Au-delà de toute procédure légale, Ahmed Abdallah Sambi est en détention provisoire depuis plus de quatre ans. Mais l’ex-président, très affaibli, refuse d’être jugé par cette cour.
S’appuyant sur un gendarme, visiblement malade, l’ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi, 64 ans, détenu depuis quatre ans pour une affaire de corruption, a comparu lundi 21 novembre devant la Cour de sûreté de l’État à Moroni pour « haute trahison ».
Barbe blanche taillée et boubou bleu, le principal opposant à l’actuel président Azali Assoumani s’est assis face au tribunal qui le juge dans le scandale dit de la « citoyenneté économique », relatif à la vente de passeports comoriens à des apatrides des pays du Golfe.
« Je ne veux pas être jugé par cette cour »
La défense a contesté la composition de la Cour, la jugeant « illégale ». Son président avait déjà siégé à la chambre d’accusation et ne peut donc pas, « selon la loi, participer à une juridiction de jugement », a affirmé l’avocat belge Jan Fermon.
Celui qui fut président de l’archipel de 2006 à 2011 a bataillé pour prendre la parole avant les débats. « La composition du tribunal est illégale, je ne veux pas être jugé par cette cour », a-t-il lancé.
Un des avocats de la partie civile, le Togolais Éric Emmanuel Sossa, a fustigé l’attitude de l’ancien chef de l’État. « En lieu et place d’un tribunal, il voulait une place pour la harangue et le prêche », a-t-il déclaré. La Cour a finalement décidé de reporter l’audience à demain.
« Haute trahison »
Par ailleurs Bachar Kiwan, sulfureux homme d’affaires franco-syrien, qui est aussi l’un des principaux prévenus de ce dossier, a avancé dans un communiqué que le gouvernement comorien lui avait proposé « un arrangement à l’amiable » contre son témoignage « sur le rôle joué » par son groupe dans le scandale. « Il devient clair pour moi que ce n’est pas un témoignage que le gouvernement comorien recherche mais un faux témoignage pour donner vie à ses accusations », dénonce-t-il.
Ahmed Abdallah Sambi est en détention provisoire depuis plus de quatre ans, alors que la limite légale est fixée à huit mois. D’abord placé en résidence surveillée pour troubles à l’ordre public en mai 2018, il avait été incarcéré trois mois plus tard dans le cadre de cette affaire. Lors de son renvoi en septembre, le juge d’instruction avait requalifié les faits reprochés à l’ancien président en « haute trahison ».
Au-delà de toute procédure légale, l’ancien président de l’Union des Comores vient d’entamer sa cinquième année en détention provisoire. Sans que son cas ne suscite pour l’instant d’autre inquiétude que celle de ses proches.
Le 22 août 2022 au matin, Ahmed Abdallah Sambi, président de l’Union des Comores entre 2006 et 2011, a commencé sa cinquième année en détention provisoire. Placé en résidence surveillée le 18 mai 2018, officiellement pour trouble à l’ordre public, il est maintenu sous contrôle judiciaire depuis le 21 août de cette même année, à la suite de sa mise en examen pour détournement de deniers publics dans le cadre du programme de citoyenneté économique qu’il avait lui-même initié en 2008 et qui a duré jusqu’en 2016.
« En détention provisoire illimitée »
À 64 ans, Ahmed Abdallah Sambi compte parmi les quelques anciens présidents africains poursuivis en justice dans leurs pays. Il a certes, jusqu’à présent, évité la case prison pour être maintenu sous bonne garde à son domicile, comme peuvent l’être aussi Mohamed Ould Abdelaziz et Jacob Zuma. Mais lui l’est « en dehors de tout cadre légal », insiste son avocat, Mahamoudou Ahamada.
Calquée sur le droit français, la procédure pénale comorienne prévoit en effet un délai maximum de quatre mois, renouvelable une fois. Depuis le 20 avril 2019, Ahmed Abdallah Sambi est donc placé « en détention provisoire illimitée », selon la formule utilisée, dans un accès de franchise surprenant, par le ministre de la Justice Mohamed Houssaini devant des journalistes en décembre 2020.
