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Coronavirus : défiance envers les vaccins occidentaux en Afrique

mai 9, 2020

Du personnel médical devant une tente à l'intérieur de laquelle ils procèdent à des dépistages, le 8 avril 2020, à Johannesburg.

Du personnel médical devant une tente à l’intérieur de laquelle ils procèdent à des dépistages, le 8 avril 2020, à Johannesburg. © Themba Hadebe/AP/Sipa 

Alors que les scientifiques sont engagés dans un contre-la-montre pour élaborer des traitements contre le coronavirus, en Afrique la défiance envers les vaccins occidentaux s’affiche sur les réseaux sociaux.

Un logo montrant une seringue dans un cercle rouge barré du slogan « pas de test de vaccin en Afrique », un dessin d’une femme noire brandissant une machette sous la gorge d’un médecin blanc muni d’une seringue, des hashtags #nonauvaccinenafrique, #pasdetestdevaccinenafrique, #lAfriquenestpasunlaboratoire, #jenesuispasuncobaye…

Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux africains grouillent de publications mettant en garde contre des vaccins « empoisonnés » qui seraient secrètement testés ou injectés sur le continent.

Début avril, des publications virales en Afrique de l’Ouest affirmaient que sept enfants étaient morts au Sénégal après avoir reçu « le vaccin de Bill Gates ». Cette rumeur avait pour origine… une blague d’un marchand de cosmétiques dans la banlieue de Dakar.

Dans une autre vidéo partagée des dizaines de milliers de fois en Côte d’Ivoire, une femme se présentant comme une infirmière affirmait, elle, que les centres de dépistage allaient servir à vacciner la population à son insu par voie nasale.

Or, il n’existe pas de vaccin contre le coronavirus. Si une centaine de projets sont actuellement menés à travers le monde, dont une dizaine en phase d’essais cliniques, aucun ne devrait aboutir avant plusieurs mois.

« Raciste et condescendant »

Ces fausses affirmations ont connu un écho tout particulier après une discussion entre deux médecins le 1er avril à la télévision française, qui a suscité l’indignation dans de nombreux pays.

Evoquant l’intérêt de tester le vaccin anti-tuberculose BCG contre le coronavirus, l’un d’entre eux demandait notamment si « on ne pourrait pas faire ces tests en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitements, pas de réanimation ».

Après certains pays d’Europe et d’Australie, l’Afrique du Sud a lancé lundi des tests analogues, menés sur 500 soignants.

Le continent africain est pour l’instant un des moins sévèrement touchés par la pandémie, avec 2.007 décès pour 51.569 cas officiellement recensés au 7 mai, selon un comptage réalisé à partir de données officielles.

« Il y a une longue histoire de défiance envers les vaccins en Afrique », explique Keymanthri Moodley, directeur du Centre pour l’éthique et le droit de la médecine à l’université de Stellenbosch (Afrique du Sud), en soulignant « l’impact énorme » de cette séquence télévisée.

« Ces gens font des annonces importantes, comme si nous n’avions pas voix au chapitre. C’est comme si on revenait à l’époque coloniale. Personnellement, je trouve cela raciste et condescendant », a déclaré l’ancienne ministre kényane de la Justice, Martha Karua.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), régulièrement mise en cause dans ces publications où elle est accusée d’être le bras armé des puissances occidentales et de l’industrie pharmaceutique, assure que l’Afrique n’est pas un terrain d’expérimentations hasardeuses.

« Je veux vraiment rassurer les gens que les essais cliniques en cours actuellement sur le continent respectent les standards internationaux et suivent les mêmes protocoles que dans les autres pays développés », a déclaré le responsable du programme d’immunisation et de développement des vaccins pour l’OMS en Afrique, Richard Mihigo.

« Docteur-La-Mort »

Mais ces déclarations ont ravivé le souvenir de scandales médicaux qui ont marqué le continent jusque dans l’histoire récente.

Dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, le sinistre « Docteur-La-Mort » Wouter Basson, qui dirigeait dans les années 1980 et au début des années 1990 le programme gouvernemental d’armement chimique et biologique, avait ainsi travaillé sur un projet -qui n’a pas abouti – de stérilisation des femmes noires par des substances qui devaient être injectées par les vaccins.

Au Nigeria, au tournant des années 2000, le géant pharmaceutique Pfizer a, lui, versé 75 millions de dollars en échange de l’arrêt de poursuites judiciaires, après des accusations d’essais d’un médicament contre la méningite menés à l’insu de la population en 1996.

La firme américaine assure avoir obtenu l’accord verbal des familles, ce que nient ces dernières qui affirment que le médicament, le Trovan, serait responsable du décès d’au moins onze enfants et de dommages physiologiques pour 189 autres.

