Marc Ouellet a récemment fait l’objet d’allégations d’inconduite découlant de son mandat d’archevêque de Québec, ce qu’il a fermement démenti. (Photo d’archives) Photo: Getty Images/Andreas Solaro
Visé par des allégations d’inconduite sexuelle, le cardinal québécois Marc Ouellet ne sera plus préfet de la Congrégation pour les évêques ni président de la commission pontificale pour l’Amérique latine. Le pape François a accepté sa démission, a fait savoir le Vatican lundi dans un communiqué rédigé en latin.
Mgr Ouellet quitte ses fonctions pour cause d’atteinte de la limite d’âge, spécifie-t-on.
Âgé de 78 ans, l’ecclésiastique avait dépassé de trois ans l’âge normal de la retraite des évêques. Malgré cela, son mandat avait été prolongé pour trois ans en 2020.
Le cardinal Ouellet avait été nommé à la tête de la Congrégation pour les évêques en 2010 par Benoît XVI.
Il était l’un des rares préfets du Vatican à avoir conservé son poste depuis l’accession au trône du pape François, ce qui était largement perçu comme une marque de confiance du Saint-Père envers l’ecclésiastique québécois.
Des allégations d’inconduite sexuelle
Le départ du cardinal Ouellet survient dans un contexte controversé. Son nom est notamment apparu l’an dernier dans une action collective visant l’ensemble des agressions sexuelles qui auraient été commises par des personnes sous l’autorité du diocèse de Québec depuis 1940.
Poursuivie en diffamation, la victime alléguée est sortie de l’ombre il y a trois semaines. Paméla Groleau accuse Marc Ouellet d’avoir posé sur elle des gestes déplacés entre 2008 et 2010, alors qu’il était archevêque de Québec.
Dans les deux cas, Marc Ouellet conteste vivement les allégations, pour lesquelles il a été blanchi à deux reprises par le Vatican.
Dicastère des évêques : comment interpréter la démission de Marc Ouellet?
L’évêque américain Robert Francis Prevost a été choisi pour lui succéder, tant comme préfet de la Congrégation pour les évêques que comme président de la commission pontificale pour l’Amérique latine, a indiqué le Vatican lundi.
Né à Chicago, l’homme d’Église de 67 ans a été chef des Augustins de 2001 à 2013. Il officie actuellement à Chiclayo, au Pérou. Son entrée en fonction est prévue le 12 avril.
La Congrégation (aussi appelée « Dicastère ») pour les évêques est un comité qui conseille le pape dans la sélection des évêques. Il enquête également sur les allégations d’abus ou de négligence qui pèsent contre ceux-ci.
Originaire de La Motte, en Abitibi-Témiscamingue, Marc Ouellet a notamment été archevêque de Québec de 2002 à 2010. Il demeurera cardinal malgré sa démission de la Congrégation pour les évêques et de la commission pontificale pour l’Amérique latine.
Le cardinal Ouellet célèbre une messe dans sa paroisse de Santa Maria in Traspontina à Rome. Photo : Getty Images/Christopher Furlong
Le nom de l’homme fort du Vatican, pressenti pour succéder un jour au pape François, apparaît dans une liste rendue publique dans le cadre d’une action collective visant l’ensemble des agressions sexuelles qui auraient été commises par des personnes sous l’autorité du diocèse de Québec depuis 1940.
C’est la première fois que le nom de Marc Ouellet apparaît dans ces procédures.
Près de 80 membres du clergé sont ciblés par la requête, des prêtres pour la plupart, pour des gestes qui remonteraient généralement aux années 1950 et 1960 et qui toucheraient plus d’une centaine de victimes, dont la plupart étaient des personnes mineures au moment des faits.
Le cardinal Ouellet est de loin la personne la plus connue et dont les fonctions sont les plus élevées sur cette liste. Il ne fait face à aucune accusation criminelle.
Dans son cas, la requérante, dont l’identité se résume à la lettre F dans les documents, faisait un stage comme agente de pastorale, entre 2008 et 2010, au moment où les faits se seraient produits, lors d’événements publics.
