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COP26: le Québec remporte un prix pour son leadership environnemental

novembre 7, 2021

Drapeau du Québec

© Fournis par Journal Métro Drapeau du Québec

En marge de la Conférence de Glasgow sur les changements climatiques, le Québec s’est vu décerner un prix en matière de leadership environnemental, samedi. Remis par la Coalition Under2, une organisation regroupant 260 gouvernements infranationaux, le prix Leadership Awards 2021, dans la catégorie «partenariats climatiques», souligne la collaboration du Québec avec d’autres États et villes dans la lutte pour accélérer la décarbonisation de l’économie mondiale.

Le gouvernement du Québec s’est joint à la Coalition Under2 lors de sa création en 2015. Depuis, la province a participé à plusieurs initiatives au sein de l’organisation, notamment le Net Zero Future, qui vise à aider les membres à planifier leur feuille de route vers la décarbonisation de leur économie.

Le Québec a aussi participé au Future Fund, qui permet de soutenir financièrement des gouvernements infranationaux de pays en développement afin qu’ils puissent participer aux activités de la Coalition Under2.

«Les changements climatiques sont un phénomène mondial qui nécessite des actions collectives et concertées. Je crois profondément qu’en unissant nos forces, nous pouvons agir plus vite et plus efficacement afin de bâtir une économie mondiale sobre en carbone, résiliente et durable. C’est pourquoi le Québec tend la main à tous ceux qui, comme lui, veulent faire partie de la solution», a indiqué par communiqué le ministre québécois de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, Benoit Charette.

Ce dernier rappelle que le Québec s’est également engagé dans d’autres partenariats internationaux en matière d’électromobilité, de tarification du carbone, d’adaptation aux changements climatiques et de coopération internationale pour le climat.

Il y a quelques jours, le premier ministre François Legault a d’ailleurs annoncé une nouvelle contribution du Québec au Fonds des Nations Unies pour l’adaptation, de l’ordre de 10 M$.

Rappelons qu’en 2019, le Québec s’était vu décerner l’un des 15 prix de l’action climatique mondiale décernés par l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour son programme de coopération climatique internationale. Le Québec était lauréat dans la catégorie «financement pour des investissements respectueux du climat», qui reconnaît les innovations financières visant l’adaptation et l’atténuation en matière de changements climatiques.

Avec Metro par  Francois Lemieux

COP26 : plus de cent millions d’Africains exposés aux aléas climatiques d’ici à 2030

novembre 4, 2021

Jusqu’à 118 millions de personnes seront, d’ici à 2030, « exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique, si des mesures adéquates ne sont pas prises », selon l’Organisation météorologique mondiale. Cette situation a d’énormes répercussions sur la sécurité de l’eau à l’avenir, compte tenu de l’augmentation de la population et de la dégradation de l’environnement. 

L’alerte est lancée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), à l’occasion de la publication d’un rapport sur l’état du climat en Afrique (2020). « L’Afrique connaît une augmentation de la variabilité météorologique et climatique, qui entraîne des catastrophes écologiques et sociales. D’ici à 2030, on estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises », a déclaré la commissaire à l’Economie rurale et à l’Agriculture de la commission de l’Union africaine à l’OMM, Josefa Leonel Correia Sacko. Selon les indicateurs climatiques donnés par le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, au cours de l’année 2020,  l’Afrique a connu une augmentation continue des températures, une accélération de l’élévation du niveau de la mer, des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, tels que les inondations, les glissements de terrain et les sécheresses, et les impacts dévastateurs associés.

« La fonte rapide des derniers glaciers d’Afrique de l’est, dont on s’attend à ce qu’elle soit totale dans un avenir proche, nous alerte d’un changement imminent et irréversible du système terre », a déclaré Petteri Taalas. L’autre inquiétude soulignée par l’OMM c’est l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers emblématiques du continent. Ce qui met en évidence « la vulnérabilité disproportionnée de l’Afrique et montre comment les avantages potentiels des investissements dans l’adaptation au climat, les services météorologiques et climatologiques et les systèmes d’alerte précoce l’emportent largement sur les coûts ». Ce rapport de l’OMM est publié dans la perspective des négociations des Nations unions sur le changement climatique qui se déroulent dans le cadre de la COP26, à Glasglow, en Ecosse. Il vient s’ajouter aux éléments scientifiques qui prouvent l’urgence de réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre, de renforcer les ambitions en matière de climat et d’allouer davantage de financements à l’adaptation.

L’eau, une priorité en matière d’adaptation climatique

L’eau est en première ligne du changement climatique et constitue une priorité absolue en matière d’adaptation. Les dirigeants de la coalition Eau et  Climat, présents à Glasgow, ont lancé un appel urgent et uni en faveur d’une action intégrée pour l’eau et le climat, afin de remplacer l’approche actuelle, fragmentée et axée sur la crise. Ils ont souligné la nécessité d’une gestion intégrée d’eau et du climat, fondée sur un partage accru des données et des informations. Seulement 0,5 % de l’eau sur terre est utilisable et disponible sous forme d’eau douce. Mais au cours des vingt dernières années, le stockage de l’eau terrestre a diminué de 1 cm par an. Cette situation a d’énormes répercussions sur la sécurité de l’eau à l’avenir, compte tenu de l’augmentation de la population et de la dégradation de l’environnement. Le changement climatique exacerbe à la fois la pénurie d’eau et les risques liés à l’eau, car la hausse des températures perturbe le régime des précipitations et l’ensemble du cycle de l’eau. Actuellement, 3,6 milliards de personnes n’ont pas accès à l’eau au moins un mois par an, et ce chiffre devrait passer à plus de 5 milliards d’ici à 2050.

Avec Adiac-Congo par Noël Ndong

COP26 : pourquoi il faut aider les agriculteurs africains à s’adapter au changement climatique

novembre 4, 2021
Irrigation des champs à Karsome, au Togo. © GODONG/BSIP via AFP

Les décisions prises lors de la COP26 seront d’une importance capitale pour la sécurité alimentaire en Afrique. Elles doivent en priorité financer des solutions pour ses exploitants agricoles et ses éleveurs.

Avec ses 1,2 milliard d’habitants, l’Afrique subsaharienne est une région dont la rapide croissance démographique impose de relever nombre de défis pour parvenir à une certaine sécurité alimentaire. Une vraie gageure, car ces défis ont été considérablement complexifiés par la pandémie de Covid-19. À long terme cependant, le dérèglement climatique devrait devenir le plus grand obstacle en la matière. Et les mesures qui seront prises lors de la Conférence sur les changements climatiques de Glasgow (COP26) seront décisives : elles détermineront la capacité du continent à s’adapter.

Concrètement, les dirigeants mondiaux doivent adopter un plan de financement de la lutte contre le dérèglement climatique prévoyant d’importants investissements destinés à aider les petits exploitants agricoles et les éleveurs africains. En effet, les systèmes alimentaires du continent reposent sur de petits producteurs, qui génèrent des emplois et des revenus pour la majorité des Africains. Cependant, un nombre croissant de fléaux comme la sécheresse et les invasions de criquets pèlerins qui menacent actuellement de famine 2,1 millions de Kenyans les ont particulièrement affecté. Au cours des soixante dernières années, le dérèglement climatique a réduit la production agricole mondiale de 21 %. Dans de vastes régions d’Afrique, les pertes dépassent 40 %. Et selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la pandémie de Covid-19 aggrave la situation.

