Posts Tagged ‘Casimir Oyé Mba’

Néo-colonisation : 5 premiers ministres francophones meurent en Europe en moins d’un an

novembre 11, 2021

C’est la conséquence de n’avoir pas assez investi dans la formation et la modernisation des hôpitaux en Afrique qui pousse les politiques des pays francophones à monter dans le premier avion pour la France au premier soucis de santé. En ce qui va de cette année, 5 anciens premiers ministres dont un en fonction sont morts en France. Il s’agit de trois premiers ministres Ivoiriens, un Congolais et un Gabonais.

Le dernier a quitté la terre des hommes en France est l’ancien premier ministre Congolais Clément Mouamba qui a été évacué quelques semaines plus tôt atteint du Covid. Premier Ministre du Congo-Brazzaville entre 2016 et mai 2021, Clément Mouamba, est décédé vendredi 29 octobre des suites du Covid-19 à Paris, où il avait été évacué il y a plus de deux semaines. Il était âgé de 78 ans.

Clément Mouamba qui a eu à gérer la pandémie à son apparition n’a pas pu doter les hôpitaux de son pays des équipements nécessaires malgré l’élan de solidarité qui a permis à son gouvernement de récolter des milliards.

Clément Mouamba

Cet économiste, cadre de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), s’était engagé à redresser les équilibres macroéconomiques. Peu avant, il avait rejoint le parti au pouvoir après avoir été exclu de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), principale formation d’opposition, pour avoir accepté de prendre part au dialogue national ayant abouti au changement de la constitution.

Clément Mouamba avait également servi le régime du professeur Pascal Lissouba, premier président élu du Congo, dont il a été ministre des Finances entre 1992 et 1993. Depuis 2017, il était également député de la première circonscription de Sibiti, sa ville natale dans le sud-ouest.

Charles Konan Banny

L’ancien premier ministre ivoirien Charles Konan Banny est décédé vendredi 10 septembre de complications pulmonaires et respiratoires liées au Covid-19, à Paris, où il avait récemment été évacué et hospitalisé.

Atteint du coronavirus à Abidjan, il avait été transféré la semaine dernière à l’hôpital américain de Neuilly où il est décédé vendredi, à 78 ans. 

« Il a changé ma perception de la politique ivoirienne et de certains de ses acteurs », a rapidement réagi Guillaume Soro, un autre ancien premier ministre, aujourd’hui en exil. 

Né le 11 novembre 1942 à Divo (sud), ce fils de planteur baoulé (un des plus importants groupes ethniques du pays) est diplômé de la prestigieuse Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de Paris.

Après avoir travaillé dans la gestion d’Etat de la filière cacao en Côte d’Ivoire, premier exportateur mondial, il intègre en 1976 la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à son siège de Dakar, où il gravit tous les échelons. 

Gouverneur par intérim de cette institution (1990-1993), il est confirmé dans ses fonctions le 1er janvier 1994, trois semaines avant la dévaluation du franc CFA, qui jouera un grand rôle dans son image d’« homme de la France ». Il y restera jusqu’à son arrivée en 2005 à la « Primature » ivoirienne.

Cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), Charles Konan Banny, connu pour son caractère « soupe au lait », avait été imposé comme premier ministre à Laurent Gbagbo par la communauté internationale en décembre 2005, un poste qu’il a occupé jusqu’en avril 2007. 

Originaire de Yamoussoukro, ville natale de Félix Houphouët-Boigny, père de la nation ivoirienne et fondateur de son parti le PDCI, M. Konan Banny s’était lancé en 2015 dans la course à la présidentielle contre Alassane Ouattara mais avait finalement jeté l’éponge.

Amadou Gon Coulibaly

Le Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, est décédé ce mercredi 8 juillet, à Abidjan. Annoncée par Jeune Afrique, l’information a été confirmée dans la soirée par Patrick Achi, le secrétaire général à la présidence ivoirienne, sur les antennes de la RTI.

Transplanté du coeur en 2012, il s’était dit conscient aussi des interrogations qu’avaient soulevées son absence prolongée et son hospitalisation.

Problèmes cardiaques

Le 2 mai, il avait été évacué en urgence à Paris en pleine pandémie de Covid-19 pour des problèmes cardiaques. Pris en charge à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, il y avait effectué une coronarographie et s’y était fait poser un stent. Mais son séjour, qui devait initialement durer « quelques semaines » s’était finalement prolongé, en raison d’une seconde hospitalisation début juin.

