1,2 milliard de dollars manquent encore selon un document de l’Agence du revenu du Canada. Photo: Getty Images/Istockphoto/Bukhorova
Des milliers de Canadiens qui ont reçu une aide fédérale pendant la pandémie n’y étaient en réalité pas admissibles et n’ont toujours pas remboursé l’argent.
Parmi ses aides on compte les 2000 $ reçus par mois dans le cadre de la Prestation canadienne d’urgence (PCU) et la Prestation canadienne de la relance économique (PCRE).
En mai dernier, l’Agence du revenu du Canada a envoyé une note à 260 000 Canadiens à travers du pays pour leur indiquer qu’ils avaient reçu une aide qu’ils n’auraient pas dû percevoir et que, par conséquent, ils devaient rembourser.
Pourtant, en septembre seulement 19 000 personnes, soit moins d’un dixième, ont remboursé l’argent selon un document qui a été remis à la Chambre des communes plus tôt cette semaine.
Ainsi, près de 16 millions de dollars ont été remboursés, mais 1,2 milliard de dollars manquent encore selon le document.
Ron Anicich est ingénieur du son à Toronto. Il a reçu un avis pour rembourser l’argent qu’il a perçu dans le cadre de la PCU. Il dit avoir été paniqué parce qu’il pensait y être admissible.
Je suis certain que j’aurai été à la rue si je n’avais pas eu accès à la [PCU] durant cette période, affirme-t-il.
Les programmes d’aide comme la PCU étaient basés sur des attestations fournies par les demandeurs. Ces derniers devaient déterminer par eux-mêmes s’ils étaient admissibles en fonction de critères donnés.
Le gouvernement avait alors promis que les personnes qui avaient soumis leur demande de bonne foi n’auraient pas de pénalités si elles avaient fait une erreur dans leur déclaration concernant leur admissibilité. Toutefois, elles auraient à rembourser l’argent perçu par erreur.
L’ARC précise qu’il n’y a pas d’échéancier fixe pour ce remboursement et que l’agence s’engage à rester flexible.
Ron Anicich est loin d’être certain qu’il pourra rembourser l’argent rapidement.
C’est une énorme dette, je n’ai absolument aucun moyen de la payer et je ne vois pas comment je le pourrai dans un futur proche. Franchement, ça me déprime, indique-t-il.
D’autres remboursent volontairement
L’ARC indique toutefois qu’avant que l’agence envoie sa note aux personnes concernées, 341 000 Canadiens avaient déjà remboursé d’eux-mêmes près de 910 millions de dollars qu’ils n’auraient pas dû recevoir.
Le critique sur les dossiers financiers du NPD Daniel Blaikie insiste sur le fait que le gouvernement fédéral aurait dû regarder de plus près la démographie des 260 000 Canadiens qui doivent encore rembourser de l’argent. Pour lui, il faudrait déterminer si une partie d’entre eux ont de bas revenus et annuler leur dette.
On ne sait pas quelle partie de la dette est vraiment récupérable. Parce qu’avec des gens qui gagnent moins de 20 000 ou 24 000 dollars par an dans notre économie actuelle, ils n’ont pas l’argent pour rembourser le gouvernement, estime Daniel Blaikie.
Il ajoute que le gouvernement devrait se concentrer sur la recherche de fraudeurs qui ont tiré profit de l’aide fédérale.
Le député conservateur Kelly McCauley reconnaît que les personnes qui ont reçu de l’argent à tort doivent le rembourser, mais il reste ouvert quant à l’échéancier.
Je veux que cet argent des contribuables qui a été remis par erreur soit remboursé, que cela soit demain, dans un moins ou dans six mois, explique-t-il.
S’il reconnaît le caractère urgent de la mise en place des aides pendant la pandémie, il critique le fait que les Libéraux ne se soient pas servis de cette expérience afin de créer des garde-fous pour de prochains programmes.
Par Radio-Canada avec les informations de Darren Major
La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, avec le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, lors de sa visite de deux jours au Canada Photo : La Presse Canadienne/Blair Gable
Les Canadiens qui financent les bandes criminelles en Haïti peuvent se le tenir pour dit : ils risquent d’être sanctionnés par le gouvernement du Canada.
L’impunité n’est pas une option, a déclaré la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir avant d’ajouter : Le but de notre régime de sanctions, c’est qu’il soit efficace. Donc si jamais il y a des personnes au Canada qui font partie de ce système de corruption, qui profitent de la violence en Haïti, certainement elles vont être sanctionnées.
