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RDC : l’élection présidentielle fixée au 20 décembre 2023

novembre 26, 2022

Le président Félix Tshisekedi, arrivé au pouvoir en janvier 2019, a déjà exprimé son intention de se représenter.

Le siège de la Commission électorale nationale indépendante à Kinshasa. Photographie d’illustration. © JOHN WESSELS/AFP

La prochaine élection présidentielle en RDC est fixée au 20 décembre 2023, selon le calendrier annoncé officiellement samedi 26 novembre par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni). Après les prochaines élections, la prestation de serment du président élu aura lieu le 20 janvier 2024, a précisé l’organisation.

L’insécurité, l’un des « défis »

Cette annonce intervient alors que l’est du pays reste en proie aux violences de groupes armés, dont la rébellion du M23 qui contrôle une partie d’un territoire du Nord-Kivu. « L’insécurité persistante dans certaines parties du territoire » est un des « défis » à relever par la Ceni pour organiser un scrutin qu’elle veut « libre, démocratique, transparent », a déclaré son président, Denis Kadima, lisant le calendrier électoral au siège de la commission.

Des experts ont en outre manifesté leurs doutes sur un processus qui, selon eux, a pris « un mauvais départ ». En RDC, la présidentielle est une élection à un seul tour, couplée aux législatives, ainsi qu’aux élections des députés provinciaux et des conseillers communaux.

Tshisekedi en lice

Félix Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter. « J’ai une vision pour ce pays, je veux la concrétiser. Si le peuple veut bien m’accorder ce second mandat, je poursuivrai ma mission. Et après, je passerai la main »,déclarait-il à Jeune Afrique en août 2021.

Parmi les autres candidats possibles figure Martin Fayulu, qui continue d’affirmer avoir remporté le scrutin de 2018 et été privé de sa victoire.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

RDC : des élections en 2023, ce sera compliqué, prévient la Ceni

février 4, 2022
Denis Kadima. © Présidence RDC

Présentant la feuille de route de la commission électorale qu’il dirige, Denis Kadima a énuméré une série de contraintes – sécuritaires, financières et politiques – qui pourraient ouvrir la voie à un glissement. Au grand dam de l’opposition.

C’était sa première prise de parole publique depuis son entrée en fonction, en octobre dernier. Jeudi 3 février, devant un parterre de journalistes et de diplomates, Denis Kadima, le nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), a présenté sa feuille de route pour la période 2021-2027. Il a affiché sa volonté de respecter les délais constitutionnels pour l’organisation des prochains scrutins, mais la liste des difficultés qu’il a énumérées n’est guère rassurante.

Retards et incertitudes

Ladite feuille de route prévoit plusieurs grandes séquences. Entre janvier 2022 et juillet 2023 auront lieu les opérations de cartographie des sites d’identification et d’enrôlement des électeurs. Ensuite, à partir de juillet 2023 et pendant un mois, la Ceni réceptionnera les candidatures pour les scrutins directs (la présidentielle et les législatives). Les élections en elles-mêmes seront organisées entre septembre 2023 et décembre 2023. Viendront ensuite les scrutins indirects (élections des sénateurs et des gouverneurs) puis, dans le jargon de la Ceni, les activités de pérennisation du processus électoral, entre mars 2024 et mars 2027.

Voilà pour la théorie. Mais tout cela s’annonce très compliqué, a aussitôt ajouté Denis Kadima. « Il faut noter que cette feuille de route ne peut se matérialiser que si un certain nombre de contraintes sont surmontées, a-t-il insisté, précisant que la Ceni [avait] fait un certain nombre d’analyses sans complaisance des risques qui pourraient affecter négativement la mise en œuvre de cette feuille de route ».

Les contraintes, a-t-il expliqué, sont d’abord politiques et sécuritaires. Et de citer « le retard de l’appui des institutions de l’État dans l’accompagnement de la Ceni » et « l’insécurité dans certaines zones du territoire national qui peut bloquer le déploiement du matériel, du personnel et les collectes de données ». Il a poursuivi en faisant état de fortes contraintes financières. « La non-reconnaissance de l’autonomie financière de la Ceni entache son indépendance. Il y a aussi l’incertitude quant au décaissement de fonds par le gouvernement. L’éventuel non-respect des engagements par les partenaires qui souscrivent pourrait avoir une incidence [sur le processus électoral]. »

