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Fashion week de Londres : Tina Lobondi, la beauté Congo

février 26, 2017

tina lobondi

Tina Lobondi présentait sa collection automne-hiver 2017 dans le cadre de la fashion week de Londres, vendredi 17 février. Un défilé visant à récolter des fonds pour son association ESIMBI, qui œuvre auprès des enfants au Congo.

C’est dans l’enceinte du prestigieux hôtel One Whitehall Place logé dans le très chic quartier de Soho, que s’est tenu le défilé de la créatrice congolaise née à Kinshasa, Tina Lobondi. Installée à Londres depuis 10 ans, cette designeuse diplômée en stylisme et en modélisme au London College of Fashion a profité de la fashion week de Londres pour créer un événement off. Et sensibiliser le public aux actions pédagogiques qu’elle mène au Congo avec ESIMBI.

Une styliste qui valorise la création au Congo

Une association qui œuvre pour l’éducation à la création et à la culture auprès des enfants défavorisés, soutenue par l’actrice britanno-zimbabwéenne : Thandie Newton. « J’ai toujours admiré cette femme que j’ai découverte dans la série Urgences, lors des épisodes tournés au Congo où elle officie en tant que médecin dans un orphelinat. Malgré la fiction, j’ai vite été inspirée par cette femme. La voir auprès des enfants m’a en quelque sorte convaincue de rejoindre une cause avec un message positif ayant un plus grand impact que le simple fait de confectionner des vêtements ».

Raison pour laquelle la jeune femme utilise aujourd’hui son nom et sa marque pour promouvoir ce travail qu’elle réalise auprès des 230 enfants inscrits au programme de l’année 2017 dans quatre écoles basées au Congo. «Je veux que les gens ce soir voient l’intérêt qu’il y a à investir dans l’éducation des filles comme des garçons. Avec ESIMBI, on a mis en place un calendrier rythmé par des worshops, des interventions d’artistes locaux et autres projets éducatifs. J’aimerais que les Congolais réalisent la valeur de notre pays, insiste la créatrice. Donner de la valeur à quelque chose ne passe pas seulement par l’argent. Il faut donner de la valeur à notre culture, à notre patrimoine ».

La diaspora congolaise à l’honneur sur le catwalk

Le Congo, que la styliste a dû quitter à l’âge de huit ans à cause de la guerre civile, reste au cœur de son travail. En backstage, au Churchill’s Bar où les make-up artists s’attellent à sublimer les mannequins à grand renfort de «smokey eye, de lèvres glossy et de joues vitaminées », précise l’une des maquilleuses avec un enthousiasme typiquement british, la beauté congolaise est à l’honneur. Parmi les models, Miss Congo UK 2016, Lucrèce Kibeti, ou encore la sylphide Carine Nguz, fraîchement débarquée de Kinshasa il y a six mois. «L’une de mes tantes avait acheté une robe Tina Lobondi, je suis ensuite très vite rentrée en contact avec Tina. Cela s’est fait simplement. Et maintenant, me voilà. », nous explique la jeune fille qui vient de signer avec l’agence de mannequins First Model Managment à Londres, dans un Anglais parfait.

tina lobondi
Into The Chic

Nous sommes à moins de 40mn du lancement des festivités. Et l’atmosphère s’électrise. Les fers à lisser en surchauffe y sont sans doute pour quelque chose, mais l’excitation est bel et bien palpable. La pression aussi. Reste encore à finaliser les gift bags pour les VIP, à orner la peau des mannequins de tattoos éphémères, à finaliser les tresses épi des models, à dresser le banquet de cupcakes et autres mignardises, campé derrière les rangées de chaises installées pour le public de fashionistas et modeurs qui a joué le jeu à coups de robes de cocktail, de talons de douze et de costumes sapologiques.

Le Congo défilera la tête haute ce soir-là, dans la victorienne River’s Room aux côtés de l’Angleterre.

«Je veux promouvoir les mannequins congolais parce que je sais qu’on a énormément de potentiel. La diaspora nigériane et sud-africaine est très solidaire, et je souhaite apporter ce même professionnalisme à Londres, avec le Congo », confie la styliste tout en se faisant farder les joues par une professionnelle. Néanmoins, Tina Lobondi est consciente d’être seule aux commandes de ce projet. Malgré une équipe «formidable » qui soutient ses initiatives, elle sait que la marche sera longue avant d’être en mesure de créer un vrai partenariat entre le Royaume-Uni et le Congo.

tina lobondi
Alessia Frances Camuoio

Un mariage afro-britannique

«Quand je m’adresse à différents interlocuteurs au Congo, il faut que j’explique que le fait d’être designer, ce n’est pas seulement faire un vêtement. Mais c’est réaliser des collections, être en mesure de proposer des modèles de différentes tailles capables d’être vendus en magasins ou en ligne. En Afrique, il y a des problèmes de connectivité ou d’électricité, mais il faut que l’on soit en mesure d’aller vers le faire ensemble », analyse celle qui souhaiterait travailler avec le British Council pour concrétiser ses actions pour le Congo. Si Tina Lobondi reconnaît avoir eu la chance d’acquérir rapidement une petite notoriété, elle a dû aussi s’adapter au marché de la mode international, économiser et faire des sacrifices pour proposer de vraies collections, et exister dans l’industrie de la mode outre-manche.

