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Football : le président du club de Naples « ne veut plus de joueurs africains »

août 5, 2022

Aurelio De Laurentiis a annoncé qu’il n’engagera plus de joueurs africains, sauf s’ils acceptent de renoncer à participer à la Coupe d’Afrique des nations. Une déclaration polémique qui relance un vieux débat.

Aurelio De Laurentiis, le président du club de Naples, le 25 mai 2022. © Vincenzo Izzo/SIPA

« Ce qu’a dit le président de Naples, je suis prêt à parier que d’autres le pensent, mais n’osent pas l’affirmer ouvertement », suppose un agent de joueur de football sous le couvert de l’anonymat. Il réagit aux propos polémiques qu’a tenus Aurelio De Laurentiis, président depuis 2004 de Naples – l’un des meilleurs clubs italiens – dans une interview au site économique Wall Street Italia.

« Ne me parlez plus des Africains. Je leur veux du bien, mais je ne les ai jamais à disposition. Je n’en prendrai plus tant que la CAN [Coupe d’Afrique des nations] sera organisée au milieu de la saison, sauf s’ils signent un papier disant qu’ils renoncent à y participer. Sinon, on se retrouve comme des idiots à les payer pour qu’ils aillent jouer ailleurs », a pesté Laurentiis.

Sélection nationale

Lors de la dernière CAN, organisée au Cameroun en janvier et février, Naples avait dû se passer du Sénégalais Kalidou Koulibaly et du Camerounais Frank Zambo-Anguissa. Récemment transféré à Chelsea (Angleterre), Koulibaly a répondu à distance à son ancien employeur.

« Personne ne m’a jamais demandé de renoncer à la CAN. Et personne ne peut m’interdire de jouer pour ma sélection nationale. Défendre les couleurs de son équipe nationale est la chose la plus importante qui soit. Les gens doivent faire preuve d’un peu plus de respect », a prévenu le capitaine des Lions de la Teranga.

Problème météorologique

La sortie médiatique de l’homme d’affaires italien intervient quelques semaines après que la Confédération africaine de football (CAF) a annoncé le report de la CAN. Prévue pour juin et juillet 2023 en Côte d’Ivoire, elle a été décalée à janvier et février 2024 afin que la météo soit plus clémente.

En 2017 pourtant, la CAF avait décidée que sa compétition phare aurait lieu en juin et juillet pour s’aligner sur les autres confédérations et éviter les conflits avec les clubs européens, dont certains supportaient de moins en moins de voir leurs internationaux africains s’absenter plusieurs semaines en pleine saison.

Mais, hormis en 2019 quand la CAN s’est disputée en Égypte en juin et juillet, le retour à l’ancienne règle semble acté, au moins temporairement. « Tant que la CAN aura lieu dans des pays où il est difficile de jouer en juin et juillet, elle sera organisée en janvier et février, et cela fera débat, comme c’est le cas depuis des années. Il n’y a réellement que dans les pays d’Afrique du Nord ou en Afrique du Sud qu’on peut joueur en juin et juillet. Je pense que la CAF, la Fifa et les clubs doivent discuter de ce problème de calendrier », souligne le gardien international camerounais Carlos Kameni.

Pressions des clubs

L’ancien joueur de l’Espanyol Barcelone et de Malaga ne se dit pas choqué par les propos d’Aurelio De Laurentiis. « On peut le comprendre : il n’est jamais facile pour un club de voir plusieurs de ses joueurs partir en pleine saison disputer une compétition avec leur sélection nationale. Laurentiis sait parfaitement qu’en recrutant des joueurs africains, ceux-ci peuvent être sélectionnés pour disputer une CAN. Il ne fait pas preuve de mauvaise foi, il donne juste son avis, et il n’est pas le seul à penser ainsi », poursuit Kameni.

À l’approche de chaque phase finale de la CAN, il n’est pas rare que des clubs fassent plus ou moins pression sur des joueurs pour tenter de les dissuader de participer au tournoi. Souvent sans succès. « Après la CAN 2008, je devais signer à Tottenham (Angleterre), et on m’a demandé si je comptais disputer la CAN 2010 en Angola. J’ai répondu par l’affirmative, et je n’ai jamais rejoint Tottenham », précise Kameni.

Une CAN tous les quatre ans ?

Le Français Patrice Neveu, sélectionneur du Gabon, dont la quasi-totalité des internationaux évoluent en Europe, s’avoue surpris par les déclarations du dirigeant napolitain, « tout simplement parce que ce problème n’est pas nouveau ». « Il faut, dit-il, parvenir à trouver une harmonisation des calendriers internationaux. On peut entendre les [arguments des] clubs européens, il faut aussi que ces derniers tiennent compte des réalités africaines, notamment celle des saisons qui peuvent, dans certaines parties du continent, rendre la pratique du football compliquée à certaines périodes de l’année. »

Le technicien craint que ce sempiternel débat ne finisse par « inciter la CAF à faire jouer la CAN tous les quatre ans » comme le souhaite la Fifa, une hypothèse majoritairement rejetée par les acteurs du football africain et les supporters, très attachés au format actuel.

« L’idéal serait de continuer à disputer la CAN tous les deux ans, car le football africain en a besoin pour sa visibilité internationale, et le plus souvent possible en juin et juillet », espère Saïd Ali Athouman, le président de la fédération comorienne.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Côte d’Ivoire : la CAN débutera finalement en 2024

juillet 4, 2022

La Coupe d’Afrique des nations de football 2023, qui devait se dérouler en juin et juillet de l’année prochaine, se tiendra six mois plus tard, a annoncé la CAF. Officiellement, pour des raisons météorologiques.

Un homme souffle dans un vuvuzuela lors de l’inauguration, le 3 octobre 2020, du stade olympique d’Ebimpé, non loin d’Abidjan, construit en vue de la Coupe d’Afrique des nations de 2023, en Côte d’Ivoire. A man blows a vuvuzela during the inauguration ceremony of Ivory Coast’s new 60,000-seat Olympic stadium, built with the help of China, in Ebimpe, outside Abidjan, on October 3, 2020 ahead of 2023 Africa Cup of Nations. © ISSOUF SANOGO/AFP

Six mois de répit pour éviter les pluies. La Coupe d’Afrique des nations de football (CAN), initialement programmée en juin et juillet 2023 en Côte d’Ivoire, a été déplacée à janvier-février 2024 pour des raisons climatiques, a annoncé le 4 juillet le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, lors d’une conférence de presse à Rabat, à l’issue d’une réunion du comité exécutif de la CAF. « On ne veut pas prendre le risque d’avoir une compétition sous le déluge. Ça ne serait pas bon pour le football africain et son image », a-t-il expliqué. La compétition devait initialement se tenir du 23 juin au 23 juillet 2023 dans cinq villes ivoiriennes : Abidjan, Bouaké, Yamoussoukro, Korhogo et San-Pedro.