SI ON OPTAIT POUR UN DEUXIÈME TOUR À LA PRÉSIDENTIELLE, CELA AURAIT UNE INCIDENCE SUR LE BUDGET DES OPÉRATIONS

Et le fait que des voix s’élèvent dans l’opposition pour demander le retour à une présidentielle à deux tours pourrait aussi avoir un impact sur le chronogramme, prévient le président de la Ceni. « Il y a aussi des contraintes d’ordre légal et l’incertitude sur les grandes options politiques à lever dans le cadre des réformes électorales. Si on optait pour un deuxième tour à l’élection présidentielle, cela aurait une incidence même sur le budget des opérations. Même le vote ou non des Congolais de l’étranger, […] tout cela aura une incidence. »

Nouveau glissement ?

Autre difficulté que voit se profiler Denis Kadima : le fait que le gouvernement souhaite coupler un vaste recensement de la population au processus d’enrôlement des électeurs. « C’est de nature à retarder le processus électoral, déjà soumis aux contraintes constitutionnelles », prévient-il. Sans oublier les difficultés liées à l’épidémie de Covid-19, laquelle pourrait retarder les commandes et générer des contraintes logistiques.

CELA PRÉPARE [L’OPINION] À L’IMPOSSIBILITÉ D’ALLER AUX ÉLECTIONS EN DÉCEMBRE 2023

Autrement dit, les difficultés s’annoncent nombreuses et l’opposition a immédiatement réagi en disant voir dans cette sortie de Denis Kadima la preuve que le président Félix Tshisekedi n’avait pas l’intention d’organiser les élections dans les délais, et ce en dépit des engagements pris. « Cette feuille de route ouvre la voie non pas au glissement mais à l’incertitude, affirme un proche de l’opposant Martin Fayulu contacté par Jeune Afrique. Cela prépare [l’opinion] à l’impossibilité d’aller aux élections en décembre 2023, conformément à ce que prévoit la Constitution. »

« C’est un ballon d’essai lancé par Félix Tshisekedi et sa coalition, abonde une source proche de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Denis Kadima est dans son rôle, il fait ce pour quoi il a été imposé à la tête de la Ceni. Nous les avons à l’œil. » Les avis ne sont pas plus optimistes dans l’entourage de Moïse Katumbi, lequel n’exclut pas de se présenter en 2023. « Les contraintes citées n’en sont pas, s’agace un proche de l’ancien gouverneur du Katanga, officiellement allié au chef de l’État. Avec de la bonne foi, tous les obstacles peuvent être levés. Le problème, c’est que la volonté politique fait défaut. Félix Tshisekedi n’a pas de véritable bilan et désire uniquement conserver le pouvoir. »

Avec Jeune Afrique pae Stanis Bujakera Tshiamala  – à Kinshasa

RDC : un ex-conseiller de Tshisekedi au secrétariat exécutif de la Ceni

janvier 10, 2022
Le siège de la Commission électorale nationale indépendante à Kinshasa. © JOHN WESSELS/AFP

La nomination de Mabiku Totokani Thotho, ancien conseiller du chef de l’État au sein du parti présidentiel, est dénoncée par l’opposition.

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) va-t-elle avoir droit à une nouvelle polémique ? Le 6 janvier, Denis Kadima, dont l’arrivée à la tête de la Ceni s’est faite à l’issue d’une intense controverse, a annoncé la désignation de Mabiku Totokani Thotho comme secrétaire exécutif. Ce poste consiste principalement à veiller à la mise en œuvre des décisions de la commission et à l’exécution des plans, des programmes et des activités électorales. Il s’agit donc d’une fonction technique qui n’en est pas moins stratégique.

Mabiku Totokani Thotho remplace Ronsard Malonda qui aura joué un rôle crucial dans l’organisation du processus électoral contesté de 2018. Ingénieur polytechnicien spécialiste en informatique, en science des données, en statistique et intelligence artificielle, le nouveau secrétaire exécutif a surtout été l’un des conseillers de Félix Tshisekedi à l’époque où ce dernier présidait l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Mabiku Totokani Thotho évoluait alors au sein de la cellule économie, finances et audit du cabinet de Tshisekedi.

Méfiance amplifiée

Voyant dans cette nomination un nouveau coup porté à l’équité du scrutin prévu à la fin de l’année 2023, l’opposition n’a pas tardé à réagir. Le camp de Martin Fayulu a notamment accusé le pouvoir de vouloir « confisquer le processus électoral et saper davantage sa crédibilité déjà entamée ».