Depuis, le nouveau garde des Sceaux, Djaé Ahamada Chanfi, tout comme l’actuel président de l’Union des Comores, Azali Assoumani, promettent à intervalle régulier l’ouverture d’un procès qui n’en finit pas de se faire attendre. Le chef d’État comorien l’a encore annoncé pour la fin de cette année à Jeune Afrique en juillet dernier. Sauf qu’à ce jour, « aucune ordonnance de renvoi n’a été prise par le tribunal en première instance de Moroni pouvant confirmer une telle éventualité », constate le défenseur de l’ex-président, surpris de voir l’exécutif s’engager de la sorte à la place du judiciaire.
Un dossier embarrassant
C’est pourtant au nom de l’indépendance de la justice aux Comores que le président Assoumani a longtemps justifié le fait qu’il se tenait en retrait de ce dossier de plus en plus embarrassant pour lui-même et pour son pays. Surtout que personne ne sait où en est l’instruction. Le juge Hassane Assoumani, qui dispose du réquisitoire définitif émis par le parquet de Moroni depuis juin 2020, n’a jusqu’à ce jour mené aucune audition. « Nous sommes dans une impasse totale », déplore Mahamoudou Ahamada.
Contacté par Jeune Afrique, le juge Assoumani n’a pas répondu à nos sollicitations. Pas plus que le procureur de la République, Ali Mohamed Djounaid. Il aurait pourtant été intéressant de savoir pourquoi lui et son prédécesseur jusqu’en juillet 2021, Mohamed Abdou, ont constamment refusé les demandes de soins déposées par l’avocat Mahamoudou Ahamada et acceptées par le juge d’instruction. Jusqu’à lui dénier la possibilité, en juin dernier, d’aller se faire soigner une rage de dent à Moroni.
DEPUIS CINQ ANS, SAMBI EST CONFINÉ DANS UNE RÉSIDENCE SITUÉE SUR L’ÎLE DE GRANDE COMORE, À BONNE DISTANCE DE SES PROCHES ET DE SA FAMILLE
Se pose aussi la question de savoir pourquoi, parmi les personnes encore inculpées, seul Ahmed Abdallah Sambi n’a bénéficié d’aucun assouplissement officiel de ses conditions de détention, contrairement à Nourdine Bourhane et Mohamed Ali Soilihi, les deux anciens vice-présidents de son successeur à la présidence, Ikililou Dhoinine, chef de l’État entre 2011 et 2016.
Les deux hommes ont obtenu une levée partielle de leur contrôle judiciaire en mars 2022. Quant à Ikililou Dhoinine, il n’a jamais été officiellement inculpé dans cette affaire ni même convoqué par la justice. Il coule aujourd’hui des jours tranquilles sur son île de Mohéli quand l’Anjouanais Sambi reste confiné dans la résidence à laquelle ses anciennes fonctions lui donnent droit, à Voidjou, sur l’île de Grande Comore. « Soit à bonne distance de ses proches et de sa famille », regrette Tisslame Sambi, qui n’a pas vu son père depuis quatre ans.
La crainte de l’oubli
L’époque où Mahamoudou Ahamada devait ôter ses chaussures sur le pallier, pour voir s’il n’y cachait pas un téléphone, semble toutefois révolue. « Mais les droits de visite sont comme la météo, qui peut être clémente ou agitée », philosophe l’avocat qui a longtemps été le seul autorisé à voir son client. Quelques fidèles de l’ancien parti présidentiel Juwa obtiennent parfois du juge d’instruction le précieux sésame qui leur permet de rencontrer leur chef qui, autrement vit reclus, avec pour seule compagnie le cuisinier qui l’accompagne depuis la présidence, aujourd’hui « véritable assurance-vie contre toute tentative d’empoisonnement », selon Tisslame Sambi.
