Il pleut dans mon cœur les larmes du peuple Kongo
Il coule dans mes veines le sang royal des Kongo
Le sang de Mabiala Ma Nganga, Mâ Ngunga,
Mais aussi celui de la décapitation de Boueta Bongo
Le sang invincible de l’inexpugnable Tchimpa Vita
Le sang de la sueur du bagne de Matsoua
Le sang des disparus qui croupissent au fond du fleuve Congo
Le sang des martyrs, des suppliciés et des indignés
Le sang de ceux qui ont eu les yeux crevés
De ceux qui ont été brûlés vivants avec des sachets
De ceux qui ont eu le sexe coupé pour la jalousie
De ceux qui ont eu le dos labouré de plaies béantes
Qui resteront avec des sillons de cicatrices intactes
Des cicatrices taillées et marquées sur la peau de la vie
De tous ces amputés avant la mort douloureuse
Alors qu’ils menaient une existence peu heureuse.
Il tombe en cascades dans mon esprit
Ces images meurtrières de la barbarie
De la félonie, de l’incurie et de la folie,
Exercée sur les paisibles citoyens
Sur les enfants broyés sans moyens
Dans les marches pacifiques de référendum
Clamant leur colère comme le tam-tam
Mais aussi torturés et tués à la suite des urnes
De pseudo élections à la fraude criarde
Et à la sauce pestilentielle et nauséabonde
Aux résultats déjà apprêtés dans les officines.
Il pleut au carrefour de ma mémoire
Le triste constat amer de la République
Une République qui écrit au sang son histoire
Perdant sa raison, sa sagesse et son éthique
Pour avoir perdu son âme
Et sa flamme de bonne femme
Devenant une dictature honteuse et crasseuse
Une dictature qui triche dans la ruche des urnes
Son vote à la tombée de la nuit malheureuse
Devenant Reine avec des royalties détournées sans bornes.
Bernard NKOUNKOU