« Nous prenons la décision mais c’est une question de respect. On a pris de nombreux avis et certaines personnes nous ont dit “il y a le changement climatique, peut-être que la pluie ne sera pas un problème”. Mais les conseils que l’on reçoit, c’est qu’on ne peut pas prendre ce risque », a détaillé le président de la confédération africaine. Quelques jours plus tôt, Veron Mosengo-Omba, le secrétaire général de la CAF avait indiqué dans une interview que la piste du report était à l’étude.

Janvier, un mois « pas idéal »

Le mois dernier, de graves inondations provoquées par des pluies diluviennes ont fait au moins cinq morts à Abidjan. Le mois de juin est traditionnellement le plus pluvieux de l’année, avec en moyenne autour de 300 mm d’eau. « Je suis très fier des infrastructures de classe mondiale, du soutien du président Alassane Ouattara, du Premier ministre, du gouvernement et de tous les gens du football en Côte d’Ivoire. Cette compétition sera très spéciale », a assuré Patrice Motsepe. « On sait bien que le mois de janvier n’est pas idéal. Les clubs européens ne sont alors pas toujours enclins à libérer leurs meilleurs joueurs« , a-t-il cependant reconnu.

Le 2e vice-président de la Fédération ivoirienne de football (FIF), Koné Mamadou, a déclaré que « si la CAF l’a décidé ainsi, c’est qu’elle a ses raisons » et « nous n’avons pas le choix, nous ne pouvons que nous aligner ». Selon lui, « la dernière décision revient aux autorités ivoiriennes qui ont mis les moyens pour les infrastructures », dont la construction et la rénovation de stades. L’ancien international ivoirien Cyril Domoraud a jugé que la décision de la CAF était « sage ». « On ne peut pas déployer de grands moyens pour une CAN et la jouer en saison pluvieuse », a-t-il dit. Il estime qu’il s’agit d’une « une décision salutaire, même si jouer en janvier-février va embêter des clubs européens ».

Jusqu’en 2017, la CAN s’est déroulée en début d’année civile. Le comité exécutif de la CAF a ensuite décidé de déplacer l’épreuve en été. L’édition 2019 s’est ainsi tenue en juin et juillet en Égypte. L’édition suivante, au Cameroun, a été déplacée à plusieurs reprises, d’abord à la demande du pays-hôte puis du fait de la pandémie de Covid-19. Elle s’est finalement tenue en janvier et février 2022.

Par Jeune Afrique avec AFP

Gabon – Football : avarie d’avion, joueurs manquants, absence de maillots…. Les folles galères des Panthères

juin 11, 2022

La sélection gabonaise a vécu des moments particulièrement agités avant ses deux matches qualificatifs pour la CAN 2023 en RDC (1-0) et face à la Mauritanie (0-0). Des péripéties consécutives à l’incarcération du président de la fédération dans le cadre d’une enquête pour abus sexuels commis par un entraîneur.

Lors des huitièmes de finale de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2021 entre le Burkina Faso et le Gabon, au stade Omnisport de Limbé, le 23 janvier 2022. © CHARLY TRIBALLEAU/AFP

S’il ignore ce qu’ont récemment vécu les Panthères du Gabon, un observateur lambda admettrait que les résultats de la sélection nationale lors des deux premières journées des qualifications pour la CAN 2023 sont plutôt honorables, à commencer par la victoire en RDC, le 4 juin (1-0). Mais ce résultat, combiné au match nul obtenu face à la Mauritanie (0-0), quatre jours plus tard à Franceville, a des airs d’exploit, quand on découvre ce qu’il s’est passé durant les jours qui ont précédé le déplacement à Kinshasa.

Atterrissage d’urgence à Barcelone

Patrice Neveu, le sélectionneur français du Gabon, a sans doute vécu un des moments les plus surréalistes de sa carrière. Les Gabonais, qui venaient d’effectuer un stage de quelques jours en Île-de-France, devaient rallier Kinshasa par un avion privé le jeudi 2 juin. « Alors que nous étions en plein vol, le pilote nous a annoncé qu’il devait atterrir d’urgence à Barcelone pour un problème technique. Quand vous apprenez cela, c’est très angoissant, car c’est quelque chose qu’on ne maîtrise pas », explique-t-il.

Le dysfonctionnement est assez important pour que les joueurs et leur staff soient débarqués. « On a trouvé un hôtel, à quarante-cinq minutes de l’aéroport. Puis la compagnie aérienne devait nous envoyer un autre avion le vendredi. » Mais l’appareil n’est jamais arrivé, alors que le match était prévu le lendemain, le 4 juin, à 17 heures, au stade des Martyrs à Kinshasa.

La journée du 3 juin se déroule sans qu’aucune solution n’apparaisse clairement. Alors que la menace d’un forfait se profile, la fédération gabonaise demande à son homologue congolaise de reporter le match au dimanche. « Impossible », répond celle-ci, en expliquant que les Léopards doivent s’envoler vers le Soudan aux alentours de minuit le samedi. « Le vendredi soir, nous sommes donc tous allés nous coucher. Mais à 2 heures du matin, on est venu me réveiller en me demandant de prévenir au plus vite les joueurs, afin de prendre un vol régulier à 4 heures du matin », poursuit Neveu.

Sept joueurs sur le carreau

Sauf que le bus qui doit emmener la délégation gabonaise n’arrive pas. Dix-sept joueurs, dont deux qui étaient blessés, accompagnés notamment du sélectionneur-adjoint, trouvent des taxis pour aller à l’aéroport. Mais le sélectionneur, une partie du staff et sept autres joueurs n’en trouvent pas assez rapidement. Résultat, dit Neveu : « Quand nous sommes arrivés à l’aéroport, l’avion était déjà parti. »

De son côté, la Confédération africaine de football (CAF) fait décaler le coup d’envoi à 21 heures, après avoir reçu le compte rendu du pilote concernant les problèmes techniques l’ayant obligé à se poser d’urgence en Catalogne. Mais Neveu et le reste de la délégation, après avoir espéré pouvoir rejoindre Kinshasa, doivent se résigner. « Nous sommes rentrés le samedi à Paris et avons regardé le match sur internet. » Le Gabon, avec seulement quinze joueurs valides, parvient à s’imposer grâce à un but de Shavy Babicka (20 ans), son premier en sélection.

Les heures qui suivront cette victoire presque miraculeuse ne seront pas plus sereines. La délégation partie de Kinshasa arrive à Libreville le dimanche 5 juin dans la soirée, après un vol de plus de sept heures, les « Parisiens » atterrissent dans la capitale gabonaise le lundi en fin de journée. Mais certains dirigeants de la fédération gabonaise (Fegafoot) veulent que tout ce joli monde s’envole sans tarder pour Franceville, où doit avoir lieu le match face à la Mauritanie, le 8 juin. En off, ils arguent qu’ils souhaitent éloigner les internationaux de Libreville, où les tentations sont grandes.

