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Canada-Roxham: le commerce payant de l’immigration

septembre 15, 2022

Le transport de migrants vers le chemin Roxham s’est transformé en industrie très lucrative. Enquête s’est infiltrée dans ces réseaux qui prennent de l’ampleur. Bienvenue dans les coulisses de ce commerce du désespoir.

CHAMPLAIN, État de New York – Chaque fin de semaine, la même scène se répète. Une dizaine de migrants débarquent d’une camionnette blanche, immatriculée en Floride, avant de traverser ce petit bout de terre qui sépare les États-Unis du Canada, sous les yeux des policiers canadiens.

Au chemin Roxham, ces véhicules font désormais partie du paysage. Une nouveauté surprenante sur cette célèbre route, mondialement connue, qui accueille des milliers de demandeurs d’asile.

Qui conduit ces camionnettes? D’où viennent-elles? Comment arrivent-elles jusqu’à Roxham?

Ces questions, nous ne sommes pas les seuls à nous les poser. Sur place, des agents canadiens prennent des photos et des vidéos lorsqu’arrivent ces larges voitures, alors que seuls les taxis, en principe, seraient autorisés à transporter des migrants à cet endroit, où il est normalement interdit de traverser la frontière.

On en voit de plus en plus. On n’avait jamais vu ça. Ça nous intrigue vraiment, lance un policier, sous le couvert de l’anonymat.

Janet McFetridge, mairesse de Champlain Photo : Radio-Canada

Assise sur son fauteuil, Janet McFetridge, la mairesse de Champlain, ce petit village rural de l’État de New York qui abrite le chemin Roxham, ne cache pas son désarroi.

Ces camionnettes, c’est nouveau, clame cette ancienne professeure de français, qui vient quasiment tous les jours sur cette route pour distribuer des vêtements ou des mots rassurants aux migrants.

« C’est un grand commerce. Un réseau de beaucoup de personnes différentes et tout le monde en profite financièrement. »— Une citation de  Janet McFetridge, mairesse de Champlain

Janet est devenue, au fil des années, un personnage central de Roxham. Une sorte d’ange gardien pour les demandeurs d’asile. Discrète, elle tient à rassurer tous ceux en quête d’une vie meilleure, au cheminement de leur long périple.

Malheureusement, souffle-t-elle, quand on parle d’argent, certains auraient moins de scrupules.

Photo: Des migrants viennent d’être conduits au chemin Roxham.  Crédit: Radio-Canada

« Je t’amène au Canada »

Enquête a suivi la trace de ces camionnettes blanches et de leurs conducteurs, que l’on pourrait décrire comme des passeurs.

Je te cherche et je t’amène au Canada.

C’est ce que nous a lâché, sans détour, l’un de ces chauffeurs. Grâce à une source, nous avons obtenu son numéro de téléphone et nous nous sommes fait passer pour un migrant kurde, venant d’arriver en Floride.

« C’est très facile [à Roxham]! Je te dépose à l’immigration, tu marches, ils prennent ton bagage. Ils s’occupent des papiers, t’amènent à l’hôtel et tu es au Canada. »— Une citation de  Un passeur

L’homme au bout du fil, très avenant, n’a qu’une seule condition : lui verser cash la somme de 600 $ US, dès notre rencontre. On part vendredi et on arrive samedi soir, détaille-t-il, avant de raccrocher.

Le montant réclamé est dans la fourchette de ce que nous ont déclaré plusieurs migrants ayant eu recours à des services similaires. Il n’y a cependant pas de tarifs fixes, la somme semble varier selon les chauffeurs et l’origine des clients.

Le reportage complet de Romain Schué et de Martin Movilla sera diffusé à Enquête jeudi à 21 h sur ICI Télé.

Nous avons à nouveau pris contact avec ce passeur. Mais cette fois, nous nous sommes présentés comme des journalistes canadiens à la recherche d’informations sur l’arrivée massive de migrants au Canada.

Il a accepté de nous rencontrer, dans son bureau situé à une heure de Miami, à condition de ne pas être identifié.

Face à nous, ses deux téléphones ne cessent de sonner. Il reçoit beaucoup d’appels, nous dit-il en riant. La demande serait forte.

« Il y a beaucoup d’Haïtiens qui vivent ici et qui veulent aller au Canada. »— Une citation de  Un passeur de Floride

Nous ne lui parlons pas de notre appel précédent. Cette fois-ci, il assure demander 500 $ US à ses clients pour faire ce trajet de plus de 2500 kilomètres.

Normalement, affirme-t-il, je pars vendredi matin et j’arrive à Roxham samedi soir. En chemin, poursuit-il, il lui arrive de prendre des gens à Orlando, à New York ou dans le New Jersey.

Les migrants voyagent à bord de camionnettes de différentes dimensions. Photo : Radio-Canada

Il nous avoue s’être lancé dans ce type d’affaires durant la pandémie et avoir saisi l’opportunité de la réouverture du chemin Roxham l’automne passé. En discutant, il nous indique avoir suivi avec attention les décisions prises par le gouvernement de Justin Trudeau.

Parfois, il peut amener 80 personnes par semaine. C’est simple, si j’ai 10 personnes, je prends une camionnette. Si j’ai 40 personnes, quatre camionnettes. Celles-ci étaient d’ailleurs stationnées devant son bureau.

La concurrence serait forte dans la région. Il y a deux gars qui m’aidaient avant et qui maintenant se sont lancés à leur compte dans une ville voisine. Il y a d’autres chauffeurs aussi, pour ramener des personnes venant de l’Ohio, de la Louisiane ou encore d’Indianapolis, ajoute ce Haïtien d’origine.

Mais est-ce légal? Nous avons détaillé cet épisode à la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Leur réponse est sans équivoque.

