
La libérale-démocrate Helen Morgan, au lendemain de sa victoire dans le North Shropshire, avec 47 % des suffrages PHOTO : GETTY IMAGES / CHRISTOPHER FURLONG
Accusé d’avoir participé à des fêtes en plein confinement, défié par son propre camp au Parlement et maintenant fragilisé par une défaite électorale de son Parti conservateur, le premier ministre britannique Boris Johnson se retrouve vendredi en position précaire.
La fin de l’année tourne au cauchemar pour le dirigeant conservateur, deux ans après sa victoire électorale historique sur la promesse de réaliser le Brexit. Il voit désormais les scandales s’accumuler, l’inflation s’envoler et les contaminations au coronavirus s’emballer de manière spectaculaire, chamboulant les plans de Noël des Britanniques.
Jeudi, une élection partielle dans le North Shropshire, circonscription très rurale du centre de l’Angleterre acquise de longue date aux conservateurs, a été remportée par les libéraux-démocrates avec 47 % des suffrages.
Les électeurs ont exprimé clairement
à Boris Johnson que la fête est finie
, a lancé la gagnante Helen Morgan, après l’annonce de sa victoire. Votre gouvernement, dirigé par des mensonges et des fanfaronnades, devra rendre des comptes
, a-t-elle prévenu.
Ce camouflet pour le dirigeant de 57 ans reflète, de l’aveu même des conservateurs, une exaspération populaire.
« Les électeurs du North Shropshire en ont eu marre. Je pense qu’ils voulaient nous envoyer un message et […] nous l’avons bien entendu. »— Une citation de Oliver Dowden, président du Parti conservateur, en entrevue à SkyNews
Pour le quotidien conservateur The Telegraph, la défaite du Parti conservateur dans une circonscription qu’il tenait depuis près de 200 ans est une humiliation
pour le premier ministre.
L’effondrement calamiteux du soutien aux conservateurs […] va effrayer de nombreux députés conservateurs et risque de susciter des questions à propos de l’avenir de Johnson
, note le quotidien de gauche The Guardian.
L’hypothèse d’un vote de défiance contre lui au sein du parti, qui aboutirait à le remplacer à la tête de l’exécutif, n’est plus taboue, même si peu d’élus ont pour l’instant indiqué soutenir une telle démarche.
Les noms des ministres des Affaires étrangères Liz Truss et des Finances Rishi Sunak circulent déjà pour le remplacer. Car ce revers électoral s’ajoute à une série de scandales.
Le premier ministre Boris Johnson, qui quitte Downing Street par une porte arrière, s’est fait discret vendredi, au lendemain de la défaite dans le North Shropshire. Photo: Reuters/Toby Melville
Scandales, fronde et crise de confiance
La révélation d’événements festifs à Downing Street à l’hiver 2020, alors que les Britanniques étaient soumis à de fortes restrictions pour lutter contre la pandémie, a fait chuter sa popularité.
Même l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, s’est dit déçu
, appelant chacun à respecter les règles
.
S’y est ajoutée jeudi la révélation par les journaux The Guardian et The Independant d’une apparition de Boris Johnson à un pot à Downing Street le 15 mai 2020, malgré les restrictions sanitaires.
Oliver Dowden a déclaré vendredi qu’il s’agissait d’une réunion
qui s’était tenue dans un jardin, pour limiter les risques de transmission de la COVID-19. Je pense que c’était parfaitement approprié et raisonnable
, a-t-il affirmé.
Ces affaires tombent au plus mal pour M. Johnson, au moment où le Royaume-Uni est soumis, selon ses termes, à un raz-de-marée
de contaminations dues au variant Omicron du coronavirus dans un pays qui déplore près de 147 000 morts.
Sa crédibilité fragilisée, il a peiné mardi au Parlement à faire accepter de nouvelles restrictions contre la COVID-19 : 99 députés de son camp ont voté contre l’instauration d’un passeport sanitaire pour les grands événements, jugée liberticide, mesure finalement adoptée grâce aux voix de l’opposition travailliste.
À l’échelle du parti, seule l’ancienne première ministre Theresa May avait connu pire depuis la Seconde Guerre mondiale.
Pour le Daily Mail, Boris Johnson vit un cauchemar avant Noël
et la défaite révèle le niveau élevé de fureur publique contre le premier ministre
.
Le député conservateur Roger Gale a estimé que Boris Johnson doit prouver
qu’il est à même de diriger le pays s’il veut garder son poste.
Le Parti conservateur a la réputation de ne pas faire de prisonniers. Si le premier ministre échoue, le premier ministre s’en va
, a-t-il déclaré vendredi sur la BBC. Et de rappeler que Boris Johnson est lui-même arrivé au pouvoir après que Theresa May en a été chassée par son camp.
Par Radio-Canada avec Agence France-Presse