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Présidentielle au Kenya : l’élection de William Ruto confirmée par la Cour suprême

septembre 5, 2022

La plus haute instance judiciaire du pays a validé l’élection du vice-président sortant au scrutin du 9 août. Son rival, Raila Odinga, qui avait dénoncé des fraudes, subit ainsi sa 5e défaite dans la course à la magistrature suprême.

William Ruto à Nairobi, le 15 août, après la proclamation de sa victoire à la présidentielle kényane. © REUTERS/Thomas Mukoya

« C’est une décision unanime. Les recours sont par la présente rejetés. En conséquence, nous déclarons le premier défendeur (William Ruto) président élu », a déclaré la présidente de la Cour suprême Martha Koome. En vertu de la Constitution, William Ruto doit prêter serment le 13 septembre. Il deviendra à 55 ans le cinquième président du Kenya depuis l’indépendance du pays en 1963.

Les deux camps ont promis ces derniers jours de respecter la décision de la plus haute juridiction, connue pour son indépendance. Le 15 août, le vice-président sortant William Ruto avait été déclaré vainqueur d’un des scrutins les plus serrés de l’histoire du Kenya, avec environ 233 000 voix d’avance (50,49% contre 48,85%) sur Raila Odinga, 77 ans.

Pour Raila Odinga, cette décision entérine sa cinquième défaite en autant de candidatures à la présidence. Odinga, figure historique de l’opposition soutenue cette année par le président sortant Uhuru Kenyatta et son puissant parti, a contesté les résultats des trois dernières présidentielles.

Proclamation des résultats chaotique

Il avait obtenu en 2017 l’annulation de l’élection par la Cour suprême, une première en Afrique. Il avait fait de cette nouvelle bataille judiciaire « un combat pour la démocratie et la bonne gouvernance » face aux « cartels de la corruption ».

Le scrutin s’était déroulé dans le calme le 9 août. Mais la proclamation des résultats avait été chaotique, quatre des sept membres de la commission électorale (IEBC) s’étaient désolidarisés des résultats, accusant leur chef Wafula Chebukati de s’être engagé dans un processus « opaque ». La proclamation de l’élection de Ruto avait ensuite déclenché des échauffourées dans des bastions de partisans de Odinga. Les périodes électorales au Kenya ont à plusieurs reprises été sources de violences. Les plus meurtrières, en 2007, ont fait plus de 1.100 morts et des centaines de milliers de déplacés.

Jeune Afrique par Pierre-François Naudé (Avec AFP)

Présidentielle au Kenya : Raila Odinga dépose un recours devant la Cour suprême

août 22, 2022

Quelque 230 000 voix séparent William Ruto, proclamé vainqueur le 15 août, de Raila Odinga, vétéran de la politique. En 2017, ce dernier était parvenu à obtenir l’invalidation du scrutin.

Raila Odinga, après avoir voté lors de la présidentielle du 9 août 2022, dans laquelle il fait figure, comme William Ruto, de favori. © Samson Otieno/Sipa USA/SIPA

Raila Odinga l’avait annoncé, c’est désormais chose faite. Arrivé deuxième de l’élection présidentielle du 9 août, il a officiellement déposé en ligne un recours devant la Cour suprême pour contester les résultats annoncés le 15 août par la commission électorale (IEBC) qu’il avait qualifiés de « parodie », a annoncé lundi l’un de ses avocats à l’AFP.

Figure de l’opposition soutenue pour cette élection par le président sortant Uhuru Kenyatta, Raila Odinga est devancé, selon le décompte annoncé, d’environ 230 000 voix (50,49% contre 48,85%) par le vice-président sortant, William Ruto.

Coup de théâtre au sein de l’IEBC

Le recours « leur a déjà été envoyé et ils le verront bientôt », a déclaré lundi matin Daniel Maanzo, qui fait partie de l’équipe juridique de l’homme politique de 77 ans. « La copie physique doit arriver avant 14h [11h GMT, heure limite pour déposer un recours], a-t-il ajouté. « Nous espérons avoir bâti un bon dossier et que nous gagnerons. »

Le 15 août, l’annonce des résultats par le président de l’IEBC avait donné lieu à une scission au sein de cet organe indépendant en charge de l’organisation du scrutin. Quatre des sept commissaires avaient annoncé rejeter les résultats quelques minutes avant leur annonce, reprochant au président de l’IEBC sa gestion « opaque » et son absence de concertation.

Depuis 2002, toutes les élections présidentielles au Kenya ont été contestées. Lors du dernier scrutin, en 2017, Raila Odinga avait obtenu que le scrutin soit invalidé.

Par Jeune Afrique avec AFP

États-Unis: La Cour suprême rétablit la peine de mort pour l’un des auteurs de l’attentat du marathon de Boston

mars 4, 2022
La Cour supreme retablit la peine de mort pour l'un des auteurs de l'attentat du marathon de Boston
La Cour suprême rétablit la peine de mort pour l’un des auteurs de l’attentat du marathon de Boston© US DEPARTMENT OF JUSTICE/AFP/Archives/-

La Cour suprême des Etats-Unis a rétabli vendredi la peine de mort pour l’un des deux auteurs de l’attentat meurtrier du marathon de Boston en 2013, qui avait fait trois morts et 264 blessés.