Sans surprise, le discours du Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila puise dans le même registre. Cette nomination « vient amplifier la méfiance [à l’égard des] prochaines élections », a réagi Patrick Nkanga, membre du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, de l’ancien président), qui a ajouté : « Doit-on même penser participer aux élections de 2023 dans cette configuration ? Cela ne semble plus nécessaire. »

Déjà opposée à la nomination de Denis Kadima à la présidence de la Ceni, l’Église catholique, qui réclamait ce poste pour qu’un contrôle « neutre » du processus électoral de 2023 soit assuré, ne s’est pas encore exprimée.

« Compétences avérées »

Du côté de la présidence comme au sein de la Ceni, on tient à mettre en avant les compétences techniques du successeur de Ronsard Malonda. « Il possède une grande maîtrise des systèmes informatiques et des bases de données, a expliqué la commission dans un communiqué. Il a travaillé comme cadre et expert-consultant dans plusieurs entreprises multinationales œuvrant dans le secteur des finances, de la recherche et de la préparation électorale. »

COMME TOUJOURS, L’UDPS NOUS A ROULÉS

La Ceni insiste sur le fait que Mabiku Totokani Thotho est « réputé intègre, rigoureux et discipliné dans son travail ». « Sa longue expérience et ses compétences sont des atouts majeurs pour aider la Ceni à garantir et assurer harmonieusement ses missions d’offrir à la RDC des élections véritablement libres, indépendantes et transparentes », ajoute le texte.

S’il suscite la colère de l’opposition, ce choix pourrait également ne pas faire l’unanimité dans les rangs de la coalition présidentielle. Contacté par Jeune Afrique, un haut cadre du Mouvement de libération du Congo (MLC) répond que le poste aurait dû revenir au parti de Jean-Pierre Bemba. « C’est une promesse qui nous avait été faite dans le cadre des négociations [menées] au sein de l’Union sacrée, assure notre interlocuteur sous le couvert de l’anonymat. Mais, comme toujours, l’UDPS nous a roulés. »

Avec Jeune Afrique Stanis Bujakera Tshiamala et Romain Gras

RDC-Processus électoral : Félix Tshisekedi investit les nouveaux animateurs de la Céni

octobre 23, 2021

Par une ordonnance présidentielle lue le 22 octobre sur les antennes de la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi-Tshilombo, a investi les douze membres du bureau de la Commission électorale nationale indépendante (Céni).

Le bureau de la Céni est présidé par Denis Kadima, expert électoral désigné par six des huit confessions religieuses. Il remplace à ce poste Corneille Naanga. Il sera assisté par Ilanga Lembo Bienvenu en qualité de premier vice-président tandis que le poste de rapporteur sera assumé par Patricia Nseya Mulela avec pour adjoint Paul Muhindo Mulemberi. Le poste de questeur adjoint a été confié à Sylvie Biremana. L’on attend à ce que les trois postes réservés aux délégués de l’opposition soient rapidement comblés pour que le bureau de la Céni affiche complet.   

Bien avant la publication de l’ordonnance susdite, le président de la République a, au cours d’un court message radiotélévisé diffusé dans la soirée, fait part à l’opinion  nationale de sa décision de signer l’ordonnance désignant les membres du nouveau bureau de la Céni dont les candidatures ont été récemment entérinées par l’Assemblée nationale. Le chef de l’Etat les a exhortés vivement à « œuvrer pour la tenue des élections libres, démocratiques et transparentes dans les délais constitutionnels ».

Ceci n’est, en somme, que la conséquence de la régularité observée, cette année, dans le processus de désignation des membres de la Centrale électorale. Nonobstant le manque de consensus, Félix-Antoine Tshisekedi-Tshilombo s’est néanmoins réjoui qu’une majorité claire se soit finalement dégagée au profit d’un candidat à la présidence de l’institution électorale, conformément aux prescrits de la Charte régissant la plate-forme des confessions religieuses. « Non seulement que l’entérinement des membres du bureau de la Céni a été régulièrement inscrit à l’ordre du jour de la plénière de l’Assemblée nationale, mais aussi, douze procès-verbaux sur les quinze attendus ont bien été reçus, examinés, entérinés par la chambre basse », a-t-il fait remarquer, agréant ainsi les conditions de validité de la plénière ayant consacré l’entérinement des nouveaux animateurs de la Céni.

