurité routière, dont une vingtaine pour avoir utilisé leur avertisseur sonore sans nécessité.

Le Service paramédic d’Ottawa n’a pas voulu indiquer le nombre de patients ayant requis ses services, mais rapporte qu’il a procédé à moins d’interventions que lors des dernières fêtes du Canada.Des policiers en alerte et des manifestants.

La manifestation des camionneurs s’intensifie au centre-ville d’Ottawa. Photo : Radio-Canada/Natalia Goodwin

Certains sympathisants déjà sur place ne manquent pas d’imagination pour apporter leur soutien. À défaut de pouvoir se présenter au centre-ville en voiture, certains ont opté pour des chevaux. C’est le cas d’un résident de Bradford qui se promène depuis le matin sur son cheval de course noir, nommé Homer.

« Nous avons conduit cinq heures et nous sommes restés la nuit. Nous sommes juste ici pour profiter du spectacle. C’est juste spectaculaire! », a-t-il déclaré. « Il est temps que le gouvernement écoute à nouveau les gens. Il est temps d’arrêter de fuir toutes nos valeurs. »Deux manifestants montent à cheval devant des camions stationnés devant la colline du Parlement lors d'une manifestation contre les restrictions liées à la COVID-19, à Ottawa.

Ce résident de Bradford en Ontario se promène sur son cheval, lors de la manifestation des camionneurs, à Ottawa. Photo : The Canadian Press/Adrian Wyld

L’Association pour la protection des animaux à Ottawa a été vite à réagir en voyant les images de ces manifestants à chevaux circulées sur les réseaux sociaux.

« Une exposition prolongée à des températures glaciales, des bruits forts, du sel de voirie sur les pattes ou les sabots et un accès inadéquat à la nourriture et à l’eau peuvent menacer le bien-être d’un animal », a-t-elle rappelé, tout en dénonçant l’utilisation d’animaux dans de telles circonstances.

La Ville d’Ottawa rappelle que le Règlement sur le contrôle et le soin des animaux interdit la présence de chevaux dans les régions non zonées pour élever du bétail.

Ottawa sur un pied d’alerte

La Ville d’Ottawa s’est placée sur un pied d’alerte très tôt samedi matin pour une deuxième fin de semaine consécutive. Les camionneurs ont promis de manifester bruyamment, ce qui a poussé le chef de police d’Ottawa, Peter Sloly, à qualifier le mouvement de protestation d’imprévisible et de dangereux .

Le chef de police a promis d’intensifier ses opérations en faisant l’ajout de 150 policiers. Ces derniers seront déployés sur le terrain 24 heures par jour pour les quatre prochains jours. La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a aussi été appelée en renfort, a affirmé le ministre de la Sécurité publique du Canada, Marco Mendicino, vendredi.

Le périmètre de sécurité élargi au centre-ville signifie que de nouvelles routes seront bloquées, au grand dam des résidents du centre-ville d’Ottawa, pour qui les déplacements sont déjà difficiles.

Ainsi, des artères importantes dans le marché By et au sud du périmètre actuel pourraient être interdites à la circulation. Des barricades, des blocs de béton et de la machinerie lourde seront déployés pour assurer une barrière physique.

La manifestation – désormais considérée comme une occupation par le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, ainsi que par la police et d’autres élus – cause bien des maux de tête. Des citoyens, ainsi que divers organismes de la région, notamment ceux du secteur touristique, ont lancé un cri du cœur au cours de la semaine afin de demander aux autorités de mettre fin à la manifestation.

Les manifestants sont bien déterminés à ne pas quitter OttawaUn homme avec trois bidons d'essence parle à un policier.

Les manifestants sont bien déterminés à ne pas quitter Ottawa Photo: La PresseRESSE Canadienne/Justin Tang

Les manifestants prennent racine à Ottawa

Les organisateurs se disent déterminés à rester au centre-ville, et ce, autant et aussi longtemps que le gouvernement fédéral ne donnera pas suite à leurs revendications, comme la fin des mesures sanitaires. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont réitéré dans la seule et unique conférence de presse qu’ils ont donnée cette semaine.Un homme devant une cabane en bois.

