Posts Tagged ‘Campagne présidentielle’

France-Affaire Bygmalion : le procès de Nicolas Sarkozy s’ouvrira le 8 novembre 2023

octobre 5, 2022

Accusé de financement illégal de sa campagne présidentielle en 2012, Nicolas Sarkozy sera jugé en appel. Il avait été déclaré coupable en première instance.

Nicolas Sarkozy continue d'assurer ponctuellement certaines fonctions diplomatiques, a la demande d'Emmanuel Macron.
Nicolas Sarkozy continue d’assurer ponctuellement certaines fonctions diplomatiques, à la demande d’Emmanuel Macron.© MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Plus de dix ans après les faits. Accusé d’avoir bénéficié de financement illégal lors de sa campagne présidentielle perdue en 2012, l’ex-président Nicolas Sarkozy sera jugé en appel dans le dossier dit « Bygmalion » à partir du 8 novembre 2023. Un procès qui devrait durer un mois à raison de trois demi-journées par semaine, les mercredis et jeudis après-midi et le vendredi matin, selon la cour d’appel de Paris. Treize autres personnes seront également jugées en appel.

En première instance, Nicolas Sarkozy avait été condamné à un an de prison ferme. En septembre 2021, le tribunal correctionnel de Paris avait déclaré Nicolas Sarkozy coupable de financement illégal de sa campagne de 2012, une peine supérieure aux réquisitions du parquet, qui avait proposé un an dont six mois avec sursis.

Le tribunal avait demandé que la peine soit directement aménagée, à domicile, sous surveillance électronique. « Je demande simplement que le droit soit appliqué pour moi comme pour n’importe quel autre justiciable », or « celui-ci a été une nouvelle fois bafoué », avait réagi l’ancien chef de l’État dans un message sur les réseaux sociaux. « J’irai jusqu’au bout dans cette quête qui dépasse mon cas personnel, car chacun peut un jour se trouver confronté à l’injustice », avait-il assuré.

Jugé coupable de « financement illégal de campagne » en première instance

Dans son jugement, le tribunal avait estimé que l’ancien locataire de l’Élysée (2007-2012) avait « poursuivi l’organisation de meetings » électoraux, demandant « un meeting par jour », alors même qu’il « avait été averti par écrit » du risque de dépassement légal, puis du dépassement effectif. L’ex-chef de l’État « connaissait le montant légal du plafond » des dépenses autorisées. « Il a volontairement omis d’exercer un quelconque contrôle sur les dépenses engagées », avait estimé le tribunal. Les dépenses de campagne s’étaient élevées à un total de 42,8 millions d’euros, près du double du plafond légal à l’époque.

Pendant la campagne pour sa réélection en 2012, Nicolas Sarkozy a été un « candidat désinvolte », et a laissé filer les dépenses sans s’en préoccuper, lui qui demandait des « shows à l’américaine » avait soutenu le parquet dans son réquisitoire. Un montage illégal entre le parti de la majorité d’alors, l’UMP – que Nicolas Sarkozy rebaptisera Les Républicains (LR) par la suite – et la société organisatrice de meetings Bygmalion aurait couvert cette campagne somptuaire.

Par Le Point avec AFP

France: Un conseiller d’Éric Zemmour visé par une enquête pour viol

janvier 31, 2022

Une enquête a été ouverte après une plainte pour viol à l’encontre d’Olivier Ubéda, directeur des événements du candidat à la présidentielle.

Directeur des evenements d'Eric Zemmour, Olivier Ubeda, 51 ans, fait l'objet d'une plainte pour viols deposee en decembre 2021. (image d'illustration)
Directeur des événements d’Éric Zemmour, Olivier Ubéda, 51 ans, fait l’objet d’une plainte pour viols déposée en décembre 2021. (image d’illustration)© JOEL SAGET / AFP

Le directeur des événements du candidat d’extrême droite Éric Zemmour (Reconquête !), Olivier Ubéda, est visé par une enquête pour viols, ouverte après une plainte déposée en décembre, a indiqué, lundi 31 janvier, le parquet de Paris, confirmant une information de BFMTV.

« Travailler pour Z : 1/ on vire ton épouse de son job 2/ le fisc fait du zèle 3/ on t’accuse de viol… rien que ça. Le scénario est bien foutu. Ça ne repose sur rien de réel. Les médias adorent », a tweeté, lundi, Olivier Ubéda après la parution de l’article de BFMTV. « Vouloir casser ce qui marche. Salir pour empêcher. À vomir. Qui est dupe ? A qui le tour ? », a-t-il ajouté.

Selon BFMTV, un jeune homme de 18 ans, qui aurait travaillé avec lui en tant que stagiaire, a dénoncé des viols qui auraient commencé au printemps 2021 et se seraient poursuivis jusqu’à l’automne, période à laquelle il a déposé une plainte. Le parquet de Paris a confirmé qu’à la suite d’une plainte déposée le 9 décembre, une enquête avait été ouverte le lendemain pour viols. Les investigations ont été confiées au 1er district de police judiciaire.

Une personnalité bien connue à droite

« Je ne réagirai que quand je saurai de quoi et de qui on parle. Je vois l’officier enquêteur demain [mardi, NDLR]. Je n’ai reçu aucune convocation écrite. Juste une audition libre pour une mise en cause. Moi j’appelle cela une dénonciation calomnieuse. Parfois #MeToo c’est juste mytho », a-t-il poursuivi sur Twitter, quelque temps après son premier tweet sur le sujet.