Âgé de 61 ans, Amadou Gon Coulibaly était le candidat du RHDP (au pouvoir) à l’élection présidentielle d’octobre. Il devait être formellement investi début août à Yamoussoukro.

Hamed Bakayoko

Le Premier ministre de Côte d’Ivoire, Hamed Bakayoko, est mort mercredi 10 mars à l’âge de 56 ans dans un hôpital en Allemagne des suites d’un cancer, huit mois après le décès de son prédécesseur. « Je rends hommage au Premier ministre Hamed Bakayoko, mon fils et proche collaborateur, trop tôt arraché à notre affection », a déclaré le président Alassane Ouattara dans communiqué lu à la télévision publique RTI.

Son ascension politique avait vraiment commencé dans les années 2000. En 2003, à 38 ans, il était devenu ministre des Télécommunications et des Nouvelles technologies, un poste qu’il gardera dans tous les gouvernements d’union nationale, sous le régime de l’ex-président Laurent Gbagbo. Avec l’arrivée au pouvoir d’Alassane Ouattara en 2011, Hamed Bakayoko avait hérité du stratégique ministère de l’Intérieur, qu’il avait conservé sous trois gouvernements jusqu’en 2017, réussissant à maintenir l’ordre dans un pays revenant à la paix, notamment grâce à ses nombreuses relations dans tous les milieux, aussi bien parmi les anciens chefs de la rébellion que dans l’opposition.

Casimir Oyé- Mba

Touché par le Covid-19, il avait été hospitalisé à Libreville avant d’être évacué dans un état critique en France à l’hôpital Paris Saint-Joseph où il est mort, ce jeudi 16 septembre 2021, à l’âge de 79 ans. Casimir Oyé Mba avait été Premier ministre de 1990 à 1994.

Intellectuel chevronné, Oyé Mba devient Premier ministre pendant quatre ans. Très humble, il quitte ses fonctions lors d’un remaniement pour celles de ministre des Affaires étrangères. Oyé Mba enchaine alors les portefeuilles ministériels, dont ceux du Plan et du Pétrole.

Économiste formé en France, où il obtient un doctorat en 1969, Oyé Mba a également été gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) de 1978 à 1990. Fort d’un carnet d’adresses bien rempli et d’une réputation d’homme rigoureux, celui que les Gabonais appelaient « Cam’ la Classe » pour la finesse de ses idées et le chic de ses costumes, brigue le fauteuil présidentiel après la mort d’Omar Bongo en 2009. Il retire finalement sa candidature à la veille du scrutin en invoquant des pressions.

Avec Sacer-infos par Stany Frank

Gabon : décès à Paris de Casimir Oyé Mba

septembre 16, 2021

Casimir Oyé Mba, ancien Premier ministre du président Omar Bongo, à Paris, le 10 mai 2016.

L’ancien gouverneur de la BEAC s’est éteint ce jeudi matin à l’hôpital Saint-Joseph, dans la capitale française.

Il avait été évacué le 11 septembre dernier en France alors qu’il avait contracté une forme sévère de Covid-19 et passé une semaine déjà à la polyclinique Chambrier, un établissement réputé de Libreville. Casimir Oyé Mba s’est éteint ce 16 septembre au matin à l’hôpital Saint-Joseph de Paris, a confirmé à Jeune Afrique l’un de ses proches. Il était âgé de 79 ans.

Pas de vaccin russe

Cet ancien gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), en partie formé en France, à l’université de Rennes, qui fut aussi chef de gouvernement (entre 1990 et 1994) et plusieurs fois ministre sous la présidence d’Omar Bongo Ondimba, était favorable à la vaccination, mais refusait de se faire inoculer les vaccins russe ou chinois proposés au Gabon mais non homologués par l’Union européenne (UE).

Vice-président de l’Union nationale (UN, opposition), Casimir Oyé Mba était une figure majeure de la politique gabonaise. D’un tempérament modéré, le verbe franc mais courtois, il avait envisagé de briguer la magistrature suprême en 2009 puis en 2016, mais à chaque fois, il avait fini par se mettre en retrait. Lors de la dernière présidentielle, il avait apporté son soutien à Jean Ping, désigné candidat unique de l’opposition, face au président sortant, Ali Bongo Ondimba.