Des particuliers qui facilitent et conseillent le passage illégal à la frontière peuvent en effet faire l’objet d’accusations au Canada, notamment si l’individu va plus loin que d’offrir un service de taxi ponctuel, écrit par courriel un porte-parole de la GRC.

Ce passeur est bien au courant des risques qu’il prend. Il confie une astuce qu’il a développée pour éviter d’être personnellement identifié par les agents canadiens, à Roxham.

Mes chauffeurs et moi, on ne veut pas aller jusqu’à Roxham. Je laisse la camionnette dans une station-service de Plattsburgh [à 30 minutes de Roxham], à un homme de la région. Je le paie 200 $. Il prend la camionnette, et moi, je l’attends.

Des agents frontaliers américains, à cheval, poursuivent des migrants haïtiens qui traversent le Rio Grande à la frontière du Texas et du Mexique. Photo: AP/Felix Marquez

La fin du rêve américain?

La Floride semble être devenue l’un des points centraux de la migration irrégulière au Canada au cours des derniers mois, où un nombre record de demandeurs d’asile a franchi la frontière cette année.

Plus de 20 000 personnes sont déjà passées par Roxham entre janvier et juillet. Soit plus du total annuel de 2017, lorsque le stade olympique de Montréal avait été ouvert en urgence, durant l’été, pour héberger temporairement des migrants.

En réalité, contrairement à cette vague de demandeurs d’asile vers le Québec, le profil de ceux arrivant au Canada a considérablement changé. Dans un premier temps, ce sont des migrants installés depuis longtemps aux États-Unis qui ont fui les politiques de Donald Trump.

Désormais, de nombreuses personnes traversent directement ce pays, à partir du Mexique, pour se rendre à Roxham. Ici, les migrants sont souvent traités de criminels et d’illégaux, entre guillemets, déplore Paul-Christian Namphy, l’un des responsables de l’organisme floridien Family Action Network Movement.

« Cette idéologie d’extrême droite prend pied ici de plus en plus et on ne sait pas comment ça va se passer avec les prochaines élections. »— Une citation de  Paul-Christian Namphy

Ne soyez pas surpris si les gens, les immigrants, y compris des Haïtiens, vont de plus en plus au Canada. Ça joue politiquement d’une façon très différente, estime-t-il, en faisant référence aux discours de l’ancien président américain ou à d’autres figures républicaines, comme le gouverneur actuel de Floride, Ron DeSantis.

Le gouvernement américain ne traite pas vraiment les Haïtiens d’une façon juste et bien.

Le père Réginald officie en Floride. Photo : Radio-Canada

Le père Réginald Jean-Mary, de l’archidiocèse de Miami, est encore plus direct. Il affirme recevoir tous les jours des migrants en détresse, qui ont traversé toute l’Amérique du Sud pour arriver jusqu’aux États-Unis. Un simple arrêt avant le Canada.

Le prêtre, durant la messe à laquelle nous avons assisté, demande de prier pour les réfugiés, notamment ceux qui ont connu le drame de Del Rio. En septembre 2021, des milliers d’Haïtiens ont dormi sous un pont, à l’entrée du Texas, après avoir traversé le Rio Grande, le fleuve séparant le Mexique des États-Unis.

Des agents américains ont alors repoussé des migrants, à cheval et avec des lassos, provoquant la colère du président Joe Biden, tout en promettant d’expulser ces personnes dans leur pays d’origine.

Présent sur place, le père Réginald comprend le désir de ces migrants d’immigrer le plus au nord possible. Si on ne les accueille pas ici, ils doivent trouver un lieu qui les accueille.

Ce sont des vrais réfugiés, je les rencontre, ils continuent à souffrir, jure-t-il.

Son église organise tous les mois plusieurs séances d’aide à l’immigration. Lors de notre passage, sur la trentaine de personnes présentes, un tiers nous a dit vouloir venir au Canada le plus vite possible.

Quelques semaines plus tard, Enquête a d’ailleurs retrouvé l’une d’entre elles à Montréal. J’ai payé cash un homme qui m’a amené en camionnette. On était 13 dans le véhicule.

Francisco a réussi à se rendre au Canada par un chemin autre que celui de Roxham. Photo : Radio-Canada

Des milliers de dollars pour des passeurs

La Floride n’est cependant qu’un bout d’une grande carte mondiale où tous les chemins mènent à Roxham. Plusieurs personnes nous ont dit avoir payé des milliers de dollars, dans différents pays, pour les conduire jusqu’à l’État de New York, afin de franchir la frontière canadienne.

Avec sa famille, Francisco a quitté la Colombie il y a quelques mois. Il affirme avoir été menacé par des groupes armés.

« Ça nous a coûté 6000 $ par personne pour arriver ici. C’était toutes mes économies. »— Une citation de  Francisco

Un passeur mexicain s’est occupé de tout. Outre l’avion vers le Mexique et le passage aux États-Unis, il nous a filé le numéro de téléphone d’un Uber de la ville de Plattsburgh qu’on devait contacter avant d’arriver pour nous amener [à Roxham].

Les moyens d’entrée au Canada, sans passer par un poste officiel, sont nombreux. Quasi infinis.

Assis dans un café montréalais, Alex – un nom fictif – nous raconte son arrivée au Canada. Il fait partie de ces rares migrants qui n’ont pas utilisé le chemin Roxham. Et pour cause. Celui-ci était fermé durant la pandémie.

Originaire du Moyen-Orient, ce jeune homme a eu de multiples propositions, depuis son pays d’origine. Il lui suffisait de payer, là encore, quelques milliers de dollars.

On m’a proposé d’aller à Roxham contre 3, 4 ou 5000 $. Je connais des gens qui ont payé.