La peine de Djokhar Tsarnaev, un étudiant d’origine tchétchène qui avait commis cette attaque avec son frère, avait été invalidée en appel pour des questions de procédure liée à la composition du jury et à l’exclusion d’éléments lors du procès.

La haute cour a invalidé cette décision à une majorité de six juges sur neuf, tous conservateurs.

« Djokhar Tsarnaev a commis des crimes abominables. Le sixième amendement de la Constitution lui garantit un procès juste devant un jury impartial et il l’a eu », a-t-elle écrit dans son arrêt.

En 2013, alors âgé de 19 ans, il avait posé avec son frère aîné Tamerlan deux bombes artisanales près de la ligne d’arrivée du marathon de Boston, causant un carnage.

Identifiés grâce à des caméras de surveillance, les deux frères avaient pris la fuite, tuant un policier lors de leur cavale. L’aîné avait été abattu lors d’une confrontation avec les forces de l’ordre.

Djokhar Tsarnaev avait été retrouvé blessé, caché dans un bateau. Il avait écrit sur une paroi qu’il voulait venger les musulmans tués en Irak et en Afghanistan.

En 2015, il avait été condamné à la peine capitale mais, la sentence avait été annulée en 2020 par une cour d’appel qui avait cité deux irrégularités.

Même si cette décision permettait de garder Djokhar Tsarnev en prison à vie, elle avait été vivement critiquée par Donald Trump, qui était alors président. Fervent partisan de la peine de mort, il avait demandé à son gouvernement de saisir la Cour suprême.

Une fois à la Maison Blanche, Joe Biden aurait pu retirer cette requête mais il l’a laissé suivre son cours. Pendant sa campagne, le démocrate avait pourtant promis de travailler pour abolir la peine de mort au niveau fédéral.

Avec Le Point

Joe Biden va nommer la juge Ketanji Brown Jackson à la Cour suprême des États-Unis

février 25, 2022
Portrait de Ketanji Brown Jackson.

Le nom de la juge de la Cour d’appel fédérale de Washington Ketanji Brown Jackson circulait depuis un moment parmi les candidats potentiels à la Cour suprême. Photo: AP/Tom Williams

Le président Joe Biden a confirmé vendredi sa décision de nommer la juge Ketanji Brown Jackson, 51 ans, à la Cour suprême des États-Unis, première magistrate noire appelée à siéger à la plus haute institution judiciaire du pays.

M. Biden présentera formellement la magistrate lors d’une cérémonie à la Maison Blanche vendredi après-midi.

Mme Jackson devra être confirmée par le Sénat pour rejoindre l’instance, actuellement à majorité conservatrice, qui tranche les importants débats de société aux États-Unis.

Il s’agit pour le président américain de sa première nomination à la haute cour, qui ne changera pas le rapport de force au sein de l’instance à majorité actuellement conservatrice.

Remplaçant le magistrat progressiste Stephen Breyer, qui prendra sa retraite fin juin, Ketanji Brown Jackson rejoindra le prestigieux collège de neuf magistrats qui veillent à la constitutionnalité des lois américaines.

« Elle est l’un de esprits juridiques les plus brillants de notre nation. »— Une citation de  Joe Biden, président des États-Unis, sur Twitter

Ketanji Brown Jackson faisait partie de trois finalistes, à l’issue d’un processus de désignation auquel est apporté le plus grand soin, pour éviter toute mauvaise surprise lors de la phase de confirmation au Sénat, un moment intense durant lequel les démocrates peuvent s’attendre à voir la magistrate mise sur le grill par les républicains.

Étant donné l’enjeu, Joe Biden s’est lui-même impliqué dans cette sélection, faisant passer un entretien aux magistrates en concurrence finale.

Mme Jackson siège à la cour d’appel fédérale de Washington, une instance réputée pour l’importance des dossiers qui y passent et donc considérée comme un tremplin.

Une première femme noire à la Cour suprême

La juge Ketanji Brown Jackson prenant la parole.

Si elle est confirmée par le Sénat dans ses fonctions, la juge de 51 ans deviendra la première magistrate afro américaine au sein du plus haut tribunal du pays. Photo: AP/Tom Williams

La juge Ketanji Brown Jackson admet avoir une expérience de la vie un peu différente de ses collègues, et pas uniquement parce qu’elle est noire.

Si elle est confirmée par le Sénat, cette brillante juriste de 51 ans deviendra la première magistrate afro américaine au sein de la haute institution, où n’ont siégé jusqu’ici que deux hommes noirs.

Mais elle sera aussi l’une des rares à avoir une expérience professionnelle et intime du système pénal.

Alors que la plupart des juges de ce niveau se sont distingués comme procureurs, Ketanji Brown Jackson a travaillé du côté des accusés : pendant deux ans, elle a été avocate dans les services de l’aide juridictionnelle à Washington, où elle a défendu des prévenus sans ressources.

Elle a ensuite raconté avoir été frappée par leur méconnaissance du droit et avoir, une fois devenue juge, prisgrand soin d’expliquer ses décisions aux condamnés.

Plus personnel encore : un de ses oncles a écopé en 1989 d’une peine de prison à vie dans le cadre d’une loitrès répressive qui imposait automatiquement la réclusion à perpétuité après trois infractions aux lois sur les stupéfiants.

