Posts Tagged ‘centrafrique’

En Centrafrique, des pertes militaires « considérables » et une vingtaine d’otages après une attaque rebelle

février 19, 2023

Les Forces armées centrafricaines ont été la cible mardi d’une attaque de plusieurs membres de la Coalition des patriotes pour le changement, dans le nord du pays. Le bilan est, pour le conseiller spécial du président Sébastien Wénézoui, imputable à la mauvaise gestion du commandement opérationnel.

Un casque bleu rwandais de la Minusca se tient sur la route qui relie Bangui à Damara, où des escarmouches ont eu lieu quelques jours avant, le 23 janvier 2021. © FLORENT VERGNES / AFP)

Une attaque rebelle mardi dans le nord de la Centrafrique a causé des « pertes considérables » parmi les Forces armées centrafricaines (Faca) et une « vingtaine » de militaires ont été pris en otage, a annoncé vendredi le gouvernement.

Mardi 14 février, des « combats violents » ont opposé des militaires et des combattants de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), une alliance de groupes rebelles, à Sikikede – une localité de la région de la Vakaga dans le nord de la Centrafrique, au carrefour des frontières tchadienne et soudanaise –, a annoncé Sébastien Wénézoui, ministre conseiller spécial du président Faustin-Archange Touadéra.

Acte de terrorisme

Sébastien Wénézoui a immédiatement mis en cause le commandement opérationnel. « Il n’y a pas de cohésion dans la chaîne de commandement, depuis le sommet jusqu’à la base », a-t-il déclaré dans un communiqué, ajoutant que « si le chef d’état-major des armées a failli à sa mission, il pourra être relevé de son poste de responsabilité ».

Le chef d’état-major des armées, Zephirin Mamadou, a quant à lui dénoncé un « acte de terrorisme » perpétré par un « groupe armé criminel », dans un communiqué vendredi. Il évoque également des « otages et des blessés » sans plus de précisions. Le porte-parole de la CPC, Mamadou Koura, avait affirmé jeudi être à l’origine de l’attaque, assurant que les rebelles contrôlaient la ville de Sikikede, ce que l’armée conteste.

La Centrafrique est le deuxième pays le moins développé au monde selon l’ONU, et le théâtre depuis 2013 d’une guerre civile très meurtrière dans ses premières années mais qui a baissé d’intensité depuis 2018. Fin 2020, les plus puissants des nombreux groupes armés qui se partageaient alors les deux tiers du territoire s’étaient alliés au sein de la CPC et avaient lancé peu avant les élections présidentielle et législatives une offensive sur Bangui pour renverser le chef de l’État Faustin-Archange Touadéra, lequel avait appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie.

Par Jeune Afrique (Avec l’AFP)

Centrafrique : enquête ouverte après une attaque au colis piégé

décembre 18, 2022

Deux jours après une attaque au colis piégé contre un représentant russe, la France est toujours pointée du doigt par le groupe Wagner.

Le groupe paramilitaire Wagner accuse la France d'avoir mene une attaque au colis piege.
Le groupe paramilitaire Wagner accuse la France d’avoir mené une attaque au colis piégé.

La Centrafrique a « condamné fermement » une attaque au colis piégé contre un représentant russe perpétrée vendredi dans la capitale Bangui, selon Moscou, et annoncé l’ouverture d’une enquête, a déclaré un ministre centrafricain à l’Agence France-Presse dimanche. La Russie a affirmé que l’un de ses représentants en Centrafrique avait été blessé vendredi par l’explosion d’un colis piégé, une attaque que le chef du groupe paramilitaire russe Wagner a imputée à la France avant que Paris ne démente ces accusations.

Le gouvernement centrafricain a « condamné fermement » ce qu’il qualifie « d’attaque terroriste dirigée contre un haut responsable de la Mission russe, et donc contre la présence russe en Centrafrique », et annoncé « l’ouverture immédiate d’une enquête judiciaire », dans un communiqué. Une information confirmée à l’AFP par le ministre chargé du secrétariat général du gouvernement et des relations avec les institutions, Maxime Balalou.