Seules pour l’instant quelques organisations internationales se sont intéressées au fil des mois qui passent au sort d’Ahmed Abdallah Sambi. Depuis le début de cette année, l’ONU, via son représentant du PNUD aux Comores, s’est rendu à Voidjou, tout comme les représentants de l’Union européenne (UE) et de l’Union africaine (UA) à Madagascar. En visite aux Comores en février de cette année, Macky Sall, président en exercice de l’UA, a bien évoqué le cas Sambi auprès de son homologue comorien, mais « sans que cela n’ait eu la moindre conséquence sur le déroulement de la justice comorienne », regrette Mahamoudou Ahamada.
Les performances de l’équipe camerounaise sont suivies de près par leur ancien capitaine, vainqueur de la CAN en 2000 et 2002. À quelques heures des 8e de finale contre les Comores, il se montre confiant mais prudent.
Sur le papier, le 8e de finale de ce lundi 24 janvier au stade d’Olembé est le plus déséquilibré de la Coupe d’Afrique des nations (CAN). D’un côté, le Cameroun, cinq fois vainqueur de la compétition, qui a déjà bouclé le premier tour avec sept points. De l’autre, les Comores, qui participent pour la première fois à la phase finale et qui sont fortement affectés par le Covid-19.
Les Lions indomptables seront évidemment les grands favoris et se voient déjà rencontrer le 29 janvier le vainqueur du match Guinée-Gambie. Mais leur ancien capitaine, Patrick Mboma (56 sélections, 33 buts) incite ses compatriotes à une certaine prudence, tout en saluant leurs premières performances et surtout leur esprit d’équipe.
Jeune Afrique : Le Cameroun a terminé le premier tour invaincu. Que retenez-vous des trois matchs de votre ancienne équipe ?
Cette sélection a rempli sa mission en se qualifiant logiquement. Elle n’est pas enthousiasmante, mais elle fait plaisir à voir. Je ne me suis pas ennuyé, et ce qu’elle a montré lors du premier tour est très encourageant. Il émane de cette sélection beaucoup d’envie et de détermination, et une vraie cohésion. Lors des deux premiers matchs, contre le Burkina Faso (2-1) et l’Éthiopie (4-1), l’équipe a été rapidement menée au score mais elle ne s’est jamais affolée. On sent que les joueurs aiment évoluer ensemble, qu’ils ont un objectif commun : aller le plus loin possible. Grâce à ce comportement, ils bénéficient de l’appui du public, qui croit en eux.
Vous ressentez beaucoup d’engouement autour des Lions ?
Les Camerounais apprécient ce qu’ils voient depuis le début de la CAN. La qualification pour le dernier tour des éliminatoires de la Coupe du Monde, en novembre dernier après la victoire face à la Côte d’Ivoire (1-0), avait déjà eu beaucoup d’impact. Les gens savent que le Cameroun n’est pas forcément la meilleure équipe du tournoi, mais qu’elle peut rivaliser avec les autres favoris que sont le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Maroc.
Pourtant, il y a encore quelques jours, beaucoup de Camerounais disaient ne pas croire aux chances de victoire de leur équipe…
Oui, c’est le Cameroun dans toute sa splendeur ! Souvent, avant un tournoi, les Camerounais disent que leur équipe n’a aucune chance. Mais quand la compétition débute, ils vous répètent qu’elle va gagner !
DANS L’HISTOIRE DE LA CAN, PEU DE JOUEURS ONT ÉTÉ AUSSI PERFORMANTS QUE VINCENT ABOUBAKAR
Il y avait une sorte de défiance avant la CAN, car les prestations n’étaient pas toujours convaincantes. Le sélectionneur, le Portugais Toni Conceicao, était critiqué, car on ne comprenait pas toujours son système de jeu. On ne le comprend d’ailleurs pas toujours et certains disent qu’il n’a pas beaucoup de charisme, mais pour le moment, les résultats sont là, et c’est l’essentiel. Il a l’intelligence d’impliquer beaucoup de joueurs, en faisant les changements qu’il faut. Et pour aller loin dans une grande compétition, il faut que tous les joueurs soient concernés, car il peut y avoir des blessures, des suspensions, des cas de Covid, de la fatigue. Si tout n’a pas été parfait depuis qu’il a été nommé, fin 2019, le bilan est positif.