Olivier Ubéda n’a pas donné suite aux sollicitations de l’Agence France-Presse dans l’immédiat. Âgé de 51 ans, Olivier Ubéda figure dans l’organigramme de la campagne d’Éric Zemmour comme « directeur des événements ». Ce communicant est chargé de l’organisation et de la scénographie des meetings, comme celui du 5 décembre à Villepinte ou celui prévu samedi à Lille. Il fait aussi la voix off des meetings du candidat d’extrême droite.

Il avait déjà assuré la communication d’Éric Zemmour durant la précampagne du polémiste, autour de son livre La France n’a pas dit son dernier mot. Ancien de l’UMP, Olivier Ubéda est une personnalité bien connue de la droite, pour laquelle il a régulièrement organisé des meetings, notamment pour Nicolas Sarkozy.

Avec Le Point avec AFP

France: Au procès Bygmalion, le « coordinateur » de la campagne Sarkozy qui n’a rien vu

juin 7, 2021
Au proces Bygmalion, le "coordinateur" de la campagne Sarkozy qui n'a rien vu
Au procès Bygmalion, le « coordinateur » de la campagne Sarkozy qui n’a rien vu© AFP/Archives/MARTIN BUREAU

Directeur de la campagne présidentielle 2012 de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert a assuré au procès Bygmalion qu’il avait constamment veillé à ce que les dépenses restent dans les clous, et n’avait jamais « rien su » du système de fausses factures.

A la barre comme la plupart des autres prévenus – anciens cadres de Bygmalion et de l’UMP – passés avant lui depuis l’ouverture du procès, M. Lambert s’évertue surtout à minimiser sa fiche de poste.

Directeur de campagne, c’était surtout un « rôle de coordination », répète l’ancien préfet, qui était chef de cabinet de Nicolas Sarkozy à l’Elysée avant le début de la campagne.

– Vous ne vous occupiez pas de la planification des meetings ?, demande la présidente.

– Pas vraiment, répond M. Lambert, « pas spécialiste de l’événementiel ».

« Je suis surtout l’interface entre l’Elysée et l’équipe de campagne, résumera-t-il, en assurant: « Celui qui dirige la campagne, c’est le président ».

Contrairement à ses 13 coprévenus qui comparaissent pour le système de fausses factures mis en place pour masquer l’explosion du plafond de dépenses autorisées, Nicolas Sarkozy – absent à l’audience – n’est jugé que pour « financement illégal de campagne ».

Son interrogatoire est prévu la semaine prochaine.

Selon l’accusation, l’ex-président a laissé filer les dépenses malgré plusieurs alertes claires et a « incontestablement » bénéficié de la fraude qui lui a permis de disposer d’au moins 42,8 millions d’euros au total, soit près du double du plafond légal à l’époque (22,5 millions).

La présidente Caroline Viguier fait projeter la première note d’alerte, envoyée début mars par les experts-comptables.

« C’est une injonction pour le futur, le bateau n’est pas en train de couler », insiste M. Lambert, qui porte un costume bleu marine et une attelle au mollet.

Mais il réagit « tout de suite ». A l’un, il donne l’ordre de renégocier le prix des meetings, aux autres de réduire la voilure… « je ne laisse pas filer les choses », assure-t-il, « j’ai donné le sens de ce qu’il convenait de faire ».

Sur le pupitre devant lui, Guillaume Lambert a posé un classeur de tableaux surlignés, dont il sort régulièrement des chiffres pour se défendre.

La présidente est un peu dubitative. Personne dans le dossier n’a le souvenir de sa détermination à maîtriser les dépenses. Et puis, juste après cette première note, arrivent les premiers gros meeting et la demande d’accélérer le rythme de la campagne.

« Fort de café »

« On a l’impression que vous dites qu’il faut faire attention de manière générale, sans aucune autre directive (…) et le message est vite oublié », avance-t-elle.

« Il y a eu un message très clair, très ferme. On ne peut pas faire n’importe quoi, c’est ça le message », assure au contraire M. Lambert.

Le tribunal insiste, ne comprend pas qu’il n’y ait pas eu de « suivi particulier » dans sa volonté d’économies.

Il finit par s’emporter. « Le problème, c’est pas Lambert, le problème, c’est qu’ils ne tiennent pas compte de ce que je dis ! », crie-t-il presque. « C’est un peu fort de café de me tenir responsable de ça », ajoute-t-il avant de s’excuser de s’être énervé.

« Votre position c’est que vous avez donné des consignes et qu’elles n’ont pas été respectées », synthétise la présidente.

Le procureur Nicolas Baïetto est moins diplomate: « Si vous essayiez aussi fort, comment êtes-vous arrivé à un résultat aussi mauvais ? »

M. Baïetto rappelle que sur la quarantaine de meetings, seuls trois au final seront des « petits meetings » de moins de 1.000 personnes. Et il ironise sur le fait Guillaume Lambert n’ait pas été étonné de l’improbable réussite d’une renégociation qui aurait fait fondre les prix de meetings au point de les diviser par deux. « C’est un peu excessif, non ? ».

Guillaume Lambert ne se démonte jamais. « J’ai piloté la campagne, j’ai présenté des activités au candidat. Le tableau de bord qu’on me présentait me disait que c’était possible », dit-il.

« Je n’avais aucune possibilité de savoir qu’il était tronqué, erroné, parce que des gens avaient décidé de mettre en place un système de fausses factures ». Lui n’en avait « aucune idée, aucun soupçon ».