LA RÉDUCTION DES ÉMISSIONS DE GAZ À EFFET DE SERRE N’AIDERA PAS LES AGRICULTEURS AFRICAINS

Innovations agricoles

Au début de l’année, les dirigeants africains ont approuvé une stratégie de relance en cas de pandémie fondée sur la mobilisation de 25 milliards de dollars sur cinq ans et mettant surtout l’accent sur l’amélioration de la résilience des petits producteurs agricoles et éleveurs. Un objectif soutenu à la fois par Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies, et Janet Yellen, secrétaire américaine au Trésor. Mais les pays africains ne peuvent et ne devraient pas relever seuls les défis climatiques. Comme le rappelle Janet Yellen, « l’Afrique  [est la région qui ] a le moins contribué au dérèglement climatique, mais elle en subit les pires effets ». Exemple concret : l’Afrique ne représente qu’environ 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Aujourd’hui, au moins trois quarts des financements environnementaux sont consacrés à des mesures de réduction de ces émissions. Mais, même mises en œuvre immédiatement, celles-ci ne stopperont pas la plupart des changements qui affectent déjà les agriculteurs africains et qui devraient s’intensifier au cours des prochaines décennies. Le secrétaire général de l’ONU a donc appelé les pays du G7, ainsi que les institutions comme la Banque mondiale, à augmenter de 20 à 50 %  la part allouée à l’adaptation au changement climatique et à la résilience.

Les investissements devraient en priorité être affectés aux innovations agricoles pour les communautés de petits exploitants. Les avancées scientifiques et technologiques doivent ainsi permettre de fournir aux agriculteurs des prévisions climatiques saisonnières ainsi que des conseils techniques et d’effectuer un suivi des maladies qui affectent les cultures et sont susceptibles d’être aggravées par le dérèglement climatique, comme celles qui menacent le manioc en Afrique de l’Ouest et la production de blé en Éthiopie. Les données démontrent que de tels services peuvent aider les agriculteurs à augmenter durablement leur productivité de 30 % et les revenus des ménages de 25 %.

LES COMMUNAUTÉS VULNÉRABLES DEVRAIENT AVOIR VOIX AU CHAPITRE LORS DE L’ÉLABORATION DES SOLUTIONS

Impliquer les acteurs locaux

Le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) est un acteur essentiel dans ce domaine. Ces dernières décennies, il a développé des partenariats solides avec des agriculteurs et des centres nationaux de recherche agricole à travers l’Afrique. Grâce à ses avancées pratiques en Afrique – développement de centaines de variétés améliorées de haricots, soutien à une production alimentaire écologique et durable –, chaque dollar investi dans le GCRAI a généré 10 dollars de bénéfices pour les pays à faible revenu.

Ce partenaire sera particulièrement précieux pour la mise en œuvre globale de l’Initiative d’adaptation africaine. C’est pourquoi la Commission mondiale sur l’adaptation a appelé à doubler le budget du GCRAI dans le cadre d’un plan à plus large portée visant à soutenir ce processus auprès des communautés vulnérables à travers le monde. Des éleveurs pastoraux vivant sur les terres arides de la Corne de l’Afrique depuis des milliers d’années aux agriculteurs du Sahel collaborant avec des chercheurs pour créer leurs propres villages intelligents, les acteurs et dirigeants locaux ont l’expérience et les connaissances nécessaires pour développer des stratégies efficaces. Celles-ci devraient avoir voix au chapitre lors de l’élaboration des solutions d’adaptation aux nouvelles donnes environnementales.

Le dérèglement climatique exerce une pression énorme sur les agriculteurs africains. Pourtant, il existe de nombreuses façons de les aider à s’adapter et de s’assurer qu’ils demeurent des partenaires solides dans la mise en œuvre de l’agenda du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires en Afrique. C’est pourquoi les décisions prises lors de cette COP26 seront d’une importance capitale. Seules des mesures permettant de rééquilibrer les priorités financières mondiales sont de nature à favoriser l’adaptation des agriculteurs africains au changement climatique avant qu’il ne soit trop tard.

Rodger Voorhies

Avec Jeune Afrique par Rodger Voorhies

Président de la Global Growth & Opportunity à la Fondation Bill & Melinda Gates

Wanjira Mathai

Avec Jeune Afrique par Wanjira Mathai

Vice-président et directeur régional pour l’Afrique au World Resources Institute

COP26 : Félix Tshisekedi pour la sauvegarde des ressources naturelles de la RDC

novembre 2, 2021

Intervenant le 2 novembre en marge de la COP26 dans le cadre du panel de haut niveau sur les forêts et l’utilisation des terres organisé par le gouvernement britannique, le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, s’est livré à un véritable plaidoyer sur la prise en compte des atouts naturels dont regorge son pays dans le processus d’atténuation des émissions des gaz à effet de serre, actuellement au cœur d’un enjeu planétaire.

Félix Tshisekedi, Joe Biden et Ali Bongo à la COP 26

Au cours du panel auquel d’autres chefs d’Etat africains ont pris part, Félix Tshisekedi a lancé un appel à l’unissons à tous les leaders mondiaux pour la sauvegarde des ressources naturelles de son pays dont la contribution à l’effort de lutte contre le réchauffement climatique s’avère très capitale. « La République démocratique du Congo, mon pays, avec ses massifs forestiers, ses tourbières et ses ressources en eau et en minerais stratégiques se présente comme un pays solution à la crise climatique », a-t-il déclaré, du haut de la tribune de ce panel en présence du président américain, Joe Biden, du Premier ministre Johnson (UK) et du président Ali Bongo également invités. Il a poursuivi en appelant les leaders et les décideurs du monde entier « à agir ensemble, main dans la main afin que nous puissions protéger ce patrimoine naturel essentiel à la survie de l’humanité ».

Le président Tshisekedi a, par ailleurs, livré un vibrant plaidoyer pour la préservation du bassin du Congo. A ce sujet, une dizaine de pays et le Fonds Bezos pour la terre ont manifesté leur engagement à l’égard du bassin du Congo en annonçant une contribution collective d’au moins $1.5 milliard de financement entre 2021 et 2025.  Ce fonds, rappelons-le, vise à soutenir les efforts menés par les pays du bassin du Congo pour protéger et maintenir les forêts de cette région, les tourbières et les autres réserves de carbone essentielles pour la planète.

Pays vaste situé au cœur de l’Afrique, la RDC, en tant que deuxième poumon mondial, regorge de nombreux atouts, dont la planète pourrait en tirer une meilleure partie dans sa lutte contre le changement climatique. C’est ainsi que dans son intervention, le président de la République a présenté la RDC comme « pays solution » à la crise climatique qui touche la planète terre.

Avec Adiac-Congo par Alain Diasso

COP26 : le discours du président Denis Sassou N’Guesso lors de la première journée

novembre 2, 2021

Le chef de l’Etat congolais, président de la Commission climat du Bassin du Congo, a pris la parole, le 1er novembre, devant l’assemblée des dirigeants présents à Glasgow, en Ecosse, pour plaider la cause du continent africain et du Bassin du Congo. Retrouvez l’intégralité de son discours.

Le président Denis Sassou N’Guesso à la tribune de la Conférence sur le climat de Glasgow /AFP

• Excellences mesdames et messieurs les chefs d’État et de gouvernement,

• Distingués délégués,

• Mesdames et messieurs.

Permettez-moi, avant tout propos, d’exprimer mes sincères remerciements à sa majesté la reine Elisabeth II, au gouvernement et au peuple du Royaume-Uni, pour l’hospitalité et l’accueil chaleureux qui ont été réservés à ma délégation et à moi-même.

