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Bénin : le drame au principal hôpital de Cotonou tourne au bras-de-fer politique

octobre 11, 2022

Après la mort de quatre personnes suite à une coupure d’électricité au CNHU Hubert K. Maga, l’opposition béninoise dénonce une situation « intolérable ». Face à la vague de protestations, le gouvernement a ouvert une enquête et promet de prendre « les mesures qui s’imposent ».

Le Centre national hospitalier universitaire Hubert Koutoukou Maga à Cotonou, au Bénin. © CNHU-HKM.

Cinq jours après les faits, l’émotion est encore vive. Tôt dans la matinée du 7 octobre, quatre patients du service de réanimation du Centre national hospitalier et universitaire (CNHU) Hubert Koutoukou Maga de Cotonou, ont trouvé la mort. Un drame provoqué, selon toute vraisemblance, par une coupure d’électricité qui a entraîné une tempête de réactions indignées sur les réseaux sociaux comme dans la presse.

La vague de protestations a été si forte et si soudaine que le gouvernement a réagi, dès le 9 octobre, en appelant « au calme et à la sérénité ». Le communiqué, signé de la main de Benjamin Hounkpatin, le ministre de la Santé, qui présente ses « condoléances » aux familles, constate une « situation grave » et a annoncé l’ouverture d’une enquête en vue de « situer les responsabilités et [de] prendre les mesures qui s’imposent ». Ce drame intervient « à un moment où le gouvernement a engagé d’importants efforts pour l’amélioration de la qualité des soins », a ajouté le ministre, précisant que le président Patrice Talon a « personnellement saisi l’Autorité de régulation du secteur de la santé [ARSS] à l’effet de la voir s’occuper du dossier ».

« Aucune légèreté ou faute professionnelle ne restera impunie », a pour sa part assuré Dieudonné Gnonlonfoun, directeur du CNHU. Ce dernier a été entendu ce lundi 10 dans l’après-midi par les hommes de la brigade criminelle dans le cadre de l’enquête diligentée par le procureur de la République.

Appels à la démission

Autant de mesures et d’annonces qui ne semblent cependant pas, pour l’heure, calmer la colère que beaucoup expriment sur les réseaux sociaux. « Monsieur le ministre de la Santé, veuillez démissionner », lance ainsi le père de l’une des victimes du drame – une femme d’une quarantaine d’années –, qui réclame également la démission du directeur de l’établissement. « Quatre décès, c’est trop après une coupure d’électricité. C’est une bavure ! » continue-t-il dans une vidéo largement relayée.

La polémique prend en outre un tour politique. « Qu’un tel drame nous frappe en plein cœur de notre hôpital de référence est profondément horrifiant, révoltant parce qu’intolérable, inacceptable », a regretté lundi Éric Houndété, président du parti d’opposition Les Démocrates (LD). Le drame « doit interpeller la conscience de chacun de nous, mais surtout la responsabilité de nos gouvernants qui, récemment encore devant le Medef, se flattaient d’une certaine prouesse “inégalable” dans la fourniture à moindre coût de l’énergie électrique ».

Dans un discours livré devant les représentants du patronat français, à Paris, le 30 août, lors des Rencontres des entrepreneurs de France (REF), le chef de l’État avait en effet notamment vanté le niveau des infrastructures de production électrique de son pays pour convaincre les investisseurs de miser sur le Bénin. « On peut vendre l’électricité moins cher qu’en Chine », s’était-il notamment félicité.

Premier test pour l’ARSS

Pour l’heure, si le président béninois n’a pas tenu de déclaration publique suite au drame, il a néanmoins confié ce dossier très sensible à l’ARSS, un organe créé par décret présidentiel en 2019, dont les neuf membres ont été installés le 13 septembre dernier pour un mandat de quatre ans.

LA PREMIÈRE MISSION DE CETTE NOUVELLE AUTORITÉ SERAIT DE « CONTRÔLER ET SANCTIONNER »

Patrice Talon avait alors exposé la feuille de route qu’il entend fixer à cette nouvelle instance présidée par Lucien Dossou-Gbété, par ailleurs PDG de la Clinique Louis Pasteur à Cotonou. « La régulation du secteur de la santé permettra à chaque Béninois d’espérer que désormais les choses se feront autrement dans notre pays et pour de bon », avait-il alors déclaré, assurant que leur mission première serait de « contrôler et sanctionner ». Le drame au CHNU sera le premier test pour ce nouvel organe de contrôle.

