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Coupe du monde 2022 : les talibans auraient investi dans les chantiers du Qatar

novembre 27, 2022

Certains membres des talibans se seraient largement enrichis en louant du matériel pour construire des stades, selon « The Daily Telegraph ».

Certains dignitaires se faisaient l'equivalent de 11 000 euros par machine par mois, et pouvaient en posseder une dizaine.
Certains dignitaires se faisaient l’équivalent de 11 000 euros par machine par mois, et pouvaient en posséder une dizaine.© YOMIURI SHIMBUN / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

Derrière les stades du Qatar, l’ombre des talibans. Selon le journal britannique The Daily Telegraph, certains responsables talibans auraient gagné des millions grâce à la Coupe du monde. Profitant de confortables salaires touchés pour être présents sur le territoire qatarien et participer à des négociations de cessez-le-feu concernant la guerre en Afghanistan, ces hauts dignitaires auraient acheté des engins qu’ils auraient ensuite loués aux constructeurs des stades. « Certains membres talibans avaient chacun entre six et dix pièces de machinerie lourde à Doha et gagnaient jusqu’à 10 000 £ (l’équivalent de plus de 11 000 €, NDLR) par machine et par mois », affirme la source de nos confrères

Parmi ces dignitaires figurerait notamment Haji Ahmad Jan, ministre du Pétrole et des Mines en Afghanistan entre 1996 et 2001. Un ancien diplomate afghan confie : « C’était un secret de polichinelle à l’ambassade d’Afghanistan à Doha que l’équipe de négociation et le bureau politique des talibans étaient bien payés par le régime qatari et ils ont investi ces salaires dans des équipements de construction pour la Coupe du monde. » Interrogés, les Qataris ont affirmé que les paiements mensuels, qui ont permis donc l’achat de machinerie, étaient « contrôlés en coordination » avec les États-Unis, « y compris les montants totaux et comment et où ils ont été dépensés ».

Des maisons de la taille de « petits châteaux »

Au Qatar, ces diplomates étaient déjà très bien lotis : les autorités qatariennes versaient une allocation mensuelle de plusieurs milliers d’euros et leur avaient fourni SUV de luxe, soins et nourritures gratuits. Ils se sont donc rajouté un salaire de quelques millions, et ont voulu partager la combine à d’autres dignitaires : « grâce à leur réseau, les talibans levaient aussi des fonds auprès d’Afghans installés dans d’autres pays arabes en leur promettant que l’argent serait investi dans les chantiers de la Coupe du monde ».

Si l’idée n’a rien d’illégal, comme le rappelle le Daily Telegraph, la participation des talibans à la construction des stades rajoute une pierre dans le jardin des polémiques dans cette Coupe du monde.

Par Le Point.fr

Côte d’Ivoire: chantiers (encore) en cours

décembre 20, 2017

 

Le chef de l’État et son Premier ministre (à g.), le 16 janvier. © Sia KAMBOU/AFP

À peine le gouvernement Gon Coulibaly était-il installé que les grèves, les mutineries et la baisse des cours du cacao bouleversaient ses priorités. Passé ces turbulences, il remet le cap sur les grands projets qu’Alassane Ouattara a promis de mener à bien avant l’échéance de son deuxième mandat.

C’est bientôt l’heure du bilan. Déjà. Celle où l’on décerne les bons et les mauvais points. Investi à la tête du pays en mai 2011, à l’issue d’un bras de fer politico-militaire ­postélectoral, Alassane Dramane Ouattara (ADO) achèvera son deuxième mandat en octobre 2020. Après avoir annoncé qu’il ne se représenterait pas, le chef de l’État maintient désormais le suspense.

Comme si, alors que les débats autour de sa succession commençaient à animer les discussions et à faire poindre les rivalités, il voulait contrôler l’agenda et remettre la gouvernance au cœur des priorités. Si le contexte politique et les indicateurs socio-économiques n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient en 2011, la Côte d’Ivoire reste un pays en reconstruction, et les défis ne manquent pas.

En 2015, il avait fait de « l’Ivoirien nouveau » son grand thème de campagne. Il avait promis d’axer ses efforts sur la transformation de l’économie, sur les jeunes et les femmes, sur la lutte contre la corruption et sur la réconciliation. Après une première année de quinquennat très politique, consacrée notamment à la mise en place de la nouvelle Constitution, ADO espérait que les autres grands projets de son programme progressent en 2017. Mais les choses ne se sont pas déroulées comme il l’escomptait.