Même si elle n’était pas proche de lui, cette expérience familiale l’a sensibilisée à l’impact de la loi sur la vie des gens, a raconté au Washington Post un ami, sous couvert d’anonymat.

Ketanji Brown Jackson a, elle, eu une enfance très stable dans une famille d’enseignants installée en Floride. Son père avait ensuite repris des études de droit et est devenu juriste dans un conseil d’école, tandis que sa mère se hissait au rang de directrice.

Championne de concours d’éloquence dès le secondaire, elle brille et rejoint la prestigieuse université Harvard, dont elle sort diplômée avec mention.

Dans les années qui suivent, elle alterne les expériences dans le privé et le public.

Elle travaille notamment comme assistante du juge progressiste de la Cour suprême Stephen Breyer, qu’elle est désormais appelée à remplacer.

Elle exerce dans des cabinets d’avocats, mais aussi à la Commission des peines, une agence indépendante chargée d’harmoniser la politique pénale aux États-Unis.

En 2013, le président démocrate Barack Obama la nomme juge fédérale à Washington.

Mariée à un chirurgien, avec qui elle a deux filles, Mme Brown Jackson a un lien familial par alliance avec le président républicain de la Chambre des représentants de l’époque, Paul Ryan, qui la présente avec des louanges sur son intelligence, sa personnalité et son intégrité.

Elle est confirmée sans difficulté.

Au cours des huit ans qui suivent, elle rend des dizaines de décisions. Elle désavoue notamment Donald Trump, qui essaie d’empêcher le Congrès de convoquer un de ses conseillers, en écrivant : le principal enseignement des 250 ans d’Histoire américaine, c’est que les présidents ne sont pas des rois.

Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Joe Biden la nomme au sein de l’influente Cour d’appel fédérale de Washington, considérée comme un tremplin pour la Cour suprême.

Malgré les profondes divisions politiques au Sénat, elle est confirmée avec le soutien de tous les démocrates et de trois républicains.

Interrogée par un élu lors du processus de confirmation, elle jure de mettre à l’écart ses opinions personnelles et toute autre considération inappropriée, dont sa couleur de peau, dans son examen des dossiers.

Mais j’ai peut-être une expérience de la vie différente de celle de mes collègues, reconnaît-elle sobrement. Et j’espère que cela peut avoir un intérêt.

Avec Radio-Canada par Agence France-Presse

Mali : l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga écroué

août 27, 2021

JUSTICE. Cette arrestation marque un nouveau rebondissement dans l’affaire de l’achat de l’avion de commandement de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta.

L'ex-Premier ministre d'IBK a ete ecroue sur ordre de la chambre d'accusation de la Cour supreme du Mali.
L’ex-Premier ministre d’IBK a été écroué sur ordre de la chambre d’accusation de la Cour suprême du Mali. © HABIBOU KOUYATE / AFP

Soumeylou Boubèye Maïga, qui fut de 2017 à 2019 le Premier ministre du président Ibrahim Boubacar Keïta, renversé il y a un an par un coup d’État, a été mis sous mandat de dépôt par la Cour suprême du Mali ce jeudi 26 août dans une affaire de fraude présumée. C’est son avocat, Kassoum Tapo, qui a annoncé la nouvelle. Il est soupçonné « d’escroquerie, faux, usage de faux, et favoritisme », selon plusieurs sources.

Âgé de 67 ans, Soumeylou Boubèye Maïga est aujourd’hui une figure majeure de la politique malienne, il a également occupé les fonctions de ministre des Affaires étrangères et de la Défense et chef des services de renseignement.

Ce que la justice lui reproche

Il est soupçonné essentiellement dans le cadre de l’achat en 2014, alors qu’il était ministre de la Défense, d’un avion présidentiel pour un montant de 20 milliards de francs CFA (environ 30,5 millions d’euros), une acquisition épinglée par le Bureau vérificateur général (BVG), autorité malienne indépendante qui a dénoncé des pratiques de surfacturation, de détournement de fonds publics, de fraude, de trafic d’influence et de favoritisme.

Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, a été inculpée et mise sous mandat de dépôt jeudi pour les mêmes motifs, a appris l’AFP auprès d’un magistrat. Elle a été transférée à la prison pour femmes de Bollé, à Bamako.

L’achat de l’avion présidentiel au cœur de l’affaire

Le procureur de la Cour suprême, Mamadou Timbo, avait annoncé mardi à la télévision publique que ce dossier n’était pas clos, contrairement à ce qu’avait publiquement déclaré le 19 août Soumeylou Boubèye Maïga, qui avait assuré avoir été blanchi par le classement sans suite en 2018 de l’affaire.

« À un moment donné, sous l’ancien régime, il avait été instruit au procureur de la République du pôle économique et financier d’alors de classer l’affaire sans suite […]. Par la suite, un autre ministre de la Justice a estimé que cette affaire ne devait pas faire l’objet d’un classement sans suite. Des enquêtes complémentaires ont été menées […]. Le travail judiciaire se fera », avait alors expliqué le procureur. « Il n’y a rien de plus dangereux pour la bonne santé d’une République que l’impunité », avait-il souligné.

« Cette affaire d’avion présidentiel peut éclabousser beaucoup de monde, c’est peut-être le début d’une grande lessive », a commenté un ancien haut fonctionnaire malien.