Par Le Point avec AFP

France: Mélenchon prédit « un meurtre » la semaine avant la prochaine élection

juin 6, 2021

Il a aussi affirmé que plusieurs attentats avant les élections présidentielles étaient « écrits d’avance » sur le plateau de « Question politique ».

« Vous verrez que dans la dernière semaine de la campagne présidentielle, nous aurons un grave incident ou un meurtre », lance le chef de file de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, aux journalistes, alors qu’il est invité, ce dimanche, sur le plateau de « Question politique », diffusé sur France Info. Les propos du candidat à la présidentielle flirtent avec le complotisme. « Ça a été Merah en 2012, ça a été l’attentat la dernière semaine sur les Champs Élysées, avant on avait eu Papy Voise, dont plus personne n’a jamais entendu parler après. Tout ça, c’est écrit d’avance », poursuit-il.

« Nous aurons le petit personnage sorti du chapeau, nous aurons l’événement gravissime qui va une fois de plus permettre de montrer du doigt les musulmans et d’inventer une guerre civile, voilà, c’est bateau tout ça », conclut finalement le chef de file de LFI sur le sujet.

« On a élu des petits Macron »

Jean-Luc Mélenchon a également indiqué souhaiter qu’Emmanuel Macron « se représente », car « on aura de quoi dire » sur son « bilan ». « Sinon, on nous sort un autre petit Macron du chapeau, (…) on ne sait pas qui c’est, pouf, il se fait élire président. C’est le système qui l’invente. La dernière fois, Macron, il est arrivé au dernier moment. Là, ils vont peut-être en trouver un autre », a-t-il enchaîné.

« À chaque fois, ils en trouvent un. Dans tous les pays du monde, on a élu des petits Macron, il s’appelait Macri en Argentine, (…) c’était en Ukraine un type qui jouait dans une série de télévision. Dans tous les pays du monde, ils ont inventé un type comme ça, qui sortait de rien, et qui était porté par un système oligarchique », a poursuivi le patron des insoumis.

« Complotisme particulièrement nauséabond »

Des propos qui ont fait réagir sur Twitter, surtout la classe politique et notamment ceux de la majorité présidentielle. La députée européenne, Nathalie Loiseau, s’indigne : « Jean-Luc Mélenchon assène que les meurtres commis par Mohammed Merah étaient « écrits d’avance » et tombaient à pic avant une élection. Et personne sur le plateau pour réagir à ce complotisme particulièrement nauséabond ».

« Notez qu’il ne dit jamais « attentat islamiste » […] On est vraiment au-delà de la honte », s’insurge, quant à elle, Aurore Bergé, députée LREM des Yvelines. François Jolivet dénonce, lui, « des propos gravissimes, qui souillent la mémoire collective ».

« Désormais il crache aux visages des morts pour la France »

« Il y a beaucoup de gens bien à La France insoumise. Je n’imagine pas qu’ils puissent être d’accord avec ces propos, ni même les traiter comme des petits dérapages dont on s’accommode », a ajouté Laurence Rossignol, sénatrice socialiste et ancienne ministre.

Le syndicat des Commissaires de police SICP a, lui aussi, réagi aux propos du leader des Insoumis, rappelant le nom du « policier assassiné : Xavier Jugelé », que Jean-Luc Mélenchon a oublié d’évoquer, selon le syndicat, lors de son intervention.

Et le syndicat des Commissaires de police SICP de conclure : « Désormais il crache aux visages des morts pour la France ». 

Par Le Point avec AFP

Au Zimbabwe, le rêve enfin exaucé d’une campagne électorale sans violence

juillet 22, 2018

Des participants à un meeting de l’opposant Nelson Chamisa, candidat à la présidentielle zimbabwéenne du 30 juillet, le 21 juillet à Bulawayo, dans le sud du pays. © ZINYANGE AUNTONY / AFP

 

Michelle Nyakudya écoute attentivement le discours d’un candidat de l’opposition à la députation au Zimbabwe. Elle se pince encore pour y croire, mais les faits sont là.

Cette mère de famille s’apprête à voter dans un climat politique apaisé, sans menaces ni violences. Du jamais vu pour cette trentenaire.

Dans son village de Domboshawa, au nord d’Harare, l’opposition règne en maître, pourtant la sérénité prévaut à l’approche des élections générales du 30 juillet, les premières depuis la chute en novembre du président Robert Mugabe.

« Je peux dire que cette campagne électorale est différente », dit Michelle, « les précédentes étaient très violentes mais cette année c’est plutôt calme, nous ne sommes plus forcés de faire quoi que ce soit ».

« C’est une bonne année, les gens sont libres de dire ce qu’ils pensent », constate elle aussi Rabina Madziva, au chômage.

Crainte de fraude

Mais elle reste prudente. « Avec la politique, on ne sait jamais ce qui peut se passer après le vote », ajoute-t-elle, « j’espère qu’il n’y aura pas de fraude ».

Sous le long règne de Robert Mugabe, fraudes, intimidations et violences électorales ont été la règle. Les nervis du président n’ont pas hésité à rosser, torturer voire supprimer les partisans de l’opposition pour lui assurer la victoire.

En 2008, ces brutalités ont atteint un tel niveau qu’elles ont convaincu le chef du Mouvement pour un changement démocratique (MDC) Morgan Tsvangirai de renoncer au second tour de la présidentielle. Il était pourtant arrivé en tête du premier.

Finalement lâché par l’armée et son parti, la Zanu-PF, le « camarade Bob », 94 printemps aujourd’hui, a été contraint de rendre les clés du pays en novembre, après trente-sept ans de règne.