A contrario, le processus de désignation du candidat président de la Céni, en 2020, était entaché de nombreuses irrégularités, a fait savoir le garant de la nation qui a aussitôt égrené les raisons pour lesquelles il s’était opposé, à l’époque, à son investiture. Il s’agissait, entre autres, de la non inscription à l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée nationale de l’entérinement des membres de la Céni et la transmission à son autorité d’un seul procès-verbal de désignation de son président sans sous-bassement alors que le bureau de cette institution citoyenne devait compter treize membres.

Outre le fait que le président et le vice-président de la plateforme des confessions religieuses n’aient pas sanctionné ledit procès-verbal de désignation par leurs signatures respectives, deux des représentants de cette structure, supposés avoir soutenu le candidat président désigné en 2021, ont été désavoués par leur hiérarchie. Ce qui, dans l’entendement du chef de l’Etat, aura véritablement biaisé le processus de désignation des animateurs de la Céni.          

En apportant son quitus au processus de désignation des membres de la Céni enclenché cette année, le président Félix Tshisekedi a formulé le vœu de voir les trois délégués de l’opposition, dont les postes sont restés vacants, être bientôt désignés pour rejoindre la nouvelle équipe. Il a assuré que ces derniers ont toute leur place dans le processus électoral qui concerne tous les Congolais et Congolaises. Il a, par ailleurs, invité les organisations nationales ainsi que la communauté internationale, à travers leurs missions d’observation, à les accompagner afin de garantir la tenue des élections crédibles en 2023.

Enfin, un responsable du suivi du bon déroulement du processus électoral auprès du chef de l’Etat sera incessamment désigné, a révélé le premier des Congolais, avant d’appeler à la mobilisation tous azimuts de la population en vue d’assurer la pleine réussite des échéances électorales de 2023.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

RDC : Félix Tshisekedi confirme Denis Kadima à la tête de la Ceni

octobre 23, 2021
Le président Félix Tshisekedi, le 9 septembre 2021, à Kinshasa. © Presidence_RDC/TWITTER

Le président congolais a annoncé le 22 octobre avoir décidé de confirmer le choix controversé de Denis Kadima au poste de président de la stratégique commission électorale, malgré l’opposition de l’épiscopat en RDC.

« J’ai décidé de signer l’ordonnance désignant les membres du nouveau bureau de la Ceni (Commission électorale nationale indépendante). J’exhorte vivement ces derniers à œuvrer pour l’organisation d’élections libres, démocratiques et transparentes dans le délai constitutionnel », a déclaré le chef de l’État dans une allocution à la télévision publique.

L’Assemblée nationale avait entériné le 16 octobre la désignation de Denis Kadima, un proche du président Tshisekedi, comme président de la Ceni par six des huit confessions religieuses. En RDC, la loi charge les huit confessions religieuses reconnues de désigner par consensus le président de la Ceni, un choix qui doit ensuite être entériné par l’Assemblée nationale, avant la nomination officielle par le chef de l’État.

Soupçonné de corruption

L’Église catholique, dont se revendique 40% de la population, et l’Église du Christ au Congo (ECC), principale fédération protestante du pays, se sont opposées à cette nomination de Denis Kadima, soupçonné de corruption. Cette désignation s’est déroulée « de manière régulière », a estimé le président de la République.

« En ce qui concerne notamment la désignation du président de la Ceni, malgré le manque de consensus, une majorité claire s’est dégagée au profit d’un candidat et c’est conformément au prescrit de la charte des confessions religieuses », a-t-il insisté. « Les divergences, loin d’être des faiblesses, sont plutôt l’illustration de notre vitalité démocratique », a encore dit Félix Tshisekedi. Après l’allocution du chef de l’État, une ordonnance présidentielle a été lue à la télévision publique selon laquelle Denis Kadima Kazadi Denis a été investi en qualité de président de la Commission électorale ainsi que 11 autres membres de cette structure.

Expert électoral, Denis Kadima, 60 ans, est originaire de la province du Kasaï oriental, comme Félix Tshisekedi, dont il est proche. La prochaine présidentielle doit se tenir fin 2023. Félix Tshisekedi a déjà exprimé son intention de se représenter.

Par Jeune Afrique avec AFP

RDC : Fayulu et Kabila, futurs alliés objectifs face à Tshisekedi ?

octobre 22, 2021
Kash © Kash

Si une alliance entre l’opposant et l’ancien président semble pour le moins improbable, les deux hommes ont désormais un combat commun : dénoncer ce qu’ils qualifient de « passage en force » à la tête de la Ceni.