Le 21 octobre dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le recours à des sanctions pour sortir le pays de la crise qui l’étouffe. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le premier ministre haïtien, Ariel Henry, ont aussi réclamé l’intervention d’une force internationale pour rétablir la sécurité. La ministre Joly ne veut pas s’engager sur cette voie pour le moment, pas avant d’avoir obtenu le rapport de la mission d’évaluation qu’elle a dépêchée en Haïti la semaine dernière.
La question était aussi à l’ordre du jour de ses rencontres avec son homologue américain, le secrétaire d’État Antony Blinken, de passage à Ottawa et à Montréal la semaine dernière. Mme Joly estime que toute initiative doit obtenir l’assentiment des autorités haïtiennes et la collaboration de la communauté internationale.
La vie est intenable pour la population de ce petit pays des Caraïbes. Les gangs armés contrôlent l’entrée du plus grand terminal pétrolier du pays et les principales routes entourant la capitale, Port-au-Prince.
C’est un malheur de plus après la pandémie de COVID-19, l’assassinat en 2021 du président Jovenel Moïse et le puissant tremblement de terre qui a frappé la péninsule ouest de l’île un mois plus tard. La ministre Joly estime que le temps presse : Le pays est au bord du gouffre et fait face à un désespoir immense. Alors c’est sûr qu’on a une obligation morale d’agir.
La stratégie indopacifique
La stratégie indopacifique, qui établira l’approche du Canada en matière de diplomatie, de défense et d’économie dans cette grande région du monde, se fait toujours attendre. La ministre des Affaires étrangères espère la dévoiler bientôt.
Notre objectif est encore et toujours de défendre et de promouvoir les intérêts canadiens dans la région de l’Indo-Pacifique, a ajouté Mme Joly.
Ottawa veut y accroître ses relations commerciales. La ministre a d’ailleurs annoncé l’intention du Canada de se joindre au Cadre économique indopacifique, une initiative américaine à laquelle 13 autres pays, dont l’Australie, la Corée du Sud, l’Inde et le Japon, ont adhéré pour consolider leurs liens.
Il y a aussi de sérieux problèmes de sécurité dans cette région alors que la Chine cherche à s’imposer comme une puissance mondiale. À ce sujet, la ministre Joly souligne que le Canada a les yeux grands ouverts.
La Chine est un pays qui a une rhétorique très agressive, pas juste envers le Canada, mais envers plusieurs pays, a déclaré la ministre. Toute entorse des dirigeants chinois au droit international sera dénoncée par Ottawa, a-t-elle ajouté.
Malgré les relations tendues entre Ottawa et Pékin ces dernières années, les canaux de communication restent ouverts. Le Canada a d’ailleurs accepté de prendre le relais de la Chine, qui n’était pas en mesure d’accueillir cette année la Conférence des parties sur la biodiversité.
La COP15 aura donc lieu à Montréal en décembre prochain.
Certains gardent cependant toujours un attachement profond à la monarchie. Photo: Reuters/Hannah Mckay
Alors que le récent décès de la reine Élisabeth II suscite une vague d’émotions dans le monde, mais également au pays, certains Canadiens, parmi ceux issus de l’immigration, réclament « l’indépendance » du pays vis-à-vis de la Couronne, affirmant que la mort de la reine est une occasion de repenser les liens avec la monarchie.
Le président de l’Association Inde Canada, Parmod Chhabra, affirme qu’il respectait la reine en tant que souveraine du Canada, mais estime qu’il est temps pour le pays de rompre les liens avec la Couronne.
Je pense que le temps est venu pour la monarchie de se retirer, explique-t-il, rappelant les atrocités commises contre les Indiens lorsque l’Empire britannique dirigeait leur pays.
« Nous devrions faire avancer la réflexion et penser à la liberté totale, au lieu d’avoir à notre tête [le souverain] que nous n’élisons pas. »— Une citation de Parmod Chhabra, président de l’Association Inde Canada
Plus de 50 pays ayant des liens historiques avec la Grande-Bretagne font partie du Commonwealth, dont la reine Élisabeth II a été la cheffe tout au long de son règne.
Sa mort survient au moment où un nombre croissant de pays débattent de leur relation avec la Couronne britannique. Certains de ces pays demandent que la Couronne britannique s’excuse pour les abus commis durant la période coloniale et qu’elle accorde à ses anciennes colonies des réparations pour l’esclavage.
Vers une indépendance véritable ?
Le président du Conseil national bangladais-canadien, Monir Hossain, abonde dans le même sens que M. Chhabra. Il affirme que le Canada devrait être un pays pleinement indépendant comme d’autres à travers le monde.
Je pense que nous voulons tous l’indépendance ces jours-ci. […] Le monde évolue, précise-t-il.