Elle avait confié sa version des faits à une équipe d’Enquête au printemps dernier, bien avant de s’inscrire au recours. C’est la même version qu’on retrouve dans la procédure.
Il m’a agrippée, et là… les mains dans le dos, elles sont descendues quand même assez bas […] assez envahissant pour, disons, pour quelqu’un qui est mon supérieur, qui est l’archevêque de Québec, relate la plaignante.
Comme c’est la deuxième fois qu’ils se voient cette semaine-là, le cardinal lui dit qu’il peut bien l’embrasser à nouveau, car il n’y a pas de mal à se gâter un peu. Ça m’a mise quand même très mal à l’aise, puis encore plus le mot « gâter ». Comme si j’étais sa gâterie.
Le cardinal Marc Ouellet alors qu’il était archevêque de Québec, en 2010. Photo : La Presse Canadienne/Jacques Boissinot
À différentes occasions, le cardinal Ouellet l’aurait serrée contre lui, aurait massé ses épaules ou lui aurait caressé vigoureusement le dos jusqu’à l’endroit où se mélangent les fesses, provoquant chaque fois un profond malaise chez la jeune stagiaire.
Je me sentais pourchassée. C’était de plus en plus envahissant, de plus en plus intense, au point où je me suis mise à arrêter à aller aux événements, à essayer d’éviter le plus possible d’être en sa présence.
L’avocat Alain Arsenault, qui représente les demandeurs, rappelle que le cardinal Ouellet était l’archevêque et grand patron du diocèse, et qu’il avait ultimement le dernier mot sur l’embauche des agents de pastorale.
« Vous avez à ce moment-là une jeune femme dans la mi-vingtaine versus un homme puissant en autorité, connu mondialement à l’époque, qui avait peut-être 60 ans. […] Comme la majorité des victimes, elle a figé. »— Une citation de Me Alain Arsenault, représentant des demandeurs
Lorsque F ose parler de son malaise dans son entourage, elle se fait répondre que le cardinal est chaleureux et qu’elle n’est pas la seule femme à avoir ce genre de problème avec lui, peut-on lire dans la requête.
Disons que ça circulait, confirme un prêtre actif au diocèse à l’époque, qui a requis l’anonymat. On l’a crue, dit-il, lorsque la jeune stagiaire lui avait relaté la conduite du cardinal à son endroit.
On n’en revenait pas, il arrivait comme un shérif qui venait mettre de l’ordre dans le diocèse de Québec, c’était un envoyé de Rome. Qu’il ait des comportements inappropriés avec les femmes, on trouvait ça très étrange de sa part, raconte-t-il.
Bien que les gestes qui lui sont reprochés semblent moins graves physiquement que dans d’autres cas cités par la requête, leur impact et les séquelles qu’ils entraînent sont tout aussi importants, selon Me Arsenault. il est difficile d’imaginer qu’une personne de son intelligence, dans un positionnement dans lequel il est, pouvait ignorer ce qu’il faisait et les conséquences que ça pouvait avoir.
Marc Ouellet a été rappelé à Rome et promu préfet de la Congrégation pour les évêques, un des dicastères de la Curie romaine, en 2010.
F soutient que les choses ont changé à l’arrivée de Mgr Cyprien Lacroix, son successeur. Il était beaucoup plus ajusté. S’il y avait un contact physique, c’était une poignée de main très simple.
Au moment de publier, l’avocate qui représente le diocèse et les personnes visées par l’action collective n’avait pas encore émis de commentaires.
Le pape François en compagnie du cardinal Ouellet, lors de la tenue du symposium sur le sacerdoce, à Rome en 2022. Photo : Getty Images/Tiziana Fabi
Une plainte au Vatican
Toujours selon la requête, c’est dix ans plus tard, après une expérience éprouvante auprès d’un autre prêtre du diocèse, que F a décidé de relater les faits au comité-conseil sur les abus sexuels du diocèse de Québec, sans toutefois identifier les prêtres.
J’ai abordé le comité un peu en leur disant : « Mais je ne sais pas si j’ai été victime, mais voici mon histoire », relate la plaignante. J’avais senti le besoin de relater tout ce que j’avais vécu d’inapproprié depuis mes débuts comme agente de pastorale. Donc, en partant de Marc Ouellet.
