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« Non, le Sénégal n’est pas “gangréné par la corruption” »

mars 14, 2023

Un article paru dans le quotidien français « Le Figaro » ne prend guère en compte les efforts entrepris par le pays pour lutter contre la corruption, s’attardant uniquement sur des détails à charge « d’un rapport, au mépris de la déontologie la plus élémentaire », dénonce Samba Alar.

Dans l’imprimerie du Figaro, en août 2020. © MARTIN BUREAU / AFP.

Il est des principes auxquels on s’arrime ardemment, mais en regrettant de devoir y tenir. Ainsi de la liberté et, singulièrement, de la liberté de la presse. La liberté n’est pas vertueuse en soi. L’usage qu’on en fait, parfois. À l’instar de la langue d’Esope, elle peut être aussi la pire des choses. Le Figaro est à cet égard exemplaire, qui ravive en moi le goût, par discipline étouffé, d’Anastasie et de ses ciseaux. Le journal a récemment publié un article partial, à charge contre l’État du Sénégal qu’il accuse d’être « gangréné par la corruption » (sic !). Au mépris de la déontologie la plus élémentaire.

Justes proportions

Ainsi le journal cite-t-il, pour étayer ses accusations, un rapport confidentiel de l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un réseau de journalistes qui reproche au ministère de l’Environnement sénégalais d’avoir souscrit un contrat d’armement sans respecter ses obligations de publicité et de mise en concurrence. En méconnaissance l’article 3 du décret 2014-1212 du 22 septembre 2014 portant Code des marchés publics qui dispense de telles obligations « les travaux, fournitures, prestation de services et équipements réalisés pour la Défense et la sécurité nationales ». Le Figaro eût été plus avisé de vérifier le bien-fondé de tels griefs avant de s’en faire l’écho.

Poursuivant son réquisitoire, le journal cite un autre rapport, de la Cour des comptes, qui « a constaté des surfacturations et des détournements du fonds public dédié à la lutte contre le Covid-19 pour un préjudice de 7 milliards de F CFA [10,6 millions d’euros] ». Tout en se gardant, cauteleux, de mentionner le montant dudit fonds, qui s’élève à 1 000 milliards de F CFA. Autrement dit, sur les 1 000 milliards de dépenses effectuées, les manquements dont fait état le rapport de la Cour des comptes ne portent « que » sur 0,7% du montant des dépenses.

Il s’agit ici moins de minimiser la gravité de tels manquements, seraient-ils avérés, que de les ramener à leurs justes proportions. La dizaine de personnes mises en cause par ledit rapport font actuellement l’objet d’enquêtes ordonnées par la justice. Dix cas présumés – non avérés à ce stade, les enquêtes suivent leur cours – de malversations suffisent-ils à faire du Sénégal un pays « gangréné par la corruption » ?

Contrôle sans complaisance

Notre pays peut s’enorgueillir d’avoir une Cour des comptes qui contrôle sans complaisance les gestionnaires publics et une justice qui s’applique de manière indifférente aux puissants comme à la menuaille. « Au Sénégal, la lutte contre la corruption fait du surplace », fustige encore le journal. Mais la réalité est obstinée : avec un score de 43, en hausse de sept points depuis 2012, selon le Transparency International index, le Sénégal se situe désormais au-dessus de la moyenne mondiale.

L’adoption de la loi organique n° 2012-23 du 27 décembre 2012 élargissant le champ de compétences de la Cour des comptes, la mise en place de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), ainsi que l’adhésion de notre pays à l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie) ont contribué à assainir la gestion des affaires publiques. Le Sénégal a fait, depuis 2012, un bond spectaculaire de 22 places dans le classement mondial établi par Transparency International, devançant même des États membres de l’UE comme la Hongrie.

Jusqu’ici, Le Figaro avait vocation à rendre compte, à dire le réel. Sa renommée l’aurait-elle enivré et enhardi ? Le Sénégal n’est pas gangréné par la corruption. Un mensonge peut faire le tour de la terre, le temps que la vérité n’enfile ses chaussures. Puisse l’État sénégalais trouver réconfort dans cette phrase de Voltaire : « Il faut toujours que ce qui est grand soit attaqué par les petits esprits. »

Avec Jeune Afrique par Samba Alar

Chef d’entreprise

En Guinée équatoriale, l’un fils du président Obiang arrêté pour corruption présumée

janvier 17, 2023

Ruslan Obiang Nsue, fils du président de Guinée équatoriale, est soupçonné d’avoir vendu un avion de la compagnie aérienne nationale. Il a été arrêté sur ordre de son demi-frère, Teodorín, et placé en résidence surveillée.