Six mois seulement après son arrivée, en 2006, elle participe au gala caritatif Princess Diana Award, et parvient à vendre l’une de ses robes pour 1000 livres. Là, la créatrice en herbe réalise le potentiel de ce qui deviendra, 4 ans plus tard, le label Tina Lonbondi. Mais c’est au British Soap Award, la même année, qu’elle retient l’attention en habillant deux stars du petit écran britannique, les actrices de l’une des séries les plus populaires en Angleterre : Eastenders.

La chanteuse béninoise Angélique Kidjo, Lianne La Havas, et bien sûr Thandie Newton… les personnalités se bousculent ensuite au portillon pour porter ses créations convoquant les pagnes africains. Aujourd’hui, on sent la styliste directement inspirée par sa ville d’accueil, sans pour autant faire l’impasse sur son héritage culturel. Si le mariage britano-congolais sera présent ce soir-là, tant côté public que côté mannequins, le métissage le sera tout autant sur le catwalk.

Alessia Frances Camuoio

Indigo et jaune rappelant les couleurs du drapeau congolais, imprimés conçus par l’artiste en collaboration avec une graphiste, mêlés au chic british : pour sa nouvelle collection automne-hiver 2017 présentée en avant première à l’occasion du coup d’envoi de la fashion week, la styliste s’est affranchie de l’évident et surexposé imprimé wax pour aller côtoyer la simplicité. Volute de soie, fluidité, longueurs aériennes, lignes sensuelles et tailles marquées…

tina lobondi
Alessia Frances Camuoio

«Je mets un point d’honneur à apporter de la féminité à mes créations et je souhaite que le public voit le caractère intemporel de mes pièces ».

On entend les premières bribes de «Show Me The Way » de feu Papa Wemba, le roi de la rumba congolaise, le show peut commencer. Puis se refermer sur la nuit londonienne, illuminée par la grande roue surplombant la Tamise, magique en cette fashion week…

Jeuneafrique.com

Loulou de la Falaise, l’élégance spirituelle est décédée

novembre 6, 2011

Décédée samedi à l’âge de 63 ans, elle avait rejoint le couturier Yves Saint Laurent dont elle a été la muse, l’amie et la plus proche collaboratrice pendant 30 ans.

Son prénom à lui seul donnait déjà une certaine idée de son panache : Louise, Vava, Lucia, Henriette de la Falaise a marqué l’histoire de la mode française et plus particulièrement celle du couturier Yves Saint Laurent. Celle que tout le monde appelait Loulou est décédée ce samedi 5 novembre.

Née en 1948, elle a rejoint la maison Yves Saint Laurent en 1972. A ses côtés et en compagnie de son amie inséparable Betty Catroux, elle a apporté un vent de fantaisie glamour, particulièrement en tant que créatrice de bijoux et de chapeaux pour la mythique maison de couture de l’avenue Marceau. En 1977, son mariage à Thadée Klossowski a marqué les esprits comme un des événements mondains les plus élégants et drôles de la vie parisienne et de ses excès.

Le rire de Loulou, sa drôlerie, son sens de l’humour et son glamour spirituel teinté de dérision britannique (elle a grandi en Angleterre) furent d’emblée, à l’instar de ses looks, la signature de son sillage. On se souvient de ses bijoux sublimes bien sûr mais également du mélange insensé et surprenant de vêtements chinés aux puces, d’influences orientalistes, de couleurs extravagantes qu’elle confrontait comme personne.

«L’incarnation de Paris»

Muse d’Yves Saint Laurent, elle a collaboré avec le couturier pendant trente ans. Lorsque ce dernier a cessé son activité en 2002, elle a lancé avec succès sa propre ligne de bijoux éponyme, des créations proposées ensuite à d’autres couturiers tels Oscar de la Renta à New York. Malade depuis quelques mois, son entourage la protégeait. Alber Elbaz, aujourd’hui directeur artistique de Lanvin, qui a travaillé sur les collections Rive Gauche à ses côtés entre 1998 et 2000 se souvient : «Elle a délégué d’une façon tellement généreuse son implication dans la ligne Rive Gauche, avec un enthousiasme toujours renouvelé. Elle était inspirante et est demeurée d’une loyauté admirable envers Yves Saint Laurent. Elle fut la reine de toutes les muses de couturier.»

Le jeune Elie Top, créateur des accessoires Lanvin, a tout appris d’elle lors de ses années YSL : «C’était une des femmes les plus chics que j’ai jamais rencontré avec un naturel bohème et joyeux incroyable. C’était la vie même et l’incarnation de Paris en même temps.»

Lefigaro.fr par Virginie Mouzat