Soumeylou Boubèye Maïga est réputé disposer d’un important réseau dans les milieux sécuritaires maliens et régionaux. Il dirige l’Asma-CFP (Alliance pour la solidarité au Mali- Convergence des forces patriotiques). Il avait été contraint de quitter le ministère de la Défense en mai 2014, après une lourde défaite de l’armée à Kidal (Nord-Est) face à la rébellion touareg.

Nommé Premier ministre en 2017, il avait été contraint à la démission en avril 2019 après le massacre le mois précédent de quelque 160 civils peuls à Ogossagou (Centre) et une série de manifestations contre la gestion de l’État.

Le président Keïta a été renversé par un putsch militaire le 18 août 2020 à la suite de plusieurs mois de manifestations contre la corruption et l’impuissance de l’État face à la violence. Le nouvel homme fort, le colonel Assimi Goïta, s’est engagé à céder la place à des civils, après des élections présidentielle et législatives prévues en février 2022.

Mais le doute persiste quant à la faculté des autorités à tenir les échéances dans les six mois qui leur restent, tant les obstacles à surmonter sont considérables dans ce pays en pleine tourmente depuis des années. La propagation djihadiste et les violences de toutes sortes vont de pair avec de graves crises politique et sociale.

Avec Le Point

Canada-Québec: Les opposants à la Loi sur la laïcité de l’État plaident leur cause en Cour supérieure

novembre 2, 2020
La Cour supérieure du Québec commence à entendre lundi les arguments de plusieurs groupes qui contestent la Loi sur la laïcité de l’État, adoptée en juin 2019 par l’Assemblée nationale.

Des dizaines d'opposants à la Loi sur la laïcité sont venus manifester devant le palais de justice de Montréal avant le début des audiences.

© Ivanoh Demers/Radio-Canada Des dizaines d’opposants à la Loi sur la laïcité sont venus manifester devant le palais de justice de Montréal avant le début des audiences.
La loi, souvent appelée « le projet de loi 21 », même si elle a été adoptée et est d’ores et déjà en vigueur, est contestée par plusieurs groupes qui veulent la faire annuler, en tout ou en partie.
Sa disposition la plus contestée est celle qui interdit le port de signes religieux aux juges, aux policiers, aux procureurs de la Couronne, aux gardiens de prison, et aux enseignants des écoles publiques du primaire et du secondaire.

Ceux qui la contestent plaident qu’elle est discriminatoire envers les minorités religieuses, dont les femmes musulmanes voilées, particulièrement visées par la loi, selon eux.

La Loi sur la laïcité a été assortie de la clause dérogatoire – souvent appelée «clause nonobstant» – pour tenter d’éviter une contestation par ceux qui feraient valoir que la loi est discriminatoire et contraire à la Charte canadienne des droits et libertés, notamment à ses articles 2 et 15 protégeant la liberté de religion et le droit à l’égalité.

Les plaignants ont cependant adopté différentes stratégies, dont celle d’utiliser d’autres moyens pour la faire invalider.

Ils vont notamment se servir de l’article 28 de la Charte – une disposition peu utilisée, portant sur l’égalité des sexes – et qui serait selon eux à l’abri de l’effet de la clause dérogatoire.

Pour cette même raison, l’article 23 de la Charte, qui protège la langue d’instruction des minorités linguistiques, sera aussi soulevé.

La Loi sur la laïcité de l’État a déjà été examinée par les tribunaux, mais c’est la première fois qu’elle l’est sur le fond. Le débat devrait durer de cinq à six semaines.

Jusqu’ici, les tribunaux se sont plutôt penchés sur des demandes visant à la suspendre en attendant que ces audiences aient lieu, afin de minimiser les dégâts dans l’intervalle.

La Cour supérieure a refusé de leur accorder une injonction en juillet 2019, puis la Cour d’appel avait fait de même, en soulignant que le débat était complexe et méritait d’être étudié en profondeur.

La Cour suprême du Canada a aussi refusé d’entendre l’appel de cette décision, sans fournir les motifs de sa décision.

Manifestation devant le palais de justice

Au total, quatre demandes d’annulation distinctes qui seront entendues par le juge. Elles ont été regroupées puisque leur objectif est le même, bien que leurs arguments ne soient pas identiques.

L’une d’entre elles a été déposée par le Conseil national des musulmans canadiens, l’Association canadienne des libertés civiles (ACLC) et Ichrak Nourel Hak, une étudiante en enseignement qui porte le hidjab et qui ne veut pas être obligée de le retirer pour enseigner dans une école publique.

Avant le début des audiences, l’ACLC a dit intervenir en appui à tous les Québécois qui ont déjà été lésés par la loi ou qui le seront à l’avenir. Selon elle, la loi contrevient à la Charte des droits et libertés, qui interdit toute discrimination sur la base du sexe, de la religion ou de la race.

«Il n’y a pas si longtemps, beaucoup de Québécoises et de Québécois ne se sentaient pas chez eux au Canada et étaient victimes de discrimination, a argué la directrice du programme d’égalité de l’ACLC», a affirmé la directrice du programme égalité de l’ACLC, Noa Mendelsohn Aviv, lors d’une brève déclaration lue devant le palais de justice.

