Le vice-président ivoirien Daniel Kablan Duncan, 77 ans, a démissionné de son poste, a annoncé lundi le secrétaire général de la présidence Patrick Achi, alors que le pays est en deuil après le décès du premier ministre Amadou Gon Coulibaly le 8 juillet.
«Le vice-président Daniel Kablan Duncan a remis au président de la République sa démission du poste de vice-président pour des raisons de convenance personnelles le 27 février (…). Après plusieurs entretiens dont le dernier a eu le 7 juillet, le président a pris acte et procédé le 8 juillet à la signature d’un décret mettant fin aux fonctions de M. Kablan Duncan», affirme un communiqué lu par Patrick Achi.
Il y a ceux que l’on attend en 2020 et ceux, plus jeunes mais déjà très ambitieux, qui devront patienter jusqu’en 2025, voire un peu plus…
De tout le personnel politique ivoirien issu du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la matrice du pouvoir d’Alassane Ouattara, Amadou Gon Coulibaly (AGC) et Daniel Kablan Duncan (DKD) incarnent aux yeux du chef de l’État les deux meilleurs profils pour prendre sa succession, loin, très loin devant les autres dauphins putatifs. Ceux, en tout cas, dont on parle à Abidjan, les Guillaume Soro, Hamed Bakayoko et consorts, dont ADO pense qu’ils peuvent aisément attendre la présidentielle de 2025 car ils ne sont pas prêts.
Kablan, c’est son quasi-clone sur le plan intellectuel. Gon Coulibaly ? Son plus proche collaborateur, avec son frère Téné Birahima Ouattara, à la présidence aujourd’hui, au sein du Rassemblement des Républicains hier, y compris pendant les années de braise. AGC est désormais le choix numéro un du chef de l’État, l’« homme au-dessus du lot », pour lui succéder. Cela n’a pas forcément toujours été le cas : au début de son premier mandat, fin 2012 notamment, il misait plutôt sur DKD.
Mais ce dernier a le même âge que lui, ou presque, et aura 77 ans en 2020, ce qui constitue évidemment un problème. La santé d’AGC, qui a subi une transplantation cardiaque à Paris en juin 2012, demeure quant à elle une source d’interrogation. Si Ouattara envisage de devenir le Bédié d’aujourd’hui après son départ du Palais du Plateau, il peut se passer beaucoup de choses d’ici à 2020. Raison pour laquelle il entend, comme le confirme l’un de ses proches, « conserver toutes les options ouvertes jusqu’à la fin ».
Daniel Kablan Duncan vice-président, Amadou Gon Coulibaly Premier ministre. Pour diriger le pays, Ouattara a choisi deux hommes qui n’ont pas grand-chose en commun, si ce n’est leur fidélité à son égard. Portraits croisés.
Avec son air de ne pas y toucher, il a gravi tous les échelons. Lentement mais sûrement, il s’est imposé comme une évidence. À ses détracteurs qui l’ont toujours qualifié d’éternel second, Daniel Kablan Duncan (DKD) peut désormais répondre qu’il est un second de choix : premier vice-président de l’histoire de la Côte d’Ivoire et deuxième personnalité de l’État. Alors ce 16 janvier, lorsqu’il est investi dans ses nouvelles fonctions par le Conseil constitutionnel et le président Alassane Dramane Ouattara (ADO), une certaine fierté se lit sur son visage. Sans en faire trop ou trop peu bien sûr, comme d’habitude… L’homme aime la mesure. À peine s’encanaille-t-il quelques secondes avec un hommage à sa « chère et tendre épouse, Clarisse » et à son fils, Albert.
Assis à sa gauche ce jour-là, Alassane Ouattara bien sûr, mais aussi Amadou Gon Coulibaly (AGC), l’ancien secrétaire général de la présidence qui lui a succédé, le 10 janvier, au poste de Premier ministre. Ceux qui ont pu assister à la prestation de serment auront remarqué que le chef du gouvernement occupe désormais, conformément à la nouvelle Constitution, le troisième rang dans l’ordre protocolaire, juste devant le président de l’Assemblée nationale fraîchement réélu, Guillaume Soro. Un jeu de chaises musicales dont les deux hommes ont plaisanté, toutes dents dehors, pendant le cocktail qui a suivi, mais qui a été pris très au sérieux par leurs protocoles respectifs.