Les membres du comité lui auraient indiqué que, dans les deux cas, il s’agissait d’inconduite sexuelle, en l’invitant à porter plainte. C’est seulement à ce moment que le comité a appris qu’il s’agissait entre autres du cardinal Ouellet.
La plainte le concernant a été transmise directement au Vatican en janvier 2021, où elle a été confiée au père Jacques Servais, un théologien mandaté pour tirer l’affaire au clair.
Une rencontre par visioconférence a eu lieu avec l’émissaire du Vatican. Un an et demi plus tard, elle n’a pas encore été informée de ses conclusions.
Ça contribue à victimiser encore plus la personne, se désole l’avocat Alain Arsenault. C’est ce qui a finalement motivé la jeune femme à s’inscrire à son tour à l’action collective.
Quelques faits sur l’action collective visant le diocèse de Québec:
101 personnes inscrites au recours à titre de victimes;
La majorité des faits remonteraient aux années 1950 et 1960;
Des personnes auraient commis plus d’une agression;
Plusieurs présumés agresseurs sont aujourd’hui décédés;
En 1960, le diocèse comptait jusqu’à 230 paroisses.
Marc Ouellet a été nommé archevêque de Québec en 2002 et élevé au cardinalat par le pape Jean-Paul II en 2003.
Le pape François a accepté la démission du cardinal guinéen ultra-conservateur Robert Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a annoncé samedi le Vatican.
La sortie en France de cet ouvrage intitulé Des profondeurs de nos coeurs, avec en couverture les photos de Benoît XVI et du cardinal Sarah, avait suscité de nombreuses interrogations sur le pape émérite, affaibli par son grand âge. Ce livre était apparu pour certains comme une immixtion dans le pontificat du pape François, et pour d’autres comme un coup de semonce provenant de la frange traditionaliste de l’Église.
Face à la polémique, Benoît XVI avait demandé que son nom soit retiré de la couverture du livre, ainsi que de l’introduction et de la conclusion co-signées. Mgr Sarah a réagi samedi à l’annonce du Vatican sur son compte Twitter : « Je suis entre les mains de Dieu. Le seul roc, c’est le Christ. Nous nous retrouverons très vite à Rome et ailleurs.
Successeur
Nommé archevêque de Conakry en 1979 par Jean Paul II, à seulement 34 ans, Mgr Sarah avait été nommé cardinal en 2010 par Benoît XVI, puis à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements en 2014 par le pape François.
Le nom de son successeur n’a pas été annoncé dans l’immédiat. L’un de ses dernières décisions à la tête de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements a été de publier le 17 février les lignes directrices pour que les célébrations de Pâques 2021 se déroulent « de la manière la plus efficace possible pour nos communautés, tout en respectant le bien commun et la santé publique », alors que la pandémie du Covid-19 fait encore rage.
Le pape a également accepté samedi la démission du vicaire général pour la Cité du Vatican et président de la Fabrique de saint Pierre (qui gère les travaux d’entretien et de restauration au Vatican, notamment de la basilique Saint-Pierre), le cardinal Angelo Comastri, auquel succédera le franciscain Mauro Gametti, récemment nommé cardinal et Gardien général du couvent sacré de saint François à Assise.
Il aura servi trois papes: le cardinal français Jean-Louis Tauran, mort jeudi à l’âge de 75 ans, s’est révélé comme un fin diplomate et un artisan inlassable du dialogue de l’Église avec l’islam, qu’il voyait comme seul « chemin » possible vers la paix.
Cet homme discret au visage doux fut « ministre des Affaires étrangères » du pape Jean Paul II durant une douzaine d’années (1991-2003), avant de présider le très stratégique Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux (2007-2018) auprès du pape Benoît XVI, puis du pape François.
Né le 5 avril 1943 à Bordeaux (sud-ouest de la France), où il s’est formé au grand séminaire et a été ordonné prêtre en 1969, le père Tauran n’a servi en paroisse, comme vicaire, que pendant cinq ans.