On dit souvent que, pour aller loin dans un tournoi, il faut un bon gardien et un vrai buteur…
Et c’est le cas du Cameroun ! André Onana, notre gardien, a certes commis une erreur lors du premier match, qui nous a coûté un but, mais depuis, il est très performant. Quant à Vincent Aboubakar, il en est déjà à 5 buts en trois matches, et je pense que peu de joueurs, dans l’histoire de la CAN, ont réussi une telle performance. C’est un véritable atout que d’avoir un buteur si performant.
Il y a d’autres joueurs qui ont montré des choses intéressantes, comme le défenseur Nouhou Tolo. J’attends plus d’André Zambo Anguissa au milieu, car il a un gros potentiel, et il peut apporter davantage.
LES COMORIENS N’AURONT RIEN À PERDRE, AUCUNE PRESSION
Le Cameroun sera favori face aux Comores lundi. Est-ce le 8e de finale idéal, au moins sur le papier ?
Les Comoriens n’auront rien à perdre, aucune pression. Ils ont déjà réussi leur CAN en battant le Ghana (3-2) et en se qualifiant pour la phase finale. Tout ce qui peut intervenir après ne sera que du bonus. Ce n’est pas l’équipe qui a fait la meilleure impression au premier tour, mais ce n’est pas ce qu’on attendait d’elle. Les joueurs font bien ce qu’ils savent faire, leur parcours est respectable. Il faudra prendre cette équipe au sérieux, la respecter. Les Lions auraient pu tomber sur un adversaire plus fort, mais il faudra confirmer leur statut de favori.
Le président des Comores Azali Assoumani a secoué la scène politique de l’archipel en annonçant coup sur coup une réforme des institutions et une probable élection présidentielle anticipée dès 2019, à laquelle il entend bien se présenter.
Elu en 2016 pour un mandat non renouvelable de cinq ans, M. Azali, un ancien putschiste, a d’abord dévoilé samedi soir la tenue en juillet d’un référendum constitutionnel destiné à modifier l’organisation des pouvoirs publics, dont vraisemblablement la présidence.
« Je propose un processus de modification (de la Constitution) pour assurer la stabilité et le développement du pays », a-t-il déclaré lors d’une allocution radiotélévisée.
Dès le lendemain, il a profité d’une visite de terrain à Anjouan, une des trois îles de l’archipel de l’océan Indien dont il est originaire, pour évoquer la tenue d’élections anticipées.
« Le chef de l’Etat a indiqué que si le référendum sur les modifications constitutionnelles était approuvé, il y aurait une série d’élections et qu’il serait lui-même candidat », a confirmé lundi à l’AFP un de ses conseillers.
« Il n’y a pas de doute, il faut s’attendre à une nouvelle élection présidentielle », a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat.
Une source proche du palais présidentiel de Beït-Salam a confirmé à l’AFP que ce scrutin aurait « probablement » lieu dès le premier trimestre de l’année prochaine.
M. Azali devrait tenir une conférence de presse lundi en fin de journée, selon la même source.
Lors de son discours samedi soir, le chef de l’Etat n’a donné aucun détail sur la réforme institutionnelle qu’il envisageait. « Il s’agit d’ouvrir une nouvelle page de l’histoire de notre pays (…) et d’assurer un meilleur avenir à notre peuple », a-t-il déclaré.
– Présidence tournante –
Mais il a précisé qu’il souhaitait « mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales » qui se sont tenues à Moroni en février pour tirer le bilan des quarante-trois ans de l’indépendance de l’archipel de l’océan Indien.
Cette réunion s’était notamment prononcée pour une réforme des institutions du pays, dont celle de la présidence tournante entre les trois îles qui forment l’Union des Comores (Anjouan, Grande-Comore et Mohéli).
Ce mécanisme complexe, mis en place par la Constitution de 2001, a stabilisé l’archipel, secoué par des crises séparatistes et plusieurs coups d’Etat, dont le dernier remonte à 1999 et avait porté au pouvoir… M. Azali.