Son successeur Emmerson Mnangagwa, longtemps un proche de l’ancien maître du pays, n’a cessé depuis de promettre que les premières élections générales sans Robert Mugabe seraient « libres, transparentes et honnêtes ».

‘Nouvelle culture’

Son passé d’exécuteur des basses besognes répressives de l’ancien régime en a fait douter plus d’un.

Mais finalement, hormis la tentative d’assassinat – attribuée à une faction de son propre parti – qui a visé en juin le chef de l’Etat lors d’une réunion publique à Bulawayo (sud), les incidents sérieux ont été rares pendant la campagne.

Tout le monde est libre de faire campagne pour qui il veut

« Je pense que le départ de Mugabe a promu une nouvelle culture dans le pays », se félicite Handsome Madziva, 53 ans, un paysan de Nyahukwe, un village à quelque 200 km au sud-est de Domboshawa.

Là aussi, la campagne électorale a été sereine. « C’est la plus pacifique que j’ai connue », se réjouit, incrédule, Patrick Makonde, un électeur de 59 ans qui a participé à tous les scrutins organisés depuis l’indépendance de son pays en 1980.

« Personne n’a été frappé. Tout le monde est libre de faire campagne pour qui il veut », poursuit le grand-père, partisan depuis toujours de la Zanu-PF. « Les jeunes soutiennent leurs partis (d’opposition) et nous, nous gardons notre confiance à celui que nous défendons depuis toujours ».

Jusque-là sans incident majeur. Alors Patrick Makonde espère enfin vivre le 30 juillet sa première élection « normale ».

Influents chefs traditionnels

Illustration de ce changement d’ambiance, les réunions électorales du MDC ont attiré des foules sans précédent, même dans les bastions ruraux traditionnels de la Zanu-PF.

Longtemps considérés comme les agents électoraux les plus efficaces du parti au pouvoir, les très influents chefs traditionnels ont, eux, été priés par la justice de se tenir à bonne distance des opérations électorales.

Malgré l’amélioration générale du climat politique, les tentatives d’intimidation ou de pressions en faveur de la Zanu-PF n’ont pas disparu, relèvent les ONG.

Les intimidations restent répandues et en hausse », affirme l’ONG WTPZ

L’une d’elles, « Nous le peuple du Zimbabwe » (WTPZ), affirme avoir recensé 249 cas de menaces en juin dans le pays. « Les intimidations restent répandues et en hausse », affirme-t-elle dans un rapport en date du 9 juillet.

Le responsable régional de Human Rights Watch (HRW) Dewa Mavhinga doute, lui, de la conversion des chefs locaux du parti au pouvoir aux consignes de modération de leur état-major.

« Mnangagwa prêche la paix pour profiter de la légitimité du scrutin mais ceux qui sont au bas de la hiérarchie de la Zanu-PF sont fébriles », s’inquiète M. Mavhinga, « le recours à la violence reste inscrit dans leurs gènes ».

Pas de quoi toutefois inquiéter Joshua Mvere. « J’étais jeune en 2008 mais je me souviens que l’élection a été terrible », dit ce jeune marié de 22 ans, « mais aujourd’hui nous faisons campagne comme des gens civilisés ».

Et même s’il a longtemps hésité, c’est sûr, le 30 juillet il ira voter pour la première fois.

Jeuneafrique.com avec AFP

Colombie: trois fausses informations virales de la campagne présidentielle

juin 17, 2018

Un homme tient un bulletin de vote lors du second tour de la présidentielle en Colombie, le 17 juin 2018 / © AFP / LUIS ROBAYO

La Colombie n’a pas échappé aux fausses informations pendant la campagne de la présidentielle, qui décide dimanche du retour de la droite dure ou de l’élection du premier président de gauche de ce pays.

Voici les trois mensonges qui se sont le plus propagés sur les réseaux sociaux avant ce second tour entre Ivan Duque, ex-sénateur de droite, et Gustavo Petro, ancien maire de Bogota et ex-guérillero du M-19 dissout.

– Mensonge n°1: « Si Duque gagne, la Farc relance la guerre »

L’avenir de l’accord de paix signé en novembre 2016 par la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et le président sortant Juan Manuel Santos a été au cœur de la campagne.

Duque, dauphin de l’ex-président Alvaro Uribe (2002-2010), a été l’opposant le plus radical à ce pacte, qui a permis le désarmement de 7.000 guérilleros et la reconversion de la rébellion dans la politique légale.

Le site Tiempo 12 a publié un extrait d’une interview de Rodrigo Londoño, plus connu par le pseudonyme Timochenko, chef de l’ex-guérilla et du désormais parti Force alternative révolutionnaire commune (Farc), réalisée par France 24.

Sous le titre « Menace! Timochenko: si Duque gagne, nous retournons à la guerre! », l’article cite Londoño, affirmant que « dans la dernière étape du gouvernement Santos le processus de paix est en danger ».

Il n’incluait pas la vidéo originale de l’entretien et utilisait partiellement la déclaration de l’ancien chef rebelle, hors contexte. Quand Alvaro Sierra, directeur de France 24 Espagnol, lui demande si le processus de paix serait en danger en cas de victoire de la droite, Londoño répond:

« Si la société colombienne, les secteurs colombiens et la communauté internationale ne s’unissent pas pour accompagner ce processus, je ne veux pas dire que nous allons à nouveau vers la guerre, mais oui, cela peut semer les graines d’un nouveau conflit en Colombie. Nous, nous l’avons dit, l’avons signé et le respecterons: il n’y a pas de marche arrière ».