Ce ne sont cependant pas tous les Canadiens, parmi ceux issus de l’immigration, qui s’opposent à la reine et à la monarchie.
Reuben Wong est âgé de 73 ans et réside à Richmond, en Colombie-Britannique. Il a grandi à Hong Kong avant d’immigrer au Canada dans les années 1970. Il affirme qu’il ne serait pas là où il est aujourd’hui sans la reine et le système britannique.
L’esprit de la reine vit dans mon sang, indique M. Wong qui dit avoir vécu à Hong Kong dans un village sans eau ni électricité et qui se félicite de l’éducation gratuite dispensée par les autorités coloniales britanniques, grâce à laquelle il a pu immigrer et se lancer dans une carrière de fonctionnaire.
« Quand je regarde en arrière, je suis reconnaissant envers le système britannique à Hong Kong et la reine. »— Une citation de Reuben Wong, résident de Richmond
Hong Kong ne fait plus partie du Commonwealth depuis la rétrocession à la Chine en 1997.
Vers l’effondrement ?
La famille royale a fait face à de multiples controverses cette année, relatives au rôle de la Couronne dans les anciennes colonies britanniques, au moment où des membres de la famille royale voyageaient pour célébrer le jubilé de platine de la reine, qui marquait ses 70 ans sur le trône.
En mars, il a été vivement reproché au prince William et à la duchesse de Cambridge leur surdité à l’égard des préoccupations du moment. Il leur a également été reproché de perpétuer des images de la domination coloniale britannique lors d’une tournée au Belize, en Jamaïque et aux Bahamas.
Le mois suivant, le comte et la comtesse de Wessex – Edward, le plus jeune fils de la reine, et sa femme Sophie – ont reporté l’étape de la Grenade d’une tournée dans les Caraïbes à la veille d’un voyage de sept jours après des consultations avec le gouvernement de la Grenade et le gouverneur général, le représentant de la reine sur l’île.
Ils étaient susceptibles d’y faire face à des demandes similaires à celles formulées notamment en Jamaïque; des militants avaient même demandé une audience avec le couple royal.
La Barbade a rompu ses liens avec la monarchie en novembre, et la Jamaïque a déclaré qu’elle ferait de même.
De l’utilité de la monarchie ?
Si la mort de la reine est susceptible d’alimenter des conversations sur la fin des liens avec la monarchie au Canada, certains répondront que le système du pays fonctionne bien et serait trop difficile à changer, selon Jonathan Malloy, professeur de sciences politiques à l’Université Carleton.
La longévité de la reine nous a permis de retarder peut-être certaines conversations. […] Certains verront son décès comme une opportunité de changement, explique-t-il.
« La monarchie est anachronique et représente des valeurs qui ne correspondent plus à la direction du Canada, mais le système fonctionne en fait assez bien […] et il serait extrêmement difficile de le changer. »— Une citation de Jonathan Malloy, professeur de sciences politiques à l’Université Carleton
Pour M. Malloy, la Couronne est au cœur de nos systèmes juridiques et politiques, et rompre les liens avec elle minerait, entre autres, les traités conclus avec les nations autochtones.
Il ajoute qu’il y aurait également des problèmes liés à la manière de sélectionner un nouveau chef d’État et un risque que la suppression de la Couronne ouvre la porte à d’autres tentatives de modification de la Constitution.
Aucun gouvernement ne veut être absorbé par des pourparlers et des changements constitutionnels, indique-t-il, soulignant les crises constitutionnelles du lac Meech et de Charlottetown il y a plusieurs décennies.
Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne
Les deux tiers des adultes ont reçu de l’aide financière lors la pandémie en 2020, selon Statistique Canada. Photo : La Presse Canadienne/Darryl Dyck
Les revenus des ménages canadiens ont augmenté partout sauf en Alberta et à Terre-Neuve-et-Labrador en 2020, au moment où des millions de personnes ont bénéficié de mesures de soutien liées à la pandémie, selon les nouvelles données du recensement de Statistique Canada.
Le revenu médian des ménages après impôts s’élève à 73 000 $ au Canada pour l’année 2020, en hausse de 9,8 % par rapport au dernier recensement, cinq ans plus tôt, une croissance qui s’explique en partie par l’élimination d’emplois moins bien rémunérés.
En comparaison, au Québec, le revenu médian des ménages après impôts est de 63 200 $ pour 2020, en hausse de 12,1 % par rapport à 2015. En Ontario, cette croissance s’élève à 12,8 % sur cinq ans, pour un revenu médian de 79 500 $.
C’est en Colombie-Britannique que le revenu médian des ménages après impôts a connu la plus forte croissance, en hausse de 14,3 %, à 76 000 $.