«Les Québécoises et les Québécois savent ce que c’est lorsque les institutions conçues pour les protéger contribuent plutôt à leur exclusion. C’est pour cela que nous faisons aujourd’hui appel au sens de la solidarité et de la justice de chaque Québécoise et Québécois, alors que nous combattons pour nos concitoyens qui sont affectés par le projet de loi 21», a-t-elle poursuivi.

Des dizaines de personnes sont en outre venues manifester leur appui aux plaignants avant le début des audiences. Ils brandissaient des pancartes exprimant leurs arguments ou leur dégoût de la loi.

Parmi eux se trouvaient plusieurs étudiants de la Faculté de droit de l’Université McGill disant avoir l’appui de 350 étudiants et d’une vingtaine de professeurs qui ont signé une lettre ouverte appuyant leur revendication.

Ils affirment que la loi désavantage «les femmes musulmanes, les hommes juifs, et les hommes sikhs de manière disproportionnée» puisqu’ils sont plus susceptibles de porter un signe religieux.

Selon eux, empêcher des minorités religieuses d’accéder à des emplois dans la fonction publique «va à l’encontre de la neutralité religieuse de l’État, un aspect fondateur du constitutionnalisme canadien qui ne peut pas être suspendu par la clause nonobstant de la Charte canadienne».

Les opposants à la loi

La Fédération autonome de l’enseignement (FAE) a aussi déposé une autre demande d’invalidation. Le syndicat estime que la loi brime la liberté de religion des enseignants et menace leurs conditions de travail.

Un autre contestataire est la Commission scolaire English Montreal (CSEM). Selon elle, non seulement la loi contrevient à l’égalité des sexes, mais aussi à l’article 23 de la Charte, qui protège le droit à l’instruction dans la langue de la minorité, dans ce cas, les communautés anglophones au Québec.

Selon la CSEM, cet article a évolué au cours des années jusqu’à inclure un droit de gestion exclusif accordé aux communautés minoritaires pour le bon fonctionnement de leurs systèmes d’écoles publiques.

Finalement, trois enseignantes ont aussi déposé un recours, épaulées par le comité juridique de la Coalition Inclusion Québec, une organisation qui regroupe des citoyens et des groupes communautaires opposés à la loi.

Plusieurs organisations vont présenter leur propre point de vue afin de démontrer que la loi est nuisible : parmi elles se trouvent la World Sikh organization of Canada, Amnistie internationale – section Canada francophone et l’Alliance de la fonction publique du Canada.

Québec défend sa loi

Au fil des protestations, le gouvernement caquiste a défendu sa loi. Il fera de même devant la cour.

Le premier ministre François Legault a qualifié la loi de «modérée» et d’«équilibrée», rappelant à maintes reprises qu’elle a été adoptée par l’Assemblée nationale et qu’elle reçoit un large appui de la population québécoise. Pour lui, elle ne contrevient pas à la liberté de religion, car tous les citoyens sont libres de pratiquer la religion de leur choix.

Le ministre de l’Éducation Jean-François Roberge a soutenu que la loi n’est «ni raciste ni sexiste», car elle s’applique aux hommes comme aux femmes. Et le gouvernement du Québec a aussi des alliés.

Des citoyens et des groupes veulent que la loi soit préservée dans son intégralité et vont appuyer le gouvernement du Québec.

Lors du débat en cour, interviendront donc le Mouvement laïque québécois (MLQ), qui veut défendre le droit des élèves et des parents, et l’organisation Pour les droits des femmes du Québec (PDF)

Avec Radio-Canada

États-Unis: une deuxième exécution fédérale validée par la Cour suprême

juillet 16, 2020

 

Wesley Purkey, âgé de 68 ans, avait été reconnu coupable en 2003 d’avoir violé, tué, démembré et brûlé une jeune fille de 16 ans, puis d’avoir jeté les cendres dans une fosse septique.

La Cour suprême américaine a donné jeudi son feu vert à l’exécution d’un homme condamné à mort pour un crime fédéral, après l’échec de multiples recours de ses avocats invoquant son état mental. Cette décision de la Cour suprême, signifie que Wesley Purkey, âgé de 68 ans, devrait être le deuxième condamné fédéral à être exécuté cette semaine, après Daniel Lee mardi.

Le gouvernement du président Donald Trump, partisan d’un usage renforcé de la peine capitale aux Etats-Unis, a relancé les exécutions fédérales après 17 ans d’interruption. Deux autres exécutions sont prévues dans le cadre fédéral, l’une vendredi et l’autre le 28 août. Wesley Purkey avait été reconnu coupable en 2003 d’avoir violé et tué une jeune fille de 16 ans, avant de la démembrer et de brûler son corps, puis de jeter les cendres dans une fosse septique.

Châtiment «inhumain»

Son exécution, prévue initialement mercredi à la prison de Terre Haute dans l’Indian (Nord) où a été exécuté Daniel Lee, a été retardée par de multiples recours judiciaires de ses avocats et de ses proches, affirmant que le châtiment était «inhumain» pour un homme atteint de la maladie d’Alzheimer et qui souffre de schizophrénie.

«La demande de surseoir à l’exécution de la sentence de mort (…) est rejetée», selon la décision de la Cour suprême qui invalide un jugement prononcé la veille par un tribunal de district qui suspendait l’exécution. Quatre des neuf juges de la Cour ont toutefois été en désaccord avec cette décision.