Avec Jeune Afrique par Maurice Thantan – à Cotonou

Ports : Monrovia, Cotonou et Tanger Med, rois du numérique

mars 15, 2022
Port de Tanger Med, au nord du Maroc. © Tanger Med

Gestion des flux, prise de rendez-vous, formalités administratives… Du Maroc au Bénin en passant par le Sénégal, les opérateurs portuaires et logistiques, dont APM Terminals, investissent pour digitaliser leurs activités.

« La pire situation pour un opérateur, c’est un camion qui arrive inopinément. C’est pour cela que des systèmes de rendez-vous se mettent en place », résume Lyes Chebrek, consultant auprès d’opérateurs portuaires et de terminaux sur le continent. Exemple avec l’île de Bushrod, au large de Monrovia, la capitale du Liberia, où le concessionnaire du port local, APM Terminals, teste, depuis novembre, un nouveau système de ce type. Celui-ci permet aux importateurs d’être prévenus de l’arrivée d’un container et de fixer une date de prélèvement pour évacuer plus vite. « Les exportateurs qui sont situés dans l’hinterland ne sont plus obligés de se déplacer sans savoir s’ils pourront récupérer leur livraison », ajoute Lyes Chebrek.

« Le résultat le plus visible de la digitalisation de nos actifs et de l’automatisation des processus est l’amélioration de la fluidité », souligne Jack Craig, directeur de la technologie chez APMT. Et, avec elle, des progrès sur le principal outil de performance des ports, le temps de transit. Résultat, la prise de rendez-vous digitale se répand : outre Monrovia, Dakar, Cotonou, ou encore Apapa l’ont adoptée. « Cela nous permet de combattre la congestion et ce qui vient avec elle en Afrique, l’extorsion », ajoute Klaus Larsen, directeur du port d’Apapa pour APMT.

Portiques et rendez-vous

Moyen d’éviter les doublons et la paperasse, le numérique permet aussi l’automatisation de certaines infrastructures – comme les portiques de quais, entièrement digitaux à Tanger Med, en pointe sur le sujet. Mais, si les opérateurs rivalisent d’innovations, le numérique demeure un outil plutôt qu’une solution globale. « Il faut autant parler de l’infrastructure et la gouvernance que du digital. Si l’on ne tient pas compte des trois facteurs, on risque de construire des éléphants blancs », met en garde Amaury de Féligonde, associé directeur du cabinet de conseil Okan Partners.

L’ENSEMBLE DES INFRASTRUCTURES DU SITE DOIVENT ÊTRE PERFORMANTES

« Ce n’est pas le numérique, simple point nodal, qui crée la connectivité portuaire. L’ensemble des infrastructures du site doivent être performantes », abonde Armand Hounto, expert en affaires maritimes et professeur à la Sorbonne, citant l’exemple de Dakar où DP World a mandaté Camco Technologies pour conjuguer portes automatiques et système de rendez-vous. Sans, pour l’heure, obtenir de résultat sur la congestion. « Le système de rendez-vous est une bonne idée, mais il n’y a pas encore de solide Port Community System (PCS), solution informatique globale incluant tous les acteurs du port, des compagnies aux douanes en passant par l’autorité portuaire et les logisticiens », explique le consultant.

Le cas de Dakar n’est pas isolé – Abidjan, l’un des principaux ports d’Afrique de l’Ouest, est également concerné – mais il n’y a pas de fatalité.  À Cotonou, l’autorité portuaire a mis en place un PCS efficace dans l’échange de données, où tous les acteurs (y compris les douanes, souvent réticentes à partager leurs informations) sont inclus. Et, comme le souligne un rapport de la Banque Mondiale daté de 2021, le temps de transit y a chuté, passant de 39 jours en 2011 à 6 jours en 2012.

