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France: François Hollande renonce à la déchéance de nationalité et au Congrès

mars 30, 2016

Un renoncement dont le président a tenté de faire porter la responsabilité à l’opposition : « Une partie de l’opposition est hostile à toute révision constitutionnelle. Je déplore profondément cette attitude. » Il a par ailleurs tenu à rappeler « l’efficacité » de l’état d’urgence et les engagements qui ont été pris pour augmenter les moyens de la police, de la gendarmerie, de l’armée, de la police des douanes et des services pénitentiaires.

Pression des parlementaires

Depuis vingt-quatre heures, les différents acteurs parlementaires ont multiplié les déclarations et enterré peu à peu l’hypothèse d’une réunion du Congrès, même si la révision était réduite à l’article 1 sur la constitutionnalisation de l’état d’urgence, seul aspect de la mesure qui faisait consensus entre les parlementaires. Echauffés par une nouvelle attaque du premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis – « la balle est dans le camp de la droite » –, les dirigeants du parti Les Républicains (LR) ont été à la manœuvre en rejetant toute la journée de mardi l’idée d’une révision limitée. « Tout ça n’a pas de sens, l’état d’urgence fonctionne déjà très bien, expliquait ainsi au Monde Bruno Retailleau après la réunion des sénateurs LR. Nous mettons François Hollande face à ses responsabilités, c’est sa majorité qui s’est divisée, sa ministre qui a démissionné, ce n’est plus notre problème. » Son homologue à l’Assemblée, Christian Jacob, a lui expliqué qu’un « Congrès a minima ne présente aucun intérêt ».

Histoire d’accentuer encore un peu plus la pression, Gérard Larcher a, lui, envoyé un courrier au président de la République pour lui demander de renoncer au Congrès ou d’engager une navette sur les deux articles tels qu’ils avaient été réécrits par le Sénat. Dans l’expectative, Bruno Le Roux a continué à défendre cette révision tout en accusant la droite. « Oui, nous avons besoin de cette révision constitutionnelle, a expliqué le président du groupe socialiste à l’Assemblée sur France Info avant d’accuser la droite. La raison qui peut bloquer aujourd’hui c’est qu’une partie, et je dis bien une partie, de la droite ne veut pas que le président de la République puisse se prévaloir d’une révision constitutionnelle, même sur des questions qui sont des questions essentielles pour notre pays et des questions essentielles. »

François Hollande le 30 mars à l'Elysée.
François Hollande le 30 mars à l’Elysée. Vincent Isore IP3 pour Le Monde

Parcours chaotique

Annoncé lors du Congrès du 16 novembre par le président de la République, l’article 2 sur la déchéance de nationalité a subi dès son annonce la contestation d’une partie de la majorité socialiste. Une notion a irrité en particulier. Dans le « projet de loi constitutionnelle de protection de la Nation », présenté mercredi 23 décembre au conseil des ministres, l’extension de la déchéance de nationalité ne concerne que les binationaux. Ce texte grave dans le marbre de la Constitution deux classes de Français, selon les opposants, notamment la ministre de la justice, Christiane Taubira, qui finit par démissionner, le 27 janvier. Le même jour, mis sous pression, Manuel Valls est alors contraint de proposer une nouvelle rédaction devant la commission des lois de l’Assemblée. Cette fois-ci, la déchéance peut concerner tous les Français et le gouvernement étend cette peine aux délits. L’Assemblée nationale finit par adopter cette version par 317 voix pour, 199 contre et 51 abstentions, le 10 février. La réécriture a permis de ramener quelques députés socialistes dans le camp du oui (165 pour, 83 contre, 36 abstentions). « Je ne doute pas un seul instant que le Sénat fera preuve de la même responsabilité », déclare après le vote M. Valls à la presse.