Le ministre de la Justice Bill Barr avait annoncé l’année dernière la fin du moratoire sur les exécutions fédérales, en vigueur depuis 2003, faisant écho à la volonté de Donald Trump. Le milliardaire républicain, qui briguera un second mandat le 3 novembre, est un fervent partisan de la peine capitale, notamment pour les tueurs de policiers ou les trafiquants de drogue.

La plupart des crimes commis aux Etats-Unis sont jugés au niveau des Etats, dont certains appliquent la peine capitale, mais la justice fédérale peut se saisir des actes les plus graves. Avant Daniel Lee, seules trois personnes avaient été exécutées au niveau fédéral depuis 1974 dont Timothy McVeigh, responsable de l’attentat d’Oklahoma City (168 morts en 1995) en 2001.

Par Le Figaro avec AFP

Venezuela: la Cour suprême suspend la direction du parti de l’opposant Guaido

juillet 7, 2020

 

La Cour suprême du Venezuela (TSJ), considérée comme acquise au président Nicolas Maduro, a suspendu mardi toute la direction du parti du chef de l’opposition Juan Guaido et en a remis le contrôle à un de ses rivaux. Le TSJ «décrète une mesure de tutelle constitutionnelle consistant à suspendre l’actuelle direction (…) de Voluntad Popular (Volonté populaire)», a indiqué un communiqué de la cour, qui a également nommé une «direction ad hoc» dirigée par le député José Gregorio Noriega, un adversaire de Juan Guaido.

Le 15 et 16 juin, le TSJ avait déjà pris des mesures similaires contre deux autres formations majeures de l’opposition, Accion Democratica (Action démocratique, social-démocrate) et Primero Justicia (Justice d’abord, centre). Ces décisions interviennent à quelques mois des élections législatives du 6 décembre qui visent à renouveler le Parlement, seul pouvoir contrôlé par l’opposition, et que les grands partis anti-Maduro ont décidé de boycotter, dénonçant une «farce» électorale. Qualifiant le TSJ de «bras judiciaire de la dictature de Maduro», les services de Juan Guaido ont rejeté sur Twitter «une décision nulle et non avenue» et accusé le camp présidentiel de vouloir «s’approprier les logos et les symboles de Voluntad Popular» pour «simuler une fausse opposition pour son prochain piège électoral».

Selon la décision de justice, la nouvelle direction du parti de Guaido pourra «utiliser le logo, les symboles, les couleurs et tout autre signe appartenant à Voluntad Popular». José Gregorio Noriega, placé à la tête de la formation, est un allié de Luis Parra, un député qui a tenté de se substituer début 2020 à Juan Guaido à la présidence du Parlement. Luis Parra fait partie des onze responsables vénézuéliens sanctionnés fin juin par l’Union européenne. Washington a, de son côté, aussi émis des sanctions contre Luis Parra et plusieurs députés qui le soutiennent, dont José Gregorio Noriega.

Le destin de «Voluntad Popular n’est pas déterminée par des traitres», a réagi sur Twitter Leopoldo Lopez, autre figure de l’opposition, mentor de Juan Guaido et fondateur de ce parti. Il est aujourd’hui réfugié à l’ambassade d’Espagne à Caracas. «Aujourd’hui, nous le disons officiellement: Voluntad Popular NE VALIDERA PAS cette mascarade électorale», a ajouté Leopoldo Lopez, qui était apparu en avril 2019 aux côtés de soldats insurgés et de Juan Guaido, lequel annonçait un soulèvement militaire contre Nicolas Maduro. Le soir même, il s’était réfugié dans la résidence diplomatique lorsque le soulèvement avait tourné court. L’Assemblée nationale est actuellement présidée par Juan Guaido, qui considère comme illégitime la présence au pouvoir de Nicolas Maduro et s’est proclamé en janvier 2019 président par intérim du Venezuela. Il est reconnu comme tel par plus d’une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, qui appellent ouvertement au renversement de Nicolas Maduro et appliquent diverses sanctions économiques contre Caracas. Nicolas Maduro est lui soutenu par la Russie, la Chine, l’Iran et Cuba.

Par Le Figaro avec AFP

États-Unis: Entre un décret en attente et une validation des droits

juin 15, 2020

 

Trump annonce un décret pour réformer la police américaine

Il tiendra une conférence de presse mardi, après plusieurs semaines de manifestations anti-racisme.

Donald Trump a annoncé lundi qu’il allait signer un décret portant sur une réforme de la police et qu’il tiendrait une conférence de presse sur le sujet mardi, après plusieurs semaines de manifestations à travers les Etats-Unis à la suite de la mort de George Floyd, un Noir américain décédé après son arrestation à Minneapolis.

Le président américain n’a fourni aucune précision sur le contenu de ce décret, alors que les parlementaires républicains et démocrates au Congrès sont en train d’élaborer des propositions distinctes sur le sujet.

La Cour suprême américaine valide les droits des salariés gays et transgenres

La Cour suprême des Etats-Unis a accordé ce lundi une victoire de taille à des millions de salariés homosexuels et transgenres en leur accordant le bénéfice des mécanismes de lutte contre les discriminations au travail, malgré l’opposition du gouvernement de Donald Trump.