Le candidat de droite à la présidentielle colombienne, Ivan Duque à Bogota, le 17 juin 2018 / © AFP / Raul Arboleda

Londoño a démenti l’article de Tiempo 12 sur Twitter, ajoutant: « Notre engagement avec la Paix est inébranlable ».

– Mensonge n°2: Petro dit vouloir reproduire le modèle vénézuélien

Les réseaux sociaux sont pleins de messages accusant Petro d’être « castrochaviste » et de défendre un programme qui conduirait la Colombie vers une crise similaire à la faillite vénézuélienne.

Son passé d’ex-guérillero du M-19 est souvent rappelé, comme le fait qu’il ait accueilli Hugo Chavez en 1994, quatre ans avant son élection à la présidence du pays voisin.

De faux tweets ont été reproduits par des personnalités aussi populaires qu’Alvaro Uribe, suivi par cinq millions d’abonnés.

« Mon plus grand souhait est d’arriver au pouvoir pour continuer l’héritage de Bolivar, de Hugo Chavez », a été l’un des messages retweetés depuis un faux compte de Petro.

Un photomontage montrant des leaders de la Farc portant des T-shirts avec le slogan « Petro président » et le logo de son mouvement Colombie Humaine a également été diffusé.

L’image, tweetée par le sénateur uribiste Alfredo Rangel avec la phrase « La direction des Farc avec Petro. Le castrochavisme s’unit », a en fait été prise pendant la dernière Conférence guérillera en septembre 2016, avant la signature de la paix. Sur la photo originale, les chefs rebelles portent un T-shirt différent. Le sénateur a supprimé son tweet.

Le cnadidat à la présidentielle colombienne Gustavo Petro (c) à Bogota, le 15 juin 2018 / © AFP/Archives / Raul ARBOLEDA

Petro, qui s’est distancié du successeur de Chavez, Nicolas Maduro, s’est défendu en disant que « le castrochavisme » n’existe pas et que le projet politique du M-19 était libéral et démocratique.

Il a écarté l’instauration du socialisme en Colombie, assuré qu’il privilégierait l’agriculture sur l’exploitation pétrolière. Avant le second tour, il a renoncé à l’idée de convoquer une Assemblée constituante.

– Mensonges n°3: de supposés exemples de fraude électorale

A l’issue du premier tour du 27 mai, où Duque a obtenu 39% des voix et Petro 25%, le hashtag #FraudeElectoral est apparu sur les réseaux, dénonçant une manipulation des formulaires de comptage.

Les images reprises de la page du Registre électoral montraient des modifications favorisant certains candidats, en particulier Duque.

Des vidéos manipulées, des audios anonymes et des mêmes affirmaient que la Mission d’observation électorale (MOE) indépendante confirmait la fraude.

Quatre jours plus tard, la MOE a précisé qu’il y avait eu des anomalies pour 363 formulaires sur un échantillon de 13.135 bureaux de vote, soit 2,8%.

Le Conseil national électoral (CNE), qui a reçu des plaintes de l’équipe de campagne de Petro, a précisé le 8 juin qu’elles concernaient 495 votes, ce qui ne changeait pas significativement les résultats.

Le Registre électoral a procédé à un nouveau comptage, ajoutant 238 votes à Petro et en ôtant 257 à Duque.

Romandie.com avec(©AFP / 17 juin 2018 17h58)

Sarkozy mis en examen: retour sur un « Kadhafiasco »

mars 28, 2018

 

L’ancien président français, sur le plateau de la chaîne TF1, le 22 mars 2018 © Nicolas Messyasz/SIPA

Mis en examen le 21 mars, Nicolas Sarkozy nie farouchement avoir bénéficié des largesses du « Guide » libyen. Retour sur une idylle qui a tourné à l’aigre.

Nicolas Sarkozy a raison. Quand il dit « c’est la France, c’est la fonction de président de la République qui est en cause », il reconnaît – à son corps défendant – que sa mise en examen peut déclencher le plus gros scandale de la Ve République française. Le candidat Sarkozy a-t-il reçu plusieurs millions d’euros de Mouammar Kadhafi, l’ancien numéro un libyen, pour financer sa campagne victorieuse de janvier-mai 2007 ?

Ce 21 mars, après une garde à vue de près de quarante heures, le juge français Serge Tournaire a estimé qu’il disposait de suffisamment d’indices graves ou concordants pour mettre en examen l’ancien président français pour « corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de détournement de fonds publics libyens ».

Vous êtes mon ami et mon frère. Je vais vous aider

Sarkozy-Kadhafi, c’est Duel au soleil, le western de King Vidor : l’histoire d’un coup de foudre qui se termine par une lutte à mort. En octobre 2005, lors d’une première rencontre à Tripoli, les deux hommes voient tout de suite leur intérêt à bien s’entendre. Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, révèle à son hôte qu’il va se présenter à la présidentielle de 2007. « Vous êtes mon ami et mon frère. Je vais vous aider », lui répond le « Guide ». Sans plus de précisions.

