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Coupe du monde : immense liesse à Buenos Aires pour l’accueil des champions

décembre 20, 2022

La population argentine attendait de pied ferme ses champions du monde dans les rues de la capitale, où les célébrations ont duré toute la journée.

Des centaines de milliers de personnes attendaient la parade des champions du monde dans les rues de Buenos Aires.
Des centaines de milliers de personnes attendaient la parade des champions du monde dans les rues de Buenos Aires.© MARTIN COSSARINI / ANADOLU AGENCY / Anadolu Agency via AFP

Des centaines de milliers de personnes attendaient les joueurs de l’équipe d’Argentine dans les rues de Buenos Aires mardi 20 décembre. Rentrés dans la nuit, les nouveaux champions du monde sont allés à la rencontre de leur public lors d’une parade de victoire qui a duré plusieurs heures, au milieu d’une foule dense venue de loin. Déjà, la nuit du match, ils avaient été plus d’un million dans les rues de la capitale à célébrer la victoire de leur équipe, selon la municipalité.

À 11 h 45 (14 h 45 GMT), le bus des désormais « tri-campeones » a entamé son défilé depuis le siège de la Fédération argentine (AFA), et devait rallier à 32 km l’obélisque, au cœur de la capitale, point névralgique des célébrations. À une heure très incertaine, étant donné les milliers de supporteurs, marée agglutinée de maillots ciel et blanc, qui le ralentissaient déjà, quelques minutes après le départ.

«Muchaaachos… ahora ganamos la tercera »

De partout, des banlieues de la capitale, de provinces, de Rosario à 300 km, ils étaient venus, partis parfois au coeur de la nuit, profitant d’un jour décrété férié pour venir partager l’ivresse du 3e titre mondial, et ont envahi dès les premières heures de la matinée la capitale. « Muchaaachos… ahora ganamos la tercera (maintenant on a gagné la troisième (NDLR) » de loin en loin, la chanson devenue l’hymne officieux des hinchas argentins résonnait le long des grandes avenues, fermées à la circulation, et dans le métro. En alternance avec l’hymne national, plus que jamais à propos, Coronados de gloria (« Couronnés de gloire ») et un répertoire inépuisable.

Près de quatre heures avant l’arrivée prévue du bus des joueurs à l’obélisque, ils étaient déjà des dizaines de milliers, sans doute davantage. 25 degrés à 9 heures, la journée promettait d’être chaude. Leur but ? Célébrer, communier, juste « les » voir. « Juste pouvoir les regarder passer, c’est beaucoup ! Rien que si Messi nous regarde un moment dans les yeux quand je filmerai, pour moi, c’est bon ! » déclarait, hilare, Nicolas, 19 ans, venu à l’obélisque avec une dizaine d’amis.

Ils avaient été plus d’un million, selon la municipalité, jusque tard dans la nuit de dimanche pour fêter la victoire contre la France (3-3, 4 tab à 2). Ce chiffre devrait être dépassé sans mal mardi.

Dans la nuit, Leo Messi, joueur de légende et capitaine, a été le premier à apparaître sur la passerelle de l’avion vers 2 h 30 locales (5 h 30 GMT), brandissant le trophée doré de la Coupe du monde, pour gagner le tapis rouge déployé sur le tarmac de l’aéroport d’affaires d’Ezeiza. L’Airbus A330 bleu ciel et blanc de la compagnie Aerolineas Argentinas portait l’inscription « une équipe, un pays, un rêve » et sur son aile arrière figurent les dessins de Messi, Rodrigo de Paul, ou Angel di Maria, l’autre héros de la finale, auteur du 2e but contre la France.

Les joueurs sont immédiatement montés dans un bus à impériale blanc, floqué de 3 étoiles et du « campeon del mundo (champion du monde, NDLR) », pour quelques heures de repos au centre d’entraînement, tout proche, de la Fédération argentine de football (AFA). Acclamés par plusieurs milliers de supporters, qui campaient depuis des heures, désireux d’être les premiers à saluer les héros. Dès l’après-midi, par grappes, en famille, avec des tentes, chaises de camping, parillas, tambours – et bien sûr ballons –, ils se sont postés sur les larges bas-côtés ombragés du trajet d’environ dix kilomètres entre l’aéroport et l’AFA.

Une « joie indescriptible »

« Je suis ici à cause de la passion pour l’Argentine », disait Alejandra Diaz, 55 ans, qui avait attendu dans la nuit l’Albiceleste près de l’AFA. « C’est une émotion immense difficile à expliquer (d’être un fan de football en Argentine). Ton cœur bat la chamade. Je pense que c’est le seul pays qui vit (le football) de cette façon, avec cette folie, cette joie et ce bonheur. »

De nombreux policiers étaient prévus pour assurer un trajet rapide, des déviations pour permettre un accès fluide au centre-ville du bus, qui devait quitter vers 12 heures l’AFA pour rallier l’obélisque, à environ 30 km. En 2021, au retour de la campagne victorieuse de la Copa America au Brésil, le bus avait mis quatre heures pour effectuer une dizaine de kilomètres.

« Buen dia » (Bonjour) a posté Lionel Messi sur son compte Instagram, accompagné d’une photo de lui endormi avec la coupe du monde dans les bras.

Le climax de la journée était attendu en début d’après-midi, autour de l’obélisque, sur l’itinéraire d’une grande boucle de 7 kilomètres que le bus des désormais « tri-campeones » argentins devait emprunter, par les larges avenues de la ville. Un changement d’itinéraire de dernière minute n’était pas exclu, car emprunter l’avenue 9 de Julio, l’un des plus larges du monde (140 m), paraissait a priori mission impossible, étant donné la foule compacte.

Mais, sauf surprise, pas par la Casa rosada, le palais présidentiel, qui ne figurait pas sur le parcours initial. Après le dernier titre mondial, en 1986, Diego Maradona était apparu au balcon présidentiel avec le trophée, aux côtés du président Raul Alfonsin. Une image restée dans les mémoires.

Car cette troisième étoile pour l’Albiceleste, après celles des équipes de Daniel Passarella (1978) puis Diego Maradona (1986), après la longue attente, les finales perdues de 1990 et 2014, porte la marque de Messi, septuple Ballon d’or et, au soir de sa carrière, à 35 ans, désigné meilleur joueur du Mondial.

