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De nouvelles données montrent que l’incidence du cancer colorectal a tendance à augmenter chez les adultes dans la vingtaine et la trentaine. Pourtant, le nombre de cas diminue chez les patients âgés, bien que ces derniers demeurent plus susceptibles d’être atteints que les jeunes.
Ce cancer est généralement considéré comme une maladie du vieillissement, la plupart des nouveaux cas étant diagnostiqués chez les personnes de plus de 50 ans. Néanmoins, les scientifiques ont documenté une tendance inquiétante chez des patients plus jeunes.
Aujourd’hui, les données des registres nationaux du cancer au Canada confirment que les taux de cancer colorectal sont en hausse chez les jeunes adultes. Les augmentations pourraient même s’accélérer.
Chaque année, nous constatons une augmentation du cancer colorectal chez les jeunes, et c’est très alarmant.
Darren Brenner, épidémiologiste du cancer moléculaire à l’Université de Calgary
Nous pensions que cette tendance ralentirait ou se stabiliserait après que les gens l’eurent remarquée pour la première fois il y a quelques années, a déclaré Darren Brenner, épidémiologiste et auteur principal de cette nouvelle étude, publiée mercredi dans JAMA Network Open.
Entre 2006 et 2015, la dernière année pour laquelle des données sont disponibles, les taux de cancer colorectal ont augmenté de 3,47 % chez les hommes canadiens de moins de 50 ans, selon le Dr Brenner et ses collègues. De 2010 à 2015, les taux ont augmenté de 4,45 % chez les femmes de moins de 50 ans.
Pourtant, le nombre de cancers du côlon et du rectum ne cesse de diminuer chez les personnes âgées au Canada en raison de la sensibilisation accrue à la maladie et de l’utilisation généralisée de tests de dépistage comme la coloscopie (qui permet d’identifier et d’enlever les polypes du côlon avant l’apparition du cancer).
Des chercheurs de l’Université du Texas à Austin observent une tendance semblable.
Ils ont rapporté la semaine dernière que la proportion de patients colorectaux de moins de 50 ans nouvellement diagnostiqués est passée de 10 % en 2004 à 12,2 % en 2015. Les patients plus jeunes étaient également susceptibles d’avoir des cas avancés plus fréquemment que les plus âgés.
Dans l’ensemble, le risque de cancer colorectal est encore beaucoup plus faible chez les jeunes adultes que chez les plus âgés. Toutefois, la hausse continue signifie que les millénariaux comporteront très probablement un risque élevé à mesure qu’ils vieilliront.
Les jeunes adultes auront un risque beaucoup plus élevé que leurs parents lorsqu’ils atteindront la cinquantaine et la soixantaine.
Rebecca Siegel, épidémiologiste à l’American Cancer Society
Mode de vie
Les changements récents dans le mode de vie sont peut-être en partie responsables de cette situation. L’obésité et les modes de vie sédentaires, par exemple, sont liés au cancer colorectal, tout comme les régimes alimentaires pauvres en fibres.
On a également constaté que les patients atteints d’inflammation chronique ou de diabète de type 2 présentaient un risque accru de développer la maladie.
Cependant, les tendances de l’obésité chez les personnes d’origines ethniques différentes ne correspondent pas toujours à celles du cancer colorectal, selon Rebecca Siegel, épidémiologiste à l’American Cancer Society.
Certaines études ont montré que l’obésité entraîne un risque accru de cancer du côlon, tandis que d’autres, y compris la nouvelle recherche du JAMA, pointent vers une augmentation plus importante des cancers du rectum.
Tant qu’il n’y aura pas plus de recherche sur les causes de l’augmentation du nombre de cancers colorectaux, la Dre Siegel encourage les jeunes à être plus proactifs dans la détection des signes.
La constipation persistante, les crampes, les ballonnements, le sang dans les selles, la perte de poids inexpliquée et la fatigue peuvent tous être des symptômes.
Les jeunes et leurs médecins négligent souvent les signes avant-coureurs parce que le cancer n’est pas sur leur radar, explique Rebecca Siegel.
L’American Cancer Society recommande maintenant le dépistage du cancer colorectal chez les personnes à risque moyen à partir de 45 ans. Les chercheurs au Canada envisagent également d’apporter des changements aux recommandations en matière de dépistage.
Néanmoins, ces révisions sont peu susceptibles d’aider à prévenir les cancers chez les patients encore plus jeunes. Nous devons comprendre pourquoi cette tendance se produit chez les jeunes afin de la prévenir, a ajouté le Dr Brenner.
CBC/Radio-Canada