Les joueurs s’opposent à cette idée, préférant rester à Libreville le lundi soir pour se reposer et partir le mardi matin. Finalement, l’instance, en concertation avec le gouvernement et Patrice Neveu, décale le vol vers Franceville, d’une durée d’un peu plus d’une heure, au mardi matin.

Pas de maillots

Dans le Haut-Ogoué, les Panthères sont reçues le 7 juin par le président Ali Bongo, en visite dans la province. Le chef de l’État a même prévu d’assister au match qui les opposent le lendemain aux Mauritaniens au stade de Franceville (ancien stade Rénovation). Mais le jour du match, un autre contretemps attend les joueurs gabonais, avant le coup d’envoi, quand ils pénètrent dans leur vestiaire.

Ces derniers constatent que les maillots du match ne sont pas dans les casiers, où il n’y a que les tenues d’entraînement. Ce seront donc ces maillots qui seront utilisés… avec les numéros de chacun des joueurs inscrits au feutre. Certains joueurs sont même obligés d’enfiler des maillots trop grands ou trop petits.

« La Fegafoot est totalement désorganisée. Depuis le mois de mai et l’incarcération du président Pierre-Alain Mounguengui [dans le cadre d’une enquête sur des abus sexuels commis sur des mineurs par un entraîneur], les problèmes s’accumulent. Les joueurs sont exténués face à ces multiples problèmes organisationnels. C’est un miracle qu’ils parviennent à avoir des résultats », souffle un proche de la sélection nationale.

Les deux prochains rendez-vous auront lieu au mois de septembre face au Soudan. « J’espère que je n’aurais qu’à m’occuper du terrain, de mes joueurs, et pas du reste. Je suis fier de ce que font les joueurs, mais quand on rencontre tous ces problèmes, je ne peux pas monter trop haut mon niveau d’exigence », conclut Neveu.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

CAN : stades déserts, bagarre, mauvais hymne… Les petites et grosses polémiques de la compétition

janvier 19, 2022
La sélection mauritanienne, au stade de Limbe, le 12 janvier 2022. © Issouf Sanogo/AFP

Comme chaque grande compétition, la CAN connaît quelques couacs. Alors que la première phase ne touche à sa fin, retour sur les principaux « bad buzz » de cette 33e édition, qui se tient au Cameroun.

Hormis l’affaire de l’arbitre zambien Janny Sikazwe, déjà évoquée dans ces colonnes, d’autres couacs ont émaillé la compétition phare du football africain. Des stades longtemps vides, des pelouses qui se dégradent rapidement, l’hymne mauritanien diffusé lors d’un match qui n’était pas le bon, des échauffourées à l’issue de la rencontre entre le Ghana et le Gabon (1-1)… Retour sur les quelques incidents qui ont marqué le premier tour de la compétition.

Mauritanie : l’hymne n’était pas le bon

Était-ce un signe ? La deuxième participation de la Mauritanie à une phase finale de la CAN risque, comme en 2019, de s’achever au premier tour après les deux défaites du pays face à la Gambie (0-1) et à la Tunisie (0-4). Avant leur premier match face aux Scorpions gambiens à Limbe, le 12 janvier, les Mourabitounes n’ont jamais pu entendre leur hymne national. Quelques notes de musique ont retenti pendant quelques secondes, avant d’être brutalement interrompues. Les joueurs mauritaniens, d’abord perplexes, n’ont pas eu plus de chance lors de la deuxième tentative.

Le speaker du stade s’est alors excusé platement, promettant la diffusion rapide de l’hymne. Après une longue minute d’attente, les mêmes notes de l’ancien hymne mauritanien (en vigueur de 1960 à 2017) ont résonné brièvement avant que les organisateurs, sans doute par souci d’éviter le running-gag, ont renoncé, et diffusé le (bon) hymne gambien. La CAF a ensuite expliqué qu’« un problème technique avait empêché l’ingénieur du son d’accéder au fichier audio correspondant. »

Stades désertés

En 2019, lors de la CAN en Égypte, trop de matchs s’étaient déroulés devant des tribunes largement dégarnies. Le problème s’est répété au Cameroun, au moins durant les premiers jours. Aucun stade n’a fait le plein, pas même celui d’Olembé pour le match d’ouverture opposant le Cameroun au Burkina Faso (2-1), le 9 janvier. Celui entre le Maroc et le Ghana, programmé le 10 janvier au stade Amadou-Ahidjo, à Yaoundé, n’a attiré tout au plus que 1 500 spectateurs, alors qu’il peut en accueillir 42 500.

Les raisons de cette désaffection massive sont multiples. Le prix des places (de 4 à 31 euros) est jugé trop élevé. Par ailleurs, le protocole sanitaire très strict qu’ont imposé la Confédération africaine de football (CAF) et l’État camerounais pour lutter contre les risques de propagation du Covid-19, dans un pays où environ 6% de la population serait vaccinée, n’a pas favorisé la fréquentation des stades, puisque toute personne souhaitant assister à un match doit présenter un passe vaccinal et un test PCR datant de moins de 48 heures.

Le gouvernement a donc décidé, non pas d’assouplir les règles, mais de modifier les horaires des activités scolaires, académiques et professionnelles, qui s’achèveront au plus tard à 14 heures. Une décision prise par Paul Biya, le chef de l’État, « pour permettre aux Camerounais de prendre une part active à cet événement continental d’envergure. » Depuis, les enceintes sont beaucoup plus garnies et vivantes…

À Douala, gazon pourri

Le stade Japoma de Douala est récent, sa pelouse est toute fraîche, mais elle ne ressemble déjà à plus grand-chose, alors que seulement quatre matchs y ont été disputés. De la teinture verte a beau avoir été appliquée sur l’aire de jeu pour cacher la misère, le résultat est là : la pelouse se détériore à vue d’œil, ce qui ne favorise pas les équipes qui essaient de développer un beau jeu.

Djamel Belmadi, le sélectionneur de l’Algérie, y a fait allusion, mais sans pour autant en faire une circonstance atténuante expliquant les piètres performances de ses joueurs face à la Sierra Leone (0-0) et la Guinée Équatoriale (0-1). Son équipe devait affronter les Équato-Guinéens sur un terrain déjà bien abimé après la rencontre entre la Côte d’Ivoire et la Sierra Leone (2-2), qui s’était achevée une heure plus tôt.