Casimir Oyé Mba était par ailleurs très introduit auprès des chefs d’État de la Communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (Cemac). À l’annonce de son évacuation, plusieurs présidences de la sous-région se sont informées de l’évolution de son état de santé, notamment Yaoundé et Malabo.

Avec Jeune Afrique par Georges Dongueili

Gabon-Cameroun : Casimir Oyé Mba et Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamouns, atteints du Covid

septembre 14, 2021

Casimir Oyé Mba et le Roi des Bamouns, Ibrahim Mbombo Njoya

L’ancien Premier ministre gabonais a déjà rejoint Paris, tandis que l’influent sultan est en attente d’évacuation. 

Selon nos informations, Casimir Oyé Mba a été évacué le 11 septembre vers l’hôpital Paris Saint-Joseph, après une semaine d’hospitalisation à la polyclinique Chambrier de Libreville. Le vice-président de l’Union nationale (UN, opposition) lutte contre une forme sévère de Covid-19.

Diagnostic

Cet ancien gouverneur de la BEAC et ancien Premier ministre du Gabon était favorable à la vaccination, mais refusait de se faire inoculer les vaccins russe ou chinois, proposés au Gabon mais non homologués par l’Union européenne (UE).

Également atteint du Covid-19, le sultan Ibrahim Mbombo Njoya, roi des Bamouns, est en attente d’évacuation sanitaire en Europe. Le diagnostic est tombé en fin de semaine dernière pour l’ancien ministre de la Jeunesse et des sports. Ce membre du bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir) est aussi le père de Seidou Mbombo Njoya, le président de la Fédération camerounaise de football.

Le ministre des Finances camerounais, Louis Paul Motaze, lui aussi touché par le Covid, est toujours hospitalisé en Suisse. Son état est jugé stable.

Par Jeune Afrique

Gabon – Casimir Oyé Mba: « Le temps qui passe joue en faveur d’Ali Bongo »

octobre 24, 2017

 

Casimir Oyé Mba, dans les locaux de la rédaction de Jeune Afrique, le 5 octobre. © Vincent Fournier/JA

Pas un instant il n’a regretté son choix. Le vice-président de l’Union nationale explique que c’est le pragmatisme qui l’a fait se rallier à Jean Ping. Et qui, aujourd’hui encore, le pousse à prôner le dialogue avec un président dont il conteste la légitimité.

Ce sont deux désistements qui n’ont rien à voir l’un avec l’autre mais qui l’ont profondément marqué. En août 2009, le jour précédant l’élection à la magistrature suprême, Casimir Oyé Mba se retire de la course. Sept ans plus tard, à la veille d’un autre scrutin présidentiel, il nous dira avoir subi des pressions et s’excusera d’avoir à ce point déçu les Gabonais, jurant qu’on ne l’y reprendrait plus.

En août 2016, pourtant, l’histoire se répète : l’ancien ministre et Premier ministre d’Omar Bongo Ondimba, devenu vice-président de l’Union nationale (UN), renonce à se présenter et appelle à voter pour Jean Ping – avec les résultats que l’on sait.

Depuis, les mois ont passé, mais Oyé Mba assure ne rien regretter. Il se dit même fier d’avoir contribué au fait que, pour la première fois de son histoire, l’opposition gabonaise ait réussi à s’unir derrière un seul et même candidat. Il explique « ne plus courir derrière tel ou tel poste », mais se dit incapable de rester en retrait : « On ne peut pas avoir exercé les mêmes responsabilités que moi et, un jour, tout arrêter pour se calfeutrer chez soi. »

De passage à Paris, il s’étonne de cette image parfois hautaine qui lui colle à la peau, à lui qui a gravi un à un les barreaux de l’échelle sociale. Mais il revendique le qualificatif d’« incurable optimiste » que JA lui avait un jour accolé : « Si vous pensez que tout est perdu d’avance, vous n’avez rien à faire en politique. » Surtout, à 75 ans, loin de la radicalité qu’affichent certains dans les couloirs du pouvoir comme de l’opposition, il milite pour le dialogue. « Je suis un Bantou. Chez moi, quand on a un problème, on palabre. »

Jeune Afrique : En août 2016, alors que vous étiez candidat à la présidentielle, vous vous êtes désisté en faveur de Jean Ping. Fut-ce une décision difficile ?