Un ATR de la compagnie aérienne nationale, Ceiba Intercontinental, à l’aéroport de Malabo le 3 février 2015. © AFP PHOTO / ISSOUF SANOGO

L’arrestation de Ruslan Obiang Nsue, l’un des fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, est inédite pour un membre de la famille présidentielle de Guinée équatoriale. Soupçonné d’avoir vendu un avion de la compagnie aérienne nationale, il a été appréhendé ce lundi 16 janvier et placé en résidence surveillée, a annoncé mardi la télévision d’État (TVGE).

Fin novembre, les autorités avaient ouvert une enquête « après avoir constaté la disparition de l’appareil ATR 72-500 appartenant à la compagnie nationale », Ceiba Intercontinental, qui se trouvait depuis 2018 en révision de routine en Espagne, explique la TVGE. Selon la même source, Ruslan Obiang Nsue aurait « vendu l’avion ATR à l’entreprise BinterTechnic », spécialisée dans la maintenance aéronautique et basée à Las Palmas, sur l’île espagnole de Grande Canarie.

En décembre dernier, la nouvelle de la disparition de cet avion et sa vente présumée par Ruslan Obiang Nsue avait suscité l’indignation nationale. Ancien secrétaire d’État chargé des Sports et de la Jeunesse, Ruslan Obiang Nsue, actuel directeur de Ceiba Aéroport, a d’abord été directeur adjoint de Ceiba Intercontinental, puis son directeur général.

Mise à disposition de la justice

« Ruslan Obiang a avoué qu’il était la personne qui a vendu l’ATR de Ceiba, je ne vais pas me laisser emporter par le familialisme ou le favoritisme, c’est pourquoi j’ai ordonné son arrestation immédiate et sa mise à disposition de la justice », a indiqué sur Twitter son demi-frère, le vice-président Teodoro Nguema Obiang Mangue, surnommé « Teodorín ».

Teodorin Obiang a lui-même été définitivement condamné par la justice française fin juillet 2021 à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d’euros d’amende et à la confiscation de ses biens en France pour s’y être constitué frauduleusement un luxueux patrimoine dans le cadre des affaires de « biens mal acquis ». En juillet 2021, Londres a également gelé ses actifs financiers au Royaume-Uni et l’a interdit de séjour sur son territoire au terme d’enquêtes anti-corruption. Malabo a alors fermé son ambassade dans le pays pour protester contre cette décision.

Par Jeune Afrique (avec AFP)

Corruption : la présidente du Parlement européen annonce une « enquête interne »

décembre 12, 2022

Alors que plusieurs membres du Parlement européen sont accusés de corruption, Roberta Metsola dénonce une attaque contre la « démocratie européenne ».

La presidente du Parlement europeen, Roberta Metsola, a annonce l'ouverture d'une enquete interne en lien avec des soupcons de corruption au coeur de l'institution.
La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, a annoncé l’ouverture d’une enquête interne en lien avec des soupçons de corruption au cœur de l’institution.© ALEXEY VITVITSKY / Sputnik / Sputnik via AFP

« La démocratie européenne est attaquée », a déclaré lundi 12 décembre la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola. Celle-ci, tout en promettant de respecter la présomption d’innocence, a exprimé sa « fureur, sa colère et sa tristesse » au sujet des accusations de corruption d’une eurodéputée grecque en lien avec le Qatar. « Il n’y aura aucune impunité […], rien ne sera mis sous le tapis », a-t-elle promis, annonçant une « enquête interne pour examiner tous les faits liés au Parlement » européen et faire en sorte que l’institution se réforme.

L’élue grecque Eva Kaili, qui occupe une des 14 vice-présidences de l’institution, ainsi que trois autres personnes, ont été écrouées dimanche à Bruxelles, deux jours après avoir été interpellées dans le cadre d’une enquête visant d’importants versements d’argent qu’aurait effectués le pays organisateur du Mondial 2022 pour influencer la politique européenne.