Duncan et Ouattara, économistes de même génération
Les appareils photo crépitent. Le voici donc, enfin, le nouvel exécutif ivoirien. ADO, DKD, AGC, ces trois hommes aujourd’hui côte à côte se connaissent par cœur. Six ans qu’ils gouvernent ensemble, des décennies qu’ils se sont rencontrés. Et pourtant, sur le papier, rien ne les y prédestinait forcément, tant la relation et le parcours d’ADO avec l’un et l’autre diffèrent. Tant les personnalités de ces deux derniers s’opposent.
Duncan, c’est la continuité de l’État. »
DKD, AGC, c’est d’abord deux générations. 73 ans pour le premier, bientôt 58 pour le second. Lorsque Duncan entre au FMI, à Washington, en 1973, un certain Alassane Ouattara y exerce déjà depuis quelques années la fonction d’économiste. Très peu de temps après, ce dernier s’envole pour Paris afin de rejoindre le siège local de la BCEAO, l’autre en intègre l’antenne abidjanaise. Les deux trentenaires, bientôt quadra, se comprennent, ils parlent le même langage : celui de la finance et de l’économie. Le jeune ingénieur des travaux publics Amadou Gon entre lui à la Direction et contrôle des grands travaux (DCGTx), aujourd’hui Bureau national d’études techniques et de développement (BNEDT).
Partenaire politique de longue date
En 1990, quand ADO est nommé Premier ministre par Félix Houphouët-Boigny, il s’entoure de Duncan, qu’il bombarde ministre de l’Économie, des Finances, du Budget, du Plan, du Commerce et de l’Industrie – autrement dit, collaborateur principal – et d’Amadou Gon Coulibaly, qu’il nomme conseiller technique chargé du suivi des réformes dans de nombreux secteurs tels que l’agriculture, les transports et l’énergie. Un saut dans le grand bain de la politique pour tous les trois, alors que le pays traverse une grave crise économique. Il se traduira bientôt par une ouverture et une diversification de l’économie, mais aussi par des ajustements structurels et une préparation à la dévaluation du franc CFA.
Décembre 1993, Houphouët meurt. Henri Konan Bédié, alors président de l’Assemblée nationale et dauphin constitutionnel, lui succède. Ouattara retourne au FMI, dont il devient directeur général adjoint. Ses deux compagnons empruntent alors des chemins radicalement opposés. Pour Duncan, l’enfant du pays n’zima (Sud-Est), bastion du Parti démocratique de Côte d’Ivoire-Rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), l’avenir se dessine au sein du pouvoir. Bédié le promeut Premier ministre. Avant d’accepter, celui qui s’est toujours tenu à l’écart des querelles partisanes se tourne vers son prédécesseur, ADO, qui approuve. Les deux hommes se donnent déjà du « cher frère », « cher ami ».
Pour DKD, c’est une première période de gloire, qui durera six ans. « Le Premier ministre Duncan reconduit, le mérite et la continuité », titre Fraternité Matin en janvier 1996, après un remaniement. On loue le « travail énorme » qu’il abat, « son efficacité », on note son style bien particulier… « Duncan, qui n’a pas son pareil pour expliquer les actions du gouvernement a, une heure durant, abreuvé son auditoire de chiffres », écrit le quotidien d’État. De son côté, le principal intéressé vante les « efforts inlassables [du président Bédié] pour le développement d’une démocratie participative et apaisée. »
Coulibaly, prisonnier sous la primature de Duncan
Nous sommes alors en octobre 1999. Et il est à parier qu’AGC n’aurait, à ce moment-là, pas tout à fait partagé son point de vue… Il rejoint dès sa création, en 1994, le Rassemblement des républicains (RDR), un parti né d’une scission au sein du PDCI-RDA dont ADO devient rapidement la figure de proue. Dans un contexte où le débat sur l’ivoirité fait rage et où Ouattara est accusé d’être « burkinabè » ou « voltaïque », la fidélité d’un Amadou Gon, arrière-petit-fils de Péléforo Gbon Coulibaly – chef coutumier de la région de Korhogo (Nord), ami et pilier du système Houphouët –, fait mouche.
Avec Henriette Diabaté, autre membre fondateur du RDR, ils mèneront pendant presque deux décennies un combat politique pour porter leur champion jusqu’à la présidentielle. « Ils ont tenu la boutique alors que Ouattara était la plupart du temps à l’étranger », explique un de leurs opposants de l’époque. Ils seront même plusieurs fois emprisonnés, comme en octobre 1999, après avoir « organisé une manifestation interdite ». Le Premier ministre d’alors est un certain… Daniel Kablan Duncan.