Le gouvernement centrafricain a évoqué une « vaste campagne de déstabilisation du pays », par ceux qu’il désigne comme des « ennemis du peuple centrafricain », sans les nommer, et dont « la dernière manœuvre est celle d’une explosion par colis piégé, survenue le 16 décembre 2022 à Bangui », précise le communiqué.

Des « blessures sérieuses »

La victime présumée, Dmitri Syty, est le « chef de la Maison russe », un centre culturel situé à Bangui. Il avait été hospitalisé avec des « blessures sérieuses », avait assuré le service de presse de l’ambassade russe, cité par l’agence de presse officielle Tass vendredi. Son état était « stable et grave » samedi, avait affirmé l’ambassade de Russie en Centrafrique sur Facebook. Dimanche, il « continue de recevoir des soins médicaux appropriés et rassurants », précise le gouvernement.

La Centrafrique, pays en guerre civile depuis 2013 est au cœur de la stratégie d’influence russe en Afrique. Le rôle grandissant de Wagner a d’ailleurs conduit la France, ancienne puissance coloniale, à retirer ses soldats du pays. Les derniers ont quitté Bangui jeudi. La France avait décidé à l’été 2021 de suspendre sa coopération militaire avec Bangui, jugé « complice » d’une campagne antifrançaise téléguidée par la Russie.

Par Le Point avec AFP

Centrafrique : Wagner accuse la France d’une attaque au colis piégé

décembre 16, 2022

Wagner pointe du doigt la France après l’attaque d’un diplomate russe. Les Affaires étrangères russes dénoncent un sabotage de leurs relations avec Bangui.

Le groupe paramilitaire Wagner est tres actif en Centrafrique.
Le groupe paramilitaire Wagner est très actif en Centrafrique.

L’explosion d’un colis piégé vendredi a blessé un représentant russe en Centrafrique, une attaque que le chef de Wagner, groupe paramilitaire russe très actif dans le pays, a imputée à la France. « Le chef de la Maison russe (le centre culturel) a reçu vendredi un colis anonyme, l’a ouvert et une explosion s’est produite », a indiqué le service de presse de l’ambassade russe, cité par l’agence de presse officielle Tass, précisant que ce responsable, Dmitri Syty, était hospitalisé avec des « blessures sérieuses ».

Peu après, le milliardaire russe proche du Kremlin et fondateur de Wagner, Evguéni Prigojine, a dénoncé l’implication de la France. « Je me suis déjà adressé au ministère russe des Affaires étrangères pour qu’il lance une procédure afin de déclarer la France comme État soutien du terrorisme », a-t-il déclaré, cité par son service de presse. Selon Evguéni Prigojine, Dmitri Syty, avant de perdre connaissance, avait lu une note accompagnant le colis qui disait : « C’est pour toi, de la part de tous les Français, les Russes ficheront le camp d’Afrique. »

Le chef de Wagner, qui a pendant des années nié diriger ce groupe avant de le reconnaître récemment, n’a fourni aucune preuve de cette note et l’Agence France-Presse n’a pas été en mesure de confirmer la teneur de ces déclarations. Il a assuré aussi que Dmitri Syty avait également reçu des menaces en novembre visant son fils qui vit en France. « Nous condamnons fermement cet acte criminel qui a pour objectif […] de nuire au développement des relations amicales entre nos deux pays », a déclaré le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué, sans désigner toutefois de commanditaire présumé.

«Terrorisme international »

Une source diplomatique russe à Bangui interrogée par l’agence Ria Novosti a indiqué que la victime avait reçu le colis à son domicile, qui n’est pas sur le territoire de l’ambassade. « Il l’a reçu, l’a ramené dans la maison et l’a ouvert », a indiqué ce diplomate non identifié de l’ambassade russe en Centrafrique.