Avec Jeune Afrique par Valentin Grille

Bénin : après la réception des 26 œuvres, fierté et unité nationale

novembre 12, 2021
La retour des œuvres à Cotonou, ce mercredi 10 novembre 2021. © Erick Christian AHOUNOU/AID

Les vingt-six pièces, pillées par le colonel Dodds dans les palais royaux d’Abomey en 1892, sont enfin arrivées à Cotonou le 10 novembre. Désormais, c’est tout un peuple qui se sent investi du combat pour la restitution des œuvres initié par Patrice Talon.

Deux jours après le retour à Cotonou des 26 trésors royaux pillés dans les palais d’Abomey, l’ambiance reste particulière dans la ville. Les grandes affiches et les panneaux déployés sur les artères principales pour l’occasion rappellent que le pays vient de vivre un événement inédit et rare. Des voix s’accordent pour lire dans ce retour le symbole d’une fierté nationale retrouvée. C’est sans doute ce sentiment qui a poussé spontanément des milliers de curieux à se presser le long du boulevard qui mène de l’aéroport international de Cotonou jusqu’au palais de la présidence.

Dans une ambiance de liesse rarement vue, ils ont tenu à être les témoins oculaires du cortège transportant les statues, trônes et autres récades vers la Marina. « Cela témoigne de l’attachement que nous avons à ces objets culturels », a constaté Franck Ogou, directeur de l’École du patrimoine africain.

C’EST UNE RENAISSANCE POUR LA CULTURE AFRICAINE, UN NOUVEAU SOUFFLE POUR LA JEUNESSE BÉNINOISE ET AFRICAINE

Pour les officiels et les citoyens lambda, le retour des œuvres est chargé de symboles. « C’est un moment important de notre histoire », a commenté Aurélien Agbénonci, le ministre des Affaires étrangères qui était aux premières loges pour accueillir les vingt-six œuvres lorsqu’elles ont été débarquées de l’avion cargo qui les a transportées depuis Paris. À ses côtés, son homologue de la culture, Jean Michel Abimbola, y voit « une renaissance pour la culture africaine, un nouveau souffle pour la jeunesse béninoise et africaine ».

Si le débat autour de la restitution des vingt-six œuvres est en cours depuis plus de cinq ans, leur retour effectif sur leurs terres d’origine ouvre des perspectives nouvelles. D’une part, une adhésion massive au mouvement de la restitution des œuvres pillées par l’ancien colonisateur mais aussi une opportunité de réappropriation d’une certaine identité nationale. « On a vraiment le sentiment que c’est maintenant que quelque chose commence », a ainsi salué Yvonne Adjovi-Bocco, sociolinguiste. « Ces œuvres constituent notre identité. Avec ces elles, nous nous retrouvons et nous avons là ce qui constitue notre fierté et notre identité », renchérit l’historien Bellarmin Codo.

Patrimoine commun

Compte tenu de la différence entre le contexte historique dans lequel les œuvres ont été déportées en Europe et celui de leur retour, les autorités béninoises ont tôt fait d’élucider certaines interrogations légitimes pour faire de ces objets de nouveaux symboles de l’unité nationale. « Les œuvres sont parties d’un royaume, elles reviennent dans une république, pour la nation béninoise. Qu’on soit du nord ou du sud, de l’est et de l’ouest, c’est un patrimoine commun et ce patrimoine va cimenter la fierté béninoise », a précisé Jean Michel Abimbola.

Sur le sujet, Patrice Talon, habituellement sobre dans ses prises de parole, sera encore plus précis que son ministre de la Culture. « Chacun sera libre de tisser, d’établir avec ces reliques, le lien qui lui plaira d’établir. Mais dans notre identité commune, républicaine, laïque, ces œuvres ne revêtent pour la République aucun caractère religieux ni spirituel. Si la spiritualité qu’on peut leur conférer n’est qu’une spiritualité neutre, alors elle est républicaine », a prévenu Patrice Talon.