Nous protégerons ceux qui nous aident

Mme Metsola s’est montrée très affectée, évoquant « des jours parmi les plus longs de [sa] carrière ». Mais elle s’est dite convaincue que le Parlement européen sortirait plus fort de la crise. « Ces acteurs malveillants, liés à des pays tiers autocratiques, ont apparemment utilisé des ONG, des syndicats, des individus, des assistants et des députés européens comme des armes dans le but de soumettre nos processus. Leurs plans malveillants ont échoué », a-t-elle affirmé.

« Nos services, dont je suis incroyablement fière, travaillent avec les autorités judiciaires et policières nationales compétentes pour démanteler ce réseau criminel présumé », a-t-elle dit. « Nous allons lancer un processus de réforme pour voir qui a accès à nos locaux, comment ces organisations, ONG et personnes sont financées, quels liens elles entretiennent avec des pays tiers, nous demanderons plus de transparence sur les réunions avec des acteurs étrangers », a promis Mme Metsola.

La présidente du Parlement européen souhaite également mieux protéger les lanceurs d’alerte. « Nous protégerons ceux qui nous aident à dénoncer la criminalité et je m’emploierai à examiner nos systèmes de dénonciation pour voir comment ils peuvent être renforcés », a-t-elle déclaré.

Avec Le Point.fr

Corruption en RDC : Glencore s’engage à payer 180 millions de dollars

décembre 5, 2022

Par la signature d’un accord portant sur des accusations de corruption en RDC, le géant du trading s’est engagé à verser 180 millions de dollars à Kinshasa.

Site de Kamoto Copper Company (KCC, filiale de Glencore), près de Kolwezi, dans le Lualaba. © Gwenn Dubourthoumieu

Glencore, le géant du négoce des matières premières basé en Suisse, va payer 180 millions de dollars dans le cadre d’un accord avec la République démocratique du Congo pour solder les litiges concernant des accusations de corruption, annonce-t-il ce 5 décembre. L’accord couvre les réclamations en justice présentes et futures concernant des actes présumés de corruption pour la période allant de 2007 à 2018, indique-t-il dans un communiqué.

Cet accord englobe les activités de ses filiales qui ont fait l’objet d’enquêtes, notamment de la part du département américain de la Justice et de la cellule de renseignement financier de la RDC, ajoute le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug. Le groupe propriétaire de mines, notamment de cuivre, de nickel et de charbon, mais qui s’appuie aussi sur une importante division spécialisée dans le courtage de matières premières, avait été assigné en 2018 par le département américain de la Justice (DoJ) dans le cadre d’une vaste enquête pour corruption, liée à ses activités au Nigeria, au Venezuela et en RDC. Des poursuites avaient ensuite été lancées par d’autres autorités.

« Glencore est un investisseur de longue date en RDC et est satisfait d’être parvenu à cet accord qui répond aux conséquences de ses agissements passés », a déclaré Kalidas Madhavpeddi, le président du groupe.

Amende et pénalités en série

En mai 2022, le groupe avait conclu des accords coordonnés avec les autorités du Royaume-Uni, des États-Unis et du Brésil, plaidant coupable de faits de corruption en Afrique et en Amérique du Sud. Il avait ainsi accepté de payer aux États-Unis une amende de 700 millions de dollars pour fraude et corruption, notamment au Brésil, au Cameroun, au Nigeria et au Venezuela, et pour détournement d’informations confidentielles, notamment au Mexique. Le groupe a également dû s’acquitter de pénalités de 486 millions de dollars pour manipulation des prix de divers contrats échangés sur les marchés pétroliers.

Au début de novembre, il a également été condamné par la justice britannique à payer 280 millions de livres (322 millions d’euros à taux actuels) concernant des pots-de-vin versés pour avoir un accès préférentiel au pétrole au Nigeria, Cameroun, en Côte d’Ivoire, en Guinée équatoriale et au Soudan du Sud.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Comores : l’ex-président Sambi jugé pour « haute trahison »

novembre 21, 2022

Au-delà de toute procédure légale, Ahmed Abdallah Sambi est en détention provisoire depuis plus de quatre ans. Mais l’ex-président, très affaibli, refuse d’être jugé par cette cour.