« Ce type est siphonné »

En juillet 2007, deux mois après son élection, Sarkozy – via son épouse de l’époque, Cécilia – réussit à convaincre Kadhafi de relâcher les cinq infirmières bulgares et le médecin palestinien arrêtés huit ans plus tôt à Benghazi. En décembre 2007, lors de sa fameuse visite officielle à Paris, le Libyen s’épanche : « Vous savez, mon frère Sarkozy, j’ai bien changé. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma vie. J’ai été nationaliste, j’ai été socialiste, j’ai été terroriste. J’ai décidé d’en finir avec tout cela et de me tourner vers l’avenir. » Et Nicolas Sarkozy de répondre : « Excellence, vous avez eu le courage de faire ce geste de pénitence, c’est la voie de la sagesse. » Sortez les mouchoirs…

Avec Kadhafi, j’ai eu droit à un scandale par jour. Il nous a tout fait, c’était insupportable

Dès les mois suivants, les choses se gâtent. En avril 2008, le président français confie à son homologue égyptien, Hosni Moubarak, à propos de la visite de décembre : « Ce type [Kadhafi] est siphonné. Avec lui, j’ai eu droit à un scandale par jour. Il nous a tout fait, c’était insupportable. » Surtout, comme le révélera plus tard Béchir Saleh, le directeur de cabinet du « Guide », ce dernier ne respecte pas les promesses de contrat qu’il a faites à Sarkozy. Résultat, en mars 2011, lorsqu’il tente une dernière médiation à l’Élysée avant que l’aviation française frappe les colonnes blindées libyennes, Saleh pose une seule question à Sarkozy de la part de Kadhafi : « Pourquoi me fais-tu cela ? » Réponse du Français : « Parce que tu te moques de moi. »

Sept mois plus tard, le 20 octobre 2011, après le bombardement de son convoi par l’Otan, le leader de la Jamahiriya est capturé par des rebelles, près de Syrte. Est-il alors lynché par un simple milicien ou tué par un agent secret français ? Le mystère demeure. Nicolas Sarkozy a-t-il déclaré la guerre à son ex-ami pour effacer toute trace des turpitudes passées ? L’accusation semble incroyable. Mais de tous les dirigeants de l’Otan qui ont fait la guerre à Kadhafi, Sarkozy a été celui qui, quelques années plus tôt, entretenait la relation la plus complice avec le dictateur libyen.

Pas de document ?

Risque-t-il un procès, voire la prison, pour financement illicite d’une campagne électorale par un régime étranger ? Attention, on n’en est pas là. « Chacun devrait être prudent, avertit l’intéressé. J’ai été mis en examen dans l’affaire Bettencourt [du nom de la milliardaire Liliane Bettencourt, soupçonnée un temps d’avoir financé la même campagne], puis j’ai eu un non-lieu. […] Mouammar Kadhafi avait l’habitude de tout enregistrer, de tout photographier. Il n’y a pas un document, pas une photo, pas un compte. Il n’y a pas le plus petit commencement d’une preuve. »

Pas de document ? En avril 2012, le site Mediapart a publié une lettre officielle libyenne attestant d’un accord de financement à hauteur de 50 millions d’euros – un document dont l’authenticité fait débat, il est vrai. Le juge s’appuie aussi sur une demi-douzaine de témoignages.

Dans ce thriller où certains témoins risquent toujours leur vie – Béchir Saleh a été blessé par balles le 23 février en Afrique du Sud –, le spectre de Mouammar Kadhafi hante la scène. Face à ce qu’il appelle « l’enfer de la calomnie », Nicolas Sarkozy trouve une nouvelle jeunesse et se bat comme un lion. Mais il joue très gros.

Jeuneafrique.com par

États-Unis: Un fils Trump admet avoir accepté l’aide de Moscou pour nuire à Clinton

juillet 11, 2017

Donald Trump Jr., le fils aîné de Donald Trump, le 17 avril 2017 à Washington, à la Maison Blanche / © AFP/Archives / SAUL LOEB

Le fils aîné du président américain Donald Trump a admis mardi avoir volontairement rencontré l’an dernier une avocate présentée comme émissaire du gouvernement russe, apparemment désireux de fournir au candidat républicain des informations compromettantes sur sa rivale présidentielle, Hillary Clinton.

La révélation de ce rendez-vous, qui a eu lieu en juin 2016, a renforcé les soupçons de collusion entre le premier cercle du président américain et le pouvoir russe, des accusations qui font déjà l’objet d’enquêtes du procureur spécial Robert Mueller et de plusieurs commissions du Congrès, mais que le milliardaire a toujours dénoncées comme une cabale.

Devançant leur divulgation imminente par le New York Times, Donald Trump Jr., 39 ans, a publié sur Twitter quatre pages de messages échangés en juin 2016 avec un intermédiaire britannique nommé Rob Goldstone, en contact avec des proches du pouvoir russe.

Rob Goldstone est un agent représentant le chanteur russe Emin Agalarov, dont la famille connaît bien celle de Donald Trump. Dans un email daté du 3 juin 2016, il informe le fils Trump que le procureur général de Russie (qu’il appelle, selon une formulation britannique, « procureur de la Couronne ») a proposé au père d’Emin Agalarov, Aras, de « donner à la campagne Trump des informations et documents officiels qui incrimineraient Hillary et ses transactions avec la Russie et qui seraient très utiles à votre père ».

« Ce sont évidemment des informations de très haut niveau et sensibles, mais qui font partie du soutien de la Russie et de son gouvernement pour M. Trump », écrit Rob Goldstone.

« Si c’est ce que vous dites, j’adore (l’idée), surtout plus tard cet été », a répondu Donald Jr. 17 minutes plus tard.

