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L’Union africaine condamne les déclarations « choquantes » de Kaïs Saïed sur les migrants

février 25, 2023

L’Union africaine a condamné les propos de président tunisien sur les migrants originaires d’Afrique subsaharienne et appelé ses états membres à « s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste ».

Des migrants africains au large de la ville de Sfax, dans le sud de la Tunisie, le 28 octobre 2022. © Yassine Gaidi / Anadolu Agency via AFP

Kaïs Saïed avait provoqué la stupeur le 21 février en prônant des « mesures urgentes » contre l’immigration clandestine de ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, affirmant que leur présence en Tunisie était source de « violence, de crimes et d’actes inacceptables », des propos dénoncés par des ONG.

Lors d’une réunion, le président tunisien avait aussi tenu des propos très durs sur l’arrivée de « hordes de migrants clandestins » et insisté sur « la nécessité de mettre rapidement fin » à cette immigration. Il avait en outre soutenu que cette immigration clandestine relevait d’une « entreprise criminelle ourdie à l’orée de ce siècle pour changer la composition démographique de la Tunisie », afin de la transformer en un pays « africain seulement » et estomper son caractère « arabo-musulman ».

« Traiter tous les migrants avec dignité »

Dans un communiqué vendredi, le président de la commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, « condamne fermement les déclarations choquantes faites par les autorités tunisiennes contre des compatriotes Africains, qui vont à l’encontre de la lettre et de l’esprit de notre Organisation et de nos principes fondateurs ».

Il « rappelle à tous les pays, en particulier aux États membres de l’Union africaine, qu’ils doivent honorer les obligations qui leur incombent en vertu du droit international (…), à savoir traiter tous les migrants avec dignité, d’où qu’ils viennent, s’abstenir de tout discours haineux à caractère raciste, susceptible de nuire aux personnes, et accorder la priorité à leur sécurité et à leurs droits fondamentaux ».

Crise économique

Moussa Faki Mahamat réitère « l’engagement de la commission à soutenir les autorités tunisiennes en vue de la résolution des problèmes de migration afin de rendre la migration sûre, digne et régulière ».

Le discours de Kaïs Saïed, qui concentre tous les pouvoirs après avoir suspendu en juillet 2021 le Parlement et limogé le gouvernement, survient alors que le pays traverse une grave crise économique marquée par des pénuries récurrentes de produits de base, sur fond de tensions politiques.

Selon des chiffres officiels cités par le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), la Tunisie compte plus de 21 000 ressortissants de pays d’Afrique subsaharienne, en majorité en situation irrégulière.

Par Jeune Afrique (Avec AFP)

Burkina – Wagner : les propos de Nana Akufo-Addo jugés « très graves »

décembre 17, 2022

Le Burkina Faso se dit « profondément affecté » par les déclarations du président ghanéen affirmant que Ouagadougou a « conclu un arrangement » avec le groupe paramilitaire russe Wagner.

Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Paris, le 13 octobre 2022. © Vincent Fournier pour JA

Le Burkina Faso a qualifié de « très graves », ce vendredi 16 décembre, les propos tenus deux jours plus tôt par le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, à Washington. « Ces 48h ont été marquées par les propos du président Nana Akufo-Addo sur une prétendue passation de marché entre le gouvernement de la transition et une société privée russe. Une note verbale de protestation a été adressée au Ghana », a expliqué le ministre délégué chargé de la Coopération régionale, Karamoko Jean Marie Traoré, affirmant que le Burkina était « profondément affecté » par ces déclarations.

« Nous avons écouté l’ambassadeur du Ghana et lui avons fait savoir la position du gouvernement qui juge très graves les propos venant d’un chef d’État, de surcroît d’un pays ami et voisin », a déclaré Karamoko Jean Marie Traoré. Plus tôt dans la journée, l’ambassadeur du Ghana au Burkina avait été convoqué et s’était entretenu avec le ministre tandis que l’ambassadeur burkinabè à Accra avait été rappelé pour consultation.

« Attirer l’attention des partenaires »

Mercredi, lors d’une entrevue aux États-Unis avec le secrétaire d’État américain Antony Blinken, le président ghanéen Akufo-Addo, avait assuré que le Burkina avait « conclu un arrangement pour, comme le Mali, employer des forces de Wagner« . « Je crois qu’une mine dans le sud du Burkina leur a été allouée comme une forme de paiement pour leurs services », avait-il ajouté, précisant que, selon lui, « les mercenaires russes sont à la frontière nord » du Ghana.

Lors de son entretien avec le ministre, l’ambassadeur du Ghana, Boniface Gambila Adagbila, a assuré que les propos de son président « ne visaient pas à condamner le Burkina Faso, ni à semer le doute dans les esprits », selon le compte-rendu de la rencontre, publié par le ministère des Affaires étrangères burkinabè. « L’intention était surtout d’attirer l’attention des partenaires afin de susciter un grand intérêt à l’endroit du Burkina Faso », a-t-il ajouté.