Quant à l’Alberta (83 000 $, en baisse de 4,6 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (63 200 $, en baisse de 1,3 %), la baisse des revenus après impôt s’explique majoritairement par la chute des prix du pétrole entre 2015 et 2020, en plus des ralentissements attribuables à la pandémie de COVID-19.
Bien que moins de Canadiens aient reçu un revenu d’emploi pendant la pandémie, les données du recensement suggèrent que les pertes d’emplois ont été en partie compensées par les prestations liées à la COVID-19, car environ les deux tiers des adultes canadiens (68,4 %) ont reçu des paiements des programmes de soutien.
Au-delà des programmes de soutien mis sur pied pendant la pandémie, Statistique Canada estime que les prestations plus généreuses de l’Allocation canadienne pour enfants ont aussi compensé les pertes de revenus, srutout pour les familles les moins nanties.
D’ailleurs, le nombre de Canadiens gagnant moins de 20 000 $ a augmenté de plus de 415 000, au moment où de nombreux emplois moins bien rémunérés ont disparu. Mais le taux de faibles revenus a diminué, dans l’ensemble, et le nombre de Canadiens qui n’ont déclaré aucun revenu a reculé de près d’un million par rapport à 2019.
En somme, 11,1 % des Canadiens se trouvaient dans une situation de faible revenu en 2020. Il s’agit d’une baisse de 3,3 % comparativement au taux de 14,4 % observé en 2015, soit la plus forte diminution du taux de faible revenu de toute période quinquennale depuis 1976.
Chez les Canadiens de 65 ans et plus, ce taux était toutefois en hausse de 0,6 %. Ainsi, 15 % d’entre eux se trouvaient dans une situation de faible revenu en 2020, comparativement à 14,4 % en 2015. La situation s’est aussi assombrie pour les Canadiens âgés de 80 ans et plus : 19,3 % étaient en situation de faible revenu en 2020, une hausse de 2 % par rapport à 2015.
Les experts avaient averti que les données sur le revenu, qui s’appuient sur les dossiers fiscaux et de prestations de l’Agence du revenu du Canada, présenteraient une image compliquée du début de la pandémie et devraient être considérées comme un instantané du moment.
Par Radio-Canada avec les informations de La Presse canadienne
La présidente du Parti libéral Suzanne Cowan (au centre) fait partie des personnalités interdites d’entrer en Russie. Photo : The Canadian Press/Adrian Wyld
La liste, publiée par le ministère des Affaires étrangères, comprend notamment la présidente du Parti libéral au pouvoir au Canada, Suzanne Cowan, et l’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney.
Des hauts fonctionnaires, des conseillers politiques et des membres de la société civile ont également été sanctionnés.
De nombreux prestataires d’assurance-emploi sont en colère contre Service Canada qui laisse planer le mystère au sujet d’une brèche de sécurité.
Un bureau de Service Canada Photo : La Presse Canadienne/Paul Chiasson
Des milliers de personnes ont découvert avoir été victimes d’une fraude liée à l’assurance-emploi dans les derniers mois. Encore à ce jour, ces Canadiens ne savent pas exactement de quelle façon ils ont été fraudés. Malgré des demandes répétées durant plusieurs semaines, Service Canada a refusé d’expliquer précisément ce qui s’est produit.
Plus encore, les nombreux prestataires à qui nous avons parlé soutiennent ne jamais avoir été avisés par l’institution fédérale. Ils l’ont découvert par eux-mêmes, car ils ne recevaient pas leurs prestations – ce qui les plaçait parfois dans une situation précaire – ou parce qu’ils accédaient à leur dossier en ligne pour y obtenir leur feuillet T4E.
Le modus operandi semble avoir été le même dans tous les cas. Les adresses et le compte bancaire ont été changés dans l’ignorance la plus totale des prestataires et, selon toute vraisemblance, avec une certaine facilité.
Nous tenons à préciser que les comptes de Service Canada n’ont pas été piratés, indique l’agence. Nous savons que les fraudeurs peuvent utiliser de l’information (par exemple, nom, numéro d’assurance sociale, date de naissance, nom de famille d’un parent, ou même des mots de passe) à la suite d’un vol d’identité.
Canadiens fraudés pas été prévenus par Service Canada. Photo: Radio-Canada/ Ici Radio-Canada
Jamais avisés
Service Canada précise que la région du Québec a connu un nombre considérablement plus élevé de fraudes liées au vol d’identité ou au fait que leur identité pourrait être compromise dans le secteur privé et les institutions financières.
La majorité des personnes qui nous ont confié leur malheur sont des clients de Desjardins, institution qui a connu une fuite massive de renseignements personnels en 2019.