Le coup d’État de décembre 1999 change la donne, inverse les sorts. DKD prend, dans les pas de Bédié, la route de l’étranger – il reviendra au bout de quelques mois et entamera, politiquement, une longue traversée du désert. AGC, qui est alors à la maison d’arrêt et de correction d’Abidjan, peut décamper. Comme il le raconta à l’époque : « Deux soldats armés sont arrivés, ils nous ont dit qu’on était libres. Nous nous sommes concertés, car il ne fallait rien faire d’illégal […]. Nous avons accepté de les suivre à condition qu’ils nous conduisent quelque part où nous serions en sécurité. » Après le coup d’État avorté de septembre 2002 et les accords de Linas-Marcoussis, plusieurs personnalités RDR font leur entrée dans le gouvernement de réconciliation nationale de Seydou Elimane Diarra. Amadou Gon en fait partie et prend le portefeuille de l’Agriculture, qu’il occupera jusqu’en 2010.
Duncan, l’atout stable de Ouattarra
Côté pile. En 2011, ADO devient président de la République. Et rebelote, il entraîne dans son sillage les deux hommes. DKD retrouvant, après un passage au ministère des Affaires étrangères, son fauteuil de Premier ministre et AGC devenant le secrétaire général de la présidence. Mais le contexte et le rapport de force ont changé. Le PDCI et le RDR ont beau être des alliés électoraux, c’est bien ce dernier qui gouverne. Et Ouattara a certes besoin d’un économiste pur jus, mais aussi d’un politique, qui maîtrise le système politico-social ivoirien, ses acteurs, ses turpitudes. Gon, maire et député de Korogho depuis des années, a le profil parfait. Telles les deux faces d’une même pièce politique, DKD et AGC marcheront donc ensemble.
Il (Duncan) cherche toujours le consensus, et cela devient un handicap quand il faut trancher »
« Duncan, c’est la continuité de l’État, il maîtrise tous les dossiers, les projets lancés sous Bédié qui, à cause de la décennie de crise, n’ont pas été mis en œuvre », assure un ministre actuel PDCI. Opérationnel, le Duncan version 2011, qui a le crâne un peu plus dégarni mais le débit toujours aussi rapide, s’attelle à faire redémarrer l’économie. Le Premier ministre gère aussi les portefeuilles de l’Économie, des Finances et du Budget, a la confiance du Chef de l’État et les coudées franches : rencontres avec les bailleurs de fonds et les investisseurs du monde entier, inauguration de chantiers tous azimuts, etc.
Sagesse politique
DKD séduit. Les milieux d’affaires l’adorent, louent ses capacités d’analyse, sa mémoire, sa rigueur… « Un grand commis de l’État », selon un diplomate. « S’il prend un dossier en charge, on est sûr qu’il arrivera à son terme. Il sait prendre le temps de la réflexion, n’est pas arc-bouté sur ses positions », déclare un administrateur de la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI). « Artisan de la réussite du Contrat de désendettement et de développement (C2D) français » pour les uns, « meneur énergique des débats lors de la présentation du Plan national de développement 2016-2020 à Paris » pour les autres…
Respecté à l’étranger, il l’est aussi par ses ministres, même si certains lui reprochent sa lenteur dans les prises de décision. « Il cherche toujours le consensus, et cela devient un handicap quand il faut trancher, explique l’un de ses anciens ministres. C’est une des raisons qui nous poussaient à faire remontrer certains dossiers à la présidence. Parfois avec son accord, parfois sans. » Et de continuer : « Il est personnellement réglo et très procédurier, mais je n’ai jamais constaté qu’il ait tenté de mettre fin aux dérapages que nous pouvions tous remarquer. Comme il est honnête, il pense que tout le monde l’est… »
Les critiques les plus virulentes viennent finalement de son propre camp, le PDCI, où on hausse souvent les épaules à l’évocation de son nom. « Incolore, inodore, il ne gêne personne », tacle un baron du parti. « Ni PDCI ni RDR, il est surtout Alassaniste », lâche un second. « Ne comptez pas sur lui pour donner son avis, même sur des petites choses. Il est comme sans personnalité, sans conviction », clos un dernier.
Coulibaly, fidèle coûte que coûte
Côté face. « Gon », pour qui le mot « fidélité » n’est pas un vain mot. De quoi faire l’objet de quelques caricatures, comme celle, récente, du journal satirique L’Éléphant déchaîné, qui écrit : « Pour lui, après Dieu, sur terre, il y a notre président ». Les mauvaises langues disent également que sa nomination au poste de Premier ministre n’est en fait qu’une officialisation d’un rôle qu’il occupait déjà en réalité, tant son influence ne cessait de grandir.