Casimir Oyé Mba : Bien sûr. J’étais le candidat de mon parti, l’UN. J’avais été investi de manière éclatante à l’issue de la primaire et j’étais déterminé à aller jusqu’au bout. Mais le plus important était d’obtenir l’alternance politique et de faire en sorte qu’Ali Bongo Ondimba ne soit plus le président du Gabon. Si Guy Nzouba-Ndama, Léon Ngoulakia et moi-même ne nous étions pas désistés, si nous avions été plusieurs face à Ali, nous l’aurions indirectement favorisé.

Avez-vous des regrets ?

Non. Ce fut un choix de raison. J’ai agi dans l’intérêt de mon pays.

Avez-vous subi des pressions ?

Cela n’a pas été nécessaire. Et puis, sans vouloir faire preuve de forfanterie, qui peut faire pression sur moi au Gabon, à l’âge que j’ai et avec l’expérience qui est la mienne ?

Pas même Zacharie Myboto, le président de votre parti ?

Non, nous avons parlé et nous étions d’accord. Zacharie Myboto est un ami. Nous avons coutume d’échanger nos points de vue. Je n’appelle pas cela des pressions. J’ajoute qu’il n’y avait nul besoin de me convaincre puisque j’étais déjà convaincu : nous voulions l’alternance, il fallait faire un sacrifice.

Le problème, c’est qu’une majorité de Gabonais a voté pour Jean Ping. C’est lui qui a gagné l’élection

Plus d’une année s’est écoulée. Vous ne reconnaissez toujours pas Ali Bongo Ondimba en tant que président ?

Le problème n’est pas que je le reconnaisse ou non – lui-même d’ailleurs n’en a cure. Le problème, c’est qu’une majorité de Gabonais a voté pour Jean Ping. C’est lui qui a gagné l’élection. La commission électorale, le ministère de l’Intérieur et la Cour constitutionnelle se sont livrés à de grossiers tripatouillages pour proclamer la victoire du président sortant, et il y a une divergence flagrante entre ce que les Gabonais ont voté et le résultat qui a été annoncé.


Casimir Oyé Mba, en meeting avec Jean Ping (à dr.), à Libreville, le 26 août 2016. © Baudouin MOUANDA pour JA

 

Peut-on négocier avec un président dont on conteste la légitimité ?

Je suis pragmatique. Si j’ai un problème avec quelqu’un, je dois parler avec lui. Et si c’est avec le diable que j’ai un problème, il faut que je parle avec le diable.

Vous n’êtes donc pas de ceux qui pensent que le dialogue proposé par le chef de l’État est une manœuvre destinée à asseoir sa légitimité ?

Il y a une différence entre aller à la pêche aux individus, leur proposer d’entrer au gouvernement et dialoguer véritablement. J’ai pour ma part participé au dialogue proposé par Jean Ping. Cela a été un succès, bien qu’il nous faille encore inscrire nos bonnes idées dans la réalité politique, juridique et administrative de notre pays.

Mais il est dommage que chacun ait discuté dans son coin. Des choses intéressantes ont été formulées des deux côtés – même s’il y a des gens dans l’opposition qui n’aiment pas que je le dise. Ali Bongo Ondimba a usurpé le pouvoir, mais c’est lui qui dispose de la légalité.

Je suis toujours avec Jean Ping, même si nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde

Êtes-vous contesté dans votre propre camp lorsque vous prônez le dialogue ?

Il y a des faucons des deux côtés.

Diriez-vous que votre relation avec Jean Ping s’en trouve affaiblie ?

Je suis toujours avec Jean Ping, même si nous ne sommes pas toujours sur la même longueur d’onde. Nous nous voyons toutes les semaines. Je lui reconnais la clarté et la constance de sa position : il demande que l’on rétablisse la vérité des urnes, et la seule chose dont il accepterait de discuter serait les conditions dans lesquelles Ali Bongo Ondimba quitterait le pouvoir. Il est disposé à lui accorder toutes les garanties qu’il voudra ainsi que la liberté d’aller et venir au Gabon.

Personnellement, j’aimerais bien que les choses se passent ainsi, mais cela fait presque un an et demi qu’il est au Palais et je ne décèle aucun signe qui me laisse penser qu’il envisagerait de céder. Le temps qui passe joue en sa faveur, pas en la nôtre.