S’ensuivent des échanges pour tenter de caler d’abord une conversation téléphonique entre Emin Agalarov et Donald Jr., puis un rendez-vous, le 9 juin 2016 à la Trump Tower, avec une avocate russe venue de Moscou et présentée comme « avocate du gouvernement russe », Natalia Veselnitskaya. La rencontre a bien eu lieu à Manhattan, au 25e étage de l’immeuble, en compagnie du gendre du milliardaire, Jared Kushner, et de son directeur de campagne, Paul Manafort.

« La femme, comme elle l’a dit publiquement, n’était pas une responsable gouvernementale », a déclaré Donald Jr. dans un communiqué, ajoutant pour sa défense qu’elle n’avait finalement « pas d’information à donner » et voulait en réalité parler de la loi américaine Magnitski sanctionnant des Russes pour des violations de droits de l’homme.

« Mon fils est une personne de grande qualité et j’applaudis sa transparence », a ensuite déclaré le président Trump, dans un texte lu par sa porte-parole à la Maison Blanche.

– ‘Inacceptable’ –

Mais les messages ont immédiatement enflammé la capitale américaine. Au Capitole, le mot de trahison n’était plus tabou pour certains démocrates.

« Quand quelqu’un reçoit un message disant que le gouvernement russe veut aider faire élire son père, et qu’une avocate du gouvernement russe arrive de Moscou pour le voir, toute personne normale tirerait le signal d’alarme et appellerait les forces de l’ordre », a déclaré le sénateur démocrate Tim Kaine, ancien colistier d’Hillary Clinton.

Les parlementaires républicains ne pouvaient s’esquiver face à ces révélations, les premières qui établissent aussi clairement des contacts de nature politique entre la garde rapprochée de Donald Trump et des proches du pouvoir russe en pleine campagne présidentielle.

« C’est très problématique », a réagi le sénateur républicain Lindsey Graham. D’autres républicains confiaient dans les couloirs du Capitole qu’ils n’auraient jamais accepté une telle rencontre, tout en tâchant de minimiser le scandale.

Le fils Trump, qui codirige avec son frère le groupe familial et fut un conseiller omniprésent de son père lors de la campagne, devrait être appelé rapidement à s’expliquer sous serment devant le Congrès.

Signe du malaise, le vice-président Mike Pence a fait savoir qu’il ignorait tout de ces événements, n’ayant été nommé colistier que le 15 juillet 2016.

La rencontre a eu lieu à une époque où le grand public ignorait encore que le parti démocrate avait été piraté; les messages internes dérobés ne seront diffusés que plusieurs semaines plus tard. Le gouvernement américain attendra octobre avant de publiquement accuser la Russie de piratages.

L’avocate Natalia Veselnitskaya a elle-même dit, dans une interview à MSNBC, que le trio qu’elle a rencontré « voulait probablement de telles informations. Ils les voulaient vraiment », selon la traduction fournie par la chaîne.

L’ancien directeur de campagne d’Hillary Clinton, Robby Mook, a quant à lui posé la question qui devrait désormais être au centre des débats: « Que savait le président, et quand l’a-t-il appris ? ». Une question célèbre, passée à la postérité après avoir été posée par un sénateur en 1973 lors de l’enquête sur le scandale du Watergate, qui fit tomber le président Richard Nixon.

Romandie.com avec(©AFP / 11 juillet 2017 21h22)                

France: Le ton monte entre Macron et Fillon

avril 1, 2017

Emmanuel Macron et François Fillon, avant le débat organisé par TF1, le 20 mars dernier.

Emmanuel Macron et François Fillon, avant le débat organisé par TF1, le 20 mars dernier. Crédits photo : POOL/REUTERS

 

Samedi, le candidat d’En Marche ! et celui de la droite se sont livrés à un duel à distance par-dessus la Méditerranée.

«Puisque Monsieur Macron a dit des choses désagréables ce matin, je l’invite à venir vous rencontrer: il verra que votre visage, c’est celui de la volonté, du courage, de l’enthousiasme, de la colère aussi parfois.» Pour répondre au candidat d’En Marche!, qui l’a accusé samedi matin depuis Marseille de porter «le masque de la haine», François Fillon a pris à témoin les 1500 supporters corses venus l’applaudir le soir à Sarrola-Carcopino, près d’Ajaccio. Toute la journée, le favori de la présidentielle et son challenger de droite se sont cherchés, et souvent trouvés.

» À Marseille, Macron charge le FN et répond aux attaques

Dès sa première étape sur l’île, à Biguglia, en Haute-Corse, chez son ami le député Sauveur Gandolfi-Scheit, François Fillon a dénoncé ce qu’il a appelé «la plus grande supercherie de l’histoire de la Ve République»: «Un candidat qui fait semblant d’être un dissident», qui prétend rassembler «l’ensemble des Français […] des anciens communistes jusqu’aux ultra libéraux». Il a appelé ses soutiens à se «révolter» et à déposer dans l’urne «un bulletin de combat contre un système qui a échoué et qui veut durer», grâce à une «cabale largement relayée par le système médiatique», à une «stratégie antidémocratique» visant à le contraindre à se retirer.

La réponse d’Emmanuel Macron est arrivée en début d’après-midi. Dès qu’il a mentionné «le candidat des Républicains», les 5000 personnes venues l’écouter au Parc Chanot, à Marseille, se sont mises à siffler. Il a arrêté les plus enflammés d’un martial: «Ne vous joignez pas à leur indécence, jamais!» La veille, à Toulon, Fillon avait abondamment fait huer son adversaire d’En Marche! L’auditoire, déchaîné, avait aussi organisé une bronca pendant l’intervention de Christian Estrosi. Le président de la région Paca s’est grillé auprès des fillonistes en tentant de persuader leur champion de se retirer, après sa mise en examen.