C’est dans le Stade Japoma qu’aura lieu le choc décisif entre les Fennecs et les Éléphants, le 20 janvier. Patrice Beaumelle, le coach français des Ivoiriens, a bien tenté de nuancer les nombreuses critiques, en affirmant que la pelouse « est plus que correcte » et qu’ « on a vu pire lors de certaines CAN ». Certes, mais pas sûr que cet argument suffise à atténuer un sentiment quasi-général…

Bagarre générale entre le Gabon et le Ghana

Le match entre le Ghana et le Gabon, le 14 janvier à Yaoundé, s’est terminé par une bagarre générale. Les Black Stars, qui menaient depuis la 18e minute grâce à un but d’André Ayew, ont été rejoints au score dans les dernières secondes après l’égalisation de Jim Allevinah. Alors que les Gabonais manifestaient leur joie, certains joueurs ghanéens ont disjoncté, notamment Benjamin Tetteh, auteur de plusieurs coups.

Le Ghana n’a pas digéré l’attitude des Gabonais, qui n’avaient pas rendu à leurs adversaires un ballon que ceux-ci avaient mis en touche volontairement après la blessure de l’un des leurs. André Ayew a parlé d’un comportement « très petit, une marque de petits joueurs ». La CAF, de son côté, a décidé de suspendre Tetteh pour trois matchs, et d’adresser un avertissement aux deux équipes pour « comportement antisportif. »

Avec l’élimination du Ghana et la qualification du Gabon, il n’y a heureusement plus aucun risque pour que les deux équipes se retrouvent lors des tours à élimination directe.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

CAN – Algérie : Youcef Belaïli, un surdoué au parcours atypique

janvier 11, 2022
Youcef Belaïli savoure la victoire de l’Algérie face à la Tunisie (2-0) lors de la finale de la Coupe arabe, au Qatar, le samedi 18 décembre 2021. © Darko Bandic/AP/SIPA

Né à Oran, Youcef Belaïli est devenu l’un des cadres de la sélection algérienne, avec laquelle il a remporté la CAN 2019. Mais le Fennec a connu aussi des moments compliqués lors de sa carrière en club.

C’est le dernier épisode de la carrière parfois tourmentée de Youcef Belaïli en club. Le 17 décembre dernier, deux jours après avoir inscrit le but, lors du temps additionnel, qui avait permis à l’Algérie d’éliminer le Qatar en demi-finale de la Coupe arabe de la Fifa à Doha, l’attaquant des Fennecs s’était retrouvé au chômage après la résiliation de son contrat avec le club de Qatar SC, officiellement par « consentement mutuel ».

Le joueur, sur les réseaux sociaux, avait pris le contre-pied des polémiques évoquant une réaction épidermique de ses dirigeants après son but décisif, en les remerciant pour « les moments passés à (leurs) côtés ». Aujourd’hui, alors que l’Algérie va effectuer ses débuts le 11 janvier face à la Sierra Leone lors du premier tour de la CAN, Belaïli (29 ans) est un joueur libre, dont le nom circule en Espagne (Getafe), mais également en France (Montpellier, Monaco, Saint-Étienne).

Dopage, Ligue des champions et Coupe d’Afrique

L’international algérien (trente sélections, six buts) a connu des hauts et des bas lors de sa carrière. En septembre 2015, alors qu’il évoluait à l’USM Alger, il avait été suspendu quatre ans pour une affaire de dopage, une sanction finalement ramenée à deux ans. Pour se relancer, il avait opté pour la France et le SCO Angers (2017-2018), dont le président, Saïd Chabane, est d’origine algérienne. Mais son expérience avait tourné au fiasco, et Belaïli, après une seule rencontre jouée en Anjou, avait décidé de faire ses valises et de retourner à l’Espérance Tunis.

S’il a remporté la CAN et la Coupe arabe avec sa sélection, il a également gagné la Ligue des champions deux fois et le championnat de Tunisie à quatre reprises avec l’Espérance Tunis. « Il a un beau palmarès et il est talentueux, je pense qu’il a largement le niveau pour revenir en Europe. Son passage à Angers n’a pas fonctionné mais il a quelques années de plus et davantage d’expérience, c’est un joueur qui mérite une deuxième chance », estime Sébastien Desabre, l’actuel entraîneur de Niort (France, Ligue 2), qui a eu Belaïli sous ses ordres à l’Espérance Tunis en 2014.

C’EST TYPIQUEMENT LE GENRE DE JOUEUR TRÈS DOUÉ, À QUI IL FAUT LAISSER LA POSSIBILITÉ DE S’EXPRIMER SUR LE TERRAIN

Natif d’Oran, l’attaquant a effectué ses débuts au RCG Oran, puis a rejoint le Mouloudia, le grand club de la ville. « C’est un pur Oranais. Il est arrivé au Mouloudia dans les catégories de jeunes, et on a tout de suite vu qu’il avait des qualités et beaucoup de talent », se souvient Youcef Djebbari, le président du MC Oran. Après un bref passage au CA Bordj Bou Arreridj (2009-2010), Belaïli était revenu dans le club de sa ville natale pour en devenir l’un de ses leaders. « Quand je suis arrivé en cours de saison pour sauver le club de la relégation, il faisait partie des meilleurs joueurs de l’effectif sur lesquels j’allais m’appuyer. Mais au début, j’ai dû le cadrer car il n’avait pas tous les codes du professionnalisme », intervient le Suisse Raoul Savoy, désormais sélectionneur de la Centrafrique.

L’apprentissage de la discipline

Le technicien n’hésite pas à le renvoyer chez lui quand ce dernier arrive en retard à l’entraînement. « C’était la même règle pour tout le monde. Au début il le prenait mal, mais il a compris que c’était pour son bien. Ce n’est jamais facile de sanctionner un joueur du club, adoré par les supporters et dont l’entourage est très présent. Quand je l’ai fait la première fois, son père, qui gère sa carrière, a demandé à me voir. Et lui aussi a compris que ce n’était pas contre son fils, mais au contraire pour son bien. Avoir du talent, c’est une chose, mais il faut de la rigueur si on veut faire carrière. » Depuis son bureau présidentiel, Youcef Djebbari approuve la méthode du Suisse. « Belaïli est un charmant garçon, qui avait besoin d’avoir un certain cadre. Certes, il y a eu cette affaire de dopage quand il était à l’USM Alger, mais mettons cela sur le compte d’une erreur de jeunesse », poursuit le dirigeant.

Ses entraîneurs sont unanimes sur les qualités du joueur. « C’est un garçon qui aime vraiment le foot, il est instinctif, il sent bien les coups. Il a mûri : je me rappelle qu’il avait tendance à prendre trop de cartons rouges parce qu’il se laissait emporter par ses émotions, ou discutait trop avec les arbitres. J’ai aimé travailler avec lui, c’est un type attachant, avec beaucoup de caractère », précise Sébastien Desabre. « Une fois qu’il a compris qu’il fallait respecter certaines règles, c’était facile de travailler avec lui : il assimile vite ce qu’on lui demande, mais c’est typiquement le genre de joueur très doué, à qui il faut laisser la possibilité de s’exprimer sur le terrain », poursuit Raoul Savoy.