Mais certains ne le sont pas, comme Manuel Lévesque de Saint-Lin–Laurentides. Je leur ai dit [à Service Canada] que c’est impossible, parce que je ne fais pas partie de la fraude à la caisse populaire, affirme-t-il. Je n’ai pas été fraudé autrement que par le chômage.
M. Lévesque, qui conduit des bétonnières, explique avoir fait une demande à l’assurance-emploi en décembre, mais n’avoir jamais rien reçu. Après plusieurs semaines et une deuxième demande sans paiement, il est descendu au bureau du chômage pour apprendre que son compte avait été compromis plusieurs mois auparavant : À force de parler à la madame, j’ai fini par savoir que mon chômage avait été fraudé au mois de juillet et au mois d’août!
« Où […] je bloque, c’est qu’ils n’appellent personne pour prévenir personne. »— Une citation de Manuel Lévesque
Toujours en attente de ses chèques et de la régularisation de son dossier, Manuel Lévesque ne décolère pas de son aventure avec Service Canada. Si on leur doit cinq dollars, ils nous envoient une lettre, ironise-t-il.
Quant à Éliane L., cliente chez Desjardins, elle se demande aussi pourquoi elle n’a pas été prévenue. Lorsqu’elle a voulu faire une requête, elle s’est aperçue que son adresse et son compte bancaire avaient changé, mais il lui était impossible de faire quoi que ce soit, puisque son compte avait été révoqué.
Ils m’ont dit que je n’avais pas à m’inquiéter et que la demande avait été bloquée, puisque l’adresse frauduleuse était connue, relate-t-elle.
« Ça a été vraiment ardu, parce que, des fois, c’était quatre à cinq heures d’attente en ligne [au téléphone]. »— Une citation de Éliane L.
Le cas d’Éliane L. n’est pas unique. À la fin de janvier, l’ajout d’effectifs et de mesures a permis, selon Service Canada, de rétablir le paiement des prestations à plus de 14 500 clients. Il n’a pas été possible d’obtenir de l’agence le nombre exact de victimes d’usurpation d’identité ni les montants qui ont pu être versés erronément.
Le dossier en révision de madame X
Nous avons insisté auprès de Service Canada pour mieux comprendre l’origine de la brèche de sécurité. Nous ne pouvons pas parler de cas particuliers sans une renonciation, nous a-t-on répondu.
Une cliente, dont le compte a été usurpé et que nous nommerons madame X pour préserver son identité, a donc accepté de signer pour Radio-Canada un formulaire de consentement à la divulgation aux médias de renseignements personnels. Elle a décelé l’escroquerie lorsqu’elle a voulu télécharger son feuillet T4E en vue de la production de sa déclaration de revenus.
Malgré tout, l’agence n’a pas répondu à notre question, car, a-t-elle soutenu, le 21 décembre, une anomalie a été détectée dans les informations fournies par le fraudeur et un arrêt de paiement a été ajouté au dossier [de madame X] le 31 décembre. Première réaction de la prestataire : Pourquoi en date du 7 février au soir, quand j’ai découvert la situation, je n’avais toujours pas reçu d’appel ou de lettre?
L’institution fédérale soutient que son dossier a été réglé à compter du 16 février 2022. Deuxième réaction de la prestataire : Pourquoi cela s’affiche-t-il toujours dans mon dossier comme une demande en révision?
Sécurité des programmes
Le gouvernement précise avoir mis en place des mesures afin de protéger l’intégrité des programmes de prestations incluant la mise au point de solutions de vérification des informations d’authentification des clients comme l’authentification multifacteur obligatoire.
Or, pour accéder à son dossier, madame X avait une telle authentification avec un code de sécurité envoyé par texto depuis près d’une année quand des fraudeurs ont pu modifier des informations à son compte. Elle n’a jamais reçu de quelconque alerte.
Comme l’illustrent les cas présentés dans ces lignes, Service Canada paraît néanmoins avoir réussi à bloquer certaines tentatives malhonnêtes, grâce à l’analyse de données et aux capacités de renseignements pour prévenir, détecter et empêcher les fraudes.
À très grande échelle
Le Conseil national des chômeurs, qui se porte à la défense des droits des travailleurs sans emploi, évoque un vol d’identité à très grande échelle qu’on ne s’explique pas encore.
Il y a des milliers de personnes dont le chômage a été bloqué à cause d’une demande faite en leur nom, raconte son porte-parole Pierre Céré. Ça a pris parfois des mois à les débloquer et ça continue.