Moins connu des patrons et des partenaires extérieurs du pays, Gon était plutôt discret sur les grands dossiers économiques. Certes, il s’est toujours intéressé aux questions agricoles, relatives au coton ou au cacao, mais on faisait surtout appel à lui pour des arbitrages problématiques ou des chantiers d’infrastructures jugés prioritaires et donc à forte dimension politique. L’arbitrage en faveur de la filiale du groupe Webb Fontaine – dirigée par le gendre du chef de l’État – en 2013, lui attribuant le contrat de vérification des importations en Côte d’Ivoire ou la décision de surseoir aux augmentations du tarif de l’électricité en 2016, face au front social, portent, par exemple, son empreinte.
Sans concession
« Il est directif, n’hésite pas à trancher, mais supporte difficilement la contestation », témoigne un ancien ministre. Les colères du « lion » (son surnom) sont, il est vrai, souvent évoquées. Tout comme son côté « très famille » pour ses supporters, « clanique » pour ses détracteurs. Selon l’un de ses « petits », « lorsqu’il vous aime, il vous aime, et il vous fera évoluer avec lui. Lorsqu’il ne vous aime pas, il ne vous aime pas. » Ceux qui ont été privés de l’investiture RDR aux dernières législatives, pour des raisons parfois étonnantes, s’en souviennent encore… « Il travaille surtout avec ses hommes, mais il les met plus dans des positions d’exécutants que de collaborateurs », dit le même ancien ministre. Quoi qu’il en soit, AGC avance ses pions et s’est constitué un gouvernement plus resserré, en faisant entrer des fidèles supplémentaires (Amadou Koné, Claude Isaac Dé…).
Le voilà désormais sur le devant de la scène. Point d’état de grâce : des dossiers brûlants – mutineries et grèves de fonctionnaires – l’attendent déjà. Sera-t-il à la hauteur ? C’est désormais la question que tout le monde se pose. Sera-t-il le choix de Ouattara pour la présidentielle de 2020, comme beaucoup l’avancent ? Entre son côté pile et son côté face, ADO a-t-il réellement choisi ?
Dire que Théophile Ahoua N’Doli est un fidèle de DKD serait un euphémisme. Il en est presque le double. Dès 1990, le nouveau ministre de l’Économie fait de cet ancien de la BCEAO son directeur de cabinet. Ils ne se sont plus vraiment quittés depuis. DKD le nommera directeur de son cabinet à la primature puis ministre du Plan et du Développement industriel. Depuis 2011, le « dircab » a suivi DKD au ministère des Affaires étrangères, à la primature et aujourd’hui à la vice-présidence.
On sait si peu de chose de Philippe Serey-Eiffel. Sinon qu’il se complaît dans l’ombre. Ses détracteurs, qui le surnomment « le Français » ou « le Blanc d’ADO », lui prêtent une considérable influence au sein de l’exécutif. D’abord conseiller économique chargé des infrastructures et coordonnateur général des conseillers à la présidence en 2011, il est ensuite devenu ministre, secrétaire général délégué de la présidence chargé des grands projets auprès d’AGC.
Dès sa nomination à la primature, celui-ci en a fait son directeur de cabinet. Pas vraiment une surprise, mais la simple continuité d’un compagnonnage amorcé au milieu des années 1990, lorsque ce descendant de Gustave Eiffel et ex-directeur des grands travaux sous Houphouët a pris la direction du futur Bureau national d’études techniques et de développement et fait d’AGC son adjoint.
Abidjan – Le président Alassane Ouattara a nommé mardi son ex-Premier ministre Daniel Kablan Duncan vice-président de Côte d’Ivoire, un poste nouvellement créé par la Constitution promulguée en novembre.
« J’ai tenu à venir devant vous pour vous faire part de ma décision de nommer le vice-président de la République (…) Mon choix s’est porté sur Daniel Kablan Duncan, un grand serviteur de l’Etat » a déclaré M. Ouattara devant les députés ivoiriens réunis en session extraordinaire.
M. Duncan, 73 ans et élu pour la première fois le mois dernier député dans la circonscription de Grand-Bassam (sud), avait démissionné lundi de ses fonctions à la tête du gouvernement en prélude à son accession à la vice-présidence.
Le président Ouattara a salué « un homme de dévouement, un collaborateur loyal, une personnalité d’expériences dotée de qualités exceptionnelles, un patriote et un grand serviteur de l’Etat ».
La nouvelle Constitution adoptée à l’initiative du président Ouattara prévoit la création d’un poste de vice-président qui sera le deuxième personnage de l’Etat, à l’image des institutions américaines.
A l’avenir, celui-ci sera élu en même temps que le président. Mais parmi les mesures transitoires prévues jusqu’en 2020, il revenait au président Ouattara, réélu pour un deuxième et dernier mandat en octobre 2015, de nommer son vice-président.
