L’homme qui avait été proposé par les militaires qui ont pris le pouvoir à Bissau le 12 avril, Manuel Serifo Nhamadjo, va diriger la transition pendant un an malgré l’opposition de l’ex-parti au pouvoir, a décidé vendredi la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao).
« Nous avons pris la décision qui est la volonté exprimée par la plupart des parties que nous avons reçues et écoutées. Cette décision entre dans l’application de la Constitution (. . . ). Le président de l’Assemblée nationale (M. Nhamadjo) assure la transition », a déclaré à la presse le secrétaire d’Etat nigérian aux Affaires étrangères, Nurudeen Mohammad.
A la tête d’une délégation de la Cédéao arrivée jeudi à Bissau qui a rencontré pendant plusieurs heures des représentants de la junte, des partis politiques et de la société civile, M. Mohammad a ajouté qu’il « n’est plus question d’un retour » au pouvoir de MM. Carlos Gomes Junior et Raimundo Pereira, l’ex-Premier ministre et le président par intérim renversés lors du putsch du 12 avril.
Fin avril, la junte avait proposé que Manuel Serifo Nhamadjo dirige la transition jusqu’à des élections, mais il avait refusé, considérant que sa nomination sortait de la « légalité ».
Ayant reçu l’onction de la Cédéao, il a cette fois-ci accepté. « Je vais continuer à travailler pour trouver un consensus autour du Premier ministre qui aura la tâche de former un gouvernement de transition: je sais que la tâche ne sera pas facile, mais nous allons tous nous y atteler », a-t-il dit.
Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC, ex-parti au pouvoir), a aussitôt rejeté cette décision qu’un de ses dirigeants, Augusto Olivais, a qualifié « d’anticonstitutionnelle ». « Nous n’allons pas reconnaître un président qui n’a pas été élu démocratiquement », a-t-il ajouté.
Secouée par des convulsions politiques et militaires depuis son indépendance du Portugal en 1974 après une guerre de libération, la Guinée-Bissau, minée en outre depuis plusieurs années par le trafic de drogue, a été ébranlée le 12 avril par un nouveau coup d’Etat militaire.
Jeuneafrique.com avec AFP