L’opposition doit-elle aller aux législatives ?

Oui, et de manière unie : c’est une question de bon sens. Aucun de nos partis pris individuellement n’a les moyens du PDG [le Parti démocratique gabonais, au pouvoir] ou l’implantation suffisante pour être présent partout sur le territoire. L’UN a beau être l’une des principales formations d’opposition au Gabon, elle ne peut pas aligner 120 candidats à la députation.

Nos systèmes politiques – au Gabon en particulier – ne sont pas conçus pour faire émerger des alternatives

Serez-vous candidat ?

Je n’ai pas encore pris ma décision, mais j’ai déjà été élu à quatre reprises dans ma cir­conscription. Le moment est peut-être venu d’impulser un renouvellement des cadres politiques dans notre pays. Il serait bien qu’au sein de l’UN des gens plus jeunes que moi se mettent sur les rangs pour tenter d’enlever un siège de député ici ou là.

Ce que vous dites ne vaut-il pas aussi pour le PDG ?

Injecter du sang neuf, c’est toujours souhaitable.

On ne voit pourtant pas poindre la relève…

Il y a des hommes et des femmes tout à fait capables, dans les rangs de l’opposition comme dans les allées du pouvoir. Mais nos systèmes politiques – en Afrique en général et au Gabon en particulier – ne sont pas conçus pour faire émerger des alternatives. Aujourd’hui, un membre du PDG a presque intérêt à ne pas se faire remarquer. Les gens qui manifestent des capacités, on leur coupe la tête.

Ces derniers mois n’ont-ils pas usé l’UN ?

L’UN doit effectuer un travail d’explication et de réimplantation, c’est sûr. Tous les partis gabonais ont été créés par et autour d’un individu. Pas le nôtre. En 2010, nous avons été quatre ou cinq à discuter et à décider de créer ensemble un mouvement new look. L’UN n’a jamais porté la marque d’une seule personne. Cela a fait sa force et peut-être aussi sa faiblesse.

Malgré tout, la disparition de Mba Obame en 2015 n’a-t‑elle pas laissé un grand vide ?

Il a été l’un des fondateurs du parti. Il était devenu une sorte d’icône, c’est incontestable. À cet égard, cela a été une grande perte pour l’UN. Mais il ne faut pas baisser les bras. Nous devons consolider cette maison que nous avons commencé à bâtir avec lui.

Les problèmes du Gabon ne se régleront pas en catimini

Est-il vrai qu’Ali Bongo Ondimba vous a plusieurs fois proposé de vous asseoir autour d’une table et de discuter ?

Ce sont des on-dit. Les problèmes du Gabon ne se régleront pas en catimini. Imaginons que demain je devienne ministre. Cela ne changerait rien. J’ajoute que j’ai déjà passé dix-neuf ans au gouvernement… Je ne suis plus à la recherche d’un maroquin ministériel.

Le bruit court aussi que l’on vous a proposé la vice-présidence…

Je l’ai entendu dire, mais ce n’est pas vrai. Ce sont des rumeurs, des kongossa.

Avez-vous récemment rencontré le chef de l’État ?

Non, mais s’il souhaite me voir, je le rencontrerai.

Le PDG, ce parti auquel vous avez longtemps appartenu, s’apprête à fêter ses cinquante ans. Il n’a pas brillé lors de la dernière présidentielle… Doit-il se réformer ou disparaître ?

Le PDG exerce le pouvoir sans discontinuer depuis sa création, en 1968. Cinquante ans, c’est long. Cela use et sclérose. Donc oui, le moment est venu pour les membres du PDG de se poser des questions sur l’avenir de leur parti.

Casimir Oyé Mba à la rédaction de Jeune Afrique, le 5 octobre 2017. © Vincent Fournier/Jeune Afrique/REA

Comprenez-vous que, pour beaucoup de Gabonais, la politique se résume à une querelle d’ego ?

Oui, et nous avons, nous les acteurs politiques de ce pays, une vraie responsabilité. Les gens ne se reconnaissent pas en nous. Beaucoup donnent le sentiment qu’une fois au pouvoir ils ne se préoccupent plus que de leurs affaires et de celles de leur famille.