Le plus romain des cardinaux français, bien plus connu dans les grandes capitales du monde, notamment celles du Moyen-Orient, que dans son diocèse de Gironde, a fait l’essentiel de ses études à Rome: séminaire français, Académie pontificale (« l’école des nonces », les ambassadeurs du Vatican)…
Jean-Louis Tauran a brûlé les étapes de la carrière diplomatique. Conseiller de nonciature en République dominicaine, il a ensuite passé quatre ans au Liban, où son « coeur est resté », confiait-il. En décembre 1990, il est porté à la tête d’une des diplomaties les plus cotées du monde, devenant secrétaire des relations de l’Église avec les États, le plus jeune de l’histoire contemporaine.
Entré au service diplomatique du Vatican en 1975, il y reste jusqu’en 2003, lorsque le pape Jean Paul II le crée cardinal, juste avant de le nommer bibliothécaire et responsable des archives secrètes du Vatican. Il mettra alors en route les programmes d’ouverture anticipée de certaines archives.
En 2007, le pape Benoît XVI en fait le successeur d’un autre cardinal français, Paul Poupard, à la tête du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux: son dossier le plus sensible concerne les relations avec les musulmans, dans un monde touché par la résurgence de formes radicales de l’islam.
A ce poste, ce polyglotte continuera de parcourir la planète, tentant d’apaiser les remous nés notamment du fameux « discours de Ratisbonne » dans lequel, en septembre 2006, le pape allemand avait évoqué un lien entre islam et violence.
Le cardinal Tauran grondera contre « l’ignorance » de l’islam en Occident, y voyant la raison de la peur qu’elle inspire à beaucoup. « Ils n’ont jamais rencontré de musulmans et se basent sur ce qu’ils voient ou entendent à la télévision », déplorait-il.
« L’Église regarde avec estime les musulmans », soulignait-il en rappelant cette conviction issue de la déclaration « Nostra Aetate » du concile Vatican II (1962-1965). Il appelait à un dialogue non pas circonscrit aux élites mais inscrit dans le quotidien ordinaire de la vie des fidèles. Sans renoncer bien sûr, pour les chrétiens, à annoncer l’Évangile.
« Nous n’avons pas d’autre chemin que celui du dialogue » afin de « favoriser la paix », estimait-il.
Très affaibli par la maladie de Parkinson, le cardinal Tauran a continué à promouvoir la liberté religieuse jusqu’au bout de ses forces. En avril dernier, il avait été reçu à Riyad, fief du très rigoriste wahhabisme, par des autorités saoudiennes affichant une volonté d’ouverture. « Je pense que nous avons deux ennemis: l’extrémisme et l’ignorance », avait-il déclaré.
« Cardinal protodiacre », il avait à ce titre prononcé la formule rituelle « Habemus papam » pour annoncer en 2013, depuis le balcon de la basilique Saint-Pierre, l’élection du pape François. Ce dernier l’avait élevé en 2014 au rang de « camerlingue de la Sainte Eglise romaine », le prélat qui gère les biens du Saint-Siège entre deux pontificats.
En Bordelais – son père, André, était négociant et possédait une affaire d’import-export de primeurs en Gironde -, Jean-Louis Tauran avouait un goût pour le bon vin et la table.
Mélomane et musicien lui-même (piano et orgue), il confessait une passion pour Bach et dévorait les livres. Il en a aussi écrit quelques-uns. Son dernier, « Je crois en l’Homme », paru en 2016, résonne comme un manifeste autour de son sous-titre: « Les religions font partie de la solution, pas du problème ».
Le pape François a annoncé dimanche la tenue d’un consistoire le 29 juin au cours duquel il va créer quatorze nouveaux cardinaux, parmi lesquels le patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne d’Irak, Mgr Louis Raphaël Sako.
En cas de conclave, onze d’entre eux (les moins de 80 ans) pourront participer à l’élection du successeur de François.
« Je suis heureux d’annoncer que le 29 juin aura lieu un consistoire pour la création de quatorze nouveaux cardinaux. Leur provenance exprime l’universalité de l’Eglise », a déclaré le pape, en créant la surprise juste après la prière traditionnelle de la Pentecôte prononcée depuis le palais apostolique sur la place Saint-Pierre.