L’ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi a comparu lundi 21 novembre devant la Cour de sûreté de l’État, à Moroni, pour « haute trahison ». © YOUSSOUF / AFP

S’appuyant sur un gendarme, visiblement malade, l’ex-président comorien Ahmed Abdallah Sambi, 64 ans, détenu depuis quatre ans pour une affaire de corruption, a comparu lundi 21 novembre devant la Cour de sûreté de l’État à Moroni pour « haute trahison ».

Barbe blanche taillée et boubou bleu, le principal opposant à l’actuel président Azali Assoumani s’est assis face au tribunal qui le juge dans le scandale dit de la « citoyenneté économique », relatif à la vente de passeports comoriens à des apatrides des pays du Golfe.

« Je ne veux pas être jugé par cette cour »

La défense a contesté la composition de la Cour, la jugeant « illégale ». Son président avait déjà siégé à la chambre d’accusation et ne peut donc pas, « selon la loi, participer à une juridiction de jugement », a affirmé l’avocat belge Jan Fermon.

Celui qui fut président de l’archipel de 2006 à 2011 a bataillé pour prendre la parole avant les débats. « La composition du tribunal est illégale, je ne veux pas être jugé par cette cour », a-t-il lancé.

Un des avocats de la partie civile, le Togolais Éric Emmanuel Sossa, a fustigé l’attitude de l’ancien chef de l’État. « En lieu et place d’un tribunal, il voulait une place pour la harangue et le prêche », a-t-il déclaré. La Cour a finalement décidé de reporter l’audience à demain.

« Haute trahison »

Par ailleurs Bachar Kiwan, sulfureux homme d’affaires franco-syrien, qui est aussi l’un des principaux prévenus de ce dossier, a avancé dans un communiqué que le gouvernement comorien lui avait proposé « un arrangement à l’amiable » contre son témoignage « sur le rôle joué » par son groupe dans le scandale. « Il devient clair pour moi que ce n’est pas un témoignage que le gouvernement comorien recherche mais un faux témoignage pour donner vie à ses accusations », dénonce-t-il.

Ahmed Abdallah Sambi est en détention provisoire depuis plus de quatre ans, alors que la limite légale est fixée à huit mois. D’abord placé en résidence surveillée pour troubles à l’ordre public en mai 2018, il avait été incarcéré trois mois plus tard dans le cadre de cette affaire. Lors de son renvoi en septembre, le juge d’instruction avait requalifié les faits reprochés à l’ancien président en « haute trahison ».

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Guinée : Alpha Condé et 187 ex-hauts cadres bientôt poursuivis pour corruption

novembre 3, 2022

Le ministre de la Justice a adressé une liste de noms aux procureurs généraux, sur laquelle figurent celui de l’ancien président ainsi que de nombre d’anciens ministres.

L’ancien président guinéen Alpha Condé (ici en février 2020 à Addis-Abeba, en Éthiopie) est actuellement soigné en Turquie. © Minasse Wondimu Hailu / Anadolu Agency.

Après avoir visé les caciques du régime d’Alpha Condé, la junte au pouvoir en Guinée s’attaque désormais à l’ancien président. Le ministre de la Justice, Alphonse Charles Wright, a ordonné ce 3 novembre d’engager des poursuites judiciaires, notamment pour des faits présumés de corruption, contre l’ex-président Alpha Condé, qu’elle a renversé par un coup d’État en 2021, et contre plus de 180 hauts cadres ou ex-ministres.

Les poursuites sont engagées « pour des faits présumés de corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, faux et usage de faux en écriture publique, détournement de deniers publics et complicité ». Depuis son arrivée au pouvoir, la junte de Mamadi Doumbouya applique une « politique de moralisation de la vie publique » et a fait de la lutte contre la corruption l’un de ses porte-étendards.

Une quarantaine d’anciens ministres visés

Dans sa lettre publique adressée aux procureurs généraux, Alphonse Charles Wright, en poste depuis le 12 juillet, franchit une nouvelle étape en nommant l’ancien chef de l’État, toujours en Turquie pour raisons médicales, et un grand nombre de ses cadres lorsqu’il était au pouvoir.