Macron, qui s’est fait un plaisir de rencontrer Estrosi avant son meeting, s’est servi de ces militants Républicains conspuant l’un des leurs pour lancer une diatribe contre son adversaire. «Il y a eu, je crois, peu de moments où le nom de ce parti a été si immérité par celui qui en porte les couleurs, a-t-il attaqué. Il n’a plus de programme alors il invective les autres ; il ne va plus à la rencontre des Français – il ne le peut plus – alors il se calfeutre avec camp ; il connaît l’indignité de par sa faute, alors il veut maintenant tous nous y plonger par ses attaques infâmes.»

«C’est un clan aux pratiques inacceptables, qui ne propose plus rien», a asséné l’ancien ministre de l’Économie en allusion au traitement infligé à Christian Estrosi, qu’il a fait applaudir en assurant: «Nous nous sommes opposés, nous avons des divergences, nous avons consommé des désaccords, mais c’est un républicain […] Alors oui, je vous le dis, hier soir, [les Républicains] ont montré un masque de haine et d’indignité!» Dans son élan, le candidat d’En Marche! a même accusé Fillon et ses soutiens d’avoir «décidé de tourner le dos à la République pour aller chérir et embrasser Sens Commun», émanation politique de la Manif pour tous. «Et bien honte à eux!», s’est-il exclamé, prédisant qu’ils «suivront cette route jusqu’au bout […] derrière le Front national.»

Il n’en fallait pas davantage pour que Fillon se déchaîne à son tour, le soir, en Corse , contre «Emmanuel Hollande ou François Macron, peu importe». «Nos compatriotes se moquent de ce bal masqué politique. Ils savent bien que sous un pIavillon de complaisance différent c’est bien la même marchandise frelatée qui se trouve dans les cales», a-t-il assuré, avant de demander: «Ne vous laissez pas imposer un scénario écrit d’avance par les plumitifs du pouvoir socialiste qui vous disent: «Après le monarque, c’est le tour du petit prince.»

Contexte oblige, Fillon a ironisé sur ceux qui «dépeignent monsieur Macron en nouveau Bonaparte». «Excusez du peu, alors que la seule campagne menée jusqu’à présent par l’intéressé est celle des débauchages politiques que l’on nous présente comme le comble du renouveau», a-t-il conclu. Le public était hilare, même s’il ignorait que la comparaison avait été vraiment tentée. À vingt-deux jours du premier tour, tous les moyens sont bons pour fouetter les ardeurs des troupes.

Lefigaro.fr par Judith Waintraub , Arthur Berdah envoyés spéciaux en Corse et à Marseille

France: Manuel Valls ne parrainera pas Benoît Hamon

mars 14, 2017

L’ancien premier ministre, qui a démenti un soutien à Emmanuel Macron, réunit ses proches à l’Assemblée ce soir.

Manuel Valls à Boisseul, le 18 janvier.

Manuel Valls à Boisseul, le 18 janvier. PASCAL LACHENAUD / AFP
Quelle place pour Manuel Valls dans la campagne présidentielle ? L’ancien premier ministre, discret depuis sa défaite face à Benoît Hamon lors de la primaire à gauche, fait quelques signes.

« Je ne peux pas apporter mon parrainage à Benoît Hamon », a-t-il déclaré à Paris-Match dans un article paru mardi 14 mars. Dans le même temps, l’ex-chef du gouvernement a dû démentir un soutien à Emmanuel Macron, annoncé par Le Parisien. Deux éléments qui sont symptomatiques des hésitations que connaissent M. Valls et ses fidèles, divisés par la question d’un possible soutien à l’ancien ministre de l’économie.

Mardi soir, l’ex-chef du gouvernement doit réunir ses proches à l’Assemblée. Il va « nous dire comment il voit l’actualité, le contexte politique, mais aussi comment il voit le futur, bien au-delà de la présidentielle, et nous verrons ensemble ce qu’il y a de mieux à faire », a précisé le député Olivier Dussopt sur LCP. A la fin de février, au cours d’une réunion similaire, Manuel Valls avait appelé ses proches à « rester ensemble » – formule visant à empêcher un exode chez Emmanuel Macron. Mais il avait aussi exprimé son « inquiétude », quant à l’accord passé par Benoît Hamon avec EELV.

Pour Cambadélis, Hamon n’a « pas besoin » du parrainage de Valls

A gauche, le refus annoncé de M. Valls de parrainer M. Hamon a suscité quelques remous. « Même ses électeurs de la primaire (), je pense que ce matin ils sont choqués qu’il ne veuille pas donner son parrainage à Benoît Hamon », a déclaré Alexis Bachelay, un proche du candidat socialiste à la présidentielle sur BFMTV. Le député a dénoncé un débat « un peu surréaliste () alors que Manuel Valls était le finaliste de la primaire et qu’il s’est engagé » à soutenir M. Hamon.

Benoît Hamon « n’a pas besoin » du parrainage de M. Valls, a tempéré Jean-Christophe Cambadélis, le premier secrétaire du PS, sur CNews :

« Je crois que Manuel Valls a été très clair, il a salué le soir de l’élection Benoît Hamon, il lui a souhaité bonne chance publiquement et il a dit qu’il serait en retrait. On ne comprendrait pas qu’il soit à côté de lui vu ce qu’ils se sont dits lors de la campagne. »

Lemonde.fr