«Aujourd’hui nous devons décider si un employeur peut licencier quelqu’un juste parce qu’il est homosexuel ou transgenre, la réponse est claire», la loi «l’interdit», a estimé la Cour dans un arrêt pris à une majorité de six juges sur neuf. Une loi fédérale a banni en 1964 les discriminations «en raison du sexe» mais la majorité des tribunaux, ainsi que l’administration du président républicain, considéraient qu’elle ne s’appliquait qu’aux différences hommes/femmes et non aux minorités sexuelles.

Seuls une vingtaine d’Etats ayant adopté des mécanismes de protection spécifiques, les employés américains pouvaient jusqu’ici être licenciés ou se voir refuser une promotion en raison de leur orientation sexuelle dans plus de la moitié des Etats-Unis. Les défenseurs des salariés gays, lesbiennes, ou transgenres, soutenus par de nombreux élus démocrates et plusieurs grandes entreprises dont Apple, General Motors ou Walt Disney, demandaient à la Cour d’écrire noir sur blanc qu’ils étaient protégés par la loi de 1964. Ouvertement homosexuel, le PDG d’Apple, Tim Cook s’est félicité de cette décision. Elle représente «une énorme victoire pour l’égalité» après des «décennies» de lutte, a aussi commenté James Esseks, un des responsables de la puissante association de défense des droits ACLU. C’est «un pas en avant considérable» pour l’Amérique, a renchéri le candidat démocrate à la présidentielle du 3 novembre, Joe Biden. Jusqu’ici, les personnes homosexuelles «pouvaient se marier un jour et être virées le lendemain», a-t-il rappelé.

Des réactions contrastées

En 2015, la plus haute juridiction des Etats-Unis a étendu le droit au mariage aux personnes de même sexe, mais les défenseurs des minorités sexuelles craignaient que les deux juges nommés par Donald Trump depuis son élection ne l’aient rendue plus conservatrice. C’est pourtant l’un d’eux, Neil Gorsuch, qui a rédigé la décision majoritaire, joignant sa voix à celle des quatre juges progressistes et au chef de la Cour John Roberts. Les auteurs de la loi de 1964 «n’avaient sans doute pas anticipé que leur travail amènerait à cette conclusion», a-t-il écrit. «Mais les limites de leur imagination ne sont pas une raison pour ignorer les exigences de la loi», a poursuivi ce magistrat très attaché à la lettre des textes. Quant à Brett Kavanaugh, lui aussi choisi par Donald Trump pour ses vues conservatrices, il s’est opposé à cette décision, estimant qu’il revenait au Congrès et non à la justice de faire évoluer la loi.

Malgré ces objections, «il est important de saluer cette victoire importante pour les gays et lesbiennes américains», a-t-il toutefois souligné. Ils «peuvent être fiers du résultat». De fait, les minorités sexuelles, et leurs soutiens dans les milieux politiques et artistiques, ont manifesté leur joie. «Il reste du chemin avant une égalité parfaite, mais quelle avancée merveilleuse», a notamment tweeté la chanteuse Taylor Swift. A l’inverse, les défenseurs des libertés religieuses, comme le groupe Alliance Defending Freedom, ont dénoncé une «décision choquante» qui selon eux empiète sur les convictions des employeurs – l’un des motifs avancés pour justifier les licenciements de salariés homosexuels.

«Le combat d’Aimee»

Concrètement, la Cour s’est prononcée dans trois dossiers distincts. Deux portaient sur des salariés homosexuels: un moniteur de parachute, Donald Zarda, et un travailleur social, Gerald Bostock, qui avaient saisi la justice après avoir été licenciés en raison de leur orientation sexuelle. Illustrant la confusion juridique qui régnait jusqu’ici, les tribunaux avaient donné raison au premier et tort au second. Pour la première fois de son histoire, la Cour avait également examiné le dossier d’une personne transgenre, Aimee Stephens. Après avoir travaillé comme homme pendant six ans dans un funérarium de Detroit (nord), elle avait annoncé à son employeur qu’elle comptait assumer son identité de femme. Celui-ci l’avait alors remercié au nom de ses valeurs chrétiennes.

Aimee Stephens s’était alors lancée dans une croisade judiciaire, prête à incarner une minorité peu visible. «Il était temps que quelqu’un se lève et dise ça suffit», avait-elle expliqué avant l’audience du 8 octobre. Souffrant d’une grave insuffisance rénale, elle est décédée le 12 mai à l’âge de 59 ans sans connaître la décision de la Cour. «Je suis reconnaissante de cette victoire qui honore le combat d’Aimee», a commenté sa veuve Donna dans un communiqué.

Par Le Figaro avec AFP

États-Unis: le juge Kavanaugh à la Cour suprême, Donald Trump crie victoire

octobre 7, 2018

Le juge Brett Kavanaugh, le 5 septembre 2018 à Washington / © AFP/Archives / SAUL LOEB

Le Sénat américain a approuvé samedi la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême après trois semaines de tourmente politique, offrant à Donald Trump une nouvelle victoire qui devrait satisfaire son électorat conservateur à un mois, jour pour jour, des élections parlementaires.