Les manifestations publiques annoncées par certains commentateurs politiques n’ont pas eu lieu. Mais le feu vert donné par l’Assemblée nationale, le 15 octobre, à la nomination de Denis Kadima à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) n’en continue pas moins d’animer les débats dans le microcosme politique kinois.

De l’opposant Martin Fayulu au Front commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila en passant par la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), la Lucha et même Moïse Katumbi, le front anti-Kadima ne cesse de se renforcer. Tous sont vent debout contre la nomination d’un homme réputé proche de Félix Tshisekedi, lequel doit encore donner son imprimatur à cette décision par le biais d’un décret présidentiel.

« Passage en force »

Martin Fayulu, que ses affidés surnomment le « soldat du peuple », en appelle désormais à un « rassemblement républicain » en vue d’organiser prochainement « des manifestations de grande envergure » sur toute l’étendue du territoire national. S’il paraît improbable de voir un jour ses militants manifester aux côtés de ceux du FCC, l’un de ses cadres, Félix Kabange Numbi, n’en dénonce pas moins un « passage en force sur fond de dérive dictatoriale » et craint de voir menacée la sérénité des élections – dont la présidentielle – prévues en 2023.

Les partis de Jean-Pierre Bemba et de Vital Kamerhe, membres de la majorité présidentielle, restent pour l’heure silencieux sur le sujet. Mais Moïse Katumbi, qui avait pris ses distances avec Lamuka, la coalition de l’opposition, pour entrer dans l’Union sacrée, la majorité construite autour de Tshisekedi après sa rupture avec Kabila, a écrit au chef de l’État pour lui demander de ne pas valider cette nomination controversée.

SI LES ÉLECTIONS AVAIENT LIEU AUJOURD’HUI, TSHISEKEDI L’EMPORTERAIT AVEC 32 % DES VOIX

Alors que l’avenir même de l’Union sacrée semble désormais en jeu, et qu’une nouvelle redistribution des cartes sur la scène politique congolaise est en cours, tous ses acteurs ont sans doute en tête les chiffres du tout récent sondage publié par le Groupe d’étude sur le Congo. « Notre sondage suggère que, si les élections avaient lieu aujourd’hui, Tshisekedi l’emporterait avec 32 % des voix. Katumbi, Fayulu et Bemba sont loin derrière, avec respectivement 16 %, 13 % et 12 % des intentions de vote », écrivent les experts.

Kash

Avec Jeune Afrique par Kash

Caricaturiste, bédéiste et peintre congolais installé à Kinshasa.

RDC : pas de consensus sur le choix du président de la commission électorale

août 1, 2021
Le siège de la Ceni à Kinshasa, en 2017.

Chargés de désigner le futur président de la commission électorale en RDC, les huit chefs des confessions religieuses ont achevé des mois de délibérations sans parvenir à s’entendre sur un nom.

Le processus de désignation par les confessions religieuses du président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni), relancé en mars après une interruption due à des violences en juillet 2020, s’est conclu sur une « note de manque de consensus », selon le rapport transmis à l’Assemblée nationale.

Griefs contre deux candidats

Ce document, signé par huit chefs religieux, comporte deux points de vue divergents sur le plan « éthique, indépendance et réputation ». « Deux confessions religieuses considèrent que, sur le plan éthique et de l’indépendance, les griefs (informations et allégations) contre deux candidats de la liste (les meilleurs sur le plan technique) affectent leur indépendance et leur crédibilité », peut-on y lire. Ces deux confessions ont donc demandé que les deux candidats en question soient écartés de la course, est-il indiqué sans autre précision.

LE CONTRÔLE DE CETTE STRUCTURE STRATÉGIQUE EST UN ENJEU PRIMORDIAL POUR CONQUÉRIR OU CONSERVER LE POUVOIR EN RDC

En revanche, les six autres confessions religieuses ont estimé que « les griefs relevés contre les deux candidats soit ne sont pas prouvés soit ne concernent pas directement les candidats » et ont appelé au vote, mais le président de la plateforme regroupant les huit chefs religieux n’a pas voulu organiser de vote « dans ces conditions », selon le rapport.

