Avant le confinement, le curé Mario Côté officiait jusqu’à quatre cérémonies funéraires par semaine.
«C’est sûr qu’il y aura un effet d’accumulation», croit François Chapdelaine, directeur général de la Compagnie Saint-Charles qui gère le cimetière du même nom.
D’autant plus que les consignes sanitaires diminuent la capacité d’accueil habituelle de l’industrie funéraire.
«Dans certains milieux, il peut y avoir une vingtaine, une trentaine, une quarantaine de funérailles en suspens, renchérit le chanoine Jean Tailleur, chancelier du diocèse de Québec. En milieu urbain, ça peut même être beaucoup plus.»
«La région de la Capitale-Nationale peut néanmoins être rassurée, elle est plus épargnée par la COVID-19 que beaucoup d’autres endroits dans le monde. Le taux de mortalité demeure gérable», constate François Chapdelaine.
Malgré tout, il faudra vraisemblablement écourter les cérémonies pour parvenir à accueillir toutes les familles dans un délai raisonnable.
Dans la métropole, où la réalité est toute autre, l’industrie funéraire peine déjà à répondre à la demande.
«Un collègue me disait il y a deux semaines qu’un salon funéraire lui a amené 35 défunts en une journée, se souvient le directeur général du Cimetière Saint-Charles. Ils ne sont pas loin du point de saturation dans la grande région de Montréal.»
Reprise des funérailles à l’église réclamée
«Malgré la stabilité observée dans la grande région de Québec, le deuil continue d’y creuser de profondes cicatrices», croit le curé Mario Côté.
«Ça me préoccupe beaucoup, s’inquiète le curé. J’ai l’impression d’avoir les pieds et les poings liés.»
Vingt et une familles en deuil attendent de dire un dernier adieu à leur défunt dans sa paroisse dans le secteur de Loretteville.
Seuls les salons funéraires, pour l’instant, peuvent accueillir de telles cérémonies. Une situation qui suscite l’incompréhension du clergé, qui doit encore tenir la porte de ses églises verrouillées.
«Nous avons la prétention de penser que dans une église avec un plafond de 30 pieds [9 m]de haut, c’est aussi sécuritaire de rassembler dix personnes que dans un salon funéraire où le plafond est à 10 pieds», souligne le chanoine Jean Tailleur, du diocèse de Québec.
Avec Radio-Canada par Sébastien Tanguay