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Mort de Zizi Jeanmaire, la légende d’«Un truc en plumes»

juillet 17, 2020

La danseuse de music-hall, muse du chorégraphe Roland Petit, est décédée à l’âge de 96 ans. Elle fut aussi l’interprète gouailleuse de chansons écrites par Serge Gainsbourg, Guy Béart, Raymond Queneau et Jean Ferrat.

La ballerine et chanteuse de music-hall Zizi Jeanmaire, connue pour son Truc en plumes et dont la carrière est étroitement liée à celle du chorégraphe Roland Petit, est décédée vendredi à 96 ans, a annoncé sa famille à l’AFP. «Madame Valentine Petit a la profonde tristesse d’annoncer le décès de sa mère, Madame Zizi Jeanmaire survenu le 17 juillet 2020. (Elle) s’est éteinte paisiblement à son domicile en Suisse», a-t-elle fait savoir dans un communiqué transmis par son avocate.

Dans la rue, on ne la remarquait pas. Elle pouvait prendre l’autobus sans être importunée. C’est sur les planches que la métamorphose s’opérait. Zizi alors devenait magnétique. Et inoxydable malgré les années. Elle a fait son dernier tout de chant à l’Opéra Bastille en 2000. Elle y chantait Gainsbourg, Béart, Queneau, Ferrat, Galliano et puis donnait son Truc en plumes. Elle avait 76 ans.

Fille unique d’un industriel et d’une mère passionnée de chant lyrique, Renée Jeanmaire entre à 9 ans à l’école de danse de l’Opéra de Paris. Sculpter son corps jusqu’à la beauté parfaite l’absorbe muscles et âme. Et elle éprouve un choc pour la scène qu’elle découvre en interprétant un négrillon dans Aïda. « Lorsque le rideau se lève sur les spectateurs, il faut les séduire. La scène, c’est l’empire du charme », disait-elle. En mai 1944, Zizi claque la porte de l’Opéra : elle n’a pas été promue au concours interne du ballet. « Une nature comme il en faut une, deux, pas trois dans un corps de ballet, juste le grain de poivre qui relance la sauce. Ça va nous manquer », note un critique.

Un autre monstre sacré de la scène quitte également l’Opéra: Roland Petit. Il veut signer des chorégraphies. Zizi le connaît bien : ils sont entrés à l’école de danse puis dans le ballet le même jour. Il fréquente Picasso, Laurencin, Cocteau, Bérard, Kochno, Auric, Jacques Charron, Marie Bell. Zizi mettra dix ans à le conquérir. Dix années à démontrer qu’elle est l’indispensable star qui lui permettra de mettre le feu aux planches.

À Londres, le 21 février 1949, Zizi est la Carmen de Roland Petit, dans des décors de Clavé. Pour la circonstance, Roland, son Don José en scène, lui a fait couper les cheveux à la garçonne. Le soir de la première, à mesure du ballet, « je ressentais une victoire totale de mon pouvoir de séduction à la fois sur le public et sur mon partenaire », dit-elle. Le triomphe est immédiat, et délirant. Ce ballet tellement novateur parce qu’on fume au lit et fait l’amour sur scène, Zizi le dansera plus de 2000 fois.

Zizi à Broadway

La tournée commence par Broadway. Le réalisateur producteur Howard Hughes, patron de la RKO, tombe sous le charme de Zizi, que la presse américaine surnomme « The Body ». Il la veut dans son écurie de stars. Elle rétorque qu’alors c’est aussi Roland qu’il faut engager. Hughes s’exécute. Roland et Zizi s’installent à Holywood, mais chacun mène sa vie, au grand dam de Zizi. Elle tourne Hans Christian Andersen de Charles Vidor pour Sam Goldwyn. C’est lui qui sur les affiches, remplace le prénom de Renée par Zizi, surnom dont chacun, depuis l’enfance, affuble la danseuse. Elle danse The Girl in Pink Tights à Broadway, lui travaille sur Daddy Long Legs avec Fred Astaire et Leslie Caron. Entre-temps ils se sont disputés mille fois, ont rompu et se sont retrouvés. Un an après leur mariage en 1954, ils auront une fille, Valentine.

