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Turquie : quatre journalistes de Charlie Hebdo inculpés pour «insulte» à Erdogan

mars 26, 2021

Les quatre journalistes sont accusés d’avoir insulté le président turc dans une caricature publiée l’an dernier. Un procureur demande jusqu’à quatre ans d’emprisonnement.

Un procureur turc a réclamé vendredi 26 mars jusqu’à quatre ans d’emprisonnement contre quatre collaborateurs de l’hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo qu’il accuse d’avoir «insulté» le président Recep Tayyip Erdogan dans une caricature publiée l’an dernier.

Selon l’agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre collaborateurs de Charlie Hebdo inculpés sont la caricaturiste Alice Petit et trois responsables du célèbre hebdomadaire, Gérard Biard, Julien Sérignac et Laurent Sourisseau, dit Riss. La publication de cette caricature, en octobre, avait suscité la colère de Recep Tayyip Erdogan dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre Ankara et Paris. On y voyait l’autoritaire président turc dessiné en slip, bière à la main, soulevant la robe d’une femme voilée en s’écriant: «Ouuuh ! Le prophète !».

«Vulgaire, obscène et déshonorant»

Dans son acte d’accusation, qui doit encore formellement être accepté par un tribunal pour que s’ouvre un procès, le procureur turc estime que cette caricature «n’entre d’aucune manière dans le cadre de la liberté d’expression ou de la presse», qualifiant le dessin de presse de «vulgaire, obscène et déshonorant». Après la parution de cette caricature, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé une «attaque ignoble» commise par des «vauriens».

Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, Recep Tayyip Erdogan accusant notamment le président français Emmanuel Macron d’«islamophobie» pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet. L’annonce de l’inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient par ailleurs quelques jours après qu’Emmanuel Macron a accusé la Turquie d’«ingérence» et en pleine polémique en France sur le financement d’une mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg (est).

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé vendredi les poursuites contre les collaborateurs de Charlie Hebdo, accusant Ankara de vouloir «élargir la censure au-delà de la Turquie». Régulièrement épinglée par les ONG, la Turquie est classée à la 154e position sur 180 dans l’index de la liberté de la presse publié par RSF. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias d’opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays.

Par Le Figaro avec AFP

Militaires tués : Charlie Hebdo défend son «esprit satirique»

décembre 1, 2019

Riss, le directeur de l’hebdomadaire, a reconnu dans une lettre au chef d’état-major de l’armée de terre «l’importance du travail (des) soldats français».

Le directeur de Charlie Hebdo a défendu dimanche «l’esprit satirique» du journal tout en reconnaissant «l’importance du travail (des) soldats français pour lutter contre le terrorisme», dans une lettre au chef d’état-major de l’armée de terre, qui avait critiqué la publication de dessins sur la mort de 13 militaires français au Mali.

A la veille de l’hommage national aux militaires tués dans un accident d’hélicoptères, Riss écrit que «notre journal se doit de rester fidèle à son esprit satirique, parfois provocateur». «Cependant, je tenais à vous dire que nous sommes conscients de l’importance du travail effectué par les soldats français pour lutter contre le terrorisme,» poursuit le patron de l’hebdomadaire, lui-même blessé en janvier 2015 lors de l’attaque terroriste contre le journal.

Tradition antimilitariste

Après l’accident des militaires, l’hebdomadaire à la longue tradition antimilitariste a publié en ligne cinq dessins associant ces décès à une campagne de recrutement récemment lancée par l’armée française. L’un montre ainsi le président Emmanuel Macron debout devant un cercueil recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge et surmonté d’un des slogans de cette campagne: «J’ai rejoint les rangs pour sortir du lot».

Dans une lettre ouverte à Riss, le général Thierry Burkhard, patron de l’armée de terre, à laquelle appartenaient les victimes engagées dans l’opération anti-jihadistes Barkhane, s’était indigné que «le temps du deuil de ces familles a été sali par des caricatures terriblement outrageantes dont votre journal a assuré la diffusion».

Il avait, «avec sincérité et humilité», invité Riss «à (se) joindre à nous ce jour-là, pour leur témoigner vous aussi, qui avez souffert dans votre chair de l’idéologie et de la terreur, la reconnaissance qu’ils méritent».