En réponse, le ministre Traoré a estimé que le « Ghana aurait pu entreprendre des échanges avec les autorités burkinabè sur la question sécuritaire afin d’avoir les bonnes informations ».

NOUS ESSAIERONS DE DIVERSIFIER NOS RELATIONS DE PARTENARIAT JUSQU’À TROUVER LA BONNE FORMULE POUR LES INTÉRÊTS DU PAYS

Dans plusieurs pays d’Afrique francophone, Moscou mène une campagne d’influence active, notamment sur les réseaux sociaux, et jouit d’un soutien populaire grandissant, quand la France y est de plus en plus vilipendée. Certains pays accusent la junte au pouvoir au Mali d’avoir recours aux services de Wagner, réputé proche du régime de Moscou, ce que Bamako dément.

Le Premier ministre à Moscou

La question d’un éventuel rapprochement avec la Russie se pose également au Burkina depuis le coup d’État du 30 septembre, le deuxième en huit mois, qui a porté au pouvoir le capitaine Ibrahim Traoré, alors que le pays peine à faire face à des attaques jihadistes meurtrières récurrentes depuis 2015.

Lundi, le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambèla, a rencontré à Moscou le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, pour évoquer « les questions prioritaires du renforcement des relations » entre les deux pays, selon un communiqué du ministère russe des Affaires étrangères. Interrogé sur ce voyage, le porte-parole du gouvernement burkinabè n’a pas souhaité faire de commentaire.

Apollinaire Kyélem de Tambèla avait affirmé fin octobre qu’il n’excluait pas de rééxaminer les « rapports » de son pays avec la Russie. « Nous essaierons, autant que possible, de diversifier nos relations de partenariat jusqu’à trouver la bonne formule pour les intérêts du Burkina Faso. Mais il ne sera pas question de nous laisser dominer par un partenaire, quel qu’il soit », avait-il dit mi-novembre.

Par Jeue Afrique (avec AFP)

Ouganda : Yoweri Museveni, ce « dictateur merveilleux »

mai 2, 2017

L’œil de Glez. © Glez / J.A.

Dans une interview à l’étranger, le président ougandais s’est lui-même qualifié de « dictateur ». Humour ? Les propos font plus ou moins rire les internautes…

Les déclarations de l’énigmatique Yoweri Museveni devraient toujours être livrées avec un décodeur. Après visionnage, le 29 avril, de son interview accordée à la chaîne al-Jazeera, les téléspectateurs ont été interloqués par certains propos. À la question « que retiendra l’histoire de Museveni : un dictateur ou un président démocratique ? », l’intéressé répond : « un dictateur qui est élu cinq fois. Cela doit être un dictateur merveilleux. Il doit être spécial ». Les déclarations tournent immédiatement en boucle sur les réseaux sociaux, sans qu’on puisse affirmer avec certitude si c’est du lard ou du cochon.

Faut-il saluer le second degré d’un chef d’État réputé avoir le goût de la plaisanterie, à défaut d’en avoir le talent ? Faut-il dénoncer la morgue cynique d’un indéboulonnable méprisant ? Faut-il se gausser d’un chef d’État naïf qui donne le fouet pour se faire battre ? Les déclarations passées de Museveni ne permettent pas de déterminer s’il s’agit, cette fois, d’un trait d’esprit ou d’une gaffe.

En juillet dernier, le président ougandais recevait le Premier ministre israélien, à l’occasion du quarantième anniversaire du raid d’Entebbe, intervention militaire durant laquelle fut tué le frère aîné de Benyamin Netanyahou. Coiffé de son fameux chapeau, l’hôte avait tenu un discours incongru, tissant histoire biblique à chronologie approximative avec des références à la Palestine et à l’anti-sioniste iranien Mahmoud Ahmadinejad.

Longévité au pouvoir : dans le top 5 africain

Alors que penser de cette adresse à la chaîne qatari ? Sans trancher, la toile commente et moque. Certains internautes s’adressent directement au président « grincheux », en lui concédant qu’il est un dictateur, même « spécial » et « merveilleux ». D’autres louent le journaliste-héros, mettant chapeau bas devant l’impertinence de ses questions. D’autres encore s’arrêtent sur cette autre déclaration de Museveni qui affirme que « l’Ouganda est l’un des pays les plus démocratiques du monde », ce que semblent contredire les classements des ONG internationales.

