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Opposés au régime, des Iraniens au Canada ont peur des représailles pour leurs familles

octobre 10, 2022

Une manifestation en appui au mouvement de contestation en Iran s’est déroulée à Moncton.

Une automobile passe devant un groupe de manifestants alignés sur le trottoir avec des pancartes.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s’est déroulée samedi à Moncton. Photo : Gracieuseté

Le mouvement de contestation, qui dure depuis plus de trois semaines en Iran après la mort de Mahsa Amini, entraîne ailleurs dans le monde des manifestations de soutien. Dans la diaspora iranienne, il existe chez certains une crainte à l’idée d’exprimer leur appui, en particulier hors des plus grandes villes, selon une Néo-Brunswickoise.

Malgré cela, des gens se sont rassemblés samedi à Moncton, au Nouveau-Brunswick, pour appuyer le mouvement actuel. Fariba Breau, une Iranienne d’origine, souligne qu’il était important pour toutes les personnes réunies d’à tout prix montrer leur solidarité avec leurs compatriotes en Iran.

Le soutien au mouvement de contestation est réel dans la diaspora iranienne, dit Mme Breau, qui a quitté l’Iran il y a des décennies et vit à Moncton. Il est cependant difficile de convaincre certains Iraniens d’origine d’afficher ouvertement leur opposition au régime, même à des milliers de kilomètres de leur pays natal.

À Vancouver, à Toronto et dans les grandes villes, il y a tellement d’Iraniens qu’on ne peut pas vraiment les identifier, explique Mme Breau.

« Dans les petites villes comme Moncton, on a essayé d’appeler des Iraniens pour venir se joindre à cette manifestation, et il y en a beaucoup qui nous ont dit qu’ils avaient peur des représailles pour leur famille en Iran. »— Une citation de  Fariba Breau, une Iranienne d’origine qui vit à Moncton

Cela incite certains à se camoufler le visage lorsqu’ils participent à une manifestation, par crainte d’être reconnus et dénoncés en Iran.

Au milieu d'une manifestation publique en appui au mouvement de contestation en Iran, une personne porte un masque de Jason Voorhees sur lequel les mots « Woman Life Freedom » sont écrits.

Une personne masquée manifeste le 9 octobre 2022 devant l’ambassade d’Iran à Londres. Sur son masque, on lit les mots « Woman Life Freedom » (« femme, vie, liberté »), qui est un slogan kurde. Photo : Reuters/Henry Nicholls

Fariba Breau dit ne plus avoir de famille immédiate en Iran, mais elle a des amis qui font le voyage entre ce pays et le Canada. La désobéissance civile que l’on observe depuis la mi-septembre n’est pas la première révolte ces dernières années, mais celle-ci semble être d’un autre ordre, observe-t-elle.

Après la mort de Mahsa Amini, tout le monde est en colère et il y a une union de tous les opposants, dit-elle.

Des dizaines de personnes sont alignées sur le trottoir avec des pancartes.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s’est déroulée samedi, à Moncton. Photo : Gracieuseté

« Ça pourrait être la fille de n’importe qui »

Après avoir été arrêtée par l’escouade de la moralité pour avoir supposément porté son hijab incorrectement, Mahsa Amini, 22 ans, est morte dans un hôpital de Téhéran le 16 septembre. Des témoins ont dit qu’elle avait été brutalisée et tuée par la police.

Le régime, qui affirme que la jeune femme a simplement fait une crise cardiaque, s’efforce de brutalement réprimer des manifestations qui ne s’essoufflent pas et qui ont éclaté par centaines dans plus de 80 villes d’Iran.

Ce n’est pas la première fois que le régime iranien assassine ou torture des opposants, mais, dans le cas de Mahsa Amini, ce n’était pas une opposante, elle n’avait rien fait. C’était une fille de 22 ans qui venait de descendre du métro et visitait Téhéran, dit Fariba Breau.

Ça pourrait être la fille de n’importe qui, poursuit-elle. Si je vivais en Iran, cette fille-là, ça pourrait être ma fille. C’est pour cela que tout le monde s’identifie un petit peu à cela.

Une foule dense manifeste. Des gens brandissent des drapeaux de l'Iran et des pancartes. Trois femmes s'enlacent.

Pendant une manifestation d’appui au mouvement de contestation en Iran, samedi à Vancouver, une femme qui brandit une pancarte réclame des gestes, et non de simples paroles, pour l’Iran. Photo : La Presse Canadienne/Darryl Dyck

La Monctonienne ne s’avance pas sur l’ampleur du danger que cela représente pour le régime en place depuis la fin de la Révolution islamique, en 1979. Je ne sais pas si ça va les faire partir, mais en tout cas, ils vont partir à un moment ou à un autre. Je ne sais simplement pas combien de temps ils vont tenir, déclare Mme Breau.

Des sanctions insuffisantes

Le Canada a annoncé des sanctions la semaine dernière contre des entités et des individus iraniens.