Esprit «provocateur»

Dans sa réponse, transmise à l’AFP, Riss «exprime (ses) condoléances aux familles et aux proches endeuillés» et remercie le général pour son invitation à la cérémonie aux Invalides, «à laquelle (il) ne pourra cependant pas assister».

«Nous savons que leur mission (des soldats français) est difficile et qu’ils font face à des ennemis sans pitié. Ces dessins n’avaient pas pour but de douter de leur courage et de leur détermination», ajoute-t-il. «Mais notre journal se doit de rester fidèle à son esprit satirique, parfois provocateur. Cela ne signifie nullement qu’il mésestime le dévouement de ceux qui se battent pour défendre des valeurs au service de tous. Nous tenions à vous le dire ainsi qu’aux familles des victimes,» conclut-il.

Par Le Figaro.fr avec AFP

France: Le caricaturiste Siné est mort à l’âge de 87 ans

mai 5, 2016

Siné, le 9 septembre 2008.
Siné, le 9 septembre 2008. MARTIN BUREAU/AFP
La page Facebook officielle de Siné Mensuel annonce que le caricaturiste français Maurice Sinet, plus connu sous le nom de Siné, est mort ce jeudi matin « à l’hôpital Bichat des suites d’une opération »

« Il devait subir cette nuit une grave opération du poumon », a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat de la famille, Dominique Tricaud. « Mais même gravement malade il avait encore dessiné lui-même la dernière couverture de Siné Mensuel », a-t-il ajouté.

Mercredi, Siné s’exprimait sur le site de Siné Mensuel à propos de sa maladie dans une tribune intitulée « Ça m’énerve grave » :

 « Depuis quelque temps, vous avez dû remarquer que je ne nageais pas dans une joie de vivre dionysiaque ni dans un optimisme à tous crins, ce qui est pourtant mon penchant habituel. Je ne pense, depuis quelque temps, qu’à ma disparition prochaine, sinon imminente, et sens la mort qui rôde et fouine sans arrêt autour de moi comme un cochon truffier. (…) C’est horriblement chiant de ne penser obsessionnellement qu’à sa mort qui approche, à ses futures obsèques et au chagrin de ses proches. »

Un cactus en forme de doigt d’honneur

Le caricaturiste avait déjà tout prévu. Il y a quelques années, il avait en effet acheté sa sépulture, qui se trouve dans la 30e division du cimetière de Montmartre, à Paris. Un bronze représentant un cactus en forme de doigt d’honneur surmonte un caveau pouvant accueillir jusqu’à 60 urnes funéraires. Une épitaphe a été gravée sur le socle : « Mourir ? Plutôt crever ! »

Rédigé lors d’un séjour à l’hôpital il y a quelques années, un texte intitulé « Mes dernières volontés » va jusqu’à préciser le nom du producteur du beaujolais qui sera offert aux convives lors de ses funérailles. Le vieil anar y parle aussi de… réincarnation, puisqu’il se voit renaître dans la peau d’un bonobo.

Siné faisait aussi savoir qu’il avait déjà établi une liste de CD qu’il aimerait avoir à son côté quand il serait six pieds sous terre. On y trouve principalement de la musique noire américaine : Nina Simone, Ray Charles, Otis Redding, Dizzy Gillespie, Count Basie, Billie Holiday…

Lire aussi :   Au cimetière de Montmartre, Siné a son petit paradis

Figure historique de « Charlie Hebdo »

Avant de fonder son journal, Siné avait été une figure historique de Charlie Hebdo. Mais, taxé d’antisémitisme, ce qu’il réfutait, il fut écarté en 2008 de l’hebdomadaire par le directeur de la publication Philippe Val.

L’affaire, qui fit grand bruit, était partie d’une chronique dans laquelle Siné ironisait sur la conversion éventuelle de Jean Sarkozy, fils du président, au judaïsme avant son mariage avec la fille du fondateur des magasins Darty. Journalistes et intellectuels s’étaient alors divisés entre pro-Val et pro-Siné.