« Roxham, ça ne ressemble pas à un business. C’est un business. »— Une citation de  Alex

Mais il a opté pour une route différente. Provenant d’une famille fortunée et diplômé d’une université, Alex a eu facilement un visa pour étudier aux États-Unis. Uniquement, glisse-t-il, grâce à ma situation financière.

Alex n’a jamais eu l’intention de rester aux États-Unis. Sur Google, il a repéré des passages permettant de traverser la frontière. Des chemins Roxham bis, tout simplement. Il s’y est rendu en taxi, avant de marcher jusqu’à Montréal.

Des amis à lui ont procédé autrement. Ils ont loué une maison, au bord d’un lac, proche de la frontière. Quelques jours plus tard, ils ont marché sur les galets, avec une allure de touristes, et sont rentrés au Canada.

Le propriétaire, qui était Canadien, leur a loué la maison sachant très bien qu’ils allaient traverser la frontière. Il a juste demandé de tout payer à l’avance, en argent liquide.

Ni Alex ni ses amis n’ont croisé de policiers américains ou canadiens, avant de se rendre à Montréal.

Sur le chemin Roxham Photo: Radio-Canada/Ivanoh Demers

Les Américains « aveugles » volontairement

Comment ces passeurs et chauffeurs peuvent-ils aussi librement traverser les États-Unis pour aller jusqu’au chemin Roxham sans être inquiétés par des policiers américains?

La Gendarmerie royale du Canada nous a dit être dans l’impasse. Ces questions ne relèvent pas de nous, puisque la question des enquêtes aux États-Unis relève des Américains, nous a-t-on souligné

Mais plusieurs sources nous ont confié que le gouvernement américain ferme les yeux sur cette situation. Un sentiment partagé par l’avocat en immigration, Richard Kurland.

Les Américains font nada, zéro, et j’admire la logique. Pourquoi allouer les ressources nécessaires pour empêcher le flot vers le Canada? Parce que l’objectif de leur système, c’est d’expulser ces gens, croit cet expert.

« Les Américains sont aveugles de façon volontaire. »— Une citation de  Richard Kurland, avocat en immigration

Richard Kurland, avocat en immigration Photo : Radio-Canada/Romain Schué

Pourtant, le Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis jure travailler en collaboration avec la police canadienne sur ce sujet.

Nous travaillons avec la GRC pour empêcher autant que possible les passages frontaliers illégaux, souligne un porte-parole.

« Nous continuerons de déjouer les plans de ceux qui tentent d’entrer illégalement dans l’un ou l’autre pays. »— Une citation de  Service des douanes et de la protection des frontières des États-Unis

Le sujet est cependant plus complexe. Ancien agent affecté à la frontière canadienne, désormais à la retraite, Norman Lague connaît parfaitement cette situation.

Quand je travaillais à la frontière, on a demandé au procureur américain la possibilité d’appliquer une sorte d’accusation fédérale à ces personnes [qui conduisent des migrants vers le Canada], se souvient celui qui dirige depuis peu un café, à quelques kilomètres du chemin Roxham.

Norman Lague, ancien agent affecté à la frontière canadienne Photo : Radio-Canada/Romain Schué

Alors que les migrations irrégulières ont repris de l’ampleur et que ce commerce du transport s’est professionnalisé, Norman Lague reconnaît que la loi américaine manque de mordant. Ils transportent quelqu’un d’un point A à un point B, dans le territoire américain, et il n’y a rien dans la loi qui réponde exactement à ça, estime-t-il.

En attendant, ce ne sont ni les passeurs ni tous ceux qui en tirent un revenu conséquent qui s’en plaindront.

Radio-Canada par Romain Schué Avec la collaboration de Martin Movilla

Canada-Hôtel Shawinigan Power : des plaintes à l’Office québécois de la langue française

novembre 17, 2021

Une affiche dont les panneaux ont été retirés.

L’Hôtel Shawinigan Power Photo : Radio-Canada

Le changement de nom de l’Auberge Gouverneur de Shawinigan pour l’Hôtel Shawinigan Power a mené au dépôt de deux plaintes formelles à l’Office québécois de la langue française (OQLF) par la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de la Mauricie.

Ces plaintes, concernant le site Internet et le nom de commerce, ont été retenues par l’organisme qui a fait parvenir un avis pour signaler qu’elle allait en faire l’évaluation.

Le directeur général de la SSJB de la Mauricie, Guy Rousseau, indique que de nombreux appels de la population ont été reçus depuis la médiatisation de ce changement annoncé pour se plaindre du nouveau nom de l’établissement ou pour demander qu’une plainte soit faite à l’OQLF.

Selon lui, l’attitude du gouvernement envers l’enjeu de la langue française a motivé l’organisme à se pencher rapidement sur le dossier.

Ils ont consolidé le budget au niveau de l’Office, il y a l’attitude avec la loi 96 qui s’en vient. Ça fait que les gens sont plus attentifs à ce qui se passe. Et à l’Office, nous on a des excellentes communications avec l’Office de la langue française, et on sent leur bienveillance. Ils sont pas mal plus rapides qu’avant.

Guy Rousseau affirme que l’Office évaluera les plaintes en fonction de la nette prédominance du français. Ils vont évaluer si, l’Hôtel Shawinigan Power, il y a une nette prédominance et après ça, ça va faire de la jurisprudence. Donc, il y a une évaluation qui est faite.

À la suite de cet examen, l’OQLF pourrait demander au commerce de modifier son nom pour s’ajuster à la loi, le cas échéant.

S’il y avait un comité [de la Ville] au préalable qui pouvait dire au commerce : « ton nom est acceptable ou il ne l’est pas », le commerce probablement qu’il s’ajusterait. Mais là, on est comme obligé de fonctionner à l’inverse et le commerce met son nom et après ça, ça fonctionne par plainte, croit le directeur général de la SSJB de la Mauricie.