L’officier était arrivé aux commandes par un putsch qu’il avait présenté a posteriori comme une interposition de l’armée pour prévenir une guerre civile, alors que le pays traversait une crise sécessionniste (1997-2001). Il était resté au pouvoir jusqu’en 2006 avant de le céder démocratiquement à Ahmed Abdallah Sambi, nouvellement élu.
M. Azali avait ensuite été élu en 2016, selon les termes de la nouvelle constitution, au terme d’un scrutin chaotique et contesté.
Cette élection avait nécessité l’organisation inédite d’un troisième tour de scrutin dans une douzaine de bureaux de vote d’Anjouan pour départager les deux candidats arrivés en tête.
Depuis plusieurs mois, le chef de l’Etat essuie les vives critiques de ses adversaires politiques, qui l’accusent de dérive autoritaire.
Mi-avril, il s’était attiré les foudres de l’opposition en suspendant la plus haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle, en raison d’un « nombre incomplet de juges ».
« On est sorti des limites de la démocratie », s’était insurgé Youssouf Boina, secrétaire général de l’Union pour le développement des Comores (UPDC), un des deux principaux partis d’opposition. « Le président a dissous l’ordre constitutionnel au profit d’un ordre monarchique », avait-il déploré.
Ancienne colonie française, les Comores, composées de quatre îles (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli et Mayotte), ont proclamé leur indépendance de Paris en 1975, mais Mayotte a décidé de rester dans le giron de la France et est devenu un département.
Moroni revendique depuis la souveraineté sur l’île française.
Les tensions sont régulières entre Moroni et Paris, en raison d’une forte immigration clandestine en provenance des Comores à destination de Mayotte, distante d’à peine 80 km.
Les anciens présidents comoriens Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine sont visés par une procédure judiciaire suite à une affaire de vente de passeports entre 2008 et 2016. Plus de 48 000 passeports ont été accordés à des populations apatrides durant cette période, au lieu des 4 000 initialement prévus.
Après avoir reçu, le 10 avril, le rapport parlementaire sur le programme de nationalité économique, le chef de l’État, Azali Assoumani, a aussitôt demandé à la justice de s’emparer de cette affaire, les principaux responsables étant ses prédécesseurs Ahmed Abdallah Mohamed Sambi et Ikililou Dhoinine.
Selon le rapport, plus de 48 000 passeports ont été accordés à des populations apatrides du Koweït et des Émirats arabes unis entre 2008 et 2016, au lieu des 4 000 prévus par l’accord. Soit un manque à gagner estimé à 1 milliard de dollars pour l’État comorien (50 000 dollars par famille).
Le ministre comorien des Affaires étrangères, Mohamed Bacar Dossar, a exigé lundi des excuses du président français Emmanuel Macron, jugeant que sa plaisanterie sur les « kwassa-kwassa » était « choquante et méprisante ».
À l’occasion d’un déplacement en Bretagne, jeudi, le chef de l’Etat français avait plaisanté au sujet de ces frêles embarcations sur lesquelles périssent de nombreux migrants comoriens tentant de rejoindre Mayotte, le département français voisin.
« Le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien, c’est différent », avait lancé Emmanuel Macron lors d’un échange avec des responsables d’un centre régional d’observation et de sauvetage.
« Propos choquants et méprisants »
« Ce sont des propos choquants et méprisants. Le peuple comorien a droit à la dignité et des excuses sont nécessaires », a déclaré à l’AFP Mohamed Bacar Dossar. « L’emploi du mot ‘du’ est méprisant, nous sommes choqués, on attend une mise au point sérieuse de l’Elysée. J’ai convoqué l’ambassadeur de France pour lui faire part de notre indignation », a ajouté le ministre.
Les migrants, qui partent notamment de l’île comorienne d’Anjouan, empruntent ces « kwassa-kwassa », des embarcations de fortune, pour rallier les côtes de Mayotte illégalement, parfois au péril de leur vie. Ces traversées ont causé « entre 7000 et 10 000 morts depuis 1995 », selon un rapport du Sénat français de 2012.