Siné avait cependant été relaxé par le tribunal correctionnel de Lyon, qui considérait qu’il avait usé de son droit à la satire, et avait fait condamner Charlie Hebdo pour préjudice moral et financier.

Après son départ de Charlie Hebdo, il fonda Siné Hebdo, mais le magazine ferma rapidement. En 2011, en dépit d’ennuis de santé, il lança Siné Mensuel, qui, face à des difficultés financières, a l’an dernier lancé un appel aux dons.

Lemonde.fr

Hommage à Charlie Hebdo: une faute gravée dans le marbre

janvier 5, 2016

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La plaque commémorative, dévoilée ce mardi sur l’ancien bâtiment qui hébergeait les locaux de Charlie Hebdo, comporte une petite coquille. Le nom de l’emblématique dessinateur Georges Wolinski, tué l’an dernier, est écrit avec un « y ». L’erreur est en cours de correction.

Oups. Plusieurs journalistes, présents lors du dévoilement des plaques commémoratives en mémoire des victimes des attentats, ce mardi, ont relevé une petite coquille sur celle apposée contre le mur de l’ancienne rédaction de Charlie Hebdo, rue Nicolas Appert, dans le 11e arrondissement de Paris. Le nom du dessinateur Georges Wolinski, tué le 7 janvier dernier, est orthographié avec un « y ».

Problème: Georges Wolinski s’écrit avec un « i » à la fin. A la suite de la découverte de la coquille, un morceau de tissu noir a été placé sur la plaque avant d’être finalement retiré quelques minutes plus tard. D’après Adrien Gindre, journaliste à BFMTV et présent sur place, l’entreprise qui l’a réalisée va corriger « au mastic » l’erreur avant d’installer une nouvelle plaque « dans les 48 heures ».

La ville pointe une erreur de l’entreprise de gravure

D’où vient l’erreur? Contactée par l’Express, la mairie de Paris pointe une « erreur humaine », « déplorable » de l’entreprise chargée de sa confection et de son marbrier. Car comme le montre la délibération adoptée par la ville, en septembre dernier, qui entérine la création des plaques, et la photo prise lundi par la journaliste de Metronews Aurélie Sarrot, le nom du dessinateur n’était pas écorché sur l’ordinateur du sculpteur.

D’après la ville, qui a validé le BAT, le bon à tirer en octobre, c’est au moment de la réalisation technique de la plaque que le marbrier a commis une erreur. Et a remplacé le « i » par un « y ». « Nous travaillons depuis longtemps avec cette entreprise [dont la ville se refuse à communiquer le nom pour ne pas les exposer, NDLR] et il s’agit évidemment d’une erreur déplorable. Celle-ci s’est engagée à remplacer la plaque dans les 48h », confirme-t-il. Une coquille qui ne remet pas en cause, pour l’heure, la collaboration avec la ville de Paris.

Dès l’heure suivante, l’entreprise s’est rendue sur place et s’est mise au travail derrière une bâche bleue, afin de modifier les inscriptions grâce à du mastic.

Collard accuse le gouvernement

Mais peu importe, pour Gilbert Collard, le député Rassemblement Bleu Marine, proche du Front national. Quelques minutes après la découverte de la coquille, l’élu s’insurge contre cette faute et pointe du doigt la responsabilité… du gouvernement. Gouvernement qui, de près ou de loin, n’y est pas pour grand-chose.

Lexpress.fr par Geoffrey Bonnefoy

Un an après l’attentat, Charlie Hebdo met un Dieu assassin à la Une

janvier 3, 2016

Pour le 1er anniversaire de l’attentat djihadiste qui avait décimé son équipe, le journal satirique français Charlie Hebdo sort mercredi un numéro spécial. Sa Une présente un Dieu barbu et armé d’une kalachnikov, sous ce titre: « 1 an après, l’assassin court toujours ».

Ce numéro doit être tiré à environ un million d’exemplaires, dont des dizaines de milliers expédiés à l’étranger. L’hebdomadaire a reçu une demande importante de certains pays comme l’Allemagne, où les diffuseurs souhaitent recevoir 50’000 unités.

Le numéro spécial comprend un cahier de dessins des caricaturistes disparus – Cabu, Wolinski, Charb, Tignous, Honoré – et de contributeurs extérieurs. Parmi eux, la ministre française de la Culture Fleur Pellerin, des stars comme Isabelle Adjani, Charlotte Gainsbourg, Juliette Binoche, des intellectuels comme Elisabeth Badinter, l’Américain Russell Banks, ou le musicien Ibrahim Maalouf.

Le dessinateur Riss, patron du journal, grièvement blessé le 7 janvier dernier, y signe un éditorial rageur pour défendre la laïcité. Il dénonce les « fanatiques abrutis par le Coran » et les « culs-bénits venus d’autres religions » qui avaient souhaité la mort de ce journal pour « oser rire du religieux ».

Mais « les convictions des athées et des laïcs peuvent déplacer encore plus de montagnes que la foi des croyants », promet-il.

Explosion des ventes
Douze personnes avaient perdu la vie dans l’attaque par des djihadistes de l’hebdomadaire à l’irrévérence assumée envers les religions, qui avait publié des caricatures du prophète Mahomet. Une semaine après l’attentat, le journal avait publié un « numéro des survivants » qui s’était arraché à 7,5 millions d’exemplaires en France et dans le monde.

Avant l’attentat, Charlie Hebdo, qui traversait de grandes difficultés financières, ne se vendait qu’à environ 30’000 exemplaires par semaine. Actuellement, il se vend à quelque 100’000 exemplaires en kiosque, dont 10’000 à l’international, auxquels s’ajoutent 183’000 abonnements.

Dix mois après les attaques contre Charlie Hebdo et une supérette cacher, Paris a connu le 13 novembre de nouveaux attentats djihadistes de grande ampleur, qui ont fait 130 morts, en majorité dans la salle de spectacle du Bataclan.

Romandie.com

« Chérie, je vais à Charlie »: le deuil, la colère et les questions de Maryse Wolinski

décembre 25, 2015

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Maryse Wolinski, veuve de Georges Wolinski, sort le 7 janvier un livre, « Chérie je vais à Charlie ».afp.com/Remy Gabalda

Georges Wolinski a été tué le 7 janvier dernier par les frères Kouachi dans les locaux de Charlie Hebdo. Un an après, sa veuve, Maryse, sort un livre où elle dit la douleur de l’absence et s’interroge sur d’éventuelles failles de sécurité.

La vie sans Georges. Dans Chérie, je vais à Charlie, les derniers mots que Maryse Wolinski a entendu prononcer par son compagnon, Georges Wolinski, la journaliste revient sur l’attentat de Charlie Hebdo du 7 janvier où le dessinateur a trouvé la mort. Elle y rappelle le bonheur de vivre avec Georges, la douleur de son absence, et règle quelques comptes, dénonçant ce qu’elle considère comme des failles de sécurité.

« Quarante-sept années de vie commune fracassées. J’oscille entre insomnies et cauchemars, sidération et déni, enfermement et colère, obsédée par cette question: comment une scène de guerre a-t-elle pu se produire, en France, dans les locaux d’un journal satirique? », écrit Maryse Wolinski qui affirme avoir trempé la plume de son récit, à paraître le 7 janvier au Seuil, dans « la force du chagrin ».
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Le dessinateur Georges Wolinski le 9 février 2011 à Francfort en Allemagne afp.com/Daniel Roland

Journaliste et écrivain, Maryse Wolinski sait prendre la distance nécessaire pour raconter l’attaque des frères Kouachi le matin du 7 janvier contre Charlie Hebdo. Elle a interrogé les témoins et décrit rigoureusement l’enchaînement terrible des événements.

« Georges a été assassiné. Il est mort »

Puis vient le silence de la mort. Ce n’est plus la journaliste qui écrit mais l’épouse. Alors que les tueurs se déchaînent, Maryse Wolinski est, comme chaque mercredi, à son cours de gymnastique. Elle doit ensuite interviewer quelqu’un pour la pièce de théâtre qu’elle est en train d’écrire. Son téléphone portable est éteint. Quand elle le rallume, c’est une explosion de messages. « J’ai la sensation que mon corps ne m’appartient plus ». Elle se souvient de l’insupportable attente des familles. C’est son gendre, Arnault qui lui apprendra au téléphone la sinistre nouvelle: « Georges a été assassiné. Il est mort ».

Juste avant les attentats, les caisses du journal sont vides. Georges Wolinski est las et nostalgique de « l’ambiance rigolarde et fraternelle » du Charlie Hebdo d’antan, celui de Reiser, Gébé, Cavanna et Choron, raconte-t-elle.

Les questions sur son avenir

« Au nom de la liberté d’expression et de la défense de la laïcité, (les responsables de l’hebdomadaire) n’hésitaient pas à faire dans la surenchère », regrette Maryse Wolinski. Pour la direction de Charlie, « l’actualité consistait notamment à malmener le prophète Mahomet et ses adeptes jugés fanatiques, obscurantistes et dangereux », accuse-t-elle.

Faisant état de différends avec Charb, le rédacteur en chef de Charlie, également victime des tueurs djihadistes, Georges Wolinski « se posait des questions sur son avenir professionnel », dit-elle. « Il souhaitait avoir plus de temps pour peindre et écrire, tout en continuant le dessin de presse ». Avant l’attentat, Charlie Hebdo était un journal qui « n’avait sans doute plus d’avenir », soutient Maryse Wolinski qui s’étonne qu’après la tuerie (12 morts), Charlie s’offre « une directrice de la communication, star des stars de la ‘com’, celle qui avait sorti Dominique Strauss-Kahn du mauvais pas que l’on sait ».

Des failles dans la sécurité?

L’épouse de Georges Wolinski estime également que « malgré les menaces », Charlie n’était pas assez protégé. « Qui avait donc pris la décision d’alléger le dispositif de protection, et pourquoi? ». Elle met notamment en cause le syndicat policier Alliance qui, dès avril 2013, a « fait pression sur le gouvernement pour alléger la surveillance de Charlie Hebdo« . Les dispositifs de surveillance statique sont « inefficaces et démotivants », se défend le secrétaire général d’Alliance, Jean-Claude Delage, interrogé par l’AFP, qui prône une surveillance « des lieux sensibles par des patrouilles ».

Maryse Wolinski se demande aussi pourquoi l’équipe avait choisi de s’installer dans un immeuble non sécurisé. C’était une décision « imprudente ». « Il y a eu des failles dans la sécurité de Charlie Hebdo et elles sont nombreuses », déplore-t-elle. « Les autorités policières et les responsables du journal refusaient l’idée que nous étions déjà en guerre ».

Maryse Wolinski se demande encore si les services de la DGSI (sécurité intérieure) ne se seraient pas « laissés berner par les ruses » des djihadistes qui, revenus en France, font tout pour passer inaperçus. Elle pose une question qui résonne dramatiquement après les attentats du 13 novembre: « Combien y a-t-il d’agents dormants dans notre pays? »

L’express.fr avec AFP

Un lycéen menacé de mort après un journal spécial « Charlie Hebdo »

mai 22, 2015

Un jeune Français, rédacteur en chef du journal de son lycée, est l’objet de menaces de mort répétées depuis la publication fin janvier d’un numéro spécial « Charlie Hebdo ». Plusieurs enseignants de son école ont observé un arrêt de travail jeudi en signe de soutien.

En réaction aux attentats de Paris, le jeune homme de 17 ans avait fait paraître le 22 janvier un numéro spécial de « La Mouette bâillonnée », le journal de son lycée à Saint-Maur-des-Fossés, dans la banlieue de Paris. Ce numéro, titré « Je suis Charlie », contenait des billets d’humeur, des poèmes, des dessins, mais aucune caricature de Mahomet.

Dès le lendemain, il découvre dans la boîte aux lettres de la publication une enveloppe contenant la Une du fameux numéro sur laquelle ont été agrafés une croix gammée, un cercueil et une lettre de menaces de mort.

Bien qu’il ait déposé plainte, les menaces de mort se sont poursuivies. Il en a reçu au total sept depuis fin janvier, dont deux comportant une ou plusieurs balles. La dernière, qui remonte à début mai, avait « un goût d’ultimatum », selon lui.

Lycée touché directement par les attaques
Louis, « très affecté psychologiquement », ne « dort que quelques heures par nuit », n’ose « plus sortir seul dans la rue » et se déplace avec « deux bombes lacrymogènes » en permanence sur lui. Chaque soir, il est raccompagné chez lui à la sortie des cours par le proviseur ou son adjointe.

L’établissement a été directement touché par les attaques de janvier puisqu’un élève a perdu son père dans l’attaque contre le siège de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, le correcteur Mustapha Ourrad, tandis que l’oncle d’une élève a été tué par Amédy Coulibaly dans un supermarché casher.

Le 7 janvier, les frères Kouachi ont assassiné 12 personnes au siège de « Charlie Hebdo » et dans leur fuite. Le 8, Amédy Coulibaly a abattu une policière municipale près de Paris, avant d’assassiner le lendemain quatre personnes dans un supermarché. Les trois hommes, qui agissaient au nom de l’islam le plus radical, ont été tués dans les assauts donnés par les forces de l’ordre.

Romandie.com

Le chef d’Al-Qaida qui avait revendiqué l’attentat de Charlie Hebdo est mort

mai 7, 2015

Nasser Al-Ansi, l'un des hauts responsables d'Al-Qaida dans la péninsule arabique, aurait été tué. © AL-MALAHEM MEDIA / AFP

Nasser Al-Ansi, l’un des hauts responsables d’Al-Qaida dans la péninsule arabique, aurait été tué. © AL-MALAHEM MEDIA / AFP

Nasser Al-Ansi avait revendiqué l’attaque terroriste contre l’hebdomadaire, survenue le 7 janvier dernier. Il aurait été tué par un drone américain.

Al-Qaïda au Yémen a affirmé qu’un de ses chefs, Nasser Al-Ansi, avait été tué lors d’une attaque de drone américain. Le haut responsable d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique, Nasser Al-Ansi avait revendiqué au nom du groupe extrémiste l’attaque contre Charlie Hebdo. Ce stratège militaire du réseau extrémiste était apparu dans plusieurs vidéos d’Aqpa. Dans l’une d’elles, diffusée le 14 janvier, il affirmait que son groupe avait mené, par l’intermédiaire des frères Kouachi, l’attaque ayant décimé une semaine plus tôt la rédaction de Charlie Hebdo, pour « venger » Mahomet, caricaturé par le journal satirique français.

Dans une autre vidéo, en décembre 2014, il avait accusé le président américain Barack Obama de porter l’entière responsabilité de la mort de deux otages américain et sud-africain, Luke Somers et Pierre Korkie. Les deux hommes ont péri au Yémen lors d’une opération commando ratée lancée par les Etats-Unis à la veille de l’expiration d’un ultimatum fixé par Aqpa, qui par la voix de Ansi menaçait d’exécuter l’Américain, kidnappé en septembre 2013 dans la capitale yéménite Sanaa.

Les Etats-Unis, seul pays à disposer de drones dans la région

La mort d’Ansi a été annoncée par un responsable d’Aqpa, Abou al-Miqdad al-Kindi (AKA Khaled ben Omar Batarfi), dans une vidéo de 11 minutes diffusée sur Twitter, selon SITE, le centre américain de surveillance des sites islamistes. SITE précise que « selon des informations de presse, Ansi a été tué par un raid de drone à Moukalla, une ville du gouvernorat du Hadramout au Yémen, en avril avec son fils et six autres combattants ». Les Etats-Unis sont le seul pays à disposer de drones dans la région.

Selon une biographie fournie en novembre 2014 par Aqpa, Nasser ben Ali al-Ansi est né en octobre 1975 à Taëz, au Yémen, affirme SITE. Il a participé au « jihad » en Bosnie en 1995, avant de retourner au Yémen puis de se rendre au Cachemire et en Afghanistan. Il avait rencontré le chef d’Al-Qaïda, Oussama ben Laden, –tué depuis– qui l’avait chargé de questions administratives, avant de participer à davantage de camps d’entraînement où il avait excellé. Il a été emprisonné six mois au Yémen puis avait rejoint Aqpa en 2011.

Lepoint.fr avec AFP

Le dessinateur algérien Ali Dilem rejoint l’équipe de « Charlie Hebdo »

février 25, 2015

Ali Dilem est l’un des plus célèbres dessinateurs algériens. © Facebook

Ali Dilem est l’un des plus célèbres dessinateurs algériens. © Facebook

Le célèbre dessinateur de presse algérien Ali Dilem a rejoint la rédaction de « Charlie Hebdo », qui a sorti mercredi son second numéro depuis les attentats de janvier. Un choix audacieux qui ne manquera pas de faire couler beaucoup d’encre en Algérie…

Le nouveau numéro de Charlie Hebdo est arrivé… avec quelques surprises. Tout d’abord, exit le prophète Mahomet. L’hebdomadaire satirique a choisi pour sa « une » un dessin de Luz qui concentre toutes les cibles historiques du journal : l’extrême-droite, les intégristes religieux (dans leur ensemble) et les banquiers… Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et le pape sont notamment grimés en chiens d’attaque, coursant un petit chiot tenant un Charlie Hebdo dans sa gueule. Un numéro qui marque également la première participation du célèbre dessinateur algérien Ali Dilem, du quotidien Liberté. Membre de la fondation Cartooning for Peace, fondée suite à l’affaire des caricatures danoises de Mahomet, celui-ci intègre la rédaction de Charlie Hebdo en compagnie de René Pétillon.

La nouvelle une de Charlie Hebdo sortie le 25 fevrier. © DR

La nouvelle une de Charlie Hebdo sortie le 25 fevrier. © DR

Cible privilégiée du pouvoir algérien et des islamistes

Reconnu au niveau international, Ali Dilem a fait ses armes dans les quotidiens Alger Républicain et Le Matin, avant d’intégrer la rédaction de Liberté où il office depuis presque vingt ans. Fin, impertinent et courageux, ses dessins publiés en dernière page de son journal sont devenus incontournables en Algérie. Mais ses conditions de travail se sont compliquées à mesure que sa notoriété grandisait : menacé de mort par des groupes terroristes islamistes et cible privilégiée du pouvoir algérien, qui l’a poursuivi des dizaines de fois en justice, il vit aujourd’hui dans l’extrême discrétion pour échapper aux innombrables menaces dont il fait l’objet. En 2001, le Code pénal algérien a même adopté une disposition surnommée « amendement Dilem », qui prévoit jusqu’à un an de prison pour offense au président de la République ou aux corps de l’État.

La première caricature de Dilem publiée dans Charlie Hebdo. © DR

La première caricature de Dilem publiée dans Charlie Hebdo. © DR

Un hebdomadaire pas si obsédé par l’islam

Le dessinateur algérien fait donc un choix pour le moins risqué en intégrant la rédaction de Charlie, un journal souvent taxé d’islamophobe dans le monde arabo-musulman en raison de ses nombreuses caricatures du Prophète. Une réputation qui est cependant usurpée, comme vient de le démontrer une étude menée par deux sociologiques et publiée dans le journal Le Monde, daté du 25 février. Celle-ci prouve que l’hebdomadaire satirique s’est en réalité très peu focalisé sur l’islam et les musulmans ces dernières années.

Réalisée par les sociologues Jean-François Mignot et Céline Goffette, l’étude analyse les 523 unes du journal, de janvier 2005 au 7 janvier 2015. Résultat : la religion ne concerne que 7 % des dessins de couverture, loin derrière la politique (64 %), l’actualité économique et sociale (16 %), le sport et le spectacle (8%)… Parmi les 38 unes ayant pour cible la religion, « plus de la moitié vise principalement la religion catholique (21) et moins de 20 % se moquent principalement de l’islam (7). Les juifs, quant à eux, sont toujours raillés aux côtés des fidèles d’au moins une autre religion.

Au total, de 2005 à 2015, seulement 1,3 % des « unes » de Charlie Hebdo se sont moquées principalement de l’islam et de l’intégrisme musulman. L’étude précise toutefois que les unes de l’hebdomadaire ne résument pas à elles seules le journal, mais qu’elles en sont la vitrine.

Jeuneafrique.com par Samir Hamma

Rokhaya Diallo : « La liberté d’expression est à géométrie variable en France »

février 24, 2015

Rokhaya Diallo : 'La déclaration du président du CRIF est ouvertement raciste et islamophobe.'
Rokhaya Diallo : « La déclaration du président du CRIF est ouvertement raciste et islamophobe. » © AFP

La militante et essayiste Rokhaya Diallo, fondatrice du collectif Les Indivisibles, se voit interdite de participer à un débat sur les violences faites aux femmes organisé dans la mairie du XXe arrondissement de Paris, le 3 mars prochain. Une décision qui émane de Frédérique Calandra, la mairie PS de l’arrondissement, qui se justifie en invoquant notamment la signature de l’intéressée au bas d’une pétition contre Charlie Hebdo… en 2011.

 

Jeune Afrique : La maire du XXe arrondissement de Paris, Frédérique Calandra, a refusé de vous voir participer à un débat qu’elle organise le 3 mars sur les violences faites aux femmes. Comment réagissez-vous ?

Rokhaya Diallo : Je suis affligée par le niveau de vulgarité de cette femme. C’est le premier sentiment qui me traverse. C’est de surcroît une décision totalement personnelle : des féministes sont conviées aux débats alors qu’elles ont eu des positions similaires aux miennes. Cela veut donc dire que c’est une vendetta personnelle. Je comprends parfaitement que Mme Calandra ne partage pas mes idées, mais priver les habitants du 20e arrondissement de Paris d’un débat contradictoire sur le droit des femmes relève d’une décision arbitraire. Il faut savoir par ailleurs que Frédérique Calandra a exposé pendant un mois les photos de Michel Houellebecq dans sa mairie et qu’une polémique a été soulevée suite à une interdiction de parler arabe dans la même mairie. Il y a là peut-être les soubassements idéologiques qui ont présidé à une telle décision….

Pour justifier sa décision, la maire invoque notamment votre signature en bas d’une pétition contre le soutien à Charlie Hebdo en 2011. Que pensez-vous de cet argument ?

Ce n’est pas un argument recevable. La chercheuse féministe Christine Delphy fera l’objet d’une soirée au cours de laquelle sera projeté un documentaire sur son travail dans la mairie, alors qu’elle a aussi signé la pétition contre le soutien à Charlie Hebdo en 2011. Le débat auquel on m’a interdit de participer n’a rien à avoir les raisons qui ont justifié cette décision. Frédérique Calandra peut porter les accusations qu’elle veut, je n’ai rien commis d’illégal. Ses allégations sont ridicules. De plus, c’est une insulte aux 4 millions de français qui sont sortis défendre la liberté d’expression le 11 janvier dernier après la tuerie de Charlie Hebdo.

Est-ce que l’attitude de Frédérique Calandra est révélatrice de quelque chose de plus profond, au sein du PS ou de la société française ?

Non, je ne le crois pas. C’est une décision unilatérale mue par une hostilité personnelle. Madame Calandra est connu pour gérer sa mairie de manière très autoritaire… Cela est regrettable que des élus prennent la République en otage pour imposer leurs idéologies. Le principe de neutralité en est altéré.

Par ailleurs, le président Hollande a employé lundi soir au Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) le terme « Français de souche, comme on dit », en parlant des auteurs des profanations des tombes juives à Sarre-Union. Qu’est-ce que cette expression vous inspire, dans son contexte ?

J’aurais préféré que le président de la République rappelle au président du CRIF les valeurs de la République après ses déclarations qui amalgament antisémitisme et islam. Mais nous avons encore une fois assisté à la manifestation d’une liberté d’expression à géométrie variable : certains peuvent tenir des discours ouvertement racistes, sans être aucunement inquiétés, tandis que d’autres sont ostracisés. Cela est très préoccupant.

Justement, que vous inspire les propos de Roger Cukierman, le président du CRIF qui a déclaré lundi – avant de revenir sur ses propos – que Marine Le Pen était « irréprochable personnellement » sur la question de l’antisémitisme, et que les violences antisémites en France sont toutes « commises par des jeunes musulmans » ?

C’est une déclaration ouvertement raciste et islamophobe. Il n’y a pas de débat à avoir la dessus. Et le silence de la classe politique en dit long sur l’état de la liberté d’expression dans notre pays…

Jeuneafrique.com par Samir Hamma