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Congo/Enseignement: les élèves suivront des cours à travers « Ecole à domicile média »

octobre 14, 2020

La chaîne éducative, qui va assurer la continuité pédagogique, a été officiellement mise en service par la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’Education, la science, la culture (Unesco), Audrey Azoulay, le 14 octobre à Brazzaville au lycée de la Révolution où le média est installé.

La directrice générale de l’Unesco et le ministre Collinet Makosso sur le plateau

Plate-forme d’hébergement et de diffusion, la chaîne « Ecole à domicile média » qui combine web, radio et télévision diffusera non seulement les cours mais aussi les émissions et documentaires éducatifs en cette période où les enseignements se font en présentiel et en distanciel, a expliqué le ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et de l’Alphabétisation, Anatole Collinet Makosso, lors du lancement officiel dudit média.

Le plateau technique de cette chaîne est disposé de façon à permettre l’interactivité par webinaire.

Un studio pour la diffusion en direct et en différé où se font également des simulations et les enregistrements. « Ce média annonce une grande révolution dans la gouvernance scolaire », a indiqué le ministre Anatole Collinet Makosso.

Il a, par ailleurs, indiqué que le gouvernement a résolu de capitaliser toutes les approches expérimentées lors du confinement pour donner un sens à l’éducation non formelle comme dispositif devant compléter l’éducation formelle. L’approche pédagogique de « Ecole à domicile », qui privilégiait les élèves en classe d’examen, a permis à 28 556 jeunes de décrocher le baccalauréat et 55 338 à empocher le Brevet d’études du premier cycle.

« Je salue les efforts consentis par le Congo dans le maintien des apprentissages pendant les moments forts de la pandémie, la volonté de ne pas laisser tomber l’éducation », a déclaré, pour sa part, la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.

La diplomate onusienne, en séjour de travail à Brazzaville, a également souligné la nécessité de prendre en compte les élèves vivant dans les zones rurales, s’agissant de l’enseignement à distance.

Le schéma prévu par le ministère de l’Enseignement, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation prévoit les cours polycopiés et les cahiers d’activités à mettre à la disposition des élèves, y compris ceux qui sont dans des zones rurales de sorte à garantir une éducation de qualité à tous les enfants du pays, à en croire le ministre Anatole Collinet Makosso.

Avec Adiac-Congo par Rominique Makaya.

France: Mort d’André Rousselet, fondateur de Canal+

mai 29, 2016

André Rousselet est mort le 29 mai à l’âge de 93 ans.

André Rousselet est mort le 29 mai à l’âge de 93 ans. PIERRE GUILLAUD / AFP
Homme d’influence aux vies multiples, grand argentier du Parti socialiste, directeur de cabinet puis exécuteur testamentaire de François Mitterrand, André Rousselet est mort dimanche 29 mai à l’âge de 93 ans.

D’une fidélité absolue à l’ancien président de la République, cette amitié lui a aussi permis de devenir un homme d’affaires avisé et de consolider ses entreprises. Il a ainsi métamorphosé la compagnie de taxis G7 en un empire extrêmement rentable. Ou encore fondé en 1984, à 62 ans, Canal+, la première chaîne de télévision payante de l’Hexagone. Toujours en bâtissant et protégeant, grâce à ses appuis politiques et son sens des affaires, des monopoles solides comme des forteresses. Sa seule tentative infructueuse fut celle de devenir un patron de presse. Il s’intéressa aussi à l’art contemporain en finançant, de façon assez discrète, la Galerie de France.

Adolescence pétainiste

Hâlé toute l’année, le front haut, le visage ovale, le regard perçant, André Rousselet ressemblait à une sculpture d’Alberto Giacometti. Il dégageait une prestance de condottiere. Parfois délicieusement drôle, charmeur, l’œil malicieux, l’humour caustique, il savait changer du tout au tout pour devenir glacial et d’une cruauté sans appel. Capable de lancer un trait si blessant à un adversaire qu’il le laissait sans voix. Deux versants d’un personnage complexe, autoritaire, arrogant, que tous ses collaborateurs ont toujours appelé « Président ». Avec une crainte mêlée de fascination.