De son côté, l’historien Mario Lachance estime que le choix de Shawinigan Power rate la cible.

Je sais qu’ils voulaient faire un rappel historique, mais le nom de l’entreprise, c’est Shawinigan Water and Power. Cette entreprise-là a joué un rôle très important dans la naissance et l’évolution de la ville de Shawinigan également. […] C’étaient des Américains de la région de Boston, ils ont choisi plusieurs noms anglais pour désigner, d’ailleurs, les rues de la ville.

Un autre changement de nom?

La controverse pourrait-elle avoir eu raison du nom Hôtel Shawinigan Power avant même que l’enseigne ait été apposée devant l’établissement ?

Au cours de la journée, le nom de domaine utilisé sur Internet pour accéder au site est passé de hotelpower.ca à hotelenergie.com. Une recherche sur certains sites de réservation renvoie également au nom Hôtel Énergie Shawinigan.

Des mentions de Hôtel Shawinigan Power se retrouvent toutefois encore sur la page web.

À la réception, on répond aux appels en disant Hôtel Shawinigan, mais la direction a refusé de confirmer un deuxième changement de nom.

Il y a un peu plus d’un an, un consortium d’entrepreneurs chinois a fait l’acquisition de l’Auberge Gouverneur.

Par Radio-Canada avec les informations de Flavie Sauvageau

Poulet bicyclette burkinabè : entre fierté inébranlable et méfiance actuelle

septembre 2, 2021
Damien Glez

Après un scandale sanitaire viral et une volonté politique de labelliser le « poulet bicyclette », le gallinacé burkinabè sera-t-il l’animal de la concorde ou de la discorde ?

Au pays des Hommes intègres, le scandale numéro un de l’hivernage 2021 a un goût de poulet qui peine à s’estomper. Le 12 août dernier, une internaute affirmait, sur le groupe éConsomm’Action de Facebook, qu’elle venait de trouver deux aiguilles dans l’aile d’un poulet flambé acheté aux grilleurs de l’espace culturel Morène, dans le quartier ouagalais de la Patte-d’oie. Dans ce pays friand de gallinacés, le cliché du délit deviendra viral et le responsable du lieu ne cherchera pas à démentir, tout en exprimant sa perplexité.

Rapidement, les commentaires s’enflammeront comme le feu qui flambe les poulets. Les uns émettront des hypothèses allant du recyclage d’un volatile utilisé au cours d’un sacrifice rituel à une opération de sabotage concurrentiel. Les autres trouveront de quoi rire, dans ce scandale glaçant, imaginant un poulet styliste, coiffeur, voire adepte d’implants contraceptifs Norplant.

Galvaniser le poulet burkinabè

Comme à l’accoutumée, si un fait divers n’autorise aucune généralisation, il dépeint, sous l’angle qui est le sien, telle ou telle société. Le marché national et la réputation internationale des volatiles « made in Faso » ne sont pas anodins, en témoigne la volonté récente des ministères du Commerce et des Ressources animales de créer un label pour le « poulet bicyclette ». Les aiguilles de « l’affaire Morène » seront-elles une épine dans le pied du gouvernement ?

Le « poulet bicyclette » désigne la volaille locale non congelée nourrie de végétaux issus des restes de récolte et de ménage. L’expression ferait référence à la démarche saccadée d’un poulet élevé en plein air ou au vélo que les vendeurs utilisent pour amener les gallinacés du village aux différents marchés.

Le poulet local est tellement prisé – 80 000 têtes seraient consommées chaque jour, rien qu’à Ouagadougou – qu’il ne suffit pas à satisfaire la demande nationale. En outre, il subit de plein fouet la concurrence d’éleveurs des Pays-Bas, du Ghana ou de Côte d’Ivoire. La croissance rapide des volatiles de chair ou hybrides permet une meilleure rentabilité. Les poulets « de race » n’ont besoin que de 45 jours pour atteindre leur poids de vente, contre quatre à cinq mois pour leurs concurrents burkinabè.

C’est donc pour galvaniser ces derniers et promouvoir leur production que le gouvernement du Faso entend créer un label. Le processus de normalisation tiendra compte de la race de l’animal, d’une utilisation modérée de produits vétérinaires, d’une alimentation en partie composée de résidus alimentaires et d’un espace de vie en plein air. En attendant – qui sait ? –, une inscription du poulet bicyclette au patrimoine immatériel de l’Unesco, aux côtés du couscous maghrébin et du « repas gastronomique des Français »…

Avec Jeune Afrique par  Damien Glez

Dessinateur et éditorialiste franco-burkinabè.

Confinement : ces commerces « non essentiels » qui s’installent dans la rue

mars 27, 2021

Dans plusieurs villes confinées, les commerces fermés ont été autorisés par la mairie à prendre place sur le trottoir, raconte Europe 1.

A Antibes, les commercants se sont installes devant leur boutique.
A Antibes, les commerçants se sont installés devant leur boutique.© Patrice Lapoirie / MAXPPP / PHOTOPQR/NICE MATIN/MAXPPP

Dans des dizaines de milliers de villes en Franceles commerce jugés « non essentiels » ont été contraints de fermer une nouvelle fois leur porte après le semi-confinement décrété dans 19 départements, pour endiguer la troisième vague de Covid-19. Mais les mairies de plusieurs communes ont décidé de passer outre cette interdiction, en autorisant par arrêté municipal les boutiques fermées à s’installer… dans la rue, rapporte Europe 1.