Permettez-moi aussi, en ma qualité de président de la Commission Climat du Bassin du Congo regroupant seize États d’Afrique centrale et de l’est, ainsi que le royaume du Maroc, de dire toute l’importance que nous accordons à cette COP 26, particulièrement cruciale pour l’avenir de l’Humanité.

Mon pays, la République du Congo, se situe au sein du Bassin du Congo, cet immense massif de forêts et de tourbières qui est aujourd’hui le premier capteur de carbone net de la planète après la déforestation de l’Amazonie.

À elles seules, les tourbières de la Cuvette centrale séquestrent 31 milliards de tonnes de carbone, soit trois années d’émissions mondiales. La place qu’occupe le Bassin du Congo dans la réalisation des objectifs de l’Accord de Paris est donc absolument incontournable.

Vous l’avez clairement compris : le Bassin du Congo rend au monde des services écosystémiques inestimables. Mais, que reçoit-il en échange ? Hélas, très peu.

En effet, les pays industrialisés, à qui incombe la responsabilité historique du dérèglement climatique, se montrent réticents à mobiliser les financements nécessaires à la concrétisation de leurs engagements. Les grandes difficultés auxquelles se heurte l’application de l’article 6 de l’Accord de Paris, qui engage les pays riches à soutenir les efforts d’atténuation et surtout d’adaptation des pays en développement, en sont la preuve évidente.

La République du Congo, en ce qui la concerne, a déjà soumis au secrétariat de la Convention sa contribution déterminée au niveau national révisée. Nos ambitions, qui prennent en compte l’ensemble des secteurs d’émission des gaz à effet de serre, ont été rehaussées et la République du Congo fait figure d’élève modèle au palmarès de l’écologie mondiale.

Je ne cesse de le répéter sur toutes les tribunes, depuis le Sommet de Rio en 1992, la détermination des pays du Bassin du Congo en général, et celle de la République du Congo en particulier à préserver ce vaste ensemble est totale. Toutefois, cet engagement va de pair avec la volonté, tout aussi inexorable, de poursuivre notre développement économique et social, pour le bien-être de nos populations. Ces deux objectifs ne s’excluent pas, ils se complètent.

Exiger de nous un ralentissement de notre développement pour que la planète respire mieux, serait, en effet, profondément injuste et même immoral.

C’est pourquoi vous me permettrez de faire ici, une fois de plus, le plaidoyer du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, initiative commune des pays membres de la Commission Climat du Bassin du Congo auxquels s’est joint le royaume du Maroc, et qui n’attend plus qu’à être abondé avec l’engagement de tous nos partenaires.

En prenant la décision de protéger et de conserver le Bassin du Congo pour le bien de l’humanité, nous avons su prendre nos responsabilités.

A chacun désormais d’assumer les siennes. Je vous remercie.

Avec Adiac-Congo par La Rédaction

Climat : ce que l’Afrique attend de la COP26

novembre 1, 2021
Une manifestation pour la justice climatique à Johannesbourg, en Afrique du Sud, le 20 septembre 2019. © AP Photo/Themba Hadebe

Alors que la COP26 ouvre ses portes au Scottish Event Campus de Glasgow et qu’un sommet des chefs d’État doit se tenir les 1er et 2 novembre, le continent attend plus que jamais un engagement des pays riches pour financer sa réponse au changement climatique.

Payer pour polluer, être « récompensé » si on ne pollue pas ou peu, financer la transition de ceux qui ont le moins de ressources, tenir ses promesses en termes de limitation du réchauffement climatique… Autant d’exigences qui, de manière prosaïque, résument les attentes du continent africain à la 26e conférence des Nations unies sur le changement climatique, qui s’est ouverte ce dimanche 31 octobre à Glasgow, en Écosse.

Et c’est bien parce que l’Afrique ne joue qu’un rôle mineur dans le changement climatique de la planète que la question des mesures d’adaptation pour en limiter l’impact est centrale pour le continent. Celui-ci représente en effet 20 % de la population mondiale, mais n’est responsable que de 3 % des émissions de CO2.

Or, de manière inique, en l’absence d’un changement commun de trajectoire, l’Afrique devrait être la plus touchée par ces bouleversements d’ici les deux dernières décennies de ce siècle, avec notamment l’accentuation des phénomènes de sécheresse, selon le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec).

Pour rappel, l’Accord de Paris a fixé une trajectoire claire en termes de réduction mondiale des émissions carbone liées à l’activité humaine (plus de 50 milliards de tonnes environ par an) : d’ici à 2030, une réduction de 50 % des émissions ; d’ici à 2050, la neutralité carbone, autrement dit, ce qui n’a pas pu être éliminé doit être compensé. C’est cette feuille de route qui devrait permettre, selon les termes de l’accord, de limiter la montée des températures à 2 degrés ou 1,5 degré. Et, c’est cette trajectoire à laquelle le continent africain souhaite que les parties prenantes se tiennent, tout en approfondissant leurs engagements.

  • Financer l’adaptation

L’article 6 de l’Accord de Paris, adopté à la suite de la COP21 en 2015, a posé les bases d’un mécanisme de marché concernant les émissions de carbone. Six ans plus tard, alors que la COP26, prévue en 2020, a été reportée d’un an en raison de la pandémie de Covid-19, l’heure est au bilan d’étape et à la finalisation de ce mécanisme.

Pour le continent africain, les questions de la définition d’un prix du carbone et des contours du fonds d’adaptation sont deux points majeurs parce qu’ils doivent permettre de définir comment financer son évolution. L’Afrique ne représentant que 3 à 4 % des émissions mondiales de CO2, réduire ses émissions de 50 % d’ici à 2030 ne conduira qu’à une baisse de 2 % environ des émissions totales. « Le continent n’a qu’un intérêt modéré à revendre ses émissions et n’obtiendra pas beaucoup de crédit carbone », reconnaît Tanguy Gahouma, président du Groupe africain de négociateurs sur le changement climatique à la COP26, interrogé par JA.

LA QUESTION QUI SE POSE À L’AFRIQUE C’EST COMMENT OPÉRER DES CHOIX DE DÉVELOPPEMENT SOBRE OU NUL EN CARBONE

Pour le scientifique gabonais à la tête des négociateurs africains, l’enjeu consiste surtout à pousser les pays développés à aller plus loin. L’Afrique réclame une taxe sur chaque transaction d’échanges de crédits entre un pays ou une entreprise qui a besoin de compenser ses émissions et un ou une autre qui a des crédits carbones à revendre. « Cette taxe devra participer au financement de l’adaptation », poursuit-il. Et elle aurait vocation à être domiciliée dans un fonds d’adaptation dédié.

Enfin, pour se protéger des effets néfastes du dérèglement climatique sur son territoire et investir dans une industrie plus résiliente, l’Afrique a tout à construire. Il lui faut engager une trajectoire vertueuse sans suivre les mêmes erreurs que les pays industrialisés. « La question qui se pose au continent, c’est comment opérer des choix de développement sobre ou nul en carbone et résilient sur le plan climatique », défend auprès de JA Youba Sokona, le vice-président du GIEC.

  • Transparence sur les efforts climatiques

Si le premier point appelle une négociation serrée au niveau politique, entre les participants de la conférence des chefs d’État du 1er et du 2 novembre, celui relatif à l’adaptation climatique consiste davantage en une négociation technique entre les parties prenantes.