Pour sa part, un vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a affirmé que le centre culturel russe allait rester ouvert, malgré cette attaque. « Nous ne devons pas montrer de la peur face aux terroristes, ils n’attendent que cela », a-t-il affirmé, tout en appelant à renforcer la sécurité de la mission diplomatique russe en Centrafrique. Mikhaïl Bogdanov n’a pas pointé de doigt accusateur en direction de la France, ni évoqué de piste particulière, estimant seulement que le « terrorisme international ne connaît pas les frontières ».

Cette attaque intervient alors que les derniers militaires français déployés en Centrafrique sont partis jeudi, un retrait décidé par Paris face au rôle grandissant du groupe Wagner dans ce pays en guerre civile depuis 2013 et au cœur de la stratégie d’influence de Moscou en Afrique. La Russie s’efforce depuis plusieurs années de renforcer son influence sur le continent africain, notamment en déployant ses paramilitaires.

Avec Le Point avec AFP

Centrafrique : un avion étranger aurait bombardé un camp militaire et des mercenaires de Wagner

novembre 29, 2022

D’après Bangui, l’aéronef aurait franchi les frontières du pays, au Nord, et aurait bombardé la ville de Bossangoa. L’appareil aurait pris pour cible les bases militaires centrafricaine et russe, ainsi qu’une usine de coton.

Des soldats centrafricains sur la route entre Boali et Bangui. © FLORENT VERGNES/AFP.

Le gouvernement centrafricain a affirmé que, le 28 novembre, un avion reparti dans un pays voisin « a largué des explosifs dans la ville » de Bossangoa (Nord-Ouest) sur des militaires centrafricains et des mercenaires russes du groupe Wagner, menaçant de représailles. L’attaque a été perpétrée en plein milieu de la nuit de dimanche à lundi, peu avant 3 h du matin, selon Bangui.

« L’appareil [a pris] pour cible la base de nos forces de Défense, celle de nos Alliés ainsi que l’usine de coton », assure dans un communiqué le gouvernement. C’est la première fois qu’une attaque présumée par un avion hostile survient au moins depuis le début de la guerre civile, en 2013.

Venu du Nord

Un aéronef « a bombardé la base des Russes à 2h50 du matin, nous avons entendu au moins quatre bombes mais comme il faisait nuit, nous n’avons pas vu l’avion qui était sans phares et faisait peu de bruit », a affirmé par téléphone Étienne Ngueretoum, directeur régional des Eaux et Forêts à Bossangoa. Deux bombes ont explosé selon lui dans son jardin, qui jouxte une usine de coton occupée par les Russes.À LIRERussie-Afrique : les mercenaires de Wagner sont-ils vraiment efficaces ?

Le maire de Bossangoa, Pierre Denamguere, a confirmé aussi l’attaque par téléphone. « C’est un avion sans lumières et que l’on n’a pu identifier, la cible était l’usine de coton que les Russes et les forces armées utilisent comme base, il n’y a pas trop de dégâts », a-t-il commenté.

« Cet aéronef, après avoir commis ces forfaits […] a pris la direction du nord […] avant de traverser nos frontières », assure le gouvernement. Encore il y a peu aux mains des rebelles, Bossangoa est située au nord de Bangui et à environ 150 kilomètres au sud du Tchad.  Une enquête a été ouverte pour « situer les responsabilités » de « cet acte ignoble perpétré par les ennemis de la paix [qui] ne saurait rester impuni » et « toutes les dispositions ont déjà été prises pour faire face à toute éventualité », conclut le communiqué.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Centrafrique : pourquoi une partie de l’opinion veut voir l’armée rwandaise quitter le pays

août 12, 2022

Des opposants à Faustin-Archange Touadéra et des organisations de la société civile ont prévu d’organiser des manifestations. Ils estiment que les hommes envoyés par Paul Kagame contribuent à pousser le président dans sa volonté de conserver le pouvoir.