« J’applaudis et je félicite le Sénat pour la confirmation de notre formidable candidat », a salué sur Twitter le président américain, qui a défendu bec et ongles M. Kavanaugh.

Il doit prêter officiellement serment samedi soir lors d’une cérémonie privée à la Cour suprême, a précisé dans un communiqué l’institution.

En votant à une très courte majorité (50-48) — la plus courte depuis 1881 –, les sénateurs ont mis un terme à un processus de confirmation chaotique, marqué par des accusations d’agression sexuelle datant de plus de 30 ans contre le magistrat.

Ces accusations ont accentué les clivages au sein de la société américaine et des milliers de personnes ont protesté dans le pays contre M. Kavanaugh.

Des manifestants protestent devant le Congrès américain contre la nomination du juge Brett Kavanaugh à la Cour suprême, le 6 octobre 2018 à Washingtonn / © AFP / Michael Mathes

– Foudres présidentielles –

Un millier de manifestants ont passé la journée de samedi devant la Cour suprême située à quelques dizaines de mètres du Capitole. Après le scrutin, ils ont frappé de colère à la porte du bâtiment de marbre blanc, obligeant la police à intervenir.

Et, dans l’hémicycle, le vote a été plusieurs fois interrompu par des cris de protestation.

Le Sénat, chargé de donner le feu vert pour les nominations à vie au sein du temple du droit américain, a suivi les lignes partisanes –les républicains votant pour et les démocrates contre– à l’exception d’un élu démocrate. La républicaine de l’Alaska Lisa Murkowski, qui avait annoncé qu’elle voterait non, s’est finalement abstenue.

Composition de la Cour suprême / © AFP / Gal ROMA

L’élue, qui remettra son mandat en jeu en 2022, s’est pourtant attirée les foudres du président américain. « Elle ne s’en remettra pas. Je pense que les gens de l’Alaska ne lui pardonneront jamais pour ce qu’elle a fait », a affirmé au Washington Post M. Trump, qui devait participer à une réunion électorale dans la soirée au Kansas.

A 53 ans, le juge Kavanaugh va ainsi rejoindre la plus haute juridiction des Etats-Unis, qui vérifie la constitutionnalité des lois et arbitre les conflits les plus épineux de la société américaine (droit à l’avortement, peine de mort, encadrement des armes à feu, mariage homosexuel, protection de l’environnement…).

Donald Trump peut crier victoire. Comme promis pendant la campagne, il a fait pencher l’institution dans le camp conservateur en nommant deux juges depuis son entrée en fonction. Les « progressistes » sont désormais en minorité (quatre sur neuf).

C’est un revers pour les démocrates et défenseurs des droits civiques qui s’étaient mobilisés dès sa nomination en juillet pour tenter d’empêcher sa confirmation.

Montage photo du juge Brett Kavanaugh et de Chrisine Blasey Ford, lors de leurs auditions publiques au Sénat, le 27 septembre 2018 à Washington / © POOL/AFP/Archives / SAUL LOEB

Mais la candidature de Brett Kavanaugh, un brillant magistrat formé à l’université de Yale, a déraillé quand une femme l’a accusé mi-septembre d’une tentative de viol remontant à une soirée entre lycéens en 1982.

Cette accusation a provoqué un choc, près d’un an après le lancement du mouvement #MeToo contre les violences sexuelles.

Lors d’une audition au Sénat suivie par vingt millions d’Américains, Christine Blasey Ford, universitaire de 51 ans, s’est dite sûre « à 100% » d’avoir été agressée par M. Kavanaugh alors qu’elle n’avait que 15 ans et lui 17.

En colère, le magistrat a clamé son innocence et s’est dit victime d’une campagne de dénigrement orchestrée par l’extrême gauche.

Brett Kavanaugh, candidat du président Donald Trump à la Cour suprême / © AFP / Gal ROMA

Sous la pression d’élus indécis, le Sénat a alors reporté sa décision d’une semaine.

Un rapport complémentaire de la police fédérale (FBI) a toutefois conforté les républicains, qui n’y ont « rien » trouvé de compromettant. Pour les avocats de Mme Ford, ce rapport n’est pas « significatif » car ni Mme Ford ni le juge Kavanaugh n’ont été interrogés.

– « Votez » –

Donald Trump espère que ce succès politique, couplée à une ligne dure sur l’immigration et une économie en pleine croissance, poussera ses partisans à le remercier dans les urnes lors des « midterms », et à lui offrir une majorité plus confortable au Congrès. « Les républicains vont très bien s’en sortir », a-t-il dit samedi à des journalistes l’accompagnant au Kansas. « Nous bénéficions d’un dynamisme que l’on avait pas vu depuis des années ».

Les démocrates espèrent eux que cette nouvelle polémique mobilisera l’électorat féminin et leur permettra de reprendre le contrôle du Congrès.

« Nous sommes déçues. Nous sommes furieuses. Mais nous exprimerons notre colère aux élections », a mis en garde sur Twitter l’organisation d’aide aux candidates démocrates Emily’s List.

« Aux Américains, à tous les millions de gens outrés par ce qu’il s’est passé ici, il n’y a qu’une réponse: votez », avait lancé samedi avant le vote au Sénat le chef de la minorité démocrate, Chuck Schumer.

Romandie.com avec(©AFP / (07 octobre 2018 00h42)