Lundi, M. Duncan avait démissionné avec tout son gouvernement, première étape dans la préparation de la succession à la tête de l’Etat.
« En attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre et la mise en place d’un gouvernement, le Premier ministre et les membres du gouvernement sortants sont chargés d’expédier les affaires courantes », avait indiqué la présidence dans un communiqué.
La démission du Premier ministre a été suivie dans la journée par la réélection à son poste du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion qui a divisé la Côte d’Ivoire au début des années 2000.
Dans la soirée de lundi, le président ivoirien a démis les chefs de l’armée, de la gendarmerie et de la police, au lendemain d’un weekend de mutineries de soldats réclamant une amélioration de leur condition.
Abidjan – Le président ivoirien Alassane Ouattara a accepté lundi la démission du Premier ministre Daniel Kablan Duncan et de son gouvernement près d’un mois après les législatives remportées par la coalition au pouvoir.
Cette démission était attendue et n’a pas de rapport avec la mutinerie de soldats réclamant une amélioration de leur condition qui a secoué la Côte d’Ivoire ce weekend.
En attendant la nomination d’un nouveau Premier ministre et la mise en place d’un gouvernement, le Premier ministre et les membres du gouvernement sortants sont chargés d’expédier les affaires courantes, a indiqué la présidence dans un communiqué.
M. Duncan, élu député pour la première fois dans la circonscription de Grand-Bassam (sud) aux législatives du 18 décembre, a souligné l’incompatibilité d’être membre du gouvernement et être présent à l’Assemblée nationale pour expliquer sa démission et celle de son gouvernement qui avait été formé le 12 janvier 2016.
Selon une pratique politique de longue date, à la séance inaugurale de l’Assemblée nationale (lundi), tous les députés doivent participer à cette session y compris bien sur les membres du gouvernement, a-t-il ajouté.
Le président Ouattara a également signé deux autres décrets mettant fin aux fonctions des ministres d’Etat et des ministres à la présidence de la République, des postes jusque-là occupés par le secrétaire général de la présidence Amadou Gon Coulibaly et Ibrahima Tené Ouattara, le frère cadet du président ivoirien.
Le RHDP, la coalition présidentielle, conserve la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 167 députés sur 255 à l’issue du scrutin du mois dernier.
Ces législatives ont été les premières élections à se tenir sous la IIIe République ivoirienne, après l’adoption d’une nouvelle Constitution en octobre à l’initiative du président Ouattara, réélu un an auparavant pour un deuxième et dernier mandat.
La nouvelle assemblée devait élire son président dans la journée de lundi, un poste auquel le sortant Guillaume Soro, ex-chef de la rébellion qui a divisé la Côte d’Ivoire au début des années 2000, a déjà annoncé sa candidature.
Un nouveau gouvernement attendu avant le 13 janvier
Mercredi 7 janvier, lors du conseil des ministres hebdomadaire qui se tient au palais présidentiel à Abidjan, le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan s’est plié à la tradition qui veut qu’à l’entame d’un nouveau mandat présidentiel, le gouvernement présente sa démission. Sans surprise, le chef de l’État Alassane Ouattara a pris acte de cette décision et a promis la formation d’un nouveau gouvernement dans les prochains jours.
« Les objectifs seront l’accélération du programme de travail gouvernemental et l’amélioration de la gouvernance », a expliqué Alassane Ouattara en conférence de presse. Selon Bruno Koné, le porte-parole de l’équipe sortante, le nouveau gouvernement sera connu avant le prochain conseil des ministres prévu le 13 janvier à Abidjan. En attendant, les tractations ont déjà démarré au sein du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir.
Promotion des femmes et des jeunes
Le grand chamboulement tant attendu aura-t-il vraiment lieu ? Pas sûr, si l’on se réfère aux propos d’Alassane Ouattara qui a tenu à souligner qu’il reverrait la plupart des membres du gouvernement la semaine prochaine… Mais Henri Konan Bedié, le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal allié d’Alassane Ouattara, aura son mot à dire. Depuis la semaine dernière, un défilé de cadres et de ministrables se succèdent dans son fief natal de Daoukro (centre).
Pour l’instant, si l’ossature de la nouvelle équipe n’est pas encore déterminée, des changements sont d’ores et déjà attendus dans plusieurs départements – avec de probables jeux de chaises musicales. « Dans son intention de faire la promotion des femmes et des jeunes, Ouattara pourrait créer des surprises », glisse même une source proche de la présidence. Reste que dans la formation du gouvernement, les critères de la géopolitique ivoirienne devront être respectés car le chef de l’État aura besoin de leaders politiques forts pour battre campagne dans toutes les régions afin de faire adopter par référendum sa réforme constitutionnelle. Un projet phare de son second quinquennat.
