
La Ville d’Ottawa annonce un accord partiel avec les manifestants afin que les camions quittent les zones résidentielles du centre-ville au cours des 24 prochaines heures. Photo : La Presse Canadienne/Justin Tang
La Ville d’Ottawa a indiqué dimanche être parvenue à s’entendre avec une leader du mouvement de protestation contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 afin de retirer les camions lourds des manifestants des zones résidentielles et d’une partie du centre-ville d’ici les 24 prochaines heures.
Des centaines de camions occupent le centre-ville de la capitale depuis 17 jours.
Pour moi, la priorité, c’est de protéger les résidents qui habitent dans les quartiers résidentiels de la ville d’Ottawa […]. Entre 10 000 et 15 000 personnes habitent dans le centre-ville et dans la basse-ville d’Ottawa. À titre de maire d’Ottawa, c’est important pour moi de continuer à aider les résidents dans ces secteurs
, a commenté le maire à propos de cet accord lors d’une entrevue accordée à Radio-Canada dimanche en fin de journée.
« Nous avons un problème très sérieux et un grand défi, et c’est nécessaire que les camions quittent les secteurs résidentiels tout de suite pour restaurer un peu la paix dans la communauté d’Ottawa. »— Une citation de Jim Watson, maire d’Ottawa
Le maire Watson a déclaré que les négociations sont entamées depuis trois ou quatre jours avec des représentants de manifestants. Le dialogue se poursuit grâce à un intermédiaire, a-t-il dit.
Début de dialogue
Dans une lettre adressée à Tamara Lich, une des leaders du mouvement, le maire d’Ottawa a exigé le départ des camions qui se trouvent dans les quartiers résidentiels.
Je veux voir des preuves claires que le convoi de camions quittera les zones résidentielles avant midi le lundi 14 février. Je vous demande de collaborer avec les autorités pour protéger les communautés adjacentes à la sortie du convoi
, a écrit le maire Watson dans une missive datée du 12 février.
Mme Lich a répondu avec ouverture, indiquant au maire Watson que des efforts seront déployés afin de répondre à sa demande. Les camionneurs restent toutefois à convaincre.
Tamara Lich, une des leaders du mouvement de protestation contre les mesures sanitaires à Ottawa. Photo : Radio-Canada/Frédéric Pepin
Le « Convoi de la liberté » est d’accord avec votre demande de réduire la pression sur les résidents et sur les entreprises de la ville d’Ottawa. Nous avons élaboré un plan pour consolider nos efforts de protestation autour de la colline du Parlement. Nous travaillerons fort au cours des 24 prochaines heures pour obtenir l’adhésion des camionneurs. Nous espérons commencer à déplacer nos camions lundi
, s’est-elle engagée.
Dans sa lettre, le maire Watson fait valoir que les résidents sont épuisés et à bout de nerfs et que les petites entreprises touchées par les manifestations sont sur le point de devoir fermer de façon définitive.
Le maire d’Ottawa a précisément demandé que les camions quittent les quartiers résidentiels au sud de la rue Wellington ainsi que dans toutes les zones résidentielles, y compris le Marché By et le stade de baseball d’Ottawa, sur l’avenue Coventry, où un campement de manifestants s’est organisé.
Des centaines de camions sont stationnés à Ottawa depuis plus de deux semaine. Photo : Radio-Canada/Alexis Tremblay
Du même souffle, le maire Watson a demandé aux leaders et aux organisateurs de cesser d’inciter davantage de gens à se mobiliser au centre-ville d’Ottawa afin de faciliter le déplacement des quelque 400 camions dans la capitale fédérale.
L’opération pourrait prendre entre 24 à 72 heures, a dit estimer le maire dans ses échanges avec Tamara Lich, qui se décrit comme la présidente du Convoi de la liberté
.
Certains véhicules ne quitteront pas la ville mais pourraient donc être déplacés vers la promenade Sir-John-A.-Macdonald, où de nombreux camions sont déjà garés depuis le premier jour des manifestations, le 28 janvier.
M. Watson espère voir les camions bouger à compter de lundi. Les services policiers pourraient prendre part à l’opération.
Le maire s’est également engagé à rencontrer en personne Mme Lich en temps opportun
si ces engagements sont respectés.
Des camionneurs à convaincre
Certains manifestants restent toutefois à convaincre. Par exemple, Tyler Armstrong, venu à Ottawa à bord de son camion, n’a pas l’intention de bouger.
Tyler Armstrong, un manifestant contre les mesures sanitaires, n’a pas l’intention de déplacer son camion avant d’avoir été entendu. Photo : Radio-Canada
Les gens savent que nous resterons ici. Ils savent que nous n’allons pas partir. Je ne partirai pas tant que nous n’aurons pas ce que nous voulons
, a-t-il lancé.
D’autres manifestants, comme Michel Houde, se disent prêts à mettre de l’eau dans leur vin.
Quand je suis parti de chez moi, ce n’était pas ça, mon but, de paralyser la ville. Je pense que c’est une bonne idée que tout le monde soit concentré [sur la colline du Parlement]. Si tout le monde avait été concentré [devant le parlement] dès le départ, des injonctions pour le bruit, il n’y en aurait probablement pas eu
, a déclaré M. Houle.
« L’idée, ce n’était pas d’écœurer les citoyens. C’était de venir devant le parlement pour que [Justin] Trudeau voie que nous sommes là et qu’on veut que ça change. »— Une citation de Michel Houde, manifestant
Par ailleurs, plusieurs contre-manifestants se sont réunis dimanche matin et se sont installés à des intersections du centre-ville afin de bloquer un convoi de manifestants. Dimanche après-midi, des camions du convoi, escortés par des policiers, quittaient les lieux en petit nombre.
Par Radio-Canada avec les informations de Fred Pépin et d’Héloïse Rodriguez-Qizilbash