C’était sans compter sur le désir d’indépendance du Sénat et de sa majorité de droite. A la manœuvre, Gérard Larcher, président du Sénat, Bruno Retailleau, président du groupe LR, et Philippe Bas, président de la commission des lois, avaient répété dans les médias que la création d’apatrides est une « ligne rouge » à ne pas franchir. En commission, les sénateurs réintroduisent la notion de binationalité en écrivant que la déchéance « ne peut concerner qu’une personne condamnée définitivement pour un crime constituant une atteinte grave à la vie de la Nation et disposant d’une autre nationalité que la nationalité française ». Ce nouveau texte est adopté, mardi 22 mars, par 176 voix pour, 161 contre et 11 abstentions. Entre la majorité de l’Assemblée rétive à la notion de binationalité et celle du Sénat très attachée à son texte qu’elle estime plus proche du discours de François Hollande fait devant le Congrès, la synthèse était donc impossible.

Lemonde.fr

La France revoit sa copie sur la déchéance de la nationalité

janvier 27, 2016

cartevoeu

Manuel Valls a soumis mercredi aux députés une version remaniée du projet de révision constitutionnelle. Le texte ne comporte plus de référence aux binationaux dans l’article controversé consacré à la déchéance de nationalité.

La mention de la binationalité ne figure ni dans le projet de révision de la Constitution, et ne figurera pas non plus dans les lois d’application, a précisé le Premier ministre. L’exécutif est confronté à l’hostilité d’une frange de la gauche, pour laquelle la volonté d’étendre la déchéance aux binationaux nés français constitue une rupture dans l’égalité entre citoyens.

« Aucune référence à la binationalité ne figurera dans le texte constitutionnel, ni a priori dans la loi ordinaire », a déclaré le chef du gouvernement devant la commission des lois de l’Assemblée nationale. Manuel Valls a toutefois ajouté qu’il n’était pas question de créer des apatrides.

« Seuls les principes prévus par la convention internationale de 1954 et la loi du 7 mars 1998 (…) qui proscrivent la création de nouveaux apatrides devront continuer à figurer dans notre droit positif », a-t-il dit.

Le Premier ministre, qui se défend de tout « enfumage », a justifié cette nouvelle formulation par le « souci d’avancer et (…) d’aboutir à un rassemblement le plus large possible ou d’éventuellement lever des ambiguïtés. »

Histoire républicaine
Le débat traverse les rangs de la gauche depuis que François Hollande a annoncé le 16 novembre son intention d’étendre la déchéance aux binationaux nés français convaincus de terrorisme.

La mention de la binationalité apparaissait dans la première version du projet de révision constitutionnelle présentée lors du conseil des ministres du 23 décembre dernier. La gauche du Parti socialiste y voyait toutefois un casus belli.

Devant les députés, Manuel Valls a souligné que la déchéance de nationalité existait déjà dans le droit français et qu’elle s’inscrivait « dans notre histoire républicaine ». Le premier ministre a ensuite lu la nouvelle formulation de l’article 2 de la révision.

« La loi fixe les conditions dans lesquelles une personne peut être déchue de la nationalité française ou des droits attachés à celle-ci lorsqu’elle est condamnée pour un crime ou un délit constituant une atteinte grave à la vie de la Nation », a-t-il lu.

Opposition prudente
L’opposition qui avait conditionné son appui à l’extension de la déchéance de nationalité, s’est montrée prudente. Son soutien est nécessaire pour faire adopter la révision constitutionnelle à la majorité des trois cinquièmes requise au Congrès.

« Ça ne concernera finalement que les binationaux », a jugé le député le député Les Républicains (LR) Philippe Houillon lors du débat qui a suivi. Le projet de révision comporte deux articles, le premier consacré à l’état d’urgence, le second à la déchéance de nationalité.

Les députés l’examineront en séance plénière à partir du vendredi 5 février.

Romandie.com

Déchéance de nationalité : pour Ayrault, Valls « divise » la France

décembre 27, 2015

« Si la France est ‘en péril de paix’, alors ne la divisons pas davantage ! » a-t-il reproché face à la volonté de l’exécutif d’appliquer la mesure.

déchéance

Jean-Marc Ayrault, photo d’illustration. © PDN/SIPA