« Roland et Zizi, c’est un couple merveilleux et étrange, indissoluble parce que chacun sert l’autre dans ce qui est essentiel pour les deux : les planches », écrit Lucien Bodard. Pour éblouir Roland, qui bâtit avec Raymond Queneau le scénario de « La croqueuse de diamants », Zizi se met au chant. Car The Body a une voix. Gouailleuse au naturel. Si elle n’a dansé que Roland Petit, elle a chanté les plus grands auteurs.

Le truc en plumes d’Yves Saint Laurent

Sa première chanson La Croqueuse de Diamants est signée Raymond Queneau en 50. Puis Marcel Aymé lui écrit «la Chabraque»; elle inspire aussi Bernard Dimey, Guy Béart, Jacques Lanzmann. C’est Boris Vian qui la présente à Serge Gainsbourg. Il lui écrira plus de vingt chansons dont des chefs-d’œuvre: Les bleus, La Vie Zizi, L’Oiseau de paradis, A poil et à plume, Tic Tac Joe, Bloody Jack, Tout le monde est musicien….

Avec Roland, ils rêvent de revues à la française. Ils achètent le Casino de Paris pour qu’elle descende les escaliers avec son truc en plumes inventé par Yves Saint Laurent . Elle n’en veut pas si on «resquille pour voir son festival de cannes, ou admirer son jeu de quilles». Les revues se succèdent, les dettes aussi. Ils y laisseront toute leur fortune, rebâtie aussitôt d’ailleurs, sans aucunement dramatiser.

Car Zizi l’avouait tranquillement la veille de son dernier récital à l’Opéra Bastille : « Ma seule tragédie, ce serait de ne plus pouvoir monter sur scène. Certains disent qu’ils compensent en faisant travailler d’autres artistes, mais moi non. Transmettre mes rôles à d’autres danseuses me barbe : elles n’ont pas de tempérament ».

Les obsèques de Zizi Jeanmaire auront lieu dans l’intimité mais un hommage lui sera rendu en septembre en l’église Saint-Roch, la paroisse parisienne des artistes, a indiqué son entourage.

Par Ariane Bavelier et AFP agence

France: décès de la danseuse Janine Charrat

août 29, 2017

La chorégraphe Janine Charrat, grande ballerine classique qui avait dû interrompre sa carrière de danseuse en 1961 après avoir été grièvement bûlée dans un incendie, est décédée aujourd’hui à Paris à l’âge de 93 ans, a annoncé son amie la plus proche, la danseuse Sylvie Nègre.

Elle avait connu un grand succès en 1945 avec sa première chorégraphie, « Jeu de cartes » et crée tout au long de sa carrière une cinquantaine de ballets, dont plusieurs avec Maurice Béjart, et en 1948, avec l’écrivain Jean Genet, « Adame miroir ».

En 1961, lors de l’enregistrement télévisé du ballet « Les Algues », son tutu prend feu en passant près d’un chandelier allumé. La danseuse, transformée en torche vivante, est brûlée à 70 %.

Elle ne revient à la danse qu’en 1964, puis arrête définitivement la scène en 1968. Mais elle était devenu entre-temps directrice artistique des Ballets du Grand théâtre de Genève et a poursuivi ses activités de chorégraphe.

Née le 24 juillet 1924 à Grenoble, Janine Charrat est découverte par Serge Lifar, qui la fait débuter à 12 ans dans le rôle de « Rose souris » du film « La mort du cygne » (1936).

Après avoir été la première partenaire de Roland Petit pendant la guerre, elle connaît la gloire en 1945, lorsqu’elle signe « Jeu de cartes », pour les Ballets des Champs Elysées.

« Jeu de cartes était son ballet préféré, elle me l’a redit la veille de sa mort », a confié Sylvie Nègre.

Janine Charrat a enchaîné les succès, comme « Cressida » (1946), « Abraxas » à Berlin (1949), « Les Liens » à Bruxelles (1960), et sa carrière s’est déroulé le plus souvent hors de France.

Dans les années 80, Janine Charrat, qui a été conseillère pour la danse au Centre George Pompidou, avait notamment créé « Hécube » (1982) et « Palais des glaces » (1987).