On dit parfois que le problème d’un pays comme le Gabon, c’est le culte de l’argent facile…

Je dirais même que l’argent a pourri mon pays. Ce que les Occidentaux ont appelé « choc pétrolier », au début des années 1970, a été pour nous un afflux brutal d’argent. Nous n’y étions pas préparés. À partir de là, beaucoup de gens ont pensé que gagner de l’argent était chose facile, et cela a laissé des traces. Mais il faut que la gouvernance change, que les Gabonais apprennent à gérer et à compter. Qu’ils comprennent qu’un sou est un sou, et ce jusque dans la gestion de l’État.

Je regrette que l’on ait mis dans la tête des Gabonais que leur pays était gorgé de ressources naturelles.

Le Gabon connaît aujourd’hui des difficultés économiques. Que pensez-vous du plan de relance du gouvernement ?

Je regrette que l’on ait mis dans la tête des Gabonais que leur pays était gorgé de ressources naturelles. Tant mieux si nous avons du pétrole, du manganèse et du bois. Mais il faut dès maintenant commencer à nous diversifier parce que cela prendra du temps, et le gouvernement n’a pas suffisamment pris la mesure de ce qui était en jeu.

Et le plan du FMI ?

Le FMI ne vient pas si vous ne l’appelez pas. Il ne vient pas si vous êtes en bonne santé. Il vient parce que le pays va mal et que ses affaires ont été mal gérées.

La chute des cours du pétrole n’explique-t‑elle pas les difficultés du Gabon ?

La chute des cours a frappé tous les pays producteurs. Même l’Arabie saoudite, qui n’est pourtant pas dans la même situation que nous… Nos gouvernants auraient dû anticiper. C’est une faute de ne pas l’avoir fait.

D’une manière générale, les pays de la zone Cemac sont à la peine. Cela vous inquiète-t‑il ?

Bien sûr. Quand il n’y a plus de foin dans l’étable, les chevaux se battent. Il faut qu’il y en ait pour que les pays de la sous-région se remettent économiquement. Et qu’il y en ait avant que le malaise ne trouve à s’exprimer sur le champ politique.

Je suis convaincu de la nécessité de bâtir, en Afrique centrale, un vrai espace économique commun

Le Gabon peut-il s’en sortir seul ?

Le problème que vous posez est celui de la construction de la Cemac. Je suis convaincu de la nécessité de bâtir, en Afrique centrale, un vrai espace économique commun. Il faut plus d’intégration. Toutefois, pour s’en sortir, un pays doit d’abord se retrouver seul avec lui-même et comprendre qu’il ne sortira pas de l’impasse sans fournir de gros efforts.

Les Gabonais ne manifestent-ils pas une certaine méfiance à l’égard des pays de la zone ?

C’est vrai. Il n’y a qu’à voir les réticences à mettre en œuvre la libre circulation décrétée par la conférence des chefs d’État de la Cemac il y a déjà plusieurs années. Mais il y a une raison quasi historique à cela : le Gabon est un pays de sous-population. Nous avons vécu l’AEF [l’Afrique-Équatoriale française] et nous n’y étions pas les mieux lotis. Cela a laissé des traces. Il faut expliquer aux Gabonais qu’il y a des choses que l’on ne pourra pas entreprendre seuls chez nous. On leur a présenté le pays comme étant un gâteau. Ils ont peur d’en avoir moins s’ils doivent partager. Ce qu’il faut leur expliquer, c’est qu’ils pourront en fabriquer un plus gros s’ils sont plus nombreux.

Jeuneafrique.com par

Gabon: Jean Ping défie le président Bongo avec deux renforts de poids

août 16, 2016

La campagne présidentielle a pris un tour nouveau au Gabon avec l’annonce du retrait de deux principaux candidats d’opposition en faveur d’un troisième poids lourd. C’est donc Jean Ping qui défiera le président sortant Ali Bongo au scrutin à tour unique du 27 août.

Au terme d’une dernière nuit de négociation, M. Ping, 73 ans, a obtenu le soutien de l’ex-président de l’Assemblée nationale Guy Nzouba Ndama et de l’ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba, a indiqué M. Ndama. Avec ce « ralliement solide et certain », M. Ping est désormais « le candidat unique de l’opposition », proclame son entourage.