Parmi eux, l’ancien Premier ministre Ibrahima Kassory Fofana et une quarantaine d’anciens ministres, comme Mohamed Diané à la Défense (incarcéré depuis le 6 avril, aux côtés notamment d’Ibrahima Kassory Fofana et d’Oyé Guilavogui), Mamady Camara, à l’Économie ou Mariama Camara, au Commerce. Un certain nombre de conseillers à la présidence sous le régime Condé sont également cités. Au total, la liste comporte 188 noms, dont certains sont déjà en prison – Mohamed Diané est incarcéré depuis le 6 avril, aux côtés notamment d’Ibrahima Kassory Fofana et d’Oyé Guilavogui – et d’autres cités plusieurs fois. Leurs comptes sont gelés, indique le document.

« Il est impératif d’ouvrir des enquêtes judiciaires pour élucider l’origine des fonds de ces différents comptes sans que cela ne porte préjudice au dégel lorsqu’il sera établi de manière contradictoire que ces comptes sont exempts de toutes présomptions d’enrichissement illicite », affirme le ministre de la Justice.

Alpha Condé déjà poursuivi pour assassinats

Ce n’est pas la première fois que des poursuites sont engagées contre l’ex-président Alpha Condé, 84 ans, mis en cause en mai pour des faits présumés notamment d’assassinats, actes de torture, enlèvements et viols, dans ce pays où la répression des manifestations politiques est souvent brutale.

La justice guinéenne avait agi à la suite de l’action engagée au mois de janvier 2022 par le Front national de défense de la Constitution (FNDC), un collectif à la pointe de la contestation contre le troisième mandat de Condé mais dissous au début d’août par la junte. Ses membres dénonçaient la gestion « unilatérale » de la période de transition, la confiscation du pouvoir, et avaient appelé à des manifestations, interdites par les autorités. Plusieurs de leurs cadres croupissent désormais depuis en prison.

Un autre procès emblématique en cours

Exemple de la volonté de justice – « boussole » du pays d’après les mots du colonel Doumbouya –, proclamée par la junte, le procès de l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et d’une dizaine d’anciens officiels militaires et gouvernementaux, prévu depuis des années, s’est ouvert le 28 septembre devant un tribunal de Conakry.

Ceux-ci doivent répondre du massacre du 28 septembre 2009, au cours duquel 156 personnes avaient été tuées, des milliers d’autres blessées et au moins 109 femmes avaient été violées, selon le rapport d’une commission d’enquête internationale mandatée par l’ONU.

Auditionné jusqu’au 2 novembre, Aboubacar Sidiki Diakité (dit « Toumba »), l’ancien aide de camp de Dadis, a livré sa version des faits, racontant la gestion chaotique des manifestations, après avoir promis aux juges de coopérer pleinement.

Par Jeune Afrique avec AFP

Afrique du Sud : Jacob Zuma accuse Cyril Ramaphosa de trahison et de corruption

octobre 23, 2022

«Trahison », «corrompu » : à l’approche d’un congrès de l’ANC crucial pour la présidentielle de 2024, l’ex-président Jacob Zuma a sévèrement attaqué son successeur Cyril Ramaphosa.

L’ancien président Jacob Zuma, le 4 juin 2021. © Shiraaz Mohamed/AP/SIPA

« Le président est corrompu », « il a commis une trahison », a accusé l’ancien chef de l’État Jacob Zuma samedi 22 octobre dans sa première réaction à des allégations selon lesquelles le président Cyril Ramaphosa serait impliqué dans une obscure affaire de cambriolage.

« Aucun président ne devrait gérer des affaires privées quand il est en fonctions », a poursuivi, lors d’une conférence de presse à Johannesburg, celui qui fut lui-même contraint à la démission en 2018 tant il était englué dans des scandales et accusations de corruption.

Une commission indépendante a été constituée en septembre par le Parlement sud-africain pour enquêter sur cette affaire de cambriolage qui gêne depuis plusieurs mois le président Ramaphosa, accusé de blanchiment et corruption. Les résultats de l’enquête pourraient conduire à un éventuel vote au Parlement pour sa destitution.