Des casques bleus rwandais de la Minusca et des soldats rwandais sécurisent les lieux lors de l’élection présidentielle à Bangui, en République centrafricaine, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.

Des voix émanant d’une partie de l’opposition et de la société civile centrafricaine s’élèvent depuis quelques jours afin de protester contre la présence rwandaise en Centrafrique. Certaines organisations prévoient même de manifester, notamment devant l’ambassade du Rwanda à Paris, dans le but de faire entendre cette revendication et de réclamer le départ des troupes de Paul Kagame du territoire centrafricain.

En tête de ce mouvement figurent des opposants tel que Crépin Mboli-Goumba et l’ancienne ministre de l’Éducation Gisèle Bedan. Le Groupe d’action des organisations de la société civile pour la défense de la Constitution du 30 mars 2016 (G16), dont le dirigeant est installé en France, donne aussi de la voix.

Pourquoi cette opposition ? Les manifestants estiment que le Rwanda apporte, via son aide militaire, un soutien de taille au président Faustin-Archange Touadéra dans sa quête actuelle de modifier la Constitution et, ce faisant, d’obtenir un troisième mandat, aujourd’hui interdit par les textes. Depuis la fin de 2019 et la visite officielle du président rwandais Paul Kagame en Centrafrique, les relations entre Bangui et Kigali n’ont en effet jamais cessé de s’améliorer.

Forces spéciales

Des émissaires du président Touadéra font régulièrement le voyage de Kigali, tandis que ceux du président rwandais viennent constamment à Bangui. Des accords politique, économique et militaire ont été signés pour couronner ce rapprochement. Kigali était surtout venu à la rescousse de Bangui lorsque, à la fin de 2020 et au début de 2021, les rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) étaient aux portes de Bangui et menaçaient de prendre le pouvoir.

Les forces spéciales rwandaises, ainsi que les mercenaires russes du groupe Wagner, avaient alors contribué à desserrer l’étau autour de la capitale. Depuis, les militaires rwandais, déployés spécifiquement pour assurer la protection du président Touadéra, ont également mené des offensives contre les poches de résistance de la rébellion à l’intérieur du pays. En outre, sur le plan économique, dans le cadre de l’accord entre les deux pays, plusieurs hommes d’affaires rwandais se sont installés à Bangui.

D’après une source à la présidence centrafricaine, « le désir de voir le Rwanda se retirer de la Centrafrique provient essentiellement des opposants qui soutiennent la rébellion de la CPC, car leur projet de coup d’État ne pourra jamais réussir si nous disposons d’un allié comme le Rwanda. Il faut donc les faire partir. Le raisonnement d’ingérence rwandaise n’est que pure distraction ». Notre source accuse même des opposants centrafricains de financer une campagne contre la présence rwandaise.

Obtenir le soutien de la RDC

Les manifestants ont-ils un autre objectif ? En attaquant Kigali, cette frange de l’opposition pourrait en tout cas s’attirer les faveurs de la RDC, actuellement en conflit avec la Centrafrique. « L’opposition veut surfer sur cette vague pour prouver aux autorités congolaises qu’elles peuvent compter sur les opposants, afin d’obtenir du soutien politique et financier chez le voisin direct de Bangui », renchérit un membre du gouvernement centrafricain qui a requis l’anonymat.

Des soldats rwandais lors de l'élection présidentielle centrafricaine, à Bangui, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.
Des soldats rwandais lors de l’élection présidentielle centrafricaine, à Bangui, le 27 décembre 2020. © Nacer Talel / Manadolu Agency via AFP.

Kigali n’entend en tout cas pas se laisser intimider. « L’intervention du Rwanda en République centrafricaine est destinée au gouvernement et à ses institutions, et non à un individu. Le Rwanda ne peut en aucun cas être impliqué dans la politique intérieure de la Centrafrique, encore moins dans le projet de modification de la Constitution de ce pays », a ainsi récemment déclaré aux médias Vincent Biruta, ministre rwandais des Affaires étrangères. D’après nos informations, le président rwandais Paul Kagame compte augmenter son effectif militaire en Centrafrique.