Sans doute le chef de l’État ougandais soutiendrait-il que l’alternance n’est pas une condition sine qua non de la légitimité démocratique. Avec 31 ans aux commandes de cette « grande démocratie », le président est entré dans le top 5 des dirigeants africains qui ont le plus d’années de pouvoir au compteur. Il y côtoie ainsi Teodoro Obiang Nguema, Robert Mugabe, Paul Biya et José Eduardo dos Santos qui, pour avoir annoncé sa retraite, devrait permettre à Museveni d’atteindre la quatrième place des indéracinables…

Jeuneafrique.com par Damien Glez, , dessinateur-éditorialiste franco-burkinabè

Affaire Bourgi : ouverture d’une enquête préliminaire, tollé dans l’opposition congolaise

septembre 14, 2011

Suite aux déclarations de Me Robert Bourgi dans la presse, le parquet de Paris a décidé d’ouvrir une enquête préliminaire. Selon l’avocat, six chefs d’État Africains auraient financé de manière occulte plusieurs présidents et hommes politiques français, dont Jacques Chirac, Dominique de Villepin et Jean-Marie Le Pen. Des allégations qui ont suscité l’indignation de l’opposition congolaise, le nom de Denis Sassou Nguesso étant cité par Robert Bourgi.

« Par mon intermédiaire, et dans son bureau, cinq chefs d’État africains -Abdoulaye Wade (Sénégal), Blaise Compaoré (Burkina Faso), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Denis Sassou Nguesso (Congo-Brazzaville) et, bien sûr, Omar Bongo (Gabon) ont versé environ 10 millions de dollars pour cette campagne (présidentielle) de 2002 ». Par cette simple phrase, entre autres, publiée dimanche dans une interview du Journal du dimanche, le missi dominici de la Françafrique Robert Bourgi a lancé une vraie tempête médiatico-politique.

Suite à ses déclarations, le parquet de Paris a annoncé l’ouverture d’une enquête préliminaire confiée à la brigade financière pour entendre Me Bourgi. De fait, les demandes d’enquêtes se sont multipliées, en France – à droite comme à gauche – mais aussi sur le continent et notamment au Congo-Brazzaville.

« Faits gravissimes »

« Il faut une enquête immédiate. Ce sont des faits gravissimes », a déclaré Jean-Claude Siapa Ivouloungou, député de l’UPADS, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale, la principale formation de l’opposition. « Je veux que toute la vérité soit dite. Je veux savoir la contrepartie de tels dons, parce que cet argent qui est versé n’est pas connu des parlements nationaux » des pays cités, a-t-il ajouté.

« Des dons à la France! C’est un sacré retournement de l’histoire. Les Français sont pourtant des donneurs de leçon en matière de lutte contre la corruption », a poursuivi le député. « C’est l’argent des contribuables congolais qui sert de dons alors qu’ils vivent eux-mêmes dans la misère. Une enquête nous aiderait à voir clair », a réclamé pour sa part Paul Marie Pouélé, porte-parole de l’Alliance pour la république et la démocratie (ARD, composée d’une dizaine de formations de l’opposition).

Plaintes en série

« Pour nous il faut bien qu’une enquête soit menée pour faire la lumière sur cette affaire », s’est par ailleurs indigné Brice Mackosso de la Commission diocésaine justice et paix (CDJP), membre de la société civile. Quant au gouvernement congolais, il s’est opposé « avec la dernière énergie aux allégations qui ont été avancées par M. Robert Bourgi », a rapporté son porte-parole Bienvenu Okiemy.

Autre réaction africaine, celle du Sénégal qui a aussi vigoureusement démenti les allégations de Bourgi. Le fils du président sénégalais, Karim Wade (qui avait déjà été mis en cause par l’avocat dans une autre affaire) a décidé de porter plainte immédiatement pour diffamation contre Bourgi, tout comme Jacques Chirac, ainsi que Dominique de Villepin et même Jean-Marie Le Pen, accusé d’avoir perçu de l’argent de feu Omar Bongo Ondimba.

Prescription des faits

« M. Bourgi joue sur un certain nombre de tableaux, car il n’évoque que des faits qui sont prescrits, il est donc difficile de faire une enquête judiciaire », a réagi Me Jean Veil un des avocats de M. Chirac, qui dénonce des accusations « totalement fantasmatiques ». Pour lui, « il faudra bien que M. Bourgi apporte la preuve de ce qu’il avance ». Or c’est là que le bât blesse : l’intéressé a lui-même reconnu n’avoir « aucune preuve » de ce qu’il avançait, faisant valoir que « dans ce domaine-là, il n’y a aucune trace ».

Pour l’avocat de Transparency International France, Me William Bourdon, « seule une enquête judiciaire permettra de dire si les faits sont prescrits ou non ». Une chose est sûre : les accusations de Bourgi viennent troubler le débat en cette pré-campagne présidentielle . « Je pense qu’il y a là une manœuvre mais je voudrais savoir dans quel but ? De la part de qui ? A qui profitent ces calomnies ? » s’est interrogé l’ex Premier ministre Jean-Pierre Raffarin. « Calomniez, salissez, il en restera toujours un peu », a déploré le chiraquien Christian Jacob, patron des députés UMP. Mais pour l’instant; le seul qui semble au-dessus de la mêlée, c’est bien Nicolas Sarkozy. Dont Bourgi est un proche conseiller officieux.

Jeuneafrique.com avec AFP