Ce rassemblement a été annoncé dès lundi par des représentants de la société civile. Ils demandaient avec insistance le regroupement des forces de l’opposition pour battre Ali Bongo. M. Ping devait être officiellement investi candidat unique de l’opposition lors d’une réunion publique mardi après-midi à Libreville, en présence de ses deux nouveaux alliés.

Demandé l’invalidation
De fait, la Commission électorale (Cénap) a validé au total 14 candidatures pour le scrutin à un tour du 27 août. Mais les autres candidats n’ont pas le poids du président sortant ni de ses trois principaux opposants.

Avant de s’unir, des opposants ont demandé en vain l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo, 57 ans. Ils estiment que l’actuel chef de l’Etat est un enfant du Nigeria adopté par son père, et qu’il ne peut être président en vertu de la Constitution gabonaise.

Ministre d’Omar Bongo
Né d’un père chinois installé au Gabon dans les années 20, M. Ping a été plusieurs fois ministre d’Omar Bongo, père et prédécesseur de l’actuel chef de l’Etat. Il a été porté à la tête de l’Union africaine en 2008. Il est également l’ex-beau-frère d’Ali Bongo.

Il promet « un Gabon à l’abri du besoin et de la peur » depuis le lancement de sa campagne officielle samedi à Lambaréné, en pays myènè, l’ethnie de sa mère. Le Gabon compte 1,8 million d’habitants, dont quelque 628’000 électeurs.

Romandie.com

Présidentielle au Gabon: deux candidats importants se rangent derrière Ping pour défier Bongo

août 16, 2016

Description image

Jean Ping

Libreville – Deux des principaux candidats de l’opposition gabonaise ont accepté de se ranger derrière un troisième poids lourd, Jean Ping, pour défier le président-sortant Ali Bongo Ondimba lors de l’élection présidentielle du 27 août, a appris mardi l’AFP auprès de l’un d’entre eux.

Les deux ténors de l’opposition, l’ex-président de l’Assemblée Guy Nzouba Ndama et l’ex-Premier ministre Casimir Oyé Mba, devaient officialiser leur décision lors d’une réunion publique avec M. Ping mardi après-midi à Libreville, a indiqué à l’AFP M. Nzouba Ndama.

Au nom de l’intérêt général, je me plie à la décision des partis et de la société civile, a déclaré à l’AFP M. Nzouba Ndama en commentant le retrait de sa candidature au profit de Jean Ping, ancien président de la Commission de l’Union africaine (UA).

M. Ping et ses deux partenaires ont tenu une ultime séance de négociation jusqu’à trois heures du matin dans la nuit de lundi à mardi, a expliqué M. Nzouba Ndama.

Avec ces deux ralliements certains et solides, M. Ping, 73 ans, se présente désormais comme le candidat unique de l’opposition face à M. Bongo, indique son entourage.

La Commission électorale (Cénap) a validé au total 14 candidatures pour le scrutin à un tour du 27 août, mais les autres candidats n’ont pas le poids du président sortant ni des trois principaux opposants.

M. Ping comme MM. Nzouba Ndama et Oyé Mba sont d’ex-cadres du régime d’Omar Bongo, le père et prédécesseur de l’actuel chef de l’Etat, qui a été président pendant 41 ans jusqu’à sa mort en 2009.

M. Ping a été plusieurs fois ministre. M. Nzouba Ndama, 70 ans, a été président de l’Assemblée nationale jusqu’à sa démission au mois de mars. M. Oyé Mba, 74 ans, a été Premier ministre d’Omar Bongo, puis gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC).

Avant de s’unir, des opposants ont demandé en vain l’invalidation de la candidature d’Ali Bongo, 57 ans, estimant que l’actuel chef de l’Etat est de fait un enfant du Nigéria adopté par son père, et qu’il ne peut être président en vertu de la Constitution gabonaise.

Romandie.com avec(©AFP / 16 août 2016 14h01)

Gabon : Demande d’invalidation du candidat Bongo Ondimba Ali par l’opposition

juin 25, 2016

 

La CENAP (Commission électorale nationale autonome et permanente) va devoir montrer son indépendance vis-à-vis du pouvoir. La Cour constitutionnelle, aussi, même si les candidats de l’opposition n’iront rencontrer sa présidente et l’ensemble de son bureau, que plus tard.