Avec Jeune Afrique par Pacôme Pabandji

Bitcoin en Centrafrique : la Cobac monte à son tour au créneau

mai 18, 2022

Quatre semaines après que la Centrafrique a adopté le bitcoin comme monnaie de référence au côté du franc CFA, le régulateur bancaire de la zone Cemac met les crypto-actifs « sous surveillance ».

Le 22 avril 2022, en Centrafrique, était adoptée une loi sur la cryptomonnaie, faisant du bitcoin la monnaie officielle et de référence du pays au côté du franc CFA. © Pascal SITTLER/REA

En réaction à la promulgation le 22 avril dernier, d’une loi sur la cryptomonnaie, faisant du bitcoin la monnaie officielle et de référence de la Centrafrique au côté du franc CFA, la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) s’est réunie lors d’une session extraordinaire le 6 mai visant à examiner les impacts de la cryptomonnaie sur la stabilité du système monétaire.

À la demande des pays de la Cemac, révoltés par l’adoption d’une loi sur la cryptomonnaie par Bangui, Abbas Mahamat Tolli, gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) avait écrit à Hervé Ndoba, le ministre centrafricain des Finances et du Budget, pour organiser cette session. Une démarche loin d’être aisée, considérant le rôle du ministre centrafricain à la fois président du conseil d’administration de la BEAC et du comité ministériel de I’Union monétaire de l’Afrique centrale (Umac).

Les banques, un reporting obligatoire

Durant cette session extraordinaire, le régulateur du secteur bancaire de la zone Cemac a rappelé certaines interdictions liées à l’usage des crypto-actifs. Parmi celles-ci, l’usage « du bitcoin comme moyen d’évaluation » ou la conversion de transactions relatives aux cryptomonnaies en franc CFA.

En outre, ont été mis en avant les risques que comportent les opérations liées aux cryptomonnaies : volatilité extrême des cours, crypto-criminalité, blanchiment de capitaux, financement du terrorisme et évasion fiscale parmi les plus importants.

IDENTIFIER TOUTES LES OPÉRATIONS EN LIEN AVEC LES CRYPTOMONNAIES

Selon son communiqué rendu public le 16 mai, la Cobac a annoncé « prendre un certain nombre de mesures visant à mettre en place un dispositif d’identification et de reporting des opérations en lien avec les cryptomonnaies », bien qu’aucune mesure visant à sanctionner l’usage de crypto-actifs n’ait été mentionnée ; ni l’utilisation d’une monnaie virtuelle comme monnaie de référence dans un pays membre de la Cemac, comme avec la Centrafrique.

Toutefois, le document rappelle  le rôle décisif que jouent « les établissements assujettis à la Cobac ».  Ainsi, selon l’article 5 de la décision, ces derniers sont « tenus d’identifier les opérations réalisées ou rejetées en lien avec les cryptomonnaies » et de communiquer mensuellement leurs résultats à la Cobac ainsi qu’à la Banque centrale.

De même, ces établissements, ainsi que leurs partenaires, ont dorénavant la responsabilité de mettre en place des systèmes d’informations permettant d’ »identifier à tout moment des opérations en lien avec les cryptomonnaies, de manière à mettre en œuvre toutes les mesures décidées par les autorités de tutelle, de supervision et de la Banque Centrale ».

Avec Jeune Afrique par Maureen Songne

Centrafrique : la BAD suspend toutes ses activités dans le pays

mai 13, 2022

La Banque africaine de développement (BAD) a suspendu toutes ses activités en République centrafricaine, selon des informations rendues publiques par des médias locaux, le 10 mai.

Une série de réunions avec les autorités centrafricaines a été organisée. Au menu des échanges, les différentes prises de position officielles des autorités centrafricaines vis-à-vis des institutions financières régionales et africaines. En un mot, l’adoption de la cryptomonnaie comme une monnaie légale en République centrafricaine serait la principale cause de cette crispation.