M. Céré se souvient d’une rencontre au mois de janvier avec les dirigeants de Service Canada où son organisation a abordé le sujet : Ils arrêtaient de respirer, parce qu’à cette époque, ils ne voulaient pas le reconnaître, du moins publiquement.
« Il est anormal que les dossiers traînent pendant des mois. Encore plus surréaliste, c’est qu’il faut pratiquement, comme intervenant, démontrer un état d’indigence du prestataire pour que le dossier soit traité. »— Une citation de Pierre Céré, porte-parole, Conseil national des chômeurs
Le Bloc québécois s’en mêle
Nous ne sommes pas parvenus à savoir si la méthode des malfaiteurs a pu être contrecarrée définitivement ni si des Canadiens n’ayant jamais eu recours à l’assurance-emploi ont pu être visés.
Le 1er avril, dans une lettre acheminée à la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, le Bloc québécois soulignait que les cas de fraude à l’assurance-emploi risquent d’augmenter drastiquement lorsque les gens recevront leur avis de cotisation et réaliseront qu’ils doivent payer de l’impôt sur des montants dont ils n’ont jamais vu la couleur.
Le parti politique s’indigne d’ailleurs que des contribuables doivent encore à ce jour payer injustement des impôts sur des prestations canadiennes d’urgence et de relance économique qu’ils n’ont jamais eues.
L’auteur de la lettre, le député Jean-Denis Garon, demande à la ministre une période de grâce pour les personnes fraudées, le temps de régler la situation, et ce, sans intérêt, et que l’Agence du revenu du Canada émette un nouvel avis de cotisation à la réception du T4E modifié de Service Canada.
Les nombreuses annulations de vols dans le monde liées au déferlement du variant Omicron et le risque d’être coincé dans le pays de destination n’ont pas tempéré l’ardeur des voyageurs canadiens.
Je ne me sens pas plus en danger à mon condo là-bas [Floride] qu’ici. Ça fait juste nous libérer un peu l’esprit, a affirmé un voyageur rencontré dimanche à l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, à Montréal.
Ce n’est pas interdit de voyager, donc je voyage quand même, martèle un autre passager, même s’il reconnaît avoir hésité un petit peu avant de prendre l’avion.
Même raisonnement chez une passagère, qui estime qu’il n’est pas interdit de voyager. Il faut seulement prendre les mesures d’hygiène nécessaires avant de prendre l’avion, et c’est ce que j’ai fait, assure- t-elle.
Une autre voyageuse ne voit pas l’intérêt de rester au Canada pour ne pas contracter le virus.
« Je vais faire là-bas les mêmes choses que je faisais ici. »— Une citation de Une voyageuse
À la mi-décembre, le gouvernement fédéral avait déconseillé tout voyage non essentiel à l’étranger.
Voyage à plusieurs risques
Selon Jacob Charbonneau, président-directeur généralde l’entreprise Vol en retard, voyager en temps de pandémie est beaucoup plus difficile parce qu’on doit tenir compte de plusieurs facteurs.
« Il faut être prêt à être plus flexible. Si on doit rester cinq jours de plus à destination, est-ce qu’on est prêt pour ça? Si on voyage en famille, il y a les enfants. Il faut prendre des médicaments : est-ce qu’on en a suffisamment? »— Une citation de Jacob Charbonneau, président-directeur général, Vol en retard
Même si beaucoup de voyageurs qui quittent le pays disent être assurés, M. Charbonneau les appelle à faire preuve de vigilance lors de l’achat de leur billet. Il faut vraiment voir ce qu’on a acheté et ce qui est inclus dans les petites lignes, conseille-t-il aux voyageurs.
L’entrepreneur rappelle que des annulations de vols surviendront en raison du nombre d’infections à la COVID-19 qui affecteront le personnel de bord. Par conséquent, beaucoup de transporteurs risquent de se retrouver avec des vols avec moins de passagers, ce qui pourrait entraîner des annulations, fait-il savoir.
À ces raisons s’ajoutent les conditions hivernales observées ici et aux États-Unis. Plus d’une soixantaine de vols ont été annulés au Canada dimanche.
La place d’Armes, à Montréal, en décembre 2021 Photo: Radio-Canada/Daniel Thomas
Les plans de nombreux Canadiens en vue du temps des Fêtes sont plongés dans l’incertitude depuis l’apparition du variant Omicron de la COVID-19.
Par exemple, Meegan Scheffer espérait bien revoir deux de ses trois enfants à Noël. Leurs billets d’avion sont réservés, mais elle craint que le variant l’oblige à reporter le voyage une nouvelle fois.