Il est né à Nancy le 22 octobre 1922 et sa famille s’installera à Paris dix ans plus tard. Bourreau de travail, son père, Marcel Rousselet, haut magistrat, écrit d’une plume alerte de nombreux précis de droit qui sont restés de grands classiques pour les étudiants. Le frère d’André Rousselet, Jean, très brillant, devint un pédiatre rénommé, auteur d’un ouvrage au titre délicieusement provocateur : L’Allergie au travail. André Rousselet n’est pas, lui, loin s’en faut, un élève doué mais décroche tout de même son baccalauréat, en option philosophie en 1940, à Limoges, puisque sa famille a dû quitter leur appartement qui avait été bombardé.

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André Rousselet ne cache pas à ses proches qu’il était pétainiste vers 16 ans, c’est ce qui l’a rapproché plus tard de Robert Hersant ou lui a également permis de mieux comprendre François Mitterrand. Inscrit en droit, André Rousselet est tenté par l’expérience d’Uriage, fin 1942, où il fait un passage éclair avant de préfèrer rentrer à Paris passer sa licence de droit. Pour éviter le Service du travail obligatoire (STO), son père lui trouve un emploi en Alsace qui ne durera pas. Ramassé par les Allemands, André Rousselet est pourtant expédié dans une petite ville allemande où il restera captif pendant dix-huit mois, à travailler dans une usine et dormir dans des baraquements. De retour à Paris en 1944, après la Libération, il termine sa licence de droit . Mais au lieu de passer le barreau, André Rousselet réussit le concours d’intégration à l’administration préfectorale, avant même que le concours de l’ENA ne soit créé.

Incorruptible

Il obtient sa première affectation en Ariège, puis dans l’Aube avant d’être nommé sous-préfet dans le Gers. C’est à Pointe-à-Pître en Guadeloupe – où il tombe amoureux et où naît sa fille Evelyne – en 1952 qu’il se forge la réputation de sous-préfet incorruptible. Ce fonctionnaire met fin à un système de fraude électorale pratiqué par une gloire locale, Maurice Satineau. Ce haut fait n’améliore pas sa carrière puisqu’il est placardisé dans l’Indre, à Issoudun. Lorsque François Mitterrand, tout juste installé place Beauvau en juin 1954 cherche un jeune sous-préfet pour l’épauler dans son cabinet, la candidature d’André Rousselet est retenue comme par défaut. Maurice Satineau était en effet un ennemi juré de François Mitterrand. Ce sera le début d’une amitié sans faille avec le président de l’USDR et également avec son chef de cabinet, Georges Dayan. Fait notable, André Rousselet est recruté fin juin 1954 par le sulfureux Jean-Paul Martin, grand ami de René Bousquet.

La carrière d’André Rousselet le rapproche de François Mitterrand. Ses amours aussi. Le 11 décembre 1964, le sous-préfet se marie à Angoulême avec Catherine Rogé, dont le père était un ami de François Mitterrand. Ils auront trois fils, Nicolas, Philippe et Olivier, mort quelques jours après sa naissance.

André Rousselet se découvre des talents d’homme d’affaires, sur le tard, et presque par défaut. A 36 ans, il est obligé de mettre fin provisoirement à ses ambitions politiques. Il entre par la petite porte chez Simca, alors le premier constructeur automobile français, détenu d’une main de fer par Henri-Théodore Pigozzi. A l’étroit dans un emploi subalterne, André Rousselet propose de racheter la G7, qui perdait 150 millions de francs, au patron de Simca. D’abord à la tête de 150 taxis, il va, pour un investissement très modeste, en détenir 2 000, après avoir scindé la G7 en sept entités et revendu les parts au prix fort à six associés.

L’aventure Canal Plouf

A l’époque, tout comme l’eau, l’électricité, la télévision – qui nécessitent l’attribution de concessions, de licences ou de fréquences – les taxis ne peuvent prospérer qu’à l’ombre de la puissance publique. André Rousselet partage les mêmes intérêts corporatistes que son concurent dans les taxis, Pierre Juillet, éminence grise de Georges Pompidou. Des coups de pouce législatifs des gouvernements de droite comme de gauche favorisent leurs entreprises. Ainsi, en 1982, quand André Rousselet occupe la fonction de directeur de cabinet de François Mitterrand, le carburant sera détaxé pour les taxis. En quinze ans, de 1985 à 2000, le prix des plaques de ces véhicules s’est envolé.