Messi devait plus tard mardi ou mercredi rejoindre son Rosario natal, pour une nouvelle fête, un nouvel accueil en héros, désormais entré dans la légende, aux côtés de Diego Maradona. « On recevra Leo à Rosario, et on va continuer à le fêter, pour des mois, des années… », promettait, radieux, Luciano Peralta, commerçant de 41 ans, venu à Buenos Aires partager cette « joie indescriptible, cette bénédiction, cette bouffée d’air, après tant d’années de crise économique ».

« C’est émouvant, quand on aime son pays, de le voir ainsi », résumait Cristina Vasquez, 42 ans, un maillot ciel et blanc sur les épaules, émue parmi bientôt un million d’autres.

Par Le Point avec AFP

Qatar 2022 : le Maroc, première équipe africaine en demi-finale de Coupe du Monde

décembre 10, 2022

Après avoir éliminé l’Espagne, le Maroc s’est qualifié pour les demi-finales de la Coupe du Monde en battant le Portugal (1-0) ce samedi à Doha. Les Lions de l’Atlas, qui sont la première sélection africaine à atteindre ce niveau, affronteront mercredi le vainqueur de France-Angleterre.

L’attaquant marocain Youssef En-Nesyri et le défenseur Achraf Hakimi exultent après le premier but lors du quart de finale du Mondial 2022 au Qatar entre le Maroc et le Portugal à Doha le 10 décembre 2022. © (Photo by Patrcia De Melo Moreira/AFP)

Le Cameroun en 1990, le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010 avaient échoué en quarts de finale. Le Maroc est devenu la première sélection africaine à franchir ce niveau, après avoir dominé le Portugal (1-0) grâce à un but de Youssef En-Nesyri en fin de première mi-temps. Les joueurs de Walid Regragui connaîtront samedi soir le nom de leur futur adversaire, la France ou l’Angleterre.

Le Maroc ne partait évidemment pas le favori de ce quart de finale, même s’il avait devancé la Croatie et la Belgique dans la phase de groupes, puis éliminé l’Espagne, un autre favori, en 8e de finale (0-0 après prolongation, 3-0 aux t.a.b), à l’issue d’un match parfaitement maîtrisé et d’une séance de tirs au but haletante, lors de laquelle Yassine Bounou, son gardien, avait écœuré les Ibériques.

Car le Portugal, même avec Cristiano Ronaldo devenu remplaçant de luxe depuis la flamboyante qualification obtenue contre la Suisse, pas habituée à subir un tel affront (6-1), avait le profil d’un candidat au titre mondial. On prédisait beaucoup de souffrances aux Lions de l’Atlas, privés avant le coup d’envoi de Nayef Aguerd et Noussaïr Mazraoui, deux de ses meilleurs défenseurs et artisans de l’épatant parcours de leur sélection au Qatar.

En-Nesyri, l’opportuniste

Les joueurs de Walid Regragui ont construit leur succès en utilisant les mêmes recettes que celles qui fonctionnent si bien depuis leur premier match face à la Croatie (0-0, le 23 novembre). Une défense de fer, une énorme solidarité, un état d’esprit impeccable, une habilité technique évidente pour exploiter les phases offensives, et un peu de réussite, comme sur le but inscrit à la 41e minute par Youssef En-Nesyri, l’attaquant du FC Séville, bien placé pour reprendre un long centre d’Attiatallah et profiter d’une mésentente entre Diego Costa, le gardien portugais et Ruben Dias pour propulser le la tête le ballon au fond des filets.

Jusqu’à ce but historique, les Marocains avaient le plus souvent subi face à un adversaire ayant décidé de confisquer le ballon. Yassine Bounou avait évité le pire à son équipe en détournant en corner une tête de Joao Felix (4e), et vu l’attaquant de l’Atletico Madrid manquer le cadre (30e, 38e). Mais les Lions de l’Atlas, qui s’attendaient forcément à ce scénario, avaient pointé le bout de leur nez en quelques occasions, sur quelques tentatives d’En-Nesyri (6e, 25e) ou Boufal (35e), avant d’ouvrir le score. Ils auraient pu inscrire un second but grâce à Attiatallah (45e + 2), mais aussi voir les Portugais revenir à la hauteur si une frappe de Bruno Fernandes dans un angle impossible n’avait pas heurté la barre de Bounou (44e).

Bounou encore décisif

Les souffrances, les Nord-africains les ont connues également lors d’une seconde période ultra-dominée par un adversaire obligé de prendre tous les risques et de faire sortir Ronaldo du banc de touche (50e). Quand Romain Saïss, le défenseur et capitaine marocain, blessé contre l’Espagne fût contraint de céder sa place (56e), la tâche devint encore plus compliquée.

Après Gonçalo Ramos (58e), Bruno Fernandes faisait passer une grosse frayeur dans le camp marocain (63e), puis Yassine Bounou réussissait un nouvel arrêt décisif sur un tir de Joao Felix, sa meilleure victime de ce jour historique (82e). Fatigués mais héroïques, obligés de faire huit minutes d’efforts supplémentaires après la fin du temps réglementaire, les Marocains pouvaient encore compter sur Bounou qui venait confirmer qu’il est bien un des meilleurs gardiens de cette compétition, en stoppant une tentative d’un Ronaldo qui ne sera jamais champion du monde, le seul titre qui manquera à son immense carrière (90e + 1).

Les Marocains finiront même la rencontre à dix contre onze, après l’expulsion de  Walid Cheddira (90e + 2), auront l’occasion de se mettre définitivement à l’abri par Yahya Jabrane (90e + 5) et trembleront une dernière fois sur une tête de Pepe juste à côté (90e + 6). Mais il était écrit que ce Maroc épatant ne pouvait pas perdre ce match…

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

Coupe du monde 2022 : la Tunisie dos au mur

novembre 26, 2022

DÉCEPTION. Bien entrée dans la compétition avec un match nul contre le Danemark, la Tunisie s’est fait surprendre par l’Australie avant le choc contre la France.

Le joueur Ali Abdi cherche la parade durant le match contre l'Australie, a Al Wakrah. Il faut dire que les Aigles de Carthage n'ont jamais trouve la solution pour renverser les Socceroos.
Le joueur Ali Abdi cherche la parade durant le match contre l’Australie, à Al Wakrah. Il faut dire que les Aigles de Carthage n’ont jamais trouvé la solution pour renverser les Socceroos.© FOTO OLIMPIK / NurPhoto via AFP

Stérile offensivement, la Tunisie s’est mise dans une situation très délicate au Mondial en s’inclinant samedi 1-0 contre l’Australie, mais elle veut croire à l’exploit contre la France lors du troisième match, mercredi, pour passer en huitièmes de finale. Une victoire contre les champions du monde en titre est impérative, mais pas suffisante. Les Aigles de Carthage auront besoin d’une conjoncture favorable dans l’autre match qui opposera l’Australie au Danemark. Pour les « Socceroos », la situation est plus claire puisqu’une victoire contre le Danemark lui ouvrirait les portes de la phase à élimination directe.