Les révélations de plusieurs cas de médicaments anti-VIH frauduleux un peu partout sur le continent ont également « alimenté un fort ressentiment contre les hommes politiques et certains scientifiques », ajoute Keymanthri Moodley.

Solutions locales

« Plutôt que de balayer ces craintes en les qualifiant de ‘fausses rumeurs’ ou de ‘connaissances erronées’, elles devraient être écoutées et reconnues », estime Sara Cooper, chercheuse au Conseil de recherche médicale sud-africain.

Selon elle, des recherches menées par des scientifiques africains plutôt que des programmes étrangers « pourraient permettre de reconstruire une confiance collective et de réduire l’opposition ».

Les remèdes locaux anti-coronavirus basés sur des plantes de la pharmacopée traditionnelle connaissent un grand succès, même si leur efficacité n’a pas été scientifiquement prouvée, à l’instar de la tisane à base d’artemisia lancée fin avril par le président malgache Andry Rajoelina.

Mais l’histoire a aussi montré l’utilité des vaccins, tempère Richard Mihigo : « Les gens savent que les épidémies arrivent quand il n’y a pas d’immunisation. On l’a vu avec la rougeole. Ils participent massivement aux campagnes de vaccination, ils en connaissent les bénéfices ».

Par Jeune Afrique avec AFP

Afrique du Sud: l’avenir du président Zuma entre les mains du Parlement

août 8, 2017

Le président sud-africain Jacob Zuma lors d’une réunion du parti au pouvoir, l’ANC, le 4 août 2017. / © AFP/Archives / GIANLUIGI GUERCIA

Les députés sud-africains ont commencé à voter mardi pour ou contre une motion de défiance visant le président Jacob Zuma, lors d’un scrutin à bulletin secret dont l’issue pourrait contraindre à la démission le chef de l’Etat empêtré dans des scandales à répétition.

Si la défiance est votée, Jacob Zuma, 75 ans, devra quitter ses fonctions qu’il occupe depuis 2009.

La motion, présentée par l’opposition, constitue un test sur l’unité du parti présidentiel, le Congrès national africain (ANC), en proie à une guerre de clans.

Pour être adoptée, la motion doit recueillir la majorité absolue des voix au Parlement (201 voix) où l’ANC de feu Nelson Mandela dispose de 249 sièges. Elle ne peut donc passer qu’avec l’appui de plusieurs dizaines de députés de la majorité.

« Votez avec votre conscience et dégagez ce président (…) corrompu de son poste. Je vous supplie de placer les intérêts du peuple sud-africain en premier », a lancé aux députés Mmusi Maimane, le leader de l’Alliance démocratique, le principal parti d’opposition, à l’ouverture du débat.

« Si le président avait respecté son serment, nous ne serions pas là aujourd’hui. Arrêtez de vous leurrer: votre vote est secret, vous êtes seuls avec votre conscience », a renchéri Julius Malema, président des Combattants pour la liberté économique (EFF), un autre parti d’opposition.

Des députés ANC pourraient être tentés de franchir le pas de voter la défiance après la décision surprise lundi de la présidente du Parlement Baleka Mbete d’organiser le vote à bulletin secret, comme le réclamait l’opposition, et non à main levée, comme le veut la tradition.

Car depuis des mois, des voix s’élèvent publiquement au sein de l’ANC contre Jacob Zuma qui accumule les déboires et multiplie les scandales: récession, chômage record (27,7%), abus de biens sociaux, remaniement gouvernemental controversé, suspicion de favoritisme envers une richissime famille d’hommes d’affaires, revers historique de l’ANC aux municipales de 2016…

– « Vote contre la corruption » –

Des vétérans du parti, dont des camarades de lutte de Nelson Mandela, ont dénoncé mardi « le comportement rapace de ceux au pouvoir », appelant à mots couverts à voter en faveur de la motion de défiance.

Une députée de l’ANC, Makhozi Khoza, qui a reçu le mois dernier des menaces de mort après avoir annoncé qu’elle voterait contre le président, n’a pas eu peur lundi de réitérer sa position. « Un vote de défiance n’est pas un vote contre l’ANC, c’est un vote contre la corruption », a-t-elle assuré, confirmant qu’elle voterait en faveur de la motion.

Dans ce climat défavorable, l’ANC s’est quand même voulu rassurant. « On ne peut pas voter avec l’opposition pour changer de gouvernement. On doit se battre pour l’unité de notre parti. Cette motion, comme toutes les autres, échouera », a affirmé le chef du groupe parlementaire de l’ANC, Jackson Mthembu.

Depuis 2015, Jacob Zuma a en effet survécu à trois motions de défiance soumises au vote. Mais aucune d’entre elles n’avait été organisée à bulletin secret.