Il recouvre notamment le volet de l’adoption d’un cadre commun pour les contributions déterminées au niveau national (les fameuses NDC). Un sujet d’attention majeur pour le continent puisqu’en la matière les pays ne sont pas tous alignés en termes d’objectifs d’émissions : chaque État est libre de choisir ses propres règles. Sauf que les conséquences sont plus lourdes en Afrique.

LES PAYS DÉVELOPPÉS DOIVENT FOURNIR UN EFFORT DE TRANSPARENCE QUANT À LEURS ÉMISSIONS DE CO2

Ce que constate le Malien Youba Sokona : « Dans la plupart des pays africains, qui sont pour beaucoup des régions de basse latitude, on connaît déjà 1,5°C d’augmentation réelle pour une moyenne mondiale de 1,1°C. » L’atmosphère étant une et indivisible, si un pays a des ambitions de réduction mais que les autres ne les partagent pas, le problème demeure entier, rappelle encore le vice-président du Giec.

Dans un discours plus dur, le Groupe africain des négociations demande ainsi à ce que les pays développés rendent compte chaque année des efforts consentis. « Cet effort de transparence doit porter à la fois sur la réduction des émissions mais aussi sur le financement », insiste Tanguy Gahouma.

  • Forcer la solidarité des pays riches

Il est enfin attendu de la COP26, un bilan des engagements des pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars par an dès 2020, à destination des pays en développement et émergents. Une promesse de la COP de Copenhague de 2009, transformée en obligation en 2015 à Paris.

Or, il n’aura pas fallu attendre l’ouverture des négociations pour apprendre du président de la COP, Alok Sharma, et de la secrétaire exécutive des Nations unies pour le changement climatique, Patricia Espinosa, que l’objectif ne sera pas tenu immédiatement. Les pays développés « en seront incapables avant 2023 »…

«Une question centrale est l’apport d’un soutien aux pays en développement, notamment en ce qui concerne l’objectif qui était de mobiliser 100 milliards de dollars par an d’ici 2020», ont insisté les deux responsables onusiens en ouverture de la COP.

En tant que l’un des principaux bénéficiaires de ces fonds, l’Afrique attend des deux journées de négociations entre chefs d’État qu’elles aboutissent à un accord définitif sur ce point – au même titre que la réduction des émissions.

Avec Jeune Afrique par Aurélie M’Bida et Camille Lafrance – (envoyée spéciale à Glasgow)

Vanessa Nakate : « Qui écoute les activistes africains pour le climat ? »

novembre 1, 2021
Vanessa Nakate, militante écologiste ougandaise, à Paris, le 22 octobre 2021. © Sydonie Ghayeb pour JA

Près de deux ans après avoir été éclipsée d’une photo où elle posait avec Greta Thunberg, et en pleine COP26, cette militante ougandaise de 24 ans sort un livre-manifeste pour alerter sur l’urgence climatique… Et faire entendre la voix de l’Afrique.

Cyclones au Mozambique, au Malawi et au Zimbabweinondations en RDC, au Maroc et en Mauritanie, invasions de criquets de l’Éthiopie à l’Ouganda, crue du fleuve Niger et glissements de terrain au Kenya… Alors que Vanessa Nakate, 24 ans, entrainait les écoliers et étudiants ougandais dans le mouvement de grève international pour le climat  »Fridays For Future » et créait son propre mouvement écologiste, Rise Up, en 2019, le rythme des catastrophes naturelles n’a laissé que peu de répit à l’Afrique. « La Terre a la fièvre, mais les gens ont chacun une température différente selon leur statut social et l’endroit où ils vivent », souligne la militante.

Dans Une écologie sans frontières, son premier livre-manifeste, elle détaille tous les symptômes du réchauffement climatique sur le continent. Si les pays du Sud sont les plus touchés, leurs voix portent peu dans le concert des grands sommets mondiaux autour de l’environnement – au Forum économique de Davos, en janvier 2020, la jeune activiste a elle-même été littéralement « coupée » d’une photo où elle posait au côté de Greta Thunberg. « Les pays du Nord doivent nous entendre, pas seulement nous inviter à des conférences pour se donner bonne conscience », répète-t-elle. À quelques jours de la COP26, qui se tient à Glasgow, en Écosse, du 31 octobre au 12 novembre, rencontre avec une activiste éloquente et solaire, dont la détermination n’a rien à envier à celle de sa camarade de lutte suédoise.

Jeune Afrique : Il y a trois ans, vous étiez encore une étudiante ougandaise avec quelques lacunes sur les questions environnementales. Aujourd’hui, vous êtes une des figures africaines de la lutte pour le climat. Comment en êtes-vous arrivée là ? 

Vanessa Nakate : En 2018, j’ai commencé à faire des recherches pour comprendre les défis auxquels faisaient face les gens de ma communauté et de mon pays. C’est alors que j’ai compris que la crise du climat était la plus grande des menaces pour eux. Je finissais mes études et je pensais organiser des événements, mobiliser, sensibiliser les gens pendant juste quelques mois et ensuite poursuivre mes études ou chercher un travail. Je n’ai jamais pensé devenir une militante à plein temps. Je n’avais pas de plan, c’est juste arrivé.

CE N’ÉTAIT PAS JUSTE MON IMAGE QUI ÉTAIT EFFACÉE, C’ÉTAIT MON HISTOIRE, MON MESSAGE, ET TOUS LES ACTIVISTES AFRICAINS

Beaucoup d’Africains savent que des incendies ravagent la Californie ou l’Amazonie, mais peu connaissent l’ampleur de la déforestation dans le bassin du Congo. Comment y remédier ? 

Non seulement beaucoup d’Africains ne savent pas qu’on détruit la forêt du bassin du Congo, mais certains ne savent même pas qu’elle existe ! Ainsi, tout un écosystème peut être effacé de l’esprit et du regard des gens. Il faut plus d’inclusion dans la façon dont les médias couvrent le mouvement pour le climat. Les journalistes ont la responsabilité de dire ce qu’il se passe, mais aussi de relayer le parcours des activistes qui viennent des régions du monde les plus touchées. Les jeunes militants africains ne restent pas silencieux face à ces souffrances, ils s’expriment. Mais qui les écoute ? Qui va amplifier leur voix ? Chacun a un problème à exposer, chaque problème a une solution, et chaque solution peut changer une vie.

En janvier 2020, lors du Forum économique de Davos, l’agence Associated Press vous a « coupée » d’une photo où posait Greta Thunberg et d’autres militants occidentaux. Vous avez déclaré que l’agence de presse a, ce jour-là, « effacé un continent »… 

Lorsque la photo a été prise, nous sortions d’une conférence de presse. En réalisant que j’étais la seule personne noire à y participer, je me suis permis d’insister devant tous ces journalistes sur le fait qu’il était important de donner la parole aux militants du monde entier. Et quelques heures plus tard, je me suis rendu compte que je ne figurais pas dans la dépêche d’Associated Press. J’étais très surprise parce que je venais précisément de souligner ce problème. Ce n’était pas juste mon image qui était effacée, c’était mon histoire, mon message, l’expérience des gens de mon pays. M’effacer moi, une Ougandaise et la seule personne issue du continent africain sur cette plateforme, c’était comme effacer tous les activistes africains.

Vous avez dénoncé publiquement le comportement d’Associated Press. Les militants africains sont-ils plus écoutés depuis ? 