« On a bien conscience que le prochain match sera face à un adversaire très fort, mais il y a parfois des surprises », a lancé, après le match, le sélectionneur Jalel Kardi, qui a estimé que son équipe n’avait « pas mérité de perdre ». Mais il a reconnu qu’elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même. « Il faudra que l’on donne le meilleur de nous-mêmes, espérer concrétiser nos occasions et corriger nos erreurs des matchs précédents. »

Une Tunisie timidement dangereuse

Après vingt premières minutes soporifiques, où l’Australie a monopolisé le ballon mais sans jamais porter le danger vers le but d’Aymen Dahmen, les Tunisiens se sont fait surprendre sur la première occasion adverse.

Sur un contre, Mitchell Duke a repris victorieusement de la tête un centre dévié de Craig Goodwin, l’homme qui avait marqué l’unique but australien contre la France (4-1). « Ce match, on l’a perdu surtout en première période, surtout dans les 30 premières minutes », a pesté le milieu de terrain Naïm Sliti.

Ce but n’a pas vraiment réveillé les Tunisiens, présents dans l’engagement physique mais longtemps dénués d’inspiration offensive. Il a fallu attendre la 38e minute pour voir la première action tunisienne intéressante, lorsque le capitaine Youssef Msakni a tenté de s’infiltrer dans la défense adverse, en vain.

Les Tunisiens, qui avaient montré d’autres qualités lors de leur entame de compétition contre le Danemark (0-0), ont de nouveau souffert du même mal : un manque de réalisme rédhibitoire.

Ils se sont créé deux occasions franches juste avant la pause, Mohamed Dräger, à la conclusion d’un contre, obligeant d’abord le gardien australien Mathew Ryan à une belle parade (41e), avant que Msakni, encore lui, ne rate le cadre dans une position idéale face au but, à la réception d’un centre d’Issam Jebali (45+ 3).

La défense australienne n’a pas plié face à la pression tunisienne

Les Tunisiens sont revenus après la pause avec de bien meilleures intentions, soutenus par plus de 20 000 supporteurs.

Possession, tentative de percussion, utilisation des couloirs. Tout y était, sauf l’efficacité qui a fui les Nord-Africains : Jebali s’est enferré dans la défense (52e), Msakni a échoué sur Ryan, juste avant de tenter un tir de loin encore capté par le portier australien (72e). Ni Msakni, qui à 32 ans revient de blessure et a peu joué dans son club qatari de tout le mois d’octobre, ni le Montpelliérain Wahbi Khazri, entré en fin de match pour tenter de sauver son équipe, n’ont réussi à faire oublier l’absence lors de ce Mondial d’un véritable buteur tunisien.

Plus maîtres de leur destin, les Tunisiens refusent de s’avouer vaincus par avance face à des Bleus qui, s’ils battent le Danemark en soirée, seront déjà qualifiés. « Il y a eu des exploits dans le football, maintenant on va jouer la France, il faut gagner, et si on gagne on aura peut-être une chance de se qualifier », a résumé Sliti. La France, « c’est la grande nation du groupe, donc il faudra faire un exploit, mais on en est capable. Dans les grands rendez-vous on est là. On va bien étudier nos erreurs d’aujourd’hui pour revenir plus fort », a-t-il promis. « Peut-être que les gens n’y croient pas, mais moi j’y crois, jusqu’à la dernière minute je vais y croire. On a un rêve et ça continue », a-t-il conclu.

Avec Le Point avec AFP

Coupe du monde 2022 : le Qatar, pays hôte, éliminé

novembre 25, 2022

Le pays organisateur de ce mondial signe ainsi un triste record : c’est la première fois que l’hôte est éliminé dès sa deuxième rencontre du tournoi.

Le Qatar a tout de meme montre un meilleur visage lors de ce match, sauvant l'honneur malgre l'elimination.
Le Qatar a tout de même montré un meilleur visage lors de ce match, sauvant l’honneur malgré l’élimination.© KEN SATOMI / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

Le pays hôte va finir le tournoi dans les tribunes. Le Qatar est éliminé de sa Coupe du monde, après sa défaite face à un Sénégal (3-1) enfin efficace offensivement qui se relance du même coup dans la course aux huitièmes de finale. Avec cette élimination, le Qatar devient le premier pays hôte éliminé dès le deuxième match, faisant même pire que l’Afrique du Sud qui avait attendu son 3e match en 2010 pour entériner son élimination.

Après un départ catastrophique, « nous avons montré de quoi nous sommes capables (et) nous avons été compétitifs. Au-delà du résultat, nous avons bien joué », a pourtant estimé le sélectionneur d’ « Al-Annabi » (les Bordeaux), Félix Sanchez. Malheureusement, c’est le résultat qui compte et, dans le stade Al-Thumama de Doha, les Qataris ne se sont pas fait de cadeau : à la 41e minute, le défenseur Boualem Khoukhi a raté son dégagement avant de finir les fesses sur le gazon, permettant à Boulaye Dia de tromper le gardien Meshaal Barsham (qui succédait à Saad Al Sheeb, trop nerveux contre l’Équateur).

« Au vu de mon parcours, je ne peux être que satisfait », a commenté Dia, qui n’est passé professionnel qu’en 2018 à Reims et dont c’était le premier but en Coupe du monde.

Un match qui sauve l’honneur

Coup dur pour le Qatar qui, malgré la domination technique et physique de l’adversaire, semblait plus libéré. Une ouverture du score sur penalty était même envisageable, si l’arbitre avait jugé illicite la charge maladroite d’Ismaïla Sarr dans le dos d’Akram Afif (34e). Passé devant avec un peu chance, le Sénégal s’est montré davantage à l’aise pour répondre aux doutes nés de son inefficacité offensive contre les Oranje, d’abord grâce à une belle tête décroisée de Famara Diedhiou après un corner (48e) puis par une frappe sèche de Bamba Dieng (84e).

En face, contrairement à son premier match, les Bordeaux ne se sont pas désunis. Après deux excellentes parades d’Édouard Mendy (63e, 67e), nettement plus inspiré que contre les Néerlandais, Mohammed Muntari, entré en jeu 4 minutes plus tôt, a sauvé l’honneur d’une tête puissante (78e).