Le Chef de l’Etat ivoirien Alassane Ouattara a formé, mardi, un nouveau gouvernement de 36 membres dont sept nouveaux et neuf femmes pour plus de «cohérence et d’efficacité» dans l’action gouvernementale.
Le gouvernement conduit par Daniel Kablan Duncan a rendu sa démission le mercredi dernier, soit deux mois après l’entame du deuxième mandat du président Alassane Ouattara.
Quelques heures après cette démission, M. Duncan, issu du PDCI, a été reconduit à son poste par le président Ouattara qui a souhaité «plus de cohérence et d’efficacité» pour ce nouveau gouvernement.
Véritable cheville ouvrière des chantiers du pays depuis l’arrivée des houphouëtistes au pouvoir en 2011, Daniel Kablan Duncan était chargé de proposer au Chef de l’Etat Alassane Ouattara, un gouvernement dans les meilleurs délais.
La composition du nouveau gouvernement :
1-Premier ministre, ministre de l’économie, des finances et du budget : Daniel Kablan Duncan
2-Ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de la sécurité : Hamed Bakayoko
3-Ministre des affaires étrangères : Abdallah Toikeusse Mabri
4-Ministre de l’emploi et de la protection sociale : Moussa Dosso
5-Garde des Sceaux, ministre de la justice : Sansan Kambilé
6-Ministre de l’intégration africaine et des Ivoiriens de l’extérieur : Ally Coulibaly
7-Ministre de l’éducation nationale : Kandia Kamissoko Camara
8-Ministre du Pétrole et de l’énergie : Adama Toungara
9-Ministre de l’environnement et du développement durable : Remi Allah Kouadio
10-Ministre des infrastructures économiques : Patrick Achi
11-Ministre de l’industrie et des mines : Jean-Claude Brou
12-Ministre de l’habitat et du logement social : Konan Gnamien
13-Ministre du Plan et du développement : Nialé Kaba
14-Ministre de l’Enseignement technique et de formation professionnelle : Paul Koffi Koffi
15-Ministre des Transports : Gaoussou Touré
16-Ministre du Commerce : Jean Louis Billon
17-Ministre de l’économie numérique et de la Poste, Porte-parole du gouvernement : Bruno Nabagné Koné
18-Ministre des ressources animales et halieutiques : Kobénan Kouassi Adjoumani
19-Ministre de la santé et de l’hygiène publique : Raymonde Goudou Coffie
20-Ministre de l’agriculture et du développement rural : Mamadou Sangafowa Coulibaly
21-Ministre de la construction et de l’urbanisme : Mamadou Sanogo
22-Ministre de la Salubrité urbaine et de l’assainissement : Anne Désirée Ouloto
23-Ministre de la Culture et de la Francophonie : Maurice Kouakou Bandama
24-Ministre des eaux et forêts : Louis André Dacoury
25-Ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique : Ramata Ly Bakayoko
26-Ministre des sports et loisirs : Albert François Amichia
27-Ministre de l’entreprenariat national, de l’artisanat et de la promotion des PME : Anzoumana Moutayé
28-Ministre de la communication, porte-parole adjointe du gouvernement : Affoussiata Bamba-Lamine
29-Ministre du Tourisme : Roger Kacou
30-Ministre auprès du Premier ministre, chargé du budget et du porte feuille de l’Etat : Abdourahmane Cissé
31-Ministre auprès du Premier chargé de l’économie et des finances : Adama Koné
32-Ministre de la promotion de la femme, de la famille et de la protection de l’enfant : Euphrasie Kouassi Yao
33-Ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’administration: Pascal Abinan Kouakou
34-Ministre de la promotion de la jeunesse, de l’emploi des jeunes et du service civique : Sidi Tiéméko Touré
35-Ministre de la solidarité, de la cohésion sociale et de l’indemnisation des victimes : Mariatou Koné
36-Ministre des droits de l’homme et des libertés publiques : Odette Badjo Ezouehu
Au titre de la présidence de la République
1-Ministre d’Etat, Secrétaire générale de la présidence : Amadou Gon Coulibaly
2-Ministre d’Etat, auprès du Président de la République chargé du dialogue politique et des relations avec les institutions : Jeannot Kouadio Ahoussou
3-Ministre, Directeur de cabinet du Président de la République : Marcel Amon-Tanoh
4-Ministre des affaires présidentielles : Téné Birahima Ouattara
5-Ministre, Secrétaire général délégué de la Présidence de la République chargé des grands projets : Philippe Serey-Eiffel
6-Ministre, Secrétaire général délégué de la Présidence de la République chargé des affaires économiques et financières : Thierry Tanoh
7-Ministre auprès du Président de la République chargé de la défense : Alain Richard Donwahi
Au titre de la primature
1-Secrétaire général du gouvernement : Eliane Atté Bimanagbo
2-Directeur de cabinet du Premier ministre : Théophile Ahoua N’doli.