Djamel Belmadi, l’exigeant sélectionneur de l’Algérie, qui a la réputation de ne pas transiger sur la discipline, en a fait l’un de ses leaders. « Ce n’est pas par hasard si Belmadi lui fait confiance », conclut Youcef Djebbari. « Belaïli est un footballeur vraiment très doué, qui donne tout sur le terrain et qui fait la fierté des Oranais. Ici, beaucoup de jeunes joueurs rêvent de faire la même carrière que lui. 

Cameroun : avec la CAN, Paul Biya a peut-être une chance d’unir le pays

janvier 10, 2022
Le président camerounais et la première dame, Chantal Biya, saluent la foule venue assister au premier match de la CAN dans le stade Paul-Biya d’Olembé, à Yaoundé, le 9 janvier 2022. © REUTERS/Mohamed Abd El Ghany

Après cinquante ans d’absence, la Coupe d’Afrique des nations fait son grand retour au Cameroun. Une occasion de retrouver un semblant d’unité nationale, si tout se passe bien.

Au pouvoir depuis quarante ans, Paul Biya, 88 ans, est connu pour ne pas aimer les apparitions publiques. Il a pourtant occupé brièvement le devant de la scène lors de la cérémonie d’ouverture de la 33e Coupe d’Afrique des nations (CAN), qui s’est déroulée dimanche 9 janvier. Le cortège du président est en effet entré dans le nouveau stade qui porte son nom pour en longer la piste d’athlétisme, lui-même et la première dame, Chantal Biya, saluant par le toit ouvert. Il a ensuite prononcé un discours de quelques phrases seulement pour lancer officiellement le début du tournoi.

Il y a dix jours, à l’occasion du Nouvel An, Paul Biya avait eu plus à dire, présentant la CAN comme la partie d’un grand plan de développement des infrastructures, avant d’appeler ses « chers Lions indomptables à tout mettre en œuvre pour qu’ils terminent cette fête en beauté le soir du 6 février 2022 ».

Un optimisme qui contrastait toutefois avec le cœur du discours, axé sur la désunion nationale. « Beaucoup de nos compatriotes restent dans les rangs des groupes armés, a-t-il souligné. Ils continuent de se livrer à des activités criminelles, multiplient les attaques à l’aide d’engins explosifs improvisés et les meurtres de civils non armés. Le récent assassinat de trois étudiants et d’un enseignant du lycée bilingue Ekondo Titi est venu s’ajouter à la longue liste de leurs exactions et atrocités. »

L’attentat perpétré dans la région du Sud-Ouest en novembre 2021 est venu rappeler que la crise anglophone, qui dure depuis cinq ans, n’est toujours pas résolue. Si cela n’a pas cette fois privé le Cameroun du statut d’organisateur de la compétition, l’humiliation subie lorsque la Confédération africaine de football (CAF) avait décidé, en 2018, de retirer le tournoi à Yaoundé et de le confier à l’Égypte pour l’édition 2019 reste encore vive. Les retards dans les préparatifs et la crise de l’Ambazonie avaient joué un rôle central.

Entraînements à Buea

Cette année, la politique n’a pas modifié l’itinéraire du groupe F – la Tunisie, le Mali, la Mauritanie et la Gambie –, qui doivent toujours s’entraîner à Buea, la capitale régionale du Sud-Ouest. Par ailleurs, huit matchs seront disputés dans la région côtière de Limbé, où une explosion a été signalée pas plus tard que le 5 janvier et où la sécurité est renforcée. Un tournoi sans incident majeur renforcerait la position officielle des autorités, selon laquelle le pire est passé.

Si le Cameroun se qualifie pour la finale au stade Paul-Biya, situé dans la banlieue de Yaoundé, les détracteurs de cette installation de 300 millions de dollars pourront toujours dénoncer le coût total du tournoi. Environ 700 millions de dollars ont été investis dans les stades et les routes. Mais le succès de l’équipe nationale à domicile tend à noyer la voix de l’opposition. Dimanche dernier, les Lions se sont remis de leur défaite contre le Burkina Faso (0-1) en profitant de deux penalties concédés à la hâte pour s’imposer 2-1.

MES FRÈRES, JE SUIS DE BAMENDA

Le Cameroun n’a pas accueilli le tournoi depuis 1972 – à l’époque, il ne comptait que huit équipes réparties en deux groupes – et possède un formidable bilan à domicile en matière de compétitions. La récente défaite de la Côte d’Ivoire dans la lutte pour la qualification à la Coupe du monde a encore accru les attentes.

En 2017, une jeune équipe de Lions qui ne suscitait guère l’enthousiasme au départ avait battu le Sénégal, le Ghana et l’Égypte, remportant le cinquième titre de champion d’Afrique du pays de manière spectaculaire. Un but tardif de Vincent Aboubakar à Libreville avait scellé un tournoi par ailleurs assez plat. La victoire du Cameroun avait également eu une résonance politique. La semaine suivante, le gardien de but Fabrice Ondoa avait exprimé à la télévision sa solidarité avec la minorité anglophone du pays. « Mes frères, je suis de Bamenda », avait déclaré la star francophone, dédiant cette victoire à la ville anglophone du Nord-Ouest dans une époque de répression continue.

Depuis ce titre, l’équipe n’a en revanche pas progressé de manière significative et a été éliminée en huitième de finale en Égypte lors de sa dernière sortie. L’Algérie, championne en titre, et le Sénégal sont un cran au-dessus en matière de forme .

L’ombre du Covid-19

La plus grande menace planant sur la CAF pourrait bien venir du Covid-19. Le tournoi, qui a vigoureusement résisté aux appels au report, doit maintenant faire face à des problèmes de santé publique, à un régime de tests complexe et, inévitablement, à des absences dans les rangs des joueurs.

Peut-être les risques s’amenuiseront-ils une fois que les équipes entrées dans le pays auront séjourné un certain temps dans leurs bulles respectives. Mais le Sénégal est déjà durement touché, avec neuf joueurs testés positifs – dont Edouard Mendy (Chelsea) et Kalidou Koulibaly (Naples) – quelques jours seulement avant son premier match contre le Zimbabwe, lundi 10 janvier. Le Gabon, le Malawi, la Côte d’Ivoire et la Tunisie ont également vu leur préparation perturbée par de nouveaux cas.

Avec seulement 2,5 % de la population doublement vaccinée, les spectateurs sont contrôlés de près. Selon la CAF, « les supporters ne peuvent entrer dans les stades que s’ils sont complètement vaccinés et s’ils sont en mesure de présenter un résultat négatif au test PCR ne datant pas de plus de 72 heures ou un résultat négatif au test antigénique ne datant pas de plus de 24 heures. » Lors des matchs du Cameroun, la capacité d’accueil est limitée à 80 % pour faciliter la distanciation sociale, et celle de toutes les autres rencontres est plafonnée à 60 %.