Ce premier but du Qatar en Coupe du monde, au terme de son deuxième match, récompense une prestation plus équilibrée et a valeur d’encouragement. Après avoir frisé le ridicule, la sélection locale peut se réjouir d’avoir réussi à présenter un visage plus conforme aux attentes. Les supporters du champion d’Asie ont d’ailleurs daigné rester dans les tribunes jusqu’aux arrêts de jeu, alors qu’ils avaient déserté le stade en masse lors de la deuxième période contre l’Équateur.

Le champion d’Afrique, qui offre au continent sa première victoire dans le tournoi, a encaissé au moins un but pour la neuvième fois d’affilée en Coupe du monde et va devoir continuer d’élever son niveau s’il veut durer dans « une Coupe du monde compliquée où il y aura beaucoup de surprises » et qu’un pays africain « peut gagner », selon Aliou Cissé.

Par Le Point avec AFP

Mondial 2022 au Qatar : les sélections africaines ont-elles une chance ?

novembre 16, 2022

La Tunisie, le Maroc, le Cameroun et le Ghana devront se surpasser pour atteindre le second tour de la Coupe du monde de football. Quant au Sénégal, il reste suspendu au genou de Sadio Mané.

Le Sénégalais Sadio Mané, le 6 février 2022. © Kenzo TRIBOUILLARD / AFP

Le tirage au sort n’aura pas été favorable aux cinq sélections africaines qualifiées pour le Mondial de football, qui doit s’ouvrir au Qatar le 20 novembre. Seul le Sénégal a été relativement épargné, mais il ignore encore s’il pourra compter sur sa star blessée, Sadio Mané.

Eto’o voit ses Lions sur le toit du monde

Samuel Eto’o, l’ancien capitaine et buteur des Lions indomptables, désormais président de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), a toujours vu grand. Celui qui fut l’un des meilleurs joueurs de l’histoire du football africain avait prédit il y a quelques mois que le Cameroun serait champion du monde au soir du 18 décembre.

Ce panafricain convaincu a depuis développé sa prophétie : son pays affrontera le Maroc en finale, avec l’issue que l’on connaît. Et puisque cela ne coûte rien, Eto’o, dans un récent communiqué, a également annoncé la qualification de la Tunisie, du Sénégal et du Ghana pour les huitièmes de finale. « Les équipes africaines ont un gros potentiel, ont acquis de plus en plus d’expérience, et elles sont prêtes à remporter la Coupe du Monde », a-t-il martelé.

On aimerait bien sûr partager, même partiellement, l’optimisme d’Eto’o, lequel, en quatre participations à la phase finale avec les Lions, n’a jamais réussi à franchir le premier tour. Mais la réalité sera sans doute moins lumineuse pour les cinq mondialistes africains, dont aucun ne figure en haut de la liste des favoris (où l’on retrouve la France tenante du titre, le Brésil de Neymar, l’Argentine de Lionel Messi, la Belgique, l’Allemagne ou encore l’Espagne), ni même parmi les outsiders, mélange hétéroclite composé des Pays-Bas, du Portugal, de l’Angleterre, du Danemark, de la Croatie ou de l’Uruguay.

Quand Eto’o envoie ses Lions sur le toit du monde, Mohammadou Idrissou, son ancien coéquipier en sélection, se précipite pour le ramener à la raison. « Nous allons affronter au premier tour le Brésil, la Suisse et la Serbie, autrement dit un favori et deux bonnes sélections européennes. Alors, parler de titre mondial… Commençons déjà par essayer de sortir de ce groupe, ce qui sera déjà très compliqué. »

Les Lions indomptables ont des arguments, tels le gardien André Onana (Inter Milan), le milieu de terrain André-Frank Zambo Anguissa (Naples) ou l’attaquant Eric Maxim Choupo-Moting (Bayern Munich), alors que leur sélectionneur, Rigobert Song, est de plus en plus contesté, notamment pour ne pas avoir retenu Michaël Ngadeu, l’un de ses piliers.

Eric Maxim Choupo-Moting, le 11 août 2022 avec son club, le Bayern Munich. © Photo by Marcel Engelbrecht / firo Sportphoto / dpa Picture-Alliance via AFP
Eric Maxim Choupo-Moting, le 11 août 2022 avec son club, le Bayern Munich. © Photo by Marcel Engelbrecht / firo Sportphoto / dpa Picture-Alliance via AFP

Claude Le Roy, l’ancien sélectionneur du Cameroun, mais aussi du Ghana et du Sénégal, deux autres équipes présentes au Qatar, n’est pas offusqué par les prédictions d’Eto’o, même s’il les nuance. « Il a raison d’avoir des ambitions, de ne pas tenir des propos misérabilistes. Dans une phase de groupes, tout est possible, et je pense que le Cameroun, le Sénégal et à un degré moindre le Ghana peuvent se qualifier. La Tunisie et le Maroc aussi, même si, car il faut être objectif, ce sera très compliqué pour eux. »

Le Sénégal avec ou sans Mané

Le Sénégal a certes hérité du groupe à priori le plus abordable (Qatar, Pays-Bas, Équateur), mais Aliou Cissé, le sélectionneur des Lions de la Teranga, a appris le 9 novembre que son meilleur joueur, Sadio Mané, s’était blessé au péroné lors d’un match avec le Bayern Munich la veille.

La star sénégalaise, deuxième du dernier Ballon d’Or, figure bien dans la liste des 26, mais le champion d’Afrique en titre atterrira forcément amoindri dans le Golfe persique, sans savoir s’il pourra compter sur son principal atout. Si Cissé dispose tout de même d’un effectif de qualité, capable de franchir le cap du premier tour, la mission s’annonce forcément plus périlleuse pour son équipe.

La Tunisie et le Maroc dans des groupes très relevés

Le finaliste potentiel de la Coupe du Monde imaginé par le président de la Fecafoot – le Maroc – a récemment changé de sélectionneur. Walid Regragui, ancien international marocain et vainqueur, en tant qu’entraîneur, de la dernière Ligue des Champions avec le WAC Casablanca, a remplacé Vahid Halilhodzic, limogé après avoir qualifié les Lions de l’Atlas.