Pour la BAD, il est pratiquement impossible de travailler dans de telles conditions. En d’autres termes, toutes les activités financées par la BAD en République centrafricaine n’ont plus d’issues et sont simplement suspendues jusqu’à nouvel ordre.

C’est le cas du projet d’appui à la modernisation de l’aéroport international de Bangui Mpoko, financé à hauteur de 11 millions d’euros par la BAD. Les travaux de ce projet sont d’ores et déjà suspendus. De même que ceux du projet de développement du corridor de transport multimodal Pointe-Noire-Brazzaville-Bangui-N’Djamena, financés aussi par la BAD à hauteur de plus de 60 milliards FCFA.

D’autres projets financés par cette banque en Centrafrique sont également suspendus. Pour cette institution financière africaine, « l’Etat centrafricain est déjà en faillite. Donc il est plus que nécessaire de revoir les choses et demander à l’État centrafricain plus de garanties quant au remboursement des fonds alloués ».

Rappelons que récemment, le ministre des Finances, Hervé Ndoba, avait jugé « très alarmant l’état des finances publiques » et annoncé en même temps des coupes de 40 à 60% dans le budget de certains ministères.

« Cette annonce du premier comptable public centrafricain, associée à l’adoption du Bitcoin par le président Faustin Archange Touadera comme monnaie légale dans le pays, oblige les autres Etats de l’union monétaire avec le pays à prendre leur distance, s’apparentant, sans doute, à une déclaration de faillite », estiment les experts.

Avec Adiac-Congo par Yvette Reine Nzaba

Centrafrique : Touadéra lance son dialogue« républicain » sans opposition ni rebelles

mars 23, 2022
Faustin-Archange Touadéra, le 30 mars 2021, lors de son investiture pour un second mandat à la tête de la Centrafrique. © Adrienne Surprenant/AP/SIPA

Le dialogue de réconciliation nationale promis de longue date par le président Faustin-Archange Touadéra s’est ouvert lundi. Il ne devrait cependant pas aboutir à des avancées notables : les groupes armés n’y ont pas été conviés, et l’opposition boycotte les discussions.

Il y a six jours, Faustin-Archange Touadéra avait annoncé, à la surprise générale, que le « Dialogue républicain » avec l’opposition et la société civile, promis il y a quinze mois, au lendemain de sa réélection contestée, aurait lieu lundi, mais avec un programme et des objectifs restés très vagues pour des débats prévus sur une semaine seulement.

Devant plusieurs centaines de participants de la majorité, de la société civile et de personnalités invitées à la cérémonie d’ouverture dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, le chef de l’État a lancé les discussions ce lundi. Encadré par deux membres russes de sa garde rapprochée aux visages masqués, Faustin-Archange Touadéra a affirmé : « Nous sommes tous mobilisés autour des idéaux de paix […], il n’y a pas de sujet tabou, nous sommes là pour laver le linge sale en famille. »

Dimanche, la quasi-totalité des partis de l’opposition avaient annoncé leur refus de participer à ce dialogue, arguant principalement que les rebelles n’y étaient pas conviés – ce qu’ils savaient depuis quinze mois – et que le programme ne prévoyait rien sur la « question de la crise post-électorale », c’est-à-dire la réélection, non légitime à leurs yeux, de Touadéra, le 27 décembre 2020 par une partie très faible du corps électoral.

Exigences de la communauté internationale

« J’attends des débats francs sur ce qui concerne le pays, l’économie, la mauvaise gouvernance, la sécurité… Certains chefs des services supposés maintenir la sécurité commettent constamment des exactions contre la population, les groupes armés aussi, et cela ne peut plus durer », a plaidé l’avocat Bruno Gbiegba, participant issu de la société civile.