Quatre millions de dollars

Cyril Ramaphosa est accusé d’avoir dissimulé à la police et au fisc un cambriolage datant de 2020 dans une de ses propriétés, au cours duquel d’importantes sommes en espèces ont été trouvées, cachées dans du mobilier.

Une enquête a été ouverte après une plainte déposée en juin par l’ancien chef du renseignement sud-africain, Arthur Fraser. Selon ce dernier, des cambrioleurs se sont introduits dans une ferme appartenant au président à Phala Phala, dans le Nord-Est du pays, et y ont dérobé quatre millions de dollars (4,08 millions d’euros) en numéraire.

La plainte accuse Cyril Ramaphosa d’avoir dissimulé à la police le cambriolage et au fisc l’argent trouvé sur place, ainsi que d’avoir organisé l’enlèvement et l’interrogatoire des voleurs, puis de les avoir soudoyés pour qu’ils gardent le silence.

Pression à l’approche du congrès de l’ANC

Cyril Ramaphosa dénonce une manœuvre politique, nie les allégations d’enlèvement et de corruption, remet en cause le montant du vol évoqué et soutient que l’argent provenait de la vente de bétail.

Mais l’affaire met le président dans la tourmente, alors que l’ANC doit prochainement décider de le présenter ou non comme candidat pour un second mandat à la présidentielle de 2024.

Jacob Zuma a déclaré que la conférence de l’ANC en décembre « va devoir traiter de ce cas » et décider si le président peut rester ou pas. « Beaucoup disent que le président a échoué », a-t-il poursuivi.

Un autre ancien chef de l’État, Thabo Mbeki, a aussi déploré la situation de l’ANC avant le congrès de décembre. « Notre président est sous forte pression (…) à propos de l’affaire de la ferme de Phala Phala », a-t-il dit lors d’une réunion distincte à Johannesburg.

L’ancien président Zuma, condamné à quinze mois de prison ferme pour avoir obstinément refusé de répondre à une commission enquêtant sur la corruption, a quant à lui fini de purger sa peine au début du mois. Il a été libéré pour raisons de santé et placé sous contrôle judiciaire.

Samedi, il a qualifié son incarcération « d’illégale » et a fustigé les magistrats. « Le fait est que la plus haute juridiction de ce pays a violé la loi, a-t-il dit. Il faut nous assurer que les juges ne se transforment pas en politiciens. »

L’ancien président, qui doit encore répondre devant la justice d’une affaire de pots-de-vin datant de plus de vingt ans, avait annoncé fin septembre des velléités de retour en politique.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Cameroun, Nigeria… Glencore plaide définitivement coupable de corruption

juin 21, 2022

Une filiale britannique du géant du négoce a officiellement plaidé coupable de sept chefs d’accusation de corruption dans le cadre d’opérations pétrolières au Cameroun, en Guinée équatoriale, en Côte d’Ivoire, au Nigeria et au Soudan du Sud.

Le siège du géant suisse Glencore à Baar, en Suisse, en 2020. © Fabrice COFFRINI / AFP

Le géant suisse avait jusqu’à ce mardi 21 juin pour confirmer sa décision, intervenue fin mai. C’est désormais chose faite.

Et la déclaration est intervenue devant la Southwark Crown Court à Londres : plus de 28 millions de dollars de pots-de-vin auraient été versés par Glencore Energy pour obtenir un accès préférentiel au pétrole et générer des profits illicites entre 2011 et 2016. Selon le Serious Fraud Office (SFO) britannique, l’entreprise sera condamnée le  2 et 3 novembre prochains.

Nombreuses accusations

Depuis ce début d’année, le groupe a déjà été condamné trois fois. En effet, cette nouvelle procédure de « plaider coupable » fait suite à des accusations portées par les autorités américaines, brésiliennes et britanniques. Pour faire face à ces actions en justice, le géant minier a approvisionné quelque 1,5 milliard de dollars.