Samuel Eto’o, la véritable star du tournoi

Si le nom du chef de l’État figure sur le stade, la figure de proue de cette édition sera sans nul doute le nouveau président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), Samuel Eto’o. Le quadruple « footballeur africain de l’année », double vainqueur de la CAN, a misé sa réputation sur le bon déroulement du tournoi et sur une nouvelle ère pour le football national, en difficulté. Il était à l’avant-garde de la résistance au report à la fin de l’année dernière et a lancé un avertissement aux voix européennes qui cherchent à saper la crédibilité de la CAF.

« La fédération que je représente défendra fermement la compétition, a-t-il déclaré. Les matchs de l’Euro se sont déroulés au milieu de la pandémie avec des stades pleins. Pourquoi ne pourrions-nous pas jouer ? » Malgré toutes les questions politiques et les problèmes actuels, il n’y a une fois de plus aucune réponse convaincante à cette question.

Avec Jeune Afrique par Taimour Lay

CAN : le Cameroun sur le pied de guerre face au Covid

janvier 9, 2022
Vente de maillots de l’équipe de football du Cameroun à Yaoundé, le 5 janvier 2022 © DANIEL BELOUMOU OLOMO/AFP

Le coup d’envoi de la compétition phare du continent est donné ce dimanche. Les autorités camerounaises assurent tout mettre en œuvre pour faire respecter le protocole sanitaire et éviter l’apparition de foyers épidémiques.

Dans d’autres circonstances, la rumeur serait sans doute passée inaperçue. Mais cette fois, il a fallu moins de 24 heures au ministre de la Santé, Manaouda Malachie, pour démentir la découverte en France d’un nouveau variant du coronavirus sur un patient ayant séjourné au Cameroun. « Cette information est une synthèse de données scientifiques non validées », a-t-il rapidement clarifié dans une communication abondamment relayée à travers le pays. Pour le gouvernement, il est hors de question que le Covid-19 vienne gâcher la fête du football africain qui débute ce dimanche 9 janvier.

Cette question de la gestion du risque Covid a été au cœur du dernier conseil des ministres, le 30 décembre, à l’issue duquel une nouvelle batterie de mesures visant à empêcher la propagation du virus a été adoptée. Après la décision de la Confédération africaine de football (CAF) de n’autoriser l’accès aux stades qu’aux personnes vaccinées, les autorités sanitaires ont aussi multiplié les points de vaccination dans les différentes villes du pays.

Nouveaux sites de vaccination

Dans la capitale, Yaoundé, l’on compte désormais 66 sites contre à peine une dizaine il y a encore un mois. Et dans le reste du pays, pas moins de 144 nouveaux points ont été ouverts pour vacciner en masse les supporteurs, dont la présence est autorisée dans les tribunes à hauteur de 60 % pour la plupart des matchs, et 80 % pour ceux disputés par le Cameroun.

Des jauges qui pourraient bien ne jamais être atteintes, tant les vaccino-sceptiques continuent de faire la résistance. « Je vais regarder les matchs à la télévision, affirme Thierry K., un riverain du stade Olembe, où se déroulera le match d’ouverture. J’ai décidé que je ne me vaccinerai pas et je ne le ferai pas pour le football. »

DEPUIS QUE LES BILLETS SONT EN VENTE, LES GENS VIENNENT PAR DIZAINES SE FAIRE VACCINER

Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé, seuls 2,5 % des 25 millions de Camerounais se sont fait vacciner. Selon le gouvernement, ce chiffre augmente à l’approche du coup d’envoi de la compétition. « Nous passions des jours sans avoir la moindre personne, assure Mpongo Sidonie, responsable d’un centre gouvernemental de vaccination. Mais depuis que les billets sont en vente, les gens viennent par dizaines. » Pour autant, en ce début de mois de janvier, le spectre d’une CAN aux stades quasi vides n’est pas écarté.

Aubameyang et Lemina à l’isolement

Les différentes équipes engagées dans la compétition vont également devoir respecter un protocole sanitaire strict. « Nous testons déjà les joueurs toutes les 48 à 72 heures », confie une source au sein de l’encadrement de la sélection du Cameroun, actuellement en stage de préparation. Comme pour le public, la CAF a recommandé que les joueurs soient vaccinés et disposent chacun de test négatif avant chaque rencontre, et c’est exactement ce à quoi nous nous en tenons. »

Ces précautions suffiront-elles ? Plusieurs cas de contamination de joueurs ont déjà été enregistrés. Les footballeurs stars gabonais Pierre-Emerick Aubameyang et Mario Lemina ont ainsi dû être placés à l’isolement alors qu’ils venaient de fouler le sol camerounais. « Les équipes vont devoir composer avec le Covid qui fait désormais partie des aléas à prendre en compte, explique l’entraîneur François Ngoumou. Il est devenu difficile pour nous de réfléchir aux compositions probables des équipes tant elles sont influencées par la pandémie. »

Telle une épée de Damoclès, le Covid va planer sur la compétition phare du football en Afrique. Reste à savoir s’il peut menacer son bon déroulement.

Avec Jeune Afrique par Franck Foute

Coupe d’Afrique des nations : comment la CAN 2022 l’a échappé belle

janvier 8, 2022

Entre retour de la pandémie et rejet massif des clubs européens, la compétition africaine s’ouvre dans un contexte singulier, dimanche à Yaoundé (Cameroun).

Le stade Olembe, ou se tiendra notamment la ceremonie d'ouverture dimanche 9 janvier.
Le stade Olembé, où se tiendra notamment la cérémonie d’ouverture dimanche 9 janvier.© KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Plus menacée que jamais, la Coupe d’Afrique des nations (CAN) a tenu tête. Confrontée à la crispation des clubs européens, exacerbée par le retour croissant de l’épidémie de Covid-19 et dans un contexte de grandes tensions financières, la CAN 2022 a échappé à un nouveau report, et se tiendra bien du 9 janvier au 6 février 2022 au Cameroun. Un long parcours du combattant pour les Lions indomptables, organisateurs du tournoi, pour qui les défis demeurent multiples.

En janvier 2019, la Confédération africaine du football (CAF) avait estimé que le pays n’était pas prêt pour accueillir la compétition et en avait attribué l’organisation à l’Égypte. La CAN devait finalement se tenir au Cameroun en 2021, mais avait été repoussée d’un an en raison de la pandémie. Et en 2022, la gestion de l’événement par les Lions indomptables a failli connaître une funeste destinée. Mi-décembre, l’Association européenne des clubs (ECA) avait alerté la Fifa par courrier de l’absence de protocole médical et opérationnel adapté pour la compétition. Sans ce dernier, de nombreux clubs menaçaient alors de ne pas « libérer les joueurs pour le tournoi », mettant en péril la raison d’être de la compétition continentale.