Cependant, l’opposition et les experts de la région ont fustigé par avance un dialogue de réconciliation mené sans les rivaux politiques ni ennemis armés du régime, estimant qu’il ne pouvait déboucher sur aucune avancée concrète en dehors de la promesse vague d’une « feuille de route » destinée à mieux intégrer l’opposition et la société civile dans la gouvernance du deuxième pays le moins développé du monde, selon l’ONU. Ils jugent que le président ne fait que répondre à une exigence de la communauté internationale en tenant ce dialogue qu’elle finance. Une exigence de l’ONU notamment, qui maintient depuis des années sous perfusion ce pays où la moitié de la population survit dans un état d’insécurité alimentaire aiguë, et qui y a déployé à partir de 2014 l’une de ses plus coûteuses missions de Casques bleus.

Faustin-Archange Touadéra avait promis à la communauté internationale d’accomplir une telle démarche au lendemain de sa réélection, obtenue avec 53,16 % des suffrages certes, mais alors que moins d’un électeur sur trois avait eu la possibilité d’aller voter en raison de l’insécurité. Depuis, comme après son élection de 2016, quand la guerre civile entamée en 2013 avait commencé à se faire moins meurtrière, le chef de l’État et son Mouvement cœurs unis (MCU) règnent sans partage au sein du gouvernement comme du Parlement, grâce à l’appui de petits partis satellites.

Lors de la présidentielle, Bangui était menacée par l’offensive de plusieurs groupes armés occupant alors deux tiers du territoire. Touadéra avait appelé Moscou à l’aide et des centaines de paramilitaires russes étaient venus à la rescousse d’une armée démunie, s’ajoutant à ceux présents depuis 2018. Ces « instructeurs non armés » selon le Kremlin, « mercenaires » de la société privée de sécurité Wagner selon l’ONU, ont, depuis, facilement repoussé les groupes armés de la majorité des villes et territoires qu’occupaient ces derniers. Non sans être accusés par l’ONU et la France de commettre – tout comme les groupes armés et rebelles – des « crimes de guerre », et d’avoir fait main basse sur les ressources du pays.

Avec Jeune Afrique

Centrafrique : début du dialogue républicain en l’absence de l’opposition

mars 21, 2022

Le dialogue républicain sur la paix et la sécurité qui vise à réconcilier les Centrafricains s’est ouvert, le 21 mars, à Bangui. Mais l’opposition a annoncé qu’elle n’y prend pas part.

La tenue de la rencontre d’échanges qui doit durer jusqu’au 27 mars était une promesse du président Faustin Archange Touadéra après sa réélection. L’objectif affiché se résume jusqu’alors à « restaurer la paix et la sécurité ».

Les organisateurs ont diffusé une liste de cinq « thématiques », dont « Paix et sécurité », « Gouvernance politique, renforcement démocratique et institutionnel » et « Développement économique et social ».

L’opposition démocratique a refusé de prendre part au dialogue et dit avoir posé des conditions qui n’ont pas été prises en compte. C’est ce qui ressort de la concertation qui a eu lieu dimanche, entre les principales formations politiques de l’opposition.

Côté gouvernement, le président du comité préparatoire, le ministre d’Etat Obed Namsio, a dit regretter l’absence de l’opposition. Hormis deux représentants dans le présidium et malgré la « main tendue du chef de l’État ». « La porte est toujours ouverte », a-t-il lancé. « Ce n’est pas un dialogue de trop, mais une chance de plus pour la paix », a déclaré le président Archange Touadéra avant de donner le top départ pour trois jours de travail en commission puis trois jours de débat.

