À Connor et Noah
Mon cœur est fou de chagrin
Déjà sont passés des soirs et des matins
Ployés sous mon immense douleur
Chargés de leur immense douceur
Elle me coupe comme une lame me scie
Une lame d’une mer houleuse, en furie.
Elle me ballote, m’emporte comme une vague
Et me laisse échouée sur la plage, algue
Sans amarre, éperdue, déchiquetée
Perdue dans les flots violents et denses
D’un écho qui va et revient, va et revient
Écho ravageur de ma terrible souffrance :
Pourquoi, pourquoi, pourquoi, pourquoi?
O ciel! O ciel! O ciel mes deux trésors
Étouffés. Par un python, mis à mort?
Qui me rendra mes deux garçons?
Qui me rendra mes deux garçons?
Je tourne et retourne bouleversée
Les pourquoi qui résonnent lancinants
Dans le tsunami de mon cœur déboussolé.
Dieu toi qui règnes dans les cieux immenses
Pardonne, pardonne le tort qui est le mien
Pardonne à une mère affolée, aux abois,
Pardonne. O Dieu à tes pieds je me jette
Brisée, vaincue. Déboussolée je reste et guette
Leurs pas connus figés dans mon cœur. Leurs voix
Encore à mes oreilles résonnent, m’appellent
Leurs doux rires résonnent, m’interpellent
Et je réponds échevelée, courbée: je viens, tendres enfants…
Désormais une loque sur la terre des vivants
Je demeure. Mes os gémissent, craquent, rompus
À l’idée de votre longue, longue absence que trace, irrésolu
Le mystère inénarrable des vos dernières minutes.
Dieu, à tes pieds je me jette, mon cœur en miettes chute
De cette chute vertigineuse que plus rien n’arrêtera
À tes pieds, éperdue, je me brise tendant vers toi mes bras
Avides et remplis de leurs souvenirs, de la chaleur de leurs pas.
Dans ton palais céleste, Dieu de grâce infinie ne les oublie pas.
Marie-Léontine Tsibinda