Parmi les futurs cardinaux électeurs figure Mgr Louis Raphaël Sako, 69 ans, patriarche de l’Eglise catholique chaldéenne (Irak), qui rencontre souvent le pape et s’exprime publiquement sur la souffrance des fidèles de son pays. Cet érudit polyglotte né en Irak, qui a notamment obtenu un doctorat d’histoire de la Sorbonne, avait été élu patriarche de cette église orientale en 2013.
De passage à Paris en mars, le patriarche avait évoqué un « espoir fragile » de paix en Irak, alors que selon lui un tiers des familles chrétiennes du nord du pays ont pu regagner leur terre après la débâcle du groupe Etat islamique (sur les 1,5 million de chrétiens présents avant la chute du régime de Saddam Hussein en 2003).
Fin 2016, le pape François avait déjà fait un choix original en notamment cardinal Mario Zenari, le « nonce apostolique » (ambassadeur du pape) en Syrie, autre pays « martyr » au coeur de ses préoccupations. De telles promotions donnent plus de poids aux représentants de l’Eglise dans des pays où les chrétiens sont en danger.
Trois futurs cardinaux, tous Européens, ont des fonctions au sein du Vatican, ce qui va à contre-courant de précédents consistoires mais donne des indices sur les proches alliés du pape.
– Pakistan, Japon et Madagascar –
Il s’agit du jésuite espagnol Mgr Luis Ladaria Ferrer, 74 ans, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (gardien du dogme) depuis juillet dernier, l’Italien Mgr Angelo Becciu, 70 ans en juin, substitut aux Affaires générales de la Secrétairerie d’Etat, Mgr Konrad Krajewski, 54 ans, aumônier responsable des oeuvres de charité du pape. Est également promu l’Italien Mgr Angelo De Donatis, 64 ans, vicaire du diocèse de Rome.
Deviendront aussi cardinaux Mgr Joseph Coutts, archevêque de Karachi (Pakistan), Mgr Antonio dos Santos Marto, évêque de Leiria-Fatima (Portugal), Mgr Perdo Barreto, archevêque de Huancayo (Pérou), Mgr Désiré Tsarahazana, évêque de Toamasina (Madagascar), Mgr Giuseppe Petrocchi, archevêque de L’Aquila (Italie) et Mgr Thomas Aquinas Manyo, archevêque d’Osaka (Japon).
Le Pakistan, le Japon et Madagascar étaient dépourvus de cardinaux depuis les décès de trois prélats occupant cette fonction.
Le pape a aussi choisi trois hommes « qui se sont distingués par leur service à l’Eglise » mais ne seront pas des électeurs en raison de leur âge. Il s’agit de Mgr Sergio Obeso Rivera, archevêque émérite de Xalapa (Mexique), Mgr Toribio Ticona Porco, prélat émérite de Corocoro (Bolivie) et le père missionnaire espagnol et auteur de livres Aquilino Bocos Merino.
Le pape François façonne progressivement un collège de cardinaux à son image, moins européen, souvent engagé dans la paix ou la justice sociale.
Chaque nouveau « prince de l’Eglise » s’agenouillera le 29 juin dans la basilique Saint-Pierre devant le pape pour recevoir sa « barrette » pourpre, une coiffe ecclésiastique en forme de toque quadrangulaire, ainsi qu’une bague.
Selon un décompte du site spécialisé Vatican Insider, à l’issue de cette cérémoinie, la majorité des cardinaux électeurs auront été choisis directement par le pape argentin, soit 59 cardinaux sur 125. Le college des cardinaux compte au total 227 prélats.
Le pape François, en passe de corriger ses erreurs sur un scandale de pédophilie au Chili, a été rattrapé mardi par son choix hasardeux de nommer numéro trois du Vatican un Australien, renvoyé devant la justice pour agressions sexuelles.
Le cardinal australien George Pell a été renvoyé mardi devant un tribunal pour des accusations d’agressions sexuelles anciennes qu’il rejette de manière catégorique.
Il deviendra ainsi le plus haut représentant de l’Église catholique à devoir répondre devant un tribunal à ce type d’accusations.