Les structures installées par les manifestants suscitent la colère de plusieurs élus à Ottawa. Photo : Radio-Canada/Alexandre Behne

Par ailleurs, des structures ont été installées par les manifestants dans les derniers jours au parc de la Confédération, ce qui a suscité la colère des résidents d’Ottawa et de certaines Premières Nations après qu’un drapeau mohawk eut été brandi par les militants.Un homme avec du bois.

Un homme apporte du bois au campement de manifestants à Ottawa. Photo: Radio-Canada/Alexandre Behne

Du côté du gouvernement fédéral, on assure qu’aucune demande des manifestants ne sera satisfaite.

La police a soutenu que les canaux de communication avec les manifestants étaient ouverts, mais qu’une intervention plus musclée sera nécessaire pour venir à bout de cette occupation.

Les manifestants ne veulent pas parler à la police, ils veulent parler au premier ministre, a soutenu la chef adjointe du Service de police d’OttawaSPO, Patricia Ferguson.Des étagères avec des sacs de plastique.

Du matériel a été entreposé par les manifestants à leur campement. Photo : Radio-Canada

Étant donné que l’accès au centre-ville d’Ottawa est proscrit, la police a indiqué que les véhicules qui souhaiteront se joindre à la manifestation en fin de semaine seront dirigés vers des stationnements hors de la zone rouge.

La contre-manifestation est annulée

Une contre-manifestation qui devait rassembler plus de 1000 personnes samedi a été annulée.

Les organisateurs, le groupe Reclaim Ottawa, en ont fait l’annonce sur leur page Instagram, en citant des problèmes de sécurité.Un message sur une pancarte demande la fin de l'occupation à Ottawa.

Des résidents d’Ottawa sont sortis dans la rue pour exiger la fin de la manifestation des camionneurs qui paralyse le centre-ville depuis plus d’une semaine. Photo : Radio-Canada

Leur décision porte sur le fait que la police a révélé que des manifestants mal intentionnés auraient annoncé qu’ils envisageaient d’avoir des armes en leur possession.

Reclaim Ottawa encourage plutôt les résidents à concentrer leurs efforts pour veiller les uns sur les autres et s’entraider.

Par Radio-Canada

Canada: Des organisateurs de la manifestation à Ottawa mis en demeure

février 5, 2022
Des camions sont stationnés en plein milieu d'une rue du centre-ville d'Ottawa.

Le centre-ville d’Ottawa est toujours occupé par des manifestants qui s’opposent aux mesures sanitaires, après une semaine de mobilisation. Photo: Radio-Canada/Christian Milette

Les organisateurs du convoi de camionneurs qui protestent contre les mesures sanitaires depuis plus d’une semaine au centre-ville d’Ottawa sont visés par un recours collectif de près de 10 millions de dollars.

Une demande d’injonction a également été déposée, vendredi soir. Elle exige la fin immédiate de la nuisance dans les rues de la capitale fédérale.

Le recours collectif a été initié par Zexi Li, une fonctionnaire d’Ottawa de 21 ans, qui habite à quelques pâtés de maisons de la colline du Parlement.

Dans les documents déposés en cour supérieure de l’Ontario, les plaignants citent le bruit excessif des klaxons dans les quartiers résidentiels qui perdurent depuis plus d’une semaine.

L’une des principales tactiques du « convoi de la liberté » consiste à faire retentir les klaxons des véhicules sans arrêt, toute la journée. […] Ces klaxons ne sont pas destinés à être utilisés pendant plus de quelques secondes, car les niveaux sonores sont dangereux et provoquent des dommages permanents à l’oreille humaine. Malgré ces dangers, le « convoi de la liberté » a fait retentir ces klaxons en continu pendant 12 à 16 heures par jour, peut-on lire dans le document.

Une somme de 4,8 millions $ est réclamée en dommages et intérêts pour nuisance en plus d’un montant de 5 millions exigé pour dommages et intérêts punitifs.

Le recours collectif représente les résidents d’Ottawa qui habitent dans les secteurs situés entre les rues Bay et Elgin ainsi que les rues Lisgar et Wellington, d’après les documents légaux, dont Radio-Canada a obtenu copie.

Les organisateurs visés par le recours collectif, dont le Torontois Benjamin Dichter et les Albertains Patrick King et Tamarra Lich, ont 20 jours pour répondre.

Les camionneurs qui utilisent leur klaxon sans réserve et qui seront identifiés se verront ajoutés à la liste des personnes visées par ce recours.

Avec Radio-Canada