Elle était officier de la légion d’honneur.

Le calvaire des danseuses de Koffi Olomidé, la star de la rumba congolaise

août 1, 2016

Koffi Olomide entouré de ses danseuses sur la scène du festival Koroga, à Nairobi en mars 2016.

Koffi Olomide entouré de ses danseuses sur la scène du festival Koroga, à Nairobi en mars 2016. Crédits : Courtesy of Koroga Festival
Intégrer la troupe de danseuses de Koffi Olomidé a longtemps fait rêver les jeunes filles des quartiers populaires de Kinshasa. Et cela relevait du privilège que d’être choisie par le « patron ». Qu’importe si une taquinerie en vogue dans cette mégapole de plus de dix millions d’habitants voulait qu’une dame vêtue de façon sexy soit « habillée comme une danseuse de Koffi ». Car le roi de la rumba congolaise fait partie de ces légendes contemporaines africaines qui a vendu des millions d’albums, adulé par son public et courtisé par des chefs d’Etat de la région. Son visage rond et rieur, ses costumes élégants ou extravagants, ses chansons romantiques ou vulgaires et ses pas de danse ont fait de lui une icône du continent.

Interdit de séjour en France

Mais au-delà de sa voix douce, ses fans ont redécouvert une violence brute. Vendredi 22 juillet, Koffi Olomidé vient d’arriver à l’aéroport de Nairobi avec sa troupe lorsqu’il porte un coup de pied à l’une de ses danseuses. « Quelques secondes d’égarement », s’est justifié l’artiste dans un message d’excuse.

Mais la scène, filmée, a irrigué les réseaux sociaux. Arrêtée par les autorités kényanes, la vedette congolaise est expulsée et voit son concert prévu à Lusaka annulé. De retour à Kinshasa, il est hué à son arrivée, est placé en détention le 26 juillet puis libéré sous caution quatre jours plus tard. « J’ai subi, j’ai compris », écrit-il sur sa page Facebook dans la foulée. Depuis, il poste des « selfies », entourés de sa famille et de Fally Ipupa, autre grand nom de la musique congolaise qui a fait ses classes dans le groupe de Koffi Olomidé, Quartier Latin.

Pourtant, Koffi Olomidé n’en est pas à sa première frasque. Celui qui a été le premier chanteur africain à faire salle comble à Bercy en 2000 est désormais interdit de séjour en France.

Antoine Christophe Agbepa Mumba, de son vrai nom, reste visé par un mandat d’arrêt international émis par la justice française en 2009 et renouvelé en 2012. « L’instruction est encore ouverte, la procédure n’a pas été clôturée et l’enquête se poursuit », indique-t-on au tribunal de grande instance de Nanterre.

La star franco congolaise, née il y a soixante ans à Kisangani, la grande ville du nord du pays, est poursuivie en France pour « viol sur mineure de quinze ans », « séquestration », « aide à l’entrée et au séjour d’une étrangère en France », « conditions de travail ou d’hébergement contraires à la dignité humaine ».

Les faits se sont déroulés entre 2002 et 2006 sur des danseuses parfois mineures et aux parcours de vie perturbés par la perte de leurs parents dans la première guerre du Congo (1996-1997), la misère et la violence familiale. Après avoir été contrôlées sans papier à Lyon où elles se trouvaient pour un concert, trois d’entre elles se sont décidées à témoigner devant les juges, avec le soutien du Comité contre l’esclavage moderne.

« Viols » réguliers

Leurs récits parfois décousus décrivent un envers du décor sordide, dont le théâtre principal est une maison louée par l’artiste en banlieue parisienne, à Asnières (Hauts-de-Seine). Durant les tournées françaises, c’est là que sont hébergées les danseuses dont la plupart sont venues illégalement en France, munies de passeports d’autres individus fournis, disent-elles, par Koffi Olomidé. Un détail frappe les enquêteurs : « les portes et surtout les fenêtres étaient munies de verrous de nature à les empêcher de quitter les lieux », lit-on dans le dossier judiciaire que Le Monde Afrique a pu consulter.