Le nouveau patron technique a rappelé Hakim Ziyech (Chelsea), en conflit ouvert avec son prédécesseur, et bénéficie d’une forte adhésion autour de sa personne. Mais les Marocains n’ont pas vraiment eu de chance au tirage, constate Claude Le Roy. « Je pense que c’est la sélection africaine, avec la Tunisie, qui a hérité du groupe le plus difficile. La Croatie a été finaliste de la Coupe du Monde 2018, la Belgique, l’un des favoris, y a terminé troisième, et le Canada est une équipe particulièrement solide. Quant aux Tunisiens, avec la France et le Danemark, ils doivent s’attendre à souffrir. Mais dans le football, tout est possible. Comme me l’a dit Samuel Eto’o récemment, une Coupe du Monde, c’est quelques matches, pas une saison entière. »

Les Black Stars sur une mauvaise lancée

La situation du Ghana, placé dans un groupe où figurent le Portugal, l’Uruguay et la Corée du Sud, n’est guère plus confortable. Les Black Stars ont certes éliminé le Nigeria pour se qualifier, mais sa dernière CAN a été un échec, ses récents matches n’ont pas soulevé un enthousiasme effréné, et le sélectionneur, Otto Addo, a laissé entendre qu’il pourrait quitter son poste après la Coupe du Monde.

En 2018, aucune sélection africaine n’avait franchi le premier tour. Dans l’histoire de la Coupe du Monde, seuls le Cameroun (1990), le Sénégal (2002) et le Ghana (2010) ont atteint les quarts de finale. En envoyant tous les représentants du continent au second tour et deux en finale, Eto’o a placé la barre très haut. Trop ? Réponse dans quelques jours.

Avec Jeune Afrique par Alexis Billebault

25e CAN de handball féminin : le Congo a battu la Côte d’Ivoire le score de 35-21 et a obtenu son ticket pour la Coupe du monde

novembre 15, 2022

Après avoir fait la loi dans la phase de groupes en battant tous ses adversaires, notamment la Guinée, l’Egypte, la Tunisie et le Maroc, le Congo qui a affronté ce 16 novembre à Dakar, au Sénégal, la Côte d’Ivoire  pour le compte des quarts de finale de la 25e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), a arraché une victoire, après les deux temps de match. Vainqueur de ce match est directement qualifié à la Coupe du monde de la catégorie.

Les Diables rouges du Congo/DR

Les Diables rouges du Congo ont été face aux Eléphantes de la Côte d’Ivoire ce 16 novembre à 17h au complexe sportif Arena de Dakar, puis ont battu leurs homologues par le score de 35-21, après un parcours sans faute, depuis le 9 novembre, lors de la plus grande fête de handball africain dans la catégorie des séniors dames.

Si les Congolaises ont fait un véritable parcours, sans faute, en survolant le groupe B de cette compétition, elles ont tout donné lors de ce match des quarts de finale qui les a mises aux prises aux meilleures troisièmes des phases de groupes, les Ivoiriennes.

Les Diables rouges qui partaient favorites de ce match sont restées concentrées jusqu’à la dernière seconde du match confirmant leur position de leader et raviver la flamme de joie qui anime le public sportif congolais depuis le début de la compétition.

La cohésion, le dynamisme, l’engagement des athlètes du Congo s’est bien fait voir sur le terrain. Ayant gardé ce rythme, elles ont terminé cette phase parmi les meilleures équipes et vont jouer, à nouveau, la prochaine édition de la Coupe du monde. Une place au podium était également possible puisque le Congo avec le gabarit et le calibre de ses joueuses s’est imposé devant la Côte d’Ivoire, il croisera, en demi-finale, le vainqueur du match Cameroun-RDC. Les efforts des gardiennes du Congo et le fair-play de l’ensemble des coéquipières ont permis de réaliser leur rêve. Le Congo remporte toujours ses matches sur les chapeaux de roues avant d’enfoncer le clou en multipliant les réussites, tout en renforçant la défense. Les fans des Diables rouges ont vibré de d’allégresse et de liesse en saluant cette victoire de leurs ambassadrices.

Deuxième meilleure équipe d’Afrique avec quatre titres (1979, 1981, 1983 et 1985), le Congo a dominé l’Afrique dans cette compétition durant la décennie 1980-1990 puisqu’il était vice-champion en 1976, 1998 puis 2000. Les Diables rouges ont également occupé la troisième place lors des éditions 1987, 1989, 1991, 2006 et 2008. Si elles étaient quatrièmes au Cameroun en 2021, les Congolaises doivent tout donner afin de finir au podium en 2022.

Avec Adiac-Congo par Rude Ngoma

L’équipe nationale de soccer, symbole du modèle d’intégration canadien

novembre 12, 2022
Ce n’est pas la première fois que la diversité d’une équipe nationale attire l’attention dans le monde du soccer.
Photo: Vaughn Ridley Getty Images Ce n’est pas la première fois que la diversité d’une équipe nationale attire l’attention dans le monde du soccer.

Le Canada effectuera bientôt son grand retour à la Coupe du monde de soccer après 36 ans d’absence. Il le fera en offrant à la planète l’image d’un pays résolument accueillant et ouvert à la diversité des cultures et des origines.

« Cette équipe canadienne masculine est littéralement la plus belle histoire de toutes les qualifications en vue de cette Coupe du monde », avait écrit l’an dernier le journaliste spécialisé américain Grant Wahl, après avoir vu le défenseur canadien né en Angleterre de parents aux racines nigérianes, Samuel Adekugbe, célébrer un but marqué contre le Mexique en plongeant dans un banc de neige près de la ligne de touche dans un stade à Edmonton transformé en glacière.

Ce qui attire l’attention, ce n’est pas seulement avec quel aplomb cette équipe, autrefois au troisième sous-sol du classement mondial (120e en 2017), a dominé les qualifications dans le groupe des pays de la CONCACAF (Amérique du Nord, Amérique centrale et Caraïbes) avec une fiche de 8 victoires, 2 défaites et 4 matchs nuls. C’est aussi la grande diversité de couleurs et d’origines de ses membres, qui parlent d’eux-mêmes comme d’une « fraternité ».

On pense évidemment à la jeune sensation Alphonso Davies, 22 ans, né dans un camp de réfugiés au Ghana de parents qui avaient fui la guerre civile au Liberia et qui ont finalement trouvé une terre d’accueil en Alberta lorsqu’il était encore tout petit. Mais il n’est pas le seul.

Un peu comme Samuel Adekugbe, Ike Ugbo est né en Angleterre de parents d’origine nigériane. L’attaquant Jonathan David a vu le jour aux États-Unis et est passé par Haïti avant d’arriver au Canada à six ans. Les parents du capitaine Atiba Hutchinson sont de Trinité-et-Tobago, ceux de Stephen Eustáquio du Portugal, ceux de Richie Laryea du Ghana, ceux de Jonathan Osorio de la Colombie et ceux de Junior Hoilett et de Mark-Anthony Kaye de la Jamaïque.