Ce 24 juin 2016, à 12 heures, heure de Libreville, René Aboghé Ella, le président de la CENAP avait marqué son accord pour recevoir les candidats à l’élection présidentielle du 27 août, en présence de l’ensemble de son bureau. Autour du candidat de l’Union nationale, Casimir Oyé Mba qui en avait fait la demande, avaient pris place les candidats devant affronter le président sortant, Bongo Ondimba Ali (BOA) dont de sérieux soupçons pèsent sur son acte de naissance. Parmi les plus importants, et par ordre alphabétique, Manganga Moussavou Pierre Claver, Moubamba Ben, Ndong Sima Raymond, Nzouba Ndama Guy et Ping Jean. Les échanges furent courtois, les membres de la CENAP étant dans une posture d’écoute.

A la sortie de cette rencontre, Casimir Oyé Mba a pris la parole, au nom de tous les candidats, pour dire qu’il avait été remis un mémorandum en contestation de l’éligibilité de BOA dans lequel les candidats « demandaient que la constitution soit appliquée  à tous dans sa rigueur » absolue. Casimir Oyé Mba s’est appesanti sur la « responsabilité » qui incombe à la CENAP chargée d’instruire les demandes de candidature, et, a, notamment, mis l’accent sur les doutes qui pèsent sur l’acte de naissance de BOA, avant d’en « appeler à tous les Gabonais pour s’élever contre la violation de la constitution » qui se prépare dans les officines du PDG. Car, a-t-il tenu à préciser (et beaucoup de Gabonais ne le savaient pas forcément), « le code électoral autorise chaque électeur gabonais à contester une candidature non conforme » à la constitution. Il a, par conséquent, invité les membres et sympathisants de l’opposition, les membres de la société civile, les électeurs gabonais sans appartenance politique, à écrire, directement, à « Monsieur le Président de la CENAP B.P. 4028 Libreville, Gabon » pour s’élever contre ce « délit de droit », cette « forfaiture », cette « imposture » ayant trait à la candidature de BOA.

Dès demain, a-t-il insisté, au nom de tous les candidats présents et devant une nuée de micros et de caméras, les électeurs sont invités, à aller, sans peur, sans crainte, déposer leur lettre de protestation au siège de la CENAP, à Libreville, pour les besoins futurs. Cela dit, on peut s’attendre, aussi, à la réplique des partisans de BOA qui enverraient, également, un courrier pour confirmer, plutôt, la validité de l’acte de naissance de leur champion. Dans tous les cas, l’objectif est de mettre la CENAP (et plus tard la Cour constitutionnelle) devant leur « responsabilité » car, comme disent les candidats presqu’en choeur, BOA, ayant acquis la nationalité gabonaise en cours de route, est disqualifié par l’article 10 de la constitution. Sans aucune autre forme de procès.

Doté de vertus pédagogiques qu’on ne lui soupçonnait guère, Casimir Oyé Mba a invité les électeurs de province, à utiliser la formule plus sûre de lettre recommandée adressée au président de la CENAP afin de limiter les déperditions. Le fax de la CENAP au numéro (01.73.05.75) sera, aussi, à la disposition des électeurs gabonais de province, de la diaspora, et des administrations, pour ceux qui choisiront ce mode de transmission simplifié, mais avec le risque que certains fax se « perdent » dans la salle de fax de la CENAP. Oyé Mba a, aussi, pensé aux électeurs qui souffriraient d’un handicap intellectuel : ils les invitent à se rendre auprès des bureaux de l’USP (Union sacrée pour la patrie) ou des sièges de partis politiques ou d’associations de la société civile, où le meilleur accueil leur sera réservé, pour les aider à formuler leur requête.

Voilà comment le combat en vue du blocage de la candidature du BOA suprême commence à prendre forme. Oui, ça devient, enfin, sérieux. Après une tournée des principaux candidats en France pour sensibiliser les autorités hexagonales, il serait, aussi, question d’aller à la rencontre de quelques chefs d’Etat de la sous-région. Toutefois, le calendrier n’est pas, encore, arrêté bien que chaque chef d’Etat soit, déjà, parfaitement, au courant, de la réalité des choses dans le pays du patriarche Ondimba. Au final, le destin du Gabon est, totalement, pleinement, entre les mains des Gabonais et des Gabonaises, cette « maison de verre » où rien ne se cache comme aimait à le dire le patriarche.

Afriqueeducation.com