Le premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, qui avait présenté sa démission ainsi que celle de son gouvernement mercredi matin, a été reconduit à son poste dans l’après-midi par le président Ouattara. Celui-ci veut plus d’efficacité pour son deuxième mandat.
Le président a chargé Daniel Kablan Duncan « de lui proposer, dans les meilleurs délais, un nouveau gouvernement », a annoncé le secrétaire général de la présidence Amadou Gon Coulibaly. De source proche de la présidence, ce gouvernement, rajeuni et avec plus de femmes, devrait être dévoilé en début de semaine prochaine.
« La mise en place » d’un nouveau gouvernement « dans les tous prochains jours (…) aura comme objectif une plus grande cohésion pour plus d’efficacité dans l’action gouvernementale », a déclaré Alassane Ouattara dans la matinée avant le début de ce qui devait être le premier conseil des ministres de l’année.
Remaniement attendu
Ce remaniement gouvernemental était attendu depuis plusieurs semaines en Côte d’Ivoire, qui a récemment retrouvé sa place de premier producteur mondial de cacao et de poids lourd économique d’Afrique de l’Ouest après une décennie de troubles.
Economiste ayant travaillé comme M. Ouattara à la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO), M. Duncan, 73 ans, est un cadre du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) de l’ex-chef de l’Etat Henri Konan Bédié, le principal allié de M. Ouattara.
Kablan Duncan, qui a su gagner la confiance du président, avait été nommé premier ministre le 21 novembre 2012. M. Ouattara avait reconduit son gouvernement après avoir été facilement réélu dès le premier tour le 25 octobre dernier pour un second mandat, louant son travail et ses réalisations. Mais il avait en même temps confié à plusieurs reprises vouloir « rajeunir » l’équipe gouvernementale et y intégrer plus de femmes.
Le nouveau gouvernement devra s’atteler à la construction d’une « Côte d’Ivoire nouvelle », selon l’expression du président Ouattara. Il a promis lors de son investiture de renforcer le processus de réconciliation, de mieux redistribuer les richesses, de lutter contre le chômage des jeunes et de rédiger une nouvelle Constitution qui devra être approuvée par voie référendaire.
Démission formelle
Mercredi matin, M. Ouattara a « félicité » le premier ministre pour sa « compétence », son « leadership » et son « action à la tête du gouvernement » et les autres membres du gouvernement « pour la bonne conduite des affaires de l’Etat ».
Auparavant, M. Duncan avait brièvement pris la parole. « Vous avez exprimé votre volonté d’insuffler une nouvelle dynamique à l’action gouvernementale en procédant au réaménagement du gouvernement pour davantage d’efficacité dans la prise en charge des préoccupations essentielles de nos concitoyens ». « Conformément, donc à cette préoccupation, et, à l’entame de votre deuxième mandat, je voudrais comme le veut la tradition, vous présenter ma démission ».
Le gouvernement sortant, qui a été chargé « d’expédier les affaires courantes » dans l’attente du nouveau, était très politique, avec des personnalités des diverses formations de la coalition ayant amené Ouattara au pouvoir, tout en comprenant quelques postes-clés pour des technocrates.
Excellence Monsieur le Premier Ministre Daniel Kablan Duncan,
Monsieur le Ministre d’Etat Albert Mabri Toikeuse, Gouverneur de la Banque pour la Côte d’Ivoire,
Mesdames, Messieurs les Ministres,
Mesdames, Messieurs les Administrateurs,
Mesdames et Messieurs,J’ai le grand honneur de vous accueillir ce matin à la Banque africaine de développement.
Jeudi dernier les Administrateurs de la BAD et moi-même, avons rendu visite à M. le Président de la République pour lui faire part de façon solennelle, du retour officiel de la BAD.
Ce matin, nous procédons à la levée solennelle des drapeaux. En attendant que le bâtiment du siège de la Banque soit totalement réfectionné, cette cérémonie se déroule dans ce magnifique et confortable immeuble que le Gouvernement ivoirien a mis à notre disposition à titre temporaire.