C’est notamment le cas de Cannes, Menton et Antibes dans les Alpes-Maritimes, ou encore de Dunkerque et Boulogne-sur-Mer, dans le nord de la France. Un soulagement pour les commerçants de ces villes, meurtris par la crise sanitaire, qui devrait cependant être de courte durée. Les préfectures pourraient en effet intervenir et sévir face à ce type d’initiative… Celle des Alpes-Maritimes a déjà demandé aux maires de mettre fin à ces pratiques. 

Pas de bénéfices mais le moyen de « payer son loyer »

Pour l’heure, il est donc assez commun de trouver des enseignes installées sur le trottoir dans ces communes. À Cannes, Jessica Lefort a par exemple recréé l’univers de sa boutique dans la rue, avec une penderie garnie de chemises sur cintres et une table recouverte de bijoux, raconte Europe 1. « On respecte toutes les mesures de sécurité, on est masqué et il y a du gel », plaide la commerçante auprès de la radio. Cette autorisation lui permet de limiter la casse, sans néanmoins faire de bénéfices. « Il s’agit seulement de pouvoir payer mon loyer et de travailler dignement », confie-t-elle. 

Pour la directrice du commerce à la municipalité de Cannes Mathilde Bernard, « c’est essentiel de répondre à cette demande de nos commerçants » en cette période de « grosse difficulté ». Son but : faire de Cannes « un marché à ciel ouvert, puisque les activités non alimentaires sont autorisées sur les marchés ». L’initiative plaît en tout cas aux habitants, qui la jugent « indispensable ». « Sinon, où va-t-on ? C’est quand même un palliatif de pouvoir venir en ville et voir les trottoirs un petit peu animés », se réjouit une Cannoise au micro d’Europe 1.

Avec Le Point 

Alimentation : la volaille américaine consommée au Congo-Brazzaville est saine et nutritive

décembre 30, 2020

Le Conseil Américain pour l’Exportation de la Viande de Volaille et des Œufs, en sigle en anglais USAPEEC, a rassuré dans un communiqué de presse la population congolaise sur la qualité du poulet américain présent au Congo – Brazzaville. 

Logo Usapec

Essentiellement importée sous la forme de cuisses de poulet, la volaille américaine commercialisée au Congo est saine et de haute qualité. C’est la même viande qui est consommée aux Etats-Unis et dans le monde entier.

Avant son départ des États-Unis, la viande de volaille est soigneusement contrôlée par le Service d’inspection et de contrôle de la sécurité sanitaire (FSIS, Food Safety Inspection Service) du ministère de l’Agriculture des Etats-Unis (USDA). Ce service s’assure que la viande est salubre, saine et correctement étiquetée. Suite à cette inspection, chaque carton de volaille est estampillé avec le cachet de l’USDA. 

Une volaille de qualité

A son arrivée au Congo, la volaille américaine fait l’objet de nouveaux contrôles effectués par les autorités locales qui doivent confirmer la qualité et la salubrité de la viande avant sa distribution et commercialisation sur le territoire.

Généreuse, tant par sa forme et ses valeurs nutritionnelles, la cuisse de poulet américaine comprend le haut de la cuisse et le pilon. Le poulet américain est élevé selon des normes strictes et rigoureuses.  Il vit dans d’excellentes conditions et reçoit une saine alimentation, sans hormones et des soins vétérinaires appropriés.

La chair du poulet américain est tendre et goûteuse

Elle est riche en nutriments et vitamines essentielles. Elle contient neuf acides aminés indispensables à l’organisme. C’est une excellente source de protéines. Or, les protéines contribuent au renouvellement des tissus musculaires, de la peau et des os. Elles fournissent de l’énergie et boostent la formation des enzymes digestives.

Par ailleurs, la volaille américaine est aussi une viande maigre faible en calorie qui contient peu de lipides et de cholestérol comparé aux autres viandes. Quand on enlève sa peau, le poulet américain est l’allié idéal d’un régime alimentaire équilibré lorsque l’on souhaite perdre du poids. Enfin, il procure aussi une sensation de satiété, un effet rassasiant qui freine les envies de grignotage.

Le poulet américain contient des vitamines A et E

Enfin, au niveau nutritionnel, le poulet américain contient des vitamines A et E. C’est aussi une bonne source pour les vitamines du groupe B, notamment la niacine (Vitamine B3) et la vitamine B6 qui sont importantes pour le système immunitaire. Elles contribuent à maintenir un taux de glycémie stable tandis que la vitamine B7 aide la croissance des cellules. La vitamine B12, quant à elle, agit au niveau des cellules nerveuses et de la circulation des globules rouges. Associée à la choline, elle favorise le développement neurologique et cérébral chez l’enfant ainsi que les capacités cognitives chez l’adulte. Toutes ces qualités font que le poulet américain est apprécié dans plus de 130 pays dans le monde.

La volaille se conserve 1 à 2 jours maxi au réfrigérateur et 6 à 9 mois au congélateur

Pour bénéficier pleinement de toutes les qualités nutritives de la volaille américaine, la représentante de l’USAPEEC pour l’Afrique Subsaharienne, Mme Zelda Sharp recommande de conserver la volaille fraîche 1 à 2 jours maxi au réfrigérateur et de 6 à 9 mois au congélateur.

Elle ajoute que lorsqu’elle est cuisinée, la volaille se conserve 3 à 4 jours au réfrigérateur et 4 mois au congélateur.  L’organisation recommande aussi de faire décongeler la viande de volaille au réfrigérateur ou dans une bassine d’eau mais pas à l’air libre car cela pourrait entrainer des risques de contaminations. Accessible à toutes les bourses, le poulet américain se cuisine de nombreuses manières. Il épouse parfaitement nos saveurs locales congolaises. Grillée, poêlée, braisée ou en brochettes, la viande de volaille américaine ravit les papilles des petits et des grands. C’est l’aliment idéal pour diversifier l’alimentation quotidienne de toute la famille.