Pour le chef de la diplomatie comorienne, « il y a un contexte douloureux lié aux kwassa-kwassa que Macron ne peut ignorer ». « Il y a de nombreuses pertes en mer entre Anjouan et Mayotte (…) des familles perdent des proches, des fils, des enfants… Ce n’est pas un sujet qui se prête à l’humour… c’est cela qui a choqué les Comoriens », a-t-il déclaré.
La présidence comorienne a quant à elle déploré une « déclaration inconsidérée » à mettre « sur le compte de la jeunesse ». « Les traversées périlleuses des Comoriens entre Anjouan et Mayotte est un sujet qui mérite plus que la plaisanterie ou le sarcasme », a déclaré à l’AFP, Said Ali Said Ahmed, le conseiller chargé de la communication du président Azali Assoumani. « Mais maintenant que le président Macron a mis le sujet sur la place publique d’une façon inappropriée, il convient de trouver une solution à ce drame », a-t-il ajouté.
Face à l’indignation, l’Elysée avait reconnu samedi « un trait d’humour malheureux qui a pu blesser ».
Moroni – L’ex-putschiste et ancien président Azali Assoumani a été élu chef d’Etat des Comores après une élection présidentielle partielle dans des bureaux où le second tour avait été entaché de violences, selon les résultats officiels proclamés dimanche par la Cour Constitutionnelle.
La Cour proclame Azali Assoumani président de l’Union des Comores pour un mandat de cinq ans, a annoncé dimanche Loutfi Soulamaine, le président de la Cour Constitutionnelle, depuis la capitale Moroni.
Avec 41,43% des voix, le colonel Assoumani devance le candidat du pouvoir sortant, Mohamed Ali Soihili dit Mamadou, qui obtient 39,66% des suffrages, selon les résultats définitifs.
Le gouverneur de l’île de Grande-Comore, Mouigni Baraka, arrive en troisième position avec 18,91% des voix.
Azali Assoumani était arrivé en tête à l’issue du deuxième tour de la présidentielle le 10 avril, avec 2.000 voix d’avance seulement sur Mamadou, mais le scrutin avait été émaillé de plusieurs actes de violence, dont la destruction et le bourrage d’urnes, essentiellement à Anjouan, l’une des trois îles de l’Union des Comores.
La Cour constitutionnelle avait alors ordonné l’organisation d’une partielle qui s’est tenue mercredi dans 13 bureaux, tous situés à Anjouan et où Azali Assoumani a conforté son avance sur son rival Mamadou.
J’éprouve de la joie, bien sûr. Mais ce n’est pas seulement la victoire d’Azali, c’est tout le peuple comorien qui a gagné! Le droit a parlé et la paix sociale est préservée, s’est réjoui Mohamed Chatur, le représentant d’Azali Assoumani au sein de la commission électorale.
Le processus a été long et complexe, émaillé d’incidents. La Cour s’est prononcée, nous nous soumettons à sa décision, a indiqué à l’AFP Said Larifou, le porte-parole de Mamadou, reconnaissant la défaite de son candidat.
Nous souhaitons bonne chance à la nouvelle équipe, a-t-il ajouté.
Azali Assoumani, un officier de 57 ans formé à l’Académie royale de Meknes au Maroc et passé par l’Ecole de guerre en France, retrouve le palais présidentiel de Beït-Salam pour la seconde fois.
La première fois, en avril 1999, il était arrivé aux commandes par un putsch qu’il présentera a posteriori comme une interposition de l’armée pour prévenir une guerre civile, alors que le pays traversait une crise sécessionniste (1997-2001). Il restera au pouvoir jusqu’en 2006 avant de le céder démocratiquement à Ahmed Abdallah Sambi, nouvellement élu.
Il cite souvent à son actif l’adoption de la nouvelle Constitution qui a stabilisé les Comores et la création de l’Université des Comores.
