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Afrique du Sud: un nouveau meurtre alourdit le bilan des victimes du conflit minier

octobre 8, 2012
Afrique du Sud: un nouveau meurtre alourdit le bilan des victimes du conflit minier Afrique du Sud: un nouveau meurtre alourdit le bilan des victimes du conflit minier © AFP

Un homme a été tué samedi soir en marge des violents conflits sociaux qui agitent le secteur des mines en Afrique du Sud depuis l’été dernier, alourdissant un peu plus le bilan des victimes liées à ces grèves sauvages.

L’homme a été tué dans la maison de son cousin syndicaliste, apparemment en lieu et place de celui-ci, « dans ce qui semble être une erreur d’identité », a déclaré dimanche le porte-parole du syndicat national des mineurs (NUM), Lesiba Seshoka.

« Selon un ami présent au moment de l’incident, des hommes armés ont surgi de nulle part, dans le foyer des travailleurs de Marikana, et ont immédiatement tiré sur le cousin du syndicaliste, assis sur un lit », a-t-il ajouté.

Depuis le début des conflits sociaux dans les mines, les grévistes expriment une vive défiance envers le NUM, accusé d’être trop proche du pouvoir et du patronat

Le meurtre a eu lieu à Marikana, une ville du nord-ouest de l’Afrique du Sud, où le conflit social pour de meilleurs salaires a déjà fait 46 morts, essentiellement dans des affrontements entre la police et les grévistes.

Dans la ville minière voisine de Rustenburg, la tension est restée palpable avec l’annonce par les syndicats de leur intention de porter plainte lundi contre les forces de l’ordre, pour meurtre et tentatives de meurtres, après la mort jeudi de l’un de leurs collègues.

« Ce que nous voulons faire demain (lundi), c’est aller déposer plainte contre le SAPS (la police nationale sud-africaine) », a expliqué George Tyobeka, l’un des représentants.

Jeudi, un homme avait trouvé la mort lors d’affrontements avec la police qui voulait disperser, avec des tirs de balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes, un rassemblement sur l’un des sites d’extraction minière d’Anglo American Platinum (Amplats).

L’homme a été identifié par les mineurs comme étant Mtshunquleni Qakamba, âgé de 48 ans, bien que la police n’ait confirmé ni son identité, ni les causes du décès.

« Les mineurs ne se battaient pas, ils étaient juste assis sur la colline », a argué George Tyokeba.

Le jour suivant la mort de ce mineur, Amplats, numéro un mondial du platine, avait officiellement licencié 12. 000 de ses 28. 000 travailleurs grévistes, leur reprochant de ne pas s’être rendus à des audiences disciplinaires.

Le conflit qui touche le secteur minier en Afrique du Sud est une véritable poudrière. Les grèves sauvages – et illégales – se succèdent, accompagnées de manifestations plus ou moins tolérées par les forces de l’ordre. En représailles, les majors de l’or et du platine brandissent et mettent à exécution des menaces de licenciements massifs.

Près de 100. 000 personnes, mineurs mais également transporteurs routiers, sont en grève actuellement en Afrique du Sud pour réclamer des hausses de salaires.

Jeuneafrique.com avec AFP

Afrique du Sud: deux gros producteurs de platine paralysés par un conflit social

septembre 13, 2012
Afrique du Sud: deux gros producteurs de platine paralysés par un conflit social Afrique du Sud: deux gros producteurs de platine paralysés par un conflit social © AFP

Lonmin et Amplats, deux des plus gros producteurs mondiaux de platine, étaient paralysés jeudi par un conflit exacerbé autour des salaires que les mineurs affirment vouloir étendre « aux mines ou aux usines du pays » jusqu’à obtenir gain de cause.

Plongé dans un silence inhabituel, le site d’Amplats, propriété du géant anglo-sud-africain Anglo American, est resté, grille fermée, sous la garde de vigiles.

A quelques kilomètres, une foule de 4. 000 à 5. 000 mineurs en grève, armés de bâtons traditionnels, chantant à tue-tête et dansant, ont convergé vers un stade pour dire leur ras-le-bol d’être mal payés et leur détermination à obtenir 12. 500 rands mensuels (1. 200 euros). La plupart gagnent moitié moins.