Cette cérémonie ici au CCIA est la manifestation d’une amitié sans nuages entre la Banque et son pays hôte, la Côte d’Ivoire.
Ce lundi 8 septembre, le Conseil d’administration démarre ses travaux.
Cette cérémonie de levée des drapeaux des Pays Membres de la BAD marque avec force et symbole, le démarrage de nos activités tel que nous l’avons signifié à M. le Chef d ’Etat.
Monsieur le Premier Ministre,
Vous avez bien voulu rehausser personnellement cette cérémonie. Le Conseil et l’ensemble du personnel se joignent à moi pour vous en remercier.
C’est le moment aussi, Votre Excellence, de vous dire que nous sommes satisfaits de l’accueil fraternel et chaleureux depuis que le staff de la Banque est arrivé ici.
Monsieur le Premier Ministre,
J’espère que ceci n’est qu’une première visite qui sera suivie par beaucoup d’autres et d’autres membres du Gouvernement ivoirien.
Merci donc déjà pour ce geste d’amitié et de fraternité à ce moment de la rentrée, à ce moment historique et crucial pour la Banque.
La sélection ivoirienne de football coûte-t-elle trop cher au contribuable ivoirien ? C’est ce que pense le gouvernement qui entend fixer des règles financière.
Les financements récurrents des campagnes de l’équipe nationale ivoirienne de football par les fonds publics agacent le gouvernement, d’autant que la sélection revient régulièrement bredouille de ses compétitions.
Après un arbitrage du président Alassane Ouattara et de son Premier ministre, Daniel Kablan Duncan, l’État a décidé de fixer une prime d’objectif qui sera versée après les résultats de la sélection à un tournoi. Mais, cette formule ne semblerait pas être du goût de la Fédération ivoirienne de football (FIF) qui a déjà transmis au gouvernement un budget de 300 millions francs CFA pour le match de qualification de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2015 contre la Sierra Leone prévu le 6 septembre à Abidjan.
Règles financières
Pour les six matches de qualification prévus, le budget envoyé par la FIF atteint 1,5 milliards de Francs CFA. « Les Éléphants coûtent chers aux contribuables. Là où les Sénégalais mettent 60 millions Francs CFA pour un match à domicile, et environ 73 millions pour les matchs à l’extérieur, la Côte d’Ivoire y met 300 millions », se plaint un ministre ivoirien qui a requis l’anonymat en précisant que le chef de l’État Alassane Ouattara milite pour que des règles financières soient fixées.
Du côté de la FIF, on argumente que les professionnels ivoiriens sont des stars internationales dont la prise en charge revient cher. « Pour chaque match, les footballeurs doivent venir d’Europe. Les billets d’avion et les primes doivent être à la dimension de leur carrure », explique une source proche du dossier pour justifier le montant exorbitant des factures, et de préciser que c’était une pratique en cours depuis les années de pouvoir de Laurent Gbagbo.
Les Éléphants ont en leur sein le mancunien Yaya Touré (Manchester City), l’un des gros salaires de la Barclay’s league en Angleterre. Un joueur qui prend d’ailleurs un peu plus d’envergure en devenant le nouveau capitaine après l’annonce de la retraite internationale de Didier Drogba.
Organisé pour donner un coup d’accélérateur à la nouvelle coopération américano-africaine, le sommet Usa-Afrique a marqué une autre étape décisive mardi soir. Les Chefs d’Etat et de gouvernement présents dans la capitale fédérale américaine, ont été conviés à un diner par Barack et Michelle Obama à la Maison Blanche.
Le premier ministre Daniel Kablan Duncan, représentant le Président de la République SEM Alassane Ouattara figurait au nombre des convives du couple présidentiel américain qui l’a couvert de délicatesse et posé pour la postérité avec lui. Tout un honneur pour le représentant ivoirien pour qui seule la Côte d’Ivoire se trouve ainsi honorée avec ce retour gagnant sur la scène diplomatique.
La veille de cet important diner du Premier ministre Kablan Duncan à la Maison Blanche, il avait été reçu par le Président de la Banque mondiale au siège de celle-ci. Le patron de la plus grande institution financière mondiale avait salué les efforts économiques et les réformes entrepris depuis la fin de la crise post-électorale par le Président Alassane Ouattara et son gouvernement dirigé par M. Daniel Kablan Duncan.
Au cours de cette audience à la Banque mondiale, tout comme mardi, lors du diner officiel à la Maison Blanche, le Premier ministre Daniel Kablan Duncan avait à ses cotés le ministre d’Etat, ministre des Affaires Etrangères Charles Diby Koffi.