Je n’ai pas encore sorti les décorations parce que je voulais les attendre pour les installer tous ensemble, raconte-t-elle. L’an dernier, je n’ai même pas monté le sapin. Serais-je à nouveau sans sapin et sans mes enfants à Noël?
Nazeem Muhajarine, un professeur d’épidémiologie à l’Université de la Saskatchewan, dit qu’il sera peut-être nécessaire de réduire l’ampleur des festivités en raison des inquiétudes soulevées par le variant Omicron.
Il est encore trop tôt pour bien connaître la nouvelle mutation. Le Pr Muhajarine garde espoir de sauver l’esprit des Fêtes. Il encourage la population à attendre de voir comment la situation évoluera avant d’annuler les célébrations.
Il est prudent d’avoir une approche plus mesurée, convient-il. Mais on peut attendre que Noël ou le Jour de l’an approche avant de compléter ses plans.
Certains chercheurs ont laissé entendre que le nouveau variant serait plus contagieux que ses prédécesseurs, mais le Pr Muhajarine dit qu’il faudra attendre des semaines avant de connaître le comportement du variant, notamment s’il est plus dangereux ou plus résistant.
Si le variant a provoqué une forte hausse des cas de COVID-19 en Afrique du Sud, il est encore trop tôt pour prédire sa propagation au Canada, puisque le taux de vaccination est supérieur dans notre pays, ajoute-t-il.
Une chose est certaine : l’incertitude complique la tâche de ceux qui prévoient passer leurs vacances à l’étranger. Le Canada et plusieurs autres pays ont pris des mesures restrictives plus sévères à leurs frontières, mentionne le Pr Muhajarine.
Visiter parents et amis au Canada est un pari plus sûr. Il recommande aux visiteurs de subir des tests rapides antigéniques avant leur arrivée et avant leur départ par mesure de précaution.
Le Pr Muhajarine invite la population à se préparer à refaire leur plan, tout dépendant de ce que décideront les provinces pour faire face à l’actuelle vague de COVID-19.
Le Nouveau-Brunswick a déjà annoncé dimanche l’entrée en vigueur de la phase 1 du plan d’action pour l’hiver. Si les rassemblements intérieurs de 20 personnes ou moins sont autorisés, il est recommandé aux personnes non vaccinées de rester chez elles.
Le Québec compte annoncer cette semaine ses intentions, mais le premier ministre François Legault avait l’espoir de porter à 20 ou 25 personnes le nombre limite des participants à un rassemblement intérieur. Mais la récente hausse du nombre de cas lui laissera-t-elle vraiment le choix?
Le Pr Muhajarine préfère des rencontres plus intimes. Il recommande un nombre d’invités inférieur à 10 et de les obliger à être vaccinés.
C’est comme ça qu’on peut s’assurer de passer un petit Noël en toute sécurité cette année. On peut espérer que les choses seront différentes l’an prochain.
Steve Joordens, un professeur de psychologie à l’Université de Toronto Scarborough, s’inquiète que le variant Omicron pousse les gens vers la dépression.
Nous pensions avoir la chance de célébrer un Noël normal cette année. Si on nous en prive, ce sera retourner le fer dans la plaie, dit-il. On commence à ressentir des sentiments dépressifs. On a l’impression qu’on ne peut rien changer. C’est vraiment affolant.
MONTRÉAL — Une douzaine d’organismes s’unissent au sein de la Coalition humanitaire afin de lancer une collecte de fonds destinée à fournir une aide d’urgence après le tremblement de terre dévastateur survenu samedi dernier dans le sud-ouest d’Haïti.
La Direction générale de la Protection civile d’Haïti (DGPC) rapporte qu’au moins 1419 personnes ont perdu la vie et que 6900 ont été blessées dans le séisme, et que le bilan risque de s’alourdir. La secousse a détruit des habitations, des écoles, des églises et des hôpitaux.
Environ 600 000 personnes ont aujourd’hui besoin de vivres, d’eau et d’un abri.
La Coalition humanitaire regroupe notamment les organismes Action contre la Faim, Aide à l’enfance, Banque canadienne de grains, Care Canada, Médecins du Monde, Oxfam-Québec, Plan International Canada et Vision Mondiale Canada.
Lundi, la Croix-Rouge canadienne avait déjà invité la population à contribuer au fonds «Séisme en Haïti» qu’elle a mis en place dans la foulée du tremblement de terre. Les dons versés à ce fonds serviront à répondre aux besoins immédiats des sinistrés, à appuyer les efforts de secours, à favoriser le rétablissement à long terme et à préparer Haïti à faire face à d’autres sinistres, y compris les situations d’urgence pouvant découler du tremblement de terre.