Selon Fariba Breau, il s’agit d’un bon premier pas, mais ce n’est pas assez.

Depuis plusieurs années déjà, les hauts dirigeants [iraniens] envoient leurs familles et leurs enfants vivre au Canada. Comme ils arrivent avec beaucoup d’argent, on les accueille, dénonce-t-elle.

Le régime islamiste en Iran est indécrottable, estime la Monctonienne. Des réformes ne serviraient à rien, car la façon de gouverner ne changera fondamentalement jamais tant que ce régime sera au pouvoir, croit-elle.

Dans l’ADN de ce gouvernement, il y a un fanatisme qu’on ne peut pas changer. Pour que les choses changent réellement en Iran, dit-elle, c’est tout le régime qui doit disparaître.

Par Radio-Canada avec des renseignements de Pascale Savoie-Brideau, Janic Godin et L’heure de pointe Acadie

Centrafrique : à Bangui, les habitants du PK5 dans la crainte de violences électorales

décembre 1, 2020
Au rond-point Koudoukou, à l'entrée du PK5, à Bangui, le 26 décembre 2019.

À un mois du premier tour des élections législatives et présidentielle prévues le 27 décembre, le quartier musulman du PK5, épicentre des dernières violences politiques en Centrafrique, retient son souffle.

Chemise bleue et chapeau noir vissé sur la tête, Abdouramane Yaya s’exprime à coup de grands gestes de la main face à une dizaine de jeunes réunis au siège du Mouvement cœurs unis (MCU, au pouvoir) du quartier musulman du PK5. En cette matinée du 26 novembre, le coordinateur local du parti du président Faustin-Archange Touadéra les forme à une opération de sensibilisation « à la paix » organisée dans ce quartier en proie à des violences régulières. « Notre arrondissement a trop souffert des violences. C’est à vous, à nous, d’expliquer à chaque habitant l’importance de ce calme, car cette fois, nous devons voter dans la paix », martèle Abdouramane Yaya.

Les artères du troisième arrondissement ont beau être très fréquentées, l’agitation commerçante peine à cacher une inquiétude bien palpable : celle de voir surgir de nouvelles violences préélectorales comme lors des élections de 2015-2016, quand des miliciens avaient ouvert le feu sur des électeurs. En 2013 déjà, le quartier était devenu l’épicentre des violences dans la capitale après la chute de l’ancien président François Bozizé, aujourd’hui candidat. Les miliciens de la Séléka, à majorité musulmane, s’y étaient alors repliés pour échapper aux attaques de la milice antibalaka, à dominante chrétienne.

Prêcher la réconciliation

Sous une chaleur avoisinant les 35 degrés alors que le soleil se lève à peine, Shérif et Yacoub Youssouf, deux frères membres de la représentation locale du MCU, discutent avec une famille. « Il s’agit de chrétiens qui ont toujours habité le PK5 : le mari a connu mon père à l’école primaire. Nous leur expliquons l’importance de la réconciliation », détaille Shérif Youssouf sous le regard bienveillant et fier d’Abdouramane Yaya.

Auteur de plusieurs négociations entre les groupes d’autodéfense musulmans et les autorités centrafricaines, Abdouramane Yaya est aussi à l’origine de plusieurs actions sociales pour le compte du parti de Faustin-Archange Touadéra. Dons aux mosquées, appuis aux écoles… Pour ce trentenaire, les occasions ne manquent pas de prêcher en faveur de la réconciliation, mais aussi et surtout du président centrafricain, candidat à sa succession.

Au PK5, les jeunes militants du MCU ne tarissent d’ailleurs pas d’éloges sur Hamza Mohammed, candidat du parti aux législatives dans la circonscription. Si sa candidature venait à être validée, ce dernier devra toutefois affronter un adversaire de taille : l’ancien président de l’Assemblée nationale et député sortant, Abdou Karim Meckassoua, du parti du Chemin de l’espérance. « Nous n’avons pas peur de lui. Si on a réussi à s’imposer ici et à rallier au MCU plusieurs militants de son parti, rien ne peut nous empêcher de le battre », estime Abdouramane Yaya.

« Les politiciens veulent nous manipuler »

Les partisans de Karim Meckassoua ne comptent pas leur laisser le champ libre. À quelques rues de là, Moussa Hassabarassoul réunit des jeunes à qui il parle « depuis des années » de paix et de cohésion entre communautés. « Je n’ai pas attendu cette période électorale pour sensibiliser sur la paix, fait valoir ce farouche opposant au président Faustin-Archange Touadéra. Je ne le fais pas pour des raisons politiques mais parce que nous devons rester vigilants et éviter les troubles ».

NOUS VOULONS PROUVER AU MONDE QU’IL N’EST PLUS QUESTION DE VIOLENCES ENTRE CHRÉTIENS ET MUSULMANS

Très influent au PK5, Moussa Hassabarassoul, à la tête d’un comité de paix, fait également office de médiateur entre les milices et les habitants, qu’ils soient chrétiens ou musulmans. Il est aussi un interlocuteur privilégié du gouvernement et de la mission de l’ONU en Centrafrique, la Minusca, dont il se sert pour passer des messages de paix et d’union.