Une danseuse y relate son quotidien lors des tournées françaises de Koffi Olomidé :

« Dès que le concert était terminé, on devait rentrer à la maison, à Asnières. On était gardées par trois vigiles. On était quatre dans la même chambre, on n’avait pas le droit de sortir sans autorisation. Je ne pouvais pas téléphoner, même à ma mère. On était payé 100 euros pour un concert de minuit à six heures de matin. On était forcées de coucher avec lui : il appelait un vigile pour qu’il amène une danseuse à l’Etap Hôtel ».

Puis elle décrit la brutalité sexuelle de l’un des pères de la rumba congolaise également redouté pour ses pratiques mystiques : « il fait de la magie, des trucs bizarres, il nous soufflait sur le corps ».

Lorsque ce n’était pas à l’hôtel, les « viols » se déroulaient parfois dans le studio d’enregistrement ou dans les toilettes d’un supermarché d’Asnières, se souvient une autre danseuse âgée de quatorze ans à l’époque des faits.

« Il m’a demandé de l’accompagner faire des courses. (…) Il m’a demandé de déposer le caddie, que j’aille aux toilettes et que je ne ferme pas la porte. Après, il est venu. (…) Il m’a dit que je me tourne et a fait rentrer son truc. (…) J’avais mal. Il m’a dit “ne crie pas” parce qu’il y avait des gens à côté ».

Celles qui se refusaient à lui étaient renvoyées. Souriantes et avenantes sur scène, les danseuses étaient en fait « humiliées », « salies », régulièrement « violées » par celui qui n’a pas hésité à se présenter comme un défenseur du droit des femmes. Lorsqu’elles tombaient enceintes, Koffi Olomidé les contraignait à avaler des « cachets blancs », raconte l’une d’entre elles. Ce qui provoquait des fausses couches. Parfois, la situation médicale empirait. Et il était contraint de les emmener à l’hôpital où elles étaient admises sous l’identité d’Aliane Olomidé, son épouse.

Le roi de la rumba reste populaire

Ces danseuses ont aussi vécu enfermées dans la maison à Kinshasa de la mère du chanteur, dans le quartier résidentiel de Ma Campagne. Là encore, elles vivaient sous la surveillance permanente de vigiles, terrorisées et à la merci du « boss ». À côté de cette maison-prison, il y a un hôtel au nom de crustacé où les vigiles amenaient des danseuses contraintes d’assouvir les pulsions de la star qui les y attendait, entièrement nue. Les viols étaient réguliers et brutaux, selon les témoignages consultés par Le Monde Afrique.

La plupart d’entre elles adulaient pourtant Koffi Olomidé. Pouvoir danser dans sa troupe, l’accompagner dans ses tournées à l’étranger, était un conte de fée pour des Kinoises belles, talentueuses et désargentées.

Lire aussi : A Abidjan, l’arrestation de Koffi Olomidé ravive un mauvais souvenir

L’artiste franco congolais a été mis en examen et ne peut plus fouler le sol français où il serait immédiatement incarcéré. Sa défense met en avant des failles de l’enquête. « Le dossier judiciaire est très bizarre, avec l’une des plaignantes qui a menti sur son âge, s’étant présentée comme mineure, ce qui s’est révélé faux, pointe Me Emmanuel Marsigny, l’avocat parisien de Koffi Olomidé. Le dossier ne repose que sur des accusations qui ont permis aux accusatrices de rester sur le territoire français où elles étaient entrées illégalement ».

Or cet épisode judiciaire n’a pas égratigné la popularité de Koffi Olomidé, même s’il a également été condamné à trois mois de prison avec sursis à Kinshasa pour avoir violemment frappé son producteur en 2012. Pour le coup de pied de Nairobi, il est poursuivi par la justice congolaise. Mais la danseuse violentée n’a pas souhaité porter plainte. Il reste dangereux de s’attaquer au roi de la rumba moderne, porté au pinacle par la rue comme par le gouvernement congolais qui l’a décoré en décembre 2015 de la médaille du mérite des arts, des sciences et des lettres.

Lemonde.fr par Joan Tilouine et Xavier Monnier

RDC: La danseuse agressée par Koffi Olomide sort de son silence

juillet 29, 2016