L’inévitable médiatisation du procès est une mauvaise nouvelle pour une Église dont la justice interne se prononce encore dans le plus grand secret dans les cas d’abus sexuels.
« Le Saint-Siège a pris note de la décision des autorités judiciaires en Australie », a sobrement commenté mardi son porte-parole, dans un communiqué, après l’annonce d’une décision redoutée depuis près d’un an.
« L’an dernier, le Saint-Père avait accordé un congé au cardinal Pell pour qu’il puisse se défendre des accusations. Ce congé est encore en vigueur », ajoute le Vatican.
La perspective d’un retour à Rome du cardinal de 76 ans à la santé fragile semble toutefois exclue.
– bombe à retardement –
L’Australien avait été accusé dès 2002 d’abus sexuels pour des faits présumés très anciens, avant d’être innocenté.
Il avait été appelé à Rome par François pour devenir son tout puissant « ministre » de l’Économie et prendre la tête d’un groupe de cardinaux chargés de réformer avec fermeté le fonctionnement de la Curie (gouvernement du Vatican).
Le pape n’a pas pensé que le cardinal pourrait se transformer en bombe à retardement au sommet de l’Église, soulignent ses détracteurs.
Très tôt, le choix du pape avait en outre été perçu par des victimes australiennes d’abus sexuels comme une façon de l' »exfiltrer » très loin d’une enquête nationale en cours.
Lors de son inculpation par la justice australienne en juin 2017, le Saint-Siège avait accepté le « congé » du cardinal sans exiger sa démission, en soulignant « l’honnêteté » et « le dévouement énergique » de Pell.
En réalité, le départ de l’un des plus proches collaborateurs du pape avait fait l’effet d’un coup de tonnerre au Vatican, déjà vivement critiqué pour son manque de sévérité dans ce type d’affaires.
Quatre mois plus tôt, une ancienne victime irlandaise d’un prêtre pédophile avait claqué la porte d’une commission d’experts contre la pédophilie, en dénonçant un manque « honteux » de coopération de certains prélats du Vatican. Ses critiques avaient fait le tour du monde.
Interrogé sur les soupçons pesant sur le cardinal Pell, le pape avait en août 2016 mis en avant la présomption d’innocence. « Il y a des doutes, et +in dubio pro reo+ (le doute doit profiter à l’accusé). Nous devons éviter tout procès médiatique, un procès qui s’appuie sur les ragots », avait-il commenté.
– trois Chiliens chez François –
Ces propos rappellent sa défense sans doute trop péremptoire au Chili à la mi-janvier d’un évêque chilien, Mgr Juan Barros, soupçonné d’avoir caché les actes pédophiles d’un vieux prêtre.
Son voyage s’était transformé en fiasco médiatique lorsque le pape avait laisser planer l’impression que la voix des victimes était secondaire pour une Église raisonnant en vase clos.
Depuis, le pape a fait des mea culpa à répétition. Il s’est dit déterminé à corriger ses « graves erreurs » d’appréciation après avoir pris connaissance voici trois semaines d’un long rapport d’enquête commandée au Chili et comprenant 64 témoignages.
Le pape a convoqué à Rome en mai les 32 évêques du Chili. Et ces derniers jours, il a écouté pendant des heures trois Chiliens victimes d’un prêtre pédophile.
Hôtes à la résidence du pape au cœur de la Cité du Vatican, les trois hommes devaient mercredi lever un coin de voile, devant la presse, sur ces entretiens privés.
Le pape François a invité à Rome le cardinal catholique allemand Reinhard Marx pour discuter d’une décision controversée d’autoriser l’eucharistie à des non catholiques, a annoncé jeudi la conférence épiscopale allemande.
Le cardinal Marx « salue le souhait du pape François, qui a proposé une discussion à Rome sur le sujet », a-t-elle souligné dans un communiqué.
La dispute au sein de l’Eglise catholique allemande persiste depuis février: la conférence épiscopale (DBK), présidée par le cardinal Marx, avait alors décidé de permettre dans certains cas à des protestants mariés à un ou une catholique de recevoir la communion eucharistique.
Ce compromis avait été adopté à une large majorité mais un petit nombre de religieux hostiles s’étaient tournés vers le pape pour lui demander d’empêcher son application.