Avec Adiac-Congo par Yvette Reine Nzaba

Centrafrique : la Rwandaise Valentine Rugwabiza nommée à la tête de la Minusca

février 24, 2022
Valentine Rugwabiza était en poste à New York depuis 2016 en tant qu’ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU Valentine Rugwabiza, Permanent Representative of the Republic of Rwanda to the UN, addresses an interactive discussion on “Public Policies for Happiness”, marking the International Day of Happiness (20 March). The event was co-organized by the Permanent Missions of Australia, Bhutan, Denmark, Ecuador, Rwanda, Slovenia, Thailand and the United Arab Emirates, in collaboration with the Department for Public Information (DPI) and the United Nations Sustainable Development Solutions Network (UN-SDSN). © Manuel Elías / United Nations Photo

L’ancienne ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU remplace le Sénégalais Mankeur Ndiaye. Cette diplomate expérimentée prend la tête d’une mission dont le président Paul Kagame avait récemment critiqué l’efficacité.

La nomination de Valentine Rugwabiza à la tête de la Mission de maintien de la paix de l’ONU en Centrafrique (Minusca) a été officialisée par un communiqué, le 23 février. À 58 ans, cette diplomate chevronnée succède donc au Sénégalais Mankeur Ndiaye, en poste depuis février 2019. Selon nos informations, le mandat de ce dernier ayant été étendu d’un mois, Valentine Rugwabiza ne devrait officiellement entrer en fonction qu’en avril.

De Genève à New York

En poste à New York depuis 2016 en tant qu’ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU, Valentine Rugwabiza est l’une des diplomates rwandaises les plus expérimentées. C’est auprès des Nations unies, à Genève, que cette diplômée en économie obtient son premier poste de représentation, en 2002. Elle devient alors aussi coordinatrice du groupe des ambassadeurs africains à l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Trois ans plus tard, elle est nommée directrice adjointe de l’OMC, où elle restera huit ans en poste et laissera une bonne impression – Pascal Lamy, l’ancien patron de l’organisation, parlait d’elle comme de « l’un de ses meilleurs recrutements ».

Elle retourne ensuite à Kigali pour prendre la tête du très stratégique Rwanda Development Board. Cette agence gouvernementale créée en 2008 est l’un des piliers de la stratégie du Rwanda pour attirer des investisseurs. Avant de revenir dans l’appareil onusien, elle servira deux ans, entre 2014 et 2016, en tant que ministre des Affaires étrangères chargée de l’East African Community (EAC). Valentine Rugwabiza a également été l’une des premières collaboratrices de la Première dame, Jeanette Kagame, au sein de l’Imbuto Foundation, par laquelle de nombreux membres du cabinet présidentiel sont aussi passés.

ENGAGÉ DEPUIS 2014 AU SEIN DE LA MINUSCA, LE RWANDA EST AUJOURD’HUI SON PRINCIPAL CONTRIBUTEUR

Axe Kigali-Bangui

La nomination d’une diplomate rwandaise en Centrafrique est loin d’être anodine. Voilà plusieurs années que Kigali développe une coopération accrue avec Bangui sur le plan sécuritaire. Engagé depuis 2014 au sein de la mission de maintien de la paix déployée en Centrafrique, le Rwanda est aujourd’hui son principal contributeur : en novembre 2021, 1696 militaires et 505 policiers rwandais étaient déployés dans le cadre de la Minusca. À cet engagement au sein de l’ONU est venu s’ajouter une coopération sécuritaire d’État à État, puisque Kigali envoie aussi des troupes à titre bilatéral, sur un terrain où sont déjà présents les mercenaires de la société Wagner.

Interrogé par JA sur ce double engagement en 2021, le président Kagame avait justifié ce choix tout en se montrant critique sur l’efficacité de la mission onusienne. « Il y a une force sur place qui est censée maintenir la paix, mais elle est pieds et poings liés, comme en 1994 au Rwanda […]. Par moment, les rebelles sont parfaitement libres de circuler ou de tirer sur les troupes de l’ONU », avait-il fustigé. Depuis la visite de Paul Kagame à Bangui, en octobre 2019, la coopération s’est aussi étendue au domaine économique, avec la signature de plusieurs accords, notamment dans le secteur minier, et avec l’implantation prochaine du puissant fonds d’investissement Crystal Ventures.

Avec Jeune Afrique par Romain Gras