Ses détracteurs ne ratent pas une occasion de rappeler un fait d’armes peu glorieux. En 1995, lors d’un affrontement armé avec une dizaine de mercenaires conduits par le Français Bob Denard, Azali Assoumani avait abandonné ses hommes pour se réfugier à l’ambassade de France à Moroni.
Moroni – Dix-neuf des 25 candidats du premier tour de la présidentielle aux Comores ont contesté jeudi les résultats annoncés et exigé un recomptage des voix, menaçant d’entraver le second tour si leur demande n’était pas entendue.
Nous devons procéder à un nouveau recomptage des bulletins. Il n’y aura pas de second tour avant le recomptage des voix, a déclaré jeudi devant la presse Ibrahima Hissani, porte-parole des 19, dont fait partie l’un des trois candidats qualifiés pour le second tour, le colonel Azali Assoumani, ancien chef de l’Etat, arrivé en troisième position dimanche.
Les contestataires ont appelé à un grand rassemblement populaire samedi à Moroni.
Devant les journalistes, M. Hissani a également affirmé que le candidat arrivé en deuxième position au premier tour, Mouigni Baraka, gouverneur de l’île de la Grande-Comore, avait signé l’appel au recomptage des voix. Ce ralliement n’a pas pu être confirmé immédiatement.
La cible des 19 est clairement Mohamed Ali Soilihi, arrivé en tête dimanche avec 17,61% des voix.
Un seul candidat ne peut pas avoir raison contre tout le monde. Il a obtenu 17% des voix et nous nous totalisons les 83% restants, a martelé M. Hissani.
Le second tour de la présidentielle est prévu le 10 avril.
Dès l’annonce des résultats, le candidat arrivé en quatrième position, et donc éliminé du second tour, Fahmi Said Ibrahim, avait crié à la fraude. Plusieurs dizaines de ses partisans s’étaient rassemblés dans la soirée devant son QG du candidat pour contester les résultats, avant d’être dispersés par les forces de l’ordre.
La mission d’observation de l’Union Africaine conduite par l’ancien président tunisien Mohamed Moncef Marzouki a noté qu’ en dehors de quelques incidents isolés, l’ensemble du scrutin s’est déroulé de manière ordonnée et paisible, appelant l’ensemble des acteurs politiques à garder (leur) calme et à respecter les résultats de cette première étape des élections.
Vingt-cinq candidats étaient en compétition pour ce scrutin présidentiel. Tous étaient originaires de l’île de la Grande-Comore, selon la règle de la présidence tournante entre les trois îles de l’Union des Comores.
La Constitution de 2001 établit un système de présidence tournante entre les trois îles qui composent l’Union (Grande-Comore, Anjouan, Mohéli). Un mécanisme qui a stabilisé l’archipel, secoué par des crises séparatistes et plusieurs coups d’Etat, dont le dernier remonte à 1999.
Au moins 30 personnes sont décédées dans le naufrage d’un boutre dans la nuit de lundi à mardi au sud de l’île de la Grande-Comore, a annoncé à l’AFP le chef du Centre des opérations de secours et de protection civile (Cosep).
« Pour l’instant, le bilan s’élève à 30 morts, 50 rescapés », a déclaré le colonel Mouigni Daho, joint au téléphone par l’AFP.
De son côté, le coordinateur des secours du Croissant Rouge comorien, Arfachad Salim a avancé le nombre de 61 rescapés.
« Le nombre de morts pourrait augmenter (. . . ), il ne faut pas exclure que des passagers soient coincés à l’intérieur du bateau », a-t-il déclaré à l’AFP.
On ignorait mardi en début d’après-midi les circonstances exactes du naufrage. M. Salim a toutefois évoqué la possibilité d’une « surcharge » du navire pour expliquer l’accident.
Le naufrage du Madjiraha s’est produit dans la nuit de lundi à mardi, en face du village de Chindini, à l?extrême sud de l’île. Le bateau avait quitté la capitale Moroni en fin d’après-midi, pour rallier une autre île de cet archipel de l’océan Indien, Anjouan.