« Pressions et menaces »

Sollicités par l’AFP, les responsables religieux n’ont pas voulu révéler les noms des candidats concernés ni les reproches qui les visent. Le 23 juillet, les chefs religieux avaient « dénoncé des pressions, des intimidations et des menaces de toutes sortes dont sont victimes certains membres de la plateforme pour nous empêcher de faire librement notre travail ».

En RDC, la loi charge huit confessions reconnues de désigner le président de la Céni, choix qui doit ensuite être entériné par l’Assemblée nationale, avant la nomination officielle par le chef de l’État. En juillet 2020, les Églises catholique et protestante avaient mis leur veto au choix de Ronsard Malonda, accusé d’être trop proche de l’ex-président Joseph Kabila. Le contrôle de cette structure stratégique est un enjeu primordial pour conquérir ou conserver le pouvoir en RDC, a souligné dans un récent rapport le Groupe d’experts sur le Congo (GEC), lié à l’Université de New York.

Par Jeune Afrique avec AFP

RDC/Processus électoral : Martin Fayulu exhorte les confessions religieuses à ne pas désigner leurs représentants à la Céni

juillet 10, 2021

Le leader de Lamuka en appelle à la mise en place d’une Commission électorale neutre dont le Bureau serait exclusivement constitué des membres de la société civile.  

Dans un entretien accordé, le 9 juillet, à une radio locale, le leader de Lamuka et président du parti politique Ecidé a réfuté la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) récemment promulguée par le chef de l’Etat. Il considère que les modifications apportées à la loi ne garantissent pas l’organisation des élections crédibles, transparentes et démocratiques en 2023.

L’évolution actuelle du processus électoral marquée essentiellement par la promulgation de la loi sur le fonctionnement de la Céni ne serait, pour Martin Fayulu, qu’un stratagème pour justifier le report de la date de l’élection présidentielle. « On n’est en train de nous distraire pour convoquer des négociations pour postposer les élections », a-t-il précisé. A cet effet, l’intéressé a rappelé que la centrale électorale ne peut pas aller au-delà du 23 octobre 2023 pour la convocation de l’électorat au scrutin présidentiel. Ce qui permettra, a-t-il dit, d’organiser l’investiture du nouveau président de la République le 23 janvier 2024.

Pour éviter le dépassement du délai constitutionnel, le président de l’Ecidé propose, l’adoption d’un texte consensuel de la loi organique portant organisation et fonctionnement de la Céni qui consacrerait la neutralité de ladite institution. Il invite, par conséquent, les confessions religieuses en général et les catholiques et les protestants, en particulier, à faire obstacle au processus en cours en refusant de désigner leurs représentants à la Céni. «Si toutes les confessions religieuses sont proches du peuple et entendent ce que le peuple dit, ils ne peuvent pas cautionner cette forfaiture », a dit Martin Fayulu.
 
Sans pour autant manifester une quelconque intention de boycotter les prochaines élections, en cas de maintien de la réforme actuelle, le leader de Lamuka  a tenu à marquer son opposition face une loi qui plante le décor de la tricherie aux prochaines élections.  Il en appelle à une Commission électorale neutre dont le bureau serait exclusivement constitué des membres de la société civile. 

Avec Adiac-Congo par Jules Tambwe Itagali

[Chronique] Réforme de la Ceni en RDC : tout ça pour ça ?

juin 14, 2021
Kash

La réforme de la Commission électorale nationale indépendante adoptée en vue de la présidentielle de 2023 est critiquée. Au cœur de la polémique : le maintien de la prédominance de la majorité sur les postes stratégiques en son sein.

C’était la réforme qui devait permettre à la RDC de dépasser enfin les accusations de manque de transparence dans les élections. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) congolaise n’a en effet pas très bonne réputation, y compris au sein de la communauté internationale. Au point que le président sortant, Corneille Nangaa, a fait l’objet de sanctions.

Le Trésor américain – sous l’administration de Donald Trump, soit dit en passant – l’a notamment accusé d’avoir « sapé le processus électoral » lors de la dernière présidentielle. Signe on ne peut plus patent des dysfonctionnements profonds qui perturbent la Ceni : alors que son mandat se terminait officiellement le 30 juin 2019, Corneillee Nangaa est, aujourd’hui encore, en poste, en attendant que les acteurs politiques s’entendent sur un éventuel successeur…

Couper le cordon

Au-delà de la seule question de la personnalité des membres de la Ceni, c’est à propos des équilibres internes à celle-ci que le débat a le plus violemment fait rage ces dernières années. Société civile, représentants religieux, cadres de l’opposition et même diplomates occidentaux avaient un objectif en tête dès qu’était évoquée une future réforme de la commission : sa dépolitisation. En clair, couper le cordon ombilical entre l’exécutif et la Ceni, jusqu’ici nationale certes, mais dont l’indépendance était sans cesse mise en doute.