Et ce n’est que des exemples des athlètes qui pourraient faire partie de la liste de 26 joueurs que l’entraîneur d’origine britannique, John Herdman, devrait dévoiler ce week-end en vue du tournoi qui doit se tenir à partir du 20 novembre et qui mettra aux prises 32 équipes. Le Canada (41e mondial) n’y aura pas la tâche facile, ses trois premiers matchs de la phase de groupes l’opposant à la Belgique (2e) et à la Croatie (12e) — respectivement demi-finaliste et finaliste du précédent Mondial —, ainsi qu’au Maroc (22e).

Modèle d’intégration

Cette remarquable diversité est le fruit d’un pays aux « politiques d’immigration généreuses », expliquait au début de l’année le Los Angeles Times à ses lecteurs. « Le Canada est un pays multiculturel. Il nous a donné la paix, de meilleures écoles, une meilleure vie. [Nos efforts sur le terrain] sont seulement une façon pour nous de lui donner en retour », avait expliqué un peu plus tard, au média d’information Eurosport, le coloré gardien de but Milan Borjan, qui a quitté, avec sa famille, la Croatie pour Winnipeg lorsqu’il avait 13 ans.

Le visage de cette équipe canadienne n’est pas tellement différent de celui du CF Montréal, observe son président et chef de la direction, Gabriel Gervais, en entrevue au Devoir. Mais parmi les huit joueurs de l’équipe qui ont été invités au dernier camp d’entraînement du Canada avant le début de la Coupe du monde, on retrouve aussi les noms de Samuel Piette, Mathieu Choinière, Zachary Brault-Guillard et James Pantemis, respectivement de Le Gardeur, Saint-Jean-sur-Richelieu, Montréalet Kirkland, fait-il valoir, avant d’ajouter à la liste Ismaël Koné, qui est né en Côte d’Ivoire, mais a grandi à Montréal.

« Notre équipe compte peut-être moins de Québécois qu’à l’époque où je jouais à l’Impact, mais ça pourrait revenir », dit l’ancien défenseur de l’équipe montréalaise et de l’équipe du Canada au début des années 2000. « Je crois qu’elle est à l’image de ce qu’on voit chez les plus jeunes dans [notre système de développement de talents] et de la grande diversité culturelle qu’on retrouve aujourd’hui à Montréal et au Québec. Ça me semble un bel exemple de l’ouverture et de la capacité d’accueil de notre pays. Nos partisans nous disent d’ailleurs qu’ils se reconnaissent dans le club. »

Un sport en progression

Le Canada profite peut-être également de l’amélioration du calibre de ses équipes professionnelles et de son équipe nationale, ajoute Patrick Leduc, lui aussi un ancien joueur de l’Impact (de 2000 à 2010) et aujourd’hui membre de la direction du CF Montréal. « Il y a des joueurs à la double nationalité qui auraient cherché, il y a quelques années, à jouer pour leur autre pays, mais qui choisissent maintenant le Canada. »

Chose certaine, on ne manque pas de relève, dit Soccer Québec. Depuis longtemps le sport le plus pratiqué dans la province, le foot y a déjà retrouvé les 165 000 joueurs jeunes et vieux qu’il avait avant la pandémie, dont 37 % de filles. C’est un peu moins que les 180 000 joueurs des belles années, admet la fédération, mais le déclin s’est arrêté depuis quelque temps déjà. Le total s’élève à 200 000 membres lorsqu’on ajoute les entraîneurs et les officiels.

En guise de comparaison, Hockey Québec recensait, avant la pandémie, un peu plus de 90 000 joueurs, dont 7 % de filles, ainsi qu’un total de 120 000 membres inscrits.

« Le soccer se joue vraiment partout au Québec, de Rimouski à Gatineau, en passant par Montréal et Chibougamau », dit Mathieu Chamberland, directeur général de Soccer Québec. Lui aussi se réjouit de la grande diversité de l’équipe du Canada à la Coupe du monde. « C’est l’une des plus grandes qualités de notre sport : il n’est pas seulement le plus pratiqué chez nous, il est le plus pratiqué dans le monde et rassemble les gens de tous les horizons. »

Quand devient-on Canadien ?

Ce n’est pas la première fois que la diversité d’une équipe nationale attire l’attention dans le monde du soccer. Cela avait même valu aux champions français de la Coupe du monde en 1998 d’être rebaptisés « l’équipe black-blanc-beur », plutôt que « bleu-blanc-rouge ». D’abord positive et signe de fierté, l’appellation avait graduellement fini par sonner comme un reproche dans certaines tranches de la population moins sympathique à cette image de leur pays, particulièrement à partir du moment où l’équipe a commencé à connaître moins de succès.

« Cette équipe du Canada au Qatar offre tout à coup l’occasion sportive, médiatique et politique de présenter un nouveau récit de l’identité nationale canadienne, observe Bachir Sirois-Moumni, sociologue du sport et postdoctorant à l’Université d’Ottawa. Il ne s’agit pas seulement de raconter le Canada aux Canadiens, mais aussi le Canada au reste du monde en le présentant comme une terre d’accueil pour les personnes issues de l’immigration. Cela tombe bien parce que cela coïncide avec des politiques et un discours qu’on veut mettre en avant. »

Ce qui frappe l’expert, c’est que ce récit ne s’arrête qu’aux succès sportifs des joueurs sans porter attention aux embûches qu’ils ont sans doute aussi rencontrées, eux et leurs proches, au Canada. « C’est drôle, mais il n’y est jamais question de difficultés d’accès à l’emploi, à l’éducation ou au logement ni de problèmes de reconnaissance des diplômes ou de racisme systémique. Même lorsqu’on évoque, par exemple, comment leurs parents ont eu à travailler dur et à se battre pour se faire une place au Canada, on ne le relève pas comme la preuve que tout ne doit pas si bien marcher pour les immigrants chez nous. »

Et puis, n’est-il pas contradictoire de célébrer la capacité d’intégration du Canada en dressant la liste non seulement des joueurs récemment arrivés au pays, mais aussi de ceux qui y vivent depuis qu’ils sont tous petits et même de ceux dont ce sont les parents ou les grands-parents qui sont venus de l’étranger ? « En fait, on n’arrête pas de les ramener perpétuellement à leurs origines immigrantes, déplore Bachir Sirois-Moumni. De parler “d’eux” par rapport à “nous”. À quel moment devient-on simplement un Canadien ? »

Avec Le Devoir.com par Éric Desrosiers

Sepp Blatter déclare que l’octroi de la Coupe du monde au Qatar a été « une erreur »

novembre 8, 2022
Sepp Blatter place ses lunettes avec ses deux mains.

