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Afrique du Sud : la police ouvre le feu sur les grévistes de Marikana, au moins 34 morts

août 17, 2012
Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de la tuerie. Une enquête est en cours pour déterminer les circonstances de la tuerie. © Reuters

Au moins 34 personnes ont été tuées dans les affrontements entre la police sud-africaine et les grévistes de la mine de platine de Marikana, au nord-ouest de l’Afrique du Sud, jeudi 16 août. Le conflit avait déjà fait dix morts depuis dimanche sur le site minier, où plusieurs centaines de travailleurs réclament d’importantes augmentations de salaire.

Mis à jour à 14h44.

La police sud-africaine a ouvert le feu, jeudi 16 août, sur un groupe de mineurs armés de machettes, de gourdins, de barres de fer et d’armes à feu. Ceux-ci, qui réclament des hausses de salaire, refusaient de se disperser alors que la direction de la mine leur intimait l’ordre de reprendre le travail sous peine de licenciement.

Le bilan de la tuerie reflète la violence des affrontements. « Le nombre total des morts est de 34, avec plus de 78 blessés, 259 personnes ont été arrêtées, pour différents motifs : violence publique, meurtre, tentative de meurtre, rassemblement illégal, possession d’armes dangereuses », a déclaré en début d’après-midi la nouvelle chef de la police nationale, Mme Riah Phiyega, lors d’une conférence de presse. L’Union nationale des mineurs (NUM) a comptabilisé pour sa part 36 victimes.

« Le gouvernement n’a pas été capable de faire face à la frustration »

L’explosion de violence aurait été provoquée en partie par la surenchère d’Association des mineurs et de la construction (AMCU), dissident du NUM, qui aurait promis aux mineurs de négocier un triplement de leurs salaires. Depuis dimanche, dix personnes avaient déjà trouvé la mort dans ces violences intersyndicales. « De mémoire, nous n’avons jamais rien vu d’une telle ampleur » depuis la chute de l’apartheid et l’avènement de la démocratie en 1994, a affirmé à l’AFP Daniel Silke, analyste en sciences sociales. « Je pense que c’est un signe d’une grande tension sociale en Afrique du Sud, marquée par de violentes rivalités entre syndicats », a-t-il ajouté, soulignant qu’il n’y avait eu que « très peu d’amélioration dans la vie des gens depuis des décennies, et que le gouvernement n'[avait] pas été capable de faire face à cette frustration ».

Le ministre de la Police a déploré la violence des affrontements, rappelant que les forces de l’ordre avaient négocié pendant trois jours avec les grévistes. « Ceci ne devait pas arriver, nous avons toujours insisté sur le fait que nous avons des lois dans ce pays, qui permettent aux gens de faire grève, de se rassembler pour manifester, et nous pensons que les gens ne doivent pas ignorer ces piliers de notre système (…) c’est une situation terrible pour tout le monde. »

Légitime défense ?

Le porte-parole du ministère, Zweli Mnisi a précisé qu’une enquête allait être ouverte pour faire la lumière sur ces événements alors qu’un porte-parole de la police sur place a affirmé que les forces de l’ordre n’avaient pas eu le choix. « La police a été attaquée lâchement par le groupe, qui a fait usage d’armes variées, dont des armes à feu. Les policiers, pour protéger leur vie et en situation de légitime défense, ont été obligés de répondre par la force », a-t-il expliqué. « Le groupe des grévistes a chargé en direction de la police, tirant des coups de feu et brandissant des armes dangereuses. Les policiers se sont repliés et ont été forcés d’utiliser la force maximum pour protéger leur vie », a déclaré de son côté la chef de la police, Mme Riah Phiyega.

Suite aux violences, le président sud-africain a quitté le sommet de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) auquel il assistait à Maputo. Il a également déploré ces violences : « Nous croyons qu’il y a assez de place dans notre système démocratique pour que les différends soient résolus par le dialogue, sans violation de la loi et sans violence. »

Jeuneafrique.com avec AFP