Un procès au tribunal du Vatican consacré au financement des travaux de rénovation de l’appartement d’un célèbre cardinal italien s’est conclu samedi sans la convocation du prélat tandis qu’un ex-responsable d’une fondation vaticane a été condamné à un an de prison avec sursis.
Le cardinal Tarcisio Bertone, puissant numéro deux du Vatican sous le pape Benoît XVI, avait obtenu en 2013 en quittant ses fonctions un appartement de 400 m2 dans le palais San Carlo, à deux pas de la modeste résidence hôtelière où vit le pape François dans l’enceinte de la cité du Vatican.
Les prévenus du procès, deux ex-managers de la Fondation de l’hôpital pédiatrique Bambino Gesu (propriété du Vatican), étaient accusés d’avoir « détourné » 422.000 euros pour financer la rénovation du fameux appartement, dépense que personne n’avait contestée à l’époque et certainement pas le cardinal.
Giuseppe Profiti, l’ancien président de la Fondation, a été condamné samedi à un an de prison avec sursis pour « abus de pouvoir », a annoncé le tribunal. Son trésorier a été jugé non coupable.
Dans ses réquisitions la semaine dernière, le procureur du tribunal du Vatican avait évoqué un contexte « désolant » caractérisé par « le silence et l’opacité et une piètre gestion des affaires publiques ». Il avait requis trois ans de prison fermes à l’encontre de M. Profiti.
Quant au cardinal aujourd’hui âgé de 82 ans, maintes fois mentionné au cours des audiences, il n’a jamais été convoqué en tant que témoin clef, curiosité impensable dans toute autre juridiction en Europe.
Fin 2015, Tarcisio Bertone avait pourtant été sollicité par la nouvelle directrice de l’hôpital pour boucher le trou béant dans les comptes de la fondation. Il avait finalement fait « un don » de 150.000 euros.
Le pape François avait tapé du poing sur la table, après les révélations de la presse sur le train de vie luxueux de plusieurs cardinaux, assurant qu’on ne pouvait pas parler de pauvreté et « mener une vie de pharaon ».
Le cardinal Bertone avait cédé sa place de numéro deux du Vatican à l’automne 2013, quelque mois après l’élection du pape François, puis il s’était retiré de ses dernières fonctions au sein de ministères du Vatican en décembre 2014.
L’ex-dirigeant condamné Giuseppe Profiti a expliqué que la rénovation visait à créer un espace de prestige pour des réceptions « de 8 à 10 personnes » en présence du cardinal afin de récolter des dons. Une idée approuvée dans une lettre par le prélat.
M. Profiti a admis qu’aucun contrôle financier n’avait encadré les travaux, effectués entre novembre 2013 et la fin mai 2014.
C’est un rapport transmis au procureur par l’Autorité d’information financière (AIF), gendarme financier dont les locaux se trouvent dans le même palais que l’appartement du cardinal, qui avait dénoncé les irrégularités financières de la fondation fin 2015. Appelé comme témoin au procès, son directeur Tommaso di Ruzza a toutefois gardé le silence en opposant le « secret d’Etat ».
Le mandat du cardinal sur la Congrégation venait tout simplement à terme soutient l’Église de Québec
Photo AFPLe cardinal québécois Marc Ouellet n’aurait pas été rétrogradé par le pape, selon l’Église catholique de Québec.
Coup d’œil sur cet article
C’est la fin de son mandat à la Congrégation pour le culte divin et non une rétrogradation du pape François qui aurait écarté le cardinal Marc Ouellet de cet organisme du Saint-Siège selon le diocèse de Québec.
Le directeur des communications de l’Église catholique de Québec tenait à préciser hier que le mandat de cinq ans du cardinal venait tout simplement à terme, ce qui expliquerait son retrait du dicastère. «L’annonce des nouveaux membres se fait toujours sans qu’une liste des expirations de terme soit présentée», explique Jasmin Lemieux-Lefebvre.