Le procureur américain du district sud de New York, Damian Williams, a présenté quelques-unes des conclusions de l’enquête américaine : « Glencore a versé plus de 100 millions de dollars en pots-de-vin à des fonctionnaires au Brésil, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Venezuela. Son système de pots-de-vin s’étendait dans le monde entier. Glencore a agi de la sorte afin d’obtenir des contrats pétroliers, pour éviter les audits gouvernementaux, et afin de faire disparaître des procès. Avec cette stratégie la compagnie a gagné des centaines de millions de dollars. Et ils l’ont fait avec l’approbation et même l’encouragement de cadres supérieurs. »

📢YESTERDAY GLENCORE FACED A $1.2 BILLION FINE FOR GLOBAL BRIBERY AND MARKET MANIPULATION. A THREAD 1/12HTTPS://T.CO/970IQJ65EG— SPOTLIGHT ON CORRUPTION (@ENDCORRUPTIONUK) MAY 25, 2022

Fonctionnement illicite en Afrique

Le SFO indique que les dernières accusations comprennent des allégations selon lesquelles Glencore aurait versé plus de 4,9 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires de la Nigerian National Petroleum Corporation, une entreprise publique nigériane, entre mars 2012 et avril 2014, afin d’obtenir des contrats pétroliers.

Selon la même source, le leader de l’extraction avait versé sous la table plus de 10 millions de dollars à des fonctionnaires de la société pétrolière publique camerounaise, la Société nationale des hydrocarbures et la Société nationale de raffinage, afin d’obtenir l’exclusivité sur des contrats. Plus tôt dans l’année, ce sont des pots-de-vin de 7,4 millions d’euros en Côte d’Ivoire qui ont été pointés du doigt.

« Cette importante enquête, que le Serious Fraud Office a porté devant les tribunaux en moins de trois ans, est le résultat de notre expertise, de notre ténacité et de la force de notre partenariat avec les États-Unis et d’autres juridictions », a déclaré Lisa Osofsky, directrice du SFO à l’issue de l’enquête qui a débuté en 2019.

Le président de Glencore, Kalidas Madhavpeddi, a pour sa part déclaré dans un communiqué que Glencore s’engageait à « agir de manière éthique et responsable dans tous les aspects de son activité ».

Avec Jeune Afrique

Algérie: le frère de l’ex-président Bouteflika condamné à huit ans de prison

juin 7, 2022

Saïd Bouteflika, frère cadet du défunt ex-président Abdelaziz Bouteflika, déjà en détention pour d’autres affaires, a été condamné lundi à huit ans de prison ferme pour des faits de corruption, selon les médias.

Saïd Bouteflika, frère de l’ex-chef de l’État algérien et ancien conseiller à la présidence. © FAROUK BATICHE/AFP

Saïd Bouteflika, le frère cadet de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika a été condamné ce lundi 6 juin à huit ans de prison ferme. Son co-accusé, l’ancien patron des patrons Ali Haddad, également condamné dans plusieurs affaires, a écopé de quatre ans de prison ferme. Les deux hommes doivent aussi verser des amendes au Trésor public. Le parquet avait requis dix ans ferme contre Saïd Bouteflika, 64 ans, et Ali Haddad, 57 ans, qui ont comparu devant le tribunal de Sidi M’hamed à Alger pour « trafic d’influence », « abus de fonction », « blanchiment d’argent » et « non déclaration de biens ».

Précédentes condamnations

Fin mai, Saïd Bouteflika avait été acquitté après avoir été condamné en octobre à deux ans de prison ferme pour « entrave à la justice ». Ali Haddad a, lui, été condamné dans d’autres affaires de corruption avec une sanction de quatre ans de prison en janvier 2021.

En novembre 2020, Ali Haddad avait été condamné en appel à douze ans de prison ferme et, dans un autre procès en appel fin mars 2020, à quatre ans de prison ferme. Ex-dirigeant de la principale organisation patronale algérienne, le Forum des chefs d’entreprises (FCE), de 2014 à mars 2019, Ali Haddad avait été arrêté à un poste-frontière entre l’Algérie et la Tunisie en possession de deux passeports et condamné en juin 2019 à six mois de prison pour détention illégale de deux documents de voyage. Les deux hommes sont aussi poursuivis dans d’autres affaires. En Algérie, les peines de prison ne sont pas cumulables. C’est la peine la plus lourde qui est imposée.