Plan d’actions prioritaires

Mutineries dans l’armée, grèves dans la fonction publique, crise du secteur du cacao et tensions au sein de la coalition au pouvoir ont rythmé l’année. Nommé mi-janvier, le gouvernement du Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly, s’est installé dans un climat peu propice à la mise en place du Plan d’actions prioritaires (PAP).

Chacun dispose désormais d’une feuille de route précise, déclinant les grandes orientations de son portefeuille d’ici à 2020

L’adoption de ce dernier, en avril, a néanmoins permis de fluidifier le travail des ministres. Chacun dispose désormais d’une feuille de route précise, déclinant les grandes orientations de son portefeuille d’ici à 2020 à travers quelque 150 mesures, parfois très générales, dont un important volet infrastructures.

« Nous espérons que les soubresauts sont derrière nous et que l’on va pouvoir enfin se concentrer sur les trois axes majeurs de la politique du chef de l’État : l’amélioration des conditions de vie des Ivoiriens, la sécurité et l’éducation, explique Mamadou Touré, le secrétaire d’État chargé de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle. Le Premier ministre souhaite multiplier les inaugurations de grands projets. »

Une question de sécurité

L’année 2018 devrait être marquée par l’ouverture officielle de l’université de San Pedro et le début des travaux de celle de Bondoukou, dans le nord-est du pays. Le gouvernement compte en effet poursuivre la politique de grands chantiers qu’il a lancée ces derniers mois afin, notamment, d’assurer une meilleure redistribution des richesses.

Pour un certain nombre d’observateurs, les mutineries qui ont frappé le pays sont révélatrices d’un climat d’impunité

Dans un contexte économique compliqué, sur fond d’effondrement des cours du cacao, les autorités sont par ailleurs attendues au tournant sur la question de la lutte contre la corruption. La création, début novembre, d’un pôle pénal financier chargé de la lutte contre la corruption, le blanchiment d’argent et la criminalité financière a d’ailleurs reçu un accueil mitigé de la part des Ivoiriens tant les initiatives précédentes ont eu peu d’impact.

Autre point essentiel : la poursuite de la réforme du secteur de la sécurité. Pour un certain nombre d’observateurs, les mutineries qui ont frappé le pays sont révélatrices d’un climat d’impunité. « Elles ont exposé un défaut majeur dans le renouveau de la Côte d’Ivoire : un profond problème d’impunité, produit d’un échec de longue date à maîtriser une armée non réformée, estime Jim Wormington, chercheur pour Human Rights Watch. Plusieurs commandants impliqués dans de graves abus pendant le conflit armé puis, de nouveau, pendant la crise postélectorale se sont vu octroyer une promotion au mois de janvier.

Nombreux sont les commandants qui détiennent encore des dépôts d’armes privés [semblables à la cache découverte par les mutins en mai], sans qu’aucun fasse l’objet de sanctions, et des éléments au sein des forces de sécurité continuent à extorquer de l’argent aux barrages routiers, même si ces pratiques se limitent désormais surtout aux axes secondaires. »

Plus de justice

La question de l’impunité appelle celle de la justice. Bien que le président Ouattara ait toujours affirmé vouloir « laisser la justice faire son travail », certains l’accusent de favoriser celle des vainqueurs.

Si de nombreux anciens comzones (chefs de guerre de la rébellion) ont été inculpés, les procédures sont au point mort

En effet, si de nombreux anciens comzones (chefs de guerre de la rébellion) ont été inculpés, les procédures sont au point mort. Mais la Cellule spéciale d’enquête relative à la crise postélectorale, créée en juin 2011, doit achever sa phase d’instruction l’an prochain. Si ce calendrier est respecté, 2018 sera l’année de l’ouverture de procès nationaux.

Si ce n’est pas le cas, le débat autour de la Cour pénale internationale (CPI) pourrait être relancé. Outre Simone Gbagbo (déjà jugée en Côte d’Ivoire), la CPI souhaite que certains ex-comzones soient transférés à La Haye. « La Cour a intensifié ses enquêtes en 2017. Elle est prête. Et ses dossiers concernant les pro-ADO sont parfois mieux ficelés que ceux des pro-Gbagbo », conclut une source judiciaire ivoirienne.

Jeuneafrique.com par – Envoyé spécial à Abidjan