Parfois on a l’impression que ça avance, et d’autres fois, on revient en arrière. Tout à coup, on parle d’inclusion et de diversité dans les médias donc tout le monde veut inviter des activistes des pays du Sud. Mais souvent, ils veulent une personnalité en particulier. Après l’incident de la photo, j’ai été très sollicitée, mais quand je suggère aux organisateurs de ces sommets de convier d’autres militants du continent, ils veulent d’abord savoir quel est leur parcours, s’ils savent bien s’exprimer… On souligne même le coût écologique de les faire venir ! Mais ils ne me parlent jamais d’empreinte carbone quand ils veulent que, moi, je vienne !

BEAUCOUP DE MILITANTS AFRICAINS NE POURRONT PAS SE RENDRE À LA COP26 PARCE QU’ILS NE SERONT PAS VACCINÉS À TEMPS

Il faut aussi savoir que les activistes africains sont bien moins représentés dans ce genre d’événements parce qu’ils rencontrent toujours plus de problèmes que les autres pour obtenir une accréditation, des financements… et une vaccination anti-Covid.

Vous êtes très active sur les réseaux sociaux, où les femmes, et plus encore les femmes noires, sont très ciblées par le harcèlement. Comment vous protégez-vous ? 

J’ai en effet reçu beaucoup de soutien mais aussi beaucoup de haine après l’incident de la photo et quand j’ai envoyé une lettre au président américain Joe Biden et à la vice-présidente Kamala Harris pour leur demander de tenir leurs promesses. Apparemment, les gens – même dans mon propre pays – estimaient que je n’étais pas digne de leur écrire.

Tous ces messages terribles et blessants ne peuvent pas vous atteindre physiquement, mais ils vous font beaucoup de mal émotionnellement. J’essaye de ne pas lire les commentaires, même si on est toujours tenté d’aller voir… Et je bloque beaucoup de gens. Parfois je me demande comment ils peuvent écrire de telles choses sans se préoccuper de l’effet que ça peut avoir sur les autres.

Selon vous, la lutte pour la justice climatique doit comprendre les luttes anti-raciste et sociales. En quoi ces causes sont-elles liées ? 

Il y a une intersection entre les problèmes environnementaux et sociaux, parce que les effets du changement climatique poussent les populations dans l’extrême pauvreté, détruisent les moyens de subsistance des familles et contraignent les enfants à quitter l’école. Il y a une intersection avec les questions raciales puisque les Noirs et les gens de couleur sont plus exposés à la pollution de l’air et de l’eau, et les communautés indigènes sont victimes de l’avidité de grandes compagnies. Il y a une intersection avec les inégalités de genre, puisque les femmes et les filles sont les premières victimes du changement climatique et des inégalités dans le monde en général : alors que la COP26 bat son plein, beaucoup de militants africains n’ont pas pu s’y rendre par exemple, parce qu’ils n’ont pas été vaccinés à temps.

Il n’y aura pas de justice climatique si les communautés indigènes ou noires ne sont pas protégées. Il n’y aura pas de justice climatique sans justice sociale, sans justice raciale et sans égalité des genres.

Vous démontrez en effet dans Une écologie sans frontières que les femmes sont les premières victimes du changement climatique, mais aussi qu’elles ont un rôle important à jouer dans la lutte… 

Je crois en effet qu’elles ont un grand rôle à jouer dans le leadership climatique. Mais pour qu’elles puissent arriver à des postes de décision, il faut encourager l’éducation des filles et l’émancipation de plus de femmes. Elles représentent la moitié de l’humanité, et une équipe ne peut pas gagner sans la moitié de ses effectifs.

J’APPELLE TOUS LES JEUNES AFRICAINS QUI NE L’ONT PAS ENCORE FAIT À REJOINDRE NOTRE MOUVEMENT

Vous êtes souvent qualifiée de « voix de l’Afrique » dans la lutte pour le climat. Comment porter une telle responsabilité ? 

Les gens me donnent cette responsabilité, et je la leur rends ! C’est trop lourd à porter. Je ne veux pas empêcher les autres activistes de prendre leur place. Dans toutes les parties du continent, les jeunes s’expriment et ils ont besoin qu’on les écoute et qu’on relaie leur message : Elizabeth Wathuti du Kenya, Adenike Titilope Oladosu du Nigeria, Roseline Isata Mansaray de la Sierra Leone, Veronica Mulenga de la Zambie, Kaossara Sani du Togo, et tant d’autres… Les jeunes Africains font déjà assez, ils se mobilisent. Et j’appelle tous ceux qui ne l’ont pas encore fait à nous rejoindre.

Lors d’un sommet onusien à Milan, le 28 septembre, vous avez pointé que les 100 milliards de dollars d’aide climatique annuelle promis par les pays développés aux pays vulnérables à partir de 2020 n’ont pas été versés. Vous arrive-t-il de vous sentir découragée face à l’ampleur de la tâche ? 

À un moment, j’ai arrêté de participer aux grèves, parce que je me sentais vraiment triste. Ça me brisait le cœur de voir que les désastres se succédaient et que les leaders continuaient à ne rien faire. Mais je viens d’un endroit où l’on est déjà témoin des conséquences du changement climatique, où l’on voit comment il affecte la vie des gens, alors même si il y a des moments de découragement, je choisis de garder espoir. De croire que le futur durable et équitable que nous voulons est nécessaire et possible.

Avec Jeune Afrique par Julie Gonnet

Cop 26 : 150 millions de dollars pour le bassin du Congo

octobre 30, 2021
Collectif de ministres de l'Environnement et de chercheurs pour la défense du bassin du Congo

Le parc national d’Odzala-Kokoua, dans la région de la Cuvette-Ouest, dans le nord-ouest de la République du Congo. © Education Images/Universal Images Group via Getty Images

Deuxième « poumon du monde », le bassin du Congo pourrait être un allié de poids dans la lutte contre le réchauffement climatique. À condition que sa sauvegarde devienne une priorité à la fois pour les responsables politiques, les scientifiques et les bailleurs de fonds.

La deuxième plus grande étendue de forêt tropicale de la planète se trouve en Afrique centrale, dans le bassin du Congo. Il assure la subsistance de quelque 80 millions d’habitants dans la région et les précipitations que ses forêts génèrent, jusqu’au Sahel et sur les hautes plateaux éthiopiens, font en outre vivre plus de 300 millions d’Africains ruraux. Ces forêts, qui abritent différentes espèces animales, dont les éléphants de forêt, les gorilles des plaines, les chimpanzés et les bonobos, jouent également un rôle essentiel dans la régulation du climat de la planète.

Mal loti

La pérennité de tels services vitaux, tant pour l’homme que pour la planète, n’est pas garantie, eu égard au changement climatique rapide et au développement en cours dans la région. La capacité de la forêt tropicale à absorber du dioxyde de carbone diminue à mesure que les températures augmentent. Bien qu’elle soit plus lente qu’ailleurs sous les tropiques au cours des dernières décennies, la déforestation a entraîné la perte de plus de 500 000 hectares de forêt primaires rien qu’en 2019. Un phénomène appelé à s’intensifier si rien n’est fait, si de nouvelles politiques ne sont pas envisagées.

Pourtant, les forêts tropicales d’Afrique centrale mobilisent beaucoup moins l’attention des milieux scientifiques et des pouvoirs publics que celles d’Amazonie et d’Asie du Sud-Est. Ainsi, entre 2008 et 2017, le bassin du Congo n’a reçu que 11 % des flux financiers internationaux destinés à la protection et à la gestion durable des forêts dans les zones tropicales, contre 55 % pour l’Asie du Sud-Est et 34 % pour l’Amazonie.