Le football africain face à la grogne des clubs européens

Au-delà des difficultés d’organisation liées au Covid-19 et son nouveau variant Omicron, la CAF s’est vue confrontée à la colère de certains clubs, majoritairement anglais, qui souhaitaient pouvoir conserver leurs meilleurs éléments sur leur sol. Les joueurs africains appelés par leur sélection étaient alors en effet dans l’obligation d’effectuer une quarantaine à leur retour au Royaume-Uni, les éloignant des terrains britanniques pour une durée plus longue. Nombre d’entre eux rechignaient ainsi à laisser leurs meilleurs éléments rejoindre leur équipe nationale. Surtout sans savoir quand ils rentreront… et dans quel état de santé.

Une préoccupation partagée par le président de la Fifa, Gianni Infantino, qui avait lui-même avancé plusieurs arguments favorables au report de la compétition en 2023 : incertitudes concernant les infrastructures camerounaises (comme en 2019), dégradation de la situation sanitaire en Afrique, propagation virale du variant Omicron en Europe et possible refus des clubs de laisser partir leurs joueurs. Une posture bien différente – plus réticente – de celle adoptée lors de l’organisation de l’Euro ou encore de la Copa America en 2021, malgré une épidémie croissante et des conditions de voyages très complexes.

Yes we CAN !

Mais si le football européen a tout fait pour tenter de faire capoter la CAN 2022, c’était sans compter sur la détermination du patron du football africain, Patrice Motsepe, qui a su tenir son cap. Sommé par la Fifa et Gianni Infantino en personne de reporter ou d’annuler la Coupe d’Afrique des nations, le président de la Confédération africaine de football (CAF) s’était montré rassurant dès le mois de décembre lors de sa visite des installations à Yaoundé. « Nous serons tous présents au Cameroun dans quelques semaines. Parce que cette Coupe africaine est un tournoi pour le peuple camerounais et le peuple africain. Je suis si fier du travail effectué. On peut se rendre compte de l’ampleur des engagements pris pour que les problèmes évoqués ces derniers jours soient réglés. »

Une détermination partagée par Paul Biya (88 ans), président du Cameroun depuis près de quatre décennies, qui avait fait de l’organisation de la CAN une priorité de son nouveau mandat) malgré « l’indécence » du coût de l’organisation, dénoncé par l’opposition, dans un pays où le taux de pauvreté atteint près de 40 %. Des investissements massifs avaient ainsi été débloqués pour la construction et la rénovation de stades, avec deux infrastructures spectaculaires : les stades d’Olembe (Yaoundé) et de Japoma (Douala). Une instrumentalisation politique de l’événement, décisive pour le dirigeant autoritaire africain en vue de redorer son blason, notamment après sa victoire contestée à la présidentielle de 2018 et la répression quasi systématique de l’opposition politique dans le pays.

Le foot européen n’aura donc pas eu le dernier mot, mais aura su « emmerder » – pour reprendre un terme usité ces derniers jours – le voisin africain dans un ultime élan de panache. Les clubs du Vieux Continent, après s’être assurés qu’il n’y aurait pas de quarantaine à l’aller comme au retour, au gré d’un accord entre la CAF et la Fifa, ont ainsi pu libérer leurs joueurs le 3 janvier. Le coup d’envoi de la Coupe d’Afrique des nations 2022 (Cameroun-Burkina Faso) aura donc bien lieu dimanche, à 17 heures, et sera à suivre en direct sur le site du Point. Désormais, les Lions indomptables espèrent une réussite sur le plan sportif, cinq ans après leur dernier sacre continental.

Avec Le Point par Guillaume Paret

Cameroun 2022: le palmarès complet de la Coupe d’Afrique des nations

janvier 8, 2022

Depuis sa création en 1957, la Coupe d’Afrique des nations s’est jouée à trente-deux reprises. Voici le palmarès complet.

1957: Egypte

1959: Egypte

1962: Ethiopie

1963: Ghana

1965: Ghana

1968: Congo Kinshasa

1970: Soudan

1972: Congo Brazzaville

1974: Zaïre

1976: Maroc

1978: Ghana

1980: Nigeria

1982: Ghana

1984: Cameroun

1986: Egypte

1988: Cameroun

1990: Algérie

1992: Côte d’Ivoire

1994: Nigeria

1996: Afrique du Sud

1998: Egypte

2000: Cameroun

2002: Cameroun

2004: Tunisie

2006: Egypte

2008: Egypte

2010: Egypte

2012: Zambie

2013: Nigeria

2015: Côte d’Ivoire

2017: Cameroun

2019: Algérie

Avec Adiac-Congo

CAN : André Onana, Sébastien Haller, Bamba Dieng… Les six joueurs qu’il faudra suivre

janvier 8, 2022
Jeune Afrique a sélectionné six joueurs particulièrement prometteurs, à observer de près lors de la CAN 2022. © Montage JA : Anthony Bibard/FEP/Icon Sport via Getty Images ; Jed Leicester//Sipa ; Ozan Kose/AFP ; Chris Brunskill/Fantasista/Getty Images ; Issouf Sanogo/AFP ; James Williamson/AMA/Getty Images

À chaque phase finale de la Coupe d’Afrique des nations, certains joueurs sont plus surveillés que d’autres. Pour eux, c’est l’occasion de se révéler, de confirmer leur statut, ou encore de briller de nouveau.

André Onana (Cameroun)

André Onana, le gardien des Lions Indomptables.
André Onana, le gardien des Lions Indomptables. © Action Foto Sport/NurPhoto via AFP

Le gardien de but des Lions Indomptables et de l’Ajax Amsterdam s’est retrouvé sur la touche durant la majeure partie de l’année 2021. Contrôlé positif lors d’un contrôle antidopage le 30 octobre 2020, André Onana (26 ans) avait expliqué avoir pris « par erreur » un diurétique appartenant à sa femme. Un argument qui n’avait pas convaincu la Fifa, laquelle l’avait suspendu pour un an, le 5 février dernier, une peine ensuite ramenée à neuf mois par le Tribunal arbitral du sport (TAS).

Le joueur formé au FC Barcelone a repris du service avec sa sélection au mois de novembre, lors du match capital face à la Côte d’Ivoire (1-0)  dans la cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2022, qui a permis aux Lions de valider leur présence au troisième tour.

Onana, qui devrait quitter l’Ajax l’été prochain, sera sans conteste l’un des principaux atouts du Cameroun, considéré comme l’un des favoris de la CAN. Il s’est montré performant depuis son retour, malgré de longs mois passés à s’entraîner seul. Et semble vouloir tirer un trait sur sa mésaventure qui lui a fait perdre près d’un an, une éternité dans une carrière de haut niveau.