À Paris comme à Cotonou, le président béninois n’a pas contenu son émotion et s’est laissé aller à de longues explications, contrairement à ses habitudes, sur la portée du retour de ces œuvres. « Le Bénin est riche de ses diverses identités. Elles sont multiples et la coïncidence de la restitution des vingt-six œuvres exclusivement emportées des palais des royaumes d’Abomey n’enlève rien à notre plaisir, à notre joie, à notre fierté, notre satisfaction d’avoir œuvré pour une restitution qui commence par ces œuvres-là, a-t-il expliqué. La seule chose qu’il convient aujourd’hui de mettre en perspective, c’est le Bénin. Et donc, il était utile de consacrer le caractère républicain de ces œuvres », explicite encore le porte-parole du gouvernement.

PATRICE TALON VA OCCUPER UNE PLACE IMPORTANTE DANS L’HISTOIRE CONTEMPORAINE BÉNINOISE

Et si c’était là l’événement ou l’acte qui devrait ancrer définitivement Patrice Talon dans l’histoire de son pays ? Son implication personnelle sur le sujet, son attitude, le faste et la solennité qui ont caractérisé l’accueil des œuvres ne sont pas sans rappeler les rêves de grandeur de l’homme. Le retour des œuvres, présenté comme un « fait historique rare », sous sa présidence apparaît comme un élément de concrétisation de cette ambition personnelle. « Patrice Talon, avec la réussite de cette restitution, va occuper une place importante dans l’histoire contemporaine béninoise et aussi dans l’histoire des relations entre le Bénin et la France. Puisque désormais, on ne peut plus évoquer les relations entre les deux pays sans souligner un tournant que constitue la restitution des biens culturels », analyse Léon Anjorin Koboudé, spécialiste en communication politique.

Nouvelle ère

Hors des frontières du Bénin, c’est aussi l’écho que fait le retour au pays des vingt-six œuvres qui hissent Patrice Talon et Emmanuel Macron au rang de dirigeants avant-gardistes. Invité spécialement à Cotonou pour l’occasion, Felwine Sarr, coauteur du rapport précurseur sur la restitution des œuvres, est optimiste sur la suite de la « nouvelle ère » qui vient d’être ouverte. « Le mouvement de restitution semble être européen et il y en aura de très importantes », parie l’universitaire sénégalais.

Patrice Talon, lui, a toujours clamé son vœu d’être porté en triomphe par les Béninois. Le retour de ces vingt-six œuvres va sans doute contribuer à le rapprocher de cet objectif. Pourtant, c’est peut-être maintenant que le plus dur commence pour celui qui, le 9 novembre à Paris, a déjà formulé de nouvelles demandes à son homologue français.

Parmi les nouvelles cibles du président béninois, des objets précis ayant une valeur affective particulière comme la tablette divinatoire de Guèdègbé. Le fameux devin n’étant autre que l’ancêtre du président béninois du côté de sa mère.

Avec Jeune Afrique par Maurice Thantan

Bénin : le procès de l’opposant Joël Aïvo renvoyé après une première audience agitée

juillet 16, 2021
Joël Aïvo, premier candidat officiel à l’élection présidentielle béninoise de 2021.

Le procès de l’opposant béninois Joël Aïvo s’est ouvert jeudi 15 juillet devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Mais à l’issue de cette première journée d’audience, le procès a été renvoyé au 5 août.

Trois mois après son arrestation, Joël Aïvo a comparu pour la première fois. Le célèbre constitutionnaliste et opposant est apparu à la barre jeudi, peu après 8h, drapé d’un costume bleu sur mesure. Malgré trois mois de détention, l’universitaire n’a rien perdu de l’aisance orale qui a fait sa réputation dans les amphithéâtres. À ses côtés, deux autres co-accusés dans le même dossier. Un troisième, absent du procès, est toujours recherché.

Joël Aïvo et ses deux co-accusés ont plaidé non coupable des charges pesant à leur encontre. Arrêté le 15 avril 2021, Joël Aïvo est poursuivi pour « blanchiment de capitaux et atteinte à la sûreté de l’État ». L’universitaire était devenu l’un des farouches opposants au pouvoir du président Patrice Talon. Il s’était même déclaré candidat à la présidentielle du 11 avril 2021.