La G7 se diversifie, avec la reprise de ses concurrents les Taxis Bleus, puis grandit encore dans les transports routiers, le stockage ou les remorqueurs portuaires Les Abeilles. Voire même la Galerie de France – qu’André Rousselet a confiée à Catherine Thieck, qui lui insuffle un goût pour l’art contemporain. Pour étoffer encore son empire personnel, il acquiert la société de location de véhicules Ada en 1994, qui connaîtra des hauts et des bas. Cette frénésie d’expansion est stoppée par l’échec de la reprise de la compagnie maritime CGM.

Lancer une télévision payante dans les années 1980 semble une idée bien farfelue, d’autant plus que le petit écran est définitivement à la botte du pouvoir politique. L’aventure de Canal+ naîtra dans le plus grand scepticisme chez Havas. François Mitterrand a placé son ami à la tête de cette entreprise publque, assez opaque dans son fonctionnement. André Rousselet n’accorde aucune confiance à la toute petite équipe chargée du développement (Leo Scheer, Antoine Lefebure, Marc Tessier, Jacques Driencourt…). Elle a travaillé sur un projet de quatrième chaîne, cryptée, hertzienne, à péage, axée sur le cinéma et les divertissements. André Rousselet la fera sienne. Il débauche Pierre Lescure d’Antenne 2 mais a toutes les peines du monde à réunir un tour de table. Malgré tout, la chaîne est lancée le 4 novembre 1984.

Les débuts sont éprouvants et Canal+ – surnommé Canal Plouf – a failli disparaître avec l’arrivée de deux nouvelles chaînes privées et d’une armada de chaînes locales. Le gouffre financier s’accentue, la menace de banqueroute est réelle. François Mitterrand va lui sauver la mise, contre l’avis de son premier ministre, Laurent Fabius, et de celui du patron de Schlumberger, Jean Riboud, qui rêvait de récupérer la fréquence pour en faire un CBS à la française.

« Edouard m’a tuer »

La grande force de Canal+ est de créer et de défendre une position dominante dans la télévision payante, en vendant les abonnements très chers (six fois plus que ses homologues américains), en finançant directement le cinéma et en achetant les droits des retransmissions sportives et des films à caractère pronographiques. La chaîne s’est également renforcée en contrôlant la norme fermée de ses décodeurs. André Rousselet crée en moins de dix ans un groupe audiovisuel international envié, très rentable, diversifié dans les chaînes thématiques, la production audiovisuelle et cinématographique. Certaines aventures, comme l’investissement dans la société américaine de production de films Carolco ou Tele Più, sa chaîne italienne, s’avèrent toutefois désastreux.

En 1994, alors que la loi Carignon permet à un même actionnaire de porter le plafond de sa participation de 25 à 49 % dans les chaînes privées, André Rousselet ne voit pas venir son éviction. Havas, la Générale des Eaux et la Société générale verrouillent un pacte qui le marginalisent. Le PDG de Canal+ démissionne avec fracas du conseil d’administration d’Havas. Il publie dans Le Monde une tribune titrée « Edouard m’a tuer », en forme de réquisitoire contre le premier ministre en place, Edouard Balladur, juste après avoir démissionné de la présidence de Canal+. Pierre Lescure, lui, fait le choix de rester.

Après avoir tenté en vain en 1976 de lancer un magazine sportif et de racheter France Soir, André Rousselet revient à la presse après son départ fracassant de Canal+. Il investit dans le quotidien Infomatin en 1994, avec le dessein de s’opposer à Edouard Balladur, en course pour la présidentielle de 1995. Une incompréhension totale l’oppose à la rédaction, et l’expérience se finit par un fiasco financier. Le quotidien dépose le bilan le 8 janvier 1996. Le jour de la mort de François Mitterrand.

Lemonde.fr par  Nicole Vulser Journaliste au Monde