Sepp Blatter a dirigé la FIFA de juin 1998 à décembre 2015. Photo : Getty Images/Fabrice Coffrini

L’octroi de la Coupe du monde au Qatar il y a 12 ans a été une erreur, a déclaré mardi le président de la FIFA à l’époque, Sepp Blatter, rappelant de nouveau la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Michel Platini pour avoir influencé l’issue du scrutin.

Le Suisse de 86 ans a émis ces commentaires au conglomérat médiatique suisse Tamedia à sa première entrevue d’envergure depuis qu’il a été blanchi avec Platini, en juillet, des accusations d’inconduite financière à la suite d’un procès criminel en cour fédérale.

Ce pays est trop petit, a-t-il dit au sujet du Qatar, le plus petit en termes de taille depuis la tenue de la Coupe du monde en Suisse en 1954. Le soccer et la Coupe du monde sont trop imposants pour sa taille.

Les 32 équipes disputeront 64 rencontres dans 8 stades construits à Doha et dans sa périphérie. La ville qatarie s’est d’ailleurs métamorphosée depuis 2010 en raison des nombreux projets pharaoniques mis en chantier en vue du Mondial.

Les matchs seront présentés à compter du 20 novembre, et environ 1,2 million de spectateurs en provenance de l’étranger doivent visiter le Qatar. En raison de l’offre d’hébergement limitée, plusieurs d’entre eux devront faire des allers-retours quotidiens à partir de pays limitrophes.

C’était une mauvaise décision. Et j’en suis responsable puisque j’étais président à l’époque, a confié M. Blatter, qui avait déjà déclaré avoir voté pour les États-Unis. La candidature américaine a été battue par celle du Qatar lors du dernier tour du scrutin réunissant cinq pays.

Le point de bascule qui a fait dérailler la candidature des États-Unis s’est produit lorsque Sarkozy a organisé une rencontre à Paris pendant la semaine qui a précédé le scrutin du comité exécutif de la FIFA le 2 décembre 2010.

Platini, alors président de l’UEFA et vice-président de la FIFA, a été invité par Sarkozy, alors président de la France, à sa résidence officielle. Le prince héritier du Qatar Hamad ben Khalifa Al-Thani, aujourd’hui l’émir du pays, était aussi présent.

M. Blatter a répété mardi ses allégations au sujet de Sarkozy, qui aurait tenté d’influencer Platini, et a de nouveau livré sa version du coup de fil que lui aurait passé l’ancien footballeur après la rencontre à Paris pour lui dire que le processus du scrutin pour l’octroi du Mondial avait changé.

Grâce aux quatre voix de Platini et de son équipe (de l’UEFA), la Coupe du monde a été octroyée au Qatar plutôt qu’aux États-Unis. C’est la vérité, a raconté M. Blatter au sujet du scrutin qui s’est terminé 14-8 en faveur du pays du Moyen-Orient.

Dans un entretien accordé à l’Associated Press (AP) en 2015, Platini avait confirmé l’importance de la rencontre à Paris dans l’issue du scrutin.

Sarkozy ne m’a jamais demandé de voter pour le Qatar, mais je savais que ce serait préférable, avait-il dit à l’AP à Zurich il y a sept ans. Il avait aussi admis qu’il aurait pu avoir dit aux dirigeants américains qu’il allait voter pour leur candidature pour 2022.

Sepp Blatter n’a cependant pas fait allusion aux critiques relatives au travail forcé et aux droits de la personne bafoués au Qatar depuis 2010.

Il s’est cependant demandé pourquoi son successeur au poste de président de la FIFA, Gianni Infantino, a déménagé au Qatar il y a de ça au moins un an.

M. Blatter a pris connaissance des nombreuses requêtes des groupes humanitaires et de certaines fédérations membres de la FIFA, dont l’Angleterre et les États-Unis, pour la création d’un fonds d’indemnisation pour les familles des travailleurs qui ont été blessés ou qui sont décédés pendant les préparatifs. Le gouvernement du Qatar a toujours nié l’existence du problème et a ajouté qu’il s’agissait d’un coup d’éclat publicitaire.

Qu’est-ce que la FIFA peut faire si son président se trouve dans le même bateau que le Qatar? a lancé Blatter au sujet d’Infantino, qui a choisi d’habiter au Qatar.

La FIFA n’a toujours pas répondu aux requêtes afin d’obtenir des commentaires au sujet de l’entrevue accordée par Sepp Blatter.

La FIFA a choisi l’argent

L’entraîneur argentin du Séville FC Jorge Sampaoli a critiqué mardi le choix du Qatar.

La FIFA a déterminé que cette Coupe du monde devait se jouer dans un lieu où on ne devrait pas jouer, à des dates où on ne devrait pas jouer. Et ils ont fait tout pour l’argent, pour les affaires, a-t-il affirmé M. dans une rencontre avec les médias.

Un joueur de soccer marche sur le terrain, on voit son entraîneur sur la touche et ses coéquipiers dans l'abri.

Jorge Sampaoli (à gauche) et Lionel Messi en 2018 Photo : Reuters/Sergio Perez

Donc, on va accepter ce négoce et on va tous aller de l’avant. On ne peut pas se plaindre, les plaintes auraient dû arriver avant, a-t-il ajouté.

Comme c’est un gros business, et qu’on laisse de côté tout le reste, après, les conséquences, ce sont d’autres gens qui les paient, ceux d’en bas, a-t-il conclu, lucide.

Par Radio-Canada avec Associated Press

Coupe du monde : Paul Pogba déclare forfait

octobre 31, 2022

Après une nouvelle chute, Paul Pogba souffre d’une lésion à une cuisse et a préféré déclarer forfait pour le mondial au Qatar, a fait savoir son avocate.

Paul Pogba ne participera pas a la Coupe du monde 2022 avec l'Equipe de France.
Paul Pogba ne participera pas à la Coupe du monde 2022 avec l’Équipe de France.© FRANCK FIFE / AFP

C’est un nouveau coup dur pour les Bleus, déjà privés de N’Golo Kanté. Paul Pogba ne participera pas à la Coupe du monde. Le milieu de terrain des Bleus a déclaré forfait après des examens médicaux. « Il est extrêmement douloureux d’informer que Paul Pogba aura encore besoin de rééducation après son opération [d’un genou début septembre]. Pour cette raison, Paul ne pourra pas rejoindre l’équipe de France au Qatar », a ainsi fait savoir Rafaela Pimenta, son avocate et agente, dans un communiqué.