Aucune division
Après avoir discuté de la situation avec ses homologues du Vatican, ces derniers ont confirmé à M. Lemieux-Lefebvre que les façons de faire pourraient être revues. «À l’avenir, ce sont des informations qui pourraient être partagées pour éviter que les malentendus mènent à l’utilisation de termes comme “tassé” ou “limogé”.»
Le représentant du diocèse de Québec tient par cette mise au point à rappeler la confiance qu’a le pape François envers Marc Ouellet, qui siège toujours dans 14 congrégations. «Le cardinal Ouellet et le pape sont en communion. Il n’y a pas de division entre les deux, qui sont des alliés au sein de la curie», insiste Jasmin Lemieux-Lefebvre.
Ce dernier estime que si une scission entre les deux hommes de foi avait pu être observée, elle aurait été dévoilée dès l’entrée en poste du Saint-Père en 2013. «Le pape a fait le choix de garder Marc Ouellet dans sa garde rapprochée.»
à Québec pour y rester
Quant au cardinal Gérald Cyprien Lacroix, qui a pris du galon en obtenant sa place sur la Congrégation pour le culte divin, il n’est absolument pas question qu’il parte pour le Vatican. «Ces responsabilités sont normales pour un cardinal, et il continuera d’investir le meilleur de son temps et de ses énergies dans le diocèse de Québec.»
Les autorités australiennes enquêtent sur des accusations de pédophilie portées contre un haut responsable du Vatican, le cardinal australien George Pell, mais n’a pas décidé d’engager des poursuites pour le moment, a annoncé jeudi 28 juillet un responsable de la police à une radio locale.
« C’est une affaire sur laquelle nous avons enquêté et sur laquelle nous enquêtons toujours », a déclaré le commissaire en chef de la police de l’Etat de Victoria, Graham Ashton, sur la station de radio de Melbourne 3AW, confirmant une information diffusée mercredi par la télévision publique australienne ABC. La chaîne a indiqué avoir obtenu huit rapports de police de victimes, témoins et membres de familles de victimes utilisés dans l’enquête.
Ancien chef de l’Eglise catholique australienne, le cardinal Pelle, actuellement âgé de 75 ans, a été nommé début 2014 secrétaire pour l’économie du Vatican par le pape François.
Le cardinal a nié les accusations portées contre lui dans une déclaration à ABC, assurant que les « affirmations selon lesquelles il a abusé sexuellement de personnes (…) sont complètement fausses ».
Le cardinal Pell a estimé qu’il s’agissait d’un complot contre lui. « Il rejette absolument les accusations », déclare un communiqué du bureau du cardinal, selon lequel les accusations « ne sont qu’une scandaleuse campagne de calomnie, qui semble être soutenue par ABC ».
Attouchements sexuels
Parmi les accusations figurent les témoignages de deux hommes, aujourd’hui quadragénaires, qui ont affirmé avoir subi des attouchements de George Pell pendant l’été austral 1978-1979 dans une piscine à Ballarat, ville de cet Etat où le prêtre a grandi.
Selon un autre témoignage, George Pell se serait montré nu devant trois garçons de 8 à 10 ans, dans un vestiaire d’un club de surf, pendant l’été 1986-1987.
M. Ashton a déclaré que le dossier avait été transmis au Parquet, qui doit décider de sa solidité. « Pour le moment, nous attendons leur réponse », a-t-il affirmé, ajoutant au sujet d’éventuelles poursuites que « tout était possible ».
En 2002, alors archevêque de Sydney, George Pell avait été déjà accusé d’abus sexuels, mais il avait été innocenté par la suite.
Les investigations de la police sur George Pell – qui selon ABC durent depuis plus d’un an –s’inscrivent dans le cadre d’une enquête plus large sur des accusations d’abus sexuels dans des lieux de culte, des orphelinats et des écoles.
Une commission royale sur les réponses institutionnelles aux abus sexuels sur les enfants a été instaurée en Australie après des pressions grandissantes pour enquêter sur les accusations de pédophilie.
En mars, le cardinal Pell avait témoigné devant cette commission enquêtant sur un scandale impliquant plusieurs prêtres pédophiles de son ancien diocèse. Il avait assuré n’avoir rien su des dizaines d’abus sexuels commis par des prêtres sur des enfants dans les années 1970 et 1980.