– Manifestations –

En amont du débat mardi dans l’hémicycle, quelque milliers de partisans et d’opposants à Jacob Zuma ont manifesté dans le calme au Cap, la capitale parlementaire, selon des journalistes de l’AFP. Quelques centaines d’anti-Zuma sont aussi descendus dans les rues de Pretoria pour réclamer le départ du chef de l’Etat.

Le débat parlementaire s’est terminé peu avant 16H00 (14H00 GMT), quatre isoloirs en carton blanc avec l’emblème de la république sud-africaine ont été installés dans l’hémicycle et les députés ont commencé à voter, appelés par ordre alphabétique.

Le scrutin est organisé avec des bulletins papier et non par voie électronique pour respecter le secret du vote.

Dans le cas où Jacob Zuma tomberait, la présidente du Parlement prendra la tête du pays pour une durée maximale de 30 jours, période pendant laquelle les députés devront élire un nouveau chef de l’Etat.

Selon les analystes, il est cependant peu probable que la motion soit adoptée.

« L’obstacle n’est pas mince », explique l’analyste Peter Attard Montalto. « Des petits partis vont s’abstenir ou voter avec l’ANC, ce qui signifie que plus de 60 députés de l’ANC devraient voter la motion (pour qu’elle soit adoptée). C’est un scénario qui ne devrait pas se produire », prédit-il.

Si « Zuma survit à ce vote à bulletin secret, il sortira renforcé, et sa faction au sein de l’ANC également », ajoute l’analyste Daniel Silke interrogé par l’AFP.

L’ANC, au pouvoir depuis la fin officielle de l’apartheid en 1994, est en proie à une guerre entre les pro-Zuma et les réformistes pourfendeurs de la corruption, à cinq mois de l’élection de son nouveau leader.

(©AFP / 08 août 2017 17h23)                

France/Hollande à Trump: « Jamais bon de marquer la moindre défiance »

février 25, 2017

Paris – Le président français François Hollande a demandé samedi à son homologue américain de ne pas marquer de signe de défiance envers la France, pays ami, après des propos de Donald Trump jugeant que « Paris n’est plus Paris ».

« Ce n’est jamais bon de marquer la moindre défiance à l’égard d’un pays ami », a asséné M. Hollande en inaugurant dans la capitale française le Salon annuel de l’agriculture. « Moi c’est ce que je ne fais pas à l’égard d’un pays ami et je demande que le président américain ne le fasse pas à l’égard de la France », a lancé le président socialiste.

Vendredi, le président républicain américain avait cité lors d’une conférence annuelle de conservateurs « un ami » qui ne met plus les pieds dans la capitale française. Évoquant le terrorisme et le contrôle aux frontières, Donald Trump a défendu sa politique migratoire en prenant comme contre-exemples la France, la Suède et l’Europe en général.

« Paris n’est plus Paris » et « la sécurité nationale commence par la sécurité aux frontières. Les terroristes étrangers ne pourront pas frapper l’Amérique s’ils ne peuvent entrer dans notre pays », a fait valoir le président américain.

Interrogé sur ces propos, François Hollande a rappelé que Donald Trump lui avait fait part récemment au téléphone de « tout l’amour qu’il portait à Paris et à la France, qu’il aimait la France et qu’il n’y avait pas plus beau pays que la France ». « Alors j’imagine que ce doit être sa pensée. Si c’est sa pensée j’imagine qu’il l’exprimera », a-t-il ajouté.

« Heureusement depuis plusieurs mois les touristes américains sont revenus en nombre parce qu’ils voient » que les autorités françaises font « un effort considérable pour assurer la sécurité », a aussi relevé le président français.

« Et je ne ferai pas de comparaison mais ici il n’y a pas de circulation d’armes, il n’y a pas de personnes qui prennent des armes pour tirer dans la foule », a-t-il insisté.

En 2015 et 2016, la France a été la cible de plusieurs attentats meurtriers, commis au nom d’Al-Qaïda ou du groupe Etat islamique par des Français et étrangers parfois revenus en France à la faveur de flux migratoires en provenance du Moyen-Orient.

Plus tard dans la journée de samedi, en visite à Disneyland Paris, qui fête cette semaine ses 25 ans, le président français a évoqué l’idée d’envoyer un billet pour le parc d’attraction à un Américain, dans une allusion à peine voilée à Donald Trump.

Sur le premier site touristique de France, il a souhaité envoyer le « message que la France est aimée (…). Par les Américains, enfin la plupart des Américains, et partout dans le monde ». « J’enverrai peut-être un billet spécial à l’un d’entre eux pour qu’il vienne au moins à Eurodisney et qu’il comprenne ce qu’est la France », a-t-il poursuivi, sans jamais citer nommément son homologue américain.

Romandie.com avec(©AFP / 25 février 2017 20h57)