Demande de liberté provisoire

De leur côté, les avocats de Joël Aïvo n’ont cessé de dénoncer un dossier et une procédure vides. « Le procureur spécial a fondé sa demande non pas sur la base des faits, mais sur ses propres qualifications », a dénoncé Me Achille Dideh, autre avocat de la défense. Me Robert Dossou, qui coordonne les avocats de la défense de l’universitaire, a ainsi demandé la liberté provisoire pour son client.

Une requête que le procureur spécial de la Criet estime pour sa part « prématurée ». Mario Mètonou juge que les charges pesant contre Joël Aïvo et ses co-accusés sont trop « graves » pour leur accorder une liberté provisoire. Mario Mètonou a plaidé pour que la Criet se déclare incompétente et que le dossier soit renvoyé en instruction, estimant que la présence du troisième co-accusé est indispensable à la tenue du procès.

Réponse le 5 août

La tension est rapidement montée entre les avocats de la défense et le procureur spécial. Les premiers ont dénoncé une tentative de détournement de la procédure. « Il y a beaucoup de passions dans le dossier », a rétorqué le magistrat.

Le président de la Criet a décidé de renvoyer le procès au 5 août 2021. À cette date, la Cour devra trancher les requêtes des deux parties : elle décidera soit du renvoi de l’affaire en instruction, soit de la liberté provisoire pour Joël Aïvo et ses co-accusés.

Avec Jeune Afrique par Maurice Thantan – à Cotonou

Après l’interpellation à Paris d’un homme d’affaires en provenance de Cotonou avec 1,6 million de dollars, l’UE rappelle ses règles déclaratives

mai 11, 2017

Dollars © Miran Rijavec, creative commons

L’affaire est vieille de sept ans mais a connu une étape judiciaire importante début mai devant la Cour de justice de l’Union européenne : un voyageur en transit à l’aéroport Paris-Charles-de-Gaulle en provenance de Cotonou et à destination de Beyrouth avec la bagatelle de 1,6 million de dollars en liquide était tenu de les déclarer. Ce qu’il contestait.

Les faits remontent à 2010. La société béninoise Intercontinental charge un certain Oussama El-Dakkak de convoyer 1 607 650 dollars et 3 900 euros en liquide depuis Cotonou, au Bénin, vers Beyrouth, au Liban, par avion, via un transit à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en France.

 

L’homme se fait contrôler par les douanes dans l’aéroport français, et est mis en examen pour « manquement à l’obligation pour toute personne entrant ou sortant de l’Union européenne de déclarer toute somme supérieure à 10 000 euros qu’elle transporte en argent liquide. » Une obligation que prévoit un règlement de l’Union visant à lutter contre le blanchiment d’argent.

Un vice de procédure en France permet finalement à Oussama El-Dakkak d’être libéré et de récupérer l’argent. « Les autorités ne savent donc pas s’il s’agissait d’un cas de blanchiment d’argent », explique à Jeune Afrique un porte-parole de la CJUE.

Oussama El-Dakkak et Intercontinental saisissent ensuite la justice française, réclamant des dommages et intérêts pour le préjudice subi. Selon eux, la réglementation européenne invoquée au moment de la mise en examen d’Oussama El-Dakkak ne concerne pas les passagers en transit dans la zone internationale d’un aéroport de l’Union, voyageant entre deux pays qui n’appartiennent pas à l’UE.

Le rappel de l’Union européenne

La Cour de cassation française demande alors son avis à la CJUE. Ce qu’elle vient de faire le jeudi 4 mai. Dans son arrêt, la Cour explique que l’obligation de déclarer les sommes liquides supérieures à 10 000 euros s’applique aux zones internationales de transit des aéroports basés dans les États membres de l’UE.

« La décision inverse n’aurait pas eu de sens. Elle aurait instauré des zones de non droit concernant l’argent illicite et le blanchiment de capitaux, à l’intérieur du territoire de l’Union Européenne », analyse notre source. « Il revient maintenant à la justice française de trancher sur le fond de l’affaire. Cette décision [de la Cour de l’UE] s’applique à tous les États membres. Les contrôles sont bel et bien autorisés dans les zones internationales de transit situées dans l’UE ».

Jeuneafrique.com par