Avec 76. 000 employés en Afrique du Sud, Anglo American est tout un symbole: c’est le premier employeur privé du pays et l’une des plus anciennes compagnies minières locales.

La direction a mis à l’arrêt ses cinq sites du bassin minier de Rustenburg mercredi, officiellement, pour raisons de sécurité et pour protéger les mineurs de « menaces et intimidations » de ceux qui veulent les empêcher de travailler.

Comme chez Lonmin à Marikana, ou chez Gold Fields, une mine d’or proche de Johannesburg où 15. 000 mineurs sont entrés en grève dimanche dernier, les grévistes d’Amplats ont rejeté leurs délégués habituels issus du puissant syndicat des mines, le NUM.

Dans le stade, ce sont des représentants choisis par les mineurs et un leader trotskiste qui ont harangué la foule, dans une ambiance festive. Des unités de police étaient stationnées à distance respectable.

« Nous allons faire avancer ce problème », expliquait, déterminé, à l’AFP Siphamandla Makhanya, au nombre de la délégation de mineurs qui a déposé un mémorandum auprès de la direction.

« Si l’entreprise échoue à le résoudre, nous allons le porter dans toute l’Afrique du Sud. Nous allons mobiliser tous les Sud-Africains, dans les mines ou dans les usines. Ensuite, nous irons le porter devant l’Union Buildings », le siège du gouvernement à Pretoria, a-t-il affirmé.

« Au minimum, ce qu’on attend c’est 12. 500 rands (1. 200 euros). Si cela ne marche pas, Anglo American n’a qu’à faire ses bagages et partir aux Etats-Unis. Nous allons demander au gouvernement de diriger l’entreprise », a-t-il ajouté, en écho aux tenants d’une nationalisation des mines.

La direction s’est contentée d’accuser réception du mémorandum. « La situation est en évolution constante, nous essayons de gérer au mieux », a déclaré à l’AFP une porte-parole Mpumi Sithole.

A Marikana, d’où est parti le conflit le 10 août, faisant revivre les pires heures de l’apartheid lorsque la police a ouvert le feu sur les grévistes le 16 août, les installations du groupe britannique Lonmin, étaient toujours au ralenti, avec un absentéisme dépassant les 90% depuis plusieurs jours.

Les négociations étaient toujours dans l’impasse, malgré la participation d’un groupe de chefs coutumiers aux pourparlers. La donne est compliquée par la volonté des grévistes d’obtenir gain de cause avant de reprendre le travail, une entorse aux règles de négociations salariales que refuse Lonmin.

Jeudi, le corps d’un homme frappé à mort, retrouvé mardi, a été identifié comme celui d’un permanent du NUM, visiblement tué à coup de machettes à la tête.

C’est la 45ème victime du conflit de Marikana.

Un troisième géant minier de cette ceinture de platine, le groupe sud-africain Impala, n’est pas touché par les grèves, mais fait également face à des revendications salariales du même ordre que celles des autres sites.

Chez KDC, un site de Gold Fields, une tentative du NUM de s’adresser à ses troupes a tourné court et ses dirigeants se sont fait huer.

Le syndicat dissident AMCU, qui a encouragé et soutenu les grévistes de Marikana, a appelé jeudi le président sud-africain Jacob Zuma à convoquer une conférence nationale sur les mines.

Relativement effacé depuis le début de la crise, M. Zuma n’a pas répondu.

Il est apparu une fois de plus en retrait, se contentant de dénoncer des troubles « inacceptables » et d’ajouter, lors d’une séance de questions au parlement: « Nous allons nous en occuper. Nous allons être prochainement très actifs ».

Jeuneafrique.com avec AFP

Afrique du Sud: un 45e mort à Marikana, Malema jette de l’huile sur le feu

septembre 11, 2012
Afrique du Sud: un 45e mort à Marikana, Malema jette de l'huile sur le feu Afrique du Sud: un 45e mort à Marikana, Malema jette de l’huile sur le feu © AFP

Un cadavre a été découvert mardi, portant à 45 morts le bilan du conflit social de Marikana, alors que le jeune tribun Julius Malema a exhorté les mineurs sud-africains à lancer une grève nationale de cinq jours par mois pour obtenir des augmentations de salaire.

