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Irak: colère chiite après l’appel de Macron à démanteler une force paramilitaire

décembre 3, 2017

Le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre de la région autonomie irakienne du Kurdistan Nechervan Barzani (C), le 2 décembre 2017 à Paris / © AFP / THOMAS SAMSON

Un appel du président français Emmanuel Macron au démantèlement des forces paramilitaires irakiennes du Hachd al-Chaabi a provoqué la colère de personnalités chiites, qui ont dénoncé une « interférence » française dans les affaires de leur pays.

En 2014, face à une offensive éclair des jihadistes du groupe État Islamique (EI), qui s’était emparé du tiers du pays et menaçait l’existence du pays, plus de 60.000 Irakiens avaient répondu à l’appel à la mobilisation du chef spirituel de la communauté chiite, l’ayatollah Ali Sistani.

Ils avaient formé le Hachd al-Chaabi (Unités de mobilisation populaire), une coalition hétéroclite dominée par des milices chiites. Les plus puissantes d’entre elles sont souvent présentées comme parrainées par l’Iran.

Si le Premier ministre Haider al-Abadi n’a pas réagi à la demande française, son prédécesseur et rival Nouri al-Maliki ne s’en est pas privé.

« Emmanuel Macron s’est mêlé de manière inattendue dans les affaires intérieures irakiennes en appelant au démantèlement d’une institution légale, le Hachd al-Chaabi », a-t-il écrit sur Facebook.

Actuel vice-président de la République et chef du plus important groupe chiite au Parlement, il a ajouté: « nous voulons qu’aucun pays n’impose sa volonté au gouvernement irakien et à la brave nation irakienne ».

« Les Irakiens attendaient de la communauté internationale, et notamment de la France, qu’elle félicite les combattants qui ont donné leur vie pour leur pays et pour le monde », a pour sa part déclaré Houman Hamoudi, vice-président du Parlement, dans un communiqué.

« Sans le Hachd, Daech (acronyme arabe de l’EI) serait arrivé au cœur de Paris », a-t-il argué.

Pour un des chefs du Hachd, Ahmad al-Assadi, « toute discussion (sur le sujet, ndlr) est rejetée et nous n’acceptons pas d’ingérence dans les affaires irakiennes ». « Demander la dissolution de Hachd, c’est comme demander la dissolution de l’armée irakienne car le Hachd est un élément clé de la sécurité irakienne », a-t-il poursuivi.

Recevant samedi à Paris le Premier ministre de la région autonome du Kurdistan irakien, Nechervan Barzani, M. Macron avait appelé à « une démilitarisation progressive, en particulier de la +mobilisation populaire+ qui s’est constituée ces dernières années, et que toutes les milices soient progressivement démantelées ».

Le Parlement irakien a reconnu le Hachd en novembre 2016 comme une « institution de l’Etat » et décidé leur intégration « au sein des forces régulières ».

Les Kurdes reprochent au Hachd d’avoir chassé en octobre, en soutien de l’armée irakienne, les combattants kurdes des territoires disputés, notamment de Kirkouk, et d’avoir expulsé la population kurde de la ville de Touz Khormatou.

Romandie.com avec(©AFP / 03 décembre 2017 11h23)                

Dix prix Nobel exhortent Ryad à ne pas exécuter 14 chiites

août 12, 2017

L’Archevêque Desmond Tutu lors d’une messe le 7 octobre 2016 à Cape Town / © AFP/Archives / Rodger Bosch

Dix prix Nobel du monde entier dont l’archevêque sud-africain Desmond Tutu ont exhorté l’Arabie saoudite à ne pas exécuter 14 Saoudiens de la minorité chiite condamnés après des protestations organisées en 2012.

« Stoppez les exécutions », s’intitule la lettre adressée au roi Salmane d’Arabie saoudite et au prince héritier Mohammed ben Salmane, les seules personnes qui peuvent aujourd’hui décider de surseoir à ces peines capitales.

En l’absence du roi Salmane, en visite privée à l’étranger, le prince héritier a pris les rênes du pouvoir dans ce royaume sunnite ultraconservateur. Il lui revient de signer ou pas le décret d’exécution.

« Tendez la main de la pitié » aux condamnés, plaident encore les dix personnalités internationales, dont plusieurs prix Nobel de la paix comme les anciens présidents sud-africain Frederik de Klerk et du Timor Oriental José Ramos-Horta, le Polonais Lech Walesa ou l’Irlandaise Mairead Maguire.

Ils évoquent notamment le cas d’un jeune étudiant saoudien, Mujtaba al-Sweika, « brillant » mais arrêté à l’âge de 18 ans à l’aéroport de Ryad alors qu’il partait vers une université américaine. « Parmi les charges retenues contre lui, le fait qu’il ait créé un groupe Facebook et posté des images de manifestations » de militants chiites dans l’est de l’Arabie saoudite, écrivent les signataires en demandant la clémence à son égard.

Ils dénoncent aussi le cas d’Ali al-Nimr, un jeune homme arrêté quand il était mineur pour avoir posté des appels à manifester et dont l’oncle Nimr al-Nimr, un dignitaire chiite saoudien très connu, a été exécuté début 2016.

En juillet, la Cour suprême saoudienne a confirmé la peine de mort prononcée contre ces 14 Saoudiens chiites. Les défenseurs des droits de l’Homme craignent une exécution imminente.

Amnesty International et Human Rights Watch ont accusé les autorités saoudiennes d’avoir extorqué des confessions par la force et estiment que les condamnés n’ont pas bénéficié d’un procès équitable.

Les 14 chiites ont été condamnés en lien avec des manifestations dans la région de Qatif qui concentre la plus grande partie de la minorité chiite saoudienne. Ces derniers se considèrent marginalisés et discriminés par le pouvoir sunnite.

La Province orientale où est située Qatif, riche en pétrole, est régulièrement secouée par des violences attribuées par les autorités à des « éléments terroristes » ou des trafiquants de drogue.

Cette semaine, les autorités saoudiennes ont affirmé avoir rétabli l’ordre dans la ville d’Awamiya, dans la région de Qatif, après des troubles.

Awamiya, ville natale du dignitaire chiite Nimr al-Nimr, avait été l’épicentre de manifestations contre le pouvoir dans la foulée du Printemps arabe en 2011.

Ryad a exécuté 75 personnes cette année, un des taux les plus élevés dans le monde.

Romandie.com avec(©AFP / 12 août 2017 12h56)

L’EI frappe au Koweit, en visant les chiites et en faisant au moins 25 morts

juin 26, 2015

Koweït – Le groupe extrémiste sunnite Etat islamique a frappé pour la première fois vendredi un lieu de prière fréquenté par des chiites dans le riche émirat pétrolier de Koweit, tuant 25 personnes et blessant plus de 200 blessés en plein ramadan.

Le Koweit est un pays à majorité sunnite. L’Arabie saoudite voisine a été secouée à deux reprises le mois dernier par des attaques semblables de l’organisation jihadiste, qui ont fait au total plus de 20 morts.

L’attaque de Koweit a été perpétrée le jour où la Tunisie était également frappée par un attentat particulièrement meurtrier, qui a fait au moins 37 morts, tandis qu’en France un homme était décapité.

Le groupe ultra-radical sunnite EI, qui considère les chiites comme des hérétiques, a très rapidement endossé la responsabilité de l’attentat mené pendant la grande prière dans la mosquée Al-Imam al-Sadeq à Koweït City, au deuxième vendredi du mois de jeûne musulman.

Le bilan s’établissait dans l’après-midi à au moins 25 morts et 202 blessés, a indiqué le ministère de l’Intérieur.

Selon un témoin interrogé par l’AFP, des dizaines de personne ont été tuées et blessées, faisant craindre un bilan plus lourd, et des photos horribles circulant sur les réseaux sociaux montraient des corps ensanglantés au milieu des débris dans la mosquée.

Un photographe de l’AFP, arrivé sur les lieux de l’explosion, a indiqué que la zone était sécurisée par un cordon policier.

– ‘Basse attaque criminelle’ –

La semaine dernière, le porte-parole officiel de l’EI avait appelé les musulmans dans le monde à engager la guerre sainte durant le ramadan, qui a débuté le 17 juin, pour en faire un mois de malheur pour les mécréants.

Dans un communiqué, la Province de Najd, qui s’est récemment manifestée comme la branche saoudienne de l’EI, a affirmé qu’un kamikaze, Abou Souleiman al-Mouwahhid, a perpétré l’attentat contre une mosquée qui répandait l’enseignement chiite parmi la population sunnite. C’est la première fois que le Koweït est touché par le groupe jihadiste.

Cette même Province de Najd a revendiqué en mai les deux attaques meurtrières contre les chiites dans le royaume saoudien. L’EI avait également endossé la responsabilité de cinq attentats quasi simultanés contre des mosquées dans la capitale du Yémen, Sanaa.

L’émir du Koweït, Cheikh Sabah al-Ahmad al-Sabah, s’est rapidement rendu sur les lieux de l’attentat et des images de la télévision d’Etat l’ont montré dans les décombres, visiblement ému.

Il a plus tard indiqué que cet attentat était une tentative désespérée et diabolique de s’en prendre à l’unité nationale du Koweït, pays où les chiites représentent environ un tiers des 1,3 millions de citoyens.

Le gouvernement s’est réuni en urgence alors que le ministre de l’Intérieur a encore élevé le niveau d’alerte, qui avait déjà été relevé il y a trois semaines après les attentats anti-chiites en Arabie saoudite, et mobilisé des forces de sécurité.

Dans l’émirat, les condamnations ont été unanimes. Le principal groupe représentant l’islam sunnite, le Mouvement islamique constitutionnel, s’est insurgé contre une basse attaque criminelle contre une mosquée.

Le principal leader religieux sunnite du pays, cheikh Ajeel al-Nashmi, a jugé que l’attaque était un acte criminel visant à semer les graines de la discorde mais que chiites et sunnites feront assurément échouer la conspiration des terroristes.

Romandie.com avec(©AFP / 26 juin 2015 19h25)