Pour sa part, la Coalition humanitaire s’engage à fournir une aide vitale aux familles affectées. Cette catastrophe s’est produite dans un pays déjà ébranlé par un chaos politique depuis l’assassinat de son président le mois dernier et par de multiples troubles sociaux et l’insécurité alimentaire.
Les Canadiens peuvent faire des dons pour l’aide aux victimes du séisme en Haïti en accédant à la page Web http://www.coalitionhumanitaire.ca.
Après avoir esquivé durant plusieurs semaines les questions sur le déclenchement d’une campagne électorale pour laquelle il se préparait activement, le premier ministre Justin Trudeau se rendrait à Rideau Hall dimanche pour demander à la gouverneure générale de dissoudre la Chambre des communes, ont rapporté jeudi différents grands médias canadiens.
Les prochaines élections générales du Canada auront lieu le 20 septembre 2021, selon plusieurs sources anonymes citées par La Presse canadienne, Reuters, le Globe and Mail et Radio-Canada–CBC. Il s’agit de la date à laquelle il était prévu que les parlementaires reviennent siéger à Ottawa.
Aucun autre parti fédéral ne souhaite le déclenchement d’une campagne électorale, au même moment où l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, affirme que le pays est maintenant entré dans une quatrième vague pandémique.
Élections anticipées
La loi canadienne ne force pas la tenue d’élections avant le 16 octobre 2023. Or, une campagne électorale peut quand même être déclenchée à tout moment jugé opportun par le premier ministre, qui n’a qu’à demander au gouverneur général de dissoudre le Parlement.
Un lundi est alors choisi comme date pour l’élection, suivant une campagne d’au minimum 37 jours (en comptant la date de déclenchement) et d’au maximum 51 jours, selon les règles établies en 2018. Le souvenir de l’élection de 2015 est encore frais, lors de laquelle le premier ministre Stephen Harper avait déclenché une très longue campagne électorale estivale de 78 jours, provoquant sa perte.
Justin Trudeau a passé une partie de l’été à annoncer de nouveau des fonds prévus au budget de 2021 dans différentes provinces et en compagnie de politiciens locaux. Il était par exemple à Montréal, le 5 août, pour réitérer, aux côtés du premier ministre François Legault, que le Québec allait être compensé à hauteur de 6 milliards de dollars pour sa part du programme fédéral de garderies subventionnées. Des ministres fédéraux ont également annoncé pas moins de six fois en juillet, dans autant de villes, les investissements prévus pour un train de VIA Rail à grande fréquence entre Québec et Toronto.
Au moins 27 députés ont déjà annoncé qu’ils ne se représenteraient pas aux prochaines élections, dont 12 libéraux, en prévision d’un scrutin en 2021. Tous les partis ont appuyé sur la pédale d’accélérateur pour recruter des candidats et préparer un scrutin estival, s’accordant par exemple le droit de nommer à partir de leur quartier général des candidats dans certaines circonscriptions.
Fluctuations en Chambre
Le Parti libéral du Canada (PLC) a fait élire 157 députés lors du dernier scrutin, qui s’est tenu le 21 octobre 2019. Il a subséquemment formé un gouvernement minoritaire, ce qui signifie qu’il avait besoin de l’appui d’au moins un parti d’opposition aux Communes pour faire adopter ses projets de loi. Il a par exemple bénéficié de l’appui du NPD lors du dernier discours du Trône et de celui du Bloc québécois pour le projet de loi C-10 sur la radiodiffusion, envoyé au Sénat à la toute dernière minute avant l’été.
Divers départs, démissions, renvois et deux élections partielles en 2020 ont fait diminuer le nombre de députés libéraux à 155. Le parti de Justin Trudeau fait le pari qu’il réussira à gagner au moins 15 circonscriptions de plus cette fois, pour atteindre une majorité au Parlement, à 170 députés sur 338.
Les libéraux avaient réussi à décrocher la victoire dans 184 circonscriptions lors des élections générales de 2015. Leur baisse en 2019 est attribuable à la perte de 14 sièges dans l’Ouest canadien (dont 6 en Colombie-Britannique), de 6 sièges en Atlantique, de 5 sièges au Québec, d’un siège en Ontario et d’un siège au Nunavut.
Bien que le Parti conservateur du Canada eût récolté plus de votes que le Parti libéral du Canada en 2019 (6,2 millions de votes contre 6 millions), la distribution géographique de ses appuis l’a cantonné dans le rôle d’opposition officielle, avec 121 élus. Le Bloc québécois a fait élire 32 députés aux Communes, soit plus de 40 % des sièges du Québec à Ottawa. Le Nouveau Parti démocratique compte 24 députés, dont un seul au Québec.