Enquêtes sur l’entourage de l’ex-président

Après la chute d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019, sous la pression du mouvement de protestation du Hirak et de l’armée, la justice a lancé une série d’enquêtes sur des affaires impliquant des membres de son entourage. Par ailleurs, le parquet a requis lundi une peine de dix ans de prison à l’encontre de l’ex-PDG d’Ennahar, le premier groupe de médias privé algérien, Anis Rahmani, poursuivi dans une affaire de corruption, selon le site Ennaharonline.

La même peine a été requise contre l’homme d’affaires Mahieddine Tahkout, poursuivi dans cette même affaire pour blanchiment d’argent. De son vrai nom Mohamed Mokadem, Anis Rahmani, proche de Saïd Bouteflika, a déjà été condamné en appel en mars 2021 à trois ans de prison ferme. Il était accusé d’avoir illégalement enregistré et diffusé, en octobre 2018, une communication téléphonique qu’il avait eue avec un colonel du renseignement.

Par Jeune Afrique avec AFP

France-Gabon : l’ex-Miss Sonia Rolland mise en examen dans l’affaire des « biens mal acquis »

juin 1, 2022

L’actrice franco-rwandaise est poursuivie à Paris pour recel de détournement de fonds publics, de corruption et d’abus de bien sociaux. En cause, un appartement dans le XVIe arrondissement de Paris offert en 2003 par l’ancien président gabonais Omar Bongo Ondimba.

L’ex-Miss et actrice franco-rwandaise, Sonia Rolland, en octobre 2021. © JOEL SAGET/AFP

Sonia Rolland, l’ancienne Miss France 2000 devenue actrice, a été mise en examen le 30 mai dans l’affaire des « biens mal acquis », selon une information du quotidien français Le Parisien, confirmée par son avocat à Jeune Afrique. Les enquêteurs se penchent sur les conditions dans lesquelles l‘ancien chef de l’État gabonais Omar Bongo Ondimba lui a offert un appartement en 2003.

Dans ce dossier judiciaire ouvert il y a plus de dix ans, la Franco-Rwandaise avait été entendue le 6 janvier 2021 sous le régime du suspect libre à l’Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF), sur des faits de recel de blanchiment de détournement de fonds publics, ont indiqué une source judiciaire et une source proche du dossier.

Cadeau à 800 000 euros

Sonia Rolland s’est expliquée sur un cadeau qu’elle avait reçu des époux Bongo Ondimba, un appartement dans le 16e arrondissement de Paris d’une valeur de 800 000 euros, sous le régime d’une société civile immobilière (SCI). Selon le journal français Libération, elle a raconté avoir rencontré en 2001 Edith Bongo Ondimba, l’épouse de l’ancien président gabonais, alors que celle-ci parrainait des concours de Miss en Afrique. En 2002, l’ex-Première dame lui aurait dit qu’elle lui ferait un cadeau afin de la remercier pour l’image qu’elle véhiculait de l’Afrique.

L’acquéreur de l’appartement serait une société de décoration française, qui avait une filiale au Gabon « détenant un compte dans une banque locale, sur lequel ont été déposées pendant des années des valises de cash, livrées par des collaborateurs de Bongo Ondimba », écrit le quotidien.

Sonia Rolland a plaidé la naïveté. Elle a toujours assuré ne rien savoir du montage financier et des malversations qui se cachaient derrière l’achat de cet appartement et a souligné son jeune âge à l’époque – l’ancienne Miss avait alors 22 ans.

Condamnation

Depuis 2010, la justice française enquête sur le patrimoine considérable amassé en France par Omar Bongo Ondimba et d’autres chefs d’État africains. En avril 2016, des biens immobiliers à Paris et à Nice, sur la Riviera française, appartenant à la famille du président gabonais Ali Bongo Ondimba – le fils d’Omar Bongo Ondimba, qui a succédé à son père à la tête du pays en 2009 – ont été saisis. Puis en 2017, le juge d’instruction a annoncé son intention de clore le volet gabonais de l’enquête, sans n’avoir prononcé aucune mise en examen, prélude donc à un non-lieu. Mais quelques mois plus tard, un nouveau juge a relancé les investigations.

Dans le dossier équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, le fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, a été condamné. Il a écopé en 2017 de trois ans de prison et de 30 millions d’euros d’amende avec sursis pour « blanchiment d’abus de biens sociaux ».

Par Jeune Afrique avec AFP