CRÉATION. L’établissement exposera des œuvres de la collection Jean Pigozzi, qui a réuni depuis 1989 plus de 10 000 créations d’artistes d’Afrique subsaharienne.

Cannes, dans le sud de la France, accueille depuis mardi 12 juillet au sein de la gare maritime l’exposition « Bande-annonce, la collection Pigozzi à Cannes » sous le commissariat artistique de Jérôme Neutres et Élisabeth Whitelaw. Avec plus d’une centaine d’œuvres composées de peintures, sculptures et photographies de vingt-sept artistes des années 1960 à aujourd’hui, cette exposition dévoile en partie la collection privée d’art contemporain africain de Jean Pigozzi, la plus importante au monde. À cette occasion, le maire de Cannes, David Lisnard, et le collectionneur ont annoncé la création d’un musée dédié à l’art contemporain africain qui sera entièrement consacrée aux œuvres de la collection Jean Pigozzi dans l’ancienne chapelle Saint-Roch de Cannes. La collection Pigozzi a beaucoup contribué à révéler au grand public la création contemporaine africaine et à la faire émerger sur la scène artistique mondiale.
Un musée dédié à l’art contemporain africain
La mairie de Cannes « a entrepris une démarche ambitieuse de promotion et de valorisation de l’art moderne et contemporain », a expliqué David Lisnard, également président de l’Association des maires de France. « Ce travail se concrétise aujourd’hui par la création du premier musée au monde consacré à la prestigieuse collection d’art contemporain africain de Jean Pigozzi », a ajouté le maire LR de la cité azuréenne mondialement connue grâce à son festival international de cinéma.
Le musée, dont la date d’ouverture n’a pas été précisée, proposera sur plus de 600 m2 une exposition permanente et un espace d’exposition temporaire, dans l’ancienne chapelle Saint-Roch de Cannes.
Jean Pigozzi, un collectionneur hors norme
Fils et héritier du patron italien de la marque automobile Simca, revendue à Chrysler en 1963, Jean Pigozzi, qui a grandi entre Antibes, Genève et Paris, s’est d’abord consacré à la photographie. Puis, en 1989, après avoir visité l’exposition « Magiciens de la terre » au centre Georges-Pompidou à Paris, il se passionne pour l’art contemporain africain. Depuis lors, il a réuni plus de 10 000 œuvres d’artistes de tout le continent africain, du Sénégal au Mali, du Congo à l’Afrique du Sud, couvrant une période allant des années 1950 à nos jours.
Sa collection, actuellement entreposée à Genève mais régulièrement exposée dans de grands musées du monde entier, réunit, entre autres, des œuvres du photographe malien Seydou Keïta, considéré comme l’un des plus grands portraitistes du XXe siècle, des créations du Congolais Bodys Isek Kingelez ou des sculptures du Tanzanien George Lilanga, tous décédés. Elle comprend aussi les célèbres masques faits à partir de bidons d’essence du Béninois Romuald Hazoumè et de nombreux tableaux des Sénégalais Soly Cissé et Mor Faye ainsi que du Congolais Chéri Samba. « Ma collection est vivante, organique, car je continue d’acheter régulièrement. J’ai adoré la période « découverte » il y a 30 ans, et je suis toujours aussi enthousiaste face à de nouveaux talents. Aujourd’hui, de nombreuses galeries représentent des artistes africains, il y a une multitude de foires en Occident et en Afrique, des biennales, etc. Je continue d’être fidèle à certains artistes. […] Parfois, on me contacte spontanément pour me proposer des œuvres, et il peut y avoir de bonnes surprises. C’est cela qui m’intéresse le plus : dénicher de nouveaux talents. Si j’étais un jeune collectionneur, je partirais avec ma valise sillonner les grandes villes africaines. Il y a un intérêt croissant pour l’art de ce continent et donc il y a forcément de nouveaux talents qui émergent, des vocations qui naissent », écrit Jean Pigozzi dans un extrait du catalogue de l’exposition ouverte jusqu’au 21 août 2022.
Avec Le Point