Même comparé au reste du continent, le bassin du Congo apparaît lésé. Un exemple :  financé par le Royaume-Uni,  le Future Climate for Africa (FCFA) a investi 20 millions de livres sterling (27 millions de dollars américains) dans la modélisation panafricaine et dans quatre projets axés sur l’Afrique orientale, occidentale et australe. Rien dans le bassin du Congo ou en Afrique centrale.

ENTRE 2008 ET 2017, LE BASSIN DU CONGO N’A REÇU QUE 11 % DES FLUX FINANCIERS INTERNATIONAUX DESTINÉS À LA PROTECTION DES FORÊTS DANS LES ZONES TROPICALES

Les répercussions de cette négligence sont visibles dans la sixième évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) de 2021 : l’Afrique centrale était l’une des deux seules régions du monde (avec la pointe sud de l’Amérique du Sud) à ne pas disposer de données suffisantes permettant aux experts d’évaluer, dans son rapport 2021, les tendances passées en matière de chaleur extrême.

L’exemple brésilien

Nous sommes un groupe de ministres responsables des forêts de la région et de scientifiques évoluant sur le terrain et qui conseillent les gouvernements. Ensemble, nous appelons à une initiative pour la science du climat dans le bassin du Congo. Elle comprendrait un programme de recherche évalué à 100 millions de dollars d’une durée de dix ans, lié à un fonds distinct de 50 millions de dollars destinés à former des ressortissants du bassin du Congo en vue de l’obtention d’un doctorat scientifique. Un tel financement transformerait notre compréhension de ces forêts majestueuses, fournissant une contribution cruciale aux décideurs politiques pour les aider à adopter des politiques visant à contrer les crises environnementales imminentes de la région.

Il existe un précédent. Au milieu des années 1990, la recherche sur les forêts tropicales de la région amazonienne était limitée et essentiellement menée par des scientifiques étrangers. Officiellement lancé en 1998 et dirigé par des Brésiliens, le programme d’expérimentation biosphère-atmosphère à grande échelle en Amazonie, connu sous le nom de LBA, a représenté un effort de 100 millions de dollars pour dix ans. Il a révolutionné la compréhension de la forêt amazonienne et de son rôle dans le système terrestre.

Le LBA a nécessité six années de mesures intensives et a couvert la climatologie, l’hydrologie, l’écologie et la biogéochimie sur une superficie de 550 millions d’hectares. Il comprenait 120 projets et 1 700 participants, dont 990 Brésiliens. L’un de ses plus grands héritages a été la création d’une nouvelle génération de chercheurs brésiliens. Deux décennies plus tard, le Brésil est désormais largement reconnu comme le premier pays au monde pour la surveillance des forêts tropicales et est à la pointe de la science des forêts tropicales.

En terre inconnue

À cheval sur huit nations, le grand bassin du Congo couvre quelque 240 millions d’hectares de forêts contiguës. Le simple fait d’échantillonner cette vaste région relève de la gageure. Y accéder nécessite souvent des journées de voyage en pirogue et de longues randonnées à travers la jungle humide, rythmées par la pataugeoire dans les marécages. À cela s’ajoute un préjugé omniprésent : travailler dans la région du bassin du Congo est périlleux, face aux risques d’instabilité politique, de maladies inconnues ou d’animaux dangereux. En réalité, sur une large partie de l’Afrique centrale, les risques sont similaires à ceux de la forêt amazonienne ou des écosystèmes de savane d’Afrique de l’Est.

Ces différents défis peuvent être surmontés. Coécrits par plusieurs d’entre nous, des articles publiés ces dernières années soulignent à quel point la région est importante et peu étudiée. En 2017, le plus grand complexe de tourbières tropicales au monde, d’une superficie de 14,6 millions d’hectares au cœur du bassin du Congo, a été cartographié pour la première fois. Ce travail a radicalement changé notre compréhension des réserves de carbone dans la région. En mars 2020, un consortium international a montré que les forêts tropicales humides d’Afrique absorbent chaque année la même quantité de carbone que celle émise chaque année par l’utilisation de combustibles fossiles sur l’ensemble du continent africain dans les années 2010.

LES FORÊTS TROPICALES DU BASSIN DU CONGO SERAIENT PLUS EFFICACES POUR RALENTIR LE CHANGEMENT CLIMATIQUE QUE CELLES D’AMAZONIE

En décembre 2020, il a été démontré qu’une baisse drastique de 81 % de la production fruitière pendant trois décennies dans une zone forestière du Gabon coïncidait avec le réchauffement climatique et s’accompagnait d’une diminution de 11 % des éléphants de forêt, en partie tributaires de ces fruits pour leur alimentation. Et en avril, la première évaluation régionale de la composition des communautés d’arbres en Afrique centrale a été publiée, étude qui cartographiait les zones vulnérables au changement climatique et aux pressions humaines.

Dans l’ensemble, les données étonnamment récentes (bien que quelque peu limitées) suggèrent que les forêts tropicales du bassin du Congo sont plus denses en carbone, plus efficaces pour ralentir le changement climatique et résister à ses effets que les forêts tropicales amazoniennes. Mais nous ignorons comment les sécheresses croissantes, les températures plus élevées, l’exploitation forestière sélective et la déforestation pourraient interagir – une équation à plusieurs inconnues qui comprend la possibilité d’une réduction des précipitations dans le Sahel et les hauts plateaux éthiopiens. Il y a quelque 2 500 ans, de vastes étendues de forêts du bassin ont été perdues pendant une période de stress climatique. Les chercheurs ne sont toujours pas parvenus à expliquer cet événement, ni à évaluer la probabilité de sa répétition.

On sait peu de choses sur la région car la science est insuffisante en Afrique centrale. Curieusement, les chercheurs ne comprennent toujours pas les principes de base expliquant pourquoi différents types de forêts se retrouvent là où ils sont dans le bassin du Congo. Les modèles climatiques pour cette région sont médiocres, en raison non seulement de l’interaction complexe des influences des océans Atlantique, Indien et Austral mais aussi du manque de données climatiques locales. Sans plus de données et plus de spécialistes, il est impossible de faire des prévisions fiables des réponses de ces forêts aux changements du climat et de l’utilisation des terres.

Enthousiasme, financement et leadership

Il est urgent d’investir dans la science fondamentale pour combler ces lacunes. Une initiative scientifique sur le climat du bassin du Congo devrait se concentrer sur trois problématiques essentielles : comment le bassin du Congo fonctionne-t-il actuellement en tant que système intégré ? Comment les changements en matière d’utilisation des terres et de climat affecteront-ils sa fonction ? Dans quelle mesure les différentes options de développement sont-elles durables ?

Ces thématiques soulèvent des questions plus spécifiques auxquelles les politiques devront répondre, en particulier si les pays ambitionnent d’atteindre l’objectif de zéro émission de dioxyde de carbone à l’horizon 2050. Parmi ces questions, la quantité de carbone stockée dans la végétation et les sols. Ces quantités et d’autres doivent être déclarées, conformément aux engagements pris par les pays dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat de 2015. À l’heure actuelle, la plupart des pays d’Afrique centrale s’appuient sur des valeurs par défaut, qui pourraient se révéler très fausses. Selon un récent article sur les forêts de montagnes africaines très proches des bords du bassin, par exemple, les valeurs de stockage de carbone mesurées étaient 67 % plus élevées que les valeurs par défaut.