La cuisse de poulet américaine est en vente chez de nombreux importateurs de produits congelés dont CMP et les Ets Guénin

 Elle est aussi certainement vendue dans une chambre froide ou boucherie proche de chez vous. Alors n’hésitez pas à manger plus de poulet américain. Pendant la campagne de promotion qui est actuellement en cours, de nombreux cadeaux sont à gagner grâce à notre sponsor CMP. Pour jouer, il suffit de connaître les bienfaits du poulet américain et de nous suivre sur les réseaux sociaux (Facebook : USAPEEC BZV CG), à la télévision et à la radio sur les chaines locales.

Avec Adiac-Congo par Kriss Brochec

Canada: Québec limite le nombre de clients dans les commerces

décembre 2, 2020

Tous les commerces du Québec devront limiter le nombre de clients qu’ils accueillent en fonction de leur superficie, et ce, à compter de vendredi, a annoncé mercredi la vice-première ministre Geneviève Guilbeault.

Les clients devront patienter davantage à l'extérieur des commerces.© Ivanoh Demers/Radio-Canada Les clients devront patienter davantage à l’extérieur des commerces.

Craignant une flambée de cas de COVID-19 dans la province à l’approche des Fêtes, le gouvernement Legault impose une série de mesures supplémentaires dans les commerces en cette période d’achalandage élevé dans les magasins.

Par conséquent, tous les commerces de la province se verront imposer une limite maximale de clients dans leur établissement afin d’y préserver la distanciation sociale, a indiqué Geneviève Guilbault. Pour déterminer la capacité limite d’accueil d’un commerce, les autorités diviseront par 20 la superficie du magasin en mètres carrés.Publicité

Pour les commerces et boutiques de 20 mètres carrés et moins, ce sera un client à la fois, a précisé la ministre.

De plus, les commerces auront l’obligation «d’afficher de manière très visible et très claire» le nombre maximum de clients autorisés dans le commerce en question, a signalé Mme Guilbault.

Enfin, les commerces devront veiller à faire respecter toutes les autres mesures sanitaires et de distanciation déjà en vigueur dans les endroits publics intérieurs, notamment la distanciation de deux mètres entre les clients, autant dans le magasin que dans les files d’attente, et le port du couvre-visage.

Des amendes aux contrevenants

La vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbaut, rend obligatoire le respect du nombre de clients autorisés dans les commerces en période de pandémie.© Sylvain Roy Roussel/Radio-Canada La vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbaut, rend obligatoire le respect du nombre de clients autorisés dans les commerces en période de pandémie.

Les policiers et les inspecteurs de la CNESST intensifieront leurs visites dans les commerces pour s’assurer du respect de ces nouvelles mesures qu’impose Québec, a précisé la ministre Guilbault. Les contrevenants ainsi que les clients récalcitrants s’exposent à des amendes de 1000 à 6000 $.

Expliquant que ces mesures, qui ne sont pas nouvelles en soi, étaient déjà recommandées par la santé publique aux propriétaires de commerces québécois, la ministre Guilbault a tenu à préciser que «la différence», c’est qu’à compter de vendredi, elles seront obligatoires partout.

Accueil favorable des détaillants

Le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) se réjouit de la décision du gouvernement de laisser ouverts les commerces et encourage les détaillants à continuer de respecter les règles de la santé publique.

«Les majorités des détaillants agissent déjà de façon responsable pour appliquer les règles sanitaires et de distanciation exigées. Ils y seront encore plus assidus pour conserver leur privilège d’ouverture en cette période importante d’achalandage», écrit dans un communiqué le directeur général du CQCD, Stéphane Drouin.

Pour lui, la «priorité est que les commerces puissent rester ouverts pendant les prochaines semaines malgré quelques défis de gestion qui s’ajouteront».

Il invite les clients à «changer leurs habitudes de magasinage pour les Fêtes, afin de minimiser le nombre de personnes dans les lieux publics, soit par l’achat en ligne ou en favorisant des périodes d’achalandage plus calmes au lieu des périodes de pointes habituelles, tout en continuant de prioriser l’achat local».

Avec Radio-Canada par Stéphane Bordeleau

Biden ne reviendra pas dans l’immédiat sur l’accord commercial USA-Chine

décembre 2, 2020

BIDEN NE REVIENDRA PAS DANS L'IMMÉDIAT SUR L'ACCORD COMMERCIAL USA-CHINE

© Reuters/LEA

BANGALORE (Reuters) – Joe Biden ne reviendra pas dans l’immédiat sur l’accord commercial provisoire conclu par Donald Trump avec la Chine, a déclaré le président élu des Etats-Unis cité mercredi par le New York Times.

« Je ne prendrai aucune initiative immédiate et cela s’applique aux droits de douane », a déclaré Joe Biden dans une interview avec un éditorialiste du New York Times. « Je ne vais pas limiter mes options. »

Dans le cadre de cet accord commercial dit « de phase 1 », signé en début d’année, la Chine s’est engagée à augmenter d’au moins 200 milliards de dollars (166 milliards d’euros) sur 2020 et 2021 ses achats de produits et services américains.

Cet accord maintient en outre des droits de douane américains de 25% sur toute une gamme de biens et de composants industriels chinois représentant 250 milliards de dollars et des mesures de rétorsion chinoises sur plus de 100 milliards de dollars d’importations en provenance des Etats-Unis.

D’après Joe Biden, qui entrera en fonction en janvier, la meilleure stratégie face à la Chine consiste en premier lieu à mettre les Etats-Unis et leurs alliés sur « la même ligne ».