« Le corps d’un homme a été trouvé mort. (. . . ) Il semble avoir frappé par un objet tranchant », a indiqué à l’AFP le porte-parole de la police Thulani Ngubane.

« Nous ne savons pas s’il a été tué hier (lundi) ou cet après-midi », a-t-il ajouté.

L’agence radio Eyewitness News a précisé que le corps avait été trouvé gisant face contre terre non loin de la colline où les grévistes ont l’habitude de se réunir, avec deux coupures profondes derrière la tête.

« Les mineurs avaient l’air en colère, mais ils ignoraient le cadavre qui était à quelques mètres d’eux », a décrit une journaliste de la radio sur place.

Le bilan du conflit de Marikana (nord), qui empoisonne la vie politique et sociale sud-africaine depuis plus d’un mois, atteint donc 45 morts: 10 hommes –dont deux policiers et deux gardes de sécurité– tués dans des affrontements intersyndicaux au début des événements, puis 34 autres abattus par la police le 16 août.

La journée de mardi a été tendue sur place. La journaliste d’Eyewitness News a également raconté qu’une femme a été prise à partie par des grévistes dans la matinée parce qu’elle prenait des photos: ils croyaient qu’elle était une espionne de la direction.

Un groupe de mineurs armés de machettes, de bâtons, d’arcs et de lances a marché dans l’après-midi vers l’hôpital de la mine.

Loyiso Mtsheketshe, l’un de leurs meneurs, a dit à l’agence Sapa qu’ils voulaient demander à l’hôpital d’arrêter de livrer les mineurs blessés à la police.

La police avait arrêté 260 personnes sur les lieux après la fusillade du 16 août –qui avait fait 78 blessés, en plus des 34 morts–, puis en avait à nouveau arrêté 10 autres à leur sortie de l’hôpital.

Ces 270 hommes avaient d’abord été inculpés, entre autres, du meurtre de leurs camarades abattus par la police, en vertu d’une bizarrerie juridique héritée de l’apartheid. Ils ont ensuite été libérés, l’inculpation ayant été suspendue, et certains d’entre eux ont accusé la police de maltraitance.

Les négociations sont parallèlement au point mort, les quelque 3. 000 foreurs restant sur leur position: ils veulent avant toute chose le triplement de leur salaire à 12. 500 rands (1. 200 euros) par mois. Embarqués dans une grève sauvage entrée dans sa cinquième semaine, il empêchent les non-grévistes de travailler.

A une centaine de kilomètres de là, le jeune tribun populiste Julius Malema a appelé tous les mineurs d’Afrique du Sud à se mettre en grève pour réclamer eux aussi 12. 500 rands par mois.

« La lutte de Marikana doit s’étendre à toutes les mines! (. . . ) Les patrons blancs, s’ils n’accèdent pas à votre demande, nous allons faire grève cinq jours par mois jusqu’à ce que nous obtenions 12. 500 » rands, a-t-il lancé devant quelques milliers de grévistes de la mine d’or de KDC, exploitée par le groupe Gold Fields, près de Carletonville à l’ouest de Johannesburg.

« Vous devez rendre les mines ingouvernables! », a lancé l’ancien président de la Ligue de jeunesse de l’ANC, exclu du parti au pouvoir en avril, qui est parti en croisade contre ses anciens amis, et leurs alliés des syndicats dominants.

Il les accuse notamment d’avoir trahi la base en devenant actionnaires des compagnies minières.

« C’est une révolution sérieuse, n’abandonnez pas », a-t-il exhorté.

« Juju », très populaire parmi les grévistes, n’occupe formellement aucune fonction lui permettant de parler au nom des mineurs ou de décider d’une action. Il a annoncé qu’il poursuivrait sa tournée des mines de la région.

« Nous avons besoin de lui pour nous motiver. Car c’est l’enfer, chaque jour nous risquons notre vie, pour ne rien gagner à la fin de la journée », a estimé un mineur de KDC, qui veut se faire appeler KVM.

« Ce qui est arrivé à Marikana nous a donné du courage », souligne-t-il.

Jeuneafrique.com avec AFP