UNE INITIATIVE SCIENTIFIQUE NE FONCTIONNERA QUE SI ELLE RENCONTRE L’ENTHOUSIASME DES CHERCHEURS ET LE SOUTIEN ACTIF DES PAYS CLÉS DU BASSIN DU CONGO

Une initiative scientifique ne fonctionnera que si elle rencontre l’enthousiasme des chercheurs, si ces derniers font preuve de leadership et si elle bénéficie du soutien actif des pays clés du bassin du Congo, ainsi que de l’adhésion des bailleurs de fonds. Nous envisageons trois étapes pour atteindre ces objectifs.

Premièrement, les scientifiques de la région du Congo devraient organiser un atelier avec les architectes et les participants du LBA pour évaluer les leçons de la région amazonienne. Cette coopération sud-sud construirait un cadre dirigé par des scientifiques pour répondre aux questions de recherche cruciales.

Deuxièmement, une réunion de responsables politiques et de conseillers de la région faciliterait les discussions sur les questions politiques pertinentes que les scientifiques pourraient étudier. Celle-ci serait dirigée par le Cameroun, la République démocratique du Congo, le Gabon et la République du Congo – les quatre nations menant le plus de recherches dans la région. La réunion aiderait à obtenir le soutien politique des ministères responsables des forêts, de l’environnement, de l’eau, du climat, des sciences et des universités.

Troisièmement, les partenaires devront développer un programme scientifique global acceptable pour les bailleurs de fonds. Un tel programme inclurait probablement l’intensification de nombreux efforts déjà en cours, mais dont la portée est actuellement insuffisante ou dont le financement n’est pas fiable. Cela accélérerait les progrès scientifiques.

Par exemple, une poignée de sites de terrain établis existent déjà dans le bassin du grand Congo, notamment dans le parc national de la Lopé, au Gabon, et dans la réserve de biosphère de Yangambi, en République démocratique du Congo. Ces « super-sites » sont des stations de terrain sophistiquées avec du personnel à temps plein qui collecte des ensembles de données fiables et sur le long terme concernant la végétation, les animaux et l’environnement physique, voire les flux de gaz à effet de serre à Yangambi. Mais les sites sont trop peu nombreux, et ils s’appuient sur les efforts héroïques des champions locaux. Il devrait y avoir une douzaine d’emplacements dans toute la région, avec un financement cohérent pour soutenir des projets de recherche complexes.

De même, le Réseau d’observation des forêts tropicales humides africaines (Afritron), créé en 2009, suit chaque arbre dans des parcelles d’échantillonnage permanentes pour estimer le bilan carbone des forêts non perturbées. Bien que cet observatoire soit passé de ses 40 sites d’origine en Afrique centrale à plus de 200 aujourd’hui, ceux-ci ne couvrent que 250 hectares sur un total d’environ 240 millions d’hectares. Il s’agit d’un échantillonnage très clairsemé à partir duquel tirer des conclusions régionales.

Nouvelles opportunités

Pendant ce temps, le Forest Global Earth Observatory (Forestgeo), créé en 1990 pour comprendre comment les forêts tropicales maintiennent un nombre aussi diversifié d’espèces d’arbres, n’a établi que quatre sites en Afrique centrale en trente ans, dont aucun au centre du bassin. Il y a un besoin évident d’expansion.

Enfin, la campagne de terrain aéroportée AfriSAR 2016, une collaboration entre la National Aeronautics and Space Administration (Nasa), l’Agence spatiale européenne et l’Agence gabonaise d’études et d’observation spatiales, a montré comment combiner différents ensembles de données pour cartographier soigneusement les types de forêts et leurs stocks de carbone dans le parc national de la Lopé au Gabon. Ce modèle pourrait être reproduit ailleurs dans le bassin.

 CENT MILLIONS DE DOLLARS ASSURERAIENT LE CHANGEMENT RADICAL NÉCESSAIRE À LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET OFFRIRAIENT DES OPPORTUNITÉS AUX JEUNES AFRICAINS

Tous ces travaux nécessiteront de lier théorie, observations, expérimentations et modélisations. Il devrait attirer une diversité d’experts internationaux de premier plan pour se concentrer sur l’Afrique et fournir une formation aux ressortissants du bassin du Congo. Un programme de recherche de 100 millions de dollars offrirait de nouvelles opportunités et des options de carrière indispensables aux scientifiques africains. L’investissement lié de 50 millions de dollars, axé sur le développement des talents, pourrait produire environ 200 doctorats décernés par les principales universités du monde entier. Cela créerait une nouvelle génération de scientifiques, y compris de futurs dirigeants, en Afrique centrale. Le programme de formation assurerait le changement radical nécessaire à la capacité scientifique et offrirait des opportunités aux jeunes chercheurs africains qui ont actuellement du mal à concourir pour des bourses internationales, lesquelles sont souvent remportées par des étudiants d’Asie ou d’Amérique du Sud.

L’argent bien dépensé

Ce programme scientifique de 150 millions de dollars sur une durée de dix ans a besoin d’investisseurs. On pourrait envisager de combiner les fonds des gouvernements qui ont fait d’importants investissements forestiers et scientifiques dans le bassin du Congo par le passé, notamment la Belgique, la France, l’Allemagne, la Norvège, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Union européenne. Les alternatives incluent les agences des Nations unies, les fonds internationaux pour le climat et les organisations philanthropiques privées.

Un tel programme devrait figurer parmi les priorités des bailleurs de fonds, compte tenu des objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Ceux-ci incluent le renforcement des capacités pour une planification et une gestion efficaces liées au changement climatique (ODD13), l’augmentation des ressources financières pour conserver et utiliser de manière durable la biodiversité et les écosystèmes (ODD15), l’augmentation du nombre de chercheurs dans les pays à faible revenu et l’augmentation de la recherche et du développement (R&D).

Le financement mondial de la R&D s’élevait à 2 200 milliards de dollars en 2019. Ainsi, investir 150 millions de dollars sur une décennie pour mieux comprendre et protéger la deuxième plus grande étendue de forêt tropicale au monde est modeste. Par comparaison, le coût total prévu par le gouvernement américain pour le projet du génome humain était de 2,7 milliards de dollars, et l’Agence spatiale européenne dépense environ 500 millions de dollars pour ses satellites scientifiques plus grands et durables. Les 100 millions de dollars que la LBA a apportés à l’Amazonie dans les années 1990 équivalent actuellement à environ 160 millions de dollars.

Autonomiser les populations locales

L’investissement dans la science sera rentabilisé plusieurs fois. Considérez simplement le rôle des forêts en tant que réservoirs de maladies zoonotiques. Une meilleure gestion des forêts réduit le risque d’épidémies, sans parler de pandémies. Certains pourraient objecter que les interventions directes dans l’aide au développement sont plus urgentes que l’investissement dans la science climatique et écologique. Cependant, ces fonds sont généralement indépendants et ne se font pas concurrence. En outre, la vieille formule « mettre fin à la pauvreté » ou « protéger l’environnement » ne s’appliquent plus : les Africains souffriront de manière disproportionnée si les températures ne sont pas limitées conformément à l’accord de Paris. Cela doit inclure la protection des forêts du bassin du Congo.

Des efforts supplémentaires pourraient aider à soutenir les objectifs du programme scientifique du bassin du Congo. Il y a notamment un manque de modèles économiques qui montrent comment les forêts sur pied peuvent devenir plus précieuses que les paysages convertis. Leur développement soutiendrait les décisions politiques visant à maintenir le couvert forestier.