Signe de sa popularité, plusieurs jeunes semblent en cette fin novembre captivés par son discours. Parmi eux, Abderamane Abdel, 23 ans. Ce jeune électeur, qui va voter pour la deuxième fois de sa vie, demande à être photographié à ses côtés. « Moussa Hassabarassoul, c’est mon frère musulman. Lors de la dernière présidentielle, on nous avait tiré dessus avec des roquettes, mais ça ne nous avait pas empêché de voter. Aujourd’hui, nous voulons prouver au monde que nous sommes matures et qu’il n’est plus question de violences entre chrétiens et musulmans, veut croire le jeune homme, tout sourire. Les politiciens veulent nous manipuler. Ils veulent encore créer des tensions au PK5, comme la dernière fois. Mais ça ne prendra pas. »

Peur des violences

Dans les rues de l’arrondissement, des patrouilles de la gendarmerie et des casques bleus de l’ONU effectuent des rondes chaque demi-heure. Pourtant, les tensions politiques sont déjà bien palpables. Le quartier, très convoité par différents partis politiques, reste l’épicentre des violences qui secouent la capitale à intervalles réguliers. Début novembre, lors d’un meeting de l’ancien président François Bozizé, plusieurs coups de feu y avaient été tirés.

CETTE FOIS, LES VIOLENCES NE PARTIRONT PAS DU PK5

Sans surprise, la campagne devrait donc en grande partie se jouer sur des thèmes sécuritaires dans le troisième arrondissement. Car si des miliciens ont bien rendu quelques armes au gouvernement, les habitants restent apeurés de voir ressurgir les violences. Derrière sa petite étale d’oranges dans le marché du PK5, Clotilde se souvient de ces longs mois passés à vivre dans un site de déplacés. « Je veux tourner la page des violences, je suis fatiguée de courir, soupire-t-elle. Ce quartier était un quartier de paix. Il faut qu’on prouve à tout le monde que que cette fois, les violences ne partiront pas d’ici ».

Avec Jeune Afrique par Pacôme Pabandji – à Bangui

Canada: La réouverture des restaurants suscite craintes et espoir

juin 5, 2020

Resto

© /Radio-Canada Le chef propriétaire du restaurant La Cuisine, David Janelle, croit que les gens seront heureux de retourner manger dans les restaurants.

Les restaurateurs de Saguenay sont incertains quant à la possible réouverture de leur commerce, mais gardent espoir que la clientèle soit au rendez-vous.

Le respect des règles de distanciation sociale représente un risque économique pour les propriétaires de restaurants si la réouverture a bel et bien lieu. Pour certains d’entre eux, faire respecter le deux mètres de distance et la règle de dix personnes de trois ménages différents signifie de diminuer la clientèle d’environ 50 %.

L’un des propriétaires de la microbrasserie l’Hopera, Vladimir Antonov, se pose plusieurs questions. «Combien de personnes on va être capable d’accueillir? Est-ce qu’on va devoir respecter le deux mètres de distance? Est-ce que ça vaut le coup d’ouvrir tant que ça pour 50 % ou 60 % de moins de clientèle que d’habitude?»

Bierre

© /Radio-Canada L’un des propriétaire de la microbrasserie l’Hopera, Vladimir Antonov, est inquiet quant à l’avenir de son commerce en raison des précautions à prendre contre la COVID-19.

Espoir pour une clientèle présente

Malgré plusieurs inquiétudes, certains restaurateurs croient que leur clientèle sera au rendez-vous à partir du 15 juin, en supposant que l’ouverture ait lieu.

«On va s’assurer que les clients ne manquent absolument de rien au départ, mais oui, j’ai confiance que le client ou le consommateur se présente au départ et après ça, on va être à l’écoute du gouvernement» , affirme le président-directeur général de la Voie Maltée, Daniel Giguère.

Pour sa part, le chef propriétaire de La Cuisine, David Janelle, croit que la population sera heureuse de revenir dans les restaurants. «Pour beaucoup de gens, c’est ça leur plaisir. On travaille toute la semaine, on fait nos choses, souligne-t-il. Donc, de venir s’asseoir avec un couple d’amis, de prendre un bon repas avec une coupe de vin, ça va faire du bien.»

Plusieurs règles d’hygiène

Les règles d’hygiène sont un point qui reste à éclaircir, mais plusieurs précautions sont à prévoir pour les restaurateurs. Une station de désinfectant devra être installée à l’entrée de leurs commerces. Les toilettes seront accessibles pour une personne à la fois. Les serveurs pourraient aussi devoir porter un masque, des gants et une visière quand ils se présenteront aux tables des clients.

Avec CBC/Radio-Canada d’après les informations de Philippe L’Heureux