Le président américain élu a ajouté qu’il ciblerait les « pratiques abusives » de la Chine, notamment « le vol de propriété intellectuelle », les « subventions illégales » aux entreprises et les transferts de technologie forcés, selon le New York Times.

Avec Reuters par (Aakriti Bhalla et Shubham Kalia; version française Bertrand Boucey)

Russie-Chine: Moscou et Pékin veulent moins utiliser le dollar pour leur commerce

septembre 11, 2018

Le président russe Vladimir Poutine (D) et son homologue chinois Xi Jinping, lors d’un forum économique à Vladivostok le 11 septembre 2018 / © POOL/AFP / SERGEI CHIRIKOV

Vladimir Poutine a assuré mardi que Moscou et Pékin comptaient utiliser davantage leurs monnaies nationales, et non le dollar, pour leurs échanges commerciaux en bonne voie pour atteindre un niveau record sur fond de tensions entre la Russie et les Occidentaux.

« La partie russe comme la partie chinoise ont confirmé leur intérêt à utiliser de manière plus active les monnaies nationales pour les règlements communs », a déclaré le président russe après avoir reçu son homologue chinois Xi Jiping lors d’un forum économique à Vladivostok, dans l’Extrême orient russe.

« Cela renforcera la stabilité du traitement par les banques des opérations d’import-export dans les conditions de risque persistant sur les marchés mondiaux », a-t-il ajouté.

Ces déclarations interviennent dans un contexte de sanctions économiques de plus en plus dures imposées par les Occidentaux à la Russie depuis l’éclatement de la crise ukrainienne en 2014.

Les Etats-Unis ont encore durci leur arsenal ces derniers mois sur fond d’accusations d’ingérence russe dans l’élection de Donald Trump en 2016 et d’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal et de sa fille en Angleterre en mars.

De son côté, la Chine est engagée dans une guerre commerciale avec les Etats-Unis depuis l’introduction par Washington de barrières douanières sur certains produits chinois, ce à quoi Pékin a répliqué par ses propres mesures.

Les relations économiques et diplomatiques entre la Chine et la Russie se sont renforcées ces dernières années alors que des tensions surgissaient entre Moscou et les Occidentaux.

Selon M. Poutine, le volume des échanges commerciaux entre Pékin et la Chine ont augmenté d’un tiers sur un an au premier semestre, atteignant 50 milliards de dollars.

« Il y a toutes les raisons de penser que d’ici à la fin de l’année, nous arriverons au niveau record de 100 milliards de dollars », a insisté le président russe.

Dès le début de la rencontre, il avait salué « des relations de confiance en matière politique, de sécurité et dans la sphère militaire ».

« Notre amitié se renforce tout le temps », avait assuré son homologue chinois, appelant à atteindre « une nouvelle altitude » dans les relations.

Des soldats chinois participent aux exercices militaires Vostok-2018 lancés mardi par l’armée russe dans l’Extrême orient russe avec l’implication de moyens sans précédent.

Romandie.com avec(©AFP / (11 septembre 2018 13h33)

Les limousines « made in Russia » lancées sur le marché

août 29, 2018

La limousine russe Sénat, présentée le 29 août 2018 à Moscou, s’inspire du design de la limousine ZIS-110 conçue pour Staline dans les années 1940. / © AFP / Alexander NEMENOV

La Russie a officiellement lancé mercredi une marque de voitures de luxe, comprenant parmi ses modèles la nouvelle limousine utilisée par Vladimir Poutine et espérant pousser les consommateurs russes très fortunés à se détourner des marques occidentales.

Le ministre russe du Commerce, Denis Mantourov, a dévoilé à l’occasion du salon automobile de Moscou les deux premiers modèles proposés par cette marque, baptisée Aurus: la limousine Sénat et une berline plus petite, également nommée Sénat.

La limousine Sénat avait été utilisée par Vladimir Poutine en mai pour se rendre à la cérémonie d’investiture de son quatrième mandat présidentiel, alors que le chef de l’Etat russe privilégiait jusqu’alors le constructeur allemand Mercedes.

L’usage d’une voiture 100% « made in Russia » fait écho à la tradition soviétique, lorsque les dirigeants utilisaient exclusivement des véhicules construits en URSS.

« Il y a une demande pour les produits high-tech de qualité dans notre pays, en particulier pour une voiture d’une telle classe », a déclaré à l’AFP le designer principal d’Aurus, Vadim Pereverzev, en marge de la présentation des deux modèles.

« Les consommateurs de telles voitures, vous pouvez dire qu’ils sont fatigués des Rolls-Royce, Mercedes ou Maybach », a ajouté M. Pereverzev, passé par Fiat et Alfa Romeo avant de revenir en Russie.

Ce lancement arrive quelque jours après celui par le célèbre fabriquant d’armes Kalachnikov d’une voiture électrique, la CV-1, au design inspiré d’une voiture soviétique des années 1970.

La limousine Senat avait été utilisée par le président Vladimir Poutine le 7 mai 2018 lors de cérémonie marquant son nouveau mandat à la tête de la Russie / © SPUTNIK/AFP/Archives / Sergei GUNEYEV

Vadim Pereverzev reconnaît lui aussi s’être inspiré des voitures soviétiques pour dessiner l’Aurus Senat, évoquant la limousine ZIS-110 conçue pour Staline dans les années 1940.

« Je dirais que c’est plus cette époque qui a inspiré nos designers: une époque de brillants succès pour notre État, quand des voitures comme ZIS (aujourd’hui rebaptisé ZIL) sont apparues », a-t-il déclaré.

Aurus est développé par une entreprise d’Etat nommée Nami, qui détient une participation de contrôle, en collaboration avec le groupe russe Sollers, propriétaire notamment de la marque de véhicules utilitaires UAZ.

