Regarde ma triste main coupée
Détachée de mon corps ensanglanté
Aux doigts assemblés de ma naissance
Qui ont vécu mon enfance et ma jeunesse
Regarde ce morceau de mon corps jeté
Qui finit dans la gueule du chien affamé
Entre ses dents friand régal de mes doigts
Devant mon regard plongé dans l’émoi
Regarde mon moignon qui te regarde
Dans la souffrance de la dure cicatrice
Qui refuse de saluer ton petit grade
Malgré la supériorité de ta conscience
Regarde mon membre sauvagement amputé
Éternel souvenir de ton orgueil mentionné
De ma condition courageuse de brave indigné
Qui regrette sans joie ses doigts sectionnés
Regarde ce bout de moignon sans main
Dans la rondeur de son nouveau destin
Qui admire la finesse de ta sale main
Dans la plénitude de ton ingratitude sans fin.
Bernard NKOUNKOU