Le champion du monde 2018 a perdu sa course contre-la-montre. Opéré d’un ménisque début septembre, il avait repris l’entraînement collectif avec la Juventus Turin ces derniers jours, mais un nouveau pépin physique dimanche 30 octobre a retardé sa guérison, rendant impossible une sélection dans la liste annoncée le 9 novembre par le sélectionneur Didier Deschamps. Des examens réalisés à Turin puis Pittsburgh (États-Unis) ont confirmé l’inéluctable tendance pour la compétition qui commence le 20 novembre.

« Si les vœux pieux pouvaient changer les choses, Paul aurait joué demain. Mais ce qui change les choses, c’est le travail, la résilience et la discipline, qui sont actuellement les seules choses présentes dans son esprit dans ces moments difficiles », poursuit Rafaela Pimenta dans son communiqué. « Paul va continuer à donner le meilleur de lui-même pour être de retour sur le terrain pour les fans et son équipe le plus tôt possible », a-t-elle ajouté.

À 29 ans, Paul Pogba n’a plus disputé le moindre match officiel depuis le mois d’avril. Son départ cet été de Manchester United pour la Juve lui a fait espérer un renouveau dans sa carrière, mais le milieu tricolore s’est blessé juste avant le début de saison. L’affaire extrasportive impliquant son aîné Mathias Pogba, mis en examen pour extorsion en bande organisée et participation à une association de malfaiteurs criminelle, tout comme quatre autres hommes, a également perturbé la rentrée du champion du monde.

Pour les Bleus, c’est un énorme coup dur. Ce forfait s’ajoute à celui de N’Golo Kanté, son binôme du milieu de terrain en 2018. Une paire essentielle dans le système de Didier Deschamps, qui va devoir faire sans elle au Qatar, dès le 22 novembre, pour le premier match contre l’Australie.

Par Le Point avec AFP

Coupe du monde : le forfait de Kanté, un casse-tête pour Deschamps

octobre 15, 2022

De nouveau blessé aux ischio-jambiers, le milieu de Chelsea ne sera pas présent au Qatar avec l’équipe de France de football. Un coup dur pour les Bleus.

Les Bleus vont devoir faire sans N'Golo Kante, blesse, au Qatar.
Les Bleus vont devoir faire sans N’Golo Kanté, blessé, au Qatar.© Matthieu Mirville / DPPI via AFP

Depuis l’Euro 2016, N’Golo Kanté a été de toutes les aventures avec l’Équipe de France, avec des immenses joies comme le sacre mondial en Russie mais aussi des moments plus délicats. Le couperet est tombé : le milieu de terrain est forfait pour la prochaine Coupe du monde au Qatar, qui commencera le 20 novembre 2022.

À 100 % de ses moyens, Kanté est un joueur à part qui n’a jamais cessé de montrer sur le terrain sa générosité et son sens du sacrifice. Un joueur de l’ombre plébiscité par le public et cadre très respecté dans le vestiaire des Bleus. Déjà diminué par plusieurs pépins physiques consécutifs, le milieu de Chelsea a été victime d’une rechute aux ischio-jambiers. Verdict selon L’Équipe : trois mois d’absence, et en conséquence un gros coup dur pour Didier Deschamps.

Pogba : une immense incertitude

Le sélectionneur des Bleus doit déjà composer avec un contexte sportif délicat après la récente défaite au Danemark (0-2) en Ligue des nations, qui a replongé son équipe dans le doute. Et N’Golo Kanté n’est pas le seul cadre qui risque de manquer à l’appel au Qatar. Son acolyte privilégié au milieu de terrain depuis plusieurs années, Paul Pogba, est très incertain de son côté. Empêtré dans une sordide affaire extra-sportive avec l’implication de son frère Mathias, le joueur de la Juventus n’a plus joué un match officiel depuis avril dernier. Et s’il doit revenir sur les terrains à la fin du mois, l’incertitude est totale sur son niveau physique pour l’échéance qatarie…

C’est simple : à un mois et cinq jours de la Coupe du monde, Didier Deschamps est dans le flou pour composer son milieu de terrain. Car au-delà des noms et de leur vécu en équipe de France, Kanté et Pogba constituaient aussi un totem d’invincibilité pour le sélectionneur : quand ces deux milieux étaient titulaires ensemble, les Bleus ne se sont jamais inclinés.

Mais avec leurs problèmes physiques récurrents, leur absence ne date pas d’aujourd’hui et l’ancien entraîneur de l’AS Monaco a eu le temps d’anticiper et de préparer l’avenir immédiat sans eux. On pense forcément à Aurélien Tchouaméni qui a gagné sa place de titulaire au Real Madrid : le joueur de 22 ans est aussi devenu un élément fiable de l’équipe de France depuis un an.

Qui avec Tchouaméni ?

La question à un million désormais : qui pour accompagner l’ancien Bordelais dans l’entrejeu des Bleus ? Didier Deschamps a plusieurs possibilités avec des caractéristiques différentes selon les profils. Il y a Adrien Rabiot pour l’ancienneté, mais avec son irrégularité caractérisée, le joueur de la Juventus est loin d’être indiscutable. Youssouf Fofana, fraîchement appelé en sélection, a l’avantage de jouer régulièrement dans ce fameux double pivot, mais son inexpérience à ce niveau joue en sa défaveur.

On a aussi la carte jeune avec Eduardo Camavinga, mais il est peut-être encore trop tendre en tant que titulaire : le Madrilène pourrait être davantage un remplaçant de luxe. Enfin, du côté de Marseille, on pense forcément à Mattéo Guendouzi et Jordan Veretout, régulièrement convoqués par Didier Deschamps en 2022.

Problème, aucun de ces joueurs n’a été titulaire jusque-là dans une grande compétition internationale, et c’est bien la principale ombre au tableau. Si la France est souvent louée pour son vivier inépuisable et sa richesse de talents, reste à savoir si cette opulence sera suffisante pour compenser ces absences cruciales au milieu de terrain. Il reste trois semaines désormais à Didier Deschamps avant le 9 novembre pour livrer sa liste pour la Coupe du monde et trancher : qui seront les hommes capables de succéder à l’incontournable Kanté-Pogba ?

Avec Le Point par Adrien Mathieu