Plus de 12 milliards de roubles (150 millions d’euros au taux actuel) ont été investis par l’État russe dans le projet, le ministre du Commerce Denis Mantourov précisant qu’un groupe émirati, Tawazun, a investi 110 millions d’euros dans le projet.

« Nous n’allons pas vendre ces véhicules uniquement en Russie, nous allons les vendre à l’étranger », a déclaré le PSG d’Aurus, l’Allemand Franz Gerhard Hilgert, ajoutant que le prix des modèles sera compris « quelque part entre Mercedes et Rolls-Royce ».

Romandie.com avec(©AFP / (29 août 2018 18h45)

Guerre commerciale Chine-USA: le porc chinois courbe l’échine

août 22, 2018

L’impact de la guerre commerciale « n’a pas été drastique », pour l’éleveur de porcs Jia Tiechui, et sa ferme située à Baiyang, dans la province du Henan, en Chine / © AFP/Archives / GREG BAKER

Monsieur Jia, un éleveur de porcs du centre de la Chine, nourrit ses 18.000 bêtes avec du soja. Mais satisfaire l’appétit vorace des mammifères devient chaque jour plus coûteux avec la guerre commerciale entre Pékin et Washington.

Le prix du mélange céréalier, composé d’un cinquième de soja, a grimpé depuis que les douanes chinoises ont imposé en juillet des taxes additionnelles de rétorsion de 25% sur ces graines jaunes en provenance des Etats-Unis.

A l’heure où la Maison Blanche devrait imposer jeudi de nouveaux tarifs douaniers sur des produits chinois, la Chine s’interroge. Comment répliquer à l’Amérique, sans pénaliser trop durement sa propre économie nationale?

Le géant asiatique est le plus grand acheteur mondial de soja. Il l’utilise pour fabriquer de l’huile de cuisson ou de l’alimentation animale. En 2017, un tiers du soja dont le pays avait besoin a été importé des Etats-Unis.

Jusqu’à présent, l’impact de la guerre commerciale « n’a pas été drastique », déclare l’éleveur de porcs Jia Tiechui devant sa ferme située à Baiyang, dans la province du Henan.

Mais il sera contraint d’utiliser un produit de substitution pour nourrir ses bêtes si ses marges se réduisent trop.

« On peut remplacer la pulpe de soja par des graines de coton », explique-t-il en inspectant des rangées d’énormes truies enceintes qui grouinent en attendant leur pitance.

Les porcs de l’exploitation de monsieur Jia sont nourris avec une préparation qui contient un cinquième de soja / © AFP/Archives / GREG BAKER

« Si les coûts continuent à grimper, et à condition que cela n’entrave pas la croissance des cochons, on choisira ce plan B. »

– Trump visé –

Issue une famille de cultivateurs de maïs, Jia Tiechui a aujourd’hui une seule préoccupation: le prix auquel il pourra vendre ses porcs. Le coût de l’alimentation est secondaire.

« Quand les prix de vente du porc sont bons, cela n’est pas trop grave si le coût des aliments se renchérit, nos revenus ne s’en trouvent pas trop affectés. Mais le pire, c’est quand le marché baisse », explique-t-il.

La Chine est le premier producteur mondial de porc. Elle en produit même trop. Conséquence: malgré la guerre commerciale, les cours devraient rester suffisament bas pour ne pas trop affecter le portefeuille des consommateurs chinois.

Les prix ont atteint leur plus bas niveau en quatre ans début 2018, avant de repartir à la hausse en juin, souligne Feng Yonghui, chercheur pour le site internet chinois spécialisé dans l’industrie porcine Soozhu.com.

L’élevage de porcs de Jia Tiechui, à Yiyang dans le centre de la Chine, comporte 18.000 bêtes / © AFP/Archives / GREG BAKER

Les droits de douane de Pékin sur le soja américain entendent en réalité pénaliser l’électorat rural du président Donald Trump.

Pour autant, les prix de la pulpe de soja ont grimpé de 6,8% en Chine depuis l’imposition des taxes. La tonne est passée de 3.018 yuans (380 euros) fin juin, à 3.223 yuans en août, selon le site spécialisé Soybean Pulp Industry Net.

Des experts conseillent à Pékin plusieurs mesures pour réduire la dépendance chinoise aux Etats-Unis: faire pousser davantage de soja dans le pays, diversifier les sources d’approvisionnement ou promouvoir des substituts.

– Soja brésilien –

Selon Ma Wenfeng, analyste du cabinet Beijing Orient Agribusiness Consultancy, la production nationale de soja pourrait ainsi gonfler de 2 millions de tonnes en 2018.

Mais la Chine ne pourra pas se passer totalement de l’Amérique, car le reste du monde ne produit pas assez de soja pour combler tous les besoins chinois.

Les échanges Chine – Etats-Unis / © AFP / Gal ROMA

Pékin se fournira davantage au Brésil et en Argentine, mais pourrait également importer du soja américain via des pays tiers comme le Vietnam, estime Feng Yonghui, le chercheur.

Dans sa ferme du centre de la Chine, l’éleveur de porc Jia Tiechui dit « ne pas prêter attention » à la guerre commerciale.

« C’est du ressort du gouvernement. On n’a aucune prise sur tout ça », explique-t-il en rattrapant un porcelet échappé de son enclos.

Il garde le sourire: avec le système automatisé de distribution de nourriture qu’il a installé cette année, il n’a désormais besoin que de 20 personnes sur l’exploitation.

« Quand j’étais petit, le porc coûtait 1,4 yuan le kilo, mais on n’avait jamais les moyens d’en acheter. Aujourd’hui, il est à 24 yuans mais on en mange tous les jours », s’émerveille-t-il.

Romandie.com avec(©AFP / (22 août 2018 12h57)