Sébastien Haller (Côte d’Ivoire)

Sébastien Haller, attaquant des Éléphants.
Sébastien Haller, attaquant des Éléphants. © Fédération ivoirienne de football

Né en France d’un père français et d’une mère ivoirienne, Sébastien Haller (27 ans) a fait le choix de jouer pour les Éléphants en novembre 2020, alors qu’il avait porté le maillot Bleu dans les différentes sélections de jeunes. Passé par Auxerre, le FC Utrecht (Pays-Bas), l’Eintracht Francfort (Allemagne) et West Ham United (Angleterre), l’attaquant est revenu aux Pays-Bas – plus précisément à l’Ajax Amsterdam – en janvier 2021.

Chez les Lanciers, l’international ivoirien (8 sélections, 3 buts) s’est particulièrement illustré,  notamment lors de la phase de groupes de la Ligue des Champions où il a inscrit 10 buts en 6 matchs.

Patrice Beaumelle, le sélectionneur français de la Côte d’Ivoire à l’origine de la décision du buteur de jouer pour le pays de sa mère, se félicite tous les jours d’avoir su le convaincre. « Il a accepté de venir car il en avait envie, ce n’était pas un choix par défaut. Il s’est bien adapté ; c’est un joueur qui apporte déjà beaucoup à la Côte d’Ivoire et qui va continuer à le faire lors des prochaines années. »

Hannibal Mejbri (Tunisie)

Hannibal Mejbri, milieu de terrain des Aigles de Carthage.
Hannibal Mejbri, milieu de terrain des Aigles de Carthage. © KARIM JAAFAR/AFP

C’est le 23 mai 2021, à l’occasion d’un match amical remporté par la Tunisie face à la RD Congo (1-0), qu’Hannibal Mejbri a porté pour la première fois le maillot des Aigles de Carthage. Il aurait pu également faire le choix de jouer pour la France, le pays où il est né en janvier 2003. Depuis cette première sélection, le jeune milieu de terrain a été régulièrement sollicité par Mondher Kebaier, le coach tunisien.

Formé à l’INF Clairefontaine puis passé par Monaco – sans n’avoir jamais évolué en Ligue 1 –, Mejbri a rejoint le prestigieux club anglais de Manchester United en 2019 pour un montant – bonus compris – d’environ 10 millions d’euros. En mai dernier, il a effectué ses débuts en Premier League anglaise et, même s’il joue essentiellement pour l’équipe des moins de 21 ans des Red Devils, Ralf Rangnick, le nouvel entraîneur, semble bien décidé à mettre plus souvent à profit son talent.

Le technicien allemand s’est dit impressionné par le jeune joueur, auteur de brillantes performances avec son pays lors de la Coupe arabe des nations en décembre dernier, où les Aigles ont atteint la finale contre l’Algérie (0-2).

Bamba Dieng (Sénégal)
Bamba Dieng, attaquant des Lions de la Téranga.
Bamba Dieng, attaquant des Lions de la Téranga. © Anthony Bibard/FEP/Icon Sport via Getty Images

L’Olympique de Marseille peut se réjouir d’avoir noué un étroit partenariat avec Diambars, le très réputé centre de formation sénégalais d’où est notamment sorti l’international  Idrissa Gueye, le milieu de terrain du PSG. Lors du mercato estival 2021, le club phocéen a recruté pour une somme très raisonnable – 400 000 euros – le prometteur attaquant Bamba Dieng (21 ans), que Diambars avait prêté à l’OM lors de la saison 2020-2021.

Remarqué en Ligue 1 et en Ligue 2 sénégalaise, le joueur s’est assez rapidement adapté à son nouvel environnement, comme le prouvent les quelques buts qu’il a inscrits en championnat (4) et en Coupe de France (1) depuis son arrivée dans l’Hexagone.

Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions de la Teranga, l’a convoqué pour la première fois en octobre dernier, lors des qualifications pour la Coupe du monde 2022, avec comme objectif avoué de préparer un avenir radieux que le natif de Pikine incarne. Et même si Dieng n’est pas encore un titulaire à part entière, ses apparitions au Cameroun seront forcément suivies de près, puisque plusieurs clubs européens se sont déjà penchés sur son profil.

Saïd Benrahma (Algérie)
Saïd Benrahma, attaquant des Fennecs.
Saïd Benrahma, attaquant des Fennecs. © Adil Benayache/SIPA

À 26 ans, l’attaquant algérien Saïd Benrahma est l’une des très bonnes surprises de la première moitié de la saison en Angleterre. Le joueur de West Ham United aligne les bonnes performances, et Djamel Belmadi, le sélectionneur des Fennecs, le tient en haute estime. Il est aussi l’un des rares internationaux algériens à être né dans son pays, à Aïn Temouchent. Mais c’est toutefois en France, où il est arrivé à l’âge de 15 ans, qu’il a été formé, et plus précisément à l’OGC Nice.

Souvent prêté (Angers, GFC Ajaccio, Châteauroux) et rarement utilisé par Nice, Benrahma a vu sa carrière décoller lors de son transfert en 2018 à Brentford, un modeste club anglais de Championship (Ligue 2). Rapidement repéré par West Ham, l’Algérien a vite conquis les supporters des Hammers.

Avec l’Algérie, il a inscrit son premier but international en novembre dernier, lors d’une large victoire des champions d’Afrique en titre face à Djibouti (4-0), dans le cadre des qualifications pour la Coupe du monde 2022.

Ayoub El Kaabi (Maroc)
Ayoub El Kaabi, attaquant des Lions de l’Atlas.
Ayoub El Kaabi, attaquant des Lions de l’Atlas. © Robbie Jay Barratt – AMA/Getty Images

Il est l’un des attaquants les plus en forme de ces dernières semaines. Ayoub El Kaabi (27 ans) a terminé deuxième meilleur buteur du second tour des qualifications pour la Coupe du monde 2022 (5 buts) de la zone Afrique, et le Marocain se montre également efficace avec son club d’Hatayspor (Turquie), qu’il a rejoint lors du dernier mercato estival.

Le Casablancais s’était fait connaître lors de la saison 2017-2018, en collectionnant les buts avec la Renaissance Sportive de Berkane et avec la sélection nationale marocaine, avec laquelle il avait remporté le Championnat d’Afrique des Nations organisé par le royaume. Auteur de 9 buts lors de cette compétition, El Kaabi avait quelques mois plus tard signé un juteux contrat avec le club chinois de Hebei Fortune, où ses performances ne furent cependant pas à la hauteur de l’investissement consenti.

Revenu au Maroc, et plus précisément au WAC Casablanca, l’attaquant s’y est refait une santé avant de s’exiler de nouveau, en Turquie. Et Vahid Halilhodzic, le sélectionneur des Lions de l’Atlas, comptera beaucoup sur son efficacité au Cameroun.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault