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Afrique du Sud : l’assassin du militant Chris Hani poignardé, deux jours avant sa libération

novembre 30, 2022

Dans un état « stable », Janusz Walus est détenu depuis 1993 à Pretoria, mais doit bénéficier avant le 1er décembre d’une remise en liberté conditionnelle. Une décision de justice qui a provoqué un tollé.

Chris Hani, leader communiste d’Afrique du Sud assassiné. © PETERS MARK/SIPA.

Il devait être libéré dans les tout prochains jours : l’assassin de la figure de la lutte anti-apartheid Chris Hani, tué en 1993 lors des délicates négociations pour les premières élections démocratiques en Afrique du Sud, a été poignardé en prison ce mardi 29 novembre. « Janusz Walus a été poignardé » au cours de l’après-midi dans la prison de la capitale Pretoria où il était détenu, a déclaré un porte-parole des services pénitentiaires. Dans un état « stable », il reçoit actuellement « les soins nécessaires », a précisé l’administration dans un communiqué. Selon les premières constatations, Janusz Walus a été poignardé par un autre détenu. Une enquête doit être ouverte.

Aujourd’hui âgé de 69 ans, l’immigré polonais lié à l’extrême-droite blanche afrikaner devait être libéré au plus tard jeudi 1er décembre, après avoir passé une trentaine d’années derrière les barreaux. Après plusieurs refus, la Cour constitutionnelle lui a accordé la semaine dernière la liberté conditionnelle.

Plusieurs dizaines de personnes scandalisées par cette décision de justice avaient manifesté le 26 novembre à Johannesburg. Des responsables du Congrès national africain (ANC, au pouvoir) et du Parti communiste sud-africain (SACP), qui avaient appelé au rassemblement, ont clamé devant les médias : « Il a assassiné notre héros. » Une nouvelle manifestation était prévue le 30 novembre.

« Meurtrier non repenti »

Les parlementaires de l’ANC ont promis ce mardi « de renforcer la loi sur la liberté conditionnelle ». « Nous sommes attristés de voir que le meurtrier non repenti du héros de notre lutte va être libéré », a écrit le groupe dans un communiqué.

Des soutiens du South African Communist Party (SACP), lors du 20e anniversaire de l'assassinat de Chris Hani, en 2013. © STEPHANE DE SAKUTIN/AFP.
Des soutiens du South African Communist Party (SACP), lors du 20e anniversaire de l’assassinat de Chris Hani, en 2013. © STEPHANE DE SAKUTIN/AFP.

Leader communiste noir et haut responsable de la branche armée de l’ANC, Chris Hani avait été tué de quatre balles à bout portant dans l’allée de son garage, le 10 avril 1993. Il avait 50 ans. Quelques minutes après les coups de feu à Boksburg, à l’est de Johannesburg, un suspect avait été arrêté : Janusz Walus. Dans sa voiture, la police avait découvert l’arme du crime et sur sa chemise, des traces de sang. Son complice qui a fourni l’arme, Clive Derby-Lewis, avait été arrêté peu après.

À l’époque, de délicates négociations avec le pouvoir blanc en vue des premières élections démocratiques dans le pays étaient en cours. L’assassinat avait exacerbé les tensions raciales et provoqué de violentes émeutes dans les townships d’une Afrique du Sud secouée par les derniers soubresauts du régime raciste. Dans un vibrant discours télévisé, Nelson Mandela avait appelé au calme.

Janusz Walus, silhouette élancée et yeux clairs, avait par la suite été condamné à mort. À l’abolition de la peine capitale, avec l’avènement de la démocratie en 1994, sa peine avait été commuée en réclusion à perpétuité. Il était éligible à la liberté conditionnelle depuis une vingtaine d’années, mais toutes ses demandes avaient été rejetées.

Un « jugement diabolique »

Dans la nuit du 26 au 27 novembre, le mémorial érigé en l’honneur de Chris Hani dans le cimetière de Boksburg, où il est enterré, a par ailleurs été vandalisé. « Un des piliers est gravement endommagé. Un côté s’est effondré et le système d’éclairage a été dérobé », a fait savoir Zweli Dlamini, porte-parole de la ville. Le monument est constitué de quatre colonnes symbolisant les piliers de la lutte contre le pouvoir blanc menée par l’ANC. Le parti s’est dit « profondément attristé par le vandalisme et la profanation » du monument. Une enquête a été ouverte pour vol et vandalisme.

La mort de Chris Hani, au Panthéon des héros de la lutte anti-apartheid, est commémorée chaque année en Afrique du Sud. Sa famille s’est toujours opposée avec véhémence à la remise en liberté de son assassin. Après l’annonce de la libération anticipée de Janusz Walus, la veuve de Chris Hani a dénoncé un « jugement diabolique ».

Le ministère de l’Intérieur a précisé lundi que Janusz Walus a l’obligation de rester sur le territoire sud-africain dans le cadre de sa liberté conditionnelle et n’est pas autorisé à retourner en Pologne compte tenu du « crime odieux commis ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

L’assassin d’un héros de la lutte anti-apartheid libéré après 23 ans de prison

mars 10, 2016

Johannesburg – L’assassin du leader communiste anti-apartheid Chris Hani, abattu en 1993 alors que le régime ségrégationniste sud-africain vivait ses derniers instants, sera remis en liberté surveillée dans les prochains jours, après 23 ans de détention, a annoncé jeudi son avocat à l’AFP.

Le tribunal a ordonné qu’il soit relâché dans les 14 jours, et que l’affaire soit renvoyée devant la Commission des libérations anticipées pour fixer les conditions de sa liberté, a déclaré Julian Knight, l’avocat de Janusz Walus.

L’assassinat de Hani par Janusz Walus, un immigrant polonais, avait provoqué de violentes émeutes dans les townships et conduit le pays au bord de la guerre civile raciale.

Nelson Mandela, qui était encore en train de négocier avec le pouvoir blanc les conditions des élections de l’année suivante – qui allaient le porter au pouvoir – avait été autorisé à s’adresser au pays à la télévision, pour contribuer à calmer les violences.

C’est le moment pour tous les Sud-africains de se dresser ensemble contre ceux qui veulent détruire ce pour quoi Chris Hani a donné sa vie : la liberté pour nous tous, avait lancé Nelson Mandela.

Walus avait été condamné à mort, mais le nouveau régime a aboli la peine capitale en 1994, et sa peine avait été commuée en réclusion criminelle à perpétuité.

Arrivé de Pologne communiste en 1981, il était un tenant de l’aile dure d’extrême-droite du régime d’apartheid. Selon son avocat, l’homme de 63 ans a désormais la nationalité sud-africaine.

Le Congrès National Africain, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, a estimé que cette libération était une parodie de justice et a demandé l’expulsion immédiate de Walus, vers la Pologne, son pays d’origine.

La mort (de Hani) a privé notre pays d’un révolutionnaire engagé qui incarnait la détermination éternelle pour la liberté du peuple d’Afrique du Sud, a indiqué le parti dans un communiqué.

Chris Hani, entré au Panthéon des héros de la lutte anti-apartheid, était à l’époque le secrétaire général du Parti communiste sud-africain (SACP), et l’un des hauts dirigeants de la branche armée de l’ANC, Umkhonto we Sizwe. Il a été abattu par balles le 10 avril 1993 dans le garage de sa maison, dans une banlieue de Johannesburg.

Le SACP a également réagi à cette libération et affirmé qu’ils étudiaient le jugement pour décider de la suite des actions judiciaires à mener.

L’avocat de Janusz Walus assure que son client éprouve du remords pour son acte, mais que cela n’a pas influencé sa libération.

Il était éligible selon la procédure du département des services pénitentiaires, a-t-il affirmé.

L’homme qui avait fourni l’arme du crime à Walus, Clive Derby-Lewis, a été remis en liberté l’an dernier pour raison médicale. A 79 ans, il souffre d’un cancer des poumons et avait déposé plusieurs demandes de libération avant d’obtenir gain de cause.

La famille de Hani s’est toujours opposée à la remise en liberté de Walus et de Derby-Lewis.

Romandie.com avec(©AFP / 10 mars 2016 12h53)