Plusieurs efforts sont également en cours pour améliorer la gestion des forêts qui visent à autonomiser les populations locales, à augmenter les revenus et à protéger l’environnement. Il s’agit notamment du transfert des décisions de gestion des terres aux populations locales, par exemple par le biais de la foresterie communautaire, et de la création de produits finaux à haute valeur ajoutée à partir d’une exploitation forestière sélective plutôt que de dépendre de l’exportation de bois brut non transformé. Une nouvelle initiative scientifique pourrait évaluer diverses approches pour comprendre ce qui fonctionne le mieux.

Nous savons si peu de choses sur les forêts majestueuses d’Afrique centrale. Une initiative sur la science du climat du bassin du Congo réduirait notre ignorance collective. Le manque d’investissement est l’obstacle à la sauvegarde de ces précieux écosystèmes. Surmontez cela et l’avenir du deuxième « grand poumon vert » de la Terre sera plus radieux.

Liste complète des signataires

Lee J. T. White, ministre des Eaux, des Forêts, de la Mer, de l’Environnement, chargé du Plan Climat et du Plan d’affectation des terres, Gabon. Eve Bazaiba Masudi, ministre de l’Environnement et du Développement durable, République démocratique du Congo. Jules Doret Ndongo, ministre des Forêts et de la Faune sauvage, Cameroun. Pierre Hélé, ministre de l’Environnent, de la Protection de la Nature et du Développement durable, Cameroun. Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, République du Congo. Rosalie Matondo, ministre de l’Economie forestière, République du Congo. Ifo Suspense Averti, professeur-assistant, Université-Marien-Ngouabi, République du Congo. Corneille E.N. Ewango, professeur, Université de Kisangani, République démocratique du Congo. Alfred Ngomanda, directeur du Centre national de la recherche scientifique et technologique (Cenarest), Gabon. Bonaventure Sonké, Professeur, Université de Yaoundé I, Cameroun. Simon L. Lewis, professeur, University College London and University of Leeds, Royaume-Uni.

Avec Jeune Afrique par Collectif de ministres de l’Environnement et de chercheurs pour la défense du bassin du Congo

Canada: Trudeau dévoile son gouvernement, un militant écologiste nommé à l’Environnement avant la COP26

octobre 26, 2021
Trudeau devoile son gouvernement, un militant ecologiste nomme a l'Environnement avant la COP26
Trudeau dévoile son gouvernement, un militant écologiste nommé à l’Environnement avant la COP26© AFP/Lars Hagberg

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui a dévoilé mardi la composition de son nouveau gouvernement à quelques jours de l’ouverture du sommet de la COP26 sur le climat, a choisi de nommer un militant écologiste à la tête du ministère de l’Environnement.

Cycliste aguerri et ancien responsable de Greenpeace, Steven Guilbeault a dédié une grande partie de sa carrière aux enjeux environnementaux avant d’être élu en 2019 et d’immédiatement se voir nommer ministre du Patrimoine.

Justin Trudeau, réélu le mois dernier pour la troisième fois mais sans parvenir à obtenir de majorité au Parlement canadien, est parfois critiqué pour son bilan environnemental.

Le Canada compte la troisième plus grande réserve de pétrole au monde et l’économie des provinces de l’ouest du pays est largement basée sur les énergies fossiles.

Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, fixés en avril par M. Trudeau entre 40 % à 45 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2005, restent éloignés des cibles américaines et européennes.

Les détracteurs du Premier ministre lui reprochent en outre la nationalisation d’un oléoduc en 2018, durement dénoncée à l’époque par… Steven Guilbeault.

« Figure de proue »

Cofondateur d’Equiterre, la plus grande organisation environnementale du Québec, ce dernier a été directeur régional et responsable de campagne chez Greenpeace ainsi que conseiller stratégique au sein d’un fonds canadien dédié au développement des technologies propres.

Le site du Premier ministre le décrit comme « une figure de proue » de la lutte contre la crise climatique.

« Son engagement en matière d’environnement a commencé dès l’âge de 5 ans alors qu’il a grimpé dans un arbre pour le protéger des promoteurs immobiliers qui s’apprêtaient à (le) raser », selon sa biographie officielle, qui précise que le nouveau ministre de l’Environnement a aussi « escaladé la Tour CN à Toronto pour que le Canada ratifie le protocole de Kyoto ».

« Steven Guilbeault connait le dossier, les acteurs clés et comprend l’importance ultime des enjeux environnementaux », a réagi auprès de l’AFP le responsable de la campagne Energie-Climat chez Greenpeace, Patrick Bonin.

Nouveaux visages

Avec ce militant écologiste, Justin Trudeau a composé un nouveau cabinet comprenant 38 ministres, dont autant de femmes que d’hommes, et plusieurs nouveaux visages.

Parmi les autres nominations marquantes, le Premier ministre libéral — réélu le 20 septembre 2021 à la tête d’un gouvernement minoritaire — a promu Mélanie Joly au poste de ministre des Affaires étrangères en remplacement de l’astronaute Marc Garneau, qui quitte le cabinet. Elle était auparavant à la tête du ministère du Développement économique et des Langues officielles.

L’ancienne ministre de l’Approvisionnement Anita Anand, notamment en charge de la livraison de vaccins contre le Covid-19 au Canada, devient pour sa part ministre de la Défense nationale. Elle est la deuxième femme à occuper ce poste, au moment où des hauts gradés font l’objet d’accusations d’agressions sexuelles.

« Cette équipe diversifiée continuera de trouver des solutions concrètes aux défis auxquels les Canadiens font face, et de mettre en oeuvre un programme progressiste, tout en terminant la lutte contre la COVID-19 », a affirmé le cabinet du Premier ministre dans un communiqué.

Fin septembre, le Premier ministre avait déjà confirmé la nomination de Chrystia Freeland comme ministre des Finances et vice-Première ministre du Canada, un rôle qu’elle occupait avant les dernières élections.

Plus tôt ce mois-ci, Justin Trudeau a fait savoir que les priorités de son gouvernement seraient la lutte contre le Covid-19, contre le réchauffement climatique, de faire avancer la réconciliation avec les autochtones et d’aller vers un réseau national des garderies.

Par Le Point avec AFP

COP26 : la reine Elizabeth II ne sera finalement pas de la partie

octobre 26, 2021

La souveraine britannique a renoncé, sur avis médical, à participer à la conférence onusienne sur le climat, qui doit s’ouvrir à Glasgow en fin de semaine.

Cela faisait plusieurs jours que l'etat de sante de la monarque britannique, 95 ans, suscitait quelques interrogations.
Cela faisait plusieurs jours que l’état de santé de la monarque britannique, 95 ans, suscitait quelques interrogations.© ANDY BUCHANAN / POOL / AFP

La reine Elizabeth II, 95 ans, a renoncé à participer à la conférence de l’ONU sur le climat COP26 à la suite d’un avis lui enjoignant de « se reposer », a annoncé mardi le palais de Buckingham.

« À la suite d’un avis lui conseillant de se reposer, la reine effectue des tâches légères au château de Windsor. Sa Majesté a décidé à regret de ne pas se rendre à Glasgow pour assister à la réception de la COP26 le lundi 1er novembre », a annoncé le Palais dans un communiqué, moins d’une semaine après que la souveraine a passé une nuit à l’hôpital.

Par Le Point avec AFP