Sauf que, dans la réforme adoptée par l’Assemblée nationale, et entérinée par un vote du Sénat le 11 juin, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) estime que le compte n’y est pas. Les partis politiques obtiennent ainsi dix postes au sein de la plénière de la Ceni, contre cinq pour la société civile. Au sein du bureau, le déséquilibre est encore plus marqué : sur les sept membres, quatre sont désignés par la majorité, deux par l’opposition et un seul par la société civile.

De quoi donner du grain à moudre aux irrédentistes de Lamuka, Martin Fayulu en tête, mais aussi alimenter quelques inquiétudes au sein de la communauté internationale. Risque-t-on, en 2023, de voir à nouveau les résultats du scrutin remis en question par une partie de la classe politique et la société civile congolaise ?

Par  Kash

Caricaturiste, bédéiste, peintre, designer et publicitaire congolais installé à Kinshasa.

Guinée – Kabinet Cissé, président de la Ceni : « Nous ne céderons pas aux pressions extérieures »

juillet 25, 2020

 Kabinet Cissé (au centre), après son élection à la présidence de la Commission électoral nationale indépendante de Guinée, le 26 mai 2020.

Kabinet Cissé (au centre), après son élection à la présidence de la Commission électoral nationale indépendante de Guinée, le 26 mai 2020. © DR / CENI Guinée

À quelques mois de la présidentielle, c’est lui qui a la charge d’organiser des « élections libres, transparentes et inclusives ». Kabinet Cissé, président de la Ceni, expose sa feuille de route et affiche sa volonté d’indépendance.

En acceptant la présidence de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Kabinet Cissé savait qu’il prenait les rênes de l’une des institutions les plus difficiles à gérer à Conakry. Mais le nouveau président a vite pris ses marques. À peine investi, il a proposé à Alpha Condé la date du 18 octobre pour la tenue du scrutin. En attendant la validation du chef de l’État, il a d’ores et déjà fixé le chronogramme à suivre.

Le nouveau patron de la Ceni entend marquer une rupture avec ses prédécesseurs. Les querelles politiques ne sont pas ses affaires, confie-t-il à Jeune Afrique, exprimant son souhait de voir naître une réforme globale de la Commission, basée sur une « Ceni technique » où les commissaires désignés par les partis politiques seraient relégués à une fonction administrative.

Jeune Afrique : La Ceni a proposé la date du 18 octobre prochain pour la tenue des élections présidentielles. Ce calendrier est-il tenable, dans le contexte actuel ? 

Oui, cette date est tout à fait tenable, et nous y travaillons avec tous les commissaires de la Ceni. Par ailleurs, il est important de préciser qu’elle est indicative et n’est en aucun cas définitive. Conformément à la loi, il appartient au président de la République de l’entériner ou non.

Son mandat prenant fin entre le 20 et le 21 décembre prochain, il était de notre devoir de fixer une date « technique ». En effet, toujours selon la loi, l’élection présidentielle doit se tenir 60 jours au moins et 90 jours au plus avant l’expiration du mandat précédent. C’est ainsi que nous avons privilégié la date du 18 octobre.

Quoi qu’il en soit, la Ceni a déjà commencé à dérouler son chronogramme depuis le 20 juillet. L’objectif est d’assainir le fichier électoral pour favoriser une élection libre, transparente et inclusive.

Lors du double scrutin du 22 mars 2020, le chronogramme de la Ceni a longtemps divisé en son sein. Les commissaires issus de l’opposition l’ont maintes fois rejeté, ainsi que plusieurs organisations internationales. Allez-vous prendre en compte ces critiques ? 

Oui, la Ceni a connu quelques difficultés ces dernières années, mais nous ne céderons pas aux pressions extérieures et nous n’accorderons aucun crédit aux polémiques. Seul le respect de la loi nous importe.

La principale mission de la Commission est de régler la question relative aux 2,4 millions d’électeurs qui ont été écartés lors du double scrutin de mars car considérés comme « problématiques ». Certains ont prétendu que ces électeurs étaient fictifs, c’est faux. Ils existent, mais nombres d’entre eux ne possèdent pas de carte d’identité numérique ou n’ont pas participé à la dernière campagne de recensement.

La tâche qui nous incombe aujourd’hui est de régulariser la situation de ces citoyens pour les intégrer dans le processus électoral.

Le débat sur le fichier électoral est récurent. D’où vient réellement ce problème ?

Je pense que la difficulté fondamentale vient d’une mauvaise interprétation de la loi. Conformément au code électoral, un recensement ordinaire de 90 jours doit se tenir tous les ans. Celui-ci doit débuter entre le 1er octobre et le 31 décembre. Or cette règle n’a jamais été respectée. De facto, on se retrouve avec un fichier électoral non qualifié, qui n’est pas mis à jour, et, les années passant, des millions de Guinéens disparaissent des radars électoraux.

Comment va se dérouler cette campagne de recensement ?

Nous avons déployé 2 000 kits d’enrôlement sur tout le territoire et 2 000 équipes composées de cinq personnes chacune. Nous avons également mis à contribution les autorités locales, qui connaissent les citoyens de leurs circonscriptions. Une campagne de sensibilisation va venir renforcer le processus.

Cette campagne de révision exceptionnelle nous permettra d’enrôler en quinze jours les citoyens qui ne se sont jamais fait recenser, d’effacer les doublons à l’aide de la prise d’empreintes et de munir les électeurs d’une carte d’identité conforme à la législation actuelle.

Allez-vous  demander à nouveau une assistance technique à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) ou à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao)?

Dans la phase où nous nous trouvons actuellement, nous n’avons pas besoin de ces organisations. Nous sommes dotés d’outils et de logiciels solides – développés par l’entreprise sud-coréenne Miru Systems et la société Innovatrices – qui nous permettent de mener ces opérations en toute autonomie.

Vous affirmez que tous les commissaires de la Ceni vous soutiennent pour mener à bien le scrutin à venir. Or, le 20 juin dernier, les commissaires issus de l’opposition ont publié un communiqué dans lequel ils remettent en cause le chronogramme que vous avez proposé. Que leur répondez-vous ?

J’ai constaté que lors de la discussion autour de la date du 18 octobre, un seul commissaire avait exprimé sa réserve. J’entends les revendications, mais il ne faut pas nécessairement avoir une lecture négative des critiques. Je considère qu’elles permettent aussi d’améliorer le processus. Une chose est sûre : aujourd’hui, le dialogue est bien instauré entre tous les commissaires. C’est ce qui m’importe.

Doit-on réformer la Ceni ?

À terme, une réforme apparaît nécessaire. Actuellement, la Commission est composée de commissaires issus de la mouvance et de l’opposition, ce qui permet d’équilibrer les points de vue. Mais je pense fondamentalement qu’il est dans l’intérêt de tous de mettre en place une Ceni constituée de techniciens. Il faut ainsi réduire le rôle des commissaires et limiter ces derniers à une gestion administrative. Cette réforme peut notamment permettre de balayer les critiques qui disent que la Commission est trop politisée.

Comment allez-vous faire pour retrouver la confiance de ceux qui reprochent à la Ceni d’être instrumentalisée par la majorité présidentielle ?

Il faut arrêter de faire de tels raccourcis ! La Ceni ne se résume pas aux commissaires nommés par les partis politiques. Dans son fonctionnement, la loi oblige que la présidence soit briguée par un membre de la société civile. C’est ainsi que j’ai été nommé, tout comme mes prédécesseurs. Depuis que j’ai pris mes fonctions, c’est cette démarche que je prône. Je suis à l’écoute de tous les camps, de leurs préoccupations, et j’encourage tout un chacun à s’exprimer.

L’opposition affirme qu’elle n’ira pas aux élections si Alpha Condé se présente à nouveau. Si ce scénario se vérifie, comment garantir le caractère inclusif de l’élection ? 

Il faut que les choses soient claires : la Ceni est une organisation apolitique. Les demandes de l’opposition ne nous concernent pas mais s’adressent à l’État et à la classe politique, notamment la mouvance présidentielle.

Si l’opposition pose des conditions qui doivent se régler dans d’autres instances, cela ne nous regarde pas. Oui, la Ceni souhaite des élections libres, transparentes et inclusives. La question relative à cette transparence est de notre prérogative. Le reste